Il y avait des toros à Ejea de los Caballeros, plaza de troisième catégorie, ce jeudi 3 Septembre. Des Prieto de la Cal.
Au paseo, Padilla qui n'a rien d'un cyclone, toujours aussi lourd, vulgaire et pueblerino, Encabo, qu'on a connu plus batailleur, pas très en valeur devant ce genre de bétail faiblissime, et Alberto Alvarez, sans doute le régional, qui occit son premier après deux coups de torchon: pas de faena. Pourquoi? On ne le saura sans doute jamais! C'est la chaîne TV Aragon qui avait dépêché ses caméras: des "repeticiones" innombrables, qui nous privaient de tous les détails qui font le charme des tendidos, des pubs après la mort de chaque toro, le panneau indiquant le pédigrée du toro suivant rangé avant le retour des caméras, la médiatisation à outrance du moindre fait et geste des toreros, brindis devant le micro tendu par la guapita envoyée par la télé, qui court le callejon dans tous les sens flanquée de son équipe technique. La temporada touchant à sa fin pour moi, il ne fallait pas se montrer difficile. Quel spectacle, et quelle mise en scène, pour si peu de résultat, de quoi alimenter le combat des protectards !!
Une pique trasera pour Aguardentero, le premier pensionnaire de Tomas Prieto de la Cal: la corne droite a éclaté dès les premiers remates provoqués par le peonage, ce qui n'enlève rien au sourire hilare de Padilla. Noblesse et faiblesse permettent au matador de profiter des bonnes intentions de ce parfait collaborateur. Aucune transmission. Deux pinchazos et un golletazo. Faena insipide, la vuelta ne s'imposait pas, mais ici aussi ou ici surtout, on applaudit tout. Tout!
"Vinatero II" est lui aussi jabonero, peu armé, beau flacon, mais le contenu s'avère frelâté: Il trébuche dans la cape de Padilla, reçoit deux piquettes qui présagent une extrême faiblesse. Faenita d'infirmier, bajonazo, "bièèèènnnn" du commentateur, flot de sang par la bouche et les naseaux, oreillette de village pour une tauromachie inconsistante.
Le second toro est un jabonero de décembre 2003: mais n'y voyez aucun danger, aucun risque. Il remate lui aussi, et ses cornes s'astillent "curieusement". La mise en suerte de picar par Encabo est calamiteuse. Une piquette: cambio!! Le "toro" s'écroulera plusieurs fois au cours de la tentative de faena. Noblesse parfaite! (Bon collabo, commente le présentateur tv) Encabo fait des passes, souvent pasito detràs, essaie à gauche, recule, se déplace beaucoup, et recule encore, avant de se permettre un desplante. 2/3 d'épée dans l'épaule lui valent une oreillette ô combien généreuse.
"Vinatero III" est le second "opposant" d'Encabo, negro bragado: piquette dans le morillo, cornes esquintées, le torito s'agenouille, alors que l'heure des vêpres a passé depuis longtemps. Dans la muleta, l'embestida est molle, la noblesse parfaite du toro moderne cher aux amateurs de corrida "flamenca". Après un pecho, la pauvre bête s'écroule, victime du mirage du leurre envolé. Faena droitière destinée à maintenir debout un pauvre animal sans force,sans vice, ni défaut. Encabo s'essaie enfin à gauche, mais il se fait bousculer, le torito s'avise. Une entière qui ressort sur le flanc, et c'est la ronde des enterreurs. Deux descabellos, et les peones gueulent, gueulent.... Le torero s'octroie une vuelta, le palco est sifflé.
Passons sur le premier de Alvarez, "Vinatero I", que le torero ne voulut pas voir. Piqué, repiqué sans qu'il ne quitte le cheval, vrillé et pompé, sortie fermée, quite enfin... Il est repiqué après les clarines.! Il reçoit illico une épée sur le côté, un pinchazo, un mete y saca dans l'épaule, la ronde des enterreurs parachève le sabotage de ce qui aurait dû être une lidia. Après le descabello, palmas ( et oui !!!) y pitos.
Sur une véronique à son second, jabonero lui aussi, Alvarez frise la cogida. Le toro s'agenouille avant une pique trasera, reprise sans vergüenza alors que le bicho n'a pas décollé du cheval. Nouvel agenouillement. Alvarez fait un quite par chicuelinas à un animal infirme: eso es torear, hoy! Première embestida sur la muleta: Patatras! Encore à terre ! Puis une nouvelle chute aussitôt! Le bicho finit par rester debout, chancelant, Alvarez en profite pour arracher quelques naturelles. Faena stéréotypée, profilée, sans jus, sans transmission, à un animal sans ressource physique: faiblissime, comme tous ses frères, qui n'auront pû étaler que leur noblesse. Mais le public de Ejea de los Caballeros a l'ai content, il se lève pour applaudir, pour tout applaudir, il aime les récompenses, la musique qui n'arrête pratiquement jamais: c'est la feria ! Il a oublié le forfait perpétré par Alvarez une heure avant, c'est un "buen publico de aficionados", Alvarez a beau reculer, et finir par un desplante de mauvais goût, le desplante du vaincu, il envoie un pinchazo, une entière, la ronde des enterradores, 5 descabellos: c'est fini, aplausos, ovation même pour le matador!
C'était jeudi soir, la corrida de la ganaderia de Prieto de la Cal, à Ejea de los Caballeros: des chèvres afeitées ! Pauvre corrida, quel spectacle donne-t-elle, qu'en restera-t-il bientôt, si rien ne change? Que deviendra notre passion ?
Sur ce, cette fois-ci pour de bon: hasta luego !