Appel à dissoudre le Parti dit "socialiste"
Par Robert Guediguian (cinéaste)
mardi 10 juin 2014
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Certes, nous n’avons pas l’illusion du
cinéaste demandant aux dirigeants socialistes critiques de la politique
gouvernementale de fonder un nouveau parti... Nous pensons que c’est au
monde du travail de (re)fonder son parti... Mais Robert Guédiguian
écoute le peuple, et pas seulement sa vieille mère... et c’est un beau
et court texte !
pam
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Après avoir regardé toutes les chaînes de télévision le 25 mai de 19 heures à 21 heures, j’ai noté :
Quel étrange spectacle que de voir tous ces gens propres sur eux, bien maquillés, généreux et si ouverts à toutes les transformations du monde, à toute la "modernité", à toutes les réformes dites sociétales… De voir tous ces gens aisés et si à l’aise pour clamer leur tristesse, leur amertume au lendemain de ces élections… Pour clamer leur déception.
Mais qui les avait déçus ? Le peuple bien sûr, au sens "la plèbe" évidemment. Mon Dieu, le peuple ne vote plus, ou alors il vote pour le Front national ! Que peut-on faire ? Le dissoudre comme disait Brecht ou plutôt dissoudre l’Assemblée comme le dit Marine Le Pen.
Moi, si je pouvais, je dissoudrais le Parti dit socialiste. Cela obligerait peut-être la centaine de députés râleurs, frondeurs, rebelles, bref la centaine de députés restés socialistes dans son cœur et son cerveau à créer un nouveau parti.
En quoi croient-ils encore ces députés ? En la synthèse dans laquelle ils trahissent leurs idées depuis trente ans ?
Ma vieille mère m’a téléphoné hier. Elle a fait ses comptes. Le conseil général diminue de 51 euros par mois l’aide qu’il lui octroie, alors qu’elle touche en tout 750 euros par mois. Je lui ai expliqué qu’elle devait participer à la diminution de la dette publique comme tous les smicards qui gagnent trop car ils sont si peu qualifiés, comme tous les chômeurs qui sont trop indemnisés car ils sont si fainéants…
Écœurement
Assez d’hypocrisie, je dis mon écœurement à tous ces spécialistes raisonnables qui continuent à appliquer le même dogme en France et en Europe, qui échoue depuis trente ans, à toutes ces élites politiques, industrielles, médiatiques et artistiques qui ne font que se protéger, à tous ces lâches de droite et "de gauche" qui n’osent rien changer de peur que leur petit pouvoir vacille, à tous ces fossoyeurs de l’idée même de la politique comme activité la plus noble qui soit. Comment appelle-t-on quelqu’un qui croit que la réalité a tort ? Un fou, non ?
Et je ne parle pas des affaires, que l’on devrait plutôt appeler des ordures, dont les protagonistes devraient être éliminés définitivement de la citoyenneté, plutôt que de réapparaître, après une courte absence, au grand jour.
Ma capacité au dégoût s’épuise depuis Cahuzac et Guéant, depuis Balkany et Strauss-Kahn, depuis Copé et Guérini…
Une société a le peuple qu’elle mérite, le peuple qu’elle affame ou qu’elle rassasie, le peuple qu’elle éduque ou qu’elle réprime, le peuple qu’elle méprise ou qu’elle respecte !
J’écoute pour ma part le peuple lorsqu’il souffre, d’autant plus lorsque je pense qu’il s’égare, car c’est une question de morale de le comprendre… Et car c’est la seule manière de continuer, si c’est encore possible, à faire de la politique.
À tous les déçus par le peuple que j’ai vu hier soir, je veux dire avec Victor Hugo :
« Ils n’ont pas eu leur part de la cité
C’est votre aveuglement qui crée leur cécité. »
Robert Guediguian (cinéaste)
Quel étrange spectacle que de voir tous ces gens propres sur eux, bien maquillés, généreux et si ouverts à toutes les transformations du monde, à toute la "modernité", à toutes les réformes dites sociétales… De voir tous ces gens aisés et si à l’aise pour clamer leur tristesse, leur amertume au lendemain de ces élections… Pour clamer leur déception.
Mais qui les avait déçus ? Le peuple bien sûr, au sens "la plèbe" évidemment. Mon Dieu, le peuple ne vote plus, ou alors il vote pour le Front national ! Que peut-on faire ? Le dissoudre comme disait Brecht ou plutôt dissoudre l’Assemblée comme le dit Marine Le Pen.
Moi, si je pouvais, je dissoudrais le Parti dit socialiste. Cela obligerait peut-être la centaine de députés râleurs, frondeurs, rebelles, bref la centaine de députés restés socialistes dans son cœur et son cerveau à créer un nouveau parti.
En quoi croient-ils encore ces députés ? En la synthèse dans laquelle ils trahissent leurs idées depuis trente ans ?
Ma vieille mère m’a téléphoné hier. Elle a fait ses comptes. Le conseil général diminue de 51 euros par mois l’aide qu’il lui octroie, alors qu’elle touche en tout 750 euros par mois. Je lui ai expliqué qu’elle devait participer à la diminution de la dette publique comme tous les smicards qui gagnent trop car ils sont si peu qualifiés, comme tous les chômeurs qui sont trop indemnisés car ils sont si fainéants…
Écœurement
Assez d’hypocrisie, je dis mon écœurement à tous ces spécialistes raisonnables qui continuent à appliquer le même dogme en France et en Europe, qui échoue depuis trente ans, à toutes ces élites politiques, industrielles, médiatiques et artistiques qui ne font que se protéger, à tous ces lâches de droite et "de gauche" qui n’osent rien changer de peur que leur petit pouvoir vacille, à tous ces fossoyeurs de l’idée même de la politique comme activité la plus noble qui soit. Comment appelle-t-on quelqu’un qui croit que la réalité a tort ? Un fou, non ?
Et je ne parle pas des affaires, que l’on devrait plutôt appeler des ordures, dont les protagonistes devraient être éliminés définitivement de la citoyenneté, plutôt que de réapparaître, après une courte absence, au grand jour.
Ma capacité au dégoût s’épuise depuis Cahuzac et Guéant, depuis Balkany et Strauss-Kahn, depuis Copé et Guérini…
Une société a le peuple qu’elle mérite, le peuple qu’elle affame ou qu’elle rassasie, le peuple qu’elle éduque ou qu’elle réprime, le peuple qu’elle méprise ou qu’elle respecte !
J’écoute pour ma part le peuple lorsqu’il souffre, d’autant plus lorsque je pense qu’il s’égare, car c’est une question de morale de le comprendre… Et car c’est la seule manière de continuer, si c’est encore possible, à faire de la politique.
À tous les déçus par le peuple que j’ai vu hier soir, je veux dire avec Victor Hugo :
« Ils n’ont pas eu leur part de la cité
C’est votre aveuglement qui crée leur cécité. »
Robert Guediguian (cinéaste)