samedi 20 mars 2021

Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

Marina Foïs aux César 2021

Marina Foïs aux César 2021

Ce n'est pas un titre de film nominé, mais un résumé du discours d'ouverture des César 2021 par Marina Foïs à l'encontre du palais de l'Elysée et de sa ministre de la Culture. D'ailleurs, par avance, dans la série courage fuyons, madame Roselyne Bachelot n'était pas présente dans la salle. Mais confinée dans une loge. Des fois que ceux qui occupent les théâtres en France, viendraient lui faire un petit coucou.

Et ce que dit le Huffpost sur cette cérémonie 2021: La maîtresse de cérémonie de la 46e nuit des César s'en est pris notamment à Roselyne Bachelot et à sa recette aux pâtes au gorgonzola.

“La ministre n’a pas rien fait. (...) Madame Bachelot vous sortez un livre (...) dans lequel vous donnez votre recette de pâtes au gorgonzola”. À la 46e cérémonie des César, Marina Foïs s’est payé le gouvernement et son choix des priorités pendant la pandémie de coronavirus avec un humour très piquant.

En ouverture de la soirée, ce vendredi 12 mars, la maîtresse de cérémonie a livré un monologue plein de sarcasme. L’actrice a débuté par une analyse globale de la gestion de la pandémie de coronavirus depuis un an, pointant évidemment la fermeture des salles de spectacle, des cinémas ainsi que l’interdiction des concerts.

“Comme (le Covid, ndlr) ça tue surtout les vieux, on a enfermé les jeunes, fermé les cinémas, les théâtres, les musées et interdit les concerts pour ouvrir les églises parce qu’on est un pays laïc. Pour que les vieux qui ont eu le droit de sortir de l’Ephad à Noël aillent à la messe puisqu’on est un pays laïc”, a-t-elle lâché, faisant référence aux images de messes géantes organisées à Noël dans plusieurs communes en France à Noël et qui avaient fait polémique, comme à Gap dans les Hautes-Alpes.

Marina Foïs a poursuivi en s’attaquant ensuite aux décisions de maintenir les grands magasins ouverts tout en laissant les lieux culturels fermés. Une décision que le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal peinait d’ailleurs à expliquer dans les colonnes du Parisien le 7 mars. 

“Comme Dieu merci les salles de spectacle étaient fermées, il y avait moins de flux de gens, donc on a pu organiser de gros flux dans les grands magasins et les centres commerciaux pour qu’on puisse s’offrir à Noël des trucs qu’on a déjà pour pouvoir les revendre le lendemain sur Ebay (...) tout ça pour soutenir le personnel soignant pour qu’il y ait du monde en réa. Parce que quoi de plus triste qu’un lit vide. C’est comme une salle vide pour un artiste, mais Dieu merci les salles de spectacle étaient fermées, donc elles ne risquaient pas d’être vides ou pas assez remplies parce que c’est vrai l’art quand c’est pas rentable, ça fait chier (sic).”

“C’est maso, comme avoir une pharmacienne à la culture en pleine pandémie”

La suite a dû faire bondir de sa chaise la ministre Roselyne Bachelot, présente dans les coulisses de la salle. “Soyons justes. Le gouvernement n’a pas rien fait. Il y a des aides. Et la ministre non plus elle n’a pas rien fait. Madame Bachelot vous sortez un livre, en prévente sur Amazon, Ma vie en Rose dans lequel vous donnez votre recette de pâtes au gorgonzola. Vous avez vraiment des petits trucs pour donner du réconfort pour traverser les crises,” a-t-elle ironisé avant de poursuivre sa tirade préparée avec ses co-auteurs pour la soirée, Blanche Gardin et Laurent Laffite.

“Mais en interview chez Delahousse vous dites: ‘le gorgonzola, ça se râpe très bien’. Et la je vous perds Madame la Ministre et je perds confiance en vous. Le parmesan oui, le gorgonzola non ça ne se râpe pas. Et que faire lorsqu’on a plus confiance en son ministre de tutelle à l’heure où se joue l’avenir du cinéma et de l’exception culturelle française?”

Marina Foïs a conclu son discours de près de huit minutes en tentant d’expliquer pourquoi elle avait accepté d’être la maîtresse de cérémonie de la soirée alors qu’elle n’a jamais remporté le moindre César, malgré cinq nominations. “C’est quand même un peu sadique de proposer, c’est carrément maso d’accepter. C’est comme avoir une pharmacienne à la culture en pleine pandémie.” Ambiance. 

Note de ma pomme: Le film Adieu les cons d'Albert Dupontel a récolté pas moins de 7 César 2021. Je n'ai certes pas vu ce film. Mais en ce moment, plus qu'en un autre, le titre me laisse songeur et plein d'espoir. Pas Vous?

 

Pourquoi l’OTAN a détruit la Libye il y a dix ans

Il y a dix ans, le 19 mars 2011, les forces EU/OTAN commençaient le bombardement aéronaval de la Libye. La guerre fut dirigée par les États-Unis, d’abord via le Commandement Africa, puis par l’OTAN sous commandement des EU. En sept mois, l’aviation EU/OTAN effectue 30 mille missions, dont 10 mille d’attaque, avec plus de 40 000 bombes et missiles. L’Italie – avec le consensus multi-partisan du Parlement (Partito democratico au premier rang) – participe à la guerre avec 7 bases aériennes (Trapani, Gioia deL Colle, Sigonella, Decimomannu, Aviano, Amendola et Pantelleria) ; avec des chasseurs bombardiers Tornado, Eurofighter et d’autres, avec le porte-avions Garibaldi et d’autres navires de guerre. Avant même l’offensive aéro-navale, avaient été financés et armés en Libye des secteurs tribaux et groupes islamistes hostiles au gouvernement, et infiltrées des forces spéciales notamment qataris, pour propager les affrontements armés à l’intérieur du pays.

Ainsi est démoli cet État africain qui, comme l’expliquait la Banque mondiale en 2010, maintenait « de hauts niveaux de croissance économique », avec une augmentation annuelle du PIB de 7,5%, et enregistrait « de hauts indicateurs de développement humain » parmi lesquels l’accès universel à l’instruction primaire et secondaire et, pour plus de 40% aux universités. Malgré les disparités, le niveau de vie moyen était en Libye plus haut que dans les autres pays africains. Environ deux millions d’immigrés, en majorité africains, y trouvaient du travail. L’État libyen, qui possédait les plus grandes réserves pétrolifères de l’Afrique plus d’autres en gaz naturel, laissait des marges de profit limitées aux compagnies étrangères. Grâce à l’exportation énergétique, le balance commerciale libyenne avait un excédent annuel de 27 milliards de dollars. Avec de telles ressources, l’État libyen avait investi à l’étranger environ 150 milliards de dollars. Les investissements libyens en Afrique étaient déterminants pour le projet de l’Union africaine de créer trois organismes financiers : le Fonds monétaire africain, avec siège à Yaoundé (Cameroun) ; la Banque centrale africaine, avec siège à Abuja (Nigeria) ; la Banque africaine d’investissement, avec siège à Tripoli. Ces organismes auraient servi à créer un marché commun et une monnaie unique de l’Afrique.

Ce n’est pas un hasard si la guerre OTAN pour démolir l’État libyen commence moins de deux mois après le sommet de l’Union africaine qui, le 31 janvier 2011, avait donné son feu vert pour la création dans l’année du Fonds monétaire africain. Le prouvent les e-mails de la secrétaire d’État de l’administration Obama, Hillary Clinton, mis en lumière ensuite par WikiLeaks : États-Unis et France voulaient éliminer Kadhafi avant qu’il n’utilise les réserves en or de la Libye pour créer une monnaie pan-africaine alternative au dollar et au franc CFA (la monnaie imposée par la France à 14 de ses ex-colonies). Ceci est prouvé par le fait que, avant qu’en 2011 n’entrent en action les bombardiers, ce sont les banques qui entrent en action : elles séquestrent les 150 milliards de dollars investis à l’étranger par l’État libyen, dont la plus grande partie disparaît. Dans la grande rapine se distingue Goldman Sachs, la plus puissante banque d’affaires étasunienne, dont Mario Draghi a été vice-président.

Aujourd’hui en Libye les entrées de l’export énergétique se trouvent accaparées par des groupes de pouvoir et des multinationales, dans une situation chaotique d’affrontements armés. Le niveau de vie moyen de la majorité de la population s’est effondré. Les immigrés africains, accusés d’être « des mercenaires de Kadhafi », ont été emprisonnés jusque dans des cages de zoo, torturés et assassinés. La Libye est devenue la principale voie de transit, aux mains de trafiquants d’êtres humains, d’un chaotique flux migratoire vers l’Europe qui a provoqué beaucoup plus de victimes que la guerre de 2011. À Tawerga, les milices islamistes de Misrata soutenues par l’OTAN (celles qui ont assassiné Kadhafi en octobre 2011) ont accompli un véritable nettoyage ethnique, contraignant presque 50 000 citoyens libyens à fuir sans pouvoir y revenir. De tout cela est responsable aussi le Parlement italien qui, le 18 mars 2011, engageait le Gouvernement à « adopter toute initiative (c’est-à-dire l’entrée en guerre de l’Italie contre la Libye) pour assurer la protection des populations de la région ».

Manlio Dinucci

source : https://ilmanifesto.it

traduit par M-A P. Le Grand Soir