mercredi 16 juin 2021

Israël et la lutte des classes (conclusion)

16 Juin 2021 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Théorie immédiate, #Front historique, #GQ, #Impérialisme, #Asie

Israël et la lutte des classes (conclusion)

L'article complet est ici, L'histoire contemporaine des juifs, l'antisémitisme, Israël et la lutte des classes

Le titre a été modifié.

Comme il est long, je donne à lire ici sa conclusion (ndgq, 6 juin 2021)

 ... Israël, l’État juif fondé par le mouvement sioniste pour protéger les juifs, est devenu non pas leur refuge sûr pour y vivre en paix, mais un piège historique qui peut leur devenir fatal, car c’est une casemate avancée de la ligne de front de l’impérialisme.

Le peuple juif s’est en grande majorité aligné sur l’État israélien et a aliéné sa perpétuation dans la longue histoire aux aléas de la domination occidentale sur le monde. Cet État est une sorte de village cosaque, une colonie militaire de l’Occident au cœur d’un espace géographique qu’on cherche à contrôler pour des raisons rationnelles dans un projet de  prolongation d'une suprématie occidentale sur le monde qui remonte à l’époque de Christophe Colomb, et pour des raisons irrationnelles aussi, voire carrément stupides, qui sont liées à l’importance symbolique de la Palestine pour les religions monothéistes.

Lorsque ce bastion colonial avancé réprime et massacre les autochtones Palestiniens, on constate, d’une part, une réconfortante unanimité mondiale dans des manifestations de solidarité de la gauche dont le plus obscur groupuscule sortira de son sommeil pour l’occasion, mais des manifestations remarquables aussi par leur inefficacité stratégique.

En effet, pour les juifs d’Israël ou de la diaspora, les menaces qui pèsent inévitablement sur la survie à long terme de l’État fondé par les sionistes en un lieu si périlleux sont ressenties comme radicales et existentielles et justifient tous les sacrifices, elles sont ressenties comme préfigurant le retour au temps de persécutions, qui ont affecté périodiquement les juifs de siècle en siècle (peu importe dans ce cas que la filiation entre les juifs actuels et ceux de l’Antiquité soit biologique, ce qui est fort peu probable, ou seulement culturelle).

Donc Israël sera un État bourgeois du XXIème siècle bien particulier, qui contrairement à tous les autres États bourgeois peuplés de consommateurs passifs et manipulés sera défendu bec et ongle par toute sa population, et par les réseaux d'influence développés par la Diaspora en Amérique du Nord et en Europe, avec une énergie et un patriotisme dont sont loin de faire preuve les autres Occidentaux, en ce qui concerne leurs propres patries, qui sont en voie de dissolution dans le magma informe de la culture globale de la marchandise.

Mais Israël malgré sa capacité de mobilisation et sa détermination à faire la guerre perpétuelle est une formation sociale instable qui a fort peu de chance de durer à long terme dans un Moyen Orient hostile, malgré tous les ravages qu’il y procure. Il bénéficie du soutien de l'impérialisme parce que sa longue usure garantira un sursis aux classes dirigeantes de l’Occident, de toute origine et de toute religion, par l’existence durable d’un abcès de fixation efficace pour leurrer les forces qui veulent en terminer avec leur hégémonie.

La guerre en Palestine est une vraie guerre avec des vrais morts, qui est utilisée comme un spectacle, un spectacle qui se substitue à l’information sur la lutte des classes et des nations opprimées dans le monde entier.

Pour le moment, l'image qui prévaut est que le prolétariat mondial est prêt à se battre par procuration jusqu’à la dernière goutte de sang palestinien, et la bourgeoisie occidentale, à aligner face à lui sur le champ de bataille jusqu’au dernier juif.

Ceux qui s’intéressent vraiment au sort des Palestiniens doivent lutter pour la chute de l’ordre impérialiste occidental dans son ensemble, pour laisser émerger un véritable monde multilatéral qui aura la possibilité d'exercer une pression réaliste et efficace sur Israël. (...)

GQ, 6 juin 2021

PS Après onze jours de bombardements et des centaines de morts, on entend dire un peu partout qu’Israël aurait subi un échec, et que le Hamas, qui gère la bande de Gaza aurait remporté une victoire morale, sur le terrain de l'opinion publique internationale. Incontestablement, ces bombardement ont dégradé l'image de l'État israélien, mais malheureusement, les oppresseurs en règle générale n'ont pas une bonne image, et cela ne les empêche pas de continuer l'oppression.

Ainsi le massacre de sang froid de plus de 200 manifestants désarmés à la frontière, en 2018 avait-il fortement dégradé l'image d’Israël. Comme à chaque fois d'importants moyens en communication, marketing, relations publiques, agents d'influence, et propagande ont été mobilisés pour reconstituer dans la mémoire de poisson rouge de l'opinion occidentale l'image d'un État israélien démocratique et tolérant confronté au terrorisme.

Israël, qu'il jouisse d'une bonne image ou non, n'est pas un point faible de la ligne de front contre l’impérialisme, c'est sans doute au contraire le point le mieux défendu et le plus solidement fortifié.

 

 


LES “INDIGNATIONS” DU NOUVEL OBSERVATEUR

le Nouvel observateur juge que quand la Russie classe Navalny dans les organisations extrémiste de droite il y aurait là “une avancée” dans la liquidation de l’opposition. Pourtant ce journal qui, comme d’autres publications, a pour vocation d’unir droite et gauche dans un atlantisme “respectable” quitte à manipuler les FAITS sans état d’âme devrait se dire :

1) tant que le Nouvel observateur refusera de reconnaitre qu’en Russie la véritable opposition ce sont les communistes il fera simplement de la désinformation. Ce qui fut jadis le journal de Jean Daniel pas plus pro-communiste mais tenant à sa réputation en matière d’information, ce faisant dénonce sa “logique”. Un journal, qui a à sa direction l’auteur du livre le plus mal informé, le plus grotesque sur Cuba, à savoir Serge Raffy, ne peut qu’accepter le principe de la désinformation dans le recrutement de sa rédaction . Celui qui est capable d’un tel livre a fait ses preuves et celles du journal. Nul dans la presse ne peut ignorer les conditions d’une telle promotion. C’est un tout petit milieu où chacun cautionne l’autre pour ses arrangements avec la réalité et dans lequel la promotion individuelle dépend de cet échange d’approbations.

2) la désinformation concerne non seulement comme ici les FAITS quand l’on cache la véritable opposition et que l’on invente de toute pièce celle pro-occidentale, formée et financée par les USA, mais elle s’exerce aussi à travers les mensonges par omission. Dans ces mensonges par omission, il n’est jamais fait état de ce qui est vraiment en débat dans les pays que les USA ont désigné comme leur adversaire(1). Tout cela ne repose donc que sur la méconnaissance entretenue de la réalité d’un pays et de ses enjeux. Une sorte de tourisme étranger à toute culture véritable et qui finit par aboutir à un conformisme inculte qui remet en cause la légitimité de toutes les institutions et individus qui servent de relais. Certes le complotisme exerce des ravages dans les réseaux sociaux, mais la presse que l’on considère comme respectable malheureusement y apporte son entre-soi et à ce titre la presse française est pire que l’anglo-saxonne.

2) Ainsi il est parfaitement exact que Navalny est un extrémiste raciste dans une mouvance proche de celle des troupes de Trump envahissant le Capitole, le transformer en héros de la démocratie relève du canular… Ce n’est pas le seul cas, c’est même étonnant la manière dont à chaque fois qu’un de ces vertueux est promu peu de temps après on découvre, comme dans le cas du journaliste arrêté en Biélorussie, qu’il est impliqué avec le régiment Azov, qui en Ukraine forme toute l’extrême-droite européenne y compris au maniement d’arme. Les héros qui nous parviennent du Caucase et de la Tchétchénie s’avèrent des “exilés” infréquentables. La question que nous nous posons alors est pourquoi l’occident et sa presse atlantiste ne trouvent-il pas d’autres héros que des néo-nazis à soutenir? N’ont-ils pas comme chez nous des Glucksman et Cohn Bendit qui joueraient les libéraux-libertaires ? Peut-être est-ce parce que “les révolutions de couleur” comme les individus qui sont financés officiellement par les USA et qui soutiennent sanction et blocus contre leur propre peuple ne peuvent avoir que des nazis comme héros, de Cuba à la Russie en passant par la Chine… Un nationalisme qui se concilie aisément avec un blocus et des sanctions qui touchent la partie la plus vulnérable de la population est tout sauf l’amour de la patrie, il ne peut qu’être nationalisme-fasciste… Alors que chez les “alliés” ils peuvent recruter des mondains à parfum soixante-huitard très anticommunistes de “gôche” mais jusqu’à quand ?

3) Parce que le fond du problème est États-Unis et la presse, les politiciens qui s’en font les porte-parole énoncent des principes qu’ils n’appliquent pas dans leur propre politique… et que cette politique devient de plus en plus intolérable y compris en interne…

Danielle Bleitrach

(1) Si cette presse relaie des “informations” livrées clés en main par les organismes spécialisés du gouvernement américain sans être très circonspect sur leur véracité (qu’il s’agisse des campagnes sur “le génocide oïghour ou sur la covid 19 échappé d’un laboratoire de Wuhan), elle organise l’omerta sur ce qui est en revanche très officiellement dénoncé par les pays visés. On dira que la Russie proteste contre le maillot de l’équipe ukrainienne parce qu’il reproduit une carte qui comprend la Crimée mais on ne dira pas que le symbole officiel est celui des nazis, des collaborateurs qui ont jadis massacré juifs et communistes. Ainsi nous faisons aujourd’hui état de la dénonciation du rôle de bourreau nazi de l’ex-président de la Lituanie, par le Bélaruss. En France, il n’en sera pas question.

Nouvelles du Belarus. Le président lituanien est-il un criminel nazi ? | Histoire et société (histoireetsociete.com)

En revanche, les allégations les plus fantaisistes seront reprises par des “éléments” médiatiquement contrôlés à qui on n’accordera une campagne contre le viol qui ne mange pas de pain et ne débouchera sur rien. C’est ainsi qu’on se retrouvera avec la municipalité communiste d’Ivry en train de voter une aide aux dissidents Oïghours ou l’Humanité jadis soutenant l’opération de Robert Ménard aux Champs Élysées… Ce sont les mêmes qui au parlement européen soutiendront une infamie contre Cuba.

Transmis par Jean-François AUTIER

Les militaires...

Si, à l'intervention publique des militaires, certains crient au fascisme, d'autres s'interrogent comme le font tous ceux qui ont besoin de réfléchir avant d'émettre une opinion. À l'intention des uns et des autres, j'ai exhumé ce début d'interview, du 2 février 2017, dans lequel un colonel, Régis Chamagne, donnait son point de vue.

JF Autier

"L’objectif de l’oligarchie financière est de s’accaparer les richesses du monde, et pour arriver à cela, il faut ramener l’humanité en esclavage. Il y a trente ans, une soixantaine de personnes possédaient 50 % de la richesse mondiale. À l’époque, l’image que l’on employait était celle d’un bus ; on pouvait remplir un bus avec ceux qui possédaient 50 % des richesses du monde. Aujourd’hui, elles ne sont plus que huit personnes qui possèdent la moitié des richesses du monde.

"Donc le projet de l’oligarchie avance. Le libre échange, c’est-à-dire la libre circulation de l’argent et des biens à travers le monde, est l’outil qui sert à atteindre cet objectif car il permet de mettre en concurrence les systèmes sociaux des différents pays du monde et donc de détruire les protections sociales que certains peuples avaient réussi à gagner de haute lutte. Ces protections sociales reposent sur la solidarité au sein d’un peuple ; solidarité entre riches et pauvres par l’impôt redistributif et les services publics d’une part et solidarité entre les générations grâce aux retraites par répartition d’autre part.

“Ces systèmes de protection sociale avaient été construits dans le cadre des États-nations. En France, la République, Une et Indivisible, doit normalement être garante de la solidarité entre les citoyens. Ce sont donc naturellement les États-nations qu’il faut détruire car ce sont les entités qui sont le mieux susceptibles de s’opposer au projet de l’oligarchie financière. Tout le reste en découle. Comment détruire les États-nations ? En effaçant le sentiment d’appartenance : destruction de l’enseignement de l’Histoire, dilution des armées nationales qui en constituent les défenses immunitaires, etc.”

Vous l'aurez noté, en 2017, ce militaire parle de l'oligarchie financière, et pas du capital en général...

La suite de l'interview sur
https://mohsenabdelmoumen.wordpress.com/2017/02/02/colonel-regis-chamagne-lotan-est-devenue-un-outil-au-service-de-limperialisme-us-lui-meme-au-service-du-projet-de-loligarchie-financiere/