OUI ! Pour qui nous prend se monarque morveux? Pour qui nous prend Macron, ce parvenu qui joue à la guerre avec notre fric, notre patience, notre santé, et contre notre avis ?
Et qu'attendent les forces démocratiques, ce qu'il en reste, pour se réveiller, et taper du poing sur la table, pour le rappeler à l'ordre? Nous sommes encore en République !!!
J'entendais
tout à l'heure sur la chaine CNWES, un de ces nombreux "consultants"
ânonner que Macron était en guerre, donc "NOUS" étions en guerre. Ces
gens sont fous à lier. Qui a déclaré la guerre à qui ? De quel droit les
uns et les autres prennent-ils parti pour la marionnette Zelenski? Et
nous assomment-ils à longueur de journée de propos agressifs envers
d'autres pays qui ne nous agressent pas pour nous faire accepter la pire
des politiques réactionnaires manigancée par Macron et son LRM ? Biden
vient d'annoncer 3 milliards d'aide militaire en plus pour l'Ukraine
corrompue: pourquoi Macron se croit-il obligé d'approuver les mesures
guerrières de l'Américain jugé sénile, et donc dangereux, avec son outil
de guerre, l'OTAN, par de plus en plus de monde? L'OTAN qui aurait dû
disparaître dès la fin de l'URSS.
Le
comble: Macron nous prend pour un peuple d'insouciants. Ce type qui est
né avec une cuillère d'argent dans la bouche continue de nous traiter
comme des mineurs, des inconscients, des citoyens sous tutelle, avec
cette insupportable arrogance de fils de riche et de président des
riches, vient nous donner en permanence des leçons de civisme, déclarant
que nous vivons la fin de l'insouciance. Avec la désinvolture et la
vanité d'un Louis XVI qui n'a jamais manqué de l'opulence des puissants
de ce monde, que son orgueil rend incapable de ressentir la souffrance
et les privations des travailleurs modestes et des humbles, de ceux dont
le lot quotidien sont les privations et les fins de mois difficiles, il
continue de nous faire la leçon: il va falloir, les prolos, vous serrer
la ceinture.
Nom
de dieu: moi, nous, insouciants? Quel culot !! Nous sommes un peuple à
n'avoir jamais été insouciant, à ne surtout pas mériter une telle
injure. Et c'est ce monarque orgueilleux qui nous parle de fin de
l'insouciance !! Qui nous insulte ! Sans vergogne !!!
Et
faire passer les milliardaires à la caisse: quand ? Ce n'est pas parce
que de plus en plus de SUV sillonnent rues et routes, que de plus en
plus de milliardaires se déplacent en jets privés et polluent la
planète, que de jeunes voyous et leurs dangereux rodéos urbains prennent
les villes pour des circuits automobiles, sans être inquiétés avec les
moyens répressifs nécessaires, idem pour les trafiquants de drogues de
toute sorte qui s'enrichissent de leur économie parallèle florissante,
avec les cylindrées payées comment, avec le fric de la drogue, ce n'est
pas pour toutes ces raisons que les citoyens de ce pays doivent être
pris pour des débiles et vont attendre sagement les coups que préparent
ce gouvernement d'incapables!!
Çà
n'est pas pour çà que le peuple est riche et va la boucler indéfiniment, au contraire il ose prétendre à une vie normale, de plein
emploi, ou de travail rémunérateur, de salaires décents, dignes, de santé et de soins garantis pas la SS,
et quinze jours de vacances tous les ans !!
Le covid a eu le dos large. Trop large.
Les nouveaux aristocrates "libéraux" devraient se méfier du réveil brutal du peuple qu'ils sont eux-mêmes en train de préparer.
Pour
Gilles Casanova, Emmanuel Macron utilise de manière récurrente
l'argument de la «guerre» afin de pouvoir être dispensé «de tout», et
principalement d'avoir à mettre en place une orientation politique
clairement définie.
Il
y a exactement cinq ans, à l'occasion d'une crise internationale,
Emmanuel Macron a déclaré que la France était en guerre. Très tôt, lors
de la crise du Covid, il a déclaré que la France était en guerre.
Il a recommencé ces derniers jours entre deux photos de vacances à bord
de son jet ski, à propos de la crise ukrainienne à précipiter le pays
dans le conflit.
Gilles
Casanova est éditorialiste français, consultant pour la stratégie, la
prospective et la communication. Il a été membre des cabinets
ministériels de l’Intérieur et de la Justice.
Voilà
donc une des principales puissances nucléaires de la planète, membre
permanent du Conseil de sécurité qui passe son temps «en guerre», si
l'on en croit son chef d'État. Il y a de quoi s'inquiéter sur l'état du
monde. Ou du chef d'État…
Quelles
qu'en soient les occasions, Emmanuel Macron a le besoin de se montrer
sous l’apparence d'un personnage du théâtre shakespearien. Quoi de plus
valorisant que l'annonce de l’entrée en guerre pour prendre la posture,
avoir l'allure, et marquer l’Histoire ?
Certains
se contenteront d’y observer l'influence de sa professeur de théâtre,
connue à 13 ans, épousée par la suite et qui est toujours sa compagne.
On peut aussi faire une analyse plus politique de cet élément constant
de son curieux comportement.
L'annonce
de la guerre, cela dispense de tout. Cela dispense de présenter des
perspectives politiques à son pays – ce qui est le rôle essentiel du
président, qui n'est pas Premier ministre mais président –, cela
dispense de présenter ses priorités législatives, lorsque l’on a perdu
la majorité absolue à l'Assemblée nationale, cela dispense d'expliquer
quelle est l'orientation politique de la formation qui s'est constituée –
il y a plus de cinq ans – autour de lui et qui, récemment a déclaré,
par la bouche de son Secrétaire général, qu'elle allait enfin se doter
d’une orientation politique de fond…
On
peut surtout y voir le fait que cela permet de cacher la réalité de la
politique qu'il a choisie, et dont le succès est absolument avéré. Cette
politique, c'est l'enrichissement exceptionnellement rapide de quelques
dizaines de milliardaires. Ces milliardaires, qui n'ont pas ménagé
leurs efforts pour l'aider à parvenir – essentiellement par la ruse – à
la place qu'il occupe.
Les chiffres sont formels : la France est le premier distributeur de dividendes au monde, la France est le pays où le centile le plus riche s’enrichit le plus rapidement.
Pour les quelques dizaines de milliardaires que compte la France, le
premier quinquennat Macron aura été une période bénie, et la séquence du
Covid qui leur a permis de voir s’envoler les chiffres de leur fortune,
un moment de bonheur intense et inespéré.
On comprend bien qu’il n’est bien sûr pas question pour lui de raconter une telle politique aux «gaulois réfractaires» et à tous ces gens qui «ne sont rien» pour reprendre le vocabulaire d’Emmanuel Macron lorsqu’il parle des Français avec un peu de sincérité.
Alors,
il faut chanter une autre chanson. Emmanuel Macron a lu Platon, il sait
bien que ce qui compte dans la politique, c’est la représentation que
se fait la population de la réalité, et non la réalité elle-même. S’il
veut être un grand dirigeant il faut donc qu’il construise une fiction
dramatique – de préférence tragique – dans laquelle il aura le rôle clé,
le rôle décisif de rassembleur de son peuple derrière lui, pour aller
courageusement au combat.
Il
commencera dès le début de son quinquennat, par des déclarations
tonitruantes, à se donner des allures de chef de guerre. Il faut dire
que les sondeurs l'ont averti, François Hollande lui-même en a été un
exemple, dès que le sentiment de la population est que la situation est
grave, la guerre aux portes, les terroristes dans les rues, ou la
maladie au bord de ravager le pays, la cote du dirigeant monte
instantanément, dans toutes les catégories de la population, et plus
spécialement chez les personnes âgées, celles qui se rendent le plus aux
urnes, et celles par la grâce du vote desquelles il se trouve à
l’Élysée. Les sondeurs appellent cela «l'effet drapeau». Il en usera et
en abusera.
Ainsi
il peut, ne jamais avoir à se justifier de sa réelle politique, une
politique consciente, réfléchie, et qui vole de succès en succès, mais
au bénéfice d’un nombre extraordinairement restreint de personnes. Elle
déplace cependant des fortunes absolument remarquables, comme il n’en a
jamais été déplacé à cette échelle depuis la seconde guerre mondiale en
France, pour un nombre de personnes aussi restreint.
Fin
2020, les 500 familles les plus riches avaient un patrimoine de 1 000
milliards d’euros. Au cours de la première année du Covid, leur fortune a
progressé de 30%, alors même que la richesse produite en France – le
PIB – a reculé de 8% (chiffres extraits du magazine Challenges) .
Si nous prenons les cinq premières fortunes de France, nous lisons dans le magazine américain Forbes,
que depuis l’élection d’Emmanuel Macron, la fortune de Bernard Arnault
est passée de 41,5 à 158 milliards de dollars. Pour la famille
Bettencourt elle passe de 39,5 à 78,4. Pour François Pinault, son
patrimoine passe de 15,7 à 40,4 milliards de dollars. Et le total des
cinq premières fortunes françaises passe de 125,8 à 345,8 milliards de
dollars. À cinq !
La
banque suisse UBS et le cabinet PWC relèvent que la fortune des
milliardaires français a connu ces dernières années une progression de
439 % alors qu’à périmètre égal, elle n’a été que de 175 % pour leurs
homologues allemands ou 168 % pour ceux du Royaume-Uni.
Le
succès français est donc remarquable, il est le produit d’une politique
choisie et menée avec fermeté, d’appauvrissement du pays et
d’enrichissement d’un extrêmement petit nombre.
Cela rend d'autant plus cocasse l'appel d'Emmanuel Macron, ces derniers jours, au peuple français» pour qu'il apprenne à «payer le prix de la liberté».
Payer le prix, le peuple français le fait depuis cinq ans, par
l’effondrement de l’hôpital public et de l’instruction publique, comme
de manière général de tous les services publics, comme celui de la lutte
contre les incendies. Mais ce prix, il le paye essentiellement pour la
«liberté» de s'enrichir sans limite pour un tout petit groupe rassemblé
autour du président.
Quant
à l’invocation du «peuple français» on ne voit pas de quelle manière il
intervient sur ces événements. Que ce soit dans la crise sanitaire ou
la crise ukrainienne, toutes les décisions ont été prises à Bruxelles,
par madame Von Leyen, sans aucun mandat d’aucun peuple, au-delà des
textes fixant les règles européennes elles-mêmes, en contradiction avec
les lois françaises, sans qu’aucune autorité de la République
n’intervienne, ni que le peuple français soit appelé de quelque manière
que ce soit à se prononcer.
La
liberté du peuple français, c'est bien là qu'elle est mise en cause,
bien plus que dans les événements ukrainiens ! Et c’est bien l’exécutif
actuel qui est le principal danger pour son peuple.
Une
politique de faux-semblant et de spectacle, voilà le cœur de ce qui a
été le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, masquant une guerre au
peuple français. Une politique qui s’annonce comme devant être encore
renforcée dans ce second quinquennat pour lequel il est visible qu’il
n’a rien appris ni rien oublié du précédent.
Gilles CASANOVA
Sacré Coco: méditation sur la relation entre artistes, intellectuels et classe ouvrière… et leur parti “gentrifié”
Le 15 aout 2011, un grand chanteur Leprest, se suicidait à Antraigue
dans le village de son ami Ferrat, il était communiste et je vous
conseille d’aller sur la page Wikipedia qui lui est consacré et vous
retrouverez l’esprit d’un temps où le parti communiste représentait
cette “alliance” entre intellectuels et créateurs. En entendant
écoutez-le et lisez cette manière dont notre pays, la France dans toutes
ses composantes a été privé à la fois de son potentiel révolutionnaire
et d’unité, le laissant la proie de violences, de divisions et de
mépris.
illustration de Françoise la Rouge qui nous interroge:
sommes-nous simplement devenus une sorte de brocante qui recueille les
vestiges du passé ou comme elle ne cesse d’un regard acéré de le
révéler, y a-t-il dans ces restes un monde enchanté qui invente le passé
pour mieux rendre l’avenir plein de vie et de joie…
Le parti communiste que nous avons connu c’est celui qui foisonnait
d’artistes et d’intellectuels qui trouvaient dans la sève ouvrière de
quoi nourrir leur talent et même parfois leur génie. Ils arrivaient à ce
qui parait impossible aujourd’hui former des groupes unis et assurant
la promotion de jeunes talents. Tout ce monde se retrouvait à la fête de
l’Humanité et plongeait ses racines dans l’inventivité truculente
populaire que décrit Alain Girard en nous parlant de femmes communistes,
de recettes de haricots (il faudra que je vous décrive mon plat de
haricots frais avec “l’araignée” de porc (un morceau exquis).
Je voudrais vous faire comprendre deux choses, ce parti nous a été
volé par une bande de bobos conformistes, petits bourgeois. Il a été
volé à la classe ouvrière, aux couches populaires mais aussi aux
intellectuels et créateurs qui se sont nourris de cette sève. Même si
l’on isole le fait qu’incontestablement certains “dirigeants” sont des
vendus et que beaucoup ont trouvé leur intérêt dans cette mutation, le
gros de la troupe se conduit comme dans le cas de la gentrification des
quartiers populaires : ce sont des gens qui n’ont pas de gros moyens et
qui vont acheter dans les quartiers les plus défavorisés. Ils disent
sincèrement aimer cette cohabitation souvent “ethnique” avec les couches
populaires, ils aiment la mixité en subissent les avantages et les
inconvénients, mais en fait ils ne sont que l’avant-garde du mouvement
de déprolétarisation, ils livrent la ville aux bourgeois de plus en plus
invivables. Le parti a subi et continue comme nos villes à subir ce
phénomène de gentrification et d’exclusion de fait des couches
populaires. Peu à peu ils ne savent même plus comment communiquer.
Mais ces gens-là souvent bourrés de talents et de bons sentiments ne
savent plus innover et regarder ce monde de la créativité et de la
transgression populaire qui est celui de la rupture avec l’ordre
bourgeois, on demande à ces gens-là de l’illustrer, de le vendre et on
espère faire de toute cette capacité créative, de l’ingénieur au
graphiste une marchandise à bon marché, celle de l’auto-exploitation et
d’un épuisement digne de celle imposée à l’OS. Oserai-je vous avouer que
ces gens toujours à la recherche d’une position morale pour justifier
leur monstrueux égoïsme et qui n’aiment parfois le peuple que quand il
confirme leur propre vertu de tolérance à la manière de la case de
l’oncle Tom sont quelquefois insupportables et très ennuyeux. Les verts
atteignent des sommets indépassables dans le genre… mais il est rare que
les autres échappent à cette malédiction. Imaginer que ces gens-là
peuvent engendrer autre chose que le pire des académismes me paraît ne
pas comprendre ce qui est réellement créatif. La transgression,
l’invention d’un espace et d’un temps qui dise formellement le nouveau,
le dépassement, l’abolition et la conservation comme a su le faire
Picasso, cette cordée héroïque née avec Cézanne et qui a révélé passé et
avenir dans sa rupture, n’est pas de l’ordre du touche pipi dans les
limites de l’autocensure du politiquement correct.
C’est mal comprendre ce qu’est l’art et la richesse d’une
civilisation, et pour moi le nœud de l’affaire réside dans cette
trivialité, cette brutalité populaire assumée (ce que Kontchalovsky a si
bien décrit dans son Michel Ange et il s’agit d’une source vitale matérialiste dans laquelle Aragon et tant d’autres puisaient).
Je vais faire un détour que certains ne suivront pas en me demandant
si pour comprendre cette transmutation de l’art et de la civilisation
humaine n’est pas illustré par le messianisme juif qui n’est pas
lui-même sans relation avec l’idéalisme russe, cubain et tous ces
peuples qui ont fait la révolution, une révolution de masse et de classe
avec l’alliance entre le savoir, les arts, la nation,
l’internationalisme, un facteur d’unité qui matérialiste intègre
transcendance et transgression. Une des questions de l’idéalisme
religieux est la manière dont intervient la correspondance entre le
divin et l’humain et le sens de la prière. Ce que l’on retrouve chez
Spinoza quand il affirme que la connaissance est le seule prière ou que
la joie vient de l’harmonie ainsi retrouvée par une conaissance qui se
plie à la nature. Il ne s’agit plus d’exiger mais de se conformer à
l’ordre de l’univers et la relation entre ces rites qui sont autre chose
que la prière, dans laquelle il ne s’agit pas de convoquer l’esprit
pour qu’il réalise votre demande, il s’agit par le rite d’assumer une
partie du divin de la totalité de la création et de s’y identifier. Un
kabbaliste, Ezra de Gérone, a expliqué comment se réalisait
“l’accomplissement” du commandement. C’est plus proche du chamanisme que
de la prière telle que l’église la conçoit et on voit bien le lien
entre ce mode d’accès à la création, l’univers, la nature et la nature
humaine chez des gens comme Lukacs, Bloch, et même des marxistes comme
Marx lui-même. Ce rabbin EZRA affirme qu’il faut savoir passer d’un
ordre très complexe de la pensée rabbinique à l’audace d’affirmations
vulgaires dirions-nous. Cette transcription d’une terminologie savante
dans un vocabulaire plus populaire n’est pas gratuite. Elle vise à
provoquer un choc -dit-il-, à lui faire violence afin que se révèlent à
lui “de façon foudroyante” la force de la doctrine théurgique de la
Kabbale. Au risque de heurter ses convictions de le scandaliser.
Marx ne dit pas autre chose et insiste sur la nécessité d’une
polémique qui irait jusqu’à la grossièreté et ferait tomber les masques
de la charité petite-bourgeoise. Il y a une violence créative à assumer
celle qui poussait le bandit qu’était le Caravage à chercher ses modèles
de tableaux religieux dans les bas-fonds. Il y a cette pétrification de
Michel Ange devant cet immense morceau de marbre, qu’une troupe
d’ouvriers prêts à mourir par défi pour l’arracher à la montagne sont
les seuls avec lui à en savoir le prix réel, et le pouvoir de lui
arracher forme de titan. Il y cette espérance de siècles accumulés de
labeur et de gestes sans lesquels rien n’aurait existé dans lequel
Walter Benjamin voit l’ange de l’histoire qui avance à reculons en
prenant à pleine brassée les espérances non réalisées. Tout cela a
besoin pour ne pas rester de l’ordre du rêve de s’incarner : “la vérité
du pudding c’est qu’on le mange”…
C’est ça le panier de la ménagère, la cuisine comme l’opéra ne vaut
pas plus de quatre sous… Le temps où Yves saint Laurent ne défilait pas
avec des stocks de climatiseurs et des piscines artificielles dans le
désert pour une bande de snobs très cons, mais trouvait son public à la
fête de l’Humanité.
Cela comme l’a esquissé Gramsci était la force du parti communiste
français tels que nous l’avons connu et qui réalisait cette
transmutation, cette pierre philosophale du mouvement historique, celui
qui effectivement change l’ordre des choses existantes parce qu’il est
facteur de rupture et d’unité et dont la société française est désormais
orpheline. Après cette désindustrialisation, cette gentrification des
couches moyennes qui se sont emparées non seulement de la gauche mais du
centre même du mouvement la rencontre entre une avant-garde politique
mais aussi intellectuelle et artistique et la classe ouvrière pour
déposséder cette dernière.
Nous sommes désormais, selon le mot de Blaise Pascal, nostalgique de
notre enfance, nous sommes des souverains dépossédés de cette part de
transcendance qui accompagne les révolutions.
A l’ouvrière du textile roubaisien, Valentine DEBAES
Mais écoutons Alain Girard qui souvent si bien dire cette
dépossession, cette amputation… et qui rebondit sur mes recettes, sur le
panier de la ménagère…
Ah les ménagères et l’Agit prop…. Les tracts jetés à la volée et la
mort possible au bout de la chose… Cette pratique qui mettra les files
de femmes en réaction face à l’occupant nazi et aux collabos devant une
quasi famine, souvent ignorée d’ailleurs.
Alors ici un souvenir, celui d’une ouvrière du textile roubaisien, Valentine Debaes. C’est une femme immense que j’ai rencontré en devenant membre du PCF à Roubaix.
J’ai eu pour dirigeants de cellule Valentine mais aussi Marcel, tous
deux issus des FTPF, dur de trahir après ça… Au fait la cellule est à
prendre au bon sens, lieu de vie et de développement, ça vit, ça meurt
une cellule et ça se reproduit.
Ceci dit, Valentine, d’une élégance rare avait pour pêché mignon de
boire son petit canon de blanc au siège du parti, la Prolé, qui fut
avant une boulangerie communiste, si si…
Alors Valentine avait comme nombre cette habitude de vendre Liberté
au porte à porte, on en a vendu une cinquantaine un dimanche, on avait
du déshabiller une autre cellule de son stock pour cela, elle avait ses
70 ans bien tapés.
Une autre coutume, celle des Ducasses à Pierrot, traduisez, banquets du parti dans le cadre des remises de cartes. C’est
le Nord, alors c’est la bière et parfois du vin mais la bière… C’est
aussi en moins visible, un coup de genièvre, de Loos, il y en a du Pas
de Calais mais eux… Comme une rivalité, une animosité politique
entretenue par une direction fédérale …
La Ducasse à Pierrot, quelle vacherie pour les JC qui tournent
partout pour recueillir les adhésions, imaginez, saucisses haricote en
plat principal, le samedi suivant haricots saucisses et tenez-vous bien
des fois samedi et dimanche.
Cela se couplait avec , naturellement, le discours du dirigeant,
celui du JC qui avait le moins abusé du genièvre et soirée dansante.
Jusque là tout allait bien mais les haricots, quels ravages parfois.
Donc Valentine était de tous les coups mais sans doute pour revenir à
ces femmes qui avaient osé affronter le pire, il y eu un évènement
souvent passé sous silence;
Le conseil municipal de Roubaix se met en place, le maire pressenti,
Victor Provo, est un SFIO d’un anti-communisme bon teint, il l’a prouvé
de plus sordide des manières.
La SFIO c’est le parti de Jean Lebas, l’ancien maire SFIO, mort en
déportation et qui aurait dit avant de périr qu’il regrettait la non
intervention en Espagne, pas de preuve de ses mots, les témoins ne
seront jamais mis en avant.
Alors notre Valentine, élue conseillère municipale monte à nouveau au
front, elle accuse le Victor Provo de collaboration, lui qui a été mis
en place par les autorités d’occupation nazies, lui qui a succédé à deux
autres maires SFIO dans le même contexte.
Elle affronte cet ennemi et non adversaire et exige son départ et
c’est elle qui se verra déchue de son mandat me dira t’elle, rien ne
subsiste de ce moment, mais elle était une FTPF, le mensonge pas sa
tasse de thé, nombre en ont fait les frais.
Tout cela pour vous dire que les saucisses haricots n’étaient quand
même rien quand on est confrontés à une telle dame, une ouvrière, du
textile, une militante.
Rarement je remets ce plat à table et certes amélioré et n’en doutez
pas les Ducasses à Pierrot, celles et ceux qui gravitez autour de ces
tables, et qui ont tant et tout donné à leur classe, à leur parti de
classe, ne compteront jamais pour des haricots, ils ont forgé l’acier.
Valentine, sa silhouette fine, son élégance, son parler ch’ti, son,
notre parti communiste, son petit coup de blanc, le dimanche midi sur le
zinc de la Prolé.
C’est gravé, là.
Note de Pedrito
Putain, que çà fait du bien, de lire un machin comme çà, des hommages à de vrais cocos, de vrais communistes, pas des cocos lights, décolorés au moindre contact avec des politiciens rose pâle, qui ne seront jamais au service exclusif ni même occasionnel du peuple des humbles. Roubaix, où j'ai été nommé le 21 septembre 1958, postier à la Filature des 3 SUISSES. J'ai connu Marie Claire, Jocelyne, Yvette....Roubaix que j'ai tant aimée.
J'aurais tant voulu connaître Valentine. Mais le virus coco, çà m'est venu un peu plus tard. En 65....Dommage! Et quand FERRAT est mort, j'ai tant pleuré que je n'ai pas vu partir LEPREST. Un autre grand, pourtant....Impardonnable !