ni Reuters ni Bloomberg ni le Wall Street Journal ...
un vrai camouflet
Published by PCF Littoral -
Note de P.
Qui sème la tempête......récolte l'ouragan ?
L’insoumission.fr au festival de Cannes. « Ce serait chouette si on invitait Ken Loach à Marseille ? Chiche ! ». Tout part de cette boutade : nous avions lu un dossier consacré à Ken Loach et son œuvre dans la presse ainsi que son livre d’entretien avec Édouard Louis Dialogue sur l’Art et la Politique (lire à ce sujet l’article de l’insoumission.fr : Ken Loach et Édouard Louis, l’art pour changer le monde) et nous découvrons que Ken Loach venait à Cannes présenter son nouveau film The Old Oak, relatant l’arrivée d’une communauté syrienne dans un village socialement sinistré du Nord de l’Angleterre (sortie prévue 29 septembre au Royaume-Uni). Ni une, ni deux : nous trouvons le contact de sa société de production sur Internet, envoyons un mail en se disant « et si ? »
Eh ben… Si, c’est arrivé : début d’une correspondance chaleureuse entre Ken Loach, son assistante Emma et nous. De fil en aiguille, nous convenons d’une rencontre à Cannes et en deux heures de TER, nous voilà débarquant dans cette ratatouille Hollywoodienne éphémère aux Cendrillons de Lidl dans leur panoplies de princesses à l’heure de l’apéro, un luxe dans lequel nous, Insoumis, ne nous sentons pas à notre place, mais merci aux gaziers cannois qui ont rappelé que la lutte continue, merci à nos camarades des Groupes d’Action locaux d’offrir une piqûre de rappel.
Enfin le moment, que l’on attendait : nous rencontrons Ken Loach, accompagné de son épouse à la réception de leur hôtel, nous prenons place dans des sièges « design » mais au confort relatif, tranchant avec un décor auquel nous ne nous habituerons jamais, Ken Loach nous met à l’aise dans une simplicité cordiale et chaleureuse en nous remerciant d’être venus depuis Marseille. C’est parti. Un entretien réalisé par Sandrine Vitry et Frédéric Espi, nos deux stars, qui, bien mieux qu’un voyage en yacht sur la croisette, ont déroulé le tapis rouge à Ken Loach et lui ont ouvert les colonnes de l’insoumission.fr, un respect éternel à notre duo, l’histoire magique d’un rêve qui devient réalité. Entretien.
K.L (Ken Loach) : Alors, que se passe-t-il en France en ce moment, avec les manifestations ?
L.I. (Les Insoumis) : Nous sommes toujours dans la lutte. Malgré les mouvements sociaux et les manifestations, Emmanuel Macron et son gouvernement ont utilisé tous les articles de la constitution qu’ils ont pu utiliser pour passer sa réforme en force, mais nous ne nous résignons pas et continuons le mouvement de lutte, nous manifesterons le 6 juin prochain et le 8 juin, un de des groupes centristes de parlementaire à l’Assemblée Nationale présentera une proposition de loi pour abroger une partie de cette réforme ce que le gouvernement veut empêcher en utilisant l’article 40 de la constitution françaiseii, mais nous restons déterminés à gagner la bataille.
K.L : Cela serait bien, mais généralement, ils essaient toujours d’utiliser la loi quand ils la font et la contrôlent ainsi que la justice : parfois on gagne, mais même contre une victoire, ils trouveront toujours une autre loi pour te barrer la route. Vous savez, en Angleterre, nous ne réussissons jamais comme vous le faites car la justice va toujours dans leur sens.
L.I . : La démocratie en France va de plus en plus mal.
K.L. : Mais il [Emmanuel Macron] ne peut pas se représenter, c’est son deuxième mandat, il devra quitter ses fonctions à la fin.
L.I. : Il pourrait réussir à faire changer la constitution…
K.L. : Pour rester ? Comme Dieu ou comment il s’appelait, le Roi Soleil ? Louis XIV ! (rires).
L.I. : Il en serait bien capable. On tenait à vous rencontrer car votre film, The Old Oak raconte l’histoire d’une communauté de migrants syriens qui arrivent dans un village d’Angleterre avec ce regard des locaux, et on y trouve un écho avec une situation actuelle dans la ville de Saint-Brévin où le maire a du démissionner et fuir car des groupes d’extrême-droite ont décidé de l’empêcher d’ouvrir un centre d’accueil pour demandeurs d’Asile, ce qui me pousse à demander si vous aussi, en Grande-Bretagne, étiez confrontés à une montée en puissance des fascismes ?
K.L. : Eh bien, c’est intéressant. En Angleterre, l’extrême droite se présente d’une manière différente. Le parti de droite, le Parti Conservateur, depuis que Margaret Thatcher a eu un politique de droite très dure, prend l’espace que les fascistes exploiteraient politiquement. L’aile droite du Parti Conservateur est anti-immigration. On y trouve des éléments racistes mais Il n’y a donc pas autant d’espace pour que le fascisme se développe en Angleterre comme il y en a en France. Quand nous votions pour le Brexit, la droite, un nouveau parti de droite, a commencé. Et c’était… C’était… Comment s’appelait-il ? Je ne m’en souviens pas, mais il était dirigé par un homme du nom de Nigel Farage. Et ce n’était pas fasciste, mais il y avait des éléments d’extrême droite. Nous n’avons donc jamais eu de mouvement fasciste fort. [Mme Loach intervient : « Ukip ».] UKIP, oui, (Le parti de l’indépendance du Royaume-Uni) a été appelé. Oui. Merci. Nous n’avons donc jamais eu de parti fasciste fort parce que l’extrême droite se rassemble autour de la section de droite du Parti conservateur. Et ils sont toujours aussi toxiques. Oui. Il y en a partout. C’est toujours toxique. Mais parce qu’ils font partie du parti de droite, le parti traditionnel de droite, ils ne sont pas considérés comme si dangereux. Et politiquement, ils le sont vraiment. Vont-ils devenir de plus en plus extrêmes ?
Je pense que le capitalisme s’effondre. Vous savez, plus la pauvreté augmente, plus l’inégalité augmente : Le service de santé s’est effondré. Absolument effondré, après avoir été une grande réussite. Le service de santé était ce dont nous étions tous fiers. Cela s’effondre maintenant. Une énorme crise du logement et une pauvreté alimentaire. Je veux dire, les banques alimentaires, la nourriture caritative a augmenté de 50 %. C’était déjà gros, augmenté de 50% l’an dernier en 12 mois, 50%. Il y a donc un sentiment de fragmentation de la société et au fur et à mesure que les gens se mettent en colère, ils se sentent trompés. Le parti de la social-démocratie, le Parti Travailliste glisse progressivement vers la droite. Je précise, il dit que nous allons continuer à privatiser les services publics, nous allons être plus durs avec les immigrés. Et il adopte un bon nombre des politiques consensuelles afin d’apaiser la presse, qui est très à droite afin qu’ils ne soient pas attaqués et qu’ils puissent ensuite être élus. Et c’est le choix entre un parti de droite et ce qu’on appelle traditionnellement un centre gauche, les sociaux-démocrates, qui vire maintenant à droite. Et puis. Alors que la société se fragmente, la droite se renforce parce que les gens ont peur et qu’ils ne voient aucun espoir. Vous me suivez ?
L.I. : Bien sûr ! (pour des Frenchies pas spécialement « fluent » on se débrouille !)
K.L. : Ca brise le cœur. Mais ce qui est intéressant, en comparant les deux pays, c’est que votre parti social-démocrate s’est effondré, n’est-ce pas ? Hollande Oui, il a disparu. Qui incarne la gauche aujourd’hui ? Mélenchon, alors que nous, le Parti social-démocrate de Grande-Bretagne va s’estomper très vite. Nous sommes descendus. Jeremy Corbyn a été un vrai leader de gauche, c’est-à-dire qu’il est un social-démocrate de gauche. Je suppose comme Mélenchon. Je veux dire, il aurait mis fin à la privatisation des services publics, de la santé et restauré la propriété publique des transports, repris le gaz, l’électricité, l’eau, redevenue propriété publique, augmenté le salaire minimum, accordé des droits syndicaux à chaque travailleur en un jour. Cela détruirait donc la « Gig Economy » [on traduirait par « Economie Uberisée »]. Vous savez, chaque travailleur aurait les congés payés, l’indemnité de maladie, contrairement à cette « Economie Ubérisée », ou vous êtes payés à la journée et employés à la commande : l’employeur qui peut vous faire travailler une journée sur avec un nombre d’heures impossible et puis plus rien du jour lendemain sans aucune visibilité sur le long terme. Aux élections de 2017, Corbyn a failli l’emporter. Et cela aurait été une énorme attaque contre les Affaires, contre le Capital, en disant qu’on ne peut pas faire d’argent avec la santé. Vous ne pouvez pas gagner d’argent avec les trains. Vous ne pouvez pas gagner d’argent avec l’essence. L’eau, l’électricité qui vous appartenait appartient à nouveau au peuple. Et il a été détruit par l’État, par l’aile droite de son propre parti. Et ils avaient l’habitude d’utiliser la tactique de l’accuser d’Antisémitisme. Même moi j’en ai été accusé. Oh oui !
L.I. : C’est d’ailleurs, ce qu’il s’est passé en France, quand Corbyn est venu en France, et a rencontré notre députée Danièle Obono [et également Danielle Simonnet, NdlA], cette dernière s’est retrouvée taxée d’antisémitisme avec toute une campagne de lynchage médiatique ignoble à son encontre.
K.L. : Le même procédé malsain. Vraiment Malsain.
Mme Loach : Ils ont dit que Ken était antisémite !
K.L. : Oui, j’en ai été accusé, mais ils ont beaucoup attaqué Corbyn parce qu’il était de gauche, parce qu’il aurait redistribué les richesses vers les classes précaires, et mis fin à la mainmise du Capital, et aussi pour son soutien à la Palestine, il aurait reconnu l’état de Palestine, ce qui lui a valu des représailles de la part d’Israël, beaucoup de groupes dans la gauche soutiennent l’état d’Israël, et c’est de là que sont venues les accusations d’antisémitisme et les pressions sur toutes les personnes qui le soutenaient. C’était une vraie chasse aux sorcières. Quand il a pris la tête du Parti Travailliste, ce dernier comptait 200 000 membres. En 2017, grâce à lui, le parti revendiquait 600 000 membres, il était très populaire quand il a été à deux doigts de remporter les élections. A quelques milliers de voix près, il aurait gagné, et c’est là que l’Etat avec l’aide de médias comme la BBC, le journal Guardian, qui était traditionnellement de gauche, s’est mis à le détruire, démotivant les nouveaux adhérents du parti, et c’est regrettable qu’en Europe ces informations ne circulent pas plus, du moins en Angleterre, il n’existe plus. Depuis qu’il a perdu le leadership de la gauche, c’est comme s’il avait disparu: on ne l’entend plus à la radio, ni à la télé, plus d’articles dans la presse papier. Comme s’il n’avait jamais existé. C’est comme, vous savez, votre expression « Coup d’état » ? Juste que cette fois c’est un « Coup de Gauche » (il le prononce en français) !
L.I. : Effectivement, on ne peut que comprendre, car nous rencontrons le même problème ici : la globalité des médias de masse sont détenus par des ultra-riches qui généralement côtoient les gouvernants et ensemble ils s’arrangent entre eux pour que les médias ne viennent pas déranger les petits arrangements d’arrière-boutique des uns et des autres.
K.L. : Mais le plus intéressant, c’est la BBC, car c’est une branche de l’État. La BBC est contrôlée par l’État, pas par les partis politiques. Regardez qui ils y mettent à sa tête, les dirigeants de la BBC. C’est le pouvoir profond de l’État. Il n’y a pas que le parti au pouvoir. C’est comme le pouvoir profond de l’État. Ils œuvrent pour le grand capital. Et par ce contrôle, ils ont réussi à supprimer Corbyn. C’était absolument extraordinaire de voir ça parce qu’en quelques mois : il était parti et il n’existait plus. C’est fou ! Il n’existait pas. Et ça continue aujourd’hui. C’est la démonstration de l’habileté de la classe dirigeante britannique que les gens de gauche en Europe ne connaissent pas. Ils ne savent pas. Aviez-vous entendu parler de Corbyn ?
L.I. : Bien sûr, mais ce n’est malheureusement pas le cas de la majorité des Français qui s’arrêtent à la propagande des chaines d’infos en continu et ne fait pas l’effort de se tourner vers une presse alternative d’opposition.
K.L. : L’accès aux médias internationaux pour les gens est une faiblesse politique pour la gauche : à quoi bon chanter l’Interntionale, si on ne peut pas savoir ce qu’il se passe dans les pays voisins ? Toute les gauches de tous pays devraient se soutenir les une les autres et se rencontrer. Je ne connais pas en détail les propositions de Mélenchon, mais il est probablement la meilleure représentativité de la Gauche que vous ayez, avec une présence publique et médiatique que peu de leaders de gauche peuvent se vanter d’avoir. Nous devons tous être derrière lui et porter son programme. Au marché, dans ma ville, quand je vais au marché, je vais voir le fromager qui est français et je parle politique avec lui, il est très de gauche, un, un « gauchiste » comme vous dites. (rires)
L.I. : Pour en revenir à votre film, The Old Oak, on assiste à l’arrivée de migrants syriens dans une ville quasi-désertique, mais d’après les extraits que l’on a pu voir, on a l’impression que cette co-habitation sera racontée du point de vue des locaux, vous pouvez nous dire si notre impression est bonne ?
K.L : Principalement, oui, un peu des Syriens. Mais c’est comme ça que les deux communautés se rencontrent parce que c’est un village, un village minier où il y avait une mine de charbon dans le nord-est de l’Angleterre et c’était une grande zone minière. Il y avait de nombreuses mines de charbon, vous savez. Et dans les années 1980, Margaret Thatcher, à la fin des années 1980, 1990, toutes les mines de charbon ont été fermées, entraînant la fin des petits villages. Quand la mine a fermé, il n’y avait plus rien. Il n’y avait pas de travail. Les gens sont partis et on a juste laissés pourrir ceux qui sont restés pour les laisser, vraiment, disparaître. L’immobilier y est très bon marché. Vous pouvez acheter une maison actuellement pour 5 000 €
L.I. : 5 000 ?
K.L. : Euros. Pas livre Sterling. 5000 Euros. Ce
n’est rien. ! Pour donner un exemple, à Londres, une maison à surface
équivalente ne se vendra jamais en dessous de 1 million de livres
sterling et celle-ci à 5 000 €. Les commerces sont fermés. Le travail
est parti. Les écoles ont fermé. Tu dois aller ailleurs. Les églises ont
fermé. Toute les communautés minières ont fini par partir parce que les
maisons sont bon marché. Le gouvernement a mis plus de Syriens dans ces
villages que partout ailleurs. C’est presque pareil partout ailleurs
dans le pays. Cela signifiait donc que les Syriens n’avaient rien. Ils
avaient été en guerre. Vous savez, il y a eu des gens tués, mutilés,
torturés, désespérés.
Chez les gens qui n’avaient rien, n’avaient rien non plus, et il n’y avait rien à faire d’autre que partir pour survivre.
Et bien sûr, c’est là que la droite prospère, parce que la droite est forte quand les gens n’ont aucun espoir. Vous savez, quand ils n’ont pas d’argent et qu’ils cherchent quelqu’un à blâmer, ce sont les immigrés qui prennent. Les immigrés sont toujours coupables. Il y a donc toujours un risque qu’il y ait du racisme entre les deux. Bien qu’il y en ait, il y a aussi la tradition des anciennes communautés minières, qui était la solidarité. Cela, vous savez, la solidarité. Et lorsque nous avons eu une énorme grève des mineurs en 1984, les mineurs sont venus de France, d’Italie pour exprimer une grande solidarité. Il y a une mémoire de cette solidarité internationale malgré le racisme. La Solidarité lutte contre le Racisme et c’est de cette lutte que parle le film : ces personnes n’ont plus rien, ils ont tout perdu, ils ne parlent pas la langue. Et donc c’est au sein de tous ces liens entre les habitants, les migrants et les associations d’aide aux migrants que l’on peut réaliser et voir qu’il y a un espoir en ces temps les plus sombres. Y a-t-il un espoir ? C’est de cela dont parle le film. C’est…
Ken Loach est ému. Son épouse, nous explique que ce projet l’a beaucoup touché et qu’ils allaient le voir vendredi [26 mai] sur grand écran pour la première fois.
K.L. : Ca va aller, personne n’a encore vu le film, nous avons hâte d’avoir les réactions du public.
L.I. : On croise les doigts pour vous et vous pouvez compter sur nous pour faire dès notre retour à Marseille, le nécessaire pour inviter tout le monde à aller le voir.
K.L. : J’aime beaucoup des histoires comme celle-là. Le gouvernement repeuple ces villages avec des migrants, pour la plupart syriens. Dans le film, les personnages sont fictifs, mais le schéma narratif est factuel. Nous avions fait des recherches et enquêtes sur les municipalités qui accueillaient les migrants et les ONG qui aidaient dans ces villes d’Ecosse, Angleterre et du Pays de Galles dont l’une nous accueilli pour tourner le film. Ce sont des petites villes qui ont beaucoup accueilli et qui ont retrouvé une nouvelle jeunesse.
L.I. : justement, cette inscription dans le réel on le retrouve dans presque tous vos films. Nous avons lu que vous travailliez avec des acteurs non-professionnels ?
K.L. : Un peu des deux, professionnels et amateurs.
L.I. : Ce qui me fait rebondir, car il y a 22 ans, j’étais lycéen et j’ai vu un de vos films « Sweet Sixteen », j’ai d’ailleurs gardé le ticket de l’époque, et j’avais envie de savoir si vous gardiez justement contact avec les acteurs non professionnels ? Que sont-ils devenus ?
K.L. : Bien sûr, par exemple, Martin [Compston] est devenu acteur professionnel et il a une belle carrière d’acteur, par ailleurs je travaille souvent avec eux à nouveau comme c’est le cas de Dave Turner, qui avait eu un petit rôle dans Sorry We Missed you ou avant était un figurant dans I, Daniel Blake. Vous l’avez rencontré ?
L.I. : On ne dirait pas non.
K.L. : Il est dans cet hotel, mais au milieu de tout ce monde, je ne saurais pas vous dire si on le voit. J’ai horreur de cette foule, mais c’est un homme formidable. Saviez-vous qu’il était pompier ?
L.I. : On l’avait lu dans un article.
K.L. : Mais il est aussi animateur d’un groupe syndical, c’est là que je l’ai rencontré. Je lui avais donné un petit rôle pour Daniel Blake, il a été très bon puis pour Sorry we missed you et pour The Old Oak, on a pensé qu’il était l’acteur idéal pour ce projet. On lui a fait passer des tests, il a été formidable, vraiment brilliant, on lui a donné le rôle principal. Et en plus d’être un bon acteur, il est un pompier, et un homme aux convictions politiques très fortes.
L.I. : Généralement, comment trouvez-vous vos acteurs ?
K.L. : on regarde autour de nous et lorsqu’on cherche des profils spécifiques comme des syndicalistes, nous allons dans des Unions Locales, dans les écoles pour les enfants, les usines pour les ouvriers, mais on est sensible au bouche à oreille, les conseils qu’on nous donne, il nous arrive d’avoir de l’aide de syndicalistes locaux. D’ailleurs, c’est dans une école que l’on avait trouvé David Dai Bradley qui a aujourd’hui 65 ans.
L.I. : C’est énorme.
K.L. : Mais dites-moi, comment faites-vous sur le terrain, pour militer à Marseille ?
L.I. : Localement, les actions de la France Insoumise s’organisent par le biais de Groupe d’Action qui animent la vie locale de la France Insoumise et qui sont partout dans la ville à tracter, coller les affiches, organiser des réunions : par exemple à Marseille, vu le nombre d’arrondissements, on trouve au minimum un Groupe d’Action par Arrondissement : Sandrine est l’animatrice d’un groupe « La Capelette » …
K.L. : Oh, comme dans Roméo et Juliette ?
L.I. : Non Capelette, pas Capulet. (rires) et pour ma part j’anime un groupe dans le centre-ville qui s’appelle Chave Insoumis et ce qu’il y a de formidable et que de façon générale, lorsqu’il y a des grosses mobilisations, les Groupes arrivent à travailler ensemble pour mobiliser le plus grand nombres de nos militants et concitoyens. Et bien sûr, nous espérons pouvoir arriver à vous inviter à Marseille pour venir nous présenter votre nouveau film The Old Oak. Nous avons le Cinéma, le public, il ne manque plus que le film et vous !
K.L. : Ce serait formidable.
L.I. : Nous ferons tout pour.
Loin de l’Histoire, une opération à grand spectacle
Le bilan des « crimes du communisme » établi par l’historien français Stéphane Courtois dans son « Livre noir » sonne comme un réquisitoire. L’auteur dresse un scandaleux parallèle entre communisme et nazisme et invoque l’idée d’un tribunal de Nuremberg pour juger les responsables. Qu’importe que les chiffres cités soient manipulés, voire faux, que plusieurs coauteurs se soient dissociés de Stéphane Courtois, nombre de journalistes, sans avoir pris la peine de lire le livre, en ont fait un éloge dythirambique.
Longtemps après, les chiffres restent approximatifs et ne fournissent guère qu’un ordre de grandeur. Pour la répression de Sétif (1945), les estimations vont de 6 000 à 45 000 morts. A Madagascar (1947), il y aurait eu 80 000 victimes. En Indochine (1946-1954), les chiffres varient selon les sources de 800 000 à 2 millions de morts, et en Algérie (1954-1962) de 300 000 à 1 million. Même sans tenir compte de la Tunisie et du Maroc, et en s’abstenant d’évoquer les responsabilités françaises dans des catastrophes plus récentes, comme le génocide rwandais, cette sinistre comptabilité atteste que, si l’on rapporte le nombre de ses victimes à celui — médiocre — de sa population, la France se place dans le peloton de tête des pays massacreurs de la seconde partie du siècle.
Elle persévéra avec tant d’obstination que l’observateur pourrait en déduire que le crime était ontologiquement lié au régime politique en place. Car c’est bien de crime qu’il faut parler. La répression menée pendant deux décennies sur deux continents présente les caractéristiques du crime contre l’humanité tel que défini par le nouveau code pénal français : « Pratique massive et systématique d’exécutions sommaires, d’enlèvements de personnes suivis de leur disparition, de la torture ou d’actes inhumains (…) »
La seule organisation politique d’importance à se dresser contre cet enchaînement aussi cruel qu’imbécile fut le Parti communiste français (PCF). La mémoire de ses vétérans est peuplée des souvenirs d’une lutte difficile menée dans une solitude presque absolue. En face, ce passé-là passe très aisément, et M. François Bayrou, héritier politique d’une démocratie- chrétienne impliquée plus qu’aucune autre formation dans la répression colonialiste, ne s’encombrait pas de réminiscences importunes lorsqu’il brandissait, à la Chambre, Le Livre noir du communisme vers le bord opposé de l’hémicycle. La mémoire aussi peut être à géométrie variable.
Un livre ? Des livres. Un assemblage hétéroclite auquel l’introduction et la conclusion de Stéphane Courtois, maître d’œuvre, s’emploient avec vigueur à donner sens. L’éditeur nous confie que le regretté François Furet avait accepté de rédiger la préface. Elle eût été en tout cas intelligente. Stéphane Courtois relève d’une autre pratique : son texte consacre l’irruption de la technique publicitaire dans la démarche historienne. (Aussi, appréciant à sa juste valeur « le choc des photos », déplore-t-il longuement la pauvreté iconographique de l’ouvrage.) Ses postulats atteignent sans effort à l’efficacité du slogan. Le communisme porte en lui la terreur comme la nuée l’orage. C’est inscrit depuis toujours et à jamais dans son code génético-politique.
Thomas More, auteur d’ Utopia, décapité en 1535 sous Henri VIII, n’a-t-il pas un monument à sa gloire sous les murs du Kremlin ? Plutôt que d’inscrire à l’inventaire des crimes, sans commentaire, la déportation des Allemands de la Volga, en 1941, n’eût-il pas été équitable d’indiquer que des considérations d’ordre stratégiques évidentes pouvaient lui donner au moins un début de justification à l’heure où le pays luttait pour sa survie ? Après tout, les Etats-Unis internèrent sans autre forme de procès, pendant toute la durée de la guerre, des milliers d’immigrés japonais souvent installés de très longue date et qui ne présentaient assurément pas le même danger potentiel.
Tant d’acharnement obsessionnel déconcerte. Les raisons de s’horrifier ne sont-elles pas suffisantes ? L’instrumentalisation propagandiste des victimes ne marque- t-elle pas du mépris pour leurs souffrances ?
C’est que Stéphane Courtois a fixé à sa campagne une cible ambitieuse. Sachant que les crimes nazis, et notamment la tentative d’extermination des Juifs d’Europe, s’inscrivent dans la mémoire collective comme l’abomination absolue, il veut établir une analogie entre nazisme et communisme. Avec 25 millions de victimes pour l’un et une évaluation de 100 millions pour l’autre, la preuve serait apportée que le second est quatre fois plus criminel que le premier. Certes, les victimes ne se comparent pas. Juifs et Tsiganes furent assassinés en tant que tels. Citant les discours des bolcheviks, que la rhétorique révolutionnaire tenait à l’écart de la nuance, Stéphane Courtois doit bien admettre que, s’ils vouaient à la liquidation leurs ennemis bourgeois, koulaks, etc., c’était « en tant que classe ». Il introduit donc le concept d’un « génocide de classe » qui serait l’exact équivalent du « génocide de race ». L’imposture intellectuelle sidère par son audace. Aux yeux des nazis, un Juif restait de sa conception à sa mort défini par sa judéité.
Un bourgeois dépouillé de ses biens sort de la bourgeoisie. La Révolution française a voulu, et dans une certaine mesure accompli, la liquidation de l’aristocratie en tant que classe, ou caste. Mais les « ci-devant » dépossédés de leurs titres et privilèges n’étaient pas automatiquement promis à l’échafaud, où ils furent moins nombreux à monter que les ouvriers ou les paysans. Stéphane Courtois écrit : « La mort de faim d’un enfant de koulak ukrainien délibérément acculé à la famine par le régime stalinien » vaut« la mort de faim d’un enfant juif du ghetto de Varsovie acculé à la famine par le régime nazi. » La comparaison ne vaut rien car l’enfant ukrainien survivant à une famine circonstancielle avait une vie devant lui, alors que l’enfant juif rescapé de la faim n’avait pour avenir que la chambre à gaz de Treblinka.
Dans son acharnement à tordre les faits, Stéphane Courtois va jusqu’à enrôler le responsable SS Rudolf Hess, selon lequel sa hiérarchie lui aurait fait parvenir une documentation pédagogique sur les camps soviétiques. Mais Rudolf Hess allait créer un camp sans précédent, ni équivalent — Auschwitz — qu’aucun être sensé se songerait à comparer aux pires établissements du Goulag. Quoi qu’ils en aient, Stéphane Courtois et ses semblables buteront toujours sur l’irréductible singularité de la Shoah.
Avec Nicolas Werth, qui consacre plus de deux cent cinquante pages — un livre dans le livre — aux « violences, répressions, terreurs en Union soviétique », nous quittons une littérature évoquant la pire agit-prop des années 30 et réintégrons avec soulagement l’histoire. Mais pourquoi faut-il que ce travail remarquable paraisse sous un si douteux pavillon ? Pourquoi surtout s’être fourvoyé dans un projet à ce point réducteur ? Le maître d’œuvre, Stéphane Courtois, qui affectionne le spectaculaire, nous livre son pronostic à propos de Staline : « Sans doute émergera-t-il, aux yeux de l’Histoire, comme le plus grand homme politique du XXe siècle, réussissant à hisser la petite Union soviétique de 1922 au rang de superpuissance mondiale. »
Le moins qu’on puisse dire est que la contribution de Nicolas Werth ne livre pas la clé d’une incontestable ascension. Que la société soviétique ait été cette société violentée et martyrisée qu’il décrit avec minutie, personne n’en doute. Mais elle ne fut pas que cela, car ni le travail forcé au Goulag, d’un rendement économique plus que médiocre, ni la coercition exercée sur les esprits ne peuvent rendre compte d’une dynamique qui transforma effectivement le pays. Limiter l’histoire de l’URSS à celle de la terreur est aussi réducteur, toutes proportions gardées, qu’une histoire de la IV e République qui ne traiterait que de ses turpitudes coloniales en négligeant le fait que ce malheureux régime sut par ailleurs ragaillardir et lancer sur la voie de la prospérité une France épuisée par la guerre et l’occupation.
Bien loin de donner à comprendre le passé, un tel choix l’opacifie et fait même du présent une énigme. La frivolité aveugle des Occidentaux, les intellectuels au premier rang, est sévèrement stigmatisée dans le livre, Stéphane Courtois allant jusqu’à s’étonner étrangement du fait que, de nos jours, « des groupes ouvertement révolutionnaires sont actifs, et s’expriment en toute légalité (souligné par nous), traitant par le mépris la moindre réflexion critique sur les crimes de leurs prédécesseurs (...) ».
A l’Est, les populations concernées ont à coup sûr plus de lucidité et gardent mémoire du passé. Si le régime qu’elles ont subi se réduisait à une lugubre succession de répressions sanglantes, comment comprendre que l’idée communiste conserve parmi elles tant d’adeptes ? Comment expliquer que la Pologne, la « nation-ennemi » dont Andrzej Paczkowski nous rappelle les très rudes épreuves, ait, une poignée d’années après l’implosion du bloc soviétique, élu le plus démocratiquement du monde un président et une majorité parlementaire néocommunistes ?
Que dire enfin d’un esprit de système qui annule le temps et l’espace ? Pour le maître d’œuvre, l’idéologie communiste doit être toujours et partout la responsable unique d’une terreur monotone. Rétif aux amalgames sommaires, Jean-Louis Margolin indique l’importance de la tradition confucéenne dans les pays communistes d’Asie, Cambodge excepté, et souligne son rôle spécifique dans leur histoire récente, y compris dans ses aspects les plus tragiques. Pascal Fontaine aurait pu, s’agissant de Cuba, rappeler la tradition régionale du caudillisme que François Maspero a parfaitement mise en lumière à propos de Fidel Castro. Par quelle aberration peut-on enfin englober dans la même condamnation des sandinistes nicaraguayens qui remirent démocratiquement en jeu leur pouvoir et les fous furieux du Sentier lumineux ?
Un grand absent : l’adversaire. Chaque expérience communiste est décrite comme si elle se déroulait en vase clos, coupée du monde extérieur. Pourquoi Nicolas Werth s’abstient-il d’évoquer l’interventionnisme étranger acharné à juguler la jeune révolution bolchevique ? S’il est un événement central dans l’histoire de Cuba, c’est bien la tentative de débarquement en 1961 d’une force d’invasion inspirée et armée par la plus puissante nation du monde. Elle rend compte, par exemple, du quadrillage de l’île par les comités de défense de la révolution (CDR). Mais l’épisode majeur de la baie des Cochons n’est mentionné que pour nous apprendre que Castro s’en servit comme « prétexte » pour interdire... la revue La Quincena !
La volonté américaine d’en finir à tout prix avec l’expérience sandiniste, y compris en bloquant les ports par des champs de mines, n’est pas une seule fois évoquée. On sait pourtant combien le complexe d’encerclement, l’intervention étrangère et le blocus offrent un terreau fertile à la paranoïa répressive. Leur évacuation permet sans doute aux auteurs de décrire des forces du mal révélant leur essence intrinsèquement perverse face à un monde s’astreignant strictement au rôle du spectateur horrifié ou passif. Mais l’escamotage annule une dialectique qui forme la trame même de l’histoire et sans laquelle elle devient cette « histoire contée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien ».
Autre absent : le facteur humain. Faut-il redire après tant d’autres que les militants communistes adhéraient à un projet qui se voulait universel et libérateur ? Que cet idéal ait été dévoyé ne retire rien à leurs motivations. Elles suffiraient à elles seules à les différencier de leurs adversaires nazis dont le programme affiché consistait à soumettre à une « race » déclarée supérieure des peuples tenus pour inférieurs et condamnés à l’asservissement quand ils n’étaient pas voués à l’extermination. Un nazisme acceptable pour l’humanité n’est pas concevable : il y a contradiction dans les termes.
Même le bilan terrifiant des victimes accumulées par la perversion de l’idéal communiste ne parvient pas à abolir l’espoir dont il fut porteur à travers le monde. Sans doute l’histoire de l’Internationale communiste possède-t-elle ses chapitres noirs, mais la réduire au schéma expéditif qu’en donnent Stéphane Courtois et Jean-Louis Panné ressortit à la caricature. Il y a plus de vérité sur les « commis-voyageurs de la révolution » chez Malraux, Koestler ou même Jan Valtin que dans ces pages qui voudraient les enfermer dans le rôle de machines à tuer, mais ne les empêcheront pas de voyager encore longtemps dans l’imaginaire des hommes.
La sanction historique et définitive du nazisme, c’est sa défaite : les prétendus surhommes ont été désarmés et renvoyés dans leurs foyers. L’honneur et l’avenir du communisme, ce sont des militants à l’image d’un Artur London qui, après avoir voué sa vie à une cause généreuse, souffert torture et déportation du fait de l’ennemi, connut la tragédie d’être martyrisé par ceux qu’il croyait les siens, rompu par une mécanique impitoyable, et en ressortit pourtant fidèle à l’idéal de sa jeunesse.
Quant au Livre noir du capitalisme, il s’écrit tous les jours sous nos yeux et dans nos vies. Populations courbées sous la dictature des marchés financiers ; chômage ravageur ; guerres tribales déclenchées avec cynisme pour prendre le contrôle, par-delà les fantoches locaux, des richesses du sous-sol ; diktats économiques imposés par les institutions internationales et qui, en réduisant drastiquement les dépenses publiques consacrées à la santé, font chuter l’espérance de vie ; innombrables migrants condamnés à l’exil pour échapper à une condition désespérée... Et si chaque système doit se juger au nombre de ses victimes innocentes, de quel poids pèseront les 40 000 enfants qui, selon l’Unicef, meurent chaque jour de malnutrition dans le tiers-monde ?
Le malheur des hommes mérite mieux qu’un livre tapageur. L’espérance d’y remédier exige davantage qu’une opération de propagande.
Gilles Perrault
A la prochaine pandémie, laissez Cuba vacciner le monde Vendredi 2 Juin 2023
Interview d’Oleg Nesterenko, président du Centre de Commerce et d'Industrie Européen, accordé à la publication "L'Eclaireur des Alpes". Partie 1/3
L’Eclaireur - Par-delà la responsabilité de Vladimir Poutine dans le déclenchement de la guerre, quelles sont les raisons qui ont poussé les Russes à intervenir militairement en Ukraine, et quelles en sont les causes profondes ?
Oleg Nesterenko – En parlant des raisons qui ont poussé les Russes à intervenir militairement en Ukraine, les causes profondes et les éléments déclencheurs sont souvent confondus, surtout dans la presse occidentale. Les éléments déclencheurs, on les prend pour les causes. Quant aux causes, on n’en parle même pas ou on raconte un peu n’importe quoi. Il est important de les distinguer les unes des autres.
Il y a deux principaux éléments déclencheurs interdépendants. Le premier, c’est le coup d’état à Kiev en 2014. Sans ce renversement anticonstitutionnel du pouvoir, l’Ukraine vivrait aujourd’hui en paix. Sans ce coup d’Etat, dont on a des preuves tangibles que les États-Unis d’Amérique étaient derrière avec l’aide de leurs suppléants européens, il n’y aurait pas la guerre que nous vivons actuellement. Il est important de souligner qu’avant cet événement de 2014, ni la Crimée, ni la région du Donetsk, ni la région du Lougansk n’avaient la moindre intention de se séparer de l’Ukraine. En Crimée, je n’ai jamais entendu personne, ni parmi les simples habitants, ni parmi les hauts responsables dans les cercles fermés, parler de la possibilité ou nécessité de se séparer de l’Ukraine et de rejoindre la Russie. Il n’y avait aucune raison de le faire.
Et même plus tard, dans le cadre des accords de Minsk, l’idée de la séparation de l’Ukraine des régions de Lougansk et du Donetsk n’était nullement prévue, ni même soulevée. C’est le supplément de l’autonomie vis-à-vis du pouvoir central de Kiev qui était le sujet de l’accord, en commençant par l’autonomie linguistique : le droit des habitants de l’est de l’Ukraine de parler et d’utiliser leur langue natale, langue qu’ils souhaitent et non pas celle imposée par le nouveau pouvoir portant une légitimité plus que discutable.
Le second point
déclencheur de la guerre en Ukraine, c’est le massacre d’Odessa de 2014
dont en France on ne parle pas beaucoup. La propagande locale cherche à
occulter ce fait major. Il est beaucoup trop gênant.
Quand
le coup d’Etat a eu lieu à Kiev et que les ultra-nationalistes,
soutenus directement par les Etats-Unis, sont arrivés au pouvoir, les
parties de l’Ukraine qui sont russophones et traditionnellement
pro-russes - les régions du Donbass, la Crimée, l’Odessa, Nikolaïev,
Kharkov russophones - se sont soulevées.
Et quand les extrémistes sont venus à Odessa pour réprimer les manifestations parfaitement pacifiques des habitants, ils sont venus armés pour tuer. Officiellement, il y a eu 48 morts. Réellement - certainement davantage. Et cela n’était pas des morts abstraits, victimes d’un accident quelconque. Ce sont les habitants d’Odessa qui ont été massacrés par des ultranationalistes et néo-nazis venus des régions de l’ouest de l’Ukraine traditionnellement russophobe. Et ces habitants ont été massacrés avec une énorme sauvagerie (violés et, ensuite, étranglés, brulés vif, ...) pour leur refus d’accepter le nouveau pouvoir qui n’a jamais été élu par personne. Les habitants des régions pro-russes ont été profondément traumatisés par cette tuerie, davantage même que par les événements à Kiev, car, cette fois ci, cela s’est passé chez eux et pouvait se reproduire à n’importe quel moment. J’étais en Crimée en 2014 et je me souviens parfaitement des habitants disant « C’est totalement exclu que ces dégénérés viennent chez nous ».
Bien que la quasi-intégralité des auteurs du massacre d’Odessa soit parfaitement connue – il y a une grande quantité de témoignages, des photos et des vidéos avec les visages non dissimulés des participants à la tuerie –pas un seul n’a pas été ni arrêté, ni même inquiété par le nouveau pouvoir ukrainien. Ceci est le début, le fondement de la nouvelle « démocratie » ukrainienne tant admirée par des masses crédules et manipulés en Occident.
Ainsi, après les proclamations d’indépendance des régions de la Crimée et du Donbass vis-à-vis de l’Ukraine qui ont été facile à réaliser, vu qu’au moins les trois-quarts des populations concernées étaient farouchement opposés au nouveau pouvoir qui s’est fait installer à Kiev – les événements à Odessa n’ont fait que reconfirmer le bienfondé de la séparation.
L’Eclaireur - Comment expliquer l’immixtion des Etats-Unis et de l’Union européenne dans des affaires qui auraient pu rester somme toutes régionales ?
Oleg Nesterenko – Parce que les vraies causes profondes de ce conflit sont toutes autres. Ces vraies raisons, il faut aller les chercher du côté des Etats-Unis. Il faut même oublier l’Ukraine parce qu’en fait, elle n’y est pas pour grand-chose. Ce ne sont pas les Ukrainiens qui ont décidé ou décident de quoi que ce soit. Ils sont juste des exécutants et des victimes dans un grand jeu qui les dépasse grandement.
Avant de parler des vraies causes profondes de ce conflit et du rôle sous-jacent de l’occident collectif, il est important de dire quelques mots sur le rôle de la base navale russe en Crimée, à Sébastopol. Le rôle non pas dans le cadre des événements du février 2022, mais de mars 2014.
On a beaucoup parlé de Moscou qui avait l’intention de protéger les populations russes et pro-russes. C’est vrai. C’est une raison humaine. Mais, géopolitiquement, la raison clé de la reprise de la Crimée était la base navale de Sébastopol. La base navale de Sébastopol est un élément stratégique pour la défense de la Fédération de Russie. Celui qui contrôle la base navale de Sébastopol contrôle la mer Noire. C’est aussi simple que cela. Pour le Kremlin, il était donc inconcevable que les Russes qui s’y trouvent depuis toujours, et non pas que depuis 1991, soient chassés et qu’à leur place il y ait des navires de l’Otan et que les Etats-Unis s’y installent. Car c’était bien le projet occidental.
L’Eclaireur - Ce port représente-t-il une quelconque stratégie pour l’Ukraine ?
Oleg Nesterenko –
La base navale de Sébastopol n’a aucune valeur stratégique, voir
existentielle pour l’Ukraine. L’Ukraine n’a jamais été et ne le sera
jamais une puissance navale. Les forces navales ukrainiennes aujourd’hui
sont, tout simplement, inexistantes. Sans parler que la présence des
Russes n’était pas gratuite. La Russie payait chaque année la location
du port. C’était donc plutôt bénéfique pour Kiev de louer la base aux
Russes. En revanche, pour l’Otan, c’est un point plus que stratégique.
La prise du port de Sébastopol aurait vraiment été une grande victoire
géopolitique. Pour Moscou, c’était donc un élément existentiel de ne
jamais permettre l’accès à des forces ennemies à la base de Sébastopol.
Après
l’entrée en 1952 de la Turquie dans l’OTAN et, ensuite, l’absorption de
la Roumanie et de la Bulgarie en 2004, la géostratégie de l’alliance
atlantique était et est toujours d’absorber l’Ukraine et la Géorgie en
claustrant les forces navales russes dans le port de Novorossiysk –
seule base navale restante en eaux profondes, et, ainsi, faisant de la
mer Noire la mer interne de l’OTAN.
Malgré les mensonges répétés au fil des années, c’est exactement cela qui a été projeté et dont l’unique cible était bien la Russie. Et ceci même depuis les années 1990 quand les relations Russie-occident étaient à leur plus haut niveau depuis 1944 ; à l’époque, le pouvoir de Moscou était encore très ouvert et trop naïf vis-à-vis des intentions de l’occident collectif américano-centrique.
L’Eclaireur - L’Ukraine ne serait donc qu’un pion et l’Europe une sorte d’échiquier ?
Oleg Nesterenko - Malheureusement, c’est exactement le cas. Et les responsables à Kiev sont parfaitement au courant de la situation. Je ne crois pas une seule seconde que Zelensky et son entourage ne soient pas conscients du rôle réel qui est le leur.
Pour revenir aux raisons profondes de la guerre en Ukraine, il n’y a pas une, mais trois raisons clés. C’est, d’une part, la volonté de continuation de la domination mondiale par le système monétaire américain, donc le dollar. La guerre en Ukraine, c’est, avant tout, la guerre de la monnaie américaine (à suivre dans notre second volet).
La
deuxième raison, c’est la réduction maximale des relations économiques
entre la Russie et l’Union Européenne. Ce n’est pas la Russie, mais
l’Union Européenne qui est le concurrent majeur des Etats-Unis sur le
marché mondial. Diminuer la compétitivité des européens en les privant
d’un des éléments majeurs de la régulation du coût de revient de leur
production industrielle qui est l’énergie russe bon marché était l’un
des éléments clés de la politique étrangère américaine.
La
troisième raison, c’est la volonté de l’affaiblissement significatif de
la Russie et donc de ses capacités d’intervention vis-à-vis du futur
conflit majeur qui aura inévitablement lieu entre les Etats-Unis et la
Chine et dont la Russie est « la base arrière » énergétique et
alimentaire de cette dernière. Quand la phase active des hostilités
sino-américaines verra le jour, sans la Russie derrière, l’économie de
la Chine sera condamnée.
L’Eclaireur - Comment expliquer que les Américains n’aient pas essayé (s’ils n’ont pas essayé) de déstabiliser la Russie en interne comme ils l’ont fait en Ukraine ?
Oleg Nesterenko - Ce mode opératoire fait partie de leur doctrine. En Ukraine ils ont réussi, mais il ne faut pas oublier qu’auparavant, ils ont déjà fait exactement la même chose en Géorgie, en 2003, où ils ont parfaitement réussi le coup, et ont essayé de reproduire le même scénario et en Biélorussie et au Kazakhstan, entre autres. Cela n’a pas marché en grande partie grâce aux soutiens de la Russie aux pays visés.
Bien évidement qu’ils ont essayé de déstabiliser la Russie de l’intérieur. Et, de leur point de vue, ils ont parfaitement raison de le faire, car la seule et unique possibilité de faire effondrer la Russie, c’est de l’intérieur. Non seulement ils l’ont essayé, mais ils continuent d’essayer. Sauf que le mode opératoire de l’adversaire est parfaitement connu et les structures de la sécurité interne du pays sont bien adaptées pour lutter contre la menace.
La Russie n’est pas la Géorgie, et encore moins l’Ukraine, compte tenu de sa puissance et de ses structures politiques très largement soutenues par la population. La Russie est beaucoup plus stable.
L’Eclaireur - La Russie n’a-t-elle pas néanmoins sous-estimé la capacité de résistance des Ukrainiens ?
Oleg Nesterenko - Rappelez-vous les expertises, sérieuses, qui ont été faites sur la capacité de l’Ukraine à maintenir la résistance contre la Russie. A l’époque, juste avant le déclenchement, il était estimé que l’Ukraine ne pouvait tenir qu’un temps très limité face à la Russie.
Contrairement aux informations développées dans les mass médias occidentaux et malgré les événements que l’on observe sur le terrain depuis plus d’un an, j’aimerais souligner que ces experts qui ont prévu que l’Ukraine ne pourrait résister qu’un temps limité n’ont eu nullement tort. Ils ne se sont nullement trompés dans leurs prévisions.
Mes paroles peuvent paraitre étonnantes vis-à-vis de ce qu’on observe depuis plus d’un an. Pourtant il n’y a pas à s’étonner. Il ne faut jamais oublier que le déclenchement de la phase active des hostilités a eu lieu fin février 2022 et que déjà fin mars 2022, il y a eu des pourparlers à Istanbul entre l’Ukraine et la Russie. Pour quelles raisons une partie qui se sent forte et qui sait qu’elle a encore des capacités considérables de résistance se mettrait-elle autour d’une table de négociations pour convenir d’une forme de reddition ? Ça n’arrive jamais ainsi. Les Ukrainiens se sont mis autour d’une table de négociation étant conscients que leurs capacités de résistance étaient très limitées.
A Istanbul, quand les deux parties ont trouvé un consensus sur la majorité d’éléments clés de l’accord sur l’arrêt des hostilités, quand ils ont été pratiquement à un pas de la ratification du document de l’accord de paix, il y a eu un virage à 180 degrés du côté ukrainien. Pourquoi ? Il ne faut pas avoir une grande expérience dans le monde des affaires pour savoir : dans le cadre de négociations, quand une des deux parties fait volte-face du jour au lendemain, cela ne signifie qu’une seule chose - que cette partie a eu une contre-proposition de la part des concurrents de ceux qui sont en face d’elle. C’est comme cela que cela se passe dans le monde des affaires. Dans la politique c’est pareil.
Si l’Ukraine a pu se permettre le luxe de faire une croix sur l’accord de paix, c’est tout simplement qu’elle a reçu une contre-proposition. Et cette contre-proposition ne pouvait venir que du camp occidental. Les évènements qui ont suivi ont dévoilé les éléments de cette proposition : l’Ukraine a reçu une proposition pour l’ouverture d’une gigantesque ligne de crédit partiellement payable en armement. En contrepartie, l’Ukraine devait s’engager à s’interdire de conclure un accord d’arrêt de guerre face à la Russie et fournir « la main d’œuvre » combattante. C’était ça l’accord.
Afin de répondre au second engagement de Kiev, les frontières nationales de l’Ukraine pour sortir du pays ont été fermées. En France, on n’en parle pas beaucoup - car c’est une vérité trop gênante - mais au début de la guerre il y a eu un gigantesque exode des populations des territoires de l’Ukraine, notamment de la population masculine. Les hommes savaient que s’ils ne partaient pas, ils seraient envoyés à la tuerie. Quand on parle à la télévision occidentale de l’héroïsme ukrainien, ça me fait sourire sachant parfaitement que le pays se serait vidé des futurs combattant en un temps très réduit si les frontières n’étaient pas interdites de passage.
Entre parenthèses, il faut savoir que pour quitter l’Ukraine depuis la fermeture des frontières et encore aujourd’hui, il faut débourser un pot de vin aux fonctionnaires de la douane ukrainienne qui va de 7 à 10 000 dollars américains. C’est pour dire que pratiquement aucun riche ukrainien ne combat pas en Ukraine. Mourir aujourd’hui en Ukraine - c’est le sort des pauvres. Cette information provient directement de nombreuses personnes qui l’ont payé pour quitter le pays et que je connais personnellement.
L’Eclaireur - Les réfugiés ukrainiens ont en Europe bénéficié d’un statut très protecteur, comparé notamment aux Syriens ou aux Afghans. Mais selon vous, c’est usurpé ?
Oleg Nesterenko – C’est bien le cas. D’une part, le bloc “atlantiste” est directement responsable de l’exode des populations syriennes et afghanes – il faudrait un article à part pour énumérer les actions de “bienfaisance” commises par ce bloc contre ces pays et leurs désastreuses conséquences. Et je ne parle pas uniquement, par exemple, de l’acte d’agression de la Syrie lequel est juridiquement considéré en tant que crime d’agression, selon les points a, b, c et d du paragraphe 2 de l’article 8bis du Statut de Rome de la CPI tant chérie et mise en avant ces temps-ci par ceux qui la financent. Il faut remonter bien plus loin, notamment aux origines de la création de divers courants et structures, dont l’Etat islamique. Si nous sommes dans la logique de l’accueil des réfugiés venus de tous les horizons, alors, c’est bien ces deux populations qui ont le plus de légitimité pour en bénéficier, sans compter les Libyens, dont les sous-traitants des Etats-Unis ont anéanti l’avenir de leur pays.
D’autre part, concernant les réfugiés ukrainiens, notamment en France, il y a ce que l’on connaît d’eux via les mass médias et il y a la réalité qui diffère grandement de la propagande. Les médias occidentaux présentent les Ukrainiens en tant qu’un groupe d’individus qui ont fui la guerre. C’est le narratif que l’on connait. La réalité n’y correspond pas du tout.
Les réfugiés ukrainiens sont très loin d’être un bloc homogène. Il y a une très nette séparation entre les réfugiés venus de l’est et ceux venus de l’ouest du pays. Ceux de l’ouest du pays, territoires traditionnellement nationalistes, ont fui l’Ukraine, tandis que leur région ne se trouvait sous aucune réelle menace. Ils ne risquaient rien, ni au début de la guerre, ni aujourd’hui. Dès le second mois du conflit, il était déjà clair que la Russie n’était nullement intéressée par cette zone. L’ouest de l’Ukraine, ce n’est ni la Syrie, ni l’Irak. La réelle motivation du départ d’habitants de cette zone vers l’Europe n’est nullement humanitaire, mais économique.
Il faut savoir que depuis la chute de l’Union soviétique, les régions de l’ouest de l’Ukraine ont toujours vécu dans une grande pauvreté, à la limite de la misère : pratiquement toutes les richesses du pays sont concentrées à Kiev et à l’est de l’Ukraine. De 1991 au 2022, des millions d’Ukrainiens, majoritairement des régions mentionnées, sont partis travailler à l’étranger. Il y a deux destinations pour ces travailleurs : la Russie et l’Union européenne. Vous l‘ignorez certainement, mais même aujourd’hui il y a plus d’un million de travailleurs ukrainiens sur le sol russe. Et je ne vous parle que du chiffre officiel de ceux qui disposent d’un permis de travail officiel. Avec le marché du travail au noir on estime qu’il y a plus de 3 millions de citoyens ukrainiens travaillant en Russie. Le nombre traditionnellement très élevé de travailleurs illégaux ukrainiens est dû à la politique de tolérance à leur égard qui a toujours eu lieu en Russie : ils ne risquent pas beaucoup d’être arrêtés.
D’autres sont partis travailler au noir dans l’Union européenne. Quand vous avez une personne d’un village qui part travailler vers l’Europe, à terme, c’est parfois la majorité de la population du village en âge de travailler qui suit son chemin, les uns après les autres. Dans sa majorité écrasante, les hommes travaillent dans le bâtiment et les femmes qui accompagnent leurs maris - en tant que femmes de ménage. Les hommes font surtout des “rotations”, car la plupart du temps, leurs familles restent au pays. Et on parle ainsi de millions de personnes. Si parmi vos lecteurs, un grand nombre n’a jamais entendu parler de cela, sachez qu’en Ukraine il n’y pas une seule personne adulte dans tout le pays pour qui mes propos ne sont une banalité.
Avec le déclenchement de la guerre, un grand nombre de familles sont parties rejoindre leurs maris travaillant au noir dans l’Union européenne. Beaucoup d’autres ont vu une opportunité pour partir et changer de vie. En partant, beaucoup ont fait louer leurs biens immobiliers à des réfugiés de l’est du pays qui ne sont traditionnellement pas attirés par les richesses de l’Europe et préfèrent rester en Ukraine.
Il y a un véritable scandale en Ukraine, dont vous n’allez jamais bien évidemment entendre parler, sur les profiteurs de guerre qui n’ont jamais été en danger et qui sont partis toucher des allocations en Europe en louant à des prix exorbitants leurs biens à de vrais réfugiés, vu la demande qui a explosé et qui a fait démultiplier les prix dans le locatif. Ce ne sont nullement des cas isolés, mais une très grande pratique dans l’intégralité des régions de l’ouest du pays. Au point qu’aujourd’hui il y est impossible de trouver le moindre bien à louer qui ne soit au prix, tout au moins multiplié par deux, et même par cinq par endroit, par rapport à celui pratiqué avant la guerre.
En tout cas, ceux qui sont originaires de l’ouest de l’Ukraine et qui ne sont pas dans l’Union européenne pour des raisons économiques, sont déjà repartis chez eux depuis un moment. Je suis formel.
En revanche, ceux qui sont originaires de l’est du pays, territoires traditionnellement pro-russes, ont fui un danger on ne peut plus réel. Parmi eux, ceux qui sont partis vers l’Europe sont ceux qui n’ont pas eu de moyens financiers pour rester à l’ouest de l’Ukraine qui est une zone d’une parfaite sécurité, mais où ils se font dépouiller par des locaux qui, par ailleurs, les détestent presque autant que les Russes. Et ce que les Européens ignorent, c’est que parmi ces vrais réfugiés beaucoup sont foncièrement pro-russes et haïssent le régime de Kiev et tout ce qu’il représente. S’ils ne sont pas partis vers la Russie, ce n’est dû qu’au fait qu’il n’était pas possible de traverser la ligne de front. Ils n’avaient qu’une possibilité de fuir : vers l’ouest.
En France, vous avez une part relativement importante de réfugiés ukrainiens qui sont parfaitement pro-russes, mais qui se taisent, car ils savent qu’il ne faut surtout pas que l’accueillant intoxiqué par sa propagande apprenne la vérité les concernant et les rejette pour des raisons politiques. Ce sont surtout des personnes âgées de plus de 45 ans, ceux qui ont reçu une éducation encore sous l’URSS. Ce ne sont nullement des nostalgiques du passé soviétique, loin de là. Ce sont juste ceux qui savent exactement ce qu’est la Russie et le monde russe, car ils y ont vécu.
L’Eclaireur - On a une idée du nombre d’Ukrainiens qui ont fui l’Ukraine ?
Oleg Nesterenko - Je ne dispose pas de chiffres précis mais on parle de millions qui sont partis vers l’Europe, dont plus de 100 000 vers la France. Il faut se rappeler que les frontières ont été fermées dès le mois de mars 2022, sans quoi la quasi-intégralité de la population masculine âgée de 18 à 60 ans aurait fui le pays et il ne resterait plus personne à envoyer à l’abattoir. Mais le pays qui a accueilli le plus de réfugiés, c’est bien la Russie. Il y a plus de 3,2 millions de personnes. Et parler des départs des habitants ukrainiens vers la Russie d’une manière forcée n’est que signe d’imbécilité et de déconnexion totale de la réalité.