En
l’occurrence, avec la « société à mission » nous sommes dans une phase
intermédiaire de droit positif facultatif autrement dit de hard law facultative. La créativité règlementaire des dominants économiques n’a décidément aucune limite.
Origine impérialiste et globaliste du droit commercialo-maritime anglo-saxon
Ce
droit commercialo-maritime, fut élaboré pour les besoins de la cause
impérialiste développée par Olivier Cromwell ; il fut entièrement ab initio sous le contrôle financier de la Cité de Londres.
Ce type de « droit » s’est largement répandu au niveau international, via de nombreuses institutions ad hoc.
Parmi ces institutions, « la compagnie des Indes » britannique occupe
une place à part : celle d’élaborer un modèle de développement
extraterritorial de l’État financier britannique. Ce schéma se retrouve
aujourd’hui dans le « Forum économique mondial » (FEM) qui se réunit
régulièrement à Davos. Ce « FEM » n’est rien d’autre que la synthèse
mondiale des « chambres de commerces internationales » agissant sous la
direction de la Haute finance britannique.
Cette entité
particulière, le FEM, a pour objectif de réaliser l’accaparement
généralisé des richesses. Ses modes d’expression traditionnels sont le
génocide et l’esclavage, sur le modèle précis de ce que furent les
Compagnies des Indes, particulièrement les compagnies britannique et
hollandaise, lesquelles se sont historiquement développées autour de ce
qu’il est aujourd’hui convenu d’appeler le « partenariat public-privé »
(PPP).
Rappelons que ce terme de PPP signifie réellement et
précisément la privatisation des profits, qui bénéficient aux seuls
banquiers apporteurs de financement, et la mutualisation des pertes, qui
sont exclusivement supportées par les citoyens contribuables victimes,
lesquels n’ont jamais eu aucun contrôle sur les décisions ayant généré
lesdites pertes.
Il faut considérer que si la France eut, au cours
des XVII et XVIIIèmes siècles, ses propres Compagnies commerciales –
des Indes et autres – ces dernières, qui rendaient compte de leurs
actions au pouvoir politique français, ne furent jamais le développement
extraterritorial de l’État lui-même. Tout autre fut le modèle
britannique dans lequel la Compagnie projetait, à l’extérieur des
frontières, la Couronne britannique elle-même.
La version nomade
et intégrée d’un État sans frontière, propre au modèle
hollando-britannique de Compagnie des Indes, que l’on retrouve
intégralement dans le FEM, n’a jamais existé en France. Dans le cas
français il ne saurait être question de gouvernement mondial alors que
le modèle hollando-britannique véhicule en lui-même un modèle d’État
mondial financier nomade et apatride.
La société à mission est la négation exacte du modèle de droit continental français
Le jeu de rôle de la « société à mission »
La
« Société à mission » joue le même jeu que la « fiducie » a joué en son
temps : l’intégration en douceur de l’accaparement de l’économie par la
petite caste des banquiers apatrides développés à partir de la Cité de
Londres.
Rappelons qu’en matière de guerre, il est toujours
préférable, pour ses instigateurs, de suivre le modèle de la servitude
volontaire et d’avancer ses pions avec le consentement des victimes.
L’asservissement
économique via l’entreprise se fait au moyen de la résiliation de tous
les principes à l’origine du droit civil continental, suivi de leur
remplacement par la règlementation commercialo-maritime portée par le
droit anglo-saxon, tel qu’il s’est développé depuis l’époque des
Compagnies des Indes.
La prééminence du droit commercial sur le
droit civil, porté tant par les instances européennes que par les
juristes français dévoyés à la cause commercialiste, n’est pas stricto
sensu du Droit, il s’agit d’un concept de règlementation, pour et par
des intérêts privés, ce qui est l’exact opposé du concept traditionnel
de Droit porté par le droit continental.
La société à mission, poisson pilote de la disparition de la « liberté d’entreprendre »
La
« société à mission » joue le rôle, de dupe, de poisson pilote
permettant d’habituer les français à la future disparition de la
« liberté d’entreprendre » puisque les appuis bancaires de ces sociétés
dépendront de la future conformité de leur mission revendiquée à la
cause « zéro carbone » nouvellement inventée et promue par les grands
argentiers de ce monde !
Il faut remarquer, car la chose est à la
fois typique et pathétique, que cette « société à mission » s’est
justement parée des vertus de la nécessité de libérer l’entreprise pour,
in fine, avancer vers l’objectif inverse, celui de la ligoter définitivement.
La
juste dénonciation de la financiarisation et de l’appropriation
capitalistique par les initiateurs de cette loi n’a, en fin de compte,
pour seule finalité que la disparition de la liberté d’entreprendre
puisque l’existence de toute société sera désormais officiellement
dépendante du « fait du prince » financier, c’est-à-dire de la banque
fournisseuse de crédit et engagée dans la course au « zéro carbone ».
Ainsi, business as usual
(on ne change pas une méthode qui gagne), la prétendue nécessité de
libérer l’entreprise servira à faciliter l’enchaînement définitif de
cette dernière au bon vouloir, aussi surréaliste qu’il est dystopique,
des grands argentiers, très concentrés, de ce monde. Ce « bon vouloir »
ne tournera qu’autour d’un seul objectif : celui de la décarbonisation
qu’ils imposent arbitrairement au monde.
L’entreprise à mission est la négation exacte de la participation
Il
est intéressant de noter que les promoteurs de la « société à mission »
se prévalent également, rien de moins, que d’une filiation imaginaire
avec la doctrine sociale de l’Église à l’origine du concept de société
participative.
Une fois encore, il s’agit de promouvoir une image
en totale décorrélation, en opposition radicale, avec la réalité. Jamais
ni la doctrine sociale de l’Église, ni l’entreprise participative n’ont
eu pour objectif la disparition de la liberté d’entreprendre ou son
asservissement à un quelconque objectif autre que le libre choix de la
détermination de l’objet social par ses créateurs.
Le seul
objectif du concept de « participation », qui trouve sa source dans la
doctrine sociale de l’Église du XIXème siècle, est de rendre aux gens
qui agissent quotidiennement dans l’entreprise, en lui apportant leur
travail et leur force créatrice, le statut qui leur a été volé en raison
de l’accaparement statutaire du pouvoir décisionnaire par les
actionnaires (shareholders) apporteurs de capitaux.
Prétendre transformer, comme le fait la société à mission, le capitalisme shareholders en capitalisme stakeholders,
dit des “ parties prenantes ”, a pour seul objectif, en l’état actuel
du capitalisme, de financiariser davantage celle-ci en la mettant dans
les seules mains des banquiers apporteurs de fonds, lesquels se
concentrent désormais sur une seule cause : la décarbonisation.
Sur
le fond, il est évident pour tout juriste formé au droit continental
que l’entreprise est, en elle-même et sans autre subterfuge, une forme
d’organisation sociale, par hypothèse incluse dans la Société politique.
Il est tout aussi évident qu’en droit continental traditionnel l’entité
publique qu’est l’État a seul la charge de règlementer l’économie,
notamment en règlementant l’entreprise, et que l’objectif de cette
règlementation est de développer le groupe politique, entendu comme un
principe collectif.
Tout au contraire, la société à mission
véhicule l’idée selon laquelle les banquiers globalistes règlementent
l’entreprise et l’économie des nations en fonction de leur seul intérêt
catégoriel supranational ; cet intérêt est aujourd’hui affiché comme
étant celui de la « décarbonisation ».
La société, qu’elle soit
civile ou commerciale, a naturellement pour objectif spontané le
développement de la collectivité, du groupe au sens politique du terme ;
ce qui est également – soit dit en passant – l’objectif premier de la
monnaie. Cet intérêt collectif se réalise par le moyen de
l’épanouissement des entrepreneurs qui mettent à œuvre une idée, qui
réalisent un projet.
Entreprise et monnaie ont été dévoyés par le
non-droit anglo-saxon qui n’en finit pas de subvertir tous les concepts
du Droit continental civil adossé au droit naturel, fondé sur des
Nations autonomes et souveraines, qui ont fait la « civilisation
européenne ». Ce principe règlementaire, qu’il ne serait être question
d’appeler « Droit », a pour objectif de rendre les sociétés commerciales
dépendantes des seuls objectifs de la haute banque, identifiés et
diffusés par le FEM, lequel se réunit à Davos au moment même de la
rédaction de ce texte.
Conclusion
A titre
de conclusion, il est intéressant de noter le nom des organismes qui ont
promu l’intempestive et inopportune « société à mission » : outre, bien
sûr, le Parlement composé de « représentants du peuple » toujours prêts
à trahir les intérêts nationaux, nous retrouvons le Collège des
Bernardins, l’institut Montaigne issu du groupe AXA, l’école des mines
de Paris. Tout un programme industrialo-financier sous égide d’un
catholicisme qui a renié tout à la fois ses principes initiaux et le
droit continental dont il était à l’origine.
Dans les coulisses de
la « société à mission », on retrouve le vaste programme de disparition
du libre-arbitre, de subversion de notre État, de notre Droit et de
notre souveraineté, par des intérêts catégoriels, devenus
supranationaux, relayés par des organismes internationaux tels que le
FEM ou l’ONU
Valérie Bugault