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lundi 1 juin 2020
Merci , Herr Professor Nolte !
ou la vérité sur l'essence du nazisme (et sur son assimilation au communisme par l'UE)
31 Mai 2020
,
Rédigé par Réveil Communiste
Publié dans
#Front historique,
#Théorie immédiate,
#GQ,
#l'Europe impérialiste et capitaliste,
#Europe de l'Est,
#Russie,
#Communistes en Italie
Publié une première fois en août 2016
L’historien allemand Ernst Nolte vient de mourir. C’était un ennemi
déclaré du socialisme, qui s’était rendu célèbre vers 1986 en tentant de
réhabiliter le nazisme, en le présentant comme une réaction inévitable,
voire nécessaire, à la menace communiste. Pour lui le « Goulag » avait
précédé les camps nazis, le « génocide de classe » bolchevique le
génocide racial. On ne pourrait pas, on dirait bien, se ranger plus
radicalement parmi nos ennemis.
Ce qu’il énonce, clairement, est un message qui était implicitement
évident dans la culture occidentale de ces années-là, les dernières
années d’existence de l’URSS : le communisme est moralement équivalent
au fascisme, mais surtout, bien plus dangereux. C’était d’ailleurs déjà
le message de George Orwell et de Hannah Arendt, les dénonciateurs du
pseudo "totalitarisme".
Mais Nolte nous intéresse tout de même, par la polémique qu’il a
suscitée et qui a levé un tabou de la pensée politique : le fascisme et
le nazisme, ces phénomènes si mystérieux à en croire les politologues
bourgeois et leurs manuels scolaires, n’ont pas d’autre essence que
l’anticommunisme. Son interprétation du nazisme comme réaction au
bolchevisme (exagérée sans doute, mais fondamentalement justifiée) n’est
autre que l’interprétation marxiste du phénomène ! Elle signifie avec
une certaine candeur qu’Auschwitz n’est rien d’autre que le point
culminant de la réaction anticommuniste à Octobre 1917.
Cette idée, pour la pensée dominante contemporaine, est inacceptable.
La pensée dominante en effet consiste non pas à reconnaitre le réel des
années 1920 à 1940 et à opposer fascisme et communisme pour
éventuellement faire son choix malheureux entre ces deux fléaux (ce que
faisait en pratique la bourgeoisie mondiale avant 1945 en choisissant
très majoritairement le premier) mais au contraire à les assimiler l’un à
l’autre dans la théorie du totalitarisme, cette théorie qui dans la
pratique n’a jamais servi à la critique du fascisme et toujours à celle
du communisme. La candeur réactionnaire de Nolte ruine ce dispositif
insistant de la propagande ordinaire dont la seule force vient de la
répétition.
Jürgen Habermas, philosophe ex-marxiste de l’école de Francfort,
expression de la gauche new-look des années 1950, réfugiée en Allemagne
fédérale, autoproclamé porte-parole de l’européisme au moment du TCE en
2005, s’est opposé à la théorie de Nolte pour cette raison : faire des
droits de l’homme et de la théorie politique de la bourgeoisie un
horizon indépassable nécessite d’en interdire la critique en diabolisant
leurs adversaires, car les fondements rationnels de la foi bourgeoise
sont aussi faibles que ceux d'une religion révélée.
La théorie des droits de l’homme est en effet bien fragile, elle qui
est entrée en contradiction avec elle-même dès l’origine, dès les
Massacres de Septembre en 1792 : le peuple révolutionnaire qui les avait
portés extermina alors sommairement les aristocrates enfermés dans le
prisons parisiennes, pour leur faire passer l’envie de festoyer en
attente de la victoire espérée en l’invasion étrangère. Et ce massacre
se produisit dans des conditions qui valent bien celles de la Saint
Barthélémy.
Or s’il apparait que confronté au risque de la révolution
prolétarienne l’ensemble des valeurs de liberté de la bourgeoisie a volé
en éclat, s’il apparait que Hitler, Mussolini, Pinochet, etc. ne sont
que de banals politiciens bourgeois à la recherche d’efficacité
contre-révolutionnaire face à un mal métaphysique présenté comme absolu
et exprimé par les signifiants « communisme », «bolchevisme », « Staline
», « URSS », etc. bref si l’on laisse transparaitre la vérité que la
seule alternance qui existe dans le monde capitaliste est entre
démocratie libérale et fascisme, la légitimité de la pseudo démocratie
du capitalisme s’effondre.
Nolte n’était pas un ami de la vérité. Il avait construit ses
arguments sur le mensonge de la diabolisation de l’expérience
bolchevique, sur les mensonges de sa presse, les médias internationaux
dont le rôle pervers ne date pas d'hier. Mais il était logique : si l’on
admettait ses hypothèses de départ, comme le fait aujourd'hui quasiment
tout le monde, le fascisme, notamment le fascisme italien, réaction
immédiate à la situation révolutionnaire italienne des deux années
rouges, 1919 et 1920, était du point de vue contre-révolutionnaire,
légitime (et tout le monde ou presque était alors contre-révolutionnaire
dans la gens cultivée).
Comme beaucoup de penseurs d’extrême droite, depuis Nietzsche, il
remet en cause la raison qui présente l’inconvénient majeur de conduire à
la dialectique de Hegel et de là à la pensée révolutionnaire ; mais
cela ne signifie pas (pas plus que dans le cas de Carl Schmidt ou de
Heidegger) qu’ils soient incapables de former des concepts utilisables,
détournables dans un sens révolutionnaire.
Au contraire la pensée apologétique des Tartuffe des droits de
l’homme dont Habermas est un représentant illustre ne produit qu'une
soupe fade de concepts inconsistants, tout justes bons pour la
propagande et la morale de l'enseignement secondaire.
Quant à la place du racisme dans le fascisme, il faut se souvenir que
le racisme à divers titres est un élément constituant fondamental de
l’ensemble de la pensée occidentale, marxisme-léninisme excepté, mais
qu'il ne joue aucun rôle particulier dans le mouvement fasciste italien
tant qu’il reste indépendant de son allié allemand, et qu’il est
prégnant au contraire dans le courant démocrate-libertarien américain
qui hébergeait le Ku Klux Klan (aux antipodes du fascisme par sa
conception de l’État minimal et du politique décentralisé). Le fascisme
charrie avec lui les préjugés populaires et la culture politique de bric
et de broc qu’il trouve-là, quand il en a besoin pour la mobiliser
contre le prolétariat, que cette culture soit raciste ou non.
Le judaïsme a payé un lourd tribut au nazisme, à cause de
l’engagement de nombreux juifs dans les rangs de la révolution, mais
aussi parce que le nazisme dans le fil de la pensée colonialiste
dominante vers 1900, veut remplacer lutte des classes par lutte des
races, parce que le racisme est depuis 1789 au moins utilisé pour
dénoncer les révolutions, et parce qu’il n’y avait pas d’autre bouc
émissaire possible en Europe à l’époque.
La bourgeoise a flotté entre racisme et antiracisme avec une forte
tendance au premier pour finalement se convertir à l’antiracisme après
la bataille, en1945, et les autorités sionistes prétendant représenter
le peuple juif ont donné depuis des gages à l’ordre capitaliste.
Aujourd’hui il importe donc pour la pensée apologétique de mettre à
l’écart du rationnel le phénomène politique nazi-fasciste, de le placer
en quarantaine critique, et les gros sabots de Nolte sont gênants. Ils
rappellent également l’existence d’un peuple révolutionnaire exterminé
dans les camps et les ghettos et dont les héritiers actuels ont falsifié
la mémoire.
Nolte n’était pas très malin, mais les innocents disent le plus
souvent la vérité. L’ironie de l’histoire est amère pour ces
contre-révolutionnaires teutons. Le triomphe du communisme en 1919, loin
d’être une menace existentielle pour l’Allemagne, était la seule chance
historique pour elle d’accéder à cette hégémonie culturelle que ses
élites désiraient tant, dans les années du pangermanisme d’avant 1914 !
la langue allemande non seulement était celle des ghettos qu’ils
allaient exterminer, et dont les survivants allaient tant contribuer à
la culture du XXème siècle, mais c’était aussi la langue officielle de
l’Internationale Communiste !
En somme Nolte nous a rendu un grand service en dévoilant bêtement le
pot au rose. Fascisme et nazisme à tout prendre ne sont que la forme
provisoire que prend la politique bourgeoise, face au danger
révolutionnaire prolétarien réel (et l’évolution politique du seul
fascisme historique non vaincu militairement, l’espagnol, montre aussi
son caractère contre-révolutionnaire provisoire à l'échelle d'une ou
deux générations). Mais si cela signifie que ce ne sont pas des essences
indépendantes, des fantômes agissant dans l’ordre des idées pures, cela
signifie aussi qu’ils reviendront quand de besoin (et peut être sous le
masque de leur contraire, sous l'espèce du maccarthysme « antifa », qui
sait).
Lutter contre le fascisme (et actuellement, contre le terrorisme) n'est effectif que si on lutte contre le capital.
GQ, 19
Qui profite de la journée de solidarité, votre grand-mère ou votre patron ?
Depuis juin 2004, le lundi de Pentecôte n’est plus un jour férié
comme les autres. Le gouvernement Raffarin (avant que, l’année suivante,
il ne soit obligé de remettre sa démission suite à la magnifique
victoire du non à la constitution européenne) avait alors profité de
l’hécatombe due à la canicule (plus de 19 000 morts) pour entuber, une
fois de plus, les salariés.
Le principe de la “journée de solidarité” est simple : les salariés doivent bosser une journée sans être payés. “Le travail accompli, dans la limite de sept heures, durant la journée de solidarité ne donne pas lieu à rémunération”
comme l’indique l’article L3133-8 du Code du travail. Dans beaucoup
d’entreprises, cette journée de solidarité est le lundi de Pentecôte
(1er juin 2020), mais une décision unilatérale de l’employeur, des
accords d’entreprises ou de branche peuvent fixer un autre jour.
Une partie du gain pour l’employeur est reversé par l’intermédiaire
d’une contribution solidarité autonomie (CSA) qui représente 0,3% de la
masse salariale. Elle est affectée à la Caisse nationale de solidarité
pour l’autonomie (CNSA), afin de financer des actions en faveur de
l’autonomie des personnes âgées ou handicapées. Elle finance les maisons
de retraites, instituts pour handicapés, etc., mais aussi les
départements qui gèrent l’allocation personnalisée d’autonomie et la
prestation de compensation du handicap.
Une aubaine de plus pour les patrons
Ces 0,3% de la masse salariale constituent un montant plus faible que
ce que rapportent à l’employeur les journées de travail ainsi cédées
gratuitement par les salariés. La durée légale du travail en France est
de 35 heures par semaines soit 1 607 heures par an. 7 heures gratuites
sur 1607 heures cela fait 0,4% et non 0,3%. Et surtout, un salarié
rapporte bien sûr plus qu’il ne coûte, c’est de là que viennent les
profits des entreprises. Depuis la mise en place de cette mesure,
celles-ci se sont donc fait des profits sur le dos de la “solidarité”
auprès des plus âgés.
Ces 0,3% sont complétés depuis fin 2012 par une contribution
additionnelle de solidarité pour l’autonomie. François Hollande et son
équipe de bras cassés ont eu en effet une idée géniale : en plus
d’arnaquer les salariés, pourquoi ne pas ponctionner aussi directement
les personnes âgées elles-mêmes, puisque ce sont elles qui vont
bénéficier du dispositif ? Il fallait y penser ! Cette contribution
additionnelle frappe elle aussi au taux de 0,3% les retraites, les
allocations de pré retraites et… les pensions d’invalidité. Taxer les
pensions d’invalidité pour financer l’autonomie des personnes âgées,
c’est hyper logique non ?
Une fois de plus, on le voit, nos gouvernants ont tout fait pour
éviter de faire payer davantage les entreprises et les plus riches. En
2020, la journée de solidarité devrait permettre de collecter 2,948
milliards d’euros uniquement par la contribution des salariés et des
retraités.
Vers une deuxième journée d’escroquerie ?
Le plus consternant, sans doute, est que malgré l’effort des millions
de salariés qui travaillent gratuitement une journée chaque année, la
tragédie du Covid-19 n’a pas été évité, et qu’on a laissé mourir les
plus anciens dans les Ehpad, ou isolés chez eux. L’exposé des motifs de
la loi instituant la journée solidarité indiquait pourtant que “la
canicule du mois d’août 2003 et l’importante surmortalité qui l’a
accompagnée ont cruellement mis en évidence l’isolement d’un trop grand
nombre de nos concitoyens âgés auxquels il n’a pu être porté secours
faute de les connaître. Il importe de tirer les leçons de cet événement
exceptionnel. Les enseignements principaux concernent, d’une part,
l’absence d’alerte, que ce soit dans le domaine sanitaire, libéral ou
hospitalier, ou dans le domaine médico-social, permettant d’appréhender
et d’apprécier en temps réel les difficultés rencontrées et, d’autre
part, la nécessité de disposer d’un réseau de relations permettant
d’atteindre les personnes les plus exposées en raison de leur fragilité
et de leur isolement.” On voit que les milliards versé à la Caisse nationale pour l’autonomie n’ont pas permis de répondre à ces objectifs.
Le risque est grand que pour améliorer cette situation, le
gouvernement impose une deuxième journée de solidarité. En avril 2018,
Macron y voyait une ”piste intéressante”. En Mars 2019, Stanislas Guérini, le délégué général du parti En Marche, avait relancé l’idée.
Plus récemment, l’Institut Montaigne, dans sa fameuse note relayée massivement par les médias, proposait que les salariés travaillent gratuitement le jeudi de l’ascension, reprenant ainsi une préconisation du Medef dans sa brochure sur les 1 million d’emploi.
S’opposer à l’appropriation du travail par les actionnaires
La journée de solidarité est une brèche dans laquelle le patronat
veut s’engouffrer. Elle peut aussi, à l’inverse, contribuer à dévoiler
aux salariés que ce n’est pas seulement pendant cette journée qu’ils
travaillent gratuitement, mais au moins pendant un mois de travail
chaque année. Comme l’indiquait l’économiste Michel Husson en 2013, ”Si l’on traduit en heures de travail la part des dividendes dans la valeur ajoutée en France, on observe qu’aujourd’hui un
salarié travaille en moyenne vingt-six jours par an pour les
actionnaires, contre neuf jours par an au début des années quatre-vingt.
La ponction a donc été multipliée par trois. Cet
accroissement pourrait à la limite être justifié si les actionnaires
avaient apporté davantage au financement du capital. Mais ça n’est pas
le cas. Ce qu’on observe, ce n’est rien d’autre qu’une ponction
croissante sur la valeur ajoutée.” .
Alors pourquoi pas faire une journée de grève chaque année le lundi
de Pentecôte pour s’opposer à toutes ces journées que s’octroient les
actionnaires ? En tout cas, la critique de l’appropriation du travail
d’autrui sera un combat central pour les mauvais jours qui s’annoncent.
Guillaume Etiévant
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