Education sexuelle à l’école : Attention danger !
Jean Luc ROBERT AGORA VOX
Lorsque l'école enseigne "dans le détail" aujourd'hui la sexualité aux plus jeunes, on peut se demander si elle est bien dans son rôle. Désormais chargée de résoudre les comportements de toute-puissance des plus désinvoltes sans y parvenir, elle s'impose également comme l'instructrice sexuelle, la formatrice, de cette jeunesse pour laquelle on se demande où sont passés les parents.
Ces parents seraient-ils dépassés, has been, au point qu'il faudrait aussi les suppléer pour l'éducation sexuelle de leurs enfants ? Ils pointent pourtant le contenu de ces séances d'éducation à la sexualité dispensées dans certaines écoles primaires, leurs enfants étant parfois "en état de choc".
Interdit d'interdire !
L'enfant 2.0 est celui à qui l'on ne doit plus rien interdire. Il est au centre de tout. L'école lui demande par exemple ce qu'il veut apprendre, et s'arrange pour éviter de lui mettre des appréciations trop sévères en cas de mauvais comportement. Oui, l'école permissive et positive, permet aux plus laxistes et perturbateurs de décrocher le précieux sésame à tous les coups. Quant aux parents, ils sont aussi enjoints de devenir des parents positifs. Aucun parent n'ose aujourd'hui aller à "l'affrontement" en interdisant une tablette ou un téléphone pour lequel il paie pourtant un abonnement. On se contente de répéter à l'enfant qu'il faudrait être raisonnable ; on essaie de négocier avec lui, de lui faire confiance, tout en sachant que ce dernier est exposé à des contenus sexualisés ou répréhensibles sur les réseaux sociaux.
L'âge de raison
L'enfant sera-t-il raisonnable comme ses parents l'espèrent, pour
arrêter de scroller et scroller encore au lieu de travailler réellement à
combler ses lacunes abyssales en orthographe ? Nous savons que le temps
moyen d'utilisation du téléphone par les jeunes excède souvent
plusieurs heures par jour.
Sauront-ils par exemple résister à la curiosité d'accéder à des contenus
pornographiques qui pourront devenir addictifs, et les plonger
précocement dans un univers dont ils n'ont pas tous les
codes ? En Lot-et-Garonne, un ado de 14 ans a par exemple
été interpellé le 16/03/24 pour le viol d’une septuagénaire. Il aurait
reconnu avoir forcé cette dame de 70 ans à lui faire une fellation sous
la menace d’une arme blanche. Ce jeune homme qui selon ses dires
consommait plus de 2 heures de pornographie par jour, a complètement
perdu la tête. La pornographie était devenue une telle obsession, qu'il a
acté dans la réalité ce qu'il voyait en boucle sur internet depuis des
mois.
Mai 68, l'évolution des moeurs, ou que sais-je encore, est passé par là, et n'a pas grand chose à faire de la censure bienveillante que certains parents inquiets voudraient instaurer pour leur enfant. "Il faut désormais considérer l'enfant comme une personne" disait Françoise Dolto, et certains ajouteraient même : "comme un adulte à qui il faut demander l'avis sur tout", et à qui il faut tout dire. Pour quelles raisons ? Par respect et considération pour la personne qu'il est voyons ! Mais ce besoin ou cette nécessité de considérer l'enfant, doit-il conduire à ce que l'enfant ne soit plus à sa place d'enfant ? Dans ma clinique quotidienne, je vois des parents désemparés, ne sachant plus comment se faire respecter : "Il a traité son père de salaud, et moi d'enfoirée a pu dire une mère avec un pincement au coeur. Il fouille régulièrement dans notre téléphone, débarque dans notre chambre, veut tout savoir sur tout. Il n'accepte pas qu'on le tienne à l'écart. Il dit qu'il ne voit pas pourquoi nous aurions plus droit que lui de faire ceci ou cela..." Eh oui, il fait bien mal de constater ce manque de respect de la part d'un enfant qui pense avoir les mêmes droits que l'adulte et être son égal.
Respecter le développement de l'enfant
Du respect, parlons-en donc. On n'oublie trop rapidement que le développement de l'enfant se fait par étapes et qu'il comprend plusieurs domaines parmi lesquels le développement psychosexuel. Nous pouvons citer d'autres domaines comme la motricite globale/fine, l'autonomie, le langage, les cognitions, la socialisation, pour expliquer que le développement s'opère par étapes dans chacun de ces domaines. Ainsi, nous savons par exemple que dans l'important domaine du langage, l'enfant neurotypique prononce son premier mot à l'âge de 1 an parce qu'il n'a tout simplement pas la maturité cérébrale pour y parvenir avant. Si l'on prend le domaine de développement psychosexuel, on sait qu'exposer l'enfant précocement à une sexualité exogène via du contenu pornographique ou un environnement excitant (par ex : une éducation détaillée à la sexualité à l'école), pourra littéralement déborder son psychisme, qui devra faire avec toutes ces sensations qu'il pourrait ne pas parvenir à juguler.
Le psychisme immature du jeune violeur de 14 ans n'était assurément pas en mesure de traiter toute cette excitation, parce que, pareillement au premier mot qui ne peut se former et être prononcé correctement avant l'âge de 1 an dans le domaine du langage, son psychisme immature n'était pas prêt à gérer cette surexcitation exogène dans le domaine de développement psychosexuel. Sans aller jusqu'au viol, certains jeunes peuvent aussi par exemple devenir très agressifs.
Il ne s'agit pas bien sûr de nier que l'enfant a une une sexualité tel que Sigmund Freud nous l'a expliqué, mais il faut comprendre que l'enfant que l'on vient bouleverser dans son développement psychosexuel en l'exposant à un enseignement comme cela peut être fait par l'école, en est bien souvent à l'étape d'une excitation endogène. Nous le savons, la sexualité exogène est jusqu'à un certain âge sublimée.
Jadis on évitait le sujet
Jadis, l'éducation à la vie incombait avant tout aux parents. Elle comprenait bien sûr cette éducation à la sexualité. Et le parent, qui, il faut bien le reconnaître, était souvent embarrassé par cette question, n'était pas pressé pour expliquer cette sexualité en détail, se contentant souvent du minimum. Ceci empêchait-il l'enfant de comprendre progressivement, à son rythme, que les enfants ne naissent pas dans les choux ? Ceci l'empêchait-il d'aller vers une connaissance plus approfondie de la sexualité à mesure que sa maturité avançait ? Je ne pense pas.
Aujourd'hui, on devance le désir de l'enfant
L'école, qui me semble-t-il est fortement soumise au diktat de cette pression sociétale voulant mettre l'enfant sur le même pied d'égalité que l'adulte, se charge de dévancer le désir de ce dernier, au point de le gêner bien souvent. Car il a beau être curieux, vouloir savoir des choses, il n'est pas pour autant prêt psychiquement à les recevoir. Cet enfant a qui on laisse croire qu'il peut être à une place qui n'est pas la sienne, se retrouve ainsi plongé dans une sexualité d'adulte qui ne devrait pas être la sienne. L'innocence infantile devrait pourtant encore avoir un sens.
On voudrait lever cette innocence de plus en plus tôt dans l'idée de protéger ce dernier et en le préparant au mieux à sa vie de futur adulte, mais ne le précipite-t-on pas tout au contraire dans un monde angoissant ?
Le parent qui considérait que l'enfant ne devait pas connaître ces choses d'adultes avait-il vraiment tort ?
Il dépend vraiment de l'âge bien sûr, mais dire à un élève de CM2 que sucer une verge donne du plaisir comme sucer une sucette, lui montrer des photos ou même des dessins représentant l'acte sexuel, parler de sodomie, d'impuissance, d'éjaculation, n'est-il pas prendre le risque d'inciter ou de choquer ? Est-ce vraiment la vocation de l'école ?
Des parents assistés
Le parent n'a plus la possibilité de se charger seul de l'instruction à la sexualité de son enfant, et n'a plus non plus le droit de le punir. Il est sommé de suivre le courant en vogue de l'éducation positive. Il attend désormais de l'école qu'elle fixe les limites éducatives à ses enfants qu'il ne parvient plus à cadrer, et qu'elle assume aussi l'éducation sexuelle de ces derniers, et toute l'éducation civique d'ailleurs (concernant la citoyenneté, les valeurs qu'un système éducatif et culturel).
Que s'est-il donc passé en 50 ans pour que l'école se transforme en une institution faisant l'éducation à la place des parents ? Que s'est-il donc passé pour que l'école soit à ce point infiltrée, sous couvert d'enseignement, par une idéologie telle que le wokisme à travers une lutte prétendument bienveillante contre les inégalités ? Lorsque l'on explique à l'enfant qu'il est normal qu'il ne sache pas s'il a envie d'être un garçon ou une fille, lorsqu'on lui explique qu'on peut aussi mettre le zizi dans les fesses à un âge où il ne se pose pas cette question, que fait-on ? Où va-t-on ? Les parents doivent-il être démissionnaires par rapport à cela ? Comment peuvent-ils s'opposer à une institution comme l'Education nationale qui semble-t-il a tous pouvoirs sur leurs enfants ?
Attention : le désir de l'enfant en matière de sexualité n'est souvent pas celui que l'on croit, et il est important de ne surtout pas le devancer.