Macron et le "séparatisme" :
l'opinion de Jean LEVY
La pression des autorités sur les réseaux des Frères musulmans en France s’accentue. Selon le Parisien, une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Bobigny pour «abus de confiance» et «recel d’abus de confiance» visant la gestion de l’Institut européen de sciences humaines (IESH), situé à Saint-Denis, l’un des fleurons de la mouvance frériste.
L’établissement privé, qui scolarise entre 1 500 et 2 000 élèves, propose des filières d’études théologiques et coraniques mais est surtout réputé pour son enseignement de la langue arabe. «Il est fréquenté aussi par des non-musulmans, attirés par l’excellence de la formation», remarque un avocat proche des milieux musulmans. Un système d’équivalence permet aux diplômés de l’IESH d’être admis en licence à l’université. L’offensive lancée contre l’Institut atteint notamment Ahmed Jaballah, le directeur pédagogique et doyen de l’établissement, connu au-delà de l’Hexagone. C’est l’une des figures les plus respectées et influentes de Musulmans de France, l’ex-UOIF, proche de la confrérie des Frères musulmans. Contacté par Libération, Jaballah n’a pas donné suite.
Selon une source proche du dossier, des discussions ont eu lieu avec la Qatar Foundation, un organisme qatari qui finance des projets musulmans dans le monde entier, par exemple la construction d’un centre islamique à Mulhouse (Haut-Rhin). «[Les discussions] ont tourné court car la contrepartie posée par la Qatar Foundation était de s’assurer la propriété du bâtiment», assure cette source. Selon le Parisien, les autorités s’interrogeraient sur «des transferts financiers récents entre les pays du Golfe, le Koweït et le Qatar, et l’IESH.»
«On tire sur une ambulance», regrette une source proche des milieux musulmans. Face à la montée en puissance de la galaxie salafiste, les cercles fréristes liés à Musulmans de France ont perdu du terrain. L’ex-UOIF n’a pas réussi à faire monter de nouvelles générations et la relève n’est pas là. L’essentiel de son influence réside dans le soft power, qui s’exerce notamment via des écoles confessionnelles dont une trentaine se situeraient dans l’orbite de Musulmans de France.
Une montée en puissance qui inquiète les autorités. Le 24 juillet, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a mis en cause les Frères musulmans, considérant que leur «réseau» était «aussi dangereux» que le salafisme.
Le point de vue de Jean LEVY
Emmanuel Macron, s'exprimant le 2 octobre sur le "séparatisme", s'est limité à des généralités sur la laïcité. Il a éludé les menaces concrètes que font peser les réseaux étrangers que tissent le Qatar et l'Arabie saoudite en France dans les zones où séjourne une population issue de l'immigration d'origine musulmane.
Là, il ne s'agit pas là de liberté de culte, mais d'ingérence directe d'organisations initiées au Proche-Orient, visant à répandre une propagande politique favorable à leurs intérêts et à l'expansion de leur puissance. Que des imams payés par ces états, puissent prêcher en France en faveur de thèses antinomiques à la loi laïque de 1905, n'est pas supportable.
Le président de la République n'a pas évoqué ce danger. Il est vrai que des relations étroites ont été tissées tout au long de ces dernières décennies par les prédécesseurs de Macron entre les états esclavagistes du Golfe et la France. Souvent pour des questions de ventes d'armes et de gros sous. Et Emmanuel Macron a poursuivi cette politique...
D'autre part, l'hôte de l'Elysée n'a pas non plus évoqué le communautarisme, c'est-à-dire la parcellisation de la République française en groupes séparés et concurrents, constitués au nom de leurs croyances. Il est vrai que communautarisme permet au pouvoir élyséen de diviser une population socialement et économiquement largement défavorisée, en matière d'emploi, d'éducation et d'intégration dans la République. Il faut dire que les gouvernements successifs ont trouvé dans cette situation un moyen efficace pour empêcher que cette population ne s'agrège dans le mouvement social et la lutte de classe contre leurs véritables adversaires : l'oligarchie finacière qui a fait main basse sur notre pays.
Au prix de tolérer des trafics qui compensent l'absence d'emplois et de moyens de subsistance. De même que le piège de la religion poussée à ses extrêmes se substitue à la réflexion politique et l'adhésion aux luttes communes du monde du travail.
Tout cela Emmanuel Macron le sait bien et en use comme ses prédécesseurs. De plus, de faux débats, dit "sociétaux", occupent la scène politique, mêlant arbitrairement croyances religieuses, racisme, délinquance...Ce qui volontairement évacue la question sociale.
Dommage que le PCF au nom de l'antiracisme tombe dans le panneau .
Jean LEVY