Une "autre Europe" n'est pas possible.
Publiée
en décembre 2013, une intervention au CN du PCF toujours parfaitement
actuelle. Mais faut-il parler à des sourds? les peuples se mettent en
marche, et n'attendront pas "la gauche" pour cela, comme le Brexit l'a
montré. (note GQ)
Le projet de « refonder l’Europe » proposé par la commission projet
du PCF évite de poser le problème de la reprise de la souveraineté
nationale. Il ne prend aucunement conscience du fait que le capitalisme
agit maintenant pour la destruction des États-Nations pour réorganiser
les marchés. Les peuples, eux en ont parfaitement conscience. La
question de la souveraineté (et celle de l’euro) sont des marqueurs de
classe, et notre texte, malheureusement, nous place du mauvais coté de
la frontière entre les exploités et la bourgeoisie mondialisée.
Cette entreprise de destruction du cadre national, qui fait bon
ménage avec l’organisation du rejet de l’autre, est liée aussi à l’Acte 3
de décentralisation qui déstructure le pays de l’intérieur.
Si on laisse se poursuivre la marche à petits pas vers l’Europe
supranationale qui se construit inexorablement contre la volonté des
peuples, la question de son identité se posera, et la réponse sera vite
trouvée : ce sera une Europe chrétienne, blanche, et impérialiste.
Au fond, le texte proposé à la discussion affirme qu’une autre Europe
est possible, comme si un autre capitalisme était possible. Car
l’Europe économique que l’on veut préserver, ce n’est qu’une figure du
capital international. Le texte évite le débat populaire sur la sortie
de l’euro. Ce faisant, le parti se coupe des masses.
Sortir de l’euro serait, à n'en pas douter une révolution, et cela ne
devrait pas nous faire peur. Une telle décision bouleverserait les
rapports de forces, ouvrirait une nouvelle période historique, et une
nouvelle donne mondiale. Le texte semble ignorer qu’il y a quatre autres
continents, et des projets de refondation monétaire qui se développent
dans le monde, qu’ils proviennent d’Amérique latine ou de
L’ Union Européenne est une dictature qui cache son jeu. Sa nature est profondément antidémocratique.
Chine.
Pour reconstruire un cadre international de paix et de progrès, il
faut non pas améliorer l’Union européenne et lui donner un vernis
idéologique « de gauche », il faut rompre avec elle pour repartir sur
les bases permettant la construction d’une société socialiste.
Je conteste l’efficacité du texte "Refonder l’Europe" car je préfère
que nous nous adressions à la majorité du peuple, pour empêcher le Front
National et plus encore l’abstentionnisme populaire de continuer leur
progression.
Pasquale Noizet, CN du PCF, 16 novembre 2013