jeudi 26 mars 2020

SORTIR DU PIÈGE CAPITALISTE: UNE AUTRE LOGIQUE ÉCONOMIQUE


Pour vaincre la pandémie, l’urgence d’une autre logique économique par Denis Durand

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Pour vaincre la pandémie, l’urgence d’une autre logique économique par Denis Durand
Une crise financière et économique s’annonçait. Le coronavirus l’a accélérée et a révélé qu’il s’agit d’une crise de civilisation.
La pandémie a disloqué les chaînes de production structurées par les multinationales au cours des vingt dernières années, mis au grand jour la suraccumulation consécutive au gonflement démesuré des capitaux relancé après la« grande récession » de 2009, et précipité le krach financier.
Sentant la situation leur échapper, les dirigeants occidentaux font mine de répudier le néolibéralisme. Les 27 gouvernements de l’UE ont suspendu les normes européennes de déficits budgétaires. Mais ils envisagent de financer ces dépenses, soit par le Mécanisme européen de solidarité qui ne les prête qu’en contre partie de plans d’austérité meurtriers, soit par l’émission de Coronavirus Bonds, des obligations « européennes » placées sur les marchés :ce serait donner à la domination du capital financier le renfort d’un fédéralisme européen, aux dépens des services publics, de l’emploi et des salaires !
Pourtant, le moyen de se passer des marchés financiers est sous nos yeux.
La Banque centrale européenne veut injecter 1 050 milliards sur les marchés d’ici à la fin de l’année. Mais les services publics, l’industrie du matériel médical verront-ils la couleur de cet argent ? En France, la loi de finances rectificative se contente de faire allusion à une « réserve » indigente de 2 milliards pour les dépenses de santé, alors qu’il en faudrait immédiatement au moins cinq fois plus ! Une gifle aux professionnels de la santé et aux salariés envoyés au front de la production pour préserver les profits.
Bien plus, nos dirigeants saisissent l’occasion pour allonger la durée du travail et pour préparer le terrain à une régression durable des droits sociaux. De bons esprits annoncent déjà que, la crise passée, il faudra redoubler d’austérité budgétaire pour éponger les déficits. En un mot, au moment où la crise sanitaire fait éprouver à tous les habitants de la planète le besoin immédiat d’une tout autre mondialisation, le mot d’ordre reste le même : l’argent pour le profit, pas pour les êtres humains !
La domination du capital nous pousse au bord de la barbarie.C’est pourquoi les mesures efficaces pour vaincre l’épidémie sont celles qui amorcent tout de suite une remise en cause radicale des logiques inspirées par la rentabilité financière, et leur remplacement par d’autres critères. Il faut :
  • Mobiliser les filières industrielles pour produire médicaments et matériels médicaux, ainsi que les biens et services indispensables à la population pendant la période de confinement. La protection des travailleurs de ces secteurs contre le virus est la première priorité. Cet effort doit être planifié et pouvoir passer par des réquisitions, des nationalisations ou la création d’entreprises publiques. Il devrait s’appuyer sur la mobilisation des moyens nécessaires à l’échelle européenne et intégrer de nouveaux accords de coopération internationaux, de partage des technologies.
  • Rendre effectif l’arrêt temporaire de la production dans les autres secteurs en en tirant les conséquences : interdire les licenciements et maintenir 100 % du salaire, y compris pour les plus précaires, première étape dans la construction progressive d’une sécurisation de l’emploi et de la formation pour toutes et tous.
  • Obliger les banques, les grandes entreprises et les propriétaires bailleurs à décaler le paiement, par les ménages qui le demandent, des charges d’emprunts bancaires et des factures pré-engagées et vitales (téléphonie, loyer, électricité...).
  • Mettre en place un dispositif de prêts bancaires de trésorerie à taux nul ou négatif, refinancés par la BCE, strictement réservés aux entreprises qui s’engageront à maintenir l’emploi et les salaires.
  • Démocratiser : en cas de non-respect des engagements pris par les entreprises ou les banques, les représentants des salariés(CSE) doivent avoir le pouvoir de saisir des comités régionaux de mobilisation constitués sous l’égide des conseils régionaux et des CESER.
  • Créer un fonds d’urgence sanitaire et de sécurisation pour le financement de ces différents dispositifs, alimenté par une contribution des grandes entreprises, des banques et des compagnies d’assurances, ainsi que par le rétablissement de l’impôt sur la fortune et l’abrogation du plafonnement à 30 % de l’impôt sur les revenus financiers (flat tax).
  • Mettre en place un programme de prêts à taux négatif de la Caisse des dépôts pour les investissements dans les hôpitaux et les services publics (embauches, formation, achats d’équipements, création de nouveaux établissements). La Banque de France déclarerait ces prêts éligibles au refinancement par la BCE au taux le plus faible pratiqué pour ses opérations (actuellement, -0,75 %), et le dispositif pourrait être étendu à l’ensemble des États membres de l’UE.
Nous pouvons vaincre l’épidémie : il faut pour cela s’attaquer tout de suite à la domination du capital.
Denis Durand membre du CN
Note de Pedrito empruntée à H.A.: 
Entendre Macron annoncer que  de gros moyens pour l'hôpital vont être débloqués a quelque chose de réjouissant après tant de budgets de régression.
  Ne faisons pas la fine bouche , ce n'est évidemment pas une révolution, mais cela peut marquer la fin du déclin programmé de notre économie et de notre société.  Tout en ne justifiant pas l'union sacrée, nous ne nous battons pas pour sauver le capitalisme mais inventer le dépassement.
     HA

  Billet d'humeur d'Yves Adam

26 Mars 2020, 16:44pm
| Publié par BLOG-PCF-ARRAS
PCF Arras: Billet d'humeur d'Yves Adam
J’ai un peu de mal à comprendre et trouver formidables les applaudissements de 20h vers les personnels soignants. Bien sûr que ces personnes mettent leur vie en danger pour aider les autres, bien sûr que grâce à elles la pandémie va peut-être se réduire plus rapidement. Et puis ça leur donne du baume au cœur et du courage pour poursuivre leur action.
Mais n’est-ce pas aussi pour nous donner bonne conscience que nous les applaudissons chaque jour, en leur « déléguant » pour ainsi dire le soin de faire avancer les choses ?

Je ne parle pas seulement des hypocrites qui continuent à ne pas respecter les règles de confinement, ou qui continuent à se réunir « pour garder le moral ».

Il faudra bien tirer les leçons de cette crise sanitaire, à savoir la non-préparation des gouvernements précédents, et leur politique de destruction du service public de santé (pour ne parler que de celui-là). Alors, on se contenterait d’applaudir ceux qui sont au front, sans poser les responsabilités de ceux qui ont le pouvoir de faire bouger les choses ? 

Bien sûr que nous avons chacun à notre niveau la possibilité d’apporter une aide aux personnes en difficulté, et c’est très bien ainsi. Mais il en va de la pandémie du covid-19 comme du grave problème de la détérioration du climat : l’addition des initiatives individuelles ne remplacera jamais les possibilités du pouvoir central. Et il y aurait tant à faire : pour simplifier, aller chercher les moyens là où ils sont.

Alors oui, portons aux nues nos sauveurs qui par leur sens du sacrifice et de la responsabilité, parviennent à sauver des vies. Nos applaudissements leur feront pour un temps oublier leur colère, qu’ils manifestent depuis un an dans les rues. 

Au passage, merci aux médecins, mais n’oublions pas « le petit personnel » que sont les infirmier(ière)s, les aides-soignants et autres personnels d’entretien qui travaillent dans les établissements de soin.

Il n’est pas temps d’aller manifester dans les rues, mais dès que la crise sera passée n’oublions pas d’où est venu ce gâchis.

La fatalité a bon dos.

Macron-Janus, fin de partie ?

Par Dominique Muselet

Ce qui a porté au pouvoir cet employé de banque somme toute assez médiocre quand on le voit à l’œuvre, c’est qu’il est séduisant et excellent bonimenteur. Beaucoup de commerciaux le sont, car sans cela ils ne feraient pas de bons commerciaux. La différence, c’est que Macron avait accès, de par sa naissance, son métier, ses réseaux et ceux de sa femme, aux hautes sphères et c’est là qu’il a exercé ses talents. Quand on est un peu psychologue, il n’est pas difficile de séduire quelqu’un et encore moins quelqu’un de puissant qui est habitué à la flatterie et qui se croit supérieur et invincible. Les grands escrocs sont passés maître dans l’art. Mon père a été dépouillé de l’entreprise qu’il avait montée par un gars du genre de Macron qui avait compris comment il fonctionnait et qui l’a complètement entourloupé. Quand mon père a repris ses esprits il n’avait plus rien. Macron a donc séduit quelques milliardaires (ce n’est pas ce qui manque en France) et ils l’ont fait entrer dans le gouvernement Hollande, avec ordre de travailler pour eux. Tant qu’il n’avait qu’à faire ce qu’on lui disait de faire, Macron était parfait. Il a trahi Hollande au moment où on le lui a dit, puis ces mêmes milliardaires lui ont ouvert leurs antennes et on n’a plus vu que lui pendant des mois à la TV, dans les magazines, la presse et partout, et il nous a bonimenté inlassablement. Son argument de vente, le « en même temps » a suscité l’engouement des médias dominants toujours avides de nouveautés creuses et superficielles.  Cela n’aurait peut-être pas suffi à le porter au pouvoir mais l’imbécile « front républicain » a fait le reste et il a été élu.

Toujours porté par des médias en extase, il a fait appliquer point par point par ses ministres, ses députés et ses hauts-fonctionnaires le programme des milliardaires auxquels il devait sa place. Et pendant qu’ils se hâtaient de dépecer ce qui restait du patrimoine français, lui, il parlait, il nous disait tout et son contraire, il se mettait en scène dans de faux bains de foules ou dans des entreprises triées sur le volet, mais surtout à l’étranger, ce qui était le plus facile, car là, il ne faisait de mal à personne et tout le monde se fichait bien de lui. Il n’avait rien d’autre à faire que baratiner, séduire, voyager, placer ses amis, et se faire encenser. Bref c’était le bonheur parfait, l’état de grâce. Tout le gratin l’adorait. Le petit marquis et son épouse faisaient absolument tout ce qui leur chantait, lui s’amusait avec Benalla, elle jouait à Marie Antoinette. A force de ne rencontrer que des flatteurs ou des obligés, il s’est même pris pour un homme d’état et s’est mis à faire la leçon à la terre entière. Il se croyait invincible. « Venez me chercher ! » hurlait-il aux Français.

Et les Gilets jaunes sont venus… Ça, les milliardaires ne l’avaient pas prévu. Tellement habitués à exploiter et écraser les « riens » et les « sans dents », ils n’ont rien vu venir. Malgré la répression policière et le mépris général (hélas même celui de la gauche et des syndicats), les Gilets jaunes ne sont pas rentrés chez eux. Pendant quelques semaines, on a vu à la TV de vraies personnes à la place des « experts » et des éditocrates, ces valets zombies du capitalisme financier, indécrottables sangsues des plateaux. Macron, un moment déstabilisé a donné des primes à la police, lui a promis l’impunité et l’a lâchée sur les manifestants, puis il s’est remis dans la peau du bonimenteur séducteur qui avait fait sa gloire, et il a entamé son « grand débat », sous l’œil hypnotisé des médias d’état et apparentés. Il a dit, comme d’habitude, tout et son contraire et n’importe quoi pendant des heures, sans que ça gêne personne sur les plateaux TV, bien au contraire. Tout allait bien à nouveau et Macron était heureux, car il n’aime rien tant que pérorer devant un auditoire captif. Mais cela ne faisait pas l’affaire des milliardaires qui savaient qu’il fallait faire passer la suppression des indemnités de chômage et des pensions de retraite avant l’été 2020, sans quoi on n’aurait pas le temps de blanchir Macron avant les présidentielles. Donc Macron, en bon serviteur du Capital, est reparti au combat contre le peuple, se croyant sauvé par sa tête de premier de la classe et le soutien indéfectible des médias. Ses patrons l’avaient sûrement prévenu que la contre-réforme des retraites allait contrarier pratiquement tout le monde. Mais il n’avait pas le choix et il était prêt à tout. Sûr de lui, comme Thatcher avant lui, il n’a rien cédé quand toutes les professions se sont soulevées, malheureusement en ordre dispersé. Malgré la longue grève des transports, les nombreuses et importantes manifestations, les actions de toutes sortes, Macron pouvait encore espérer passer sa contre-réforme avant l’été en utilisant le 49.3 et sa majorité de playmobils. Et donc il ne s’en faisait pas…
Là-dessus, patatras, le coronavirus se déclenche en Chine. Que faire ? Les milliardaires tout aussi pris au dépourvu que lui ne pouvaient rien pour lui. Macron était seul en face du fléau. Et donc Macron a fait du Macron. Il a pris la maladie et la Chine de très très haut. Pensez donc, tout cela était bon pour un système totalitaire et arriéré comme la Chine, mais le virus n’oserait jamais s’attaquer à lui, Macron. Il a ignoré tous les signes et les avertissements, n’a pris aucune décision, aucune précaution. Il s’est contenté de parader, fanfaronner, bomber le torse et bonimenter, la seule chose qu’il sache faire… Mais le virus ne se laisse pas séduire comme les milliardaires, les médias, les haut-fonctionnaires et la grande bourgeoisie. Il est insensible au baratin. Ce qu’il faut, en face du virus, ce sont des actes, des décisions claires, précises et rapides, et en matière de décision, Macron ne sait faire que du « en même temps ». Donc après n’avoir rien fait pendant trop longtemps, il a fait fermer certains commerces et pas d’autres, contrôlé certaines frontières et pas d’autres, enfermé des gens et envoyé d’autres au front sans protection, distribué des masques à certains et pas à d’autres, autorisé les tests pour certains et pas pour d’autres, décidé de séparer des gens et pas d’autres, réprimé des gens et pas d’autres. Il a oscillé d’ici et de là sans savoir quoi faire ni où aller ; hésitant entre protéger la vie des Français ou protéger les profits de ses amis ; passant de l’un à l’autre au gré des événements ; prenant des poses : superman, général, père de la nation. Comme dit l’Ecclésiaste : « Malheur au pays dont le roi est un enfant et dont les princes se goinfrent dès le matin ». Notre président est un enfant qui ne connait rien à rien, qui est incapable de s’engager, de prendre un risque, d’assumer, de décider, bref de gouverner. Et donc sa seule option est la répression. En interdisant tout à tout le monde (sauf à ses amis, bien sûr), il n’y a plus de problèmes. Il n’a plus besoin de rien faire. L’épidémie s’arrêtera bien un jour, et en attendant, il suffit, avec l’aide des médias, de culpabiliser les victimes de son incurie et de la cupidité de ses maîtres.
Vous avez compris où je voulais en venir. Le « en même temps » est tout simplement l’expression de l’indécision de Macron. Avec son « en même temps », il ménage la chèvre et le chou, il dit tout et son contraire, il ne tranche pas, il fait plaisir à tout le monde. Le « en même temps » c’est « en même temps » ce qui l’a porté au pouvoir et ce qui causera sa chute. Car au moment où il fallait décider, il s’en est révélé incapable. Il s’est contenté de copier avec retard ce que les autres faisaient et toujours à coup de demi-mesures. Mais maintenant les français ont compris. Macron aura beau faire assaut de séduction, les médias auront beau nous baratiner, les flics auront beau nous cogner, les juges auront beau nous mettre en taule, les banquiers nous menacer de faillite et l’UE tempêter, le diable est sorti de sa boîte et il n’y rentrera plus.
Dominique Muselet
Photo Gerd Altmann/Pixabay
Rappel de Pedrito Janus, plus ancien roi du Latium, accueillit Saturne, chassé du ciel. Celui-ci, en reconnaissance, le dota d'une sagacité extraordinaire. 
Entre Janus au double visage et Jupiter, maître des dieux, à chacun de choisir, mais la chute du petit monarque envoyé par les banquiers pour confisquer le pouvoir sera de toute manière la même: brutale, pour celui qui prend à l'excès les Français pour des demeurés