Par Hervé Nathan et Nicolas Prissett
Pour
la première fois, un gouvernement programme une baisse des pensions en
se servant de la hausse des prix, afin de réduire le déficit des comptes
publics. Pour les seniors, c'est la deuxième lame du rasoir, après la
hausse de la CSG décidée l'an dernier.
Nul
doute que les mots «retraites» et «sous-indexation» hanteront les
journées parlementaires de La République en marche qui se tiendront
lundi 10 septembre à Tours. Le vent qui se lève et préoccupe les députés
de la majorité a pour origine la grogne, voire l'écœurement des
retraités à la suite des déclarations du Premier ministre, Edouard
Philippe, dans le Journal du dimanche du 26 août : en 2019 et en 2020,
les pensions de retraite de la Sécurité sociale seront «sous-indexées»,
elles ne progresseront que de 0,3 % par an, alors que l'inflation
oscille entre 1,7 et 2,3 %.
Malgré
le silence de Bercy, qui refuse de communiquer même sur l'économie
globale qui sera réalisée par les caisses de l'assurance vieillesse, les
calculettes n'ont pas tardé à révéler les dégâts pour tous les
retraités - sauf pour ceux qui sont au minimum vieillesse (Aspa, 833 €
par mois). Le Figaro donne un exemple : un couple de seniors bénéficiant
d'une pension de 1 500 € par mois va perdre 612 € à cause de la hausse
de 1,7 point de CSG, puis 468 € à la suite du retard par sa pension sur
les prix. La suppression progressive de la taxe d'habitation, avancée
comme une compensation par le gouvernement, ne fera économiser au couple
que 818 €. Résultat : une perte de pouvoir d'achat de 262 €. «J'ai
choisi le travail», clame le Premier ministre. Le mantra est repris par
la porte-parole du groupe LREM à l'Assemblée, Aurore Bergé : «On peut
légitimement demander un effort générationnel à ceux à qui l'on paye les
retraites.»
En
somme, la députée réduit les seniors à des assistés, à qui l'on jette
la pitance. L'argumentaire est d'autant plus faible que la
sous-indexation réduira aussi le calcul des droits acquis par ceux qui
cotisent aujourd'hui pour leurs futures retraites ! On appauvrit non
seulement les seniors d'aujourd'hui...
(La suite dans le journal Marianne)
(La suite dans le journal Marianne)