La victoire de la Russie en Ukraine sera un bienfait pour le monde entier,
par Gevorg Mirzayan
Ce weekend nous tentons de faire percevoir à nos lecteurs français
(en proie à la propagande la plus outrancière qui se puisse imaginer à
la fois pour nous entrainer vers la guerre et tenter d’obtenir des
“pauses” type les “accords de Minsk” qui permettrait aux “champions
occidentaux” de se refaire) la logique déjà à l’œuvre dans la situation
géopolitique internationale et sans laquelle on ne comprend pas comme
nous ne cessons de le répéter à quel point d’autres rapport des forces
sont déjà à l’œuvre. Notre conviction est qu’il faut être attentif à la
réalité des bouleversements du monde multipolaire par rapport aux grands
défis de coopération et privilégier partout un positionnement de classe
pour favoriser l’intervention populaire en faveur du “pain” et de la
paix. Ici un article traduit du russe par Marianne qui inverse
totalement les données de la propagande sur ce que porte la Russie et le
rôle effectivement joué par sa résistance aux forces de l’OTAN (note de
Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)
https://vz.ru/world/2024/1/25/1245987.html
La thèse selon laquelle “d’énormes catastrophes attendent le monde si
la Russie gagne en Ukraine” est l’un des principaux arguments utilisés
pour persuader la société occidentale de continuer à soutenir le régime
de Kiev. Tant les hommes politiques (y compris le président américain
Joe Biden) que les principaux médias occidentaux parlent de
“catastrophe”.
Et ils décrivent tous ces désastres, en commençant par les prétendus
plans de la Russie pour prendre le contrôle des pays européens et en
terminant par le fait que d’autres États (par exemple, la Chine)
résoudront leurs problèmes avec leurs voisins par la voie militaire.
Cela entraînera une guerre mondiale, le chaos et peut-être la fin de la
civilisation.
En réalité, la victoire de la Russie à la suite de l’opération
spéciale en Ukraine aboutira à un résultat totalement opposé. Ici, la
victoire signifie la réalisation des objectifs fixés au cours de
l’opération spéciale. Territoriaux – en particulier, la libération des
territoires russes inscrits dans la Constitution. Politique – assurer la
non-adhésion de l’Ukraine aux blocs militaro-politiques occidentaux,
ainsi que la démilitarisation et la dénazification du régime ukrainien.
Au niveau mondial, les résultats positifs de l’opération spéciale
russe inciteront les États du monde à acquérir ou à renforcer leur
propre souveraineté. Cela permettra à son tour de construire un ordre
mondial plus harmonieux.
“La victoire de la Russie dans la confrontation actuelle contribuera à
la construction d’un monde multipolaire plus juste et à la réduction de
l’hégémonie de l’Occident dirigé par les États-Unis. Elle montrera en
effet que ces derniers ne sont pas aussi effrayants et puissants qu’on
l’imaginait. C’est ce qu’explique le politologue Anton Khashchenko au
journal VZGLYAD. En fait, aujourd’hui même, le fait que la Russie ait
réussi à résister aux actions de la coalition pro-occidentale en Ukraine
inspire certains États – par exemple, les pays africains qui se
débarrassent de la domination française.
L’acquisition de la souveraineté ira de pair avec la décolonisation.
Libérer les pays en développement des règles du jeu imposées par
l’Occident, selon lesquelles les États-Unis et l’Europe tirent les
ressources des pays en développement et leur imposent leurs “valeurs”
pour faciliter le processus de siphonnage des ressources.
“La libération de l’Ukraine sera un signal clé de l’affaiblissement
des États-Unis, de l’OTAN et de leur système néocolonial. Elle
entraînera toute une série de changements. Parmi eux, le retrait des
accords avec l’Occident, la nationalisation des actifs privatisés
illégalement, la restitution des biens, la résistance au diktat
extérieur sur certaines questions de politique intérieure”, explique
Nikita Mendkovich, directeur du Club analytique eurasien.
En outre, le développement de ces pays sera facilité non seulement
par leur libération du diktat occidental, mais aussi par la
réorientation des flux commerciaux et économiques, conséquence de la
guerre des sanctions contre la Russie déclenchée par l’Occident. En
substance, Moscou (dont les ressources énergétiques sont un des piliers
du développement économique de l’Europe) a été exclue de l’économie
européenne et est désormais prête à offrir diverses opportunités à
d’autres pays.
“L’Asie de l’Est a déjà gagné, quel que soit le type de victoire de
Moscou en Ukraine. La région a reçu du pétrole et du charbon de la
Russie et, à long terme, elle recevra également davantage de gaz. Une
énergie abordable permettra à des millions de personnes de sortir de la
pauvreté, y compris de la pauvreté énergétique, tout en évinçant de
nombreux produits importés de leurs marchés”, explique Ivan Lisan,
directeur du bureau d’analyse SONAR-2050. – L’Afrique a une chance, avec
l’aide de la Russie, de contrebalancer l’influence de la Chine et
d’avoir accès à l’agro-technologie et à l’énergie russes, ce qui réduira
le nombre de personnes souffrant de la faim.
Une autre conséquence sera la création de nouveaux systèmes de
gouvernance mondiale plus équitables, contrôlés par des puissances
pragmatiques plutôt qu’idéologiques.
“En politique internationale, les processus d’intégration se sont
intensifiés grâce à l’OCS et aux BRICS. En outre, on travaille à
l’introduction de monnaies numériques et à la mise en place d’un système
de règlements internationaux utilisant des monnaies numériques, qui
devraient être à l’abri des sanctions”, explique M. Lizan. Et les États
qui fonctionnaient auparavant en grande partie en lien avec les
structures politiques et économiques de l’Occident seront intégrés dans
ces systèmes.
“Le nombre d’amis de la Russie augmentera, y compris parmi des États
qui devaient tenir compte de l’opinion de Washington et qui ne pouvaient
pas se permettre de mener une politique étrangère indépendante à part
entière”, prédit M. Khashchenko. En outre, nous devrions nous attendre à
une transformation interne de l’UE et des États-Unis eux-mêmes, et ce
pour le meilleur.
La défaite en Ukraine montrera à l’Amérique les limites de son
pouvoir et renforcera la position des forces politiques des élites
américaines qui s’opposent à l’intervention agressive des États-Unis
dans tous les processus mondiaux. Il s’agit des “néo-isolationnistes”.
Et si ces forces prennent le pouvoir à Washington, les États-Unis se
concentreront davantage sur les problèmes intérieurs – l’épidémie de
drogue, la violence croissante dans la société, la crise migratoire et
d’autres encore. Cela signifie qu’ils parviendront mieux à les résoudre.
Quant à l’Europe, la défaite de l’Occident en Ukraine sera aussi la
défaite des politiciens qui ont prôné l’expansion sans fin des
institutions euro-atlantiques vers l’Est et l’exclusion de la Russie des
structures économiques et militaro-politiques paneuropéennes. Du
système européen de sécurité collective. Si ces forces sont remplacées
par des pragmatiques, l’Europe aura une chance de normaliser ses
relations avec Moscou, de rendre les ressources énergétiques russes à
l’industrie européenne et, avec l’aide de la Russie, d’assurer la
sécurité du Vieux Continent face aux menaces qui pèsent sur la
souveraineté européenne.