Àla
veille des commémorations du 76e anniversaire des bombardements
criminels d’Hiroshima et Nagasaki (Japon) par l’armée étasunienne, la
menace nucléaire est redevenue plus forte que jamais. La compétition
accrue entre États et le développement de nouveaux armements, leur
modernisation, et l’extension de leurs arsenaux par les actuelles
puissances nucléaires rendent cette menace de nouveau très concrète.
Les
dépenses militaires (estimées à 1 917 milliards de dollars en 2019,
soit 2,2 % du PIB mondial) atteignent des niveaux records, les ventes
d’armes ont augmenté ces dernières années de façon spectaculaire et les
armes nucléaires sont à nouveau, dans certains Etats-Majors, « la moins
mauvaise des options » à envisager en cas de guerre. Rien, non plus, ne
met quiconque à l’abri d’accidents...
La
France, aujourd’hui 3e puissance nucléaire, pourrait pourtant jouer un
rôle tout différent. Elle se devrait de faire entendre une voix forte,
indépendante, qui contribue à ouvrir les chemins de la sécurité humaine
collective, les chemins de la paix.
D’abord, parce que c’est indispensable, ensuite parce que c’est urgent, enfin parce que c’est possible.
L’humanité
se débat face à la pandémie du Covid et la crise sanitaire mondiale,
face aux conséquences du réchauffement climatique, à l’explosion
générale des inégalités sociales et économiques, à l’accès aux
ressources naturelles ici et aux crises humanitaires là.
Cela
appelle des réponses politiques qui fassent prévaloir sans hésitation
les intérêts communs et la solidarité internationale sur les intérêts
des marchés et du capital, et qui permettent de mobiliser l’ensemble des
ressources humaines, scientifiques, technologiques et financières en
France et dans le monde pour assurer la sécurité sanitaire, sociale,
écologique et économique des peuples qui partagent une même aspiration à
la paix. Il ne saurait exister d’ « îlots de prospérité et de paix »
dans un monde pétri d’inégalités et de dominations.
Dans
le respect de ses engagements internationaux, en particulier de
l’article 6 du Traité de non prolifération (TNP), la France est attendue
par le vaste mouvement des États qui ont signé et ratifié le Traité
international d’interdiction des armes nucléaires (TIAN), entré en
vigueur le 22 janvier dernier. Un choix soutenu par 67 % des
Français-e-s la seule fois où la question leur fut posée en 2018.
Le
désarmement nucléaire multilatéral, la valorisation de cadres
multilatéraux où la parole et les exigences des peuples sont respectées,
le développement de cadres communs de coopération et de sécurité
collective formeraient ainsi les trois premiers objectifs politiques
d’une France qui décide de s'émanciper de la tutelle des États-Unis et
de l'OTAN.
C'est dans cet esprit que je participerai et que le PCF appelle à participer massivement à la journée internationale de la paix du 21 septembre et aux marches du samedi 25 septembre« pour la paix, le désarmement nucléaire et le climat, pour la justice sociale et les droits humains » organisées à l’appel du collectif national des Marches pour la Paix, dans le cadre de la journée internationale des Nations Unies pour l’élimination totale des armes nucléaires.
Ce blog a
pour vocation d'exposer le point de vue de son auteur -sans appartenance
partisane- et d'être un lieu de débat démocratique.
De contribuer à esquisser des perspectives permettant de construire une
alternative socialiste à la barbarie capitaliste.
Cela à la lumière de la pensée et de l'action de Marx et Gramsci.
NBH
a décidé de publier un article rédigé par par un militant du Parti
communiste espagnol vivant à Cuba et publié par la revue en ligne Contretemps.
Ce
témoignage, nous semble-t-il, ne doit pas être pris à la légère. Il ne
vient pas d'un ennemi de la révolution cubaine. Ce n'est pas un de ces
articles dont nous sommes abreuvés du matin au soir dans la presse
chien-de-garde. Non, il nous semble un témoignage honnête, écrit avec
simplicité et sans simplisme, avec le souci de décrire une part de la
réalité cubaine. Loin de ceux pour qui calomnient Cuba, qui décrivent
l'île comme un enfer "totalitaire". Mais loin aussi de ceux qui ferment
les yeux pour ne pas voir ce qui dérange leurs certitudes dogmatiques.
On a vu avec l'Union Soviétique ce à quoi aboutissent de telles
attitudes.
Dans
la lutte contre l'impérialisme criminel à l'échelle mondiale Cuba a été
et reste un phare. Toute l'histoire depuis la victoire de Fidel en 1959
plaide afin que nul n'oublie ce que nous devons au peuple cubain.
Cela
n'implique pas à nos yeux l'inconditionnalité et l'aveuglement. Les
amis se disent la vérité. La critique et l'autocritique font parties des
facteurs qui permettent de créer les conditions de dépasser les
difficultés, les erreurs et les fautes inhérentes à toute action
humaine, en particulier dans des situations de conflictualité violente
ou extrême. Que les "barricades n'aient que deux côtés" ne signifie pas qu'il faille se taire pour ne pas "faire le jeu de l'ennemi".
C'est ce qui renforce le bon côté de la barricade qui est utile et
constructif donc, et y compris, la critique fraternelle de ce qui
l'affaiblit. Traiter de contre-révolutionnaires les propositions ou les
constats critiques et qualifier ceux qui les font d'ennemis a donné les
résultats tragiques que nous connaissons hélas trop bien.
Dans sa conclusion ce camarade espagnol rappelle "J’espère
de tout cœur que la Révolution ne s’effondrera pas. Si c’est le cas,
Cuba deviendrait Haïti en quelques semaines ou quelques mois." La
solidarité avec Cuba ne contredit pas mais au contraire exige la
lucidité et le devoir de dire les choses telles qu'elles sont. Et
d'aider autant que nous le pouvons les révolutionnaires et le peuple
cubain à poursuivre leur marche indépendante vers une société
meilleure.
NBH
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Lorsque
je suis retourné à La Havane fin mars pour y rester vivre, l’atmosphère
avait considérablement changé. Les gens étaient anxieux, frustrés,
fâchés. Un vieux camarade de plus de 80 ans, qui lit et me passe
le Granma, m’a dit : « On est mal. Je ne peux même plus fumer ». J’ai
tout compris. Pire encore, j’entendais de temps en temps des gens du
quartier dire : « Diaz Canel, singao » [enfoiré]. Puis vient la
provocation de la gusanera [« tas de vers-de-terre », surnom donné aux
Cubains de Miami à Cuba], avec le clip Patria y Vida[4],
en opposition au slogan révolutionnaire Patria o Muerte. Et merde, de
temps en temps, je l’entendais en marchant dans le quartier. Même dans
une file d’attente dans un magasin un matin, un garçon l’a mis sur son
haut-parleur et a produit une altercation avec les agents de la PNR
[Police nationale révolutionnaire]. Beaucoup ont défendu le garçon. Et
ce n’est pas qu’il ait plein de contre-révolutionnaires. Non, pas du
tout. C’est juste que les gens sont fatigués, angoissés et en colère. Je
ne sais pas si ces choses se passaient dans les beaux quartiers comme
El Vedado, Miramar ou Siboney. Mais là où je vis, à Santa Fé, dans la
banlieue
Les
Cubains parlent beaucoup. Et ils tournent autour du pot pour dire les
choses. La télévision cubaine reflète très bien la cubanité,
c’est-à-dire le langage et les traditions partagées par les Cubains, par
opposition aux Européens et aux Américains[1].
Ils parlent et parlent du matin au soir. C’est pourquoi je ne la
regarde pas. Mais la vérité est que toutes les annonces politiques et
économiques importantes sont faites à la télévision. Ainsi, lorsque
quelque chose d’important se produit, le lendemain, je lis Granma, Cubadebate ou Juventud Rebelde pour
connaître les annonces officielles. Le langage écrit est toujours plus
structuré, concis et succinct que le langage oral. Le 1er janvier 2021,
le gouvernement cubain a annoncé un très important train de mesures
économiques[2].
Le samedi 2, ces mesures sont devenues plus claires et plus précises.
Le dimanche 3, en lisant la presse et en prenant le café du matin avec
ma compagne, je lui ai dit : « Amour, le gouvernement est devenu fou ».
Elle a levé la tête, surprise, a ouvert de grands yeux et m’a demandé
pourquoi je disais ça.
« Parce
qu’il n’est pas possible d’augmenter cinq fois les prix de la
nourriture, de l’électricité, des transports et tout le reste, même si
les salaires sont augmentés cinq fois. Comment penser que dans un pays
où 3 millions de personnes gagnent un salaire, 500 000 sont des
« cuentapropistas » [sorte d’auto-entrepreneurs, notamment dans le petit
commerce ou les services] qui peuvent répercuter l’augmentation du coût
de la vie sur leurs prix, et 3,5 millions sont des travailleurs
informels ou au chômage qui ne pourront rien faire contre les
augmentations de prix, comment penser que dans ce pays les choses ne
vont pas exploser dans six mois ? »
Plus
tard, j’ai écrit avec inquiétude à mes plus proches collègues du Parti
et, dans un langage plus politique, je leur ai dit : « N’est-il pas
clair pour vous que dans six mois, il y aura une explosion sociale suite
à ces mesures, car elles viennent s’ajouter à une pénurie d’aliments et
de médicaments telle que nous n’en avons pas vu depuis la « période
spéciale »[3] des
années 1990 – due à des causes anciennes, la pandémie et la disparition
du tourisme, l’intensification du blocus, l’énorme dépendance à l’égard
des aliments et des matières premières, et le manque d’aliments et de
matières premières pour l’économie du pays ? Il y aura 3,5 millions de
Cubains vivant dans l’informalité et le chômage, qui n’auront pas assez à
manger, parce qu’ils auront épuisé toutes leurs réserves, vendu tout ce
qu’ils avaient à vendre, emprunté ce qu’ils pouvaient et ne pourront
plus rien faire ? ».
Les
plus méfiants parmi ces camarades m’ont dit que je ne comprenais pas
Cuba, que cela n’arriverait jamais ici, que le gouvernement mettrait en
place des aides pour les personnes les plus défavorisées, que les gens
faisaient encore confiance à la Révolution et que la Contre-Révolution
ne parviendrait pas à obtenir un soutien. De la manière simple et claire
que ma pensée a acquise au fil des ans et de l’expérience, j’ai répondu
qu’il ne s’agissait pas d’une question de Révolution et de
Contre-Révolution. Lorsque les gens descendent dans la rue sous le
capitalisme, ils ne le font presque jamais pour des raisons
révolutionnaires. Ils le font parce qu’ils passent un très mauvais
moment. Et dans le socialisme, ou ce qu’il y en a à Cuba, ou ce qu’il y
avait en Union soviétique et en Europe de l’Est, c’est la même chose. Et
maintenant, une partie des Cubains est probablement en train de passer
un très mauvais moment. Les plus prudents parmi mes camarades du Parti
avaient une autre réponse : « J’espère que cela n’arrivera pas ».
Lorsque je
suis retourné à La Havane fin mars pour y rester vivre, l’atmosphère
avait considérablement changé. Les gens étaient anxieux, frustrés,
fâchés. Un vieux camarade de plus de 80 ans, qui lit et me passe
le Granma, m’a dit : « On est mal. Je ne peux même plus fumer ». J’ai
tout compris. Pire encore, j’entendais de temps en temps des gens du
quartier dire : « Diaz Canel, singao » [enfoiré]. Puis vient la
provocation de la gusanera [« tas de vers-de-terre », surnom donné aux
Cubains de Miami à Cuba], avec le clip Patria y Vida[4],
en opposition au slogan révolutionnaire Patria o Muerte. Et merde, de
temps en temps, je l’entendais en marchant dans le quartier. Même dans
une file d’attente dans un magasin un matin, un garçon l’a mis sur son
haut-parleur et a produit une altercation avec les agents de la PNR
[Police nationale révolutionnaire]. Beaucoup ont défendu le garçon. Et
ce n’est pas qu’il ait plein de contre-révolutionnaires. Non, pas du
tout. C’est juste que les gens sont fatigués, angoissés et en colère. Je
ne sais pas si ces choses se passaient dans les beaux quartiers comme
El Vedado, Miramar ou Siboney. Mais là où je vis, à Santa Fé, dans la
banlieue ouest de La Havane, là où la ville se termine par des petites
maisons précaires, après quoi vient la campagne, c’est cela qui
arrivait. Et ce n’est pas étrange. Comme il s’agit d’un quartier plus
pauvre, plus noir, où l’on trouve plus de femmes seules avec leurs
enfants, où plus de gens vivent dans l’informalité et le chômage, les
mesures du 1er janvier 2021 ont frappé plus fort ici. Et je me suis dit :
« Comment peuvent-ils ne pas voir en haut que ça va exploser ? ».
La dévaluation monétaire, et son impact dans le déclenchement de la rébellion
Il
n’est pas pertinent ici d’expliquer l’ensemble du plan économique du
1er janvier. Mais il est nécessaire de souligner deux autres faits
essentiels pour comprendre pourquoi les gens sont descendus dans la rue
le 11 juillet et les jours suivants. Parallèlement à l’augmentation des
prix, il a été décidé, le 1er janvier, de fixer un taux de change de 1
USD = 24 CUP [pesos cubains]. En d’autres termes, les prix ont été
multipliés par 5, mais le dollar a été maintenu au même taux que celui
auquel il était déjà disponible pour le public. Le fait est que
seulement 40 % des familles cubaines reçoivent au moins un envoi de
fonds par an de l’étranger. Bien sûr, certains reçoivent beaucoup
d’argent, d’autres un peu, d’autres exceptionnellement. Certains auront
également un salaire, ou un commerce privé, ou seront des travailleurs
informels, ou seront au chômage et n’auront rien d’autre. Et dans
certains cas, il s’agira de familles nombreuses, dans d’autres de
petites familles, et dans de nombreux cas, de familles dont les enfants
sont pris en charge par des femmes seules. Sans doute l’impact a-t-il
été inégal, mais dans tous les cas, cela a signifié que le pouvoir
d’achat des envois de fonds qu’ils recevaient a été divisé par cinq.
Des
facteurs qui ont contrebalancé ce résultat peuvent être mentionnés,
comme le fait que les prix sur le marché noir ont atteint 1 USD = 50 CUP
et plus. Cela a donné un certain répit à la hausse des prix. Ou que
l’on a ouvert des magasins où les prix sont en dollars (en réalité ils
sont en MLC, Monnaie librement convertible, dont l’origine peut être des
dollars, des euros, des francs suisses ou n’importe quelle Visa ou
Mastercard) et pour cette raison ils n’ont pas augmenté 5 fois comme
cela est arrivé avec les prix en pesos. Ces magasins réservés aux MLC
étaient une grande source de tension parmi la population. D’abord, parce
que 60 % des familles cubaines ne reçoivent pas de fonds de l’étranger
et n’ont pas de MLC pour faire leurs achats dans ces magasins.
Deuxièmement, parce que les 3 millions de travailleurs de l’État
reçoivent leurs salaires en CUP, leur argent est donc inutile dans les
magasins du MLC. Et troisièmement, le facteur le plus irritant pour les
gens, les magasins payés en CUP étaient vidés de leurs marchandises,
alors que ceux payés en MLC débordaient de mêmes marchandises.
N’est-il
pas évident que de telles choses poussent les gens dans la rue ?
Toutefois, il ne faut pas croire que l’intérêt désespéré de l’État pour
capter des dollars est dénué de sens. Ce n’est pas du tout le cas. C’est
très rationnel. Mais toute rationalité est limitée. Et celle-ci l’était
beaucoup. Cuba, comme tous les pays d’Amérique latine, souffre de
l’héritage colonial de la monoculture et du fait que celle-ci a été
prolongée jusqu’à très tard. Lorsque l’Union soviétique s’est effondrée
en 1991 et a cessé d’acheter du sucre cubain, 80 à 90 % des exportations
du pays ont disparu d’un seul coup. L’économie s’est effondrée et sans
la Révolution et les communistes, nous aurions vu sur l’île les scènes
de faim, de pauvreté et de destruction que nous voyons en Afrique
sub-saharienne. Les empêcher a été leur plus grand exploit.
Une économie dépendante des importations
Mais
après 30 ans d’efforts pour modifier sa matrice productive, le pays
traîne toujours une énorme dépendance à l’égard des denrées alimentaires
et des matières premières. En 2019, les chiffres de la balance
commerciale des marchandises sont effrayants. Quelque 10 milliards d’USD
d’importations, contre quelque 2,5 milliards d’USD d’exportations.
C’est un ratio insoutenable.
En
revanche, la plus grande invention cubaine de ces décennies a été
l’exportation de services médicaux. Beaucoup plus réussie que le
tourisme. Je ne sais pas si c’est Fidel, Chávez ou quelqu’un d’autre qui
l’a inventé. Les médecins, les infirmières et les techniciens de la
santé cubains ont sauvé le pays et permettent qu’il fonctionne encore.
Ils rapportent peut-être 6 ou 8 milliards de dollars par an, ce qui
contrebalance le déséquilibre du commerce extérieur.
Mais
la disparition du tourisme à la suite de la pandémie a été un coup
terrible en 2020. Avec la perte des touristes, Cuba a perdu quelque 3
milliards de dollars de revenus par an. En raison de la dépendance
alimentaire du pays, l’île importe 80 % de ce que nous mangeons. En
2019, cela représentait environ 2 milliards de dollars. Cela signifie
qu’avec le tourisme, l’équivalent d’une fois et demi de l’argent
nécessaire à l’importation de nourriture par an a disparu. C’est la
raison de la pénurie actuelle de nourriture, de médicaments et de tout
le reste. L’État ne dispose pas des fonds nécessaires pour les importer
ou pour importer les matières premières requises pour les produire ici.
Il faut ajouter à cela le blocus yankee et les prix supplémentaires que
Cuba doit payer pour importer quoi que ce soit, en raison de la menace
de sanctions étasuniennes contre ses partenaires commerciaux. Un blocus
criminel qui représente un coût de quelque 5 milliards de dollars par
an.
C’est
pourquoi le gouvernement a augmenté les prix de tout 5 fois et a laissé
inchangé le taux de change à 1 USD = 24 CUP. Pour capter 5 fois plus de
dollars. C’est pourquoi les magasins ont été ouverts aux MLC. Capter
chaque dollar utilisé pour acheter une livre de riz, afin d’importer une
autre livre de riz, à mettre sur la même étagère. Le gouvernement ne
peut rien faire avec les pesos cubains qui proviennent des magasins CUP.
Ils sont inutiles pour importer et réapprovisionner les aliments qui
sortent de ces magasins.
Mais
à ce stade, un économiste illuminé a peut-être eu une idée atroce.
Pourquoi ne pas vider les magasins CUP et remplir de marchandises les
magasins MLC ? De cette façon, nous attirerons encore plus de dollars.
Ceux qui n’ont que des pesos cubains n’auront d’autre choix que
d’acheter des choses à ceux qui ont des dollars. Ceux-ci nous donneront à
leur tour encore plus de dollars, à acheter pour les vendre aux autres.
De cette façon, les marchandises en MLC ruisselleraient sur ceux qui
n’ont que des CUP. Le problème est que ces derniers paieront encore plus
cher pour les marchandises. Et dans une situation de pénurie générale,
ils paieront 2, 3 et 4 fois la valeur du magasin. Le coût de la vie et
la réduction de la capacité de consommation ont augmenté dans la même
proportion. Par exemple, une canette de bière Cristal dans un magasin
MLC coûte 1,25 USD soit 30 CUP. Dans la rue aujourd’hui, elle coûte 100
CUP soit 4 USD.
C’est
très bien de capturer des dollars pour importer de la nourriture, des
médicaments, du pétrole et tout le reste. Mais des contrepoids sociaux
étaient nécessaires pour assurer certains minima à ceux qui n’ont pas de
dollars et vivent en pesos, et surtout, à ceux qui n’ont pas de
commerce privé ou de salaire. Ces contrepoids brillaient par leur
absence. L’un des moments les plus tristes de ces mois pour moi a été
lorsqu’un ministre a dit comme si de rien n’était : « Les gens doivent
comprendre qu’à Cuba, à partir de maintenant, il sera très difficile de
vivre sans travailler ». Mais compadre [compère], comment les 3,5
millions de personnes qui vivent dans l’informalité ou le chômage
pourraient-elles trouver un emploi, si l’économie stagne du fait de
causes anciennes, la pandémie et la disparition du tourisme,
l’intensification du blocus, l’énorme dépendance vis-à-vis des aliments
et des matières premières ? La table était mise pour que la population
descende dans la rue.
Les mesures incendiaires du Département d’État des États-Unis
Les
Yankees ont clairement compris la situation et font tout leur possible
pour rendre difficile l’arrivée des dollars à l’île. Ils ont obligé
Western Union à cesser ses activités dans le pays et ont menacé de
sanctions les entreprises qui effectuaient des transferts vers l’île.
Beaucoup ont cessé de le faire. Le gouvernement cubain, encore plus
désespéré pour capter des dollars, a retardé la remise des fonds aux
bénéficiaires afin de les utiliser pour payer les importations. D’autres
sociétés de transfert de fonds ont cessé de travailler avec l’île à
cause de cela. En fin de compte, il n’y avait pratiquement aucun moyen
pour les dollars d’atteindre le pays autrement que par les « mules »
[porteurs individuels], et le gouvernement avait moins de dollars à
capturer pour les utiliser pour les importations.
Les économistes illuminés du gouvernement cubain interdisent les dépôts d’espèces en dollars
À
la fin du mois de juin, pour des raisons qui ne sont toujours pas
claires pour moi, le gouvernement a décidé que les banques
n’accepteraient plus les dépôts en espèces en dollars. Les seuls moyens
de charger des cartes de débit pour acheter dans les magasins des MLC
étaient les virements, et ceux qui avaient des dollars en espèces
auparavant ne pouvaient plus rien en faire. Par conséquent, il n’y avait
pas grand-chose à acheter dans les magasins en pesos cubains et moins
de gens pouvaient acheter dans les magasins en dollars. Les files
d’attente dans les magasins du MLC ont été réduites. La théorie perverse
du ruissellement de l’économiste éclairé a également cessé de
fonctionner. Et le coup de grâce dans l’humeur des masses a été
l’augmentation accélérée des cas de Covid. Ceux-ci ont grimpé en flèche
dans tout le pays au cours des deux dernières semaines, et en
particulier dans la province de Matanzas, atteignant des sommets
inégalés, mettant le système de santé en difficulté et le pays en
mauvaise posture.
Le dimanche 11 juillet 2021
Le jour où les gens sont descendus dans la rue, j’étais dans un bureau d’Etecsa[5],
en train d’acheter du crédit pour passer des appels et envoyer des SMS,
comme si j’avais su qu’ils allaient faire tomber l’internet. Nous
étions une dizaine, assis sur des bancs face à face, à faire la queue,
et la nervosité était palpable dans les bavardages des uns avec les
autres.
J’ai
perçu une certaine panique. Un homme a déclaré avoir vu, avec horreur,
des photos de personnes mortes du Covid dans les couloirs d’un hôpital
de Matanzas. Une vieille dame racontait que pendant les derniers jours
du mois dernier, jusqu’à ce qu’elle et son mari puissent retirer leurs
provisions du carnet de rationnement, ils se sont nourris d’eau sucrée.
Un autre homme a dit qu’avec Fidel, les choses qui se passaient
n’auraient jamais pu avoir lieu et que Cuba ne serait plus jamais la
même. Une dame a mis le doigt sur le problème de comprendre pourquoi des
personnes ont ressenti le besoin de descendre dans la rue ce jour-là.
Elle a dit : « Je pense que le gouvernement a perdu le contrôle de
tout, du coronavirus, de l’économie, de tout ».
Je
doute que cela soit exact, mais c’est la perception qu’en ont de
nombreux Cubains. Les informations dont nous disposons sur les
manifestations, leur portée géographique et sociale, ainsi que sur la
lutte politique qui se déroule au milieu d’elles, sont très limitées. À
cela s’ajoutent les distorsions qui découlent de la guerre médiatique
contre Cuba. Mais on ne peut pas dire que tout est parti en l’air ou
d’une explosion sociale, comme je l’ai dit plus haut. Avant-hier, nous
avons traversé une partie de La Havane pour emmener ma compagne à
l’hôpital pédiatrique et il y avait une normalité absolue dans l’hôpital
et dans les rues. Hier, nous sommes allés à la pharmacie car ils
sortaient des médicaments et à notre grande surprise, nous avons trouvé
l’antibiotique que nous cherchions. Nous nous sommes ensuite rendus au
magasin dans la rue 5ème A, et après la file d’attente habituelle, nous
avons fait notre achat. Et à notre grande surprise, ma carte Visa a
fonctionné même si l’Internet était toujours en panne.
Au
fil des jours, nous connaîtrons plus précisément l’étendue de ce qui
s’est passé, mais la vie continue. Il s’agit sans aucun doute des plus
grandes manifestations depuis la Révolution. Mais ce n’est pas
irrationnel qu’il y ait des gens qui protestent alors que tout plonge
dans le chaos. Nous devons dédramatiser la situation. Nous devons lui
donner la place qui lui revient. L’avenir nous dira si la Révolution se
remet de ces manifestations et de celles à venir, si elle en tire les
leçons ou si elle y succombe. J’espère de tout cœur que la Révolution ne
s’effondrera pas. Si c’est le cas, Cuba deviendrait Haïti en quelques
semaines ou quelques mois. Pas Miami, comme le promet la gusanera. Et à
ma grande tristesse personnelle, mon quartier de Santa Fe deviendrait un
endroit insupportablement pauvre et violent. Comme toutes les
périphéries des villes d’Amérique latine de nos jours…
Juan Habana
Notes
[1] Pour
plus de détail sur ce sujet, consulter « Cubanidad : Survival of Cuban
Cultural Identity in the 21st Century », de Maria Morukian, Swords and
Ploughshares, A journal of international affairs (version online),
volume XIII n° 2, fin 2003, p.6.
[3] La
« période spéciale » de temps de paix de Cuba a été une longue période
de crise économique qui a débuté à la suite de l’effondrement de l’Union
soviétique en 1991 et, par extension, du CAME, ainsi que du
renforcement de l’embargo étasunien depuis 1992. La dépression
économique provoquée par la période spéciale a été particulièrement
grave au début et au milieu des années 1990, le PIB s’étant contracté de
36% au cours de la période 1990-93. À partir de 1994, une reprise s’est
amorcée, le PIB atteignant en 2007 des niveaux similaires à ceux de
1990. Elle se définissait initialement par de sévères restrictions sur
les hydrocarbures sous forme d’essence, de diesel et d’autres dérivés du
carburant que Cuba tirait de ses relations économiques avec l’Union
soviétique. Cette période a transformé la société cubaine et son
économie, ce qui a conduit Cuba à procéder à des réformes urgentes dans
le domaine de l’agriculture, a entraîné une diminution de l’utilisation
des automobiles et a imposé des révisions dans les domaines de
l’industrie, de la santé et du rationnement.
Olivier
Véran, ex-député socialiste et toutefois médecin hospitalier, adoubé
ministre dit des Solidarités et de la Santé au sein de la Macronie, fait
un appel au peuple des soignants pour partir dare-dare en outre-mer
française, vu que la contamination par le coronavirus y atteint des
sommets.
Comme
si gouverner n'était pas prévoir, le palais de l'Elysée semble
s'apercevoir de la casse de la santé publique en outre-mer. Et donc, il
déshabille la santé publique de la métropole pour boucher les trous
béants en outre-mer. Dans le même temps, il devrait virer de l'hôpital
public les personnels qui ne seraient pas vaccinés. Les commis du
capital en France nous prendraient-ils pour des çons?
En tout cas, le 1er août, invité par LCI,
le médecin Hervé Boissin, qui court également sur d'autres plateaux
d'infos libres et non faussées, professait ex catedra à propos du faible
taux de vaccination dans la France d'outre-mer: « c’est culturel,
y’a d’autres sources d’information, je ne vais pas revenir sur les
vaudous mais ça existe toujours dans ces territoires » et « beaucoup de problèmes viennent de la culture et le rhum ne guérit pas tout ».
"Mais qu'est-c'que t'as Doudou, dis donc". Air bien connu.
C'est
le peuple cubain qui a payé avec des milliers de vies le droit de
décider de son avenir en paix, c’est pour la justice que les jeunes gens
de la Génération du Centenaire ont attaqué la caserne Moncada et qu'ils
sont arrivés jusqu'à aujourd’hui en la protégeant
Photo : Affiches.
Le romancier Mario Vargas Llosa a déclaré dans les pages du quotidien espagnolEl Paísque Cuba était une« dictature militaire »et que, pour parvenir à cette conclusion, il avait eu des informations en lisant les« chroniques des correspondants ».On
peut ne pas partager son opinion, mais il faut d’abord comprendre que
pour un écrivain de fiction, comme il en est un, et parmi les meilleurs,
la vérité, ce n'est pas le plus important ; et c'est précisément la
vérité qui a fait défaut dans les reportages sur Cuba publiés par les
grands médias.
La
presse, qui réclame à Cuba la pluralité depuis des décennies, a une
nouvelle fois construit un récit dans lequel toute voix qui s'identifie à
la Révolution cubaine est exclue. Et cette fois, elle est allée encore
plus loin. Aussi bien leNew York TimesqueCNNse
sont appropriés des images de révolutionnaires dans les rues de La
Havane et les ont fait passer pour des manifestations
antigouvernementales. Ils ne peuvent rien faire d’autre, car pour parler
de« manifestations pacifiques »,il
faut des symboles, comme les drapeaux cubains et celui du 26 juillet
que portaient les révolutionnaires sur des photos que la presse
corporatiste a attribuées le plus souvent à la contre-révolution, et
aussi des idées, comme celles exprimées sur les pancartes queFox Newss’est empressée d'effacer lors de l'interview du sénateur étasunien Ted Cruz.
Il
est curieux que les manifestants que ces médias présentent comme des
personnes tourmentées uniquement par les coupures d'électricité et
d'eau, lesquelles tourmentent également tous ceux qui sont descendus
dans la rue pour défendre la Révolution, ne l'aient pas exprimé sur des
pancartes ou par des slogans. Scander « liberté » – le mot qui, selon
Frances Stonor Saunders, auteure du livreQui mène la danse – La CIA et la guerre froide culturelle,
est en tête de presque tous les projets de propagande de Washington –
ou reprendre en chœur des couplets de chansons fabriquées à Miami dans
le feu du chantage et de l'extorsion, à un moment où la COVID-19 a
laissé de nombreux musiciens sans revenus faute de concerts, n'est pas
exactement un symptôme de spontanéité.« Spontanéité »dont
a fait preuve le conseiller pour l'Amérique latine au Conseil national
de sécurité des États-Unis, Juan Gonzalez, lorsqu’il a déclaré à un
youtuber trumpiste qu'ils allaient« continuer à soutenir ces artistes, ces journalistes »qu'il appelle indépendants, dans un oxymore que la littérature devrait recueillir pour l'anthologie universelle du cynisme.
Quant
à Joe Biden, il pourrait rivaliser avec M. Gonzalez pour le même genre
de déclaration. Après la mise en lumière de l’usage fait par son
gouvernement des plateformes telles que Twitter et Facebook visant à
inciter à la violence à Cuba, Biden a déclaré àCNNque« la désinformation sur les réseaux sociaux peut tuer des gens ».Or,
s’agissant de la question de Cuba, le président démocrate est le plus
fidèle des partisans de Donald Trump, non seulement pour avoir maintenu
en place les 243 mesures avec lesquelles ce dernier s’était chargé de
colmater toutes les brèches par lesquelles l'économie cubaine pouvait
échapper à la guerre économique, mais aussi pour ses alliances avec le
secteur le plus trumpiste du sud de la Floride.
C'est
ce même Biden qui avait fait campagne en critiquant sans merci la
politique de Trump, y compris celle suivie contre Cuba, et avait
préconisé d'emprisonner les manifestants qui avaient envahi le Capitole à
Washington le 6 janvier dernier, ainsi que leur instigateur qui l'avait
précédé dans ses fonctions, mais il approuve le fait que les trumpistes
cubains appellent à prendre le Capitole de La Havane sur les réseaux
numériques.
On
sait désormais qu'il n'y a eu aucune spontanéité à San Antonio de los
Baños, que des personnes depuis Miami, dont les noms et prénoms ont été
publiés, ont incité et encouragé à la manifestation. Depuis des mois, on
a mis un prix au vandalisme et chaque acte délictueux est côté sur les
réseaux numériques, par exemple pour caillasser une vitrine ou incendier
une voiture de police, même si malheureusement les médias auprès
desquels Vargas Llosa« s’informe »,et une grande partie du monde, continuent à ne parler que de« protestations spontanées »et de « manifestants pacifiques » à Cuba. Pas un mot pour les professeurs d'université blessés par les« pacifiques »,ni
pour les mères, les médecins et les infirmières terrifiés par les jets
de pierres contre l'hôpital pédiatrique de Cardenas, ni pour les femmes
de l'ambassade de Cuba à Paris dont la vie et celle de leurs enfants ont
été mises en danger lorsque les instigateurs« pacifiques »du 11 juillet, poussés par la frustration, ont attaqué avec des cocktails Molotov le siège diplomatique de Cuba en France.
Après avoir échoué à imposer la terreur à Cuba, comme dans les années 1970, ils tentent à nouveau« la guerre sur les routes du monde »,menée
par des personnages de triste mémoire au service de la CIA, dont la
sinistre besogne a coûté la vie à de nombreux Cubains et étrangers.
Ceux
qui prédisaient depuis des décennies que, comme en URSS, le socialisme
cubain allait tomber sans que les révolutionnaires ne le défendent ont
été contredits par les faits et, faisant mine d'oublier leurs
prédictions, ils accusent le président cubain d’être responsable de la
violence, afin de dissimuler sous des analyses la défaite de leurs
vieilles aspiration. Ils passent sous silence Roger Waters, une légende
de la musique mondiale, lorsqu'il défend Cuba, et amplifient ceux qui,
sans avoir plus de stature artistique que Waters, corroborent ce que dit
Biden. Quelle importance accordent-ils à l'art, à la liberté
d'expression ? Qui est maintenant le« larbin docile de la pensée officielle », Waters ou Vargas Llosa ?
L'agression
impériale contre Cuba est plus forte que jamais. Démocrates et
républicains, tous pro-Trump font front commun lorsqu'il s'agit
d'écraser Cuba. Le blocus renforcé et la violence induite fournissent la
matière première pour que des journaleux qui émargent en dollars nous
présentent la réalité telle que l'empire le leur demande comme si
c’était leurs propres idées. Quoi qu’il en soit, ce que nous ferons ici
sera toujours déterminant, en rassemblant tous les patriotes et toutes
les personnes honnêtes, à Cuba et dans le monde.
Comme
le 5 août 1994, le 11 juillet doit être un tournant pour ceux d'entre
nous qui défendent la Révolution cubaine. Il ne suffit pas de la
défendre un jour contre les complots impérialistes ; la défendre, c'est
aussi faire face chaque jour à nos manques de sensibilité, nos
dogmatismes et nos médiocrités. C'est au moment le plus difficile de la
période spéciale que Raul a parcouru le pays pour analyser de manière
critique la façon dont les principaux cadres de chaque province
faisaient face à ces circonstances défavorables et avec un énergique« Oui, c’est possible »avec la direction ferme et intelligente de Fidel, il a contribué de manière décisive à l'unité du pays pour aller de l'avant.
Les
ennemis tentent de séparer le peuple et le gouvernement, le peuple et
le Parti, car ils savent que l'unité est notre ressource la plus
précieuse. Une unité qui n’inclut ni les annexionnistes, ni les vendus
ni les corrompus ; une unité qui est érodée par des pratiques négatives
qui ne peuvent pas représenter la Révolution. Les bulles de confort sont
aliénantes sur les réseaux numériques, mais aussi dans les processus de
direction. Ce n'est pas en nous entourant de ceux qui ne disent que ce
qu'ils pensent que le chef veut entendre que nous pourrons conduire la
transformation révolutionnaire de la réalité.
Celui
qui promet et ne tient pas ses promesses ; celui qui, loin de l'exemple
personnel, a appelé depuis ses fonctions à une participation active sur
les réseaux sociaux et qui aujourd'hui – désormais sans cette
responsabilité – garde le silence sur son profil dans des moments de
définition, ou pire, flirte avec ceux qui nous condamnent, fait autant
de dégâts que plusieurs plans subversifs réunis. L'exclusion de la
critique honnête et frontale au profit de l'opportuniste qui, loin de
servir le peuple et la Révolution, ne veut que se perpétuer dans ses
fonctions, est un virus qui a pour vaccin l'intégrité des candidats face
à l'adulation.
Nous
vivons une guerre symbolique. La dignité du cri du boxeur Julio César
La Cruz à Tokyo, nous a rappelé que nous n'avons pas toujours estimé le
symbolique à sa juste valeur, alors que les productions à caractère
épique ou ludique destinées à nos plus jeunes compatriotes sont devenues
de plus en plus rares, et que nous savons, grâce à Fidel, que
l'approche désidéologisante, économiciste et à courte vue de la culture
et du sport ne doit pas prévaloir parmi nous.
Ne
pas communiquer efficacement sur les nouvelles circonstances de la
lutte idéologique à l'époque d'Internet, le traitement bureaucratique de
revendications légitimes telles que celle ne pas se résigner à la file
d'attente comme méthode de distribution, la démobilisation qui ne
considère pas le peuple comme le protagoniste central de la
confrontation avec l'impérialisme, la sous-estimation du coût de ne pas
se préparer culturellement à l'échelle de toute la société au scénario
numérique, la dévalorisation des méthodes fidélistes de reconnexion avec
les secteurs sociaux vulnérables, la vision technocratique des
solutions, ne sont pas des pratiques révolutionnaires et doivent être
écartées de notre pratique politique.
Au
nom de cette unité, le Premier secrétaire de notre Parti a appelé à
défendre la paix pour tous et toutes, à l'instar des vaccins, des écoles
et des hôpitaux qui, depuis plus de 60 ans à Cuba, ne posent jamais à
personne la question de l’affiliation politique. Nous défendons la paix,
même pour ceux qui sont descendus dans la rue pour la mettre en pièce,
parce que les bombes qui tomberaient ici, si nous nous divisions,
feraient plaisir à ceux qui les exigent contre nous confortablement
installés à 90 miles de distance, des bombes cependant qui n'auraient ni
noms ni prénoms, et ne demanderaient pas si vous êtes révolutionnaire
ou non.
C'est
le peuple cubain qui a payé avec des milliers de vies le droit de
décider de son avenir en paix, c’est pour la justice que les jeunes gens
de la Génération du Centenaire ont attaqué la caserne Moncada et qu'ils
sont arrivés jusqu'à aujourd’hui en la protégeant, et nous devons être à
leur hauteur, avec tous les Cubains qui veulent une Cuba libérée du
joug yankee, quoi que fassent et quoi que disent les impérialistes,
qu'ils s’appellent Joe Biden ou Donald Trump.
CONTRE LE PASS SANITAIRE: COMPLOTISME, OBSCURANTISME, MAIS PAS UNIQUEMENT
Note de Pedrito.
Très pertinente, cette contribution citoyenne de X. relevée sur un site ami. Une analyse combien lucide qui devrait faire s'interroger ceux qui manifestent et n'ont aucun problème de soins et de survie, ou qui pensent que la situation politique, humaine, des pays et des peuples qui luttent pour mieux vivre sur la planète, est figée pour l'éternité.
Les paragraphes en noir sont surlignés par Pedrito
L’opposition au pass sanitaire relève de l’obscurantisme et du complotisme, c’est vrai mais pas uniquement.
Cette opposition dépasse le cadre de l’extrême-droite. Elle repose aussi
sur le rêve de “liberté” d’une partie de la petite-bourgeoisie, qu’on
retrouve aussi bien chez les Insoumis.
Le paradoxe est que cette “liberté” a été vendue comme la
caractéristique exclusive du capitalisme et du libéralisme, opposée au totalitarisme du socialisme et au régime des dictateurs de divers pays. L’épreuve de la pandémie remet en question la notion de liberté individuelle. Il apparaît que le salut collectif – et donc individuel aussi – dépend d’une discipline collective.
Mais comme c’est dur à avaler !
Discipline collective que le gouvernement de la bourgeoisie a rejetée
à plusieurs reprises, pour des raisons idéologiques, économiques ou
purement électoralistes, répondant par exemple aux récriminations de
certains boutiquiers contre les mesures de température dans leur
magasin.
On a vu aussi le port du masque discrédité, les tests réduits à la
convenance personnelle, le contrôle électronique sur mobile limité à sa
plus simple expression, etc. Évidemment – et Laurent ne me contredira pas sur cela pour l’avoir
lui-même justement dénoncé – l’absence de contrôle collectif dans
l’intérêt du peuple est à l’origine de l’échec des confinements
successifs et de la reprise des infections à chaque déconfinement, avec à
la clé la généralisation des foyers infectieux dès les premiers mois.
D’un samedi à l’autre, les manifestants sont passés de 100 000 à
200 000, puis à 480 000 selon France-Police aujourd’hui. C’est une
réaction au sens médical, comme une éruption cutanée sur un vaccin
justement, mais pas au sens étroitement « historique » puisque la
Réaction s’opposait aux principes libéraux issus de la Révolution
française : bon nombre de manifestants crient « liberté » et brandissent
des drapeaux tricolores. Ce ne sont pas tous des néo fascistes pour autant. Ils ne sont pas
réactionnaires par rapport aux traditions bourgeoises libérales, ils le
sont par rapport à la transformation inévitable de notre société, par
rapport à la nécessité d’adapter les institutions, l’idéologie, les
principes fondateurs de la société et la propriété des moyens de
production au caractère social de la production, au caractère social de
l’écologie, au caractère social de la protection sanitaire.
Comme la peste noire médiévale avait ébranlé le féodalisme,
ou comme les grandes guerres l’ont fait avec le capitalisme, la
pandémie met à l’épreuve la société bourgeoise libérale impérialiste
jusque dans ses principes fondateurs.
CONTRE LE PASS SANITAIRE: COMPLOTISME, OBSCURANTISME, MAIS PAS UNIQUEMENT
Note de Pedrito.
Très pertinente, cette contribution citoyenne de X. relevée sur un site ami. Une analyse combien lucide qui devrait faire s'interroger ceux qui manifestent et n'ont aucun problème de soins et de survie, ou qui pensent que la situation politique, humaine, des pays et des peuples qui luttent pour mieux vivre sur la planète, est figée pour l'éternité.
Les paragraphes en noir sont surlignés par Pedrito
L’opposition au pass sanitaire relève de l’obscurantisme et du complotisme, c’est vrai mais pas uniquement.
Cette opposition dépasse le cadre de l’extrême-droite. Elle repose aussi sur le rêve de “liberté” d’une partie de la petite-bourgeoisie, qu’on retrouve aussi bien chez les Insoumis.
Le paradoxe est que cette “liberté” a été vendue comme la caractéristique exclusive du capitalisme et du libéralisme, opposée au totalitarisme du socialisme et au régime des dictateurs de divers pays.
L’épreuve de la pandémie remet en question la notion de liberté individuelle. Il apparaît que le salut collectif – et donc individuel aussi – dépend d’une discipline collective.
Mais comme c’est dur à avaler !
Discipline collective que le gouvernement de la bourgeoisie a rejetée à plusieurs reprises, pour des raisons idéologiques, économiques ou purement électoralistes, répondant par exemple aux récriminations de certains boutiquiers contre les mesures de température dans leur magasin.
On a vu aussi le port du masque discrédité, les tests réduits à la convenance personnelle, le contrôle électronique sur mobile limité à sa plus simple expression, etc.
Évidemment – et Laurent ne me contredira pas sur cela pour l’avoir lui-même justement dénoncé – l’absence de contrôle collectif dans l’intérêt du peuple est à l’origine de l’échec des confinements successifs et de la reprise des infections à chaque déconfinement, avec à la clé la généralisation des foyers infectieux dès les premiers mois.
D’un samedi à l’autre, les manifestants sont passés de 100 000 à 200 000, puis à 480 000 selon France-Police aujourd’hui. C’est une réaction au sens médical, comme une éruption cutanée sur un vaccin justement, mais pas au sens étroitement « historique » puisque la Réaction s’opposait aux principes libéraux issus de la Révolution française : bon nombre de manifestants crient « liberté » et brandissent des drapeaux tricolores.
Ce ne sont pas tous des néo fascistes pour autant. Ils ne sont pas réactionnaires par rapport aux traditions bourgeoises libérales, ils le sont par rapport à la transformation inévitable de notre société, par rapport à la nécessité d’adapter les institutions, l’idéologie, les principes fondateurs de la société et la propriété des moyens de production au caractère social de la production, au caractère social de l’écologie, au caractère social de la protection sanitaire.
Comme la peste noire médiévale avait ébranlé le féodalisme, ou comme les grandes guerres l’ont fait avec le capitalisme, la pandémie met à l’épreuve la société bourgeoise libérale impérialiste jusque dans ses principes fondateurs.