lundi 9 août 2021

Publié par El Diablo

[un communiqué de Fabien Roussel - PCF]



À la veille des commémorations du 76e anniversaire des bombardements criminels d’Hiroshima et Nagasaki (Japon) par l’armée étasunienne, la menace nucléaire est redevenue plus forte que jamais. La compétition accrue entre États et le développement de nouveaux armements, leur modernisation, et l’extension de leurs arsenaux par les actuelles puissances nucléaires rendent cette menace de nouveau très concrète.

Les dépenses militaires (estimées à 1 917 milliards de dollars en 2019, soit 2,2 % du PIB mondial) atteignent des niveaux records, les ventes d’armes ont augmenté ces dernières années de façon spectaculaire et les armes nucléaires sont à nouveau, dans certains Etats-Majors, « la moins mauvaise des options » à envisager en cas de guerre. Rien, non plus, ne met quiconque à l’abri d’accidents...

La France, aujourd’hui 3e puissance nucléaire, pourrait pourtant jouer un rôle tout différent. Elle se devrait de faire entendre une voix forte, indépendante, qui contribue à ouvrir les chemins de la sécurité humaine collective, les chemins de la paix.

D’abord, parce que c’est indispensable, ensuite parce que c’est urgent, enfin parce que c’est possible.

L’humanité se débat face à la pandémie du Covid et la crise sanitaire mondiale, face aux conséquences du réchauffement climatique, à l’explosion générale des inégalités sociales et économiques, à l’accès aux ressources naturelles ici et aux crises humanitaires là.

Cela appelle des réponses politiques qui fassent prévaloir sans hésitation les intérêts communs et la solidarité internationale sur les intérêts des marchés et du capital, et qui permettent de mobiliser l’ensemble des ressources humaines, scientifiques, technologiques et financières en France et dans le monde pour assurer la sécurité sanitaire, sociale, écologique et économique des peuples qui partagent une même aspiration à la paix. Il ne saurait exister d’ « îlots de prospérité et de paix » dans un monde pétri d’inégalités et de dominations.

Dans le respect de ses engagements internationaux, en particulier de l’article 6 du Traité de non prolifération (TNP), la France est attendue par le vaste mouvement des États qui ont signé et ratifié le Traité international d’interdiction des armes nucléaires (TIAN), entré en vigueur le 22 janvier dernier. Un choix soutenu par 67 % des Français-e-s la seule fois où la question leur fut posée en 2018.

Le désarmement nucléaire multilatéral, la valorisation de cadres multilatéraux où la parole et les exigences des peuples sont respectées, le développement de cadres communs de coopération et de sécurité collective formeraient ainsi les trois premiers objectifs politiques d’une France qui décide de s'émanciper de la tutelle des États-Unis et de l'OTAN.

C'est dans cet esprit que je participerai et que le PCF appelle à participer massivement à la journée internationale de la paix du 21 septembre et aux marches du samedi 25 septembre « pour la paix, le désarmement nucléaire et le climat, pour la justice sociale et les droits humains » organisées à l’appel du collectif national des Marches pour la Paix, dans le cadre de la journée internationale des Nations Unies pour l’élimination totale des armes nucléaires.

Fabien Roussel,

Secrétaire national du PCF, député du Nord,

 

CUBA DEVIENDRAIT HAÏTI.....SI.....


 

NBH a décidé de publier un article rédigé par par un militant du Parti communiste espagnol vivant à Cuba et publié par la revue en ligne Contretemps.

Ce témoignage, nous semble-t-il, ne doit pas être pris à la légère. Il ne vient pas d'un ennemi de la révolution cubaine. Ce n'est pas un de ces articles dont nous sommes abreuvés du matin au soir dans la presse chien-de-garde. Non, il nous semble un témoignage honnête, écrit avec simplicité et sans simplisme, avec le souci de décrire une part de la réalité  cubaine. Loin de ceux pour qui calomnient Cuba, qui décrivent l'île comme un enfer "totalitaire". Mais loin aussi de ceux qui ferment les yeux pour ne pas voir ce qui dérange leurs certitudes dogmatiques. On a vu avec l'Union Soviétique ce à quoi aboutissent de telles attitudes. 

Dans la lutte contre l'impérialisme criminel à l'échelle mondiale Cuba a été et reste un phare. Toute l'histoire depuis la victoire de Fidel en 1959 plaide afin que nul n'oublie ce que nous devons au peuple cubain.

Cela n'implique pas à nos yeux l'inconditionnalité et l'aveuglement. Les amis se disent la vérité. La critique et l'autocritique font parties des facteurs qui permettent de créer les conditions de dépasser les difficultés, les erreurs et les fautes inhérentes à toute action humaine, en particulier dans des situations de conflictualité violente ou extrême. Que les "barricades n'aient que deux côtés" ne signifie pas qu'il faille se taire pour ne pas "faire le jeu de l'ennemi". C'est ce qui renforce le bon côté de la barricade qui est utile et constructif donc, et y compris, la critique fraternelle de ce qui l'affaiblit. Traiter de contre-révolutionnaires les propositions ou les constats critiques et qualifier ceux qui les font d'ennemis a donné les résultats tragiques que nous connaissons hélas trop bien.

Dans sa conclusion ce camarade espagnol rappelle "J’espère de tout cœur que la Révolution ne s’effondrera pas. Si c’est le cas, Cuba deviendrait Haïti en quelques semaines ou quelques mois." La solidarité avec Cuba ne contredit pas mais au contraire exige la lucidité et le devoir de dire les choses telles qu'elles sont. Et d'aider autant que nous le pouvons les révolutionnaires et le peuple cubain à poursuivre leur marche indépendante vers une société meilleure. 

NBH

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Lorsque je suis retourné à La Havane fin mars pour y rester vivre, l’atmosphère avait considérablement changé. Les gens étaient anxieux, frustrés, fâchés. Un vieux camarade de plus de 80 ans, qui lit et me passe le Granma, m’a dit :  « On est mal. Je ne peux même plus fumer ». J’ai tout compris. Pire encore, j’entendais de temps en temps des gens du quartier dire : « Diaz Canel, singao » [enfoiré]. Puis vient la provocation de la gusanera [« tas de vers-de-terre », surnom donné aux Cubains de Miami à Cuba], avec le clip Patria y Vida[4], en opposition au slogan révolutionnaire Patria o Muerte. Et merde, de temps en temps, je l’entendais en marchant dans le quartier. Même dans une file d’attente dans un magasin un matin, un garçon l’a mis sur son haut-parleur et a produit une altercation avec les agents de la PNR [Police nationale révolutionnaire]. Beaucoup ont défendu le garçon. Et ce n’est pas qu’il ait plein de contre-révolutionnaires. Non, pas du tout. C’est juste que les gens sont fatigués, angoissés et en colère. Je ne sais pas si ces choses se passaient dans les beaux quartiers comme El Vedado, Miramar ou Siboney. Mais là où je vis, à Santa Fé, dans la banlieue

Les Cubains parlent beaucoup. Et ils tournent autour du pot pour dire les choses. La télévision cubaine reflète très bien la cubanité, c’est-à-dire le langage et les traditions partagées par les Cubains, par opposition aux Européens et aux Américains[1]. Ils parlent et parlent du matin au soir. C’est pourquoi je ne la regarde pas. Mais la vérité est que toutes les annonces politiques et économiques importantes sont faites à la télévision. Ainsi, lorsque quelque chose d’important se produit, le lendemain, je lis GranmaCubadebate ou Juventud Rebelde pour connaître les annonces officielles. Le langage écrit est toujours plus structuré, concis et succinct que le langage oral. Le 1er janvier 2021, le gouvernement cubain a annoncé un très important train de mesures économiques[2]. Le samedi 2, ces mesures sont devenues plus claires et plus précises. Le dimanche 3, en lisant la presse et en prenant le café du matin avec ma compagne, je lui ai dit :  « Amour, le gouvernement est devenu fou ». Elle a levé la tête, surprise, a ouvert de grands yeux et m’a demandé pourquoi je disais ça.

« Parce qu’il n’est pas possible d’augmenter cinq fois les prix de la nourriture, de l’électricité, des transports et tout le reste, même si les salaires sont augmentés cinq fois. Comment penser que dans un pays où 3 millions de personnes gagnent un salaire, 500 000 sont des « cuentapropistas » [sorte d’auto-entrepreneurs, notamment dans le petit commerce ou les services] qui peuvent répercuter l’augmentation du coût de la vie sur leurs prix, et 3,5 millions sont des travailleurs informels ou au chômage qui ne pourront rien faire contre les augmentations de prix, comment penser que dans ce pays les choses ne vont pas exploser dans six mois ? »

Plus tard, j’ai écrit avec inquiétude à mes plus proches collègues du Parti et, dans un langage plus politique, je leur ai dit : « N’est-il pas clair pour vous que dans six mois, il y aura une explosion sociale suite à ces mesures, car elles viennent s’ajouter à une pénurie d’aliments et de médicaments telle que nous n’en avons pas vu depuis la  « période spéciale »[3] des années 1990 – due à des causes anciennes, la pandémie et la disparition du tourisme, l’intensification du blocus, l’énorme dépendance à l’égard des aliments et des matières premières, et le manque d’aliments et de matières premières pour l’économie du pays ? Il y aura 3,5 millions de Cubains vivant dans l’informalité et le chômage, qui n’auront pas assez à manger, parce qu’ils auront épuisé toutes leurs réserves, vendu tout ce qu’ils avaient à vendre, emprunté ce qu’ils pouvaient et ne pourront plus rien faire ? ».

Les plus méfiants parmi ces camarades m’ont dit que je ne comprenais pas Cuba, que cela n’arriverait jamais ici, que le gouvernement mettrait en place des aides pour les personnes les plus défavorisées, que les gens faisaient encore confiance à la Révolution et que la Contre-Révolution ne parviendrait pas à obtenir un soutien. De la manière simple et claire que ma pensée a acquise au fil des ans et de l’expérience, j’ai répondu qu’il ne s’agissait pas d’une question de Révolution et de Contre-Révolution. Lorsque les gens descendent dans la rue sous le capitalisme, ils ne le font presque jamais pour des raisons révolutionnaires. Ils le font parce qu’ils passent un très mauvais moment. Et dans le socialisme, ou ce qu’il y en a à Cuba, ou ce qu’il y avait en Union soviétique et en Europe de l’Est, c’est la même chose. Et maintenant, une partie des Cubains est probablement en train de passer un très mauvais moment. Les plus prudents parmi mes camarades du Parti avaient une autre réponse :  « J’espère que cela n’arrivera pas ».

Lorsque je suis retourné à La Havane fin mars pour y rester vivre, l’atmosphère avait considérablement changé. Les gens étaient anxieux, frustrés, fâchés. Un vieux camarade de plus de 80 ans, qui lit et me passe le Granma, m’a dit :  « On est mal. Je ne peux même plus fumer ». J’ai tout compris. Pire encore, j’entendais de temps en temps des gens du quartier dire : « Diaz Canel, singao » [enfoiré]. Puis vient la provocation de la gusanera [« tas de vers-de-terre », surnom donné aux Cubains de Miami à Cuba], avec le clip Patria y Vida[4], en opposition au slogan révolutionnaire Patria o Muerte. Et merde, de temps en temps, je l’entendais en marchant dans le quartier. Même dans une file d’attente dans un magasin un matin, un garçon l’a mis sur son haut-parleur et a produit une altercation avec les agents de la PNR [Police nationale révolutionnaire]. Beaucoup ont défendu le garçon. Et ce n’est pas qu’il ait plein de contre-révolutionnaires. Non, pas du tout. C’est juste que les gens sont fatigués, angoissés et en colère. Je ne sais pas si ces choses se passaient dans les beaux quartiers comme El Vedado, Miramar ou Siboney. Mais là où je vis, à Santa Fé, dans la banlieue ouest de La Havane, là où la ville se termine par des petites maisons précaires, après quoi vient la campagne, c’est cela qui arrivait. Et ce n’est pas étrange. Comme il s’agit d’un quartier plus pauvre, plus noir, où l’on trouve plus de femmes seules avec leurs enfants, où plus de gens vivent dans l’informalité et le chômage, les mesures du 1er janvier 2021 ont frappé plus fort ici. Et je me suis dit :  « Comment peuvent-ils ne pas voir en haut que ça va exploser ? ».

La dévaluation monétaire, et son impact dans le déclenchement de la rébellion

Il n’est pas pertinent ici d’expliquer l’ensemble du plan économique du 1er janvier. Mais il est nécessaire de souligner deux autres faits essentiels pour comprendre pourquoi les gens sont descendus dans la rue le 11 juillet et les jours suivants. Parallèlement à l’augmentation des prix, il a été décidé, le 1er janvier, de fixer un taux de change de 1 USD = 24 CUP [pesos cubains]. En d’autres termes, les prix ont été multipliés par 5, mais le dollar a été maintenu au même taux que celui auquel il était déjà disponible pour le public. Le fait est que seulement 40 % des familles cubaines reçoivent au moins un envoi de fonds par an de l’étranger. Bien sûr, certains reçoivent beaucoup d’argent, d’autres un peu, d’autres exceptionnellement. Certains auront également un salaire, ou un commerce privé, ou seront des travailleurs informels, ou seront au chômage et n’auront rien d’autre. Et dans certains cas, il s’agira de familles nombreuses, dans d’autres de petites familles, et dans de nombreux cas, de familles dont les enfants sont pris en charge par des femmes seules. Sans doute l’impact a-t-il été inégal, mais dans tous les cas, cela a signifié que le pouvoir d’achat des envois de fonds qu’ils recevaient a été divisé par cinq.

Des facteurs qui ont contrebalancé ce résultat peuvent être mentionnés, comme le fait que les prix sur le marché noir ont atteint 1 USD = 50 CUP et plus. Cela a donné un certain répit à la hausse des prix. Ou que l’on a ouvert des magasins où les prix sont en dollars (en réalité ils sont en MLC, Monnaie librement convertible, dont l’origine peut être des dollars, des euros, des francs suisses ou n’importe quelle Visa ou Mastercard) et pour cette raison ils n’ont pas augmenté 5 fois comme cela est arrivé avec les prix en pesos. Ces magasins réservés aux MLC étaient une grande source de tension parmi la population. D’abord, parce que 60 % des familles cubaines ne reçoivent pas de fonds de l’étranger et n’ont pas de MLC pour faire leurs achats dans ces magasins. Deuxièmement, parce que les 3 millions de travailleurs de l’État reçoivent leurs salaires en CUP, leur argent est donc inutile dans les magasins du MLC. Et troisièmement, le facteur le plus irritant pour les gens, les magasins payés en CUP étaient vidés de leurs marchandises, alors que ceux payés en MLC débordaient de mêmes marchandises.

N’est-il pas évident que de telles choses poussent les gens dans la rue ? Toutefois, il ne faut pas croire que l’intérêt désespéré de l’État pour capter des dollars est dénué de sens. Ce n’est pas du tout le cas. C’est très rationnel. Mais toute rationalité est limitée. Et celle-ci l’était beaucoup. Cuba, comme tous les pays d’Amérique latine, souffre de l’héritage colonial de la monoculture et du fait que celle-ci a été prolongée jusqu’à très tard. Lorsque l’Union soviétique s’est effondrée en 1991 et a cessé d’acheter du sucre cubain, 80 à 90 % des exportations du pays ont disparu d’un seul coup. L’économie s’est effondrée et sans la Révolution et les communistes, nous aurions vu sur l’île les scènes de faim, de pauvreté et de destruction que nous voyons en Afrique sub-saharienne. Les empêcher a été leur plus grand exploit.

Une économie dépendante des importations

Mais après 30 ans d’efforts pour modifier sa matrice productive, le pays traîne toujours une énorme dépendance à l’égard des denrées alimentaires et des matières premières. En 2019, les chiffres de la balance commerciale des marchandises sont effrayants. Quelque 10 milliards d’USD d’importations, contre quelque 2,5 milliards d’USD d’exportations. C’est un ratio insoutenable.

En revanche, la plus grande invention cubaine de ces décennies a été l’exportation de services médicaux. Beaucoup plus réussie que le tourisme. Je ne sais pas si c’est Fidel, Chávez ou quelqu’un d’autre qui l’a inventé. Les médecins, les infirmières et les techniciens de la santé cubains ont sauvé le pays et permettent qu’il fonctionne encore. Ils rapportent peut-être 6 ou 8 milliards de dollars par an, ce qui contrebalance le déséquilibre du commerce extérieur.

Mais la disparition du tourisme à la suite de la pandémie a été un coup terrible en 2020. Avec la perte des touristes, Cuba a perdu quelque 3 milliards de dollars de revenus par an. En raison de la dépendance alimentaire du pays, l’île importe 80 % de ce que nous mangeons. En 2019, cela représentait environ 2 milliards de dollars. Cela signifie qu’avec le tourisme,  l’équivalent d’une fois et demi de l’argent nécessaire à l’importation de nourriture par an a disparu. C’est la raison de la pénurie actuelle de nourriture, de médicaments et de tout le reste. L’État ne dispose pas des fonds nécessaires pour les importer ou pour importer les matières premières requises pour les produire ici. Il faut ajouter à cela le blocus yankee et les prix supplémentaires que Cuba doit payer pour importer quoi que ce soit, en raison de la menace de sanctions étasuniennes contre ses partenaires commerciaux. Un blocus criminel qui représente un coût de quelque 5 milliards de dollars par an.

C’est pourquoi le gouvernement a augmenté les prix de tout 5 fois et a laissé inchangé le taux de change à 1 USD = 24 CUP. Pour capter 5 fois plus de dollars. C’est pourquoi les magasins ont été ouverts aux MLC. Capter chaque dollar utilisé pour acheter une livre de riz, afin d’importer une autre livre de riz, à mettre sur la même étagère. Le gouvernement ne peut rien faire avec les pesos cubains qui proviennent des magasins CUP. Ils sont inutiles pour importer et réapprovisionner les aliments qui sortent de ces magasins.

Mais à ce stade, un économiste illuminé a peut-être eu une idée atroce. Pourquoi ne pas vider les magasins CUP et remplir de marchandises les magasins MLC ? De cette façon, nous attirerons encore plus de dollars. Ceux qui n’ont que des pesos cubains n’auront d’autre choix que d’acheter des choses à ceux qui ont des dollars. Ceux-ci nous donneront à leur tour encore plus de dollars, à acheter pour les vendre aux autres. De cette façon, les marchandises en MLC ruisselleraient sur ceux qui n’ont que des CUP. Le problème est que ces derniers paieront encore plus cher pour les marchandises. Et dans une situation de pénurie générale, ils paieront 2, 3 et 4 fois la valeur du magasin. Le coût de la vie et la réduction de la capacité de consommation ont augmenté dans la même proportion. Par exemple, une canette de bière Cristal dans un magasin MLC coûte 1,25 USD soit 30 CUP. Dans la rue aujourd’hui, elle coûte 100 CUP soit 4 USD.

C’est très bien de capturer des dollars pour importer de la nourriture, des médicaments, du pétrole et tout le reste. Mais des contrepoids sociaux étaient nécessaires pour assurer certains minima à ceux qui n’ont pas de dollars et vivent en pesos, et surtout, à ceux qui n’ont pas de commerce privé ou de salaire. Ces contrepoids brillaient par leur absence. L’un des moments les plus tristes de ces mois pour moi a été lorsqu’un ministre a dit comme si de rien n’était :  « Les gens doivent comprendre qu’à Cuba, à partir de maintenant, il sera très difficile de vivre sans travailler ». Mais compadre [compère], comment les 3,5 millions de personnes qui vivent dans l’informalité ou le chômage pourraient-elles trouver un emploi, si l’économie stagne du fait de causes anciennes, la pandémie et la disparition du tourisme, l’intensification du blocus, l’énorme dépendance vis-à-vis des aliments et des matières premières ? La table était mise pour que la population descende dans la rue.

 

Les mesures incendiaires du Département d’État des États-Unis

Les Yankees ont clairement compris la situation et font tout leur possible pour rendre difficile l’arrivée des dollars à l’île. Ils ont obligé Western Union à cesser ses activités dans le pays et ont menacé de sanctions les entreprises qui effectuaient des transferts vers l’île. Beaucoup ont cessé de le faire. Le gouvernement cubain, encore plus désespéré pour capter des dollars, a retardé la remise des fonds aux bénéficiaires afin de les utiliser pour payer les importations. D’autres sociétés de transfert de fonds ont cessé de travailler avec l’île à cause de cela. En fin de compte, il n’y avait pratiquement aucun moyen pour les dollars d’atteindre le pays autrement que par les « mules » [porteurs individuels], et le gouvernement avait moins de dollars à capturer pour les utiliser pour les importations.

Les économistes illuminés du gouvernement cubain interdisent les dépôts d’espèces en dollars

À la fin du mois de juin, pour des raisons qui ne sont toujours pas claires pour moi, le gouvernement a décidé que les banques n’accepteraient plus les dépôts en espèces en dollars. Les seuls moyens de charger des cartes de débit pour acheter dans les magasins des MLC étaient les virements, et ceux qui avaient des dollars en espèces auparavant ne pouvaient plus rien en faire. Par conséquent, il n’y avait pas grand-chose à acheter dans les magasins en pesos cubains et moins de gens pouvaient acheter dans les magasins en dollars. Les files d’attente dans les magasins du MLC ont été réduites. La théorie perverse du ruissellement de l’économiste éclairé a également cessé de fonctionner. Et le coup de grâce dans l’humeur des masses a été l’augmentation accélérée des cas de Covid. Ceux-ci ont grimpé en flèche dans tout le pays au cours des deux dernières semaines, et en particulier dans la province de Matanzas, atteignant des sommets inégalés, mettant le système de santé en difficulté et le pays en mauvaise posture.

Le dimanche 11 juillet 2021

Le jour où les gens sont descendus dans la rue, j’étais dans un bureau d’Etecsa[5], en train d’acheter du crédit pour passer des appels et envoyer des SMS, comme si j’avais su qu’ils allaient faire tomber l’internet. Nous étions une dizaine, assis sur des bancs face à face, à faire la queue, et la nervosité était palpable dans les bavardages des uns avec les autres.

J’ai perçu une certaine panique. Un homme a déclaré avoir vu, avec horreur, des photos de personnes  mortes du Covid dans les couloirs d’un hôpital de Matanzas. Une vieille dame racontait que pendant les derniers jours du mois dernier, jusqu’à ce qu’elle et son mari puissent retirer leurs provisions du carnet de rationnement, ils se sont nourris d’eau sucrée. Un autre homme a dit qu’avec Fidel, les choses qui se passaient n’auraient jamais pu avoir lieu et que Cuba ne serait plus jamais la même. Une dame a mis le doigt sur le problème de comprendre pourquoi des personnes ont ressenti le besoin de descendre dans la rue ce jour-là. Elle a dit :  « Je pense que le gouvernement a perdu le contrôle de tout, du coronavirus, de l’économie, de tout ».

Je doute que cela soit exact, mais c’est la perception qu’en ont de nombreux Cubains. Les informations dont nous disposons sur les manifestations, leur portée géographique et sociale, ainsi que sur la lutte politique qui se déroule au milieu d’elles, sont très limitées. À cela s’ajoutent les distorsions qui découlent de la guerre médiatique contre Cuba. Mais on ne peut pas dire que tout est parti en l’air ou d’une explosion sociale, comme je l’ai dit plus haut. Avant-hier, nous avons traversé une partie de La Havane pour emmener ma compagne à l’hôpital pédiatrique et il y avait une normalité absolue dans l’hôpital et dans les rues. Hier, nous sommes allés à la pharmacie car ils sortaient des médicaments et à notre grande surprise, nous avons trouvé l’antibiotique que nous cherchions. Nous nous sommes ensuite rendus au magasin dans la rue 5ème A, et après la file d’attente habituelle, nous avons fait notre achat. Et à notre grande surprise, ma carte Visa a fonctionné même si l’Internet était toujours en panne.

Au fil des jours, nous connaîtrons plus précisément l’étendue de ce qui s’est passé, mais la vie continue. Il s’agit sans aucun doute des plus grandes manifestations depuis la Révolution. Mais ce n’est pas irrationnel qu’il y ait des gens qui protestent alors que tout plonge dans le chaos. Nous devons dédramatiser la situation. Nous devons lui donner la place qui lui revient. L’avenir nous dira si la Révolution se remet de ces manifestations et de celles à venir, si elle en tire les leçons ou si elle y succombe. J’espère de tout cœur que la Révolution ne s’effondrera pas. Si c’est le cas, Cuba deviendrait Haïti en quelques semaines ou quelques mois. Pas Miami, comme le promet la gusanera. Et à ma grande tristesse personnelle, mon quartier de Santa Fe deviendrait un endroit insupportablement pauvre et violent. Comme toutes les périphéries des villes d’Amérique latine de nos jours…

Juan Habana

Notes

[1] Pour plus de détail sur ce sujet, consulter « Cubanidad : Survival of Cuban Cultural Identity in the 21st Century », de Maria Morukian, Swords and Ploughshares, A journal of international affairs (version online), volume XIII n° 2, fin 2003, p.6.

[2] https://alencontre.org/ameriques/amelat/cuba/cuba-le-cuc-cessera-de-circuler-le-1er-janvier-2021.html

[3] La « période spéciale » de temps de paix de Cuba a été une longue période de crise économique qui a débuté à la suite de l’effondrement de l’Union soviétique en 1991 et, par extension, du CAME, ainsi que du renforcement de l’embargo étasunien depuis 1992. La dépression économique provoquée par la période spéciale a été particulièrement grave au début et au milieu des années 1990, le PIB s’étant contracté de 36% au cours de la période 1990-93. À partir de 1994, une reprise s’est amorcée, le PIB atteignant en 2007 des niveaux similaires à ceux de 1990. Elle se définissait initialement par de sévères restrictions sur les hydrocarbures sous forme d’essence, de diesel et d’autres dérivés du carburant que Cuba tirait de ses relations économiques avec l’Union soviétique. Cette période a transformé la société cubaine et son économie, ce qui a conduit Cuba à procéder à des réformes urgentes dans le domaine de l’agriculture, a entraîné une diminution de l’utilisation des automobiles et a imposé des révisions dans les domaines de l’industrie, de la santé et du rationnement.

[4] https://m.youtube.com/watch?v=pP9Bto5lOEQ

[5] Empresa de Telecomunicaciones de Cuba S.A. – Entreprise de Télécommunications de Cuba

 

Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

Pandémie en outre-mer: déshabiller Pierre pour habiller Jacques

Olivier Véran, ex-député socialiste et toutefois médecin hospitalier, adoubé ministre dit des Solidarités et de la Santé au sein de la Macronie, fait un appel au peuple des soignants pour partir dare-dare en outre-mer française, vu que la contamination par le coronavirus y atteint des sommets.

Comme si gouverner n'était pas prévoir, le palais de l'Elysée semble s'apercevoir de la casse de la santé publique en outre-mer. Et donc, il déshabille la santé publique de la métropole pour boucher les trous béants en outre-mer. Dans le même temps, il devrait virer de l'hôpital public les personnels qui ne seraient pas vaccinés. Les commis du capital en France nous prendraient-ils pour des çons?

En tout cas, le 1er août, invité par LCI, le médecin Hervé Boissin, qui court également sur d'autres plateaux d'infos libres et non faussées, professait ex catedra à propos du faible taux de vaccination dans la France d'outre-mer: « c’est culturel, y’a d’autres sources d’information, je ne vais pas revenir sur les vaudous mais ça existe toujours dans ces territoires » et « beaucoup de problèmes viennent de la culture et le rhum ne guérit pas tout ».

"Mais qu'est-c'que t'as Doudou, dis donc". Air bien connu.

 


 

Photo : Affiches.
 
Le romancier Mario Vargas Llosa a déclaré dans les pages du quotidien espagnol El País que Cuba était une « dictature militaire » et que, pour parvenir à cette conclusion, il avait eu des informations en lisant les « chroniques des correspondants ». On peut ne pas partager son opinion, mais il faut d’abord comprendre que pour un écrivain de fiction, comme il en est un, et parmi les meilleurs, la vérité, ce n'est pas le plus important ; et c'est précisément la vérité qui a fait défaut dans les reportages sur Cuba publiés par les grands médias.

La presse, qui réclame à Cuba la pluralité depuis des décennies, a une nouvelle fois construit un récit dans lequel toute voix qui s'identifie à la Révolution cubaine est exclue. Et cette fois, elle est allée encore plus loin. Aussi bien le New York Times que CNN se sont appropriés des images de révolutionnaires dans les rues de La Havane et les ont fait passer pour des manifestations antigouvernementales. Ils ne peuvent rien faire d’autre, car pour parler de « manifestations pacifiques », il faut des symboles, comme les drapeaux cubains et celui du 26 juillet que portaient les révolutionnaires sur des photos que la presse corporatiste a attribuées le plus souvent à la contre-révolution, et aussi des idées, comme celles exprimées sur les pancartes que Fox News s’est empressée d'effacer lors de l'interview du sénateur étasunien Ted Cruz.

Il est curieux que les manifestants que ces médias présentent comme des personnes tourmentées uniquement par les coupures d'électricité et d'eau, lesquelles tourmentent également tous ceux qui sont descendus dans la rue pour défendre la Révolution, ne l'aient pas exprimé sur des pancartes ou par des slogans. Scander « liberté » – le mot qui, selon Frances Stonor Saunders, auteure du livre Qui mène la danse – La CIA et la guerre froide culturelle, est en tête de presque tous les projets de propagande de Washington – ou reprendre en chœur des couplets de chansons fabriquées à Miami dans le feu du chantage et de l'extorsion, à un moment où la COVID-19 a laissé de nombreux musiciens sans revenus faute de concerts, n'est pas exactement un symptôme de spontanéité. « Spontanéité » dont a fait preuve le conseiller pour l'Amérique latine au Conseil national de sécurité des États-Unis, Juan Gonzalez, lorsqu’il a déclaré à un youtuber trumpiste qu'ils allaient « continuer à soutenir ces artistes, ces journalistes » qu'il appelle indépendants, dans un oxymore que la littérature devrait recueillir pour l'anthologie universelle du cynisme.

Quant à Joe Biden, il pourrait rivaliser avec M. Gonzalez pour le même genre de déclaration. Après la mise en lumière de l’usage fait par son gouvernement des plateformes telles que Twitter et Facebook visant à inciter à la violence à Cuba, Biden a déclaré à CNN que « la désinformation sur les réseaux sociaux peut tuer des gens ». Or, s’agissant de la question de Cuba, le président démocrate est le plus fidèle des partisans de Donald Trump, non seulement pour avoir maintenu en place les 243 mesures avec lesquelles ce dernier s’était chargé de colmater toutes les brèches par lesquelles l'économie cubaine pouvait échapper à la guerre économique, mais aussi pour ses alliances avec le secteur le plus trumpiste du sud de la Floride.

C'est ce même Biden qui avait fait campagne en critiquant sans merci la politique de Trump, y compris celle suivie contre Cuba, et avait préconisé d'emprisonner les manifestants qui avaient envahi le Capitole à Washington le 6 janvier dernier, ainsi que leur instigateur qui l'avait précédé dans ses fonctions, mais il approuve le fait que les trumpistes cubains appellent à prendre le Capitole de La Havane sur les réseaux numériques.

On sait désormais qu'il n'y a eu aucune spontanéité à San Antonio de los Baños, que des personnes depuis Miami, dont les noms et prénoms ont été publiés, ont incité et encouragé à la manifestation. Depuis des mois, on a mis un prix au vandalisme et chaque acte délictueux est côté sur les réseaux numériques, par exemple pour caillasser une vitrine ou incendier une voiture de police, même si malheureusement les médias auprès desquels Vargas Llosa «  s’informe », et une grande partie du monde, continuent à ne parler que de « protestations spontanées » et de « manifestants pacifiques » à Cuba. Pas un mot pour les professeurs d'université blessés par les «  pacifiques », ni pour les mères, les médecins et les infirmières terrifiés par les jets de pierres contre l'hôpital pédiatrique de Cardenas, ni pour les femmes de l'ambassade de Cuba à Paris dont la vie et celle de leurs enfants ont été mises en danger lorsque les instigateurs « pacifiques » du 11 juillet, poussés par la frustration, ont attaqué avec des cocktails Molotov le siège diplomatique de Cuba en France.

Après avoir échoué à imposer la terreur à Cuba, comme dans les années 1970, ils tentent à nouveau « la guerre sur les routes du monde », menée par des personnages de triste mémoire au service de la CIA, dont la sinistre besogne a coûté la vie à de nombreux Cubains et étrangers.

Ceux qui prédisaient depuis des décennies que, comme en URSS, le socialisme cubain allait tomber sans que les révolutionnaires ne le défendent ont été contredits par les faits et, faisant mine d'oublier leurs prédictions, ils accusent le président cubain d’être responsable de la violence, afin de dissimuler sous des analyses la défaite de leurs vieilles aspiration. Ils passent sous silence Roger Waters, une légende de la musique mondiale, lorsqu'il défend Cuba, et amplifient ceux qui, sans avoir plus de stature artistique que Waters, corroborent ce que dit Biden. Quelle importance accordent-ils à l'art, à la liberté d'expression ? Qui est maintenant le « larbin docile de la pensée officielle », Waters ou Vargas Llosa ?

L'agression impériale contre Cuba est plus forte que jamais. Démocrates et républicains, tous pro-Trump font front commun lorsqu'il s'agit d'écraser Cuba. Le blocus renforcé et la violence induite fournissent la matière première pour que des journaleux qui émargent en dollars nous présentent la réalité telle que l'empire le leur demande comme si c’était leurs propres idées. Quoi qu’il en soit, ce que nous ferons ici sera toujours déterminant, en rassemblant tous les patriotes et toutes les personnes honnêtes, à Cuba et dans le monde.

Comme le 5 août 1994, le 11 juillet doit être un tournant pour ceux d'entre nous qui défendent la Révolution cubaine. Il ne suffit pas de la défendre un jour contre les complots impérialistes ; la défendre, c'est aussi faire face chaque jour à nos manques de sensibilité, nos dogmatismes et nos médiocrités. C'est au moment le plus difficile de la période spéciale que Raul a parcouru le pays pour analyser de manière critique la façon dont les principaux cadres de chaque province faisaient face à ces circonstances défavorables et avec un énergique «  Oui, c’est possible » avec la direction ferme et intelligente de Fidel, il a contribué de manière décisive à l'unité du pays pour aller de l'avant.

Les ennemis tentent de séparer le peuple et le gouvernement, le peuple et le Parti, car ils savent que l'unité est notre ressource la plus précieuse. Une unité qui n’inclut ni les annexionnistes, ni les vendus ni les corrompus ; une unité qui est érodée par des pratiques négatives qui ne peuvent pas représenter la Révolution. Les bulles de confort sont aliénantes sur les réseaux numériques, mais aussi dans les processus de direction. Ce n'est pas en nous entourant de ceux qui ne disent que ce qu'ils pensent que le chef veut entendre que nous pourrons conduire la transformation révolutionnaire de la réalité.

Celui qui promet et ne tient pas ses promesses ; celui qui, loin de l'exemple personnel, a appelé depuis ses fonctions à une participation active sur les réseaux sociaux et qui aujourd'hui – désormais sans cette responsabilité – garde le silence sur son profil dans des moments de définition, ou pire, flirte avec ceux qui nous condamnent, fait autant de dégâts que plusieurs plans subversifs réunis. L'exclusion de la critique honnête et frontale au profit de l'opportuniste qui, loin de servir le peuple et la Révolution, ne veut que se perpétuer dans ses fonctions, est un virus qui a pour vaccin l'intégrité des candidats face à l'adulation.

Nous vivons une guerre symbolique. La dignité du cri du boxeur Julio César La Cruz à Tokyo, nous a rappelé que nous n'avons pas toujours estimé le symbolique à sa juste valeur, alors que les productions à caractère épique ou ludique destinées à nos plus jeunes compatriotes sont devenues de plus en plus rares, et que nous savons, grâce à Fidel, que l'approche désidéologisante, économiciste et à courte vue de la culture et du sport ne doit pas prévaloir parmi nous.

Ne pas communiquer efficacement sur les nouvelles circonstances de la lutte idéologique à l'époque d'Internet, le traitement bureaucratique de revendications légitimes telles que celle ne pas se résigner à la file d'attente comme méthode de distribution, la démobilisation qui ne considère pas le peuple comme le protagoniste central de la confrontation avec l'impérialisme, la sous-estimation du coût de ne pas se préparer culturellement à l'échelle de toute la société au scénario numérique, la dévalorisation des méthodes fidélistes de reconnexion avec les secteurs sociaux vulnérables, la vision technocratique des solutions, ne sont pas des pratiques révolutionnaires et doivent être écartées de notre pratique politique.

Au nom de cette unité, le Premier secrétaire de notre Parti a appelé à défendre la paix pour tous et toutes, à l'instar des vaccins, des écoles et des hôpitaux qui, depuis plus de 60 ans à Cuba, ne posent jamais à personne la question de l’affiliation politique. Nous défendons la paix, même pour ceux qui sont descendus dans la rue pour la mettre en pièce, parce que les bombes qui tomberaient ici, si nous nous divisions, feraient plaisir à ceux qui les exigent contre nous confortablement installés à 90 miles de distance, des bombes cependant qui n'auraient ni noms ni prénoms, et ne demanderaient pas si vous êtes révolutionnaire ou non.

C'est le peuple cubain qui a payé avec des milliers de vies le droit de décider de son avenir en paix, c’est pour la justice que les jeunes gens de la Génération du Centenaire ont attaqué la caserne Moncada et qu'ils sont arrivés jusqu'à aujourd’hui en la protégeant, et nous devons être à leur hauteur, avec tous les Cubains qui veulent une Cuba libérée du joug yankee, quoi que fassent et quoi que disent les impérialistes, qu'ils s’appellent Joe Biden ou Donald Trump.

source : http://fr.granma.cu/cuba/2021-08-04/un-partisan-de-trump-nomme-joe-biden-et-la-bataille-de-cuba

 

 CONTRE LE PASS SANITAIRE: COMPLOTISME, OBSCURANTISME, MAIS PAS UNIQUEMENT

Note de Pedrito.

 Très pertinente, cette contribution citoyenne de X. relevée sur un site ami. Une analyse  combien lucide qui devrait faire s'interroger ceux qui manifestent et n'ont aucun problème de soins et de survie, ou qui pensent que la situation politique, humaine,  des pays et des peuples qui luttent pour mieux vivre sur la planète, est  figée pour l'éternité. 

Les paragraphes en noir sont surlignés par Pedrito

 L’opposition au pass sanitaire relève de l’obscurantisme et du complotisme, c’est vrai mais pas uniquement.
Cette opposition dépasse le cadre de l’extrême-droite. Elle repose aussi sur le rêve de “liberté” d’une partie de la petite-bourgeoisie, qu’on retrouve aussi bien chez les Insoumis.

Le paradoxe est que cette “liberté” a été vendue comme la caractéristique exclusive du capitalisme et du libéralisme, opposée au totalitarisme du socialisme et au régime des dictateurs de divers pays.
L’épreuve de la pandémie remet en question la notion de liberté individuelle. Il apparaît que le salut collectif – et donc individuel aussi – dépend d’une discipline collective.
Mais comme c’est dur à avaler !

Discipline collective que le gouvernement de la bourgeoisie a rejetée à plusieurs reprises, pour des raisons idéologiques, économiques ou purement électoralistes, répondant par exemple aux récriminations de certains boutiquiers contre les mesures de température dans leur magasin.
On a vu aussi le port du masque discrédité, les tests réduits à la convenance personnelle, le contrôle électronique sur mobile limité à sa plus simple expression, etc.
Évidemment – et Laurent ne me contredira pas sur cela pour l’avoir lui-même justement dénoncé – l’absence de contrôle collectif dans l’intérêt du peuple est à l’origine de l’échec des confinements successifs et de la reprise des infections à chaque déconfinement, avec à la clé la généralisation des foyers infectieux dès les premiers mois.

D’un samedi à l’autre, les manifestants sont passés de 100 000 à 200 000, puis à 480 000 selon France-Police aujourd’hui. C’est une réaction au sens médical, comme une éruption cutanée sur un vaccin justement, mais pas au sens étroitement « historique » puisque la Réaction s’opposait aux principes libéraux issus de la Révolution française : bon nombre de manifestants crient « liberté » et brandissent des drapeaux tricolores.
Ce ne sont pas tous des néo fascistes pour autant. Ils ne sont pas réactionnaires par rapport aux traditions bourgeoises libérales, ils le sont par rapport à la transformation inévitable de notre société, par rapport à la nécessité d’adapter les institutions, l’idéologie, les principes fondateurs de la société et la propriété des moyens de production au caractère social de la production, au caractère social de l’écologie, au caractère social de la protection sanitaire.

Comme la peste noire médiévale avait ébranlé le féodalisme, ou comme les grandes guerres l’ont fait avec le capitalisme, la pandémie met à l’épreuve la société bourgeoise libérale impérialiste jusque dans ses principes fondateurs.