vendredi 30 novembre 2018

CE BLOG, MON CŒUR, SONT EN DEUIL ! CRUEL! INSUPPORTABLE!

J'avais écrit avant-hier qu'avec sa télécommande, Gisèle pourrait elle-même si besoin était augmenter elle-même du produit sensé atténuer sa douleur.Je n'imaginais pas la catastrophe qui allait suivre.
Au bout de quelques  minutes, Gisèle commençait à entrer dans un profond sommeil. A tel point qu'au moment du repas, il était difficile de lui faire ouvrir les lèvres pour que j'introduise une petite cuillère chargée de yaourt et de confiture. Et lorsque je quittai sa chambre pour retrouver la maison, Gisèle somnolait toujours , ce qui au moins semblait laisser présager pour moi une nuit paisible, sans souffrance.
Las, au matin suivant,vers 9 H, comme chaque jour,  j'appelais ma biche sur son portable, au moment où théoriquement, elle finissait son petit déjeuner. Une fois, deux fois, puis trois, puis quatre , puis cinq fois: aucune réponse! L'inquiétude m'envahit: j'appelle le secrétariat, et là, on me dit qu'il me faut venir tout de suite, que Gisèle n'est pas bien....
A mon arrivée à la clinique, je constate que ma petite femme respire drôlement, elle râle, souffle saccadé. Tout çà ne laisse rien présager de bon. Et rien ne s'arrange au bout d'une heure ou deux. Pour finir, le médecin m'annonce que ma petite chérie ne devrait survivre que quelques heures.....Panique! Et la journée s'éternise ainsi, pendant que mon "petit" amour continue de respirer bruyamment, bouche grande ouverte. 
Je décide alors de passer cette nuit près d'elle. Je redoute que ce soit la dernière! La suite sera un cauchemar. Respiration de plus en plus difficile, l'infirmier de nuit intervient plusieurs fois, je continue de veiller ma malade adorée, puis après  qu'elle ait reçu une dernière piqûre dans la cuisse, sa respiration semble se calmer, le râle disparait  en quelques minutes, et le terrible dénouement intervient : Gisèle entr'ouvre à demi ses yeux,  elle me fixe d'un regard presque implorant, deux ou trois secondes, le temps de lui crier plusieurs fois que je l'aime, et puis ses yeux se ferment!
Définitivement! Inexorablement!
Ses yeux qui m'ont paru me dire un dernier adieu......
Je n'entendrai plus la voix de ma grande chérie, ma Gisèle, qui m'a donné plus de vingt huit ans de sa vie.....Vingt huit ans de paix, d'amour, de sérénité, de complicité, comme je n'aurais jamais cru en vivre....Une perle exceptionnelle qui me laisse dans un profond désarroi......
Ma petite femme que j'aime tant et tant vient de s'éteindre....Me laisse à jamais seul, désemparé, avec une peine, un chagrin immenses....Inconsolables...Quelle difficile, et trop cruelle épreuve. A bientôt 80 ans, sans elle, qui m'a tant donné, tant entouré de soins, de tendresse, de générosité, que pourrais-je attendre de cette fin de vie, où un peu partout le ciel  s'obscurcit, où les politiques jouent encore avec la paix du monde, pendant que la planète crève de pollution et que des centaines de millions de terriens ne mangent pas à leur fin, et ne se soignent pas, face à la maladie qui les frappe, alors qu'une minorité jamais repue d'une richesse insolente se gave?
Ce soir, ma Gisèle tant aimée repose dans une pièce froide et noire du crématorium d'Azereix. Jusqu'à mercredi 13H30, heure où elle sera incinérée, à l'issue d'une cérémonie civile. 
Et moi, je pleure mon amour doux, exceptionnel, qui gérait avec une incomparable efficacité notre foyer, - je ne vous parle pas de ses talents de pâtissière, entr'autres -  et je pleure mon bonheur perdu: ma très chère bichette., mon amour arraché à moi par une saloperie de cancer de merde, au terme de longues souffrances.
Toute petite consolation: je sais, mon cher amour, qu'ils sont nombreux, ce soir, celles et ceux qui ont beaucoup de chagrin. 
Merci, perle, chatte, biche, bichette, trésor, MA petite femme adorée.Merci pour ce que tu m'as donné comme bonheur, merci aussi pour ce que as été pour les autres, qui ont su t'apprécier et t'aimer.
Que la vie est injuste envers de tels êtres, bons, doux, affables, toujours de bonne humeur, qui d'aucune manière, n'ont jamais nui à leur prochain, et que le mal injuste et cruel, arrache à nous beaucoup trop tôt, au prix de souffrances insupportables!
Ma Gisèle chérie, je t' AIME tant et tant!!!!

MÊME LE PÉROU EST EN DEUIL POUR TOI, MA CHATTE CHÉRIE!

GISÈLE S'EN EST ALLÉE, CE MATIN, VERS 3H30
VOUS QUI L'AIMIEZ, UN PEU, BEAUCOUP,  
PRIEZ ET PLEUREZ AVEC MOI. 
HA FALLECIDO MI GISELA QUERIDA.
Vds QUE LA QUERIAN, MIS AGRADECIMIENTOS DE REZAR Y LLORAR CONMIGO
Pedrito

sábado, diciembre 01, 2018

FUERZA PEDRITO

Amigo Pedrito, en estos momentos de dolor recibe nuestras condolencias y mucha fortaleza. Que la tierra le sea leve a tu  amada Giséle y  que ya D.E.P.
Pocho y Citlalli


MESSAGE PUBLIÉ CE JOUR SAMEDI 1° DÉCEMBRE  2018 
SUR LE BLOG  PÉRUVIEN (ACHO) DE MON TRÈS CHER AMI AFICIONADO
POCHO PACCINI BUSTOS.

CON MIS AGRADECIMIENTOS POR TU APOYO, QUERIDO POCHO, Y POR EL HONOR  HACERNOS FIGURAR EN TU FAMOSO BLOG. 
MI GISELA, MI AMOR DE MUJER  QUE ME DEJA SOLO Y TAN DESGRACIADO,
SERIA ORGULLOSA Y FELIZ DE TU HOMENAJE.
UN ABRAZO FUERTISIMO Y MIS BESITOS CARIÑOSOS PARA CITLALLI
QUE SEAN FELICES CONJUNTOS
MAÑANA, EN EL MONUMENTO FUNERAL DONDE DESCANZA ANTES DE SU CREMACIÒN,   DARÉ EN SU CARRILLO DOS BESITOS DE PARTE DE NUESTROS QUERIDOS  AMIGOS PERUANOS.
MIL Y MIL GRACIAS POR SU AMISTAD




mercredi 28 novembre 2018

LA DERNIÈRE ÉTAPE POUR MA BICHE CHÉRIE?

Pourquoi dernière étape? Simplement parce que les choses évoluent très rapidement. Le mal de Gisèle qui ne faiblit pas, les douleurs lancinantes autour du péritoine, du foie(?), la souffrance de ma pauvre petite chérie dont je suis constamment le témoin, sans que je ne puisse rien, rien, faire, lui apporter la moindre amélioration, la moindre consolation, être près d'elle ne suffit pas à alléger sa souffrance, encore ce matin elle m'a répété" Je veux en finir, je veux partir" , et comme je lui répondais " Non, tu vas me laisser seul, je ne le veux pas, je ne veux pas que tu partes," elle me répondait :" Si, JE VEUX!!! J'AI TROP MAL!!", sans que mes larmes ne la fassent changer d'avis, parce que maintenant que nous  avons parlé, je ne retiens plus mes sanglots devant elle, qui, elle, ne verse pas une larme, mais ses yeux me regardent fixement et sont toujours larmoyants,  même lorsqu'elle sourit - çà lui arrive, parfois, même si c'est très rare - Mais je ne peux pas me faire à l'idée que tu me laisses seul, mon petit cœur. Aussi, qu'est-ce que tu dois souffrir, pour me répondre cette chose horrible.....
Mais en plus aujourd'hui, après avoir entendu une aide soignante lui parler une nouvelle fois des soins palliatifs, ma petite femme chérie a froidement décidé d'être transférée au troisième étage de la clinique, là justement d'où l'on ne redescend plus comme on y est venu....Un symbole, les "soins palliatifs", de dernière étape, - j'y étais venu voir mon cousin André il y a deux ans, peu avant qu'il nous quitte, - difficile à imaginer quand on nous en parle une première fois, puis la souffrance s'installe avec une telle violence  que le malade lui-même finit par prendre lui même cette décision fatidique, presque sereinement. C'est ce qui s'est passé aujourd'hui avec ma petite bichette chérie. Et je n'oublie, n'oubliez pas, vous tous qui l'aimez et pensez à elle ou priez pour elle, que Gisèle est devenue athée, donc elle se dit que personne ne pourra espérer adoucir sa souffrance, par la promesse d'une vie meilleure dans un paradis auquel elle ne croit plus depuis longtemps. Et je me dis que c'est peut-être - sans doute- à mon contact qu'elle n'a plus cette foi qui crée la sérénité des croyants. Dois-je m'en vouloir? Je n'y peux rien changer, mais je voudrais tant qu'elle continue de vivre  en ne souffrant plus de ce mal maudit....
Ce soir, lorsque je l'ai quittée, elle avait en main une petite télécommande, qui lui permettra de doser le calmant qui atténuera sa douleur. L'effet est garanti: elle ouvrait à peine les yeux lorsque je lui donnais la becquée  de fromage blanc et de notre confiture, pour le repas du soir auquel elle n'a pas touché, les refermait après chaque bouchée. Cher amour: que tout çà va vite, très vite, ta descente, NOTRE descente aux enfers, nous étions encore si heureux, il y a tout juste huit semaines, à prendre nos photos au bord de l'Océan. A oublier de penser au cauchemar qui nous attendait, mais que nous ne savions pas si proche et si cruel.....
V., une aide soignante douce, prévenante, adorable, est venue prendre la tension de Gisèle, en cours d'après-midi, la température, comme çà se fait tous les jours. Je lui ai demandé ce qu'elle pensait de ce qui m'arrive, le matin, au réveil: des bourdonnements dans ma tête, qui durent assez longtemps, qui me reprennent même dans la journée. Aussitôt, elle m'a pris la tension au bras gauche: 7/5 , puis 15 au bras droit! Inquiétude .... Comme nous sommes dans le bâtiment où je fais mes tests d'effort tout les ans depuis plus de 20 ans, j'ai couru tenter de voir mon cardiologue. La secrétaire m'a prévenu: emploi du temps très complet. Mais: " Attendez là, il va sortir des tests d'effort". Effectivement, dix minutes plus tard, mon cardio sort, je me lève, m'approche, lui explique que Gisèle va entrer aux "soins palliatifs" - il savait pour son mal et notre situation -, je lui parle de cette tension inquiétante.....Il m'envoie immédiatement dans son cabinet, deux étages plus bas, me rejoint aussitôt, il me prend la tension: "15 à chaque bras" !. Soulagement! Je lui dis en pleurant que je n'ai qu'une peur: partir avant mon épouse, que je ne pourrais plus entourer, accompagner....Et lui me rassure, ma tension un peu élevée? "Mais avec le train que vous menez depuis ces dernières semaines, rien d'étonnant! Normal!" Il me tape dans le dos, me souhaite du courage, me rappelle, ce dont nous avons souvent parlé, que pour sa femme, çà a duré SIX ANS, la pauvrette avait moins de 50 ans (!), qu'il en a bavé, ce que je savais, me raccompagne....Le dr G., cardiologue à "l'Ormeau," un toubib humain, que j'appréciais depuis plus de vingt ans, lorsqu'il m'a fait poser un "stent", j'ai arrêté de fumer aussitôt, - plus de 2 paquets de clopes par jour !- grâce à lui,  et évidemment grâce à ma biche qui m'accompagna partout, j'ai eu une seconde jeunesse, j'ai retrouvé le goût et l'odorat.... Et aujourd'hui, encore, il m'a donné, malgré son temps très occupé, un sacré coup de fouet au moral! Je traverse sa salle d'attente, au moins 15 personnes sont là, je les salue, je pleure, je souris, je leur ai pris involontairement trois ou quatre minutes, je redescends au premier, rejoindre mon amour de femme, soulagé, reconnaissant: Merci cher Dr G., merci à toutes les soignantes et les soignants qui accompagnent Gisèle,  grâce à vous tous, j'ai vécu une fin de journée beaucoup plus rassurante....Et çà n'est pas tous les jours....

mardi 27 novembre 2018

AUJOURD'HUI, NOUS NOUS SOMMES "PARLÉ"

Ce soir, ma petite femme chérie, je vais faire plus court. Parce qu'aujourd'hui, il s'est passé des choses nouvelles. Des choses que j'imaginais plus que difficiles, impensables, il y a encore quelques jours: nous avons parlé de ce qui nous attend, de ce que hier encore je ne pouvais concevoir: de cet horrible moment qui approche sans que nous sachions le moment précis, et qui va nous séparer à jamais. 
C'est venu tout simplement. Comment exactement? Je ne me souviens plus très bien. Nous avions abordé le sujet il y a déjà quelques  mois, mais nous étions si loin de la réalité que c'était resté assez imprécis. Même si nous étions d'accord sur l'essentiel. Et aujourd'hui, lorsque j'ai commencé par parler de moi, pour "noyer le poisson", pour éviter de parler de toi, plutôt aborder ce sujet en priorité par mon cas, de te rappeler que je ne souhaitais que des obsèques civiles, au crématorium, tu m'as aussitôt rappelé que c'était pareil pour toi, que tu ne souhaitais passer par l'église, mes cendres à moi seraient réparties sur la tombe de mes parents, les tiennes à ta demande, faut-il le préciser, dans le cimetière d'Ibos, je t'ai simplement suggéré de faire mettre l'urne près de tes parents....
C'est ainsi que nous avons abordé , presque paisiblement, ce sujet d'importance, j'ai pu mesurer là une nouvelle fois ton courage, ton sang froid pour envisager ce sujet émouvant et ô combien difficile pour l'être qui "sait",  ta détermination, sans émotion apparente, tu m'as donné une autre leçon de la force de caractère que cachent ta douceur et ta légendaire tolérance. Surtout, je t'ai avoué que depuis plusieurs semaines, chaque soir,  je t'écris par internet interposé, je t'écris à ma manière, d'un trait , sans fioritures, pour parler de toi, de l'amour que tu m'as apporté, de ce que je te dois pour tant d'amour et de patience, pour le "râleur" auquel tu reprochais parfois -avec juste raison- ses excès, du bonheur que j'ai trouvé près de toi, après un divorce difficile et des années de "remise en ordre " dans mon tempérament parfois difficile à comprendre. D'un mouvement d'épaule, d'un regard, tu m'as signifié: " C'est encore de mon Pierre tel qu'il a toujours été et sera toujours : imprévisible, original, unique."
Heureusement pour moi, j'avais rencontré une perle rare.  Personne ne pourra me contredire. Sauf les pauvres imbéciles qui nous ont tourné le dos, sans doute, pour des motifs mesquins, dans une période où tu avais TANT besoin de tous les soutiens des vrais amis, et qui se sont avérés des faux culs.....
Enfin, ce qui m'a le plus rassuré, c'est lorsque tu m'as dit que de ces volontés dont nous avons décidé de parler, tu avais déjà parlé à ta sœur: un sujet de friction d'évité, pour l'avenir, même si cela ne regarde que nous, je pouvais m'attendre à n'importe quel reproche de qui peut tout se permettre.En n'importe quel domaine, ces donneurs de leçon ne manquent pas de culot, juste d'humilité. Chose qui ne les a jamais effleurés.
Ce soir, malgré la mauvaise journée que tu viens de vivre, sans rien manger, ou presque, - vomi aussitôt- je me sens un peu apaisé, comme toi, d'ailleurs, je t'ai trouvé plus détendue lorsque vers 20 H je t'ai quittée pour la nuit.  Tu m'as même souri plusieurs fois. Je n'oublierai pas de si tôt, que lorsque je t'ai dit que tu m'avais rendu heureux, tu m'a murmuré " moi aussi!!!!" 
Que ces deux mots sont beaux! A tous ceux qui me lisent, je souhaite d'entendre les mêmes. 
Je crois pouvoir dire que cette chose inattendue, que j'ai connue aujourd'hui, ces mots que nous avons échangés et dont je craignais la brutalité, la tristesse, se sont avérés doux et apaisants. Merci Mario, et d'autres amis et proches qui m'encouragent et me soutiennent, me conseillent, merci à vous tous: vous m'avez aidé à franchir un obstacle que je croyais trop dur pour moi. Grâce à vous,  l'avenir n'est pas et ne sera pas plus serein, mais mon âme, nos âmes et nos cœurs, sans doute, sont ce soir plus apaisés.
Pour terminer, Gisèle a encore une nouvelle fois été gâtée ce soir par ma petite sœur et son mari: elle a eu droit à du parmentier de canard, apporté spécialement de St Pé. Un beau-frère en or, çà, je le savais depuis 42 ans, mais tant d'attentions, de gâteries, pour ma petite perle qui lutte contre le mal implacable, et qui n'est que leur belle-sœur par alliance.....Chapeau, mille mercis pour elle, du fond du cœur. Tu vois, ma petite femme chérie, comme tu es appréciée et aimée comme tu le mérites. Et je n'oublie pas bien sûr l'autre beau-frère de MIJAS, mon querido cuñao Mauricio, plus qu'un vrai frère, qui m'appelle très souvent pur me soutenir, alors que son épouse première,  ma sœur aînée, est décédée depuis septembre 73, dans toute sa beauté, à l'âge de 42 ans. Çà, c'est du sentiment humain!
A demain, ma bichette chérie. Mais laisse moi encore et encore profiter de ces moments où je peux parler de toi et du souvenir que tu laisseras dans les cœurs de celles et ceux qui t'auront connue.

dimanche 25 novembre 2018

25 NOVEMBRE: LES DIMANCHES QUI N'EN SONT PLUS....

Ma perle chérie, ce soir, je m'installe avec un peu de retard, pour cause de "téléphonite" prolongée. Ma sœur Yvette, puis Mario T. , que nous croisions autour ds arènes, puis Corinne et Guy, puis à nouveau Yvette, qui m'a annoncé ne venir te voir que le soir, un rdv oublié le  matin..... Notre journée ne s'est pas passée au mieux, hier au soir, tu avais vomi, çà a recommencé ce matin et encore ce soir, dès les premières bouchées de ton repas. Autant dire que tu n'as pas gardé grand chose dans l'estomac, toi qui disais hier vouloir reprendre des forces.....De quoi demain sera fait? Déjà que ce matin je te trouvais plus petite mine qu'hier, et que rien ne s'est amélioré de ce jour....J'ai de plus en plus peur! Mais comme m'a dit Mario, tout-à-l'heure, il me faut gravir la montagne, et donc tout faire pour y arriver....
Encore une découverte qui m'a troublé: deux fois, aujourd'hui, j'ai vu des petites touffes de tes cheveux qui couraient sur le sol de la chambre. Tes beaux cheveux roux et gris-blancs, qui font l'admiration de beaucoup de femmes de ton âge, même plus jeunes,- elles croient souvent que tu te fais faire une couleur !!!- sont l'ultime méfait de ta dernière saleté de chimio. L'autre jour, une petite touffe était restée collée contre ma poitrine . Aujourd'hui, c'est l'arrière de ta tête tout entier qui apparaît presque nu, contre l'oreiller, heureusement que tu ne peux pas le voir....As-tu seulement conscience de cette chose terrible pour une femme si coquette, et qui me remplit de peine pour toi, ma "petite femme", comme tu aimais que je t'appelle? 
Cette journée a été assez éprouvante. D'abord, tu parles peu, de moins en moins, et de plus en plus faiblement, tu murmures, et je suis obligé de tendre l'oreille près de tes lèvres. Et souvent je ne sais que faire ou que dire, devant ses yeux chéris qui se ferment peu ou prou pour que je sache si tu vas dormir, sommeiller, ou seulement te reposer sans rien dire. Parfois, c'est un geste, avec le doigt, un mot à peine distinct, ou mal compris, et je me lève, deux fois, dix fois, cinquante fois, pour t'entourer et te gâter comme je veux que tu le sois. Comme tu le mérites, ma bichette. Mais le soir, quand je te quitte, j'ai comme l'impression d'avoir accompli une rude journée, à tourner et retourner vingt et cent fois dans ce petit endroit confiné. A te servir, à t'être agréable, à te rendre plus doux ces instants qui nous sont comptés. Qui te font certainement souffrir, malgré les antalgiques et autres antidépresseurs, et qui me font crever de douleur et de chagrin. 
Ce soir, tes pieds étaient encore froids, comme souvent. Mauvaise circulation du sang due à l'œdème, disent docteurs et soignants. Je t'ai frictionné les chevilles, les mollets, et les pieds, pendant un long long moment. J'attendais enfin un signe, un mot, pour seulement me rassurer, savoir si çà te faisait du bien. Hélas! rien n'est sorti, rien ne sort plus jamais de te bouche pour exprimer un sentiment, une satisfaction. Il faut que je te demande: " Est-ce que çà te fait un peu de bien?" , pour que tu me répondes un "oui" presque inaudible. Que c'est dur, de ne plus reconnaître en toi d'aujourd'hui le parfait objet de mon amour d'hier! Je sais: je dois me raisonner, ma Gisèle n'a plus les mêmes facultés pour exprimer les sentiments qu'elle ne maitrise plus. Et pourtant, sa mémoire est toujours aussi vive, du moins aussi claire: elle sait parfaitement où se trouve tel ou tel objet qu'elle me demande de lui rapporter, dans la kirielle de buffets, armoires, tiroirs, placards de notre maison, qu'elle avait aménagés et rangés de ses mains de parfaite fée du logis.
Plusieurs fois, souvent, même, je te dis des " je t'aime ", et tu me réponds "Oui"! Le "moi aussi, mon bichon" a disparu. Oh! Pas définitivement. De temps en temps, çà te revient, timidement, certes, mais çà me remplit le cœur de joie, comme si ces mots laissaient entrevoir un éclair d'espoir dans ton cœur et ton corps meurtris et souillés par l'immonde saloperie qui t'enlève à moi.
Ah! J'oubliais: ma Corinne préférée - ma filleule chérie-  m'a suggéré de te mettre une bouillotte sous les pieds, tout simplement: demain matin je file à la pharmacie.
Nous sommes nombreux à t'aimer, ma biche chérie: il y a des moments, entre deux pleurs, malgré les reproches indécents, çà me fait un sacré grand bien.

UN SAMEDI MAUSSADE DE POLLUTION PAR LE BRUIT ET LE POISON INDUSTRIEL

Ma biche chérie, journée plus éprouvante que d'autres, ce samedi où d'abord je me croyais à dimanche. Tellement je finis par être désorienté, perdu, sans toi, à me partager entre toi et notre maison que je quitte chaque matin le plus tôt possible. Il y a peu, j'ai écrit que j'avais horreur des week-ends en clinique. Aujourd'hui, et tu es du  même avis que moi,  puisque tu as râlé plusieurs fois, comme moi, je confirme et je signe: il ne fait pas bon être hospitalisé à l'Ormeau pendant les fins de semaine, que ce soit samedi ou dimanche. Et nous avons râlé parce que entre la pollution par le bruit de ceux qui travaillent sous notre fenêtre à l'étanchéité des terrasses, et les fumées des goudrons brûlés au chalumeau qui pénètrent dans la chambre, il y a de quoi s'inquiéter sur les conséquences pour la malade que tu es et qui est là pour être soignée. Pas pour être empoisonnée par cet environnement dangereux.
Je suis arrivé près de toi vers 10 heures: l'équipe qui procède à la réfection de l'étanchéité m'a paru ne pas arrêter de travailler pour prendre un repas. A moins que ce ne soit pour cause de ramadan. A 15 heures, ils travaillaient encore, jusqu'à 17 H, sans que je les ai vus une seule fois s'arrêter pour prendre un casse-croûte. Par contre, qu'est-ce qu'ils avalent comme fumée noire, toxique, évidemment, de ce goudron qu'ils répandent et chauffent avec de gros chalumeaux. Sans masque! Quelle nourriture pour leurs poumons, en plus de la cigarette, pour certains! Comment des entreprises qui en plus travaillent pour des établissements de santé laissent leurs ouvriers s'empoisonner, sans leur donner les moyens et les outils nécessaires, pour se préserver des risques de maladie grave qu'ils encourent. Si tu vois ce que je veux dire,  et dont il vaut mieux que je ne te parle pas, toi qui en est déjà la victime malgré toutes les précautions que nous ayons toujours prises. 
Autrefois, la première fois que j'ai approché d'un hôpital, quand j'étais gamin, -c'était celui de Tarbes-, ce qui m'avait frappé, et que je garde en mémoire, c'était les panneaux " HÔPITAL SILENCE" placés dans les rues avoisinantes. Aujourd'hui, non seulement on ne respecte ni ne fait respecter aucun silence, mais de plus, je le répète, on empoisonne les malades au sein même de la clinique, sans se poser de question.C'est vrai qu'il faudrait prendre la sage décision de condamner pendant la durée des travaux les chambres trop exposées à cette pollution, reloger ailleurs  les malades pour un temps, ce qui, dans notre société au service du seul fric, du capital, qui se fout de l'avenir de la planète, n'est même pas envisageable. Il faut avancer, c'est la loi de l'économie de marché, au service des investisseurs, et des actionnaires, qui mène comme je le crains le monde dans le mur, sans ce préoccuper de "détails secondaires", comme la paix, l'environnement, et la santé universelles,  ce qui pourrait entraver ou retarder la marche en avant du profit à tout prix. 
Entre les bruits souvent insoutenables et les odeurs tout aussi intenables, nous avons passé une foutue journée. D'autant que la veille, il t'avait à nouveau repris des vomissements, après que je t'ai quittée, vers 20 H: les soignantes avaient oublié de poser la sonnette sur le lit, tu ne pouvais  appeler personne, et tu es restée un bon moment bien malheureuse, avant de te faire entendre, et d'être délivrée et nettoyée comme tu en avais besoin. Tu m'avais annoncé çà à l'oreille, dès mon arrivée. "Je vais te raconter quelque chose", m'as-tu murmuré, tellement ta voix est faible, presque inaudible.De quoi m'inquiéter pour toi plus encore pour l'avenir, j'espère que ces soignantes qui sont d'ordinaire attentionnées, douces, patientes, retiendront la leçon: vérifier contradictoirement que le moindre détail n'échappe ni à l'une ni à l'autre.  Surtout que la sonnette pour un malade, c'est primordial, non?
Même à l'oreille, je ne puis t'annoncer la mauvaise nouvelle que j'ai appris également ce matin, en arrivant, quand on m'a prié de ne pas entrer, pendant ta toilette: je me suis approché de la chambre de la dame de Bordes, dont j'ai parlé hier. La porte était fermée. J'ai compris que c'était fini, j'ai eu peu après confirmation , je n'ai pas vu son mari. Est-ce que le corps de la pauvre femme avait été emporté? Déjà un grand coup de blues, à l'arrivée à la clinique, même pour cette personne que je ne connaissais pas, mais qui m'avait beaucoup ému. Mais son mari, son fils et son petit fils, qui vivent tous à proximité, vont pouvoir, ensemble, faire le deuil. Pour moi, à mon humble avis, une chance, dans leur malheur.
Ce soir, je pense à eux, avec compassion, au mari, surtout, avec qui j'ai échangé, qui me paraissait un brave homme. Mais je pense surtout à toi, cher amour, je me sens chaque soir de solitude un peu plus brisé, écorché, meurtri, par ce qui nous attend, et que je ne sais ni n'ose envisager. Personne ne mérite de souffrir de cette saloperie comme tu souffres, toi, surtout, ne le méritais pas. Tu es si bonne, tolérante, douce, tu t'accommodes de tout, de tous....Une peur panique que tu me laisses seul. Dans cette maison qui est la notre, la tienne, tout me parle de toi qui ne vas plus revenir, puisqu'on me l'a dit. J'ai si mal de toi, ma biche chérie.
Ne me quittes pas....

vendredi 23 novembre 2018

UN JOUR QUI NE PRÉSAGE SANS DOUTE RIEN DE BON.

Un jour en demi-teinte. Le matin, je t'ai trouvée relativement sereine. Faible, très faible, comme toujours, depuis ces dernières semaines. Dire que nous étions partis passer quelques jours à Anglet il y a six ou sept semaines, pour donner un petit coup de fouet à notre moral......Tu avais de plus en plus de difficultés à marcher, à respirer, un jour, tu m'avais même répondu, alors que je te demandais d'aller jusqu'à la boîte à lettres: "Non, je ne veux pas qu'on me voit marcher comme une vieille". Puis le séjour au bord de l'océan nous avait procuré quelques bons moments de promenades, de contemplations, de détente. On se prenait à espérer. Patatras! Le jour de la première chimio qui suivit nos huit jours de vacances  fut catastrophique: tu as vomi dans le bureau de l'oncologue, qui décida enfin de t'hospitaliser immédiatement.
Depuis, je me dis que ces vacances, qui se voulaient une parenthèse dans nos souffrances, dans ton calvaire, peut-être même une rémission miraculeuse, n'auront plus aucun lendemain. Que çà en est fini de notre bonheur....Et qu'il ne me reste plus rien à espérer, pendant que le réel semble se détacher de toi. Même si ta mémoire et ton esprit restent intacts.
A midi, je t'avais préparé des girolles aux échalotes, crème fraiche, vin blanc....Tu t'es  régalée, nous nous sommes régalés, avec une tranche de paleron saignante, passée à la poêle et réchauffée au micro-ondes. Plus quelques desserts: raisin, tourte, mandarine. Une petite sieste, et nous avons joué aux dames....Par contre, pour le repas du soir, tu t'es plaint de douleurs à l'estomac. Putain de mal: il recommence, il continue, il ne s'arrêtera jamais, ce serait contre nature. Une infirmière est venue, à ma demande, t'installer une nouvelle perfusion, sensée calmer, atténuer ta souffrance. Sais-tu ce que vraiment cache cet "antidépresseur", ou cet antalgique? J'enrage de penser que tout ce processus te conduit plus paisiblement au bout du corridor qui va nous séparer. Mais que fait le "bon dieu" de ses loisirs? Sans vouloir manquer de respect ou se moquer de celles et ceux qui croient en lui et l'interpellent, le prient et le supplient, ce dont je les remercie pour toi et pour le bien qu'ils te veulent, il me paraît trop indifférent à la souffrance répandue sur la terre, qu'il pourrait bien, s'il en a le pouvoir, comme on le prétend parfois, faire montre d'un peu d'humanité, de charité, envers ceux qui souffrent par millions ou milliards sur cette terre sans le mériter. 
C'est mon sentiment, c'est pourquoi je lui en veux comme j'en veux à ceux qui gratuitement répandent autour d'eux les pires cruautés.
Ah! Oui! Aujourd'hui, tu as pu enfin ouvrir ta liseuse, après plusieurs semaines de privations. Qu'au moins tu puisses quelques fois , quelques minutes, dans la journée, faire s'évader ton esprit torturé par le mal.  Un peu de paix dans ton âme blessée. Le temps d'un sourire, d'un regard. Ce regard qui souvent reste fixe, et éloigné de moi: quelle torture!
Que je t'aime, mon cher amour. Que j'ai mal de toi! 
Ne me quittes pas.....
P.s. Je ne sais pas ce qui se passe, qu'est-ce qui a provoqué cet intérêt inhabituel pour mon modeste blog, mais je découvre qu'en trois jours il a reçu la visite de plusieurs  milliers de "curieux". Plusieurs milliers!!!! Est-ce mon monologue  face à ma petite perle? Ou bien mes derniers coups de pioche dans la fourmilière politicienne?
.

UN JEUDI PLUS ENSOLEILLÉ..... ET TON TEINT ÉTAIT COLORÉ.

Mon cher amour, ce matin je suis parti très tôt pour acheter quelques pommes et quelques kiwis chez Patricia, comme nous le faisons depuis déjà vingt sept ans. Quand elle m’a demandé de tes nouvelles, et je lui ai répondu comme tu étais, elle n’a pas pu retenir une larme, et je suis reparti avec mes fruits, qui m’aideront à tenir comme je dois le faire, pour continuer à être près de toi jusqu’au bout de notre amour, et avec mon chagrin, que je ne peux plus cacher, même lorsque je suis dans la rue, même si j’ai parfois l’impression de m’accoutumer à ce grand malheur. Parfois, seulement, parce que dès que je rentre chez nous, dans cette maison que tu as arrangée à ton si bon goût féminin, et où tu aurais dû vivre au moins vingt ans de plus, la même peine me submerge, redouble, m'écrase, m'anéantit.
Puis je suis allé au Méridien. Là, un jeune employé a accepté d’enregistrer quatre livres sur ta liseuse. Parce que je ne connaissais rien aux choses à effectuer, que tu faisais tout depuis ton ordi à la maison, moi qui ne connais rien à ce genre de lecture, il a eu pitié de moi. Il a tout fait en quelques minutes, quelle agréable rencontre en début de cette journée ! Un jeune si dévoué, compétent, humain ! HUMAIN !!! Ce n’est pas tous les matins, tu le sais bien, ma biche chérie, qu’un rayon de soleil humain suffit pour illuminer le reste de la journée. Celui-ci a un peu effacé l’horrible moment dont je t’ai parlé hier et que j’avais vécu au matin. Et lorsque je t’ai retrouvé un peu plus tard, que j’étais heureux de t’apporter ta liseuse, enfin équipée de quelques romans de ton auteure préférée. Les liras-tu tous ? Comme je le voudrais, du plus profond de mon cœur.....Hélas, comme je doute!

Cet après-midi, j’ai du quitter ta chambre, pendant que ces dames te faisaient un peu de toilette. ( C’est incroyable, c'est déprimant, de découvrir comme en quelques jours, une femme comme toi, totalement autonome, coquette, propre, féminine, entreprenante, toujours à l’affut de ce qu’il faut faire pour soi et pour la maison, peut perdre sa volonté, ses forces, sa personnalité, et accepter sans rien dire ni rien faire, sans réaction aucune, d’être manipulée, soulevée, retournée, lavée, séchée, par deux personnes étrangères, puis se retrouver installée sur un siège ou sur le lit médicalisés, à attendre sagement....Attendre.....Attendre....Que tu as changé, mon cher amour, et comme cela ne laisse rien présager de bon....Je vais expliquer pourquoi....)
J’ai quitté ta chambre, et je suis allé dans la petite pièce où se réfugient habituellement les accompagnants. Il y avait là un homme qui pleurait. Nous nous sommes salués, je l’avais déjà croisé plusieurs fois, c’est son épouse qui t’a remplacée à la chambre 110, il y a une dizaine de jours. Il m’a annoncé qu’il attendait la fin, nous nous sommes levés, je l’ai accompagné au chevet de son épouse, par sympathie, pour la saluer. Et j’ai vu la terrible image d’un être qui lutte désespérément, jusqu’au dernier souffle. Rauque. Poignant. Mais qu’on ne devrait pas prolonger inutilement, puisque le dénouement est inéluctable. Le pauvre m’a dit, et il a raison : « Pourquoi peut-on euthanasier un animal qui va mourir, et pourquoi on persiste à maintenir vivant un humain dont on sait que sa fin est très proche ? »
Puis je suis retourné vers toi, l’homme m’a suivi, il s’est approché de ta perfusion, je l’ai ensuite raccompagné jusqu’à la sortie, et c’est là qu’il m’a murmuré : « Elle a les mêmes médicaments que ma femme ».
-!!!!!
Depuis, je n’ai de cesse de penser évidemment à ces mots terribles. Que dois-je espérer ? Combien de temps vivre encore ces heures éprouvantes ? Que me reste-t-il à embrasser tes lèvres, caresser tes mains, tes pieds, tes bras, tes joues, tes chevilles, que je tente de réchauffer ?Cette chambre 110, où tu as passé quelques jours: Mauvais présage? Et une date qui approche, une date maudite, le 8 décembre 1959, ma mère chérie qui s'éteignait après trois mois de souffrances à l'hôpital Purpan.... Mauvais présage aussi? 
Et comme si ma souffrance , mon impuissance à te soulager, à t’entourer, à te chérir, les seules choses qui comptent pour moi depuis ces derniers mois , n’étaient pas suffisamment douloureuses, épuisantes, il me faut subir en plus, comme je les ai entendues hier - j'y reviens, parce que c'est un traumatisme -, les mesquineries consternantes de ta propre sœur, incapable de comprendre et de respecter le sacrifice et le dévouement que je m'impose depuis des mois, des années, par devoir et par amour, pour adoucir les derniers jours de sa propre sœur.
On me dit partout qu'il faut passer outre, ne m'occuper que de toi, de NOUS. C'est ce que je tente de faire autant que je le puis. Pour toi, cher amour, devant toi, je me tais, je me tairai. Mais qu'il est dur de ne pas leur hurler qu'un peu plus de charité et d'attentions à ton égard auraient été mieux  à propos que des inanités déplacées. Moins de simagrées: des actes concrets d'humanisme, d'affection , de compassion....

Je t'aime, ma biche chérie, ma Gisèle, je t'ai sans doute parfois mal aimée, comme un égoïste, comme le sont parfois certains hommes comme moi, mais que je t'aime!  
Ne me quittes  pas, cher amour!

mercredi 21 novembre 2018

HIER SOIR, JE NE T'AI PAS TOUT DIT.

Enfin! Il est presque 9 H, tu viens de m'annoncer que ton transit intestinal avait ENFIN fonctionné. Quel soulagement de savoir que cette souffrance-là t'épargnera au moins pour quelques temps. Tu déjeunais, tu m'as annoncé fièrement que tu mangeais ton SECOND morceau de pain! Quel exploit, pour toi, et quel bonheur pour moi!

Hier soir, je te disais que je voudrais prendre ta souffrance, l'arracher  de ton corps meurtri par la saloperie de cancer de merde et par ce qui est sensé le combattre, comme j'essaie de le faire à ton insu, en promenant mes mains autour de toi, sans te toucher, et en les rejetant au loin, -comme on rejetterait une saleté- lorsque, tes yeux à peine fermés, tu sommeilles, et que je suis seul avec toi: on m'a toujours dit que, puisque mon père avait un certain pouvoir de guérison, je pouvais l'avoir aussi. J'avais essayé avec Mme X, de Séméac, lorsque j'y étais receveur, la pauvre avait été brûlée avec de l'huile bouillante, et çà avait pas mal réussi, souviens-toi, elle me disait sentir le feu quitter ses jambes.  Pour toi, cher amour, je crois que c'est un échec. Il semble bien que je ne peux rien. Je m'en veux. Que faire, pour que nous retrouvions l'espoir?  Je voulais conclure hier soir par ceci: prendre ton mal , te l'arracher, l'extirper de ton ventre, pour partir avant toi. Que je serais heureux! Mais il me faut tenir, tenir, envers et contre tout. Pour te chérir, pas faire semblant.
Ces jours-ci, j'ai appris la mort de Francis Fadel, un morceau de mon enfance s'en est allé. Je t'ai très souvent parlé de Francis, parents pharmaciens, Francis au cœur d'or, sans qui je n'aurais jamais connu les joies de la fête foraine, s'il montait 30 fois sur les manèges, c'était trente fois avec moi! Il était bon,, généreux, il faisait le père Noël, en distribuant le soir des buvards derrière les portes des maisons, des crayons, des double décimètres, toutes les réclames que recevaient les pharmacies, je lui dois des milliers de moments de bonheur de mon enfance de pauvre. .Je n'avais pas un sou: Francis m'offrait tout ce qu'il s'offrait. Je ne t'en ai pas parlé, bien sûr, je m'interdis de te parler de ces choses tristes qui ne pourraient que te faire mal, plus encore  ....Tu  as assez comme çà avec ta propre souffrance! Mais sa mort me chagrine....J'ai écrit quelques mots à sa sœur, mais aujourd'hui, on n'attend plus de réponse. De personne. Tout se perd....Quel dommage!
Allez, je vais aller te rejoindre, 9H et demie approchent. Ce soir, je reprendrai mon clavier pour ajouter ce qui s'est effacé hier soir. Ce fichu ordi doit être remplacé, il fait des siennes, efface un long texte qui s'est couvert de bleu sans que j'y prenne garde, saute la plupart des "e".....Mais il va finir sa vie d'ordi comme çà, pas la peine de le changer...Sinon, il faudrait qu'on m'assure que tu vas bientôt rentrer à la maison, TA maison qui te pleure. Ce que j'aurais peine à croire. A tout à l'heure, ma bichette chérie. Attends moi, ne pars pas sans moi.....
Ce soir, quelques mots à ajouter. D'abord, le drain, ce sera pour vendredi. Peut-être. Puisque  ton poumon est beaucoup moins encombré. Attendons. A midi, tu t'es régalée, mon trésor, avec le petit festin que t'avait concocté Alain, le mari de ma sœur Yvette, de St Pé. Des noix de St Jacques.! Tu n'as pratiquement rien laissé. Quel bonheur de te voir dévorer, en répétant : "C'est bon!". Quel bonheur!!  Et ce ne sont que tes beau-frère et belle-sœur par alliance, qui accomplissent pour la quatrième fois en quatre semaines 70 hm à chaque voyage pour te gâter. 
Et  çà m'a changé du coup de fil reçu ce matin de ta sœur, qui prenait des nouvelles, puis m'a dit tout d'un coup: " Tu ne peux pas interdire à Marcel - son mari - de venir la voir. " Il est venu hier aprèm avec elle pour te voir, j'ai évité de le regarder. Il faudrait aussi que je lui souris, après qu'il se soit autorisé de m'injurier comme une sous merde, il y a deux ans, dans les bois, parce qu je m'étais égaré pendant une heure, et qui depuis s'est toujours refusé de me dire un mot d'excuses? Toi même sait bien ce que représentait d'ignoble cette attitude, ce mépris.  C'est ce qui leur fait dire que j'interdirais, moi, qu'il vienne à ton chevet? J'ai d'autres valeurs humaines que ce  désir d'écraser  autrui puis ensuite de faire des salamalecs pour se donner bonne conscience. Ils oublient l'un et l'autre que nous souffrons depuis plus de deux ans de cet orgueil, en plus de ton martyre qui te détruit, à toi, sans pitié. Certains se permettent tout, mais n'ont aucun devoir, ni politesse, ni humilité.  Et moi qui lutte et souffre auprès de toi, comme si çà n'était pas suffisant, il faut en plus que tes proches, ta sœur dont je veille avec toutes mes forces la propre sœur, m'enfoncent un peu plus! Ils ont tout compris! La confesse sans doute effacera tout. C'est du moins ce que l'on croit, chez les donneurs de leçon trop sûrs d'eux.
Je n'ai rien laissé paraître devant toi, ma Gisèle chérie, j'ai passé une journée atroce. Tu ne dois rien savoir de ces mesquineries, tu en as déjà entendu de "sa" part des vertes et des pas mûres. Au moins que je t'épargne une nouvelle déconvenue. Et je pèse mes mots.
Je t'aime tant, ma Gisèle chérie, que je partirai vite, comme promis, au moins ne plus entendre des vilaines choses dans la bouche de ceux que j'espérais pour toi du moins, proches.

mardi 20 novembre 2018

MARDI 20. NE ME QUITTES PAS

  • Il est 9H! Je viens de t'appeler 4 fois en vain, tu as répondu à mon cinquième appel. J'étais mort d'inquiétude. Une infirmière était en train de te faire une .....centième pris de sang. Celle-le là aussi, je lui en veux! Comme si elle n'aurait pas pu te laisser au moins une seconde pour me répondre. Bon, je vais te rejoindre d'ici un moment, le temps de m'arrêter pour acheter quelques mandarines, raisins, le journal télé .....Que la nuit a été longue, agitée.....Je t'expliquerai tout à l'heure, c'est à dire ce soir. Comme tu parles peu, je donnerai plus de détails. Même si je te dirai l'essentiel d'ici midi, ou d'ici ce soir. Je t'aime tant, ma perle.... Et j'ai tant à te dire......Mais tout se brouille.....
  • Voilà, il est presque 22 heures, j'ai avalé un peu de bouillon, j'avais déjà pris pas mal de ce que tu délaissais à 19 H dans ton assiette. Maintenant, face à mon écran, je tente de sinon de faire le vide, du moins de décompresser. Faire le vide de quoi? De toi? Ce serait injuste, de la folie....Je te dois tant, que je ne serais pas moi, je ne serais pas l'humain- même imparfait- que j'ai toujours voulu être. Avec les autres. Autrui.  Dix heures passées près de toi, à essayer de me rendre utile, de faire que tu paraisses ne pas t'ennuyer, alors que tes silences sont le plus inquiétant, le plus cruel des mystères, qui font que j'éprouve en retrouvant notre maison horriblement vide de ta présence chérie une douleur insoutenable -( tu as du  remarquer qu'avant cette épreuve, je n'éprouvais pas ce besoin lancinant de te témoigner tant de marques d'amour, de te crier mon amour, comme un écorché vif: la routine du bonheur quotidien d'être près de toi, sans doute).....
  • On ne t'a pas posé le drain promis hier, peut-être demain....Par contre, en plus de cette saleté qui envahit tes poumons, tu souffres de ne pas aller aux selles depuis plusieurs jours, malgré les soins apportés par le personnel  soignant, rien n'y fait. Ah! Ce soir, avant que je parte, il nous a semblé que tes efforts finissaient par payer un peu. J'attends demain matin pour que peut-être tu me rassures, du moins dans ce domaine. Je te l'ai répété avant de partir: comme je voudrais t'arracher et endosser ta souffrance. Totalement. Te voir apaisée. Presque confiante, souriante, ce qui est devenu tellement rare....
  • Cette nuit, ma biche chérie, j'ai beaucoup tourné et retourné dans notre lit, le sommeil ne voulait pas venir. Et je me suis fait et refait quelques petits morceaux de film de notre vie. Je me suis notamment rappelé ces délicieux moments de "bals à papa" où nous retrouvions avec quelques couples d'amis de notre génération.....De grandes tables, quelques morceaux de tourteaux, un petit vin blanc, les premières notes de " España Cañi", "En er mundo", "Coplas de España", et puis "Caminito", "La Cumparsita", à chaque fois je bondissais en te prenant la main, et nous dansions, et je chantais, " Coplas, Ay, coplas, ganas me dan de llorar", heureux de te voir heureuse, tu le paraissais, du moins, et nous rejoignons les amis, en suant, en riant.... Et cette nuit, cette seule évocation me faisait pleurer, perdu, sans toi, dans cette maison qui finira par me paraître un tombeau, si tu ne reviens pas.
  • Bonne nuit, ma grande chérie, petit trésor , ma biche à moi. Ne me quittes pas. J'ai encore tellement besoin de toi; TOI seule.....Ne me quittes pas....
  •  

lundi 19 novembre 2018

LUNDI 19: JE PARS TE REJOINDRE

Il est 10H45. Virginie termine son travail, ta maison est propre, ton linge est repassé, rangé. Je t'ai appelé, le répondeur me répétait, comme à chaque jour où tu n'as pas eu le temps de prendre ton portable, égaré sur ton lit: " Vous êtes bien sur la messagerie de Pierre et Gisèle....." Cette voix qui pendant des années épelait clairement ton message adressé avec douceur à nos amis et correspondants, cette voix me bouleverse. Elle appartient à notre amour, à ces années que la saloperie de mal a décidé d'abréger. Lorsque tu m'as répondu, pour de vrai, quelques secondes plus tard, après que tu aies mis la main sur le portable retrouvé, ta voix n'était plus du tout la même. Faible, tremblante, elle m'étreint à chaque fois le cœur et les tripes. Elle n'est plus la voix tant aimée. Que c'est dur! Je vais partir vers toi: tout à l'heure, on doit te mettre un drain, pour que tu souffres moins, que  tu puisses respirer plus aisément.  C'est sans doute çà un nouveau soin palliatif......
Que je t'aime, ma biche chérie. A tout de suite...
A 11H30, retrouvailles : à ton chevet ma sœur Yvette, Alain son mari nous rejoint un peu plus tard, ils ne sont pas venus les mains vides, mais avec un petit festin préparé pour toi, pour te rendre un peu de cet appétit que l'on perd habituellement dans les chambres d'hôpital. Je ne les remercierai jamais assez, tant d'empressement pour d'adoucir les heures qui nous sont comptées....Et tu n'es que leur belle-sœur....Si tu vois ce que je veux dire....Du côté de ta sœur unique, on n'est pas sur la même longueur d'ondes. On parle beaucoup du "bon dieu", mais pour appliquer les valeurs sacrées de la charité chrétienne, c'est pas la même serrure: chez les uns, les premiers, le cœur aussi grand qu'une porte cochère, chez les autres fermeture automatique des portières. Sectarisme oblige. Mes idées ne sont pas les leurs, nous vivons donc, toi et moi, cernés par des gens trop intelligents, que dis-je, trop parfaits pour nous. Ou pour moi. Le premier? Un beau-frère humain. L'autre? Un beauf!
Demain, Alain et Yvette reviennent à nouveau avec, cette fois-ci, des coquilles St Jacques !! Pour ton repas de midi.... A chaque fois, 70 km aller/retour depuis St Pé de Bigorre. Et ils ne roulent pas sur l'or ! Ou alors, ils le cachent bien. C'est souvent comme çà: ce sont ceux qui peuvent le moins qui se montrent les plus humains, ceux qui donnent le plus.  Tu vas me dire, ma petite femme chérie, que je ne parle que de bouffe. Comprends que tout ce qui te touche, qui concerne ta santé, plutôt ce qu'il en reste, et notamment ce bien-être auquel d'autres que moi contribuent pour toi avec tant d'amour, tout cela me bouleverse, comme me bouleversent l'indifférence, l'orgueil, l'égoïsme, de ceux de tes proches les plus proches qui devraient t'accorder un peu de générosité. Mais c'est fini, je n'en parle plus: gardons dans nos cœurs à jamais le souvenir précieux de ceux qui ne nous auront volontairement fait aucun mal. 
On devait te poser un drain, aujourd'hui:Tu n'as eu droit qu'à une radio des poumons, le drain, ce devrait être pour demain. 
Nous avons eu la visite dans ta chambre du responsable de la Sodexo de l'Ormeau. Qui avait eu des échos de nos griefs concernant certains repas. Il faisait la tournée des chambres. Il  nous a assurés qu'il serait tenu compte de nos doléances. Monsieur fort aimable, d'ailleurs....Attendons.... 
Aujourd'hui, tu avais froid à tes pieds. Mauvaise circulation du sang! J'ai passé un long moment à te les masser, les frotter, les réchauffer, l'un après l'autre, puis les recouvrir de lainage confectionné par ta mère, plus ton manteau de chambre. Incroyable comme ce putain de mal n'en finit pas de t'inventer de nouvelles souffrances....Si je pouvais au moins prendre ta place, pour lui dire "Merde au cancer!", pour qu'il me châtie à moi, qu'il t'épargne, enfin. Je t'aime tant, et tant...../
Retour à 20H15 vers ma solitude. Pourvu que ta nuit soit apaisée, douce, reposante.....La mienne sera sans doute longue, agitée. Un grand vide. Quel calvaire vivons-nous! A moins que tes anti dépresseurs te déconnectent efficacement de ce qui t'attend. Qui nous attend.....


dimanche 18 novembre 2018

JE N'AIME PAS LES WEEK-ENDS EN HOSPITALISATION.

J'ai même une profonde aversion pour ces samedis et dimanches où les "patients" - les malades - sont délaissés pendant de trop longs moments, des minutes interminables, parce que ELSAN, qui "gère" la clinique de l'Ormeau, ainsi que plusieurs dizaines ou centaines de cliniques, groupe financier capitaliste inhumain comme l'est le capitalisme exploiteur et oppresseur, rachète et rachète des établissements de santé pour faire du fric destiné à gaver financiers, banques, et actionnaires, au prix de réductions insupportables de personnels, contraints à travailler double, alors que les malades qui n'en peuvent mais, sonnent, appellent, des soigneurs très dévoués, mais dramatiquement insuffisants, qui tardent à voler à leur secours, parce qu'ils ne peuvent pas être partout à la fois. 
Résultat? Les malades s'impatientent, parfois pour des motifs futiles, soit, mais le plus souvent souffrent injustement de ce manque de soins rapides qu'ils attendent de l'établissement où ils sont soignés. Parce que ces personnels soignants sont trop réduits, pour des raisons budgétaires, et non seulement ils sont nécessaires, mais indispensables au bon fonctionnement des soins des "patients", alors qu'ils ont le sentiment de plus en plus fréquent d'être  négligés, délaissés, parce que les groupes financiers qui pompent notre sécu et les moyens de nous soigner préfèrent exclusivement, ou prioritairement, gâter ou gaver de dividendes les actionnaires de ce système probablement condamné par l'Histoire sociale. D'où les suppressions de postes et la détérioration inéluctable des soins et du système de santé. Des mots que dans notre société "moderne" en proie à la mode dominante "libérale", dépolitisée par des médias aux ordres du capitalisme dominateur,  l'on a tendance à oublier, à ranger au rayon des utopies, mais qui pourtant un jour devraient reprendre tout leur sens, sur le front des luttes sociales à venir.
Je ferme la parenthèse qui n'en était pas une. Cinquante ans de militantisme au seul service des humbles, des travailleurs et salariés les plus modestes, luttes politiques, sociales, humanistes, humaines, syndicales, solidaires, internationalistes, sans dévier d'un pouce, sans jamais trahir l'unique engagement de ma jeunesse, envers le parti des pauvres, de la classe ouvrière, des paysans, artisans, petits commerçants, le même depuis 1966.  Au service de tous! TOUS !!! De n'importe quel bord, de n'importe quelle opinion, religion, ou pas. Cela ne peut s'effacer. Je partirai avec. Et c'est ma fierté. Même si elle n'est pas ou ne fut pas toujours comprise. Mais le plus souvent, au contraire, elle fut appréciée par les plus sages. Sages, non pas parce qu'ils me ressemblaient, mais parce que nous nous découvrions le même amour du don de soi, et du prochain. Quelle richesse, celle de se découvrir, de s'apprécier, de se respecter, sans ostracisme ni entêtement sectaire!
Je rentre de 10 heures de veille, de présence auprès de Gisèle, de soins et d'attentions, de pression psychologique, le temps largement suffisant pour apprécier le dévouement immense des soignants, un travail usant, éreintant, exemplaire, dont les dirigeants de ces groupes financiers inhumains abusent au détriment, je le répète, des salariés qu'ils exploitent, et des "patients", premières victimes de cet esclavage moderne. Sinon, notre journée fut assez calme, apaisante, beaucoup de mini sommeils pour ma perle chérie, quelques visites, dont celle de nos "chers voisins" niçois. Un repas aux cèpes à midi, récolte 2016 dans les bois de la vallée de l'Arros, très  peu de rôti de porc.Ma biche a paru apprécier, faire honneur.....Sinon, à quoi servirait-il que Ducros se décarcasse, comme je lui ai dit ce midi, lorsqu'elle m'a dit qu'elle n'y trouvait pas le goût de l'ail? Un ail bio de notre jardin! J'ai apporté ce matin les dernières framboises, la première orange de notre oranger, les deux premiers citrons de la récolte 2018 de notre citronnier. Je suis sûr que ma perle chérie apprécie ces pensées peut-être puériles, mais pour moi symboliques, de mes attentions et de mon amour pour celle qui m'a tant donné. Et que je me résous pas à imaginer me laisser seul. Pensée insupportable.
A demain, mon trésor.....Et vous qui me lisez....

samedi 17 novembre 2018

UN SAMEDI ORDINAIRE A LA CLINIQUE.







Il devait y avoir des blousons jaunes sur nos routes. En réalité, ici, il n'y avait personne. Entre le rond-point de Bazet et celui de Bordères, sur la ligne droite de 2 ou 3 km il n'y avait que ma voiture qui roulait en direction de Tarbes. A croire que les gens ont tellement eu peur d'être arrêtés par les barrages, qu'ils sont restés chez eux. Peut-être aussi finiront-ils par comprendre que droite ou pseudo gauche, nous sommes toujours pris pour des billes, tondus, pelés, alors que partout, ici et ailleurs, 'il n'y a jamais eu autant de milliardaires. Donc, Macron, ou Sarko, ou Hollande, ou Le Pen, ou Méluche, ce ne sont pas les nouveaux élus à chaque élection qui changent une politique qui reste désespérément la même: au seul bénéfice des milliardaires, des groupes financiers, des marchands d'armements.... Peut-être finira-t-on par comprendre que c'est le capitalisme et lui seul qu'il faut remplacer par un autre système autrement plus efficacement respectueux des gens et de la nature. Le capitalisme est par nature criminel: son seul but, c'est le fric pour les actionnaires, les banquiers, les milliardaires. La santé: un MOYEN de gagner du FRIC!!!!
Cesser d'assassiner la planète, terre mère, respecter vraiment beaucoup plus sérieusement, plus efficacement, l'environnement, pour éviter le grand chambardement qui se prépare.
Mais je continue de me mêler de choses que je ne verrai pas: incorrigible!!
Avant 11H, j'étais près de toi, ma  femme chérie,  le docteur m' a annoncé aussitôt qu'un pneumologue viendrait te faire une nouvelle ponction sous peu. Comment c'était possible? Deux jours avant, on t'a retiré près d'un litre et demi de cet horrible liquide  qui encombrait tes poumons, et çà recommence aujourd'hui? Comment pourrais-je ne pas crever d'inquiétude? Et je ne parle pas de toi-même, principale concernée,"ma biche": même assommée, endormie, anesthésiée par les innombrables calmants et anti dépresseurs qui te sont administrés, il doit y avoir des instants de lucidité où ton cœur, ma Gisèle aimée, doit cogner à grands coups d'une  mortelle inquiétude....
Effectivement, à midi, on porte le plateau-repas dans la chambre, mais à 12H10  le pneumologue débarque pour faire la ponction prévue. Le repas attendra, puisque ma petite femme s'endormira très fatiguée, comme elle l'est en permanence, peu après le départ du pneumologue. Moi qui écrivais avant-hier que je tenais ma chérie par les épaules, appuyée contre moi,  contre ma poitrine, peut-être pour la dernière fois, et bien je me trompais, j'ai pu caresser tes épaules, ton cou, pendant de précieuses minutes. Avec ton courage habituel, lorsque le médecin te demandait si tu avais mal, avec cette grosse aiguille plantée dans le poumon, tu répondais toujours : "Non!". Je me suis assoupi ensuite à côté de toi, puis quand tu t'es éveillée, je t'ai  servi ton petit goûter, une coupelle de morceaux d'ananas, et une nonnette au miel,  arrosés d'une goutte de Lafitte-Teston, tu n'as pas voulu autre chose. Puis le sommeil a repris le dessus. Et je t'ai regardé reposer, longtemps....J'en profitais et j'en profiterai  encore, et encore, pendant ces heures d'intimité comme il m'est encore permis. Jusqu'au bout. J'en ai un tel besoin. Un sursis auquel je m'accroche désespérément.
Au repas du soir, tu as goûté quelques pâtes, que le cuisinier avait  agrémentées de fromage râpé, à notre demande, sinon les autres fois les pâtes n'ont aucun goût, cuites à l'eau, insipides. Quelques petites bouchées de poisson, avant le dessert, un fromage blanc avec de notre confiture de framboises. Mais un petit, petit, repas.
Pour midi, je dois ouvrir une parenthèse. Avec une cuisse de poulet, des carottes, il y avait en entrée une coupelle remplie de morceaux d'endives. Tu as eu le temps de picorer avec tes doigts pour essayer de voir: aucune saveur, assaisonnement nul! Mais le pire: à travers les endives, des morceaux de noix....Mais des noix rances, huileuses, dég......, immangeables! OUI: IMMANGEABLES! Voilà comment on donne de l'appétit aux malades qui en ont pas ou peu, dans les cliniques  aux mains de "groupes financiers" plus préoccupés de gaver de fric les actionnaires que de nourrir décemment les malades. Je reviens là-dessus: Personne, dans les "cuisines", pour s'apercevoir que l'on va servir aux patients des cochonneries, des "aliments" périmés déshonorants, DANGEREUX, pour celui devant qui on les présente, indignes de paraître sur une table, surtout dans un "établissement de santé "? 
Mais il n'y a aucune illusion à se faire: entre préfecture et direction d'établissements plus financier que de santé, on ne doit pas se faire de croc en jambe....
Merci ELSAN! Les malades, les patients, leurs familles, ma Gisèle, surtout, et moi-même, surtout, en son nom, vous remercient. 
P.s.:  Lundi, ils ont prévu de te placer un drain dans le poumon ponctionné : une étape supplémentaire dans ton long calvaire. J'appréhende pour ta toilette: comment vont faire ces dames pour te manipuler sans que tu ais mal? Même si le médecin m'a assuré qu'il n'y aurait aucun danger, aucune douleur...









vendredi 16 novembre 2018

CE VENDREDI 16 NOVEMBRE FUT MOINS SOMBRE.

D'habitude, c'est moi qui t'appelais chaque matin, entre 8h30 et 8h45, pour savoir comment tu avais passé la nuit, si tu avais eu mal, si tu souffrais encore.....Ou moins que la veille. Aujourd'hui, j'avais décidé d'attendre un peu plus tard, pour ne pas retarder ton petit  déjeuner que tu prends de coutume entre 8H et 8H45. A 9h01, mon portable a sonné, je me demandais bien qui pouvais m'appeler sur ce gadget à 1 euro par mois dont tu m'avais équipé il y a quelques années pour te rassurer, lorsque je courais les bois à la recherche de champignons. Comme je n'ai jamais ni montre, ni boussole, il me suffisait de faire notre numéro de fixe, on parlait quelques minutes, je te résumais ma cueillette, et je "champignonnais" plus tranquille, jusqu'à l'heure où je décidais de rentrer: je te prévenais alors que je sortais du bois, et vingt minutes plus tard nous nous retrouvions et je te faisais partager mon bonheur, d'avoir pendant quelques heures vécu au plus près de cette nature sauvage dont j'aime tant m'imprégner et profiter des saines et goûteuses richesses. 
A 9h01, donc, je tire ce maudit portable enfoui au fond de ma sacoche, qui n'arrête pas de sonner comme j'ai peu l'habitude de l'entendre, et ta voix, plus douce que jamais, et beaucoup plus claire qu'hier, me dit:"C'est moi! Tu m'as pas appelé!"  Ben! Non! Je ne t'avais pas appelé, mais toi, tu m'as surpris de la plus belle des manières. Je n'imaginais pas avec la faiblesse qui t'envahit depuis ces dernières semaines que tu serais capable de m'offrir un tel cadeau, avec cette surprise, inhabituelle mais si généreuse. J'étais heureux, si heureux.... Quel présage, cette voix claire? Bon? Triste? On entend souvent dire que  ce mal provoque parfois des réactions d'humeur  en dent de scie.....Un jour avec des moments maussades, le lendemain avec une humeur plus gaie, une voix plus sûre.... Donne moi demain encore et après demain cet espoir que nous pourrons peut-être continuer notre chemin. Ensemble. Revoir ce et ceux que nous aimons et qui nous le rendent. Le temps de pouvoir rêver, espérer, pour aujourd'hui, et d'autres lendemains, un répit, pour prendre encore un peu de cette belle vie dont nous aurons tenté de jouir du mieux possible, le plus sainement, le plus intensément..... Pourquoi pas? Et si un miracle se produisait....Si l'œdème qui déforme tes bras, tes chevilles, tes jambes, s'atténuait demain pour disparaître dans  quelques jours. Si tu décidais de rester encore près de moi, qui ai tant et tant besoin de toi. 
J'attends demain matin, pour découvrir comment t'aura laissée cette nouvelle nuit, la trente quatrième, passée loin de moi. Alors que depuis bientôt 29 ans, nous ne nous étions JAMAIS séparés.
S'il te plait, ma bibiche chérie, mon cher petit amour, reste encore un peu près de moi, avec moi, près de nous. Nous qui t'aimons tant, comme tu le mérites....

JEUDI 15 NOVEMBRE: APAISEMENT PAR LA PONCTION

Hier matin, le pneumologue est venu dans ta chambre. J'étais là depuis 9 H, je voulais assister à cette ponction qui devait te soulager, réguler ton souffle trop rauque, saccadé. Qui nous inquiétait depuis de longs jours. Nous t'avons installée au bord du lit, les jambes pendantes, je te tenais par les épaules, ta tête appuyée contre mon ventre, pendant qu'il  prélevait depuis ton dos , dans ton poumon gauche, quasiment un litre et demie de "liquide" coloré, cette saloperie qui t'enlève à la vie, à notre vie. Pour la troisième fois en trente jours! Et je me disais à ce moment précis, en caressant ton cou, en te retenant avec douceur pour que tu ne glisses pas hors du lit, que c'était peut-être, sans doute, la dernière fois que je pouvais te tenir dans mes bras. J'ai retenu mes larmes même si mon cœur explosait de douleur à cette pensée insupportable, et quand la ponction a été terminée, que ta tête s'est détachée de moi pour qu'on t'allonge à nouveau sur ton lit, j'ai trouvé une petite touffe de tes cheveux collée à mon polo, sur ma poitrine, et j'ai eu encore plus mal. Que c'est dur! Ta voix qui faiblit, tes cheveux qui s'en vont....Putain de putain de saloperie de cancer qui s'est attaqué à toi pour te détruire sans pitié, longuement, toi qui n'a JAMAIS causé un tort à qui que ce soit, fut-il le dernier des connards.....Puis en te recouchant, j'ai découvert une autre touffe de tes beaux cheveux encore roux et grisonnants collée contre l'oreiller. Sans doute encore un des derniers effets - le dernier, pour tes cheveux frisés? - de ces chimios de m....., dont je me demanderai toujours ce qu'elles nous auront apporté de bon...... Je doute..... Mais que la vue de ces cheveux m'est douloureuse!
Pour midi, je t'avais préparé un demi avocat, avec des miettes de thon, du citron de TON citronnier, tu as paru te régaler. Le meilleur était à venir, avec les ris de veau préparés par mon  beau-frère Alain et Yvette. Un petit festin que tu as paru apprécier. Aujourd'hui, ils reviennent avec du homard. Moi j'apporte une bouteille de vin, quelques gouttes ne devraient pas te faire de mal. Je vais quitter ta maison, cette maison que tu as garnie à ton goût et qui semble te crier de rentrer. Vite. Je vais te rejoindre dans une petite demi-heure. Attends-moi. 
Que ce temps est long, dur, sans toi, dans ces murs, ces meubles, cette maison que tu as rendue si douce, si agréable, avec ces millions de petits riens, que tu as marqués dans les moindres détails. Comme seule une femme de goût, un "maîtresse du logis" , une fée comme toi, peut savoir le faire. Avec sensibilité et amour pour deux.
Merci pour ce que tu es, ce que tu as fait avec tant d'amour pour moi, pour notre bonheur.  Mais je te le redirai encore....

jeudi 15 novembre 2018




LE PIRE POUR ELLE ET MOI APPROCHE

Voilà! La fin de ce blog approche, puisque ce soir le médecin oncologue qui soigne Gisèle , ainsi que le directeur de la clinique de l'Ormeau et l'infirmière cadre, m'ont expliqué que je devais me préparer au pire. 
Au pire! 
Ma Gisèle, ma petite femme, "ma biche" ou "ma bichette", ou "mon bichon", selon les moments, ne s'accrocherait plus à la bouée vie comme elle l'a fait jusqu'à aujourd'hui. Et me laissera bientôt seul !
Seul à décider de ma survie. 
C'est ce qui vient de m'être annoncé.  Crûment.
Autant dire que dorénavant, si le malheur annoncé arrive, et dès qu'il adviendra, je ne pourrai plus continuer d'apprécier ces bons moments d'une vie à deux sans elle, ni manger, ni boire, ni jardiner, champignonner , sortir, rencontrer les amis de passion et d'aficion, trinquer, échanger, partager, à table, sur les tendidos, ici, ou au pays frère, tout ce que nous partagions et qu'elle m'a permis de goûter et d'apprécier grâce à sa patience, sa tolérance, sa bonne disposition quotidienne, son amour exemplaire et total. Cette chance unique, ce bonheur et ce plaisir partagés,  ne pourront avoir de lendemains sans Gisèle.
Ma Gisèle.
Combien cela pourra-t-il durer? Très très peu. D'après le médecin. Donc, prochainement ce modeste coin de passionS restera muet. Ne vous en étonnez pas. 
Pour ce soir, salut à tous et toutes, fuerte abrazo .
Pedrito

dimanche 11 novembre 2018

ALERTE SUR LA DÉCADENCE DE NOTRE SYSTÈME DE SANTÉ!

J'écris ces mots pour toi, ma femme chérie, parce que tu ne reçois plus, nous ne recevons plus, les soins hospitaliers qui devraient t'être prodigués. Et tu souffres le martyre, en silence, pour trop longtemps, par la faute des responsables politiques et  médicaux de notre système de santé qui se dégrade, mais aussi de personnels responsables qui appliquent sans réagir ni se poser des questions des programmes et protocoles qui font fi des malades. Nous devons tirer la sonnette d'alarme. Et j'affirme et je signe: les chevaux dans leurs box sont aujourd'hui mieux soignés que le commun des assurés sociaux, le vétérinaire parle, explique, soigne. En présence du propriétaire de son animal. Pour nous, çà a tout besoin. En explications, en soins. Avec des chambres en clinique à 109 euros la journée, sous prétexte que la mutuelle en prendra une partie, çà fait quand même beaucoup pour le service public espéré. Ce qui est le cas aujourd'hui pour toi, ma femme chérie. Et roule la Sécu., qui refuse de te rembourser depuis deux ans les frais d'essence aller à l'Oncopole de Toulouse alors qu'elle t'a remboursé les frais retour, d'une visite ordonnée par le chirurgien qui t'a opérée. Trajet effectué avec NOTRE véhicule, pour économiser à la Sécu des frais plus importants qu' avec un VSL . Voilà comment notre civisme est reconnu!!
En toute logique, non?
Mais reprenons au début.
Çà commence en 2016, un cancer est décelé aux ovaires de mon épouse. Les chimios commencent, l’opération chirurgicale est programmée pour le 13 Août suivant. Suit une longue période de chimios, jusqu’à celle du jeudi 1° novembre, la TRENTE QUATRIÈME, alors que mon épouse est hospitalisée en clinique de TARBES. Le lendemain, (!!!) ,le médecin nous conseille vivement de rentrer à notre domicile, où mon épouse, d’après les promesses, sera suivie et soignée grâce à l’opération Arcane(?)- excusez ma mémoire, ce sont les faits qui comptent-.(Soins à domicile par du personnel bénévole, compétent....) Le matin suivant, après une nuit blanche où mon épouse vomit toutes sortes de liquides, rouges, noirs, plus inquiétants les uns que les autres, son lever s’avère catastrophique. Je vous dispense des détails éprouvants pour elle, la pauvre, qui souffre depuis des mois et des mois, alors que, selon les promesses,et selon la formule consacrée, « tout doit être fait pour l’empêcher de souffrir », et pour l’accompagnant de + de 79 ans que je suis, évidemment non formé et inapte à ce genre d’épreuve, ce sont des détails traumatisants, habituels chez les malades impotents dans des établissements hospitaliers spécialisés, ici ces détails ne sont pas le but recherché, la plupart de mes proches d'ailleurs les connaissent. Vers 8H, l’infirmier prévu pour lui donner les premiers soins de la journée, arrive enfin, alors que je m’affaire à nettoyer. Il décide immédiatement d’appeler le 15 : un peu plus tard, une ambulance arrive et prend en charge mon épouse jusqu’aux « Urgences » de la clinique, d’où elle sortira vers 16H pour être transférée dans un service de « soins continus »
Aujourd’hui, une semaine après sa ré-hospitalisation, elle est absolument sans forces: hier, on nous a annoncé qu’ une septicémie s’était déclarée, avec plein de complications, bactérie, etc.....Alors qu’elle pouvait déambuler lentement dans les couloirs du service d’oncologie jusqu’à ce qu’on nous demande de libérer la chambre, aujourd’hui, mon épouse est totalement anéantie, incapable de se tenir debout, deux personnes ont toutes les peines du monde à l’asseoir sur un siège près du lit et de la recoucher ensuite, ce jour elles n'ont même pas pu retenir sa chute. Aucun appétit, aucune envie, je n’entends souvent revenir dans sa bouche que ses terribles plaintes qui me brisent, toujours les mêmes : «  j’en ai marre, je ne vais pas durer longtemps, je voudrais arracher tout çà ( les perfusions!)etc.....Je persiste et je signe: on nous a fait quitter la chambre de mon épouse pour pouvoir accueillir un autre malade, sans se préoccuper suffisamment de sa faiblesse extrême à elle!!  Résultat? Ma femme est au bout du rouleau! Ni parler, ni manger, ni marcher, évidemment....Végéter !!
Cela, c’est aujourd'hui, 10 Novembre ! Avec la perspective qu'on nous fait miroiter que çà va durer des semaines à devoir lutter et résister, des mois, sans doute, pour remonter la pente ! Désespérant! Parce que pendant ce temps-là, elle ne vit pas comme elle vivait jusqu'à sa septicémie, elle souffre, nous endurons un calvaire, pour une saloperie dont nous ne serons jamais ce qui l’a provoquée.Et qui n'aurait sans doute jamais exister sans  des trop nombreuses négligences ....
Mais avant cela, il y a eu tellement de déboires, de dysfonctionnements, dans notre parcours de « patients » pour qu’elle soit soignée comme le nécessitait son mal. Il y a eu d’abord le temps trop long avant que soit décidée son hospitalisation, alors que depuis des semaines nous tirions la sonnette d’alarme, nous appelions « à l’aide ». Nous devions être appelés un jour pour entrer aux « urgences », il y a deux mois. Nous avons attendu un après-midi entier, personne nous a appelé. Le lendemain, l’oncologue nous a annoncé que « l’infirmière cadre n’avait pas fait son travail ».(Sic!!) Non seulement, çà n’était pas notre problème, la sanction s'il y en a eu ne nous consolait pas, mais çà n’est pas pour cela que cette faute professionnelle a été compensée ou effacée par la seule mesure qui s'imposait: l'hospitalisation d'urgence! Nous n'avons jamais été appelés pour cela aux "urgences": rien n’a suivi, ni le lendemain, ni après, l’oncologue ne nous a plus jamais rappelé pour faire entrer mon épouse en clinique. Au contraire, nouvelle déconvenue- le mot est dérisoire- le lendemain de notre rendez-vous manqué par " la faute de  l'infirmière cadre" : nous nous sommes présentés de nous-mêmes aux « urgences », puisque la souffrance de mon épouse l’exigeait, et là, nous avons subi le pire. Après notre inscription aux entrées vers 9H15, nous avons attendu jusqu’à 12H sans que personne ne daigne nous appeler, et nous avons dû repartir ! Bredouilles !! Nous avons attendu 3 heures POUR RIEN !! Pendant ce temps-là, des gens sans papiers d’identité, des titulaires de la CMU, ont reçu des soins, passé des radios, scanners, ont reçu ensuite leurs résultats ! Et nous, assurés sociaux, à qui on exige la carte vitale, "sinon on ne peut rien pour vous"!!, et bien nous avons été totalement ignorés, délaissés, oubliés..... la colère m’étouffe.
J’ai lu la charte des patients, plus tard, dans une salle de la clinique, notamment leurs « DROITS » : cette charte parle surtout des droits des gens sans ressources, c’est louable, mais dans notre cas elle escamote les « droits » des assurés sociaux, des cotisants, sans qui les nécessiteux sociaux n’auraient aucun droit. C’est logique ? Non ! C’est insupportable.
Plus tard, en hospitalisation, nous avons ressenti plusieurs fois le manque de personnel : parfois plus de vingt minutes (!!!) d’attente pour le patient qui sonne pour demander du secours. Scandaleux ! Une caméra dans sa chambre ne remplace pas le coup d’œil d’un agent. On vous répond, depuis un bureau éloigné : « elle va bien, elle mange », alors que quelques minutes après cette phrase, à mon arrivée dans sa chambre, je trouve mon épouse assise sur le bord du lit, affaissée sur un côté, INCAPABLE DE SE RELEVER(!) et donc incapable de manger !!On se moque du malade, de sa famille!
L’hygiène? Primordial, pour nous, patients citoyens lambdas, dans notre foyer, mais un détail, sans doute, pour la direction de la clinique.....Quelques visites pourtant de services officiels dans certaines chambres – par la préfecture ou autres - s’imposeraient.  A qui nous adresser? Ah! Si nous étions jeunes, avec du temps, et un bon avocat, sans doute, pour dénoncer ces lacunes. Et je me demande si ce que j’ai observé n’a pas de conséquence directe avec la septicémie de mon épouse. Je peux donner des détails précis, sur certain mobilier à la saleté inquiétante dans une chambre de clinique, les cuvettes des cabinets de toilette.....
Ne parlons surtout pas des repas, des mets souvent insipides, même si ce n'est pas le but de ce "papier" : difficile de donner de l’appétit à un malade avec certains plats – pas tous, heureusement, mais quand même, trop nombreux - et des couverts dignes des poilus dans les tranchées. Cuillers à dessert en plastique! N. d . D ! On se croira bientôt en Françafrique!
Ah! J'oubliais.....Encore un ou deux détails.... En visite à Toulouse, en oncologie: un chirurgien, un interne, un autre jeune stagiaire, devant un malade affaibli, 9 de tension, qui cherche secours, aide, et conseils.....Aucun n'a un tensiomètre pour vérifier sa faiblesse. Pas un sur les trois! Incroyable, non? 
Notre médecine, le système tout entier, prend l'eau, périclite, se déglingue, pour toujours la même obsédante raison: le fric qu'une minorité accumule, on entend dire et on lit dans la presse que nous manquons en France de médicaments. Mais à quoi peut servir de voter, de donner des pouvoirs - pouvoirs de quoi, de faire avec la politique des métiers trop bien rémunérés pour des gens intéressés  par le seul du gain ? - à des incapables, qui nous conduisent dans le mur, dans des domaines aussi graves, que la santé, la protection de la nature, et de l'environnement? Il manque de médecins ruraux, heureusement qu'ils sont là, il en reste trop peu, eux qui font honneur à la médecine, il faudrait les multiplier, les traiter comme ils le méritent, nos infirmiers -ères libérales et libéraux sont des  liens médicaux et sociaux indispensables, mais pourquoi les politiques négligent à ce point la Santé, pourquoi ne favoriser que le fric pour des catégories qui en sont gavées?
Dernier avatar connu ce samedi. Depuis plusieurs jours, on nous disait qu'il faut faire une ponction d'eau des poumons. Ce matin, samedi, j'en parle au personnel. Rien ne vient. L'après midi, j'apprends que le pneumologue de permanence vient de partir SANS AVOIR ÉTÉ INFORMÉ par son prédécesseur. Merde et merde! Qu'est-ce qu'il faut faire, pour être entendu ? 
P. CAUMONT  65390 ANDREST 

vendredi 9 novembre 2018

SUR LA GRANDE BOUCHERIE DE 14/18 QUI PROFITA AUX INDUSRIELS MILLIARDAIRES

Les vers d'Aragon, mobilisé lors de la Première Guerre mondiale, résonnent encore aujourd'hui de l'odieuse connerie de la guerre

Tu n’en reviendras pas toi qui courais les filles
Jeune homme dont j’ai vu battre le cœur à nu
Quand j’ai déchiré ta chemise et toi non plus
Tu n’en reviendras pas vieux joueur de manille
Qu’un obus a coupé par le travers en deux
Pour une fois qu’il avait un jeu du tonnerre
Et toi le tatoué l’ancien légionnaire
Tu survivras longtemps sans visage sans yeux
On part Dieu sait pour où ça tient du mauvais rêve
On glissera le long de la ligne de feu
Quelque part ça commence à n’être plus du jeu
Les bonshommes là-bas attendent la relève
Roule au loin roule train des dernières lueurs
Les soldats assoupis que ta danse secoue
Laissent pencher leur front et fléchissent le cou
Cela sent le tabac l’haleine la sueur
Comment vous regarder sans voir vos destinées
Fiancés de la terre et promis des douleurs
La veilleuse vous fait de la couleur des pleurs
Vous bougez vaguement vos jambes condamnées (...)
Déjà la pierre pense où votre nom s’inscrit
Déjà vous n’êtes plus qu’un mot d’or sur nos places
Déjà le souvenir de vos amours s’efface
Déjà vous n’êtes plus que pour avoir péri.
Louis Aragon. Le Roman Inachevé.

Note de P.: 
Et ces mots d'Anatole  FRANCE qui ne déparent pas :