vendredi 15 mai 2020

TOUS DES ENFANTS .


Tous des enfants

John Crossley. — « Deep down » (Tout au fond).
© John Crossley - Eames Fine Art Gallery, Londres
Une fois encore leur monde est par terre. Et ce n’est pas nous qui l’avons cassé. On évoque en ce moment le programme économique et social du Conseil national de la Résistance ; la conquête des droits syndicaux et les grands travaux du New Deal. Mais bien des maquisards français avaient alors conservé leurs armes, et dans la rue un peuple attendait l’échappée belle « de la Résistance à la révolution ». Telle était d’ailleurs la devise d’un quotidien de l’époque qui se nommait Combat. Quant à Franklin Roosevelt, il sut faire comprendre à une partie des patrons américains que les révoltes ouvrières et le chaos social risquaient de balayer leur capitalisme adoré. Il leur fallut donc composer.
Aujourd’hui, rien de tel. Confinées, infantilisées, sidérées autant que terrorisées par les chaînes d’information en continu, les populations sont devenues spectatrices, passives, anéanties. Par la force des choses, les rues se sont vidées. Il n’y a plus ni « gilets jaunes » en France, ni Hirak en Algérie, ni manifestations à Beyrouth ou à Barcelone. Tel un enfant apeuré par le grondement de l’orage, chacun attend de connaître le sort que le pouvoir lui réserve. Car les hôpitaux, c’est lui ; les masques, les tests, c’est lui ; les virements qui permettront de tenir quelques jours de plus, c’est lui (1) ; le droit ou non de sortir — qui ? comment ? quand ? avec qui ? —, c’est encore et toujours lui. Le pouvoir a tous les pouvoirs. Médecin et employeur, il est aussi notre juge d’application des peines qui décide de la durée comme de la dureté de notre confinement. Pourquoi s’étonner alors que trente-sept millions de Français, un record, « deux fois le score d’une Coupe du monde de football », aient écouté le président de la République le 13 avril dernier quand celui-ci s’exprima sur onze chaînes à la fois ? Que pouvaient-ils faire d’autre ce soir-là ?
Le vertige s’accroît du fait que cette puissance ne sait pas où elle va. Ses décisions sont comminatoires, même quand elles se contredisent. Les masques ? Ils ne servaient à rien, c’était certain, tant qu’on n’en avait pas. Ils sont redevenus utiles — c’est-à-dire susceptibles de sauver la vie — depuis qu’on en dispose. La « distanciation sociale » s’impose, c’est entendu, mais la distance de sécurité s’accroît de 50 % quand un Français se rend en Belgique ou franchit le Rhin, et elle double s’il parvient à traverser l’Atlantique. Enfin, on nous dira bientôt quel âge et quelle corpulence interdisent toujours de sortir de chez soi. Mieux valait autrefois être vieux et gros qu’aujourd’hui « senior » et « en surpoids » : les premiers étaient au moins libres de leurs pas. On apprendra aussi pourquoi les écoliers ont cessé d’être contagieux pour des enseignants proches de la retraite à qui on continue pourtant de recommander de conserver leurs distances avec leurs petits-enfants.
Un jour, nous redeviendrons adultes. Capables de comprendre et d’imposer d’autres choix, y compris économiques et sociaux. Pour le moment, nous prenons des coups sans pouvoir les rendre ; nous parlons dans le vide et nous le savons. D’où ce climat poisseux, cette colère inemployée. Un baril de poudre au milieu d’une pièce, et qui attend son allumette. Après l’enfance, l’âge ingrat…
Serge Halimi
(1Aux États-Unis, le nom de Donald Trump va figurer sur les chèques d’environ 1 200 dollars par personne que le Trésor américain enverra à des dizaines de millions de citoyens.
5 Mai 2020
Publié par El Diablo


source : PRCF
source : PRCF


NOte de Pedrito.


La médaille de l’indécence décernée au gouvernement

La médaille de l’indécence décernée

La médaille de l’indécence décernée au gouvernement

au gouvernement



La médaille de l’indécence décernée au gouvernement
La porte-parole du gouvernement a annoncé qu’une « médaille de l’engagement face aux épidémies » serait « réactivée », afin de « récompenser les personnes qui se sont dévouées pendant la crise du Covid-19 ». PHOTO DR 

Au sortir du conseil des ministres, Sibeth Ndiaye a indiqué qu’une médaille serait attribuée à celles et ceux qui ont fait face à l’épidémie de Covid-19. Une décision qui suscite la consternation chez les personnels soignants de la région, invités à réagir par «La Marseillaise».

La porte-parole du gouvernement a annoncé hier qu’une « médaille de l’engagement face aux épidémies » serait « réactivée », afin de « récompenser les personnes qui se sont dévouées pendant la crise du Covid-19 ». Cette proposition avait été portée par un député LR, Philippe Gosselin, qui avait déposé une proposition de loi en ce sens.

Souvenir du choléra
 
La décoration avait été créée à la suite de l’épidémie de choléra de 1884 et visait à « récompenser ceux qui se sont particulièrement dévoués pendant les périodes de maladie épidémique », a rappelé Sibeth Ndiaye. Cette récompense avait disparu au début des années 1960. « Elle pourra être décernée à titre individuel ou collectif et fera l’objet prochainement d’un décret qui la réactualisera », a expliqué la porte-parole. Elle a également indiqué qu’une promotion unique de l’Ordre national du mérite et de la Légion d’honneur sera publiée le 1er janvier 2021 avec « une part importante de personnes ayant contribué à la lutte contre le virus dans tous les domaines d’activité ».

Pascale Jourdan, infirmière, Marseille
 
« Est-ce que ça répond aux attentes des soignants ?! On se fout de notre gueule ! On a une banderole où il est justement écrit "ni prime ni médaille, des moyens pour les soignants". Qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse d’une médaille alors que le point d’indice est gelé depuis 10 ans ? Ce qu’il nous faut ce sont des moyens pour l’hôpital et une reconnaissance des soignants. Le niveau d’études des infirmières n’est toujours pas reconnu. On demande à être catégorie A avec une prise en compte de la pénibilité. »

Marcel Touati, médecin, Marseille

 
« Le gouvernement Macron et sa porte-parole se moquent du monde. C’est effarant de s’imaginer contenter les soignants avec une décoration qui ne coûte rien. Il continue de gérer le monde de la santé comme le reste de la population. Ce que les soignants demandent, ce sont des rémunérations décentes et des recrutements massifs dans l’hôpital public et dans les Ehpad mais aussi l’effacement de la dette des hôpitaux comme le demande la lettre-pétition lancée par La Marseillaise. »


Elisa Gilabert, infirmière, Martigues
 
« Je suis partagée entre rage, dégoût et dépit. Leur médaille, leur hommage du 14 juillet, qu’est-ce qu’ils vont encore inventer pour ne pas commencer à faire contribuer les riches par l’impôt ?! Ce qu’on demande c’est un plan d’investissement massif. On veut une rémunération décente pas des primes. On veut rompre avec les logiques comptables dans l’hôpital public. Nous en réanimation, il a fallu faire intervenir les syndicats pour que les soignants soient payés en heures sup’ pendant qu’on les qualifiait de héros à la télé. »

 
Rémi Boiset, infirmier en libéral, Aix
 
« Je trouve cette idée infantilisante. Comme si on faisait ce métier pour une médaille... On se faisait gazer dans la rue il y a quelques mois et maintenant les mêmes parlent de nous comme des héros... J’ai des collègues qui ont attrapé le coronavirus parce qu’elles n’avaient pas de masques. Moi je travaille avec des masques fabriqués quand j’avais l’âge de 13 ans !!! Ce mercredi un pharmacien m’a refusé des masques FFP2... Il faut des moyens pour tous pas des médailles. » 
L.M. 
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Blog de Michel Dandelot 




Note de Pedrito.
"Mais  que fait l'opposition, celle de la gauche authentique aux abonnés absents, pour mobiliser le peuple Français? Qu'attend-elle pour voler au secours de ces gens qui luttent héroïquement, avec des moyens nettement insuffisants, pour sauver les vies  des malades, NOS vies, et luttent en plus héroïquement pour remuer les consciences de gouvernants incapables de réalisme politique ou - et - social et de reconnaissance civique concrète, et celles de citoyens sans autre superficielle préoccupation que de manifester leur reconnaissance par des remerciements infantiles orchestrés par les chiens de garde des merdias aux ordres?

SUR QUI VA-T-ON "FAIRE DES ÉCONOMIES"?

Il y a urgence ! Le billet du Dr Christophe Prudhomme. Espérons !

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite
Il y a urgence ! Le billet du Dr Christophe Prudhomme. Espérons !
Le nombre de malades hospitalisés en réanimation diminue, mais le nombre de lits ouverts aussi. D’où des tensions insupportables pour les patients et les soignants.
Dimanche, dans mon hôpital, il n’y avait plus aucun lit disponible. Nous sommes revenus à la situation antérieure, avec des patients qui restent sur les brancards en attente de lits. C’est insupportable ! Et ce d’autant que le ministre de la Santé annonce que nous allons progressivement revenir aux 5 000 lits de réanimation disponibles sur l’ensemble du territoire. M. Véran, la crise a montré que la France dispose d’un équipement en lits de réanimation inférieur à la moyenne des pays de l’OCDE, deux fois moindre que des pays comme le Japon, l’Allemagne, la Corée du Sud ou la Lituanie.
Les modalités du déconfinement reposent sur plusieurs critères, dont la disponibilité des lits de réanimation. Sans maintien d’un potentiel supérieur à ce qui existait avant la crise, la population est mise en danger.
Espérons que l’évolution naturelle de l’épidémie poursuive la décroissance en cours. La plupart des médecins sont assez optimistes. Il y aura sûrement quelques résurgences ici ou là, mais nous sommes peu nombreux à croire qu’un nouveau pic comparable au premier se reproduise.
Enfin, espérons-le, sinon nous courons à la catastrophe ! Le « retour d’expérience », indispensable après chaque événement exceptionnel, montre qu’il est nécessaire de corriger un certain nombre de faiblesses.
Pour aller vite, disposer de plus de lits ouverts, notamment en réanimation, et avoir à disposition des stocks de matériels et de médicaments en quantité suffisante, pour être autonome plusieurs mois.
Or, c’est une autre petite musique que nous recommençons à entendre : des efforts vont être nécessaires, il va falloir faire des économies… Nous ne l’accepterons pas.
Christophe Prudhomme, médecin au Samu 93
Billet publié dans l'Humanité

Image d'illustration


LE DOCUMENT EN PDF EN LIEN CI-DESSOUS:
[pdf] CGT -MÉMO COVID

SANOFI/MACRON: UNE HISTOIRE D'AMOUR.....


Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

  ....Bêêê! Bêêê! ....font mine de découvrir les moutons du Panurge Éliséen ! (°)

 

De son côté, l'Amérique de Donalod Trump a tenté d'acheter le laboratoire allemand Curevac, lui aussi dans la recherche d'un vaccin. Le business est toujours plus fort que les besoins sanitaires de notre planète. Le jour d'Avant comme le jour d'Après.
Sanofi, géant pharmaceutique made in France, est coté au CAC 40 de Paris. Il en est même un champion. Il reçoit chaque année des centaines de millions d'euros d'argent public au titre du Crédit d'impôt recherche et du Crédit d'impôt sur la compétitivité et l'emploi. Cela ne l'a pas empêché de saborder l'emploi et de vendre des laboratoires de recherche. Sanofi est également l'un des 3 plus gros bénéficiaires de la manne d'argent public déversée par la BCE aux entreprises dans l'UE du capital. Mais de l'argent public de dingue sans aucune contrepartie.
Le palais de l'Elysée et ses supplétifs ont beau crier "Ô rage, ô désespoir, ô Sanofi ennemie" à l'encontre du Big Pharma français. Mais le président de Sanofi n'est autre que Serge Weinberg. Celui-là même fit embaucher l'énarque Emmanuel Macron dans la banque d'affaires Rothschild en 2008, après que ce dernier fut très haut fonctionnaire et rapporteur adjoint de la commission pour la libération de la croissance française(sic).
Je n'ai pas  en stock de dessin du locataire actuel de l'Elysée s'époumonant à cor et à cri que le jour d'Avant ne sera jamais le jour d'Après.
Je n'ai que celui du candidat socialiste François Hollande et celui-ci, président, prit un ex-banquier d'affaires comme secrétaire-adjoint de l'Elysée, puis comme ministre de l'Economie et des Finances. Pour mémoire.
Sanofi (de France) priorise son éventuel vaccin anti-covid-19 aux USA

Accueil > Actualité Politique et Sociale > Coronavirus : "Nous on ne demande pas de médaille, on demande juste des (...)

Coronavirus : "Nous on ne demande pas de médaille, on demande juste des moyens pour faire notre travail", déclare le collectif inter-hôpitaux

jeudi 14 mai 2020 par France Info Blog ANC
Pour le docteur Olivier Milleron, membre du collectif Inter-hôpitaux, ces annonces sont une provocation. "On demande une revalorisation des salaires, on ne veut pas de prime. Emmanuel Macron s’était engagé à ça, il doit le faire".
franceinfo : Une médaille, la légion d’honneur pour les soignants qui se sont dévoués pendant la crise du Covid-19, vous en pensez quoi ?
Olivier Milleron  : La reconnaissance de la nation est importante. Mais ça fait plusieurs fois que, dans les discours, il y a cette reconnaissance. Maintenant, il faut passer à autre chose. Nous on ne demande pas de médaille. On a fait notre travail. On demande juste des moyens qu’on demande depuis plusieurs mois pour faire notre travail. Pour nous, ces annonces sont une provocation.
Le 14 juillet, c’est un défilé militaire, qu’est-ce qu’on va y faire ? On va défiler avec les sacs poubelle qu’on a été obligés de mettre dans les services parce qu’on n’avait pas de protection, et qu’on n’a pas été capable de nous en donner. Ça n’a pas beaucoup de sens, dans la rhétorique martiale qu’avait utilisée Emmanuel Macron.
Il y a des mobilisations depuis plusieurs mois dans les hôpitaux. On demande clairement une revalorisation des salaires, on ne veut pas de prime. C’est obligatoire. Emmanuel Macron s’était engagé à ça, il doit le faire. On veut une modification du mode de financement de l’hôpital qui a conduit au fait qu’il y a 60% des hôpitaux qui sont en déficit.
Il faut changer la tarification à l’activité. Il faut changer la gouvernance dans les hôpitaux. Ce qui a marché dans la lutte contre le Covid-19, c’est que le personnel s’est organisé. Et quand l’information part des gens qui sont sur le terrain vers les autres, ça marche très bien. Il ne faut pas revenir à l’hôpital d’avant, bureaucratique, où on nous explique qu’il faut remplir des tableaux Excel, faire de l’activité et du profit. Ce n’est pas possible.

Cette prise de conscience n’est pas encore là. Il n’y a pas un changement de perspective dans l’hôpital ?
On a l’impression qu’il n’y a pas du tout de connaissances quand on entend qu’on va demander à d’autres salariés de nous donner des jours de RTT pour prendre des vacances. Le problème c’est qu’il n’y a pas assez de personnel dans les hôpitaux. On n’arrive pas à recruter parce que les gens ne sont pas assez bien payés.
Le problème n’est pas de prendre des vacances, mais c’est de savoir s’il y aura du personnel dans les hôpitaux pour les faire tourner cet été. On va essayer de garder plus de lits ouverts dans l’éventualité d’une nouvelle vague de Covid-19, on est très vigilants là-dessus, mais avec quel personnel ?
De toute façon, on peut nous donner toutes les RTT que l’on veut, on ne pourra pas prendre de vacances.

Y-a-t-il des soignants qui se sont découragés et qui ont jeté l’éponge après avoir traversé cette crise ?
Le problème, c’est qu’il y en avait déjà beaucoup qui partaient et qui disaient que c’était difficile de travailler dans ce système-là où on se sentait complètement abandonnés. Là, on a connu un épisode très difficile, les soignants se sont mobilisés, ils ont beaucoup donné. Il y a eu des mots qui ne sont pas suivis d’effet.
Il y a les engagements d’Emmanuel Macron à Mulhouse qui a dit qu’on allait réinvestir massivement, qu’il y avait des choses qui n’étaient pas dans le marché, qu’on devait reconnaître la valeur sociale de certains métiers, qu’il fallait accorder des augmentations de salaires. Il n’y a que ça qui peut marcher. Les médailles, le 14 juillet, pourquoi pas, mais il faut que ça vienne en plus des engagements qu’il avait pris.
Que cherche à faire le gouvernement ?
C’est une façon de faire de la communication. Une infirmière demande juste à pouvoir se loger près de l’hôpital et à ne pas être à une heure de son travail dans les grandes villes. Avec les salaires qu’elles gagnent, elles sont obligées de vivre à une heure de l’hôpital. Elles veulent juste être payées normalement pour le travail qu’elles font.
Les personnels hospitaliers sont maltraités, ils le sont depuis des années. Les infirmières gagnent 500 euros en moins par mois par rapport à la moyenne dans l’OCDE. Bien sûr, c’est très bien la prime. Mais est-ce qu’on donne la même prime à un professeur de médecine qu’à un brancardier ?
La prime ce n’est pas un bon système pour gratifier les gens. Il faut un salaire décent en concordance avec le travail qu’on fait. Et l’utilité sociale des gens qui travaillent dans les hôpitaux a été démontrée au cours des dernières semaines.