jeudi 2 décembre 2021

 

Le socialisme ? un monde débarrassé des escrocs, des avides cupides et des hypocrites..

un clin d’oeil amical à ceux qui continuent à lire et à commenter ce blog, malgré les blocages techniques que nous subissons, donc merci cher lecteur affrontant l’adversité, dis-toi bien que déposer un texte comme une bouteille à la mer relève des mêmes difficultés. MERCI à toi en particulier Philippe 2, qui confirme que tous mes malheurs tiennent au fait que je suis une charmante vieille dame…Dans le fond à lire vos commentaires, il m’arrive de me dire que le socialisme auquel nous aspirons est simplement un monde débarrassé des escrocs, des avides cupides et des hypocrites.

Il est des gens qui n’attendent ni la gloire, ni la richesse, mais simplement qu’on les laisse agir pour ce qu’ils estiment juste et dans cette action si faire ce peut ne pas être la proie de l’égoisme, de l’avidité minable et des complicités que la concurrence entre les exploités, les pauvres génèrent… Est-ce que prétendre être différent est un luxe ? si tel était le cas allons jusqu’au bout de ce luxe…

Après avoir subi tant de méchanceté, d’injustices et de délations de mes ingrats contemporains, les pires n’étant pas toujours ceux que la logique soupçonnerait,je pourrais comme vous pourtant m’exclamer :

Si, plein de respect pour nos conventions sociales, et ne s’écartant jamais des digues qu’elles nous imposent, il arrive, malgrè cela, que nous n’ayons rencontré que des ronces, quand les méchants ne cueillaient que des roses, des gens privés d’un fond de vertus assez constaté pour se mettre au-dessus de ces remarques ne calculeront-ils pas alors qu’il vaut mieux s’abandonner au torrent que d’y résister? Ne diront-ils pas que la vertu, quelque belle qu’elle soit, devient pourtant le plus mauvais parti qu’on puisse prendre, quand elle se trouve trop faible pour lutter contre le vice, et que dans un siècle entièrement corrompu, le plus sûr est de faire comme les autres?

Mes lecteurs lettrés reconnaitront l’ouverture du roman de Donatien, marquis de sade : Justine ou les infortunes de la vertu… Notre hypothèse est que nous somme comme l’époque où ce méchant seigneur sévissait dans une période de transition historique,je dirais même que nous, le happy few de ce blog, nous n’avons connu que transition. Peut-être à cause de la bataille du rail et des espoirs de la résistance avons-nous vécu sur un quai de gare en attendant l’Orient express ou le transibérien, des wagons au luxe surrané et flanqué de drapeaux rouges et affiches révolutionaires. Il y eut même Gagarine pour nous saluer de l’espace… Nous eumes cette ridicule espérance si chevillée au corps que nous avons considéré comme ue victoire cejour de 2021 où on a réussi à organiser une videoconférence sur le socialisme dans les locaux du colonel Fabien … Je me demande ce que ce héros aurait dit de voir les communistes mener une telle clandestinité héroïque pour ne pas faire pleurer Pierre LAURENT et les siens…

peut-être les générations futures si elles ont connaissance de ce que nous avons dû subir, nous qui nous sommes acharnés à croire que le socialisme sous la direction éclairée d’un parti communiste était la garantie d’un monde meilleur… devront s’interroger : pourquoi tant d’obstination ? Alors que ceux qui l’ont inspirée ont disparu depuis longtemps et que rien chez leurs successeurs ne mérite la moindre estime… heureusement il y a Cuba, cette entreprise de salubrité révolutionnaire publique…

Cette obstination que nous mettons parfois dans la plus grande des solitudes, souvent en s’étant reconnus ceux qui sont prêts à FAIRE, de Limoges où Marianne se débat à Marseille où katia, hamid, kamel continuent et m’entraînent enfin avec l’aide de la fédération grâce aux aixois, toujours à quelques uns en passant par Nicolas l’arlésien qui m’écrit hier :

Bonsoir Danielle,J’espère que tu vas bien.Je te donne quelques nouvelles arlésiennes de la solidarité financière avec Cuba, dans le cadre de l’initiative de la Fédération CGT des cheminots :
 – ci-dessous l’invitation de la section d’Arles du PCF à son “Drôle de Noël”. Possédant quelques ruches, j’ai proposé de mettre en vente des pots de miel, avec une étiquette personnalisée aux couleurs du drapeau cubain ; vente dont le produit permettra à la section d’effectuer un versement à la Fédération CGT des cheminots. Cette vente est annoncée dans le programme, “en solidarité avec le peuple Cubain”.
 – l’Union Locale CGT d’Arles a lancé un appel à la solidarité financière auprès des syndicats CGT de son territoire, a mis l’appel sur son site internet, et effectuera elle-même un versement.La proposition de participer à l’initiative des Cheminots CGT est accueillie chaque fois très favorablement, et permet de lancer le débat.
Je te dis à bientôt,
Nicolas.

Mais ici, nous nous débattons, et parfois il m’arrive de m’interroger sur ce qui a fait la situation française, ces haines et envies groupusculaires, des inerties, pourquoi est-ce que nous croyons encore et être communiste quand pas un ne parait capable de sauver l’autre, de prendre conscience de la réalité du monde et de la force de l’ennemi, ne voit que l’art et la manière de faire le peau non pas à l’ennemi mais au partenaire… Pourquoi ce ridicule de justine ou les infortunes de la vertu, si ce n’est que les anticommunistes restent encore et toujours les pires créatures qui se puissent imaginer et que tout ce que je reproche à ceux qui usurpent le nom de communistes quel que soit l’endroit où ils aient installé leur lit de roi fainéant c’est de leur ressembler.

je profite de la diffusion actuellement confidentielle de ce blog pour dire en riant ce que m’inspire une lâcheté généralisée traversée de quelques rares raies de lumière mais que voulez-vous je ne peux pas être autre, quand le mépris m’envahit je préfère m’en libérer comme de chaînes qui entravent… Je vous conseille d’en faire autant cela aide à aimer vivre avec soi même et même avec les quelques autres…

danielle Bleitrach

 

Note de P.    Chapeau à notre irremplaçable Danielle. Merci pour son incomparable et inusable leçon de vie, de courage, et les mots pèsent peu!

Honduras,le retour de bâton …

Une base militaire contrôlée par les États-Unis et un coup d’État : un rappel de ce qui s’est passé au Honduras (et de ce qui arrive avec Xiomara Castro) Lamanière dont les “médias” démocratiques et les “élites” politiciennes se taisent sur ce qui se passe en Amérique latine, les coups d’Etat, les tortures, dit assez ce que valent leur droit de l’hommisme… Ce qui se passe partout y compris en Ukraine, et les dictateurs, leurs trafics, la misère des populations rend méprisable le silence y compris de la gôche. (noteettraduction de danielle BLEITRACH pour histoireetsociete)

Publié:1 déc 2021 11:48 GMTOciel Ali Lopez

Le triomphe de l’épouse de l’ancien président Manuel Zelaya, évincé en 2009, soulève une question pour les conseillers du département d’État de Joe Biden : jusqu’où va aller son arrière-cour maintenant ?

Une base militaire contrôlée par les États-Unis et un coup d’État : un rappel de ce qui s’est passé au Honduras (et de ce qui s’en vient avec Xiomara Castro)
Xiomara Castro, vainqueur virtuel des élections présidentielles honduriennesYoseph Amaya / Reuters

Le triomphe d’une coaliton progressiste dirigée par Xiomara Castro dimanche, douze ans après le coup d’État contre Manuel Zelaya, nous incite à nous souvenir de certaines choses concernant le Honduras.

Le pays d’Amérique centrale n’a pas subi les guerres civiles de ses voisins au siècle dernier parce que l’hégémonie américaine, en particulier dans ses forces armées, a prévalu sur toute tentative d’indépendance.

C’est pourquoi le coup d’État contre Zelaya en 2009 a été si efficace, si bien executé , c’est pourquoi il n’y a pas eu de pression internationale qui pourrait l’empêcher (rappelez-vous la manière dont l’avion a été bloqué après son expulsion avec le président de l’Assemblée générale de l’ONU de l’époque, Miguel d’Escoto, sur l’aéroport de la capitale) et comment son retour à la politique a été unanimement empêché institutionnellement.

C’est-à-dire que nous parlons d’un État idéologiquement de droite qui n’a pas permis, ou ne permettra pas, de petits changements tels que ceux que Zelaya a tentés pendant son administration.

À cette époque, les forces armées, ainsi que les groupes de pouvoir représentés par le président du Congrès de l’époque, Roberto Micheletti, ont mené un « coup de palais » sans un coup de feu, ils ont expulsé le président légitime du pays, pour ensuite mettre en oeuvre tous les obstacles pour empêcher sa participation politique.

Les démocrates du monde entier se sont tus face à une situation hors de toute légalité. Aucun dirigeant régional ou mondial n’a entrepris de destituer le président Juan Orlando Hernández ou de l’interroger. Il n’a pas fait l’objet de sanctions, bien au contraire.

La situation au Honduras, après le coup d’État et certaines élections présidentielles, est celle d’une « démocratie », avec des groupes paramilitaires qui ont assassiné des dirigeants (dont le cas le plus célèbre a été celui de Berta Cáceres),la judiciarisation de la politique et la réélection arbitraire en 2017 sans légalité constitutionnelle.

Cependant, les démocrates du monde se sont tus face à une situation hors de toute légalité. Aucun dirigeant régional ou mondial n’a entrepris de destituer le président Juan Orlando Hernández ou de l’interroger. Il n’a pas fait l’objet de sanctions, bien au contraire. Juan Guaidó dans son moment de plus grand soutien l’a rencontré; le département d’État américain ne l’a pas mis sur la liste noire, et il ne met pas de prix sur sa tête.

En 2019, un tribunal américain a prononcé une condamnation contre Tony Hernández,le député et frère de l’actuel président, et dans sa décision ille  liait au président pour avoir reçu des pots-de-vin du trafic de drogue.

Des représentants du bureau du procureur des États-Unis ont déclaré que l’accusé « a conspiré avec son frère président du Honduras, provoqué des actes de violence brutaux et canalisé l’argent de la drogue pour des campagnes du Parti national en échange de promesses de protection aux trafiquants de drogue ».

Juan Orlando Hernández, Président du Honduras, dans son discours à la COP26, Glasgow, 1er novembre 2021Andy Buchanan / Reuters

La présidence d’Hernandez est devenue imprésentable. La réalité du trafic de drogue était trop évidente.

L’élite hondurienne avait besoin de se réoxygéner,de prendre un bain de démocratie, et il était temps de permettre la participation de Xiomara Castro, l’épouse de Zelaya, elle s’avère le vainqueur incontesté de dimanche, pour faire face à ce qui a envahi l’État et la sphère politique.

Pour tenter de l’arrêter, le parti officiel, dans le style du trafic de drogue colombien, a recréé, tout au long de sa campagne, le fantôme du communisme représenté, selon eux, par la candidaet. Mais les calculs de l’instance électorale hondurienne montrent que cette campagne n’a pas été couronnée de succès, car selon les résultats préliminaires, la candidate a pris 20 points d’avantage sur son concurrent du Parti national au pouvoir, Nasry Asfura.

Nouvelles limites de la cour arrière des USA

L’Amérique centrale n’est plus une région politiquement stable, comme elle l’avait été au cours des deux premières décennies de ce siècle, au cours desquelles elle a vécu une « lune de miel » post-conflit.

La radicalisation de certains gouvernements, la proposition populiste du président Nayib Bukeleau Salvador, ainsi que l’accusation judiciaire de trafic de drogue contre l’actuel président hondurien par les tribunaux américains, ont été dépassé par le problème de la migration,qui est devenu une préoccupation majeure dans la politique américaine, Le triomphe de Castro amène les conseillers du département d’État américain à se demander : jusqu’où va dériver son arrière-cour maintenant ?

L’un des principaux aspects fondamentaux de la situation du honduras est la base militaire de Soto Cano, sous le contrôle de l’armée américaine et utilisé comme tête de pont contre les insurrections dans la région.

Une fois les résultats confirmés, la tension se situera dans la manière dont les partis traditionnels, l’institution réellement existante et les médias de droite se comportent avant le nouveau scénario politique qui est né ce dimanche, où une dirigeante progressiste occupera la présidence présidentielle : sera-t-elle empêchée de gouverner comme Pedro Castillo au Pérou ou aura-t-elle une marge de manœuvre pour exercer le gouvernement et ramener l’institutionnalité à son canal démocratique ?

La base militaire de Soto Cano, en discussion

L’un des principaux aspects fondamentaux est la base militaire de Soto Cano, sous le contrôle de l’armée américaine et utilisé comme tête de pont contre les insurrections dans la région.

Au cours de son mandat, Zelaya a essayé de transformer cette base en un aéroport commercial et c’était la principale raison de la discorde qui a réussi àl’éliminer ,ou du moins la stratégie du département d’État de Barack Obama pour le sacrifier.

Même après la décision des tribunaux de lier le président actuel et son parti au trafic de drogue, de hauts responsables militaires américains ont continué à « coopérer » avec les forces armées honduriennes et à rencontrer publiquement des responsables gouvernementaux, souvent à la base elle-même.

Manuel Zelaya, ancien président du Honduras, lors d’une manifestation après la condamnation du frère de Juan Orlando Hernández, Tegucigalpa, octobre 2019Jorge Cabrera / Reuters

Soto Cano a servi de théâtre aux opérations de contre-insurrection américaines pour intervenir dans les processus dans le reste de l’Amérique centrale depuis les années soixante-dix. Pour le gouvernement américain, c’est une question de principe de le maintenir.

Le jour du coup d’État contre Zelaya, lorsqu’il a été arrêté par des groupes militaires, il a été emmené à cette base, où il y avait au moins 600 soldats américains, avant d’être expulsé de force du pays.

Voici quelques-unes des décisions que la présidente devra prendre lorsqu’elle assumera ses fonctions : cherchera-t-elle le dialogue avec le gouvernement américain, pour lequel elle doit permettre son contrôle sur la base militaire, ou osera-t-elle les chasser de Soto Cano ?

Quoi qu’il en soit, les conflits politiques vont s’accroître dans ce pays où les pouvoirs en place voient avec un mauvais visage le retour du zelayisme, qu’il a violemment expulsé.

C’est l’Amérique centrale, le conflit continue.

Ociel Ali Lopez

Il est sociologue, analyste politique et professeur à l’Université centrale du Venezuela. Il a remporté le prix municipal de littérature 2015 avec son livre Dale más gasolina et le prix Clacso/Asdi pour jeunes chercheurs en 2004. Collaborateur dans divers médias en Europe, aux États-Unis et en Amérique latine.

Les déclarations et opinions exprimées dans cet article relèvent de la seule responsabilité de leur auteur et ne représentent pas nécessairement le point de vue de RT.

 


2 décembre 2021

Le blog le prévoyait comme la future étape  imposée aux soignants par manque de moyens : abandonner les malades  qui coûtent cher et  "accaparent les lits". Le Docteur Prudhomme dans l'Huma dénonce  les technocrates qui viennent d'inventer un mot : "bloqueurs de lits": il s'agit de patients aux séquelles lourdes qui s'obstinent à rester en vie. Ils sont la cause d'un déficit insupportable.

Comme ils le disent en anglais, c'est moins grave semble-t-il.

   Les archéologues, dès le paléolithique, décèlent une particularité de l'espèce humaine. Des estropiés incapables de chasser vivaient longtemps à l'échelle de l'époque. Les autres les prenaient en charge. C'est une particularité UNIQUE de l'espèce humaine, qui fait sa singularité , avec la production d'outils.

  Nos adorateurs modernes du dieu dollar franchissent donc un pas vers l'abjection dure. Attali avait commencé à l'envisager.. Désormais  coûter trop cher trop longtemps  à la société vous condamnerait à mort. Et les médecins feraient le choix, protégeant les vrais auteurs du crime. Lorsqu'un système tourne le dos à une des constantes de l'espèce humaine, il n'en a plus pour très longtemps.

Published by PCF Littoral -

 

HONDURAS: UNE SECONDE CASTRO

 EN AMÉRIQUE LATINE


Carte politique de l'Amérique du Sud.

Planisphère : Honduras - Cartes - Encyclopædia Universalis

rfi

Xiomara Castro a annoncé qu’en cas de victoire elle allait intensifier ses relations avec la Chine populaire, la Russie, et les alliés que j’évoquais en Amérique latine.1

1 Cuba, le Venezuela, la Bolivie, le Pérou...

ya hicimos historia, ahora vamos a construir futuro. #NewProfilePic
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La candidate de gauche Xiomara Castro a revendiqué dimanche la victoire pour la présidence du Honduras. Selon des résultats encore partiels, elle a obtenu plus de 53% des suffrages. La participation aux élections générales a atteint un niveau historique avec 62% des votants qui se sont déplacés aux urnes dans un pays ravagé par la violence et la corruption.

Le Hondurien Daniel Vasquez, doctorant au CNRS et au centre d’études mexicaines et centraméricaines analyse ce qu'il estime être un vote sanction. 

 
 

RFI :

Peut-on interpréter cette forte participation, 62%, comme un désir de changement après douze années d’hégémonie du Parti National ? 

Daniel Vasquez : 

Tout à fait. Il faut rappeler que l’actuel président Juan Orlando Hernandez s’est fait réélire en 2017, et que cette réélection a été fortement impopulaire, avec notamment une fraude électorale. Le parti au pouvoir est au gouvernement depuis 2010, le vote de dimanche c’était donc aussi un vote contre ces douze années de gouvernement Orlando. L’important chamboulement dans cette élection, ça a été le ralliement des différents secteurs d’opposition quelques semaines avant le scrutin, particulièrement celui du candidat qui avait remporté le meilleur résultat de l’opposition lors des élections de 2017. Salvador Nasralla, qui est aussi le présentateur de télévision le plus important du pays, s’est retiré en faveur de Xiomara Castro. Ça a été un tournant pour cette élection, en permettant à des indécis et des indépendants de se rallier à une candidate pour laquelle ils éprouvaient probablement une certaine méfiance.  

Alors ce vote pour Xiomara Castro a-t-il été un vote d’adhésion ou de contestation? 

Un vote de contestation contre le gouvernement de Juan Orlando Hernandez, qui fait face à des accusations importantes de narcotrafic portées par le tribunal de New York. Son frère a été condamné à la perpétuité pour cette raison, il est emprisonné aux États-Unis. Le candidat du Parti National, Nasry Asfura, était perçu comme le successeur de ce régime, lui aussi célèbre pour des cas de détournement de finances publiques. Donc d’une certaine manière c’est un vote notamment contre la classe politique du Parti National.  

Xiomara Castro semble bénéficier de ce mécontentement généralisé, mais elle est très marquée à gauche. Est-ce que ça ne risque pas d’exacerber davantage les tensions ? 

Absolument. Xiomara Castro est l’épouse de l’ex-président Manuel Zelaya, qui a été déchu par un coup d’État en 2009 précisément pour son rapprochement avec ce courant du socialisme du XXIe siècle, dirigé par Hugo Chavez, Evo Morales et Rafael Correa. C’est pour cette raison qu’il y a eu des tensions importantes entre conservateurs et libéraux au Honduras,. Cette admiration pour ces régimes, et notamment le totalitarisme cubain, est encore d’actualité. Il faudra voir comment la politique étrangère du pays prend un virage à partir de janvier.  

Les États-Unis sont sans doute partisans d’un retour à l’apaisement, dans l’espoir d’endiguer les vagues d’immigration hondurienne à leur frontière. Malgré tout ils pourraient voir avec méfiance l’arrivée de Xiomara Castro à la tête du Honduras.

L’intérêt des États-Unis pour l’Amérique centrale n’est plus le même que dans les années 80, avec les guerres internes centraméricaines. Mais il faut reconnaître que la question migratoire - il y a plus d’un million de Honduriens sur les neuf millions du pays qui habitent aux États-Unis - est une question importante sur laquelle les États-Unis ont mis l’accent, la ralliant à la question politique, la question de la corruption endémique dans le pays… Pour autant ils ont été silencieux depuis l’arrivée du gouvernement Biden, en attendant de nouveaux résultats. C’est sans doute une opportunité pour eux, mais aussi un défi : Xiomara Castro a annoncé qu’en cas de victoire elle allait intensifier ses relations avec la Chine populaire, la Russie, et les alliés que j’évoquais en Amérique latine.   

Xiomara Castro a promis de s’attaquer à la corruption. Est-ce qu’elle aura les mains libres si le reste du pays et les autres institutions sont encore gangrenées par cette corruption ? 

Sa capacité d’action dépendra des possibles coalitions au sein du Parlement, et de la direction que prendront les relations internationales. Il faut dire que la culture politique dominante, dans laquelle elle est elle-même aussi imbriquée, est celle de la corruption et de l’inefficacité. Son mari étant une des figures les plus importantes de cette manière de faire de la politique, avec des relations clientélistes, du favoritisme... On est dans un pays où, si l’ensemble des acteurs politiques font preuve de velléités démocratiques, la pratique en réalité est toute autre. L’État est perçu comme le butin des vainqueurs, et la carrière politique et l’accès à la fonction publique en général répondent surtout à cette volonté d’obtenir un poste et d’enrichir ses proches. 

À propos du président sortant, est-ce qu’il pourrait y avoir une demande d’extradition vers les États-Unis ? 

Oui, il pourrait éventuellement y en avoir une. Ce qui complique l’affaire c’est que la Cour suprême des États-Unis a souvent une posture différente de l’exécutif. Tout de même, selon la presse locale et les rumeurs au sein de la société civile, Hernandez est déjà en en train de prévoir un exil, que ce soit en Israël, un de ses plus proches alliés, où au Nicaragua voisin. 

Tag(s) : #Amérique latine Honduras

 

Le procès de Julian Assange : un retour vers l’avant Nuremberg.

"Please, save my life." - Julian Assange

A la sortie de la deuxième guerre mondiale, les états vainqueurs ont organisé le procès du régime nazi. Les rendus du tribunal deviendront ensuite les bases du droit international, sous l’appellation des « principes de Nuremberg ».

Contrairement à une croyance répandue, le Tribunal n’a pas condamné à mort des dignitaires du régime nazi pour des crimes particuliers, mais pour celui plus large de « crime contre la paix » ou, dit autrement, d’avoir déclenché une guerre non-provoquée. Le principe énoncé était que le crime contre la paix - ou crime d’agression (*) - constituait le crime des crimes, le crime absolu, le crime qui englobe et inclut tous les autres crimes résultant de ce crime originel. Qu’être coupable du crime contre la paix vous rendait coupable de tous les crimes individuels commis dans son sillage.

Un autre principe était que « obéir aux ordres » n’était pas une excuse recevable, qu’il existait un devoir de désobéissance aux ordres criminels.

Enfin, un fait peu connu est que l’éditeur en chef d’un quotidien allemand fut condamné à mort et exécuté pour cause de propagande pro-guerre.

Et seize « juges » membres du ministère de la Justice du Reich (ou des tribunaux populaires et spéciaux) furent poursuivis, et quatre furent condamnés à la prison à vie.

La suite des événements mondiaux démontreront bien sûr l’écart entre ces principes affichés et la réalité sur le terrain. Comme l’a rappelé Noam Chomsky, si les principes de Nuremberg étaient réellement appliqués, tous les présidents des Etats-Unis depuis la Seconde guerre mondiale auraient été pendus. Il n’en demeure pas moins que le droit international, basé sur ces principes, existait et constituait - peu ou prou – le fil du tissu des relations internationales.

On me rétorquera que, principes ou pas, le droit international a été régulièrement piétiné. Certes, comme toute « loi », le droit international est appelé à être violé et se pose dans la foulée la question des mécanismes de maintien de l’ordre international. S’agissant de relations entre Etats plus ou moins puissants, plus ou moins belliqueux, on comprend bien qu’il y a la théorie et la pratique. Surtout lorsque le violeur en chef du droit international prétend tenir le rôle de gendarme du monde. Comme lorsque le chef de la police se révèle être aussi le chef de la mafia.

Mais aussi imparfait qu’il soit, un tel état des choses peut basculer vers encore pire. Vers une situation où le gendarme auto-proclamé ne cache plus son appartenance à la mafia mais l’assume à mots à peine voilés, en lançant quelques clins d’oeil à son entourage. Où les règles du jeu ont discrètement, mais officiellement, changé. Où un fragile « droit » est remplacé par une brutale imposition d’une « pratique coutumière ».

Pratique jusqu’à présent cantonnée et bien rodée principalement autour de leurs embargos économiques unilatéraux, les Etats-Unis tentent désormais d’étendre l’« extra-territorialité » de leurs lois à notre droit de savoir, en enlevant un journaliste Australien, exerçant en Europe.

L’après procès Assange ne sera pas la mort de « la » liberté de la presse. Car « la » presse a accompli pour cette affaire comme pour tant d’autres son œuvre de désinformation, en toute liberté. La mort, car mort il y aura, sera celle d’un certain journalisme, le seul qui compte réellement et le seul qui mérite ce titre.

Le procès de Julian Assange, que les médias s’obstinent, au mieux, à réduire à un fait divers ou, au pire, à ignorer, est présenté par ses défenseurs comme une atteinte à la liberté de la presse. Ce qui est vrai. Mais ce n’est là qu’un des aspects de cette affaire, car ce crime là n’est qu’un « sous-produit » d’un « crime des crimes » plus vaste, contre les principes même de Nuremberg qui prévalaient jusqu’à présent.

De l’irrecevabilité de l’excuse « je ne faisais qu’obéir aux ordres », nous voyons des auteurs de crimes de guerre être décorés pour services rendus.

De la condamnation à mort d’un journaliste pro-guerre, nous sommes passés à la lente mise à mort d’un journaliste anti-guerre.

De la guerre non provoquée, considérée jadis comme le crime des crimes, nous sommes en train d’assister à un procès intenté par les auteurs de « crimes contre la paix » contre celui qui était le plus conséquent, à l’avant-garde, efficace - et donc dangereux - de leurs résistants.

Libérer Assange, c’est non seulement sauver un juste, mais aussi résister à la folie vers laquelle les psychopathes au pouvoir veulent nous entraîner : un retour « officiel » de l’ordre mondial à l’image de leurs esprits malades et criminels.

Viktor Dedaj

(*) Le crime d’agression est défini à l’art. 8bis du Statut de Rome de la Cour Internationale de Justice https://crimeofaggression.info/role-of-the-icc/definition-of-the-crime...

La compétence de la Cour Internationale de Justice sur le crime d’agression est officiellement devenue active le 17 juillet 2018. https://ilg2.org/2018/12/05/the-crime-of-aggression-1-year-later/