lundi 5 février 2024

 

Le ‘Terrorisme’, ce terme insidieux Blog El Diablo

 

Bush et Cheney. (Archives nationales des États-Unis, Wikimedia Commons.)

Réagissant aux mesures prises par les États-Unis après les événements du 11 septembre 2001, John Whitbeck, avocat international chevronné, a écrit un article sur l’utilisation et l’abus du mot “terrorisme” pour Global Dialogue, un trimestriel publié à Nicosie, où il a été publié dans le numéro du printemps 2002 de la revue. Il a également été publié dans Politica Exterior, une publication madrilène, et dans la revue viennoise International. Whitbeck, qui réagit maintenant à la crise de Gaza et au barrage de propagande auquel nous sommes quotidiennement soumis, l’a republié le mois dernier dans son bulletin d’information distribué à titre privé. C’est cette version, considérablement étoffée par rapport à l’original, que nous proposons aujourd’hui aux lecteurs.

Comme on le constatera aisément, certaines références de Whitbeck renvoient naturellement au moment où il a écrit pour la première fois sur le “terrorisme” et ses significations. Nous pensons que cela ne remet pas en cause la date de son article, mais révèle plutôt la pertinence constante de ses observations. Il nous livre, nous semble-t-il, une étymologie historique et politique d’un terme qui n’a cessé d’être utilisé de manière insidieuse au cours des 23 dernières années.

Nous sommes heureux d’accueillir John Whitbeck dans nos pages.

Patrick Lawrence et C. M. 


Le ‘Terrorisme’, ce terme insidieux

Il recèle de nombreux dangers.

Par John V. Whitbeck

La plus grande menace pour la paix mondiale et la société civile aujourd’hui est clairement le “terrorisme” – et non pas le comportement auquel le mot est associé, mais pour le terme en lui-même. Puisque le mot “terrorisme” (comme le comportement auquel il est appliqué) ne pourra jamais être éradiqué, il est impératif de l’exposer pour ce qu’il est : un mot.

Pendant des années, les gens ont récité (souvent avec un sourire ironique) les truismes selon lesquels “le terrorisme d’un homme est le combattant de la liberté d’un autre” et que “le terrorisme, comme la beauté, est dans l’œil de celui qui regarde”. Cependant, alors que l’unique superpuissance mondiale a déclaré une guerre mondiale et illimitée “contre le terrorisme”, proclamant que cette “guerre” ne fait que commencer et promettant de persévérer jusqu’à la “victoire”, la subjectivité notoire de ce mot n’est plus un sujet de plaisanterie..

Ce n’est pas un hasard s’il n’existe pas de définition commune du “terrorisme”, le terme étant si subjectif qu’il est dépourvu de toute signification inhérente. En même temps, il est extrêmement dangereux, car nombreux sont ceux qui pensent qu’il a un sens, et beaucoup d’autres en usent et en abusent en l’appliquant à tout ce qu’ils détestent comme un moyen d’éviter et de décourager toute pensée et discussion rationnelles et, souvent, d’excuser leur propre comportement illégal et immoral.

Les formulations précises ne manquent pas pour qualifier les divers actes auxquels le mot “terrorisme” est souvent appliqué. “Meurtre de masse”, “assassinat”, “incendie criminel” et “sabotage” sont autant d’expressions possibles (auxquels on peut ajouter, le cas échéant, l’expression “pour des raisons politiques”). Toutefois, ces formulations précises n’ont pas l’impact écrasant, diabolisant et décourageant du mot seul “terrorisme”, lui conférant précisément le charme requis pour ses utilisateurs les plus cyniques et les plus dépourvus de principes. Si quelqu’un commet un “meurtre de masse à motivation politique”, les gens peuvent être curieux de connaître la cause ou les griefs qui ont inspiré un tel crime, mais aucune cause ni aucun grief ne peut justifier (ni même expliquer) le “terrorisme” tout court, qui, toutes les personnes bien pensantes doivent en convenir, incarne le mal absolu.

Des crimes tels que le “meurtre”, l’“incendie criminel” et le “sabotage”, ainsi que leurs diverses gradations, figurent déjà dans les textes de loi, ce qui rend inutile et non souhaitable une législation pénale spécifique pour le “terrorisme” en tant que tel. La création de délits et de peines distincts pour les infractions “terroristes” introduit un élément totalement subjectif dans le droit pénal, qui, pour être juste et être perçu comme tel, devrait se fonder rigoureusement sur ce qu’une personne a fait, et non sur les raisons pour lesquelles elle l’a fait (et encore moins qui elle est ou à qui elle l’a infligé).

Un crime qualifié de “terrorisme” est presque toujours puni plus sévèrement que le même acte sans l’étiquette “terrorisme”. Ainsi, tuer pour faire avancer une cause à laquelle on croit profondément est jugé plus répréhensible que de tuer parce qu’on n’aime pas la victime, ou qu’on veut lui voler son bien. On peut comprendre que les gouvernants considèrent la première motivation comme plus dangereuse. L’équilibre moral et éthique entre les deux motivations est moins clair.

Toute analyse impartiale de l’utilisation du mot “terrorisme” montre également que le choix d’utiliser ou non cette qualification est souvent pas fonction de l’acte en lui-même, mais de la personne qui le commet. Avant le retrait des forces d’occupation israéliennes du Sud-Liban, le Premier ministre français Lionel Jospin, en visite dans la région, a profité d’une conférence de presse pour dénoncer publiquement comme des “actes terroristes” les attaques des combattants du Hezbollah contre les forces d’occupation israéliennes à l’intérieur du Liban. M. Jospin a semblé sincèrement surpris lorsque, le lendemain, les Palestiniens lui ont lancé des pierres alors qu’il quittait une réunion avec le président Yasser Arafat à Ramallah. Il n’aurait pas dû l’être.

Il ne serait jamais venu à l’esprit de M. Jospin de qualifier d’“actes terroristes” les attaques des résistants français contre les forces d’occupation allemandes en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces combattants sont les plus grands héros de la France. Pourtant, objectivement, il n’y a pas de distinction entre les deux luttes résistantes. La seule distinction est de savoir qui résiste à qui – une distinction évidentes aux yeux d’un public arabe ou musulman.

Jospin, un homme sans doute fondamentalement honnête, n’avait certainement pas l’intention de faire une démonstration de racisme et de sectarisme lors de sa conférence de presse. Pour quelqu’un qui a été élevé en Occident, où le racisme anti-arabe est la seule forme de racisme socialement acceptable (où il est en fait presque obligatoire aux plus hauts niveaux de la société), où l’islamophobie est un phénomène historique et social profondément enraciné et où la propagande anti-arabe et anti-musulmane est implacable et rarement remise en question, c’est sorti tout naturellement.

Arabes et musulmans sont parfaitement conscients de la tendance répandue en Occident (et en particulier aux États-Unis) à ne pas les considérer comme des êtres humains à part entière ou, du moins, à ne pas les considérer comme des êtres humains dignes des droits de l’homme fondamentaux. L’approbation enthousiaste par l’Occident (et en particulier par les États-Unis) de la transformation de la terre arabe de Palestine en État juif d’Israël (impliquant nécessairement la dépossession et la dispersion de la population palestinienne autochtone) et l’indifférence de l’Occident (et en particulier des États-Unis) à l’égard de la mort de plus d’un demi-million d’enfants irakiens de moins de cinq ans provoquée par les sanctions (comme l’a souligné l’ancienne secrétaire d’État Madeleine Albright), sans susciter d’indignation perceptible aux États-Unis, comme le “prix à payer” pour la politique irakienne de l’Amérique) ne s’explique pas autrement. Quiconque croit que les Arabes sont des êtres humains ne peut approuver le premier point de vue ni être indifférent au second. Il est logiquement et intellectuellement impossible d’adopter simultanément les deux.

La conscience qu’ont les Arabes et les Musulmans de leur déshumanisation aux yeux des Occidentaux – contribuant manifestement à exacerber le profond sentiment d’humiliation et de haine qui a donné lieu aux attentats du 11 septembre et au discret mais omniprésent sentiment de satisfaction des Arabes et des Musulmans à l’idée que quelqu’un avait enfin riposté – ne peut qu’être amplifiée par l’utilisation presque exclusive par l’Occident du terme diabolisant de “terrorisme”, en particulier depuis le 11 septembre, pour désigner des causes jugées justes par la plupart des Arabes et des Musulmans. Même lorsque l’adjectif “islamique” est omis, il semble sous-entendu, et compris.

Les Américains, en particulier, ne doivent pas se leurrer sur la véritable réaction arabe et musulmane aux attentats du 11 septembre, et sur les raisons de cette réaction. Le 30 janvier 2002, Arab News, principal journal anglophone d’Arabie saoudite, a publié l’article suivant à propos d’une interview accordée au New York Times par le directeur des services de renseignement d’Arabie saoudite, le prince Nawaf bin Abdul-Aziz Al-Saud :

“Le prince Nawaf a reconnu que la grande majorité des jeunes adultes saoudiens ont éprouvé de la sympathie pour la cause d’Oussama ben Laden après le 11 septembre … Un rapport américain confidentiel, tiré d’une enquête menée mi-octobre auprès de Saoudiens instruits âgés de 25 à 41 ans, a conclu que 95 % d’entre eux soutenaient la cause de Ben Laden … Il a attribué ce soutien au ressenti de la population à l’égard des États-Unis, justifié en grande partie par leur soutien indéfectible à Israël.”

Les guerres sont menées contre des pays et des peuples, et non contre des religions ou des épithètes subjectives, mais une “guerre contre le terrorisme” dont les cibles sont presque exclusivement musulmanes peut facilement être perçue par ceux ainsi visés et diabolisés, comme n’étant pas simplement une guerre contre les musulmans, mais une “guerre contre l’islam”. Une “guerre contre le terrorisme” qui qualifie pratiquement toute initiative déployée par les Arabes et les musulmans pour redresser des torts profondément ressentis comme étant non seulement illégitimes mais criminels, et qui traite les Arabes et les musulmans en général comme intrinsèquement suspects d’intentions “terroristes”, et indignes des droits de l’homme fondamentaux, est quasi assurée de générer ce que cette “guerre” est ostensiblement censée éradiquer.

La plupart des actes qualifiés de “terrorisme” (du moins en Occident) sont des tactiques de faibles, généralement (mais pas toujours) contre les forts. Ces actes ne sont pas des stratégies choisies, mais de dernier recours. Pour illustrer le propos, les Palestiniens préféreraient certainement pouvoir, pour se libérer d’une occupation sans fin, user de moyens “respectables”, avec des F-16, des hélicoptères d’attaque Apache et des missiles à guidage laser comme ceux que les États-Unis fournissent à Israël.

Si les États-Unis fournissaient également de telles armes à la Palestine, le problème des attentats suicides serait résolu. Tant que ce ne sera pas le cas, ou du moins tant que les Palestiniens ne pourront espérer un avenir décent, personne ne devrait être surpris ou choqué que les Palestiniens utilisent les “vecteurs” dont ils disposent, c’est-à-dire leur propre corps. L’espoir authentique d’une vie meilleure que la mort est le seul remède au désespoir qui inspire une violence aussi effroyable.

À cet égard, il convient de noter que les pauvres, les faibles et les opprimés se plaignent rarement du “terrorisme”. Les riches, les forts et les oppresseurs, eux, s’en plaignent constamment. Alors que la majeure partie de l’humanité a plus de raisons de craindre la violence de haute technologie des forts que la violence “basse technologie” des faibles, la ruse fondamentale employée par ceux qui abusent de l’épithète “terrorisme” (et dans certains cas, probablement inconsciemment) est essentiellement la suivante : la violence à technologie artisanale des faibles est perçue comme une telle abomination que la violence à haute technologie que les forts peuvent déployer contre elle est sans limites.

Il n’est pas surprenant que, depuis le 11 septembre, pratiquement tous les États confrontés à une insurrection ou à un mouvement séparatiste se soient empressés de monter dans le train de la “guerre contre le terrorisme”, qualifiant leurs opposants nationaux (s’ils ne l’avaient pas déjà fait) de “terroristes” et, au moins implicitement, adoptant la posture – puisque personne n’ose critiquer les États-Unis pour avoir fait ce qu’ils jugent nécessaire dans leur “guerre contre le terrorisme” – que personne ne doit critiquer leurs actions de répression de leurs propres “terroristes”.

Même si l’on admet que de nombreuses personnes qualifiées de “terroristes” sont véritablement coupables, on doit reconnaître que beaucoup d’autres sont des idéalistes motivés par des griefs tout à fait légitimes impossibles à faire valoir autrement que par des moyens non violents. Le respect des droits de l’homme et la condition humaine ne sont en effet pas toujours susceptibles d’être améliorés via cette apparente carte blanche donnée aux forts, dans une sorte d’“alliance impie” de tous les régimes établis, pour écraser les faibles comme ils l’entendent.

Dans le Washington Post du 15 octobre 2001, le rédacteur en chef adjoint Jackson Diehl a cité deux exemples marquants de l’utilisation abusive de l’épithète “terrorisme” :

“Lors de leur poignée de main au Kremlin, Sharon [Ariel Sharon, à l’époque ministre israélien de l’immigration] et [le président russe Vladimir] Poutine ont échangé un mensonge commun sur les guerres que leurs armées mènent contre les rebelles en Tchétchénie, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Dans les deux cas, le conflit sous-jacent porte sur l’autodétermination nationale : un État pour les Palestiniens, l’autonomie pour la Tchétchénie. Le monde est enclin à croire que ces deux causes sont justes … Sharon et Poutine ont tous deux tenté de convaincre le monde que leurs opposants sont des terroristes, ce qui implique que la solution ne passe pas par des concessions politiques mais simplement par une vigoureuse campagne de lutte contre le terrorisme.”

La seule définition intellectuellement honnête et globalement viable du “terrorisme” est peut-être une définition explicitement subjective : “une violence que je ne soutiens pas”. Cette définition expliquerait la condamnation universelle du “terrorisme” dans un monde qui, apparemment, en est rempli. Par définition, on ne peut pas soutenir ce que l’on ne soutient pas, alors que, lorsqu’on le soutient, il ne peut s’agir de “terrorisme”.

En effet, toute personne exposée aux médias et aux discours publics occidentaux et arabes ne peut que constater la qualification systématique de “terrorisme” par les médias et le discours public occidental de pratiquement toutes les violences palestiniennes contre les Israéliens (même contre les forces d’occupation israéliennes en Palestine), tandis que médias et discours public arabe qualifie systématiquement de “terrorisme” pratiquement toutes les violences israéliennes contre les Palestiniens. Seule une formulation aussi explicitement subjective permettrait de répondre à ces deux caractérisations, ainsi qu’à la plupart des autres.

Cependant, le terme a été tellement dévoyé que même la violence n’est plus une condition préalable essentielle à son utilisation. En décembre 2001, un avocat saoudien a déclaré à la presse qu’il entamait un procès de plusieurs milliards de dollars contre dix compagnies internationales de tabac :

“Nous exigerons que les fabricants de tabac soient inscrits sur les listes des terroristes et de ceux qui financent et parrainent le terrorisme en raison du grand nombre de victimes que le tabagisme fait dans le monde entier.”

(Sur le plan de la culpabilité morale relative, ce concept n’est pas absurde. Les cigarettes tuent en moyenne plus d’Américains en trois jours que les attentats du 11 septembre. En outre, l’industrie du tabac tue pour des raisons financières et non, comme les “terroristes” plus traditionnels, dans l’espoir de rendre le monde meilleur, du moins selon ses propres critères subjectifs).

Si nous pouvions reconnaître que le mot “terrorisme” est fondamentalement une épithète et un terme abusif, sans signification intrinsèque, il n’y aurait pas plus de raison de s’inquiéter du terme aujourd’hui qu’avant le 11 septembre. Cependant, les États-Unis s’appuyant sur le terme pour s’arroger le droit absolu d’attaquer tout pays qu’ils n’aiment pas (et pour la plupart, des pays qu’Israël n’aime pas) et ainsi que le président Bush l’a proféré à plusieurs reprises : “soit vous êtes avec nous, soit vous êtes pour les terroristes” (ce qui signifie, en clair : “soit vous faites de nos ennemis vos ennemis, soit vous serez nos ennemis – et vous savez ce que nous faisons à nos ennemis”), de nombreuses personnes dans le monde doivent éprouver un véritable sentiment de terreur (définition du dictionnaire : “un état de peur intense”) quant à l’orientation que les États-Unis donnent au reste du monde.

Pendant ce temps, en Amérique, l’administration Bush a semblé faire passer la Constitution américaine – et les traditions américaines en matière de libertés civiques, de respect des procédures, d’État de droit et d’équité fondamentale (les aspects les plus nobles de la vie américaine et les principales raisons pour lesquelles le pays était autrefois respecté par admiration et non simplement par crainte) – à la déchiqueteuse, le plus souvent sous les applaudissements ou l’assentiment de la population.

Des libertés civiques de plusieurs siècles ont subi le même sort au Royaume-Uni, sans autre raison apparente qu’une irrésistible tendance à suivre aveuglément les États-Unis dans tout ce qu’ils font. Qui aurait pu penser que 19 hommes en colère armés uniquement de couteaux pourraient accomplir autant, provoquant une réponse, au-delà de leurs rêves les plus fous, menaçant d’être bien plus préjudiciable à leurs ennemis que leurs propres actes effroyables ?

La métamorphose des Talibans, dans la terminologie et la conscience américaines, d’un gouvernement particulièrement rétrograde et répressif (considéré comme tel par la plupart des musulmans également) en un régime “abritant des terroristes” et, enfin, en “terroristes” de la pire espèce, est un exemple dramatique de la menace pour le droit international, le bon sens et l’intérêt national éclairé inhérentes à l’utilisation désinvolte, voire criminelle, du mot “terroriste”.

Rappelons que, peu après le 11 septembre, les États-Unis ont exigé de l’Afghanistan qu’il leur livre Oussama Ben Laden. Cet ultimatum était assorti non seulement du bâton (la promesse d’une attaque et d’un renversement s’ils ne s’exécutaient pas), mais aussi, au moins implicitement, de la carotte (la promesse de ne pas être attaqué en cas d’exécution). Si Ben Laden avait été livré, on peut imaginer que les Talibans continueraient à gouverner l’Afghanistan de manière assez chaotique.

L’Afghanistan a demandé des preuves, et il n’y en a pas eu, si bien que les États-Unis l’ont attaqué. Avant l’attaque, bien que les États-Unis disposent depuis longtemps de listes très complètes d’“organisations terroristes” et d’“États soutenant le terrorisme”, ni les talibans ni l’Afghanistan ne figuraient sur ces listes. Pourtant, imperceptiblement mais très rapidement, et sans qu’il soit même allégué qu’un seul citoyen afghan ait eu connaissance des attentats du 11 septembre, toute personne associée d’une manière ou d’une autre aux Talibans – politiquement, administrativement, en tant que simple soldat, et même en tant qu’ambassadeur au Pakistan – est devenue “terroriste”, devant être “capturée”, “écrasée” et tuée si possible, et “traduite en justice” si, par malheur, elle devait se rendre avant d’avoir pu être tuée. Les États-Unis ont déclaré publiquement ne pas être intéressés par la capture de prisonniers ou à faire en sorte que leurs alliés afghans recrutés à la hâte le soient, constituant en soi un crime de guerre.

Le 5 décembre 2001, Arab News a publié une lettre à l’éditeur :

“Le secrétaire américain à la défense, Donald Rumsfeld, exigerait la “neutralisation physique” de tous les dirigeants talibans et aurait déclaré que “son équipe juridique étudie la question de savoir comment juger le chef des Talibans, Mulla Muhammad Omar … et d’autres personnalités importantes” des Talibans. La question du “Pourquoi ?” serait peut-être plus pertinente que la question du “Comment ?” Il n’est pas difficile d’imaginer que des accusations criminelles soient portées contre les dirigeants d’Al-Qaeda, bien que l’administration Bush ne semble pas croire que de telles accusations pourraient être reçues dans un tribunal public, avec les garanties classiques d’une procédure régulière pour les accusés. Mais quel est donc le “crime” des dirigeants talibans ? Refuser d’extrader un résident vers un pays avec lequel leur pays n’a pas conclu de traité d’extradition ? Résister (de manière inefficace) à une attaque américaine contre leur propre pays ? Conspirer pour assassiner l’agent de la CIA impliqué dans le massacre de la prison de Qalai Janghi ? Est-ce là le genre de “justice” à laquelle le monde entier est censé se rallier sans réserve aux États-Unis ?”

En 2002, la question du “comment” se posait encore, mais principalement pour de simples soldats, puisque peu de chefs talibans avaient été capturés. Doivent-ils être jugés par un tribunal militaire américain secret ? Par une cour martiale américaine classique ? Par un tribunal civil américain ? Par un tribunal en Afghanistan ou dans le pays d’origine des soldats talibans ? La question “Pour quoi faire ?” n’est toujours pas formulée. On peut supposer que si elle était posée, la réponse serait évidente : “Le Terrorisme”.

Puisque ces misérables soldats sont désormais considérés comme des “terroristes”, il est apparemment sans importance que les États-Unis aient attaqué l’Afghanistan, et non l’inverse, et qu’ils n’aient jamais eu la moindre chance de riposter, étant simplement soumis à des bombardements aériens massifs jusqu’à ce qu’ils soient tués ou qu’ils se rendent. En tant que “terroristes”, ils sont certainement coupables d’un crime odieux et ne peuvent prétendre à aucun droit.

Dans ce contexte, le cas de John Walker Lindh, ce “Taliban américain” de 20 ans que sa conversion à l’islam et sa recherche d’un sens à la vie plus profond que celui offert par le consumérisme égocentrique du “rêve américain” ont mené au mauvais endroit au mauvais moment, a quelque chose de presque psychédélique : bombardé par les forces militaires américaines, survivant de justesse au massacre de la prison de Qalai Janghi après s’être rendu, renvoyé aux États-Unis enchaîné pour y être inculpé (potentiellement passible d’une peine d’emprisonnement à perpétuité, mais pas, malgré le soutien considérable de l’opinion publique, à la peine de mort) pour (croyez-le ou non) “conspiration en vue de tuer des Américains”. (“Conspiration” est, bien entendu, l’accusation traditionnellement portée aux États-Unis contre des personnes qui ne seront rendus coupables de rien, mais que les procureurs sont déterminés, pour une raison ou une autre, à condamner).

Le 23 janvier 2002, l’International Herald Tribune a publié une lettre au rédacteur en chef :

“Les États-Unis prétendent que les combattants talibans qu’ils détiennent dans des cages en plein air dans leur enclave navale cubaine ne sont pas des “prisonniers de guerre” bénéficiant des droits et protections prévus par les conventions de Genève, mais simplement des “combattants illégaux” ne bénéficiant d’aucun droit dans un lieu spécifiquement choisi parce qu’aucune loi ne s’y applique. Si les États-Unis sont légitimés dans cette affirmation, cela signifie juste que la seule superpuissance du monde a attaqué l’un des pays les plus pauvres de la planète dont le régime ne possédé aucune force militaire, rendant la “victoire” américaine en Afghanistan plus digne d’un embarras éthique que d’une fierté patriotique.”

Apparemment enivrés à l’idée de mener une guerre mondiale contre les “terroristes” et culturellement programmés pour considérer les Arabes et les Musulmans comme des sous-hommes, les États-Unis, par le traitement infligé aux personnes capturées en Afghanistan, ont réussi à raviver les feux du ressentiment et de la haine dans les pays arabes et musulmans à des niveaux bien plus élevés qu’avant le 11 septembre, à sacrifier la morale dans des pays ni alliés ni qualifiés d’“ennemis naturels”, et à amener l’opinion publique, même dans des pays aussi fervents pro-américains que le Royaume-Uni, à s’interroger publiquement sur le type de nation que les États-Unis sont devenus.

Comme l’a écrit Robert Fisk dans The Independent à la fin du mois de janvier 2002 :

“Félicitations, l’Amérique. Vous avez fait d’Oussama ben Laden un homme heureux … Nous sommes en train de devenir le genre d’individus trompeurs et impitoyables que Ben Laden nous imagine être. Nous sommes maintenant le modèle même des ennemis que Ben Laden veut combattre. Il doit être vraiment heureux.”

L’aide que d’autres pays continueront à offrir aux États-Unis dans leur “guerre contre le terrorisme” émanera plus de la peur ou du cynisme intéressé que d’une véritable conviction.

Si le monde veut éviter de sombrer dans l’anarchie, où la seule règle est “la loi du plus fort”, où chaque “riposte” engendre une “contre-riposte”, et où une véritable “guerre des civilisations” fait rage, le monde – et en particulier les États-Unis – doit reconnaître que le “terrorisme” n’est qu’un mot, un épithète subjectif et non une réalité objective, et certainement pas le prétexte à ignorer toutes les règles du droit international, les libertés civiques nationales et l’équité fondamentale qui, jusqu’à présent, on fait de certaines parties de notre planète des endroits où il fait bon vivre.

Le monde – et en particulier les États-Unis – doit également reconnaître que, sur une planète regorgeant d’injustices, les accès de violence de ceux qui espèrent désespérément une vie meilleure, ou qui cherchent simplement à porter un coup à l’injustice ou à leurs bourreaux avant de mourir, ne pourront jamais être éradiqués. Au mieux, la fréquence et la gravité de ces explosions peuvent être atténuées en réduisant (plutôt qu’aggravant) les injustices et les humiliations qui les engendrent, appliquant de manière plus cohérente et universelle le principe fondamental “fais aux autres ce que tu voudrais qu’ils te fassent”, ainsi que le principe fondamental de l’égalité de traitement entre hommes et femmes, et du principe des pères fondateurs de la démocratie américaine selon lequel tous les hommes sont égaux et dotés de droits inaliénables, en traitant toutes les personnes (y compris les ennemis) comme des êtres humains ayant accès aux droits humains, et en s’efforçant d’offrir espoir et dignité humaine aux millions de malheureux qui n’ont ni l’un, ni l’autre.

L’augmentation des programmes et dépenses militaires de “sécurité” et de “lutte contre le terrorisme” se révélera presque certainement contre-productif à l’objectif déclaré, réduisant la sécurité et la qualité de vie non seulement pour les pauvres, les faibles et les opprimés, mais également pour les riches, les puissants et les oppresseurs.

Depuis le 11 septembre, la tendance a été d’aggraver, plutôt qu’atténuer, les problèmes mêmes qui ont alimenté le sentiment d’humiliation et de haine à l’origine de ces attaques. Toutefois, cette tendance n’est pas inéluctable – à moins bien sûr que les hommes et femmes de bonne volonté, emplis de compassion et de valeurs éthiques, partagent une crainte fondée quant à l’orientation prise par le monde et clairvoyants sur une meilleure façon de faire, ne se laissent terroriser jusqu’au silence.

John V. Whitbeck

John Whitbeck est un avocat international basé à Paris. Depuis la fin des années 1980, il a publié de nombreux articles sur les affaires du Moyen-Orient, parus dans de nombreuses publications occidentales, arabes et israéliennes. En tant qu’avocat, il a conseillé les Palestiniens à de nombreuses reprises. Un recueil de ses essais, The World According to Whitbeck (Five and Ten Press), est paru en 2005.

John V. Whitbeck Réagissant à la réaction des États-Unis après les événements du 11 septembre 2001, John Whitbeck, a écrit un article sur l’utilisation et l’abus du mot “terrorisme” pour Global Dialogue, un trimestriel publié à Nicosie, où il paru.

Article original en anglais The Floutist, 8 JANV. 2024

 

Agriculture : le Modef appelle à poursuivre les mobilisations

Le syndicat agricole progressiste condamne en bloc les mesures de soutien aux agriculteurs annoncés par Gabriel Attal jeudi.

Pour le Modef, des contrôles annoncé par Bruno Le Maire ne suffiront pas.
atricia Huchot-Boissier/ABACAPRESS.COM

 

Dès les annonces de Gabriel Attal égrainées jeudi, Pierre Thomas, président du Mouvement de défense des exploitations familiales (Modef), avait donné le ton. « Ces quelques mesures ne changent rien sur le fond. La crise que nous connaissons va donc se poursuivre. On continuera donc les actions. De toute façon, nous savons que la bataille sera longue à mener pour changer de système agricole. »

Ce vendredi après-midi, alors que les points de blocage tenus par la FNSEA et les Jeunes agriculteurs avaient tous été levés en Île-de-France et autour de Lyon, le syndicat progressiste qui veut « en finir avec le pillage organisé du travail des agriculteurs », a répondu point par point aux annonces gouvernementales.

Le cadre des lois Egalim et le renforcement des contrôles annoncé par Bruno Le Maire ne suffiront pas à maintenir des prix rémunérateurs, assure Didier Gadéa. « Egalim, c’est rester dans un cadre où le marché fixe les prix. Mais on voit bien que des deux bouts de la chaîne, ce sont les agriculteurs et les consommateurs qui se font assassiner. Au milieu, il y a des profiteurs. Et quand vous demandez à la grande distribution ou à l’agro-industrie quelles sont leurs marges, on n’obtient aucune réponse », décrypte le viticulteur en Héraut, qui milite avec le Modef pour « la fixation des prix par la loi, garanti par l’Etat ».

« 1035 euros d’aide par élevage »

Le syndicat a par ailleurs expertisé les 150 millions d’euros de soutien fiscal et social aux éleveurs bovins. « Quand ils annoncent des fonds de soutien, ils parlent toujours en millions. Mais ça fait 1035 euros par élevage. Pour moi, ça correspond à 1 % de mon chiffre d’affaires », calcule Elliott, qui a par ailleurs vu les 8500 euros d’aides à l’installation pour les jeunes agriculteurs fondre au gré des augmentations de toutes ses factures.

La mise en « pause » du plan écophypto 2030 provoque aussi la colère du Modef. Pour Amandine Feuchot, « c’est la cerise sur le gâteau offert à l’agrobusiness et l’agro-industrie ». La maraichère bio en Corrèze rappelle l’évidence : « Notre premier outil de travail, c’est la terre, la pluie, le vent, les insectes polinisateurs, nos animaux ; c’est aussi le corps, la tête et le coeur de l’agriculteur qui a besoin de vivre en bonne forme. On connaît tous les conséquences de ces produits sur la santé, sur l’environnement. Ces mesures reviennent à faire sauter nos protections aux profits des plus gros. Voilà pourquoi nous appelons à faire passer les coûts de ces produits pour notre société en investissements dans la recherche, la formation, pour aider les agriculteurs à changer leurs pratiques pour mieux en vivre. »

Quant à la souveraineté alimentaire maintes fois citée par le premier ministre, cette idée sonne étrangement aux oreilles du Lot-et-Garonnais et dirigeant du Modef Raymond Girardi. « Il y a quelques années, la France était l’un des plus grands pays agricoles. Entendre désormais parler de souveraineté agricole est surréaliste. L’agriculture est l’épine dorsale de notre ruralité. Si elle s’effondre, c’est notre ruralité qui s’effondre », affirme-t-il, rappelant que le Modef est membre fondateur du mouvement Via Campesina qui a défini la souveraineté alimentaire comme le droit des populations, de leurs Etats ou Unions à définir leur politique agricole et alimentaire, sans dumping vis-à-vis des pays tiers.

 

Focus

Gaza «inhabitable», l’impossible enquête de terrain

Gaza est aujourd’hui « inhabitable » selon le Bureau des droits de l’homme des Nations unies. Depuis le 7-Octobre, l’enclave est la cible de bombardements incessants et indiscriminés. Privés d’accès, les observateurs internationaux peinent cependant à connaître l’ampleur exacte de la catastrophe.

Des Palestiniens observent les destructions après une frappe israélienne contre un immeuble résidentiel à Deir al Balah, dans la bande de Gaza, le dimanche 14 janvier 2024.
Des Palestiniens observent les destructions après une frappe israélienne contre un immeuble résidentiel à Deir al Balah, dans la bande de Gaza, le dimanche 14 janvier 2024. AP - Adel Hana

Les mois passent, et les bombardements continuent du nord au sud de la bande de Gaza. Sur le terrain, les observateurs se raréfient, ce qui rend la compréhension de la situation de plus en plus complexe. « Beaucoup de journalistes sont morts, d’autres sont partis. Nous avons de moins en moins d’images et de données pour pouvoir analyser les tirs et bombardements », regrette Emily Tripp directrice d’Airwars. Cette ONG enquête sur les victimes civiles des conflits armés. « Quand vous tuez les gens qui documentent et témoignent des dégâts causés par chaque frappe, vous empêchez aussi la possibilité de dresser un bilan et d’en identifier les auteurs. »

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Airwars à l’habitude de récolter toutes les images et informations possibles pour chaque incident détecté. « Il y a aussi beaucoup d’organisations partenaires qui n’arrivent plus à communiquer avec leurs équipes sur le terrain. Ils ne peuvent donc pas nous aider à recouper les faits et l’analyse est donc très complexe. »

Nous assistons à la destruction d’une société tout entière

Emily Tripp, avance tout de même une comparaison. « Après la bataille de Raqqa [la grande ville syrienne reprise à l’organisation État islamique en 2017.], l’ONU a déclaré que 80% de la ville était inhabitable. La campagne aérienne menée par les États-Unis et ses alliés a duré six mois. Nous savons déjà que les forces israéliennes ont utilisé plus de munitions et avec une plus grande fréquence et un plus grand degré d’imprécision en trois mois sur Gaza, que la coalition internationale en six mois sur Raqqa. »

Le ministère de la Santé du Hamas a déjà comptabilisé plus de 26 700 morts et 65 000 blessés depuis le début de l’opération militaire. « Au-delà de l’impact humain, nous assistons à la destruction d’une société tout entière », selon Emily Tripp. « Des écoles, des canalisations d’eau, des mosquées... Tout est détruit. »

Tous les experts en viennent à la même conclusion. De leur carrière, ils n’ont jamais vu une guerre d’une telle intensité. « Toutes les infrastructures clefs sont touchées, ce qui rend la vie extrêmement difficile, voire impossible dans certaines parties de Gaza », explique Christina Wille, directrice d’Insecurity Insight. Cette association basée en Suisse analyse l’impact de la violence sur la population civile en termes de sécurité alimentaire, de santé et d’éducation. « Dans certains quartiers, même si vous trouvez de la nourriture, vous ne pourrez pas la faire cuire, car il n’y a pas d’eau. »

Gaza City, le 11 octobre 2023.
Gaza City, le 11 octobre 2023. AP - Adel Hana

Des milliers de blessés, plus d’hôpitaux

De la même manière, le manque d’eau, de carburant, d’électricité et dans ce cas précis de médicament affecte le fonctionnement des hôpitaux. « Comment voulez-vous opérer sans équipement, sans lumière ? questionne Christina Wille. Sans électricité, il n’y a pas non plus d’incubateur pour les bébés prématurés. Si un médecin ne peut pas se laver les mains, cela implique de graves problèmes sanitaires. Il y a des conséquences en cascades. »

Les hôpitaux sont, eux aussi, touché par les bombardements. « Certains directement, regrette Christina Wille, d’autres indirectement par des explosions dans les environs ». L’Organisation mondiale de la santé a annoncé la semaine dernière avoir organisé une mission à haut risque pour réapprovisionner en carburant l’hôpital Al-Shifa au nord de Gaza. Dans cet établissement qui était le principal hôpital de la ville de Gaza, il n’y a plus ni maternité ni services pédiatriques. Le principal générateur d’oxygène de l’hôpital a été détruit.

Selon l’OMS, seulement sept des 24 hôpitaux du Nord de Gaza sont toujours ouverts. Ils ne sont que partiellement opérationnels. Même chose dans le Sud de Gaza, où seulement sept hôpitaux sur 12 sont partiellement opérationnels, selon l’agence de l’ONU.

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« Avec la mise hors d’état de fonctionner de l’hôpital Nasser et de l’hôpital Européen de Gaza, il n’y a virtuellement plus de système de santé à Gaza », affirme Guillemette Thomas, coordinatrice médicale de Médecins Sans Frontière en Palestine.

La difficile collecte de preuves

Si des chiffres exacts et vérifiés sont difficiles à obtenir, la désignation formelle de l’auteur des dégâts est également difficile à prouver sans présence sur le terrain pour collecter des preuves. « Quand on peut prouver que les dégâts ont été causés par une frappe aérienne, il est certain que c’est une frappe israélienne, explique Christina Wille, même si elle reconnaît ne pas toujours pouvoir le prouver à l’heure actuelle. La majorité des tirs d’artilleries sont également israéliens puisque le Hamas n’a pas d’artillerie de ce type. »

La chercheuse reconnaît qu’il est possible que certaines actions du Hamas ne soient pas dénoncées par la population de la même manière. Israël a également accusé le groupe aux commandes de la bande de Gaza d’utiliser la supposée protection des hôpitaux pour y cacher leurs armes ou des entrées de tunnels. « Encore une fois, on ne peut pas savoir ce qui relève de la propagande ou de la vérité puisque les observateurs internationaux ne sont pas autorisés à évaluer le terrain. »

Dans son ordonnance, la Cour internationale de justice a rappelé en fin de semaine dernière que « l’opération militaire conduite par Israël après le 7 octobre 2023 a notamment fait des dizaines de milliers de morts et de blessés et causé la destruction d’habitations, d’écoles, d’installations médicales et d’autres infrastructures vitales, ainsi que des déplacements massifs de population. » Israël a aujourd’hui un mois pour rendre compte à la Cour de l’application sur le terrain de mesures de préventions pour empêcher un génocide.

« Mais les Forces israéliennes sont-elles capables d’analyser les dégâts causés par chaque frappe ? » questionne Emily Tripp. « C’est normalement une procédure réalisée après chaque frappe par les armées selon le droit international. Il va donc être important que les Israéliens montrent qu'ils sont bien conscients des pertes causées par leurs actions. »

Wadi Gaza, dans la bande de Gaza, le 28 novembre 2023.
Wadi Gaza, dans la bande de Gaza, le 28 novembre 2023. AFP - MAHMUD HAMS

 

Pourquoi soutenir la Russie? Sans adhérer au discours des "valeurs traditionnelles" !

4 Février 2024 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Russie, #Ukraine, #Qu'est-ce que la "gauche", #lutte contre l'impérialisme, #GQ, #Mille raisons de regretter l'URSS

Pourquoi soutenir la Russie? Sans adhérer au discours des "valeurs traditionnelles" !

Republication d'un article dont l'ébauche remonte à août 2022, la position des armées étant restée presque figée depuis, tandis que les morts et les blessés se chiffrent par centaines de milliers. "soutenir" la Russie signifie en pratique s'élever contre la guerre par procuration que mènent nos oligarques contre ce pays pour maintenir un ordre mondial néo-colonial condamné, avec le sang des Ukrainiens.

Certains se demandent pourquoi faudrait-il soutenir la Russie plutôt que l’Ukraine, ou s’il ne faudrait pas plutôt endosser une position complètement neutre dans ce conflit qui opposerait deux nationalismes d’égale nocivité.

On remarquera que cette dernière position implique au minimum de s'opposer aux livraisons d'armes à l'Ukraine qui prolongent inutilement un conflit dont l'issue militaire en faveur de la Russie ne fait guère de doute, au moins pour ceux qui ne sont pas sous l'influence des médias mainstream. Et c'est triste à dire mais fort peu de ces militants de gauche qui renvoient les deux camps dos à dos atteignent ce minimum requis.

Pour les communistes, soutenir la Russie signifie aussi avaler les couleuvres que nous sert Vladimir Poutine qui ne rate pas une occasion pour manifester son aversion pour Lénine. Avec une grande ingratitude, même de son point de vue, car on peut dire que c’est grâce aux bolcheviks que l’Ukraine et la Russie sont restées liées pendant le XXème siècle, les forces séparatistes organisées de l’extérieur ayant déjà réussi pratiquement à détacher le premier pays du soi-disant monde russe dès 1919.

A propos de « monde russe », ce concept de l'intellectuel réactionnaire russe Douguine (dont la fille a été assassinée par une opération terroriste des services ukrainiens en août 2022) n’est qu’une tentative de récupérer le patriotisme soviétique qui reste puissant dans l’ensemble de l’ancienne Union, comme le fait de récupérer le drapeau rouge comme « drapeau de la victoire » apolitique.

On peut soutenir la Russie dans la guerre d’Ukraine, sans pour autant souscrire aux discours idéologiques que la Russie a produit pour justifier cette guerre, production inutile en ce qui nous concerne puisqu’elle est déjà amplement justifiée par les provocations répétées de l’OTAN et du régime nazifié de Kiev et par les intérêts nationaux vitaux de la Russie qui doit faire face à un projet officiel de démembrement.

Il semble bien que l'objectif à long terme de la stratégie occidentale unifiée (Occident : triade monde anglo-saxon, Europe, Japon) soit de démanteler ou de dissoudre tout ensemble géopolitique susceptible d’agir de manière autonome et de contester tout ou partie de son hégémonie, donc tous les grands États à commencer par la Chine et la Russie, comme Israël l'a fait fait à son échelle longtemps avec succès en semant le chaos dans le monde arabe et musulman depuis 75 ans. L’Empire occidental est objectivement menacé par le développement économique, social, et scientifique du Sud et cherche à conserver son hégémonie en le dissociant en entités les plus petites et les plus faibles possibles, les plus manipulables et influençables possibles, comme il a balkanisé l'Afrique au moment des indépendances vers 1960. Il cherche aussi à le conquérir de l’intérieur en modelant ses élites. La seule chose qui l’en a empêché jusqu’à présent, c’est le profond racisme suprématiste inconscient de ses classes dirigeantes qui perce à travers leur langage moralisateur et hypocrite : les bourgeoisies du Sud et de l’Est qui ne demandaient pas mieux que de s’intégrer et de participer à la fête du meilleur des monde du libéralisme technologique ont été renvoyées dans leurs buts sans ménagement, en général en invoquant à contre-sens l'écologie, les droits de l’homme, de la femme, et des minorités sexuelles.

L'Occident du dernier stade de l'impérialisme a développé une économie parasitaire néocoloniale, en externalisant la production industrielle et la classe ouvrière avec elle. Vouloir favoriser sa domination mondiale parce que l'on croit qu'il recèle le nec plus ultra de la modernité et de la liberté des individus, dans l'espoir chimérique qu'il en sortira un dépassement du capitalisme, c'est être en retard d'une ou plusieurs révolutions. L’Occident n'a pas d'autre avenir que le déclassement.

Les Russes, quoiqu'on pense par ailleurs de leur gouvernement, ont donc raison de vouloir mettre fin au régime de Kiev issu du coup d'État du Maidan, en 2014, qui est une sorte de « ISIS » européen à double face, bâtard de postmodernisme ultralibéral terroriste et mafieux et de nazisme assumé. Leur guerre est une guerre défensive contre un adversaire qui a foulé aux pieds tous les principes du droit et de la diplomatie, ainsi que les plus élémentaires décence et moralité et qui est très adéquatement représenté par son clown-président.

La Russie oligarchique n’est en rien équivalente moralement à son adversaire de ce point de vue, lequel est tombé dans le caniveau depuis longtemps, depuis les massacres perpétrés à Odessa et dans le Donbass en 2014 avec les encouragements et la complicité passive des médias de masse occidentaux.

Mais au niveau idéologique, les élites russes tentent de présenter leur combat non seulement pour ce qu’il est c’est à dire un combat existentiel patriotique comme beaucoup ont été menés dans le passé - et le plus souvent perdus-  contre le rouleau compresseur de l’Occident néo-colonial, mais comme une croisade planétaire contre un mal « globaliste » envisagé d’une manière mystique déraisonnable. Ce faisant elles singent la logique simpliste de la propagande occidentale en tentant simplement d’en inverser la direction, et récupèrent la théorie ad hoc de Samuel Huntington, dite du « choc des civilisations » (comme s’il y avait plusieurs civilisations actuellement sur la planète alors que c’est à peine s’il y en a une!).

Ces élites dont Poutine, Lavrov, Zakharova, Medvedev, Kadyrov, sont des représentants compétents (on ne peut pas en dire autant des nôtres!) sont embarrassées du fait que l’amour ou la haine de la Russie qui sont fort répandues toutes les deux dans le monde n’ont qu’une seule et même cause : le souvenir encore brûlant de la grande Révolution d’Octobre. La Russie risque bien de reperdre rapidement tout ce que les sacrifices qu’elle consent de faire aujourd'hui sur le champ de bataille lui apporteront si elle persiste à renier le point central de son histoire, qui est l’événement le plus important de l’histoire de l’humanité du dernier millénaire, et qui est la seule cause qui puisse mobiliser en sa faveur les masses, à l'intérieur de ses frontières et dans le monde. et il est de plus en plus évident qu'au-delà de l'épisode de la guerre en Ukraine, qu'elle ne gagnera pas la confrontation globale avec l'Empire occidental - sur l'échelle de temps de la décennie à venir - sans l'intervention des masses.

Il faut aussi noter que le principal allié de la Russie, la Chine, ne montre aucun enthousiasme particulier pour la défense des « valeurs traditionnelles » invoquées contre la décadence de l’Occident. L'affirmation du caractère socialiste de plus en plus explicite de ce pays montre la voie à suivre dans la confrontation contre l'Empire en phase terminale.

La Russie doit gagner pour l’intérêt des peuples qui luttent contre l’impérialisme et pour l’intérêt des classes ouvrières du monde mais ces dernières ne le savent pas. Elle vivent en effet dans le monde imaginaire du spectacle occidental, dans l’univers lénifiant ou pervers des Disney, des Stefen King, etc. Ce n’est pas en inventant un récit du même tonneau qui présente la Russie comme le paladin de valeurs traditionnelles dont les masses mondiales confrontées à la réalité matérielle des crises à répétition se fichent éperdument qu’on va déchirer le voile de quatre générations de propagande de guerre froide qui ont diabolisé ce grand pays.

Le combat de la Russie n’est pas une croisade du « Bien «  contre le « Mal » où on aurait simplement inversé les protagonistes habituels, c’est un combat pour le retour au réel. C’est un combat contre le monde de la post-vérité. C’est un combat, que ça plaise ou non à ceux qui l’ont déclenché à contre-cœur, parce qu'ils y ont été acculés par l'impérialisme, un combat contre le capitalisme à son stade ultime de décomposition.

GQ, 26 août 2022, revu le 2 février 2024

PS Les déboires du gouvernement russe avec l'organisation Wagner montrent bien l'insuffisance de la stratégie politique en cours à Moscou - qui n'a aucun plan clair pour l'après-guerre en Ukraine. Quand on veut faire la guerre à moitié, c'est qu'on préfère à la victoire la préservation de  l'ordre social.

 

La farce politique tourne à la tragédie sociale

C’est avec la tête basse que Hollande a quitté le pouvoir, pour le confier à Macron. Ce dernier s’est dit socialiste, puis a nié être socialiste. Il s’est dit d’abord ni de droite ni de gauche pour revendiquer ensuite être de droite et de gauche. Dans son opus écrit en 2016 relatif à la présidence de Hollande, Valery Chartier parle de farce politique. Avec Macron, la farce tourne à la tragédie sociale. Si Hollande a donné à sourire avec ses maîtresses successives, Macron reste un personnage équivoque qui inquiète.

Agora Vox 

Une farce politique à lire, si ce n’est pas déjà fait, « La Droite d’après. La gauche décomplexée », écrite par Valery Chartier et publiée en 2016 (Fakir éditions, décembre 160 pages, 10 euros, ean : 9782369210146). Sur la couverture de l’ouvrage, Hollande apparaît en Che Guevara. Sur la une du quotidien Libération du 11 mai 2015, la Une était déjà illustrée à l'aide d'un montage mélangeant le portrait de Hollande à celui de l'illustre révolutionnaire. "Je ne ressens aucune filiation avec lui", a toutefois assuré sérieusement l’ex-locataire de l’Elysée. Nous n’en avons jamais douté ! C’était déjà de la dérision sur ce quinquennat qui a été une mauvaise farce faite à la Gauche ! Hollande avait déclaré la guerre au monde de la Finance et donc des riches. S’il s’est affirmé fier d’être socialiste, c’était pendant la campagne électorale de la Présidentielle de 2012. Quel socialiste s’est-il révélé être ? Un socialiste qui renonce aux valeurs de la gauche, un socialisme au ventre mou. Il a tout promis : notamment en finir avec la souffrance au travail et le chômage. Sous les tapis rouges de l’Elysée, il laisse, en partant, un million de souffrances supplémentaires et les conséquences sociales de la loi Travail. Il a confié la clé à la droite extrême si proche de l’extrême-droite en embuscade. Imaginez, s’il avait tenu ses promesses ! De ses promesses, il ne reste que des éléments de langage que les survivants du PS veulent nous servir comme menu des lendemains de gueule de bois.

C’est avec la tête basse que Hollande a quitté le pouvoir, pour le confier à Macron. Ce dernier s’est dit socialiste, puis a nié être socialiste. Il s’est dit ni de droite ni de gauche pour revendiquer ensuite être de droite et de gauche. Dans la réalité, il représente la droite décomplexée et vient de faire son coming out politique dans le discours de politique générale lu par son jeune premier casé à Matignon. Pendant cinq ans, Valéry Chartier a fait un rêve : que la « gauche de gouvernement  » soit de gauche, résolument décomplexée. Que François Hollande lutte contre notre adversaire, la Finance, qu'il démantèle les paradis fiscaux, que les intégristes libéraux soient déradicalisés. C’est de l’humour, bien sûr, et on jubile de l’outrance. Mais cette parodie est aussi à prendre à sérieux : elle rouvre un imaginaire de gauche. Avec un programme : de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace. Les cinq années d'avant, Valéry Chartier avait fait un autre rêve qui est notre cauchemar à venir : que la droite soit de droite, résolument décomplexée. Mais là, euh, c'est la réalité. Du recueil de mensonges de l’Elysée, Fakir a tiré une farce désopilante illustrée de fausses déclarations justes, de mesures que Hollande aurait pu justifier, comme réduire les dividendes de la rente et les salaires indécents des patrons du CAC 40. Hollande a fait un autre choix en commençant le détricotage du code du travail. Il paraît qu’il ne faut pas s’attaquer aux dividendes pour ne pas tuer l’investissement. Macron est le prolongement de ces cinq années de non-socialisme auxquelles il a activement participé, en aggravant la politique résolument antisociale qui a permis aux « très riches » de s’enrichir comme jamais. La crise profite au monde de la finance et à la rente.

En 2017, c’est le vote républicain qui l’a emporté au deuxième tour contre Marine Le Pen. En 2022, Macron n’a même pas eu besoin de faire campagne. C’est encore le vote républicain qui l’a emporté contre Marine Le Pen. Que va-t-il se passer en 2027. On sent bien que l’on nous prépare le même scénario. On dédiabolise le Rassemblement National. On divise la gauche et on diabolise les Insoumis. Dans la dernière ligne droite, on agitera l’épouvantail de l’extrême-droite. Toutefois, pour l’heure, Macron ne peut briguer un troisième mandat consécutif. D’aucuns pensent qu’il va essayer de s’ouvrir la possibilité d’un troisième mandat. D’autres lui prêtent des ambitions européennes, tout en se cherchant un clone à propulser pour les prochaines élections présidentielles. La grande majorité ne le voit pas abandonner le pouvoir et se retrouver à la merci de poursuites comme c’est le cas pour Sarkozy, devenu son conseiller et ami politique. Pour cela, son mouvement « En marche » devenu « Renaissance » doit trouver un leader charismatique si ce n’est pas Macron lui-même qui prend les affaires en main. Il faut dire qu’il est difficile de ne pas lier ce mouvement à Macron dont l’égo est surdimensionné. « En Marche » reprend ses initiales E.M. Quant à renaissance, il retrouve son rôle d’épouvantail joué à 15 dans la pièce « La comédie du langage » choisie par sa professeure de théâtre devenue son épouse. Sur une vidéo, on voit Macron déambuler sur scène en déclamant : « Ah !... Qu’il est bon de renaître ! ».

Ah, qu’il est bon de renaître ! Les mots de Jean-Louis Tardieu résonnent comme une mélodie douce, une invitation à célébrer la vie et à embrasser chaque nouveau départ. Dans ce cycle infini de naissance et de renaissance, nous trouvons la promesse d’espoir et de renouveau. Les saisons changent, les feuilles tombent, mais la vie persiste, se régénérant sans cesse. Alors, renaître, c’est peut-être se libérer des fardeaux du passé, des regrets et des ombres qui nous ont enveloppés. C’est se lever avec une nouvelle lumière dans les yeux, prêt à explorer, à aimer, à créer. Jean-Louis Tardieu, poète et philosophe, nous rappelle que chaque instant est une chance de recommencer, de réinventer notre histoire. Alors, laissons-nous porter par cette douce brise de renaissance et écrivons notre propre poème sur les pages vierges du temps. Quelle interprétation en a fait Macron ? Notre Jupiter reconverti en Vulcain se prend pour un Dieu. Il n’est ni un poète , ni un philosophe. La philosophie, Macron l’aurait côtoyée en assurant des tâches de secrétariat pour le compte de Paul Ricoeur qui travaillait sur « La Mémoire, l'Histoire, l'oubli », dans les dernières années de sa vie.

En 2016, lorsque Macron est interrogé sur son engagement politique à venir. A la question du journaliste : « Vivez-vous cela comme une mission ? », il a répondu par l’affirmative et dans une longdans le champ politique, je vis ça comme une mission ». « Il y a une dimension de spiritualité ? » relance alors le journaliste, derrière la caméra, Pierre Hurel. Réponse d'un Macron habité : « Il y en a une. Et en tout cas la conviction qu'il existe une transcendance, oui. Quelque chose qui dépasse. Qui vous dépasse. Qui vous a précédé, et qui restera. » ( Un premier documentaire sur Macron a été diffusé le 21 novembre 2016 sur France 3, la Stratégie du météore et un autre « Ainsi soit Macron » a été diffusé sur la même chaîne au lendemain du second tour de l'élection présidentielle, en mai 2017).

Ne nous y trompons pas ! Macron n’est pas un philosophe, bien qu’il fasse étalage de son lien fugitif avec Paul Ricoeur. Un philosophe ne peut pas se prendre pour un Dieu. Le « en même temps » n’est pas un concept philosophique nouveau mais plutôt un attrape-couillon. Macron abuse de quelques notions de philosophie pour mettre du vernis sur son cynisme et son hypocrisie. Il avait écrit, paraît-il, un mémoire sur Macchiavel et Hegel. Tout un programme ! Sa renaissance est celle de la métempsychose. La réincarnation successive de la droite la plus réactionnaire. Avec lui, renaissent les privilèges et même le spectre du Pétainisme. Sa mission n’est pas messianique. Elle est celle que lui ont assignée ceux qui l’ont porté au pouvoir à grand renfort de propagande et de contributions financières.

Dans son opus, Valery Chartier parle de farce politique. Avec Macron, la farce tourne à la tragédie sociale. Si Hollande a donné à sourire avec ses maîtresses successives, Macron reste un personnage équivoque qui inquiète. On a compris qu’il avance masqué. Il est de droite et de plus en plus à droite. Sa stratégie a évolué. Il reprend les idées de l’extrême-droite. Il a divisé le parti socialiste dont i n’a plus rien à craindre. Il lui reste à diviser les Républicains et à récupérer les électeurs de l’extrême-droite. Pendant les trois ans qui lui restent, il va beaucoup communiquer, tout en continuant son travail de sape des institutions, de la fonction publique et des acquis sociaux. Comme l’a annoncé son jeune Premier de Matignon, il va désmicardiser, déréglementer, déverrouiller, débureaucratiser… et dans la foulée décongépayétiser, déretraitiser, déprotéger… détruire tout ce qui a été construit et acquis en plusieurs générations.

Dans son opus « L’espoir », André Malraux a écrit : « Pour l'intellectuel, le chef politique est nécessairement un imposteur puisqu'il enseigne à résoudre les problèmes de la vie en ne les posant pas  ». Macron occulte les problèmes du quotidien. Il ne résout rien mais au contraire dévoie tout ce qu’il dit résoudre. Il abuse de la comédie du langage et d’une dialectique trompeuse pour imposer une régression sociale. Il n’arrive cependant pas à déguiser son pédantisme ou sa morgue. Sa personnalité narcissique et autoritariste n’est plus supportable pour celles et ceux qui croient à la démocratie.

 

Pétition : Exigeons la démission d’Amélie Oudéa-Castéra, ministre de l’Éducation Nationale !

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

La nouvelle ministre de l’Éducation nationale méprise l’école publique. Son maintien au pouvoir est une insulte au personnel éducatif. Notre pétition exige sa démission : l’éducation nationale mérite une ou un ministre respectueux et engagé. Pétition lancée par "En Avant le Manifeste."

La nouvelle ministre de l’Éducation nationale, sitôt nommée, a tenu des propos mensongers et dénigrants concernant les enseignants pour justifier son choix de mettre ses enfants dans l’école catholique Stanislas.

Depuis, nous découvrons que cet établissement ne respecte pas le contrat avec l’État, mais en outre, il contournerait Parcoursup pour inscrire ses élèves en « prépa », et le fils de la ministre de l’Éducation est concerné.

Cela, alors que nous sommes confrontés à une crise globale que traverse l’Éducation nationale, de la maternelle à l’université : manque criant de personnels, salaires en berne, avalanche de réformes, perte de sens des métiers, conditions de travail intenables.

Le rôle crucial de l’École publique et laïque, celui d’accueillir tous les élèves sans discrimination sur l’ensemble du territoire, pour qu’ils bénéficient d’un enseignement solide et émancipateur à l’abri de toute pression, est exigeant.

Il est urgent de changer de politique.

Bien sûr nous le savons, il ne suffit pas de changer de ministre pour changer de politique, mais de faire démissionner une ministre qui fait publiquement un choix de classe et s’inscrit comme fer de lance de l‘école privée. Elle ne peut rester à la tête de l’Education Nationale. C’est la motivation profonde de la pétition que nous lançons pour exiger la démission de madame Amélie Oudéa-Castéra.

 

Texte de la pétition change.org

 L’éducation nationale a besoin d’un changement profond de politique, qui ne saurait se résoudre seulement en un changement de ministre. Néanmoins, nous estimons que Madame Oudéa-Castéra ne peut pas rester en charge du ministère de l’Éducation Nationale, après les propos mensongers qu’elle a tenus au sujet de l’école publique, et la valorisation de l’école privée à laquelle elle s’est livrée, où ses propres enfants sont « non seulement bien formés avec de l’exigence dans la maîtrise des savoirs fondamentaux », mais « sont heureux, épanouis, […] en sécurité, en confiance », avec « des amis qui sont bien ». Cette description comparative et flatteuse signifie en creux que de telles qualités n’existent pas — ou plus — dans l’école publique.

Il est impératif et urgent de prendre à bras-le-corps la crise de l’école publique, provoquée par des années de restrictions de moyens, de réformes technocratiques et malfaisantes, de déqualification et mépris du personnel enseignant.

Au lieu d’en prendre la mesure, la nouvelle ministre, dont le parcours professionnel témoignait déjà de faibles compétences sur le sujet, dont la charge ministérielle cumulée avec celle des sports et des JO laissait craindre une place mineure pour l’éducation nationale, fait preuve en plus d’un ostracisme caractérisé à l’égard de l’école publique.

Son maintien à la tête du ministère de l’Éducation Nationale serait une insulte à l’ensemble du personnel de l’école publique, une atteinte frontale à leur dignité. Le discrédit dont elle s’est couverte ne lui permet pas d’assurer sa fonction.

Nous demandons au Premier ministre le retour de l’éducation nationale dans un ministère à part entière et la nomination d’un ou d’une ministre qui, a minima, se soucie de l’école publique et respecte la communauté éducative qui s’y dévoue au quotidien.

 

Pour signer cliquez sur le lien dessous :

 

https://www.change.org/p/exigeons-la-d%C3%A9mission-d-am%C3%A9lie-oud%C3%A9a-cast%C3%A9ra-ministre-de-l-%C3%A9ducation

 

 

Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

capture d'écran sur Charlie Hebdo

capture d'écran sur Charlie Hebdo

Ce samedi, sur TF1, finale de la Start Academy 2023. Oui, en anglais, ça fait mieux me dit-on. Et au cours d’un duo entre Patrick Fiori et le finaliste malheureux Julien Lieb, des danseuses apparaissent, un journal entre les mains. Mais pas n’importe lequel: c'est Rivarol.

Cela serait passé inaperçu dans cette France de téléspectateurs à la mémoire fragile avec l'histoire. Heureusement, la garde ne baisse pas. Et de conspuer la publicité faite à une feuille d'extrême droite antisémite, négationniste, raciste et homophobe, multi-condamnée par la Justice.

En , Rivarol perd enfin ses aides à la presse ainsi que des avantages fiscaux. Suite à la condamnation pour provocation à la haine, contestation de crime contre l'humanité et injure raciste de Jérôme Bourbon, son directeur depuis 2021.

Ce dimanche 4 février, après les premiers articles de presse sur le sujet, le producteur de l’émission, Endemol, a présenté des excuses dans un communiqué. Le texte précise : « Nous sommes en train d’enquêter pour comprendre comment (...) des « sanctions nécessaires seront prises en conséquence ».

Je veux bien entendre tous les mea culpa du monde sur "je ne le ferai plus".

En attendant, "le ventre est encore fécond d'où a surgi la bête immonde", écrivait Bertolt Brecht en 1941. L'extrême droite dirige en ce moment des états dans l'UE du capital.

Et la faute d'Endemol, lors de la Star Academy 2023, est-elle une erreur de casting ou simplement du laisser-passer? Parce que, après tout, l'extrême droite, dont la première ministre italienne, a table ouverte au sein du Conseil de l'Europe des chefs d'état et de gouvernement.

 

Conseil National du P.C.F. des 3 et 4 février :

Intervention de Fabienne Lefebvre

, par  Fabienne Lefebvre

Le rapport évoque un changement de paradigme dans la politique gouvernementale menée, or ce qui s’opère est en réalité un véritable changement de civilisation. Force est de constater donc, que nous ne sommes pas du tout à la hauteur du combat idéologique en cours dans cette guerre de classe globalisée, que mène le capital contre les forces productrices, partout dans le mond

Et c’est extrêmement dommage pour toutes et celles et ceux qui chaque jour voient leur vie anéantie par ce système barbare et parasitaire qui n’est absolument pas réformable !

Depuis des décennies, la bourgeoisie s’organise et provoque des crises : économique, sociale et climatique qui entrainent avec elles, misère et guerres pour continuer à accumuler toujours plus de capital, et ce quelles qu’en soient les conséquences.

En réalité, il s’agit d’une prédation impérialiste sans limite, une mondialisation intégrée sous l’égide étasunienne avec l’aide de l’OTAN, qui accentue chaque jour un peu plus sa domination et sa puissance de frappe pour en découdre, aujourd’hui avec la Russie, puis avec l’Iran et demain la Chine !

Cette absence d’une véritable analyse de la situation ne nous permet pas de mettre en perspective les contradictions capital/travail, d’appréhender la rupture avec le système capitaliste avec sa nécessaire réappropriation des moyens de production, ni d’appeler à oser la paix !

C’est pourtant le rôle d’un Parti communiste, surtout en période de guerre et de montée du fascisme, que de produire cette analyse ! et ce serait faire honneur à notre camarade Henri BARBUSSE, qui n’a eu de cesse de consacrer sa vie à la Paix, que de retrouver ces réflexes de classe !

Prenons par exemple, la guerre en Ukraine démarrée en 2014, à la suite du coup d’état de Maidan soutenu par l’occident.

Nous devrions expliquer qu’elle se déroule dans le cadre du Capitalisme Monopoliste d’Etat et qu’elle est liée aux intérêts des États-Unis, de l’OTAN et de l’Union Européenne pour le contrôle des matières premières et des réseaux de transport du pays. Que le Parti communiste y est d’ailleurs interdit, tout comme le droit de grève !

Et de rappeler, bien sûr, en accord avec nos décisions de Congrès que nous, communistes, sommes pour la sortie de l’OTAN et sa dissolution.

Notre discours actuel ne nous permet donc pas aujourd’hui de nous différencier du celui des forces sociales-démocrates et /ou pro-atlantistes ! et donc de porter un contenu communiste ouvrant une véritable perspective au monde du travail.

Nous avons pourtant une opportunité avec l’élection européenne de contrer l’idéologie dominante, d’autant que les luttes en cours nous donnent raison : l’ennemi est bien le capital et son stade suprême qu’est l’impérialisme. Il nous faut donc une analyse et des propositions à la hauteur du chaos qui s’installe !

C’est pourquoi, je me permets de rappeler que 33% des congressistes du 39ième Congrès ont demandé que soit de nouveau mis en débat la question du socialisme comme système économique, politique et social qui abolit enfin, l’exploitation capitaliste, les aliénations et les oppressions. Il nous faut donc répondre à cette demande salvatrice ! C’est cela l’utilité d’un Parti communiste et non les intrigues électorales, souvent dépourvues de contenu, qui au bout du compte nous nuisent.

Dans ce contexte, notre direction aujourd’hui devrait d’abord, et avant tout, appeler à renforcer notre organisation et en faire l’outil nécessaire au combat de classe en cours, tout en veillant aux respects des décisions de Congrès !

Je fais donc trois propositions au Conseil National :

• Que la direction du Parti s’engage à organiser rapidement une grande conférence pour la Paix et le désarmement.

• Que nous portions dans la campagne européenne notre position de Congrès, sur la sortie de l’OTAN et sa nécessaire dissolution.

• Et que soit mis au débat dans le Parti ce qui se caractérise par la première phase du communisme, phase communément appelée socialisme.

Fabienne LEFEBVRE
Membre du Conseil National

 

Note de P.

Les 3 propositions sont surlignées en caractères gras par Pedrito

Enfin des positions et des actions saines proposées au sein de PC par des militants