dimanche 29 novembre 2020

 

Voici un documentaire pour comprendre

la dérive du maintien de l’ordre en France

Voici un documentaire pour comprendre  la dérive du maintien de l’ordre en France

Le documentaire Police Attitude, 60 ans de maintien de l’ordre montre comment le maintien de l’ordre en France s'est gravement dégradé ces dernières décennies. Les récentes mises en cause de la police témoignent d’un problème profond, rigoureusement documenté ici.

Les images de Michel Zecler, producteur tabassé sans raison par plusieurs policiers le 21 novembre, et celles de l’év acuation violente des exilés de la place de la République, à Paris, le 23 novembre, ont remis au centre du débat public le sujet des violences policières – qui n’en était jamais vraiment parti. Au moment même où l’Assemblée nationale a validé en première lecture le projet de loi Sécurité globale, qui comprend un article visant à interdire la diffusion d’images de policiers non floutés en intervention, ces deux événements témoignent de toute l’utilité de ces images. Mais comment la police française en est-elle arrivée à ce stade de dysfonctionnement et de repli sur elle-même ? 

Voir le documentaire Police Attitude, 60 ans de maintien de l’ordre, diffusé par Public Sénat lundi 30 novembre à 23 heures (et accessible en replay jusqu’au 28 décembre), permet d’objectiver la dégradation du “maintien de l’ordre à la française”. Co-réalisé par le journaliste et documentariste François Rebaté et Sébastian Roché, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de la police, il fait intervenir un large panel d’acteurs qui peuvent en témoigner, comme l’ancien préfet de police de Paris (de 2017 à 2019) Michel Delpuech, l’ancien défenseur des droits Jacques Toubon, le chercheur Fabien Jobard ou encore le syndicaliste policier Grégory Joron.

“Frapper un manifestant tombé à terre

c'est se frapper soi-même” 

Remontant au massacre de Charonne (le 8 février 1962, neuf manifestants contre l’OAS et la guerre d’Algérie meurent sous les coups de la police au métro Charonne, à Paris) et à Mai 68, le film raconte la naissance de la doctrine de maintien de l’ordre en France. En réaction à ces événements, et sous l’effet notamment de la fameuse lettre du préfet de police Maurice Grimaud fin mai 1968 (dans laquelle il déclare : “Frapper un manifestant tombé à terre, c'est se frapper soi-même”), la police française mise sur une stratégie de la désescalade, sur le maintien à distance des manifestants et sur un usage proportionnel de la force. C’est ainsi que naît le mythe de l’excellence du maintien de l’ordre à la française. Mais plusieurs glissements, finement analysés dans le documentaire, conduisent à l’oubli de ces règles.

Le régime de l'émeute

Après les émeutes urbaines de 2005, notamment, la police cède à une logique dictée par l’armement et les innovations techniques. Après cette date, le régime de l’émeute suspend les règles de la doctrine du maintien de l’ordre : le Lanceur de balles de défense (LBD) se généralise et devient un outil du quotidien, comme les grenades de désencerclement qui coûteront la vie à Rémi Fraisse en 2014, et toutes les armes dites “non létales” responsables des mutilations de Gilets jaunes en 2018-2019. 

Point fort de ce documentaire : il met en comparaison le système français avec ceux des pays voisins - l'Angleterre et l'Allemagne. C'est à l'aune de cette comparaison que la dérive du maintien de l'ordre en France apparaît dans toute son ampleur. La création en 2019, par le préfet de police de Paris Didier Lallement, des Brigades de répression des actions violentes motorisées (BRAV-M), très semblables aux voltigeurs dissous après la mort de Malik Oussekine en 1986, en disent long sur un retour en arrière qui devrait nous interroger. 

Police Attitude, 60 ans de maintien de l’ordre, sur Public Sénat lundi 30 novembre à 23 h, et en replay.

Blog de Michel Dandelot

 

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                                             Le préfet de police de Paris Didier Lallement.(°)

 

Cet homme est dangereux : c'est le préfet de police de Paris Didier Lallement.

Choisi par Macron pour cette raison : il lui fallait ce profil à Paris. Son profil justement ? 

"C’est un préfet fou furieux" déclare un ancien directeur central de la sécurité publique.

" C’est vrai que dans l’exercice de l’autorité, il est très cash" déclare un sénateur.

Il fut secrétaire général du ministère de l’Intérieur à l'époque de Valls...c'est tout dire.

"Une prime au violent qui a échoué en Gironde!" dit un député (LFI) matraqué en quittant une manif.

Christophe Castaner, ainsi que son secrétaire d’Etat, Laurent Nuñez, n’avaient en effet que très modérément goûté une note émanant du directeur de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP), Frédéric Dupuch, appelant à un usage modéré des lanceurs de balles de défense (LBD 40) avec Lallement pas de risque il cogne.  Castaner, alors ministre de l'intérieur, lui dit "Didier Lallement, votre modèle est Georges Clemenceau. La main de Clemenceau n’a jamais tremblé". En effet Clémenceau a fait tiré par la troupe sur les ouvriers désarmés et en grève, il a utilisé des agents provocateurs payés par ses soins et infiltrés dans les syndicats, il a collaboré avec les provocateurs du patronat et des ligues de choc royalistes, il a réprimé et fait arrêter 31 dirigeants de la CGT. Sa main n'a pas tremblé pour assassiner des ouvriers. Depuis que Clemenceau est au pouvoir on compte un mort (1907) à Nantes, deux à Étape (début 1908) et, la même année, en deux semaines, deux à Draveil et quatre à Villeneuve-Saint-Georges. Les patrons applaudissent et se sentent rassurés devant ces" preuves d'autorité".

Un préfet déclare "Didier Lallement? Il est fou comme un lapin. C’est la rigidité faite homme. Si le gouvernement l’a choisi, c’est clairement pour une reprise en main musclée de la préfecture de police".

"Il est très cassant avec les gens, très blessant. On n’avait jamais vu ça, raconte une ex-collègue. Il est froid dans son management, mais assume totalement. Avec lui, c’est la politique de la terreur." raconte une ex-collègue.

On se souvient que Lallement avait dit à une dame Gilet jaune : "Nous ne sommes pas dans le même camp".

Lorsque les Girondins de la préfecture de Bordeaux apprennent sa nomination à Paris ce sont des cris de joie et le champagne pour célébrer son départ vécu comme un soulagement.

Certains de ses collègues le qualifié de "fou furieux".

Voilà brièvement évoqué l'homme qui dirige la police à Paris aux ordres de la clique gouvernementale macroniste. (source Libération 23 mars 2019).

Les faits ont confirmé ces jugements.

Les comportements de la police ne tombent pas du ciel. Il ne s'agit pas de bavures. C'est une stratégie de la tension* qui est mise en place par un pouvoir acculé par ses propres turpitudes et ses choix politiques dictés par le grand capital.

Le préfet Lallement est qualifié de "psychopathe" par JL Mélenchon, qui a ajouté hier que le préfet de police "a un trouble du comportement visible, que tout le monde est capable d'analyser. Un besoin de se prouver une autorité qu'il exerce sur le dos de gens qui ne peuvent pas se défendre".

Tout cela aboutit à une conclusion logique : cet homme dangereux doit partir. La démission de Didier Lallement serait une mesure d'apaisement et le signe que l'indignation des Français-es a été entendue en haut lieu. Sans oublier que c'est de ce haut lieu que les ordres partent. Mais 2022 n'est pas loin et nous pourrons tous ensemble signifier leurs licenciements aux donneurs d'ordre.

 

Antoine Manessis.

 (°) Note de Pedrito: Sans oublier le sinistre Darmanin