Darmanin : l’arnaque populaire
Aujourd’hui, Gérald Darmanin fait un pas de plus vers la présidentielle en faisant sa rentrée à Tourcoing, avec la bénédiction de Nicolas Sarkozy, qui ne cesse d’appuyer celui qui, outre sa fidélité, tente de répliquer les recettes de son prédécesseur au ministère du budget et de l’intérieur. Mais les ficelles de communication sont encore plus grosses qu’elles ne l’étaient il y a plus de 15 ans…
Le souci du peuple par intermittence
Difficile de ne pas imaginer les conseillers de Darmanin il y a quelques mois en train de rechercher l’angle de la communication du ministre. Se faire le défenseur des demandes de ses administrés, au point de prendre des distances avec les lettres de cadrage de son rival de l’économie, et faire le buzz par des déclarations polémiques, c’est un peu court pour se faire une place dans un paysage encombré face au favori qu’est devenu Edouard Philippe. Il faut dire que le bilan du ministre de l’intérieur n’est guère flatteur : les violences aux personnes ne cessent d’augmenter, tout comme l’immigration. Comme sous Sarkozy, les mots et l’agitation parviennent de moins en moins à camoufler une action superficielle et à des seules fins de communication. Il fallait donc trouver un peu plus de substances au candidat.
Face à deux énarques sur son créneau d’ex-LR macroniste, Darmanin voudrait incarner une aile qui serait plus populaire, « sociale » (ne riez pas), tout en disant rester « hyper-loyal ». Encore un politique qui pense que l’on peut raconter n’importe quoi du moment que le discours est un minimum travaillé, quel que soient les incohérences et les contradictions de ses éléments de langage. Il faut dire qu’après plus de quinze années de décomposition accélérée avec un Sarkozy capable de dire et faire tout et son contraire (du communautarisme à l’identitaire, de la droite dure à l’ouverture à la gauche, du sécuritaire à celui qui nous a désarmé…), un Hollande qui a poursuivi dans cette voie, dès la campagne de 2012 (ennemi de la finance un jour, rassurant la City juste après), et un Macron dont les mots flottent à des lieues de la réalité, celui qui occupe la place Beauvau est encouragé dans les postures les plus baroques.
Par-delà son bilan désastreux malgré ses petits coups de menton, proclamer son hyper-loyauté est ridicule alors même qu’il dit s’inquiéter en premier lieu de 2027 dès l’été 2023 et enterre le président de la République plus vite encore que Sarkozy ne l’avait fait de Chirac. Bien sûr, Macron ne peut pas se présenter et son impopularité a toutes les chances de rester structurelle, ce qui impose à un moment, une forme de prise de distance, mais le faire à peine un an après l’élection, tout en restant confortablement ministre, cela montre surtout le cynisme du personnage. Et d’ailleurs, tout ce que dit Darmanin démontre son cynisme. C’est seulement parce qu’il pressent une possibilité de perdre l’élection de 2027 sur le vote populaire qu’il s’y intéresse. Leur intérêt n’est intéressant que quand il devient une composante clé de la prochaine élection, et que le pouvoir peut finir par dépendre des classes populaires.
Mais malgré les éléments de langage et la logique d’un tel positionnement par rapport à des rivaux énarques, pas sûr que cette histoire arrive à être crédible en dehors des rédactions plutôt favorables. Darmanin, c’était le ministre du budget le plus antisocial de la Cinquième République, celui de la suppression de l’ISF, de la baisse de l’IS des entreprises et la baisse de l’impôt sur les revenus du capital des milliardaires à seulement 12,8% (avec 17,2% de contribution sociale) d’une part, et la non revalorisation du SMIC, baisse des APL, baisse des pensions de retraite et de la rémunération des fonctionnaires d’autre part. Le ministre du budget qu’il a été était un ennemi des classes populaires, qui n’a servi que les plus riches. Et son appartenance au gouvernement le disqualifie plus globalement. Il n’est pas très difficile à comprendre que la question sociale n’est pour lui qu’une posture de communication un peu grossière.
Et pour qui aurait la moindre illusion, on rappelera sa sortie de 2018 où il affirmait que « les additions dans les restaurants parisiens tournent autour de 200 euros lorsque vous invitez quelqu’un et que vous ne prenez pas de vin » ! Darmanin est tout aussi coupé des classes populaires que le reste de la macronie. Les Français ne se feront pas avoir par des postures aussi grossières !