vendredi 1 juillet 2022


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Bonjour Danielle, bonjour mes camarades, encore un effort pour être communiste, 

par Jean Claude Delaunay

Je ne suis pas tout à fait sure que l’optimisme dont fait état à mon propos Jean Claude Delaunay soit une vertu civique ou même intellectuelle à ses yeux. Aragon se moquait déjà de moi à ce sujet en commentant :”être optimiste ce n’est pas un métier!” Et parfois, effectivement, je me vois dans cette épisode de la croisade rapporté par le sire de Joinville: les croisés ont pris une peignée totale, ils sont dans un état déplorable, ceux qui n’ont pas été occis sont la proie d’une épidémie de peste. Un excité harangue les troupes et les invite à repartir à l’assaut mais le sire de Joinville clôt le chapitre avec cette simple phrase: ‘Ils ne le crurent point!” J’ai le sentiment souvent pénible de n’être point cru et je m’interroge sur cette étrange obstination.

Mais je continue, tout simplement 1) parce que le pessimisme est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre, ça je l’ai appris des Cubains 2) parce que je suis convaincue du sens de l’histoire et du caractère irrésistible des forces du progrès humain. Un peu à la manière de Staline persuadé que si Napoléon pouvait pénétrer dans Moscou c’était parce qu’il était comme le disait Hegel la force de ce progrès, alors que Hitler, force de la réaction ne pourrait pas renouveler l’exploit.

Ceci me conduit à chercher ce qui va dans le sens de l’histoire et l’aide à accoucher, sur quoi puis-je réellement tabler ? Et qu’est-ce qui n’est qu’illusion qui n’existe que dans l’imagination enfiévrée de certains? Je ne vois pas d’autre issue pour le moment que dans le PCF, quelles que soient ses limites et l’état désastreux où le laisse plus de trente ans d’inculture et d’adhésion à toutes les errances social démocrates.

Il n’y a rien d’autre ce qui est un drame pour le pays, l’abstention massive comme les jacqueries ne signifient pas un désir de socialisme, mais une exaspération qui risque de se contenter de la fascisation au moment même où le capital n’est pas éloigné d’un tel choix. Il y a urgence mais personne ne nous attend. Le PCF tel que nous l’avons vu s’autodétruire a participé de cette anomie mais il reste le seul à ne pas totalement donner le spectacle du désarroi et de la lutte des places et même de temps en temps à avoir quelques lueurs face à la nécessité de s’attaquer à cette formidable force d’inertie.

Même si le pire est son conformisme et son manque total de curiosité intellectuelle, il n’y a même plus le besoin de savoir, il ne reste plus que l’esprit partisan que certains confondent aisément avec le carriérisme, la manipulation. Mais le reste du spectre politique est pire et sans organisation c’est la débâcle.

Ce qui se passe dans ce blog a peu d’équivalent et prouve qu’il y a un besoin en France et dans le monde puisque la moitié de notre audience est internationale, c’est un choix de débat non ouvert à n’importe quoi mais à cette volonté que l’on peut qualifier d’optimiste mais en tous les cas “progressiste” parce que communiste et qui lie le mouvement du monde à toutes les formes de subjectivité, celle des civilisation comme la réflexion sur l’art et sur l’événement révélateur des contradictions d’une époque.

Merci à tous ceux à commencer par Marianne Dunlop qui rendent cette aventure, au sens de ce qui doit advenir possible et merci à toi jean Claude qui vient secouer le cocotier depuis la lointaine Chine, mais qui refuse de voir à quel point le meilleur de Roussel, donc du 38 e congrès est justement cette nécessité de reprendre pied dans la classe ouvrière, les couches populaires, ce réel désintéressement et bon sens populaire, même s’il lui manque ce qui faisait la force de Thorez: devenir un intellectuel de type nouveau et cela passe par le théorique mais celui-ci comme l’intervention militante que tu appelles de tes voeux ne saurait exister sans concrétisation et perception léniniste des possible, de ce que veut l’adversaire et ce que je veux moi. S’en prendre aujourd’hui à Roussel et au PCF de la part d’organisation sans forces réelles pour mieux contribuer aux manœuvres de Mélenchon, flatter les intellectuels en exagérant leur impact n’est pas mon choix, il est celui d’ennemis réels du socialisme avec une fausse radicalité. optimiste ou pessimiste peu importe, nous sommes communistes ou plutôt nous tentons de l’être. Maintenant si tu proposes pour le prochain congrès l’organisation d’un courant capable de porter sans compromission l’exigence théorique et politique que tu décris, n’étant plus membre du parti je suis peu apte à te répondre mais effectivement cela mérite débat et je trouve que le travail que réalise PAM à Venissieux est excellent pour éclairer les enjeux. Mais j’ai l’impression ici que nous contribuons à notre manière à cette exigence. (note de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

"Je salue l’optimisme indéfectible et nécessaire de Danielle. Nous devons nous requinquer de temps en temps. A mon avis, cependant, mais mon avis est sans importance, rien ne sortira de ce qui reste de la flamme communiste si la masse des militants communistes ne prend pas le pouvoir pour l’entretenir et la rénover. Se poser la question de savoir si Roussel fera ceci ou cela me paraît dépourvu d’intérêt, car je sais, l’ayant vu à l’œuvre, qu’il ne fera pas ceci mais qu’il fera cela et qu’il ne s’inclinera devant l’obligation de faire ceci qu’à la condition que la masse active des militants ne le lui suggère avec fermeté. La bataille actuelle est celle du Congrès. Au delà de ce propos, peut-être aussi lointain de la réalité française que peu réconfortant, je voudrais faire deux remarques.

La première est qu’on ne peut aujourd’hui, et cela depuis le début du 20ème siècle, mais il y a eu des étapes et des évolutions, séparer ce qui se passe à l’intérieur des pays capitalistes développés et ce qui se passe à l’extérieur de ces pays. Pourquoi? Parce ce que le capitalisme a engendré en son sein, depuis la fin du 19e siècle, un fractionnement significatif entre le Grand Capital (le capital monopoliste, la grande bourgeoisie) et le reste du Capital. Le Grand Capital aujourd’hui est à la fois dedans et dehors. Il n’y a pas l’impérialisme, qui serait l’extérieur, et le capitalisme, qui serait l’intérieur. Il y a le Capital monopoliste dans chaque pays développé et à la direction des affaires. Il s’en suit, dans ces pays, des rapports sociaux internes et externes cohérents et imbriqués, propres à chaque pays impérialiste et la constitution évolutive du système de ces rapports sociaux, que l’on nomme l’impérialisme, que l’on peut avoir tendance à n’identifier aujourd’hui qu’à la puissance américaine. Roussel n’a manifestement pas compris ça, pas plus vraisemblablement, que ses conseillers. C’est dommage car c’est le b-a-ba du marxisme-léninisme, l’arme théorique puissante dont devrait se doter le prolétariat organisé.

La deuxième remarque est liée à la précédente. Roussel est pour le socialisme. Oui mais dit-il, “le socialisme à la française”. Or dans l’esprit des réformistes qui ont investi le PCF, et donc dans celui de Roussel qui n’a pas la capacité de surmonter ce handicap, terrible et mortel pour un révolutionnaire, qu’est le réformisme, cela signifie un socialisme électoral, un socialisme reposant uniquement sur des élections. Or, et j’en viens au point précédent, c’est un socialisme électoral dont on fait l’hypothèse qu’il prendra forme, tout en laissant à la grande bourgeoisie, au Capital monopoliste (aujourd’hui avec toutes ses interpénétrations mondiales et notamment nord-américaines), tous les pouvoirs dont elle, il, disposent. Bien sûr, lorsque les élections seront terminées, vous allez voir ce que vous allez voir, la grande bourgeoisie va en prendre plein la gueule, fouchtra. Mais rien ne sera mené contre elle avant les élections. C’est le vote qui va décider. Il faut être réglo et surtout ne pas être stalinien.

Donc voilà l’armature théorique duale du réformisme contemporain :
1) il ne faut pas confondre le capitalisme et l’impérialisme. Le capitalisme, c’est l’intérieur et il faut rompre avec la capitalisme. Mais l’impérialisme c’est l’extérieur et ce sont surtout les américains,
2) Cette rupture doit être et ne peut être qu’électorale. Ce qui, par parenthèse, est cohérent avec le fait que le PCF soit devenu un parti d’élus, et principalement d’élus municipaux. A ce réformisme contemporain basique, on peut associer diverses variantes, celle par exemple selon laquelle il existe “des capitalistes intelligents”. Le socialisme électoral est supposé, dans ce cas, pouvoir prendre appui sur l’élan transformateur que les “capitalistes intelligents”, modernistes en quelque sorte, pourraient apporter à l’aspiration révolutionnaire.

J’ai essayé, dans le chapitre 7 du bouquin que j’ai écrit sur le socialisme et que Aymeric Monville a publié, de rassembler quelques réflexions sur ce thème de la démocratie. Je me permets d’y renvoyer. Ce n’est pas simple et je suis certainement loin d’avoir tout dit sur ce sujet. Cela, il faut quand même se convaincre que d’une part la grande bourgeoisie de ce pays sait manœuvrer. Restant au pouvoir, elle n’attend pas que des élections la renversent. Elle agit, elle divise, elle enfume, et que d’autre part, les spadassins mondiaux de l’impérialisme ne se contentent d’observer le cours des choses en buvant des alcools rafraîchissants et en écoutant de la musique classique. Eux aussi ils agissent."

Note de P.
Que n'y a-t-il de nombreux communistes tels J.C. Delaunay, D. Bleitrach, et d'autres, bien sûr, pour remettre cent fois sur le métier leur ouvrage, et ré-enraciner ainsi le chêne marxiste que trop de liquidateurs politiciens ont abandonné au profit des saules fragiles de la social démocratie,  tellement réformiste qu'elle nous ramène éternellement dans l'escarcelle des capitalistes impérialistes, enfin assurés que leur patience sera toujours récompensée?
Et que les guerres leur profitent, éternellement....
A moins que les peuples ne se mettent à enfin secouer le joug! La fin de ce monde unipolaire ....

CE COUP D'ÉTAT US/OTAN DONT NOUS SOMMES COMPLICES

 

Opération spéciale de la Russie en Ukraine, 30 juin. Diffusion en ligne. Jour 127

De ce compte-rendu je retiendrai la duplicité française: non seulement notre pays a participé au coup d’État que les Américains ont fomenté en 2014 en Ukraine, mais ils s’est institué garant des accords de Minsk destinés à résoudre les exactions du gouvernement ukrainien contre la population du Donbass et n’a jamais rien fait pour que ces accords soient appliqués. Aujourd’hui on continue à tuer la population de Donetsk avec les canons français et tout cela dans l’ignorance totale des faits par les citoyens français avec la complicité totale de la quasi totalité des forces politiques et des “élites”, voire une incitation à la haine qui n’a qu’un seul but ; la guerre et la complicité totale avec l’OTAN et les USA. (note de danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop dans histoireetsociete)

( L'article à lire sur le blog de Danielle BLEITRACH Histoire et Société )

Une carte pour comprendre l'impossible autonomie des Kurdes de Syrie

Les Crises

Alors que tous les regards sont tournés vers la guerre en Ukraine, le président turc Recep Tayyip Erdoğan prépare une nouvelle invasion du nord de la Syrie. Depuis 70 ans, la Turquie est un membre clé de l’OTAN – et le soutien de l’OTAN à son agression montre que l’alliance n’est pas un simple pacte de défense.

Source : Jacobin Mag, Kerem Schamberger
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Un garçon syrien regarde des soldats américains patrouiller dans la campagne de Rumaylan, en Syrie, près de la frontière turque, après que le président Recep Tayyip Erdoğan a déclaré que la Turquie allait lancer une nouvelle opération militaire dans le nord de la Syrie, le 26 mai 2022. (DELIL SOULEIMAN/AFP via Getty Images)

Traduction initiale en anglais par Adam Baltner

Cela se reproduit. Enhardi par le silence des États membres de l’OTAN, Recep Tayyip Erdoğan et son gouvernement du Parti de la justice et du développement (AKP) pourraient transformer les menaces turques de guerre contre l’administration démocratique du nord de la Syrie, le Rojava, en une véritable invasion. Lors d’une apparition publique le lundi 23 mai, dans un chantier naval militaire sur la mer de Marmara, Erdoğan a annoncé son intention d’occuper une bande de terre de trente kilomètres de large le long de la frontière nord syrienne. Selon des sources turques, les préparatifs de l’invasion étaient terminés dès le lendemain.

Ailleurs au Kurdistan, la guerre gronde depuis des semaines – malgré le manque d’attention ou d’indignation du public. Le 17 avril, l’armée turque a lancé une invasion de la région de Zab, dans le sud du Kurdistan. C’était le premier point culminant d’une série d’interventions dans le nord de l’Irak, en violation du droit international. Depuis lors, les montagnes du Kurdistan – où se trouvent de nombreux villages et où vivent des civils – sont le théâtre de violents combats, où soldats et guérilleros meurent chaque jour. Au Rojava également, une guerre de basse intensité contre la population civile et son administration est en cours depuis des mois. Comme l’a documenté le Centre d’information du Rojava, au moins trente-cinq frappes de drones turcs ont tué plus de treize personnes et en ont blessé trente-quatre.

Jusqu’à présent, Erdoğan a pu mener cette politique de guerre sans entrave. La critique de l’alliance de l’OTAN, dont la Turquie est membre depuis 1952, est restée absente. Au contraire, la guerre en Ukraine a donné un pouvoir de négociation et une influence encore plus destructeurs à Erdoğan, qui se présente comme un médiateur ostensible entre la Russie et l’Ukraine en accueillant des négociations sur le sol turc.

Aujourd’hui, Erdoğan joue un rôle supplémentaire en bloquant l’entrée de la Suède et de la Finlande dans l’OTAN. Du point de vue du gouvernement AKP, ces pays apportent un soutien au terrorisme et abritent des terroristes. Ces prétendues « organisations terroristes » sont des projets d’aide au Rojava engagés dans des activités telles que la construction d’infrastructures d’eau et l’hébergement de femmes ayant subi des violences aux mains de la milice terroriste ISIS – autrement dit, ce sont des projets d’aide humanitaire que la Suède contribue à financer. Les « terroristes » visés par Erdoğan sont les Kurdes de Suède et de Finlande qui ont été libres de s’organiser politiquement dans ces pays sans subir d’oppression.

Pourtant, la Turquie a également pointé ses mirettes sur les politiciens d’origine kurde, comme la députée suédoise indépendante de gauche Amineh Kakabaveh, qui est originaire du Kurdistan oriental. Récemment, l’ambassadeur turc à Stockholm est allé jusqu’à demander son extradition (qu’il a ensuite présentée comme un « malentendu »). Pour sa part, Kakabeveh s’oppose également à l’adhésion de la Suède à l’OTAN et a retiré son soutien au Premier ministre social-démocrate de son pays. Elle a fait remarquer que les Kurdes risquent une fois de plus d’être sacrifiés sur l’autel des superpuissances – cette fois avec le soutien de la Suède.

Par le passé, Erdoğan a exploité les réfugiés à des fins politiques. Il a accepté de les empêcher d’entrer dans l’Union européenne (ou, à l’inverse, a menacé de les faire passer la frontière) en échange de concessions politiques des gouvernements de l’UE. Maintenant, il essaie également d’utiliser les Kurdes pour réaliser ses rêves de faire de la Turquie une superpuissance impériale régionale. Il est donc clair que la question kurde est un problème véritablement international.

Maintenant que la Turquie a temporairement bloqué l’expansion de l’OTAN, elle est enfin sous le feu des critiques qui prétendent que son intransigeance devrait la disqualifier de la communauté de l’OTAN. Pourtant, comme l’a souligné Dilar Dirik, cette rhétorique est confuse : la Turquie est un élément essentiel de l’alliance militaire depuis plus de soixante-dix ans, et la politique de guerre turque n’a rien à voir avec les diverses guerres d’agression menées par l’OTAN ces dernières années, qui ont enfreint le droit international. L’OTAN peut se présenter comme une « communauté de valeurs partagées », tout comme son document fondateur de 1949 peut affirmer que ses membres sont attachés à la Charte des Nations Unies et aux « principes de la démocratie, de la liberté individuelle et de l’État de droit ». Il s’agit pourtant d’une idéologie destinée à masquer le caractère belliqueux de l’alliance. Les invasions par l’OTAN de la Libye, de l’Irak, de l’Afghanistan et de l’ex-Yougoslavie racontent une autre histoire. Il en va de même pour l’occupation par la Turquie de la partie nord de Chypre, une violation du droit international qui dure depuis 1976, bien qu’elle ne soit presque plus mentionnée.

Lundi dernier, Cemil Bayik, coprésident du comité exécutif de l’Union des communautés du Kurdistan, a souligné le rôle de l’OTAN dans la guerre contre le Kurdistan : « On pourrait croire que c’est la Turquie qui mène la guerre au Zab et à Avaşîn, mais c’est en fait l’OTAN. (…) En tant qu’État membre, la Turquie reçoit un soutien extrêmement important de l’OTAN. Sans cette aide, la Turquie n’aurait pas pu continuer à se battre jusqu’à aujourd’hui. C’est l’OTAN qui a décidé d’entrer en guerre, et la Turquie met cette décision en pratique. »

Pour la Turquie, une invasion du Rojava est également étroitement liée à la politique intérieure. Avec les élections prévues en 2023, tous les sondages d’opinion suggèrent que l’AKP subira un coup significatif dans les urnes. Le parti pourrait tenter de sauver sa fortune avec un énième conflit militaire, car les invasions toujours récurrentes de la Turquie en Syrie se sont toujours accompagnées d’une hausse du taux d’approbation de l’AKP – de l’occupation d’une région du nord de la Syrie entre Azaz et l’Euphrate en août 2016 à l’invasion et l’occupation d’Afrin en 2018 et de Serê Kaniyê et Girê Spî en 2019. La guerre unifie une partie de la population derrière le gouvernement et son armée tout en reléguant au second plan – ne serait-ce que temporairement – des problèmes tels que le chômage et la pauvreté.

Début mai, Erdoğan a annoncé son intention d’envoyer progressivement un million de réfugiés syriens en Turquie vivre dans des « colonies » construites pour eux dans le nord de la Syrie occupée. Le plan, semble-t-il, est de prendre le contrôle d’un territoire géographique continu à intégrer successivement dans le territoire de la Turquie. Le paiement des salaires en lires turques dans les régions déjà occupées, ainsi que l’ouverture d’écoles turcophones et l’installation de gouverneurs turcs, indiquent que l’objectif est la colonisation permanente. Les invasions ont également renforcé les milices djihadistes, qui ont contribué à sécuriser l’occupation aux côtés des soldats turcs. Nombre de leurs combattants sont d’anciens membres d’ISIS (Etat islamiques ou Daech, NdT), qui continue d’exister dans la clandestinité. ISIS est de plus en plus capable de mener à nouveau des attaques, comme l’a démontré en janvier dernier l’assaut de la prison d’ISIS à al-Hasakah.

Dans une interview accordée au quotidien allemand Tagesspiegel, Khaled Davrisch, représentant à Berlin de l’administration autonome du Rojava, a expliqué que « plier le genou devant Erdoğan torpillerait les efforts pour une solution pacifique en Syrie. » En fait, cela ferait bien plus. Une guerre d’agression turque avec la bénédiction de l’OTAN montrerait clairement que le discours sur les valeurs communes, la liberté et la démocratie ne s’applique que lorsqu’il sert les propres intérêts de l’OTAN.

Au sujet de l’auteur :

Kerem Schamberger est chercheur associé à l’Institut des sciences de la communication et de la recherche sur les médias de l’Université Ludwig Maximilian de Munich et membre de la Gauche marxiste.

Au sujet du traducteur :

Adam Baltner est enseignant et traducteur à Vienne, en Autriche. Il est rédacteur à mosaik-blog.at

Source : Jacobin Mag, Kerem Schamberger, 30-05-2022

Traduit par les lecteurs du site Les-Cris