vendredi 31 décembre 2021

ROYAUME–UNI : LA MORTALITÉ DES PERSONNES VACCINÉES CONTRE LE COVID-19 DE 10-59 ANS EST EN MOYENNE DEUX FOIS PLUS ÉLEVÉE QUE CELLE DES NON VACCINÉS

  Par Le 27/12/2021 0


Royaume‑Uni:  Doublement du taux de mortalité globale des vaccinés covid 10-59 ans vs les non-vaccinés 

Par Jean-Luc Guilmot



Si vous arrêtez de vous focaliser uniquement sur le goulot d’étranglement des soins intensifs (et ses taux de mortalité Covid-19) et que vous adoptez plutôt une vue d’ensemble (taux de mortalité toutes causes), vous remarquerez que selon l’Office of National Statistics du Royaume-Uni – qui de façon assez unique fournit des données transparentes par statut vaccinal – le taux de mortalité toutes causes des personnes vaccinées contre le covid-19 dans le groupe d’âge standardisé 10-59 ans est en moyenne DEUX FOIS PLUS ELEVE que le taux de mortalité des non-vaccinés. Vous avez bien lu.

 

 

TOUTES CAUSES CONFONDUES

pour les 10-59 ans, en fonction du statut vaccinal au Royaume-Uni.

Source: Table 4 of dataset (xlsx file) https://www.ons.gov.uk/peoplepopulationandcommunity/birthsdeathsandmarriages/deaths/datasets/deathsbyvaccinationstatusengland 

Franchement, y a-t-il un argument plus MASSUE à l’encontre de cette expérimentation de vaccination de masse à l’échelle mondiale? 

N’est-ce pas l’argument le plus percutant et le plus incontournable qui soit ? 

On parle ici d’une (1) augmentation (2) importante (3) du taux de mortalité (4) toutes causes des (5) doubles (6) « vaccinés » Covid-19 (7) versus les « non-vaccinés » (8) sur un grand échantillon de population (9) randomisé (10) sur période de temps prolongée. 

Chaque mot est significatif. 

(1)  Augmentation : oui, les personnes « vaccinées » finissent par mourir plus que les « non-vaccinées ».

(2)  Importante : cela veut dire dans ce cas en moyenne 100 % de plus, un chiffre très, très significatif, n’est-ce pas ?

(3)  Taux de mortalité : oui bien-sur, vous pouvez avoir plus de personnes « vaccinées » que de personnes « non vaccinées » dans une population donnée, mais nous parlons bien ici de taux de mortalité, c’est-à-dire de chiffres relatifs ; les chiffres sont donc opposables.

(4)  Toutes causes : cela signifie qu’ils peuvent être décédés d’une chute d’échelle ou d’un cancer ou de nombreuses autres causes (y compris du Covid-19).

(5)  Doubles : oui, les « vaccinés » 1 dose ne sont pas inclus dans ces données, seulement les « vaccinés » 2 doses (x jours après l’injection).

(6)  « Vaccinés » : eh bien, tout le monde n’est pas d’accord avec ce terme pour ces injections expérimentales principalement à base d’ARNm, d’où les guillemets.

(7)  « Non vaccinés » : désigne ceux du même groupe d’âge standardisé (10-59 ans) qui n’ont pas été injectés (et d’ailleurs constituent un groupe témoin, et devraient certainement le rester). Bien qu’il s’agisse d’un groupe d’âge important, les chiffres disponibles sur la base de données du NHS britannique [1] montrent que les jeunes adultes ont été vaccinés tout autant que les adultes plus âgés, en correspondance avec la pyramide des âges.

(8)  Grand échantillon de population : il ne s’agit pas d’une étude limitée sur une petite zone géographique. Ce sont les chiffres officiels pour l’ensemble de la population du Royaume-Uni, l’un des premiers pays avec Israël à avoir initié l’expérience de la « vaccination » de masse début 2021.

(9)  Randomisé : le terme est discutable, la liberté de choix de se faire ou non injecter une solution expérimentale de contenu non divulgué peut en effet différencier les deux groupes, bien que beaucoup de personnes aient également été contraintes à différents niveaux.

(10) Période longue : les données portent sur une période de 6 mois (mai à septembre 2021) ; pour l’instant la forme de la courbe apparaît assez stable dans le temps

Nous savons qu’il y a BEAUCOUP d’autres signes d’inquiétude, y compris le nombre considérables d’effets secondaires indésirables et de décès attribués aux vaccins Covid-19, publiquement disponibles dans les bases de données VAERS, EUDRAVIGILANCE et Yellow Card. 

Cependant, nous sautons par-dessus cette éternelle pierre d’achoppement qu’est la détermination exacte et toujours discutable de la cause du décès. On n’a pas de temps à perdre. 

Aussi, la question demeure. 

Pourquoi ces données incontestables ne sont-elles toujours pas plus largement utilisées comme ARGUMENT N°1 pour mettre un terme immédiat à cette expérience de « vaccination » de masse si controversée ? Avec une attention toute particulière et bienveillante pour les enfants.

Soit dit en passant, rappelez-vous que le Covid-19 présente un taux de mortalité mondial ne dépassant pas 0,15% – et encore moins en cas de traitement précoce – et qu’il est désormais largement établi et démontré qu’il peut être soigné, d’autant mieux qu’il est pris précocement, avec une vaste gamme de traitements largement disponibles et principalement génériques, sans effets secondaires indésirables notoires. 

Vos commentaires documentés et constructifs sont les bienvenus. Merci.

Jean-Luc Guilmot

 

CINQ CENT HUIT FOIS LE SMIC, C'ÉTAIT EN 2013.

Il s’appelle Serge WEINBERG, il a 70 ans, il est énarque, bien sûr- ami d’un autre énarque, MACRON - et il est président de Sanofi depuis 2010 jusqu’en 2023. Son vaccin contre le Covid, prévu pour courant 2020, sera peut-être sorti, il faut le croire, de ses labos pour 2022. Alors qu’il a déjà raté le vaccin ARN. Heureusement qu’on a pas attendu le sien pour être vaccinés.

Mais ne craignez rien pour Sanofi : il continue de gagner malgré ses lacunes en matière de santé beaucoup beaucoup de fric, puisque, par exemple, Sanofi labo a versé 4 milliards – QUATRE MILLIARDS – à ses actionnaires en 2020. Pas de quoi s’inquiéter pour ce monde de vautours. En 2013, déjà, le directeur général gagnait CINQ CENT HUIT fois – 508 FOIS  !- le SMIC. Il paraît que cet ancien du cabinet FABIUS serait même de gauche ! OUI ! De gauche!!! Comme sans doute FABIUS, HOLLANDE, MACRON…. Bien que ses chercheurs seraient très mal traités, - voir émission « Cash Investigations » de Lise LUCET, en 2013 - les hauts dirigeants de cette prétendue gauche se servent grassement, eux.

(Et quelqu’un - de mal intentionné, c'est certain !- voudrait nous faire voter pour un candidat de cette « gôche » ?)

L’ennui, c’est que l’entreprise Sanofi ne cesse de fermer ses centres de recherche, en France, après moult plans sociaux et autant de valses de directeurs généraux. «  A la place de dirigeants d’envergure, WEINBERG, qui n’y connaît rien, a fait venir des médiocres, obsédés à l’idée de s’implanter toujours plus aux USA, et qui ont vite montré leurs limites », dixit un industriel.

C’est sans doute pour ses talents que monsieur SANOFI, ancien de chez PINAULT, a été promu commandeur de la Légion d’honneur par son grand ami MACRON en 2020, puisque ce dernier est entré chez Rothschild grâce au premier. Puis WEINBERG a lancé un fonds d’investissements, où PINAULT a investi du fric, et quand FABIUS revient à Bercy en 2000, il fait engager comme directeur de cabinet un cadre dirigeant de PINAULT-PRINTEMPS-REDOUTE, au moment où débutent des investigations sur la situation fiscale de François PINAULT.

Tout çà est bien étrange……..Mais tout s'imbrique aussi parfaitement, dans ce monde. Et dire que des gens dits de gauche ne savent plus distinguer ce qui est de gauche de ce qui ne l'est surtout pas....

Comme quoi, le bilan de SANOFI a beau ne pas être brillant ni glorieux pour la FRANCE, il suffit d’avoir les bons amis qu’il faut pour réussir à faire fructifier le magot et rester en haut de l’affiche. Les amis du panier aux crabes, où le PS ne cessera de patauger, puisqu’il a été créé pour cela. Même en faisant la démonstration de ses incapacités, le patron de Sanofi administre la preuve que, sous le règne de MACRON comme sous l’ancien système qu’il devait abolir, les honneurs et les distinctions ne seront jamais attribués à la piétaille.

Mais surtout, pour faire confiance à une gauche vraie, authentique, débarrassée des oripeaux de la collaboration de classe qui la soumettent au diktat des milliardaires, il y aura encore pour les années à venir du pain sur la planche.

Bonne année 2022 quand même à toutes et tous ! Une année de luttes sociales et de décisions sages, d’analyses politiques sérieuses, pour retrouver le chemin de la fraternité et de respect fondamental de la nature.

Mais surtout pas de luttes d’ego. La nature en crèvera, et le monde, NOUS, avec.


Article inspiré d’un papier d’Anne-Sophie Mercier, dernier « Canard Enchaîné »

 

 

Une analyse sur les élections au Chili

mercredi 29 décembre 2021 par Jean Pierre Page

Il y a un débat ici en France sur les leçons à tirer de l’élection présidentielle au Chili, ci-dessous l’analyse de Jean-Pierre Page participant de ce débat dans lequel il pointe un « manque de lucidité délibéré, ce qui n’est même pas certain, [et] consiste à vouloir faire croire que la »gauche« par un miraculeux coup de balancier repartirait de l’avant et que par effet domino la »gauche« en France va ou pourrait bénéficier de ce mouvement. »
Il poursuit...

Cela me conduit à faire quatre remarques !

1) Certes, l’on ne peut que se féliciter de l’échec des Etats-Unis et de l’extrême droite au Chili, au Honduras, au Pérou, possiblement en Colombie et sans doute prochainement au Brésil. Mais de là à considérer ces succès du mouvement populaire comme acquis et synonymes obligatoirement de progrès social, voire plus, il y a une marge. D’abord comme le souligne le petit-fils d’Allende il y a la réalité des positions politiques des uns et des autres et leur référence à la "gauche" sont extensibles selon les circonstances. Ce qui ne veut pas dire que ces élections ne traduisent pas une évolution positive du rapport des forces. Cela exige d’être lucide et prudent pour ne pas avoir à se mordre les doigts par la suite. Ce qui sera décisif c’est la force et l’intelligence du mouvement populaire comme c’est le cas ces derniers mois à Cuba, au Chili, au Nicaragua, au Venezuela et en Bolivie. En sont la démonstration : Cuba ou l’on constate l’échec des manifestations "pro démocratie", l’isolement des forces manipulées par Washington et en Bolivie, la marche de 200 kms à travers le pays d’1 million de personnes à l’appel des communautés indigènes, des syndicats, des forces progressistes, etc.

2) Toutefois l’impérialisme n’a pas pour habitude de rester l’arme au pied. De plus il y a les contradictions au sein du mouvement populaire. Au Venezuela sans sous estimer le succès politique de Maduro aux récentes élections mais avec une abstention massive, il ne faut pas perdre de vue le pragmatisme des forces de la bourgeoisie et par ailleurs les critiques fortes du PC et les discriminations dont il fait l’objet, ainsi que les faiblesses structurelles du syndicalisme. Au Honduras, au Pérou, en Colombie et au Chili et même au Brésil les forces extrêmes de la droite fasciste et nostalgique des dictatures sont en recul mais demeurent très influentes.
Elles ont même repris du poil de la bête après leur victoire électorale en Uruguay et récemment en Argentine. La cause de ces échecs étant comme souvent les dérives social-démocrate d’autant qu’en Amérique latine comme ailleurs, en Europe, la "gauche" adore le moindre mal, les demi mesures, les conversions au libéralisme et aux préoccupations sociétales au détriment des luttes de classe. Nous n’en avons
pas l’exclusivité. Il faut donc raison garder. Il ne s’agit pas de faire la fine bouche, mais de garder les yeux grands ouverts comme le font les Cubains qui ont une longue expérience et qui bénéficient en ce domaine des leçons politiques de Fidel. D’ailleurs je remarque que Lula même si il est donné gagnant, à condition qu’il se présente, ce qui n’est pas encore le cas, souligne que vaincre Bolsonaro et les américains exigera une longue et dure bataille sur le contenu autant que sur l’ampleur de la mobilisation. On ne saurait tout réduire aux alliances d’autant que celles-ci surtout en Amérique latine sont changeantes. Il faut espérer que l’on aura tiré les leçons des causes des échecs et des défaites précédentes en particulier au Brésil au sein de son mouvement politique et syndical du PT à la CUT. C’est donc à voir !

3) Quant à l’OEA, il y a et c’est tant mieux de nombreuses critiques, mais elle est toujours en place, la CELAC peut être une alternative mais la CELAC est très composite et elle va de gouvernements de droite jusqu’à la gauche. Donc ce n’est pas si simple car en Amérique latine on peut chasser la droite et la droite extrême y compris par opportunisme politicien, mais ensuite connaître les compromis, les freins et réticences qui conduisent aux remises en cause, aux désespérances, aux regrets et aux démobilisations. Par conséquent là aussi il ne faut pas se raconter d’histoires. Quant à la Chine et la CELAC, oui certes, mais là aussi il faut avoir une photographie réelle des choses. La Chine a vu ses relations sensiblement progresser en Amérique latine où des pays, même comme le Brésil de Bolsonaro ont 30% de leurs échanges commerciaux avec celle-ci. Mais la Chine se garde bien d’exporter son système. Disons plutôt que de nouveaux gouvernements progressistes en Amérique Latine y compris par leur politique pragmatique peuvent contribuer à isoler les Etats-Unis dans leur campagne de diabolisation de la Chine, et de mise en échec du programme des "nouvelles routes de la soie" dont Cuba entre autre est maintenant totalement partie prenante, ce qui est une très bonne chose.

4) Biden depuis son arrivée à renforcé l’étau sur Cuba et a repris à son compte la politique de Trump. Il n’y a que les gogos qui pensent qu’il a changé ou qu’il ne respecte pas ses promesses. C’est d’ailleurs ce que fut la politique d’Obama capable de se rendre à La Havane, rétablir le statut de son Ambassade, s’abstenir pour la première fois sur la résolution condamnant le blocus US à l’assemblée générale des Nations Unies et avant son départ approuver une directive contre Cuba plus contraignante encore que les précédentes. Ce qui a permis à Trump d’enfoncer le clou.

Cela dit, la radicalisation de la crise systémique, le déclin des USA, la montée en puissance de la Chine, l’exigence de multilatéralisme dans les relations internationales, les progrès des alliances anti hégémoniques conjuguées aux actions du mouvement populaire peuvent créer des situations permettant aux forces conjuguées de l’antiimpérialisme et de l’anticapitalisme de marquer des points. L’espace existe et il faut l’occuper. Entre risques et opportunités, il serait inconcevable que les forces révolutionnaires ne trouvent pas dans ces conditions des raisons supplémentaires de se mobiliser et agir.

Comme on le sait on a rien sans rien, sans luttes et surtout sans clairvoyance et clarification. Le texte du petit-fils d’Allende a cette utilité

Fraternellement, JP Page

(4) Le surligné est de Pedrito

   

LE BLOG DE

DESCARTES

Le PCF fait sa révolution

 

Pour ceux qui me reprochent de voir tout en noir, voici un papier résolument optimiste. Pourquoi un tel changement, me direz-vous ? Parce que dans ces temps difficiles où l’on voit l’ensemble des organisations politiques laisser de côté la décision collective pour se vautrer dans les délices de l’égo-politique, c’est une grande consolation de voir qu’il reste au moins un village gaulois qui résiste. Il reste en France un parti politique, un vrai. C’est-à-dire, une organisation où les candidatures et les programmes sont débattus dans des instances constituées conformément à des statuts, et où les militants ne sont pas réduits au rôle de groupies dans les meetings du Grand Leader ou de colleurs d’affiches – quelquefois achetés avec leurs propres deniers – mais gardent un véritable pouvoir de décision. Vous comprenez que je fais référence au Parti communiste français, mieux connu – même si ces dernières années beaucoup l’ont oublié – par son sigle « PCF ».

Bien sûr, le PCF n’est pas sorti indemne du processus qui a vu les « classes intermédiaires » prendre le contrôle de la politique française. Après la longue marche qui commence avec le règne du père UbHue et qui se termine avec celui de l’homme invisible Laurent, le PCF n’est aujourd’hui que l’ombre de ce qu’il a été. Et ses péchés sont nombreux, même si le simple fait d’avoir gardé malgré toutes les pressions les mots « communiste » et « français » dans son nom a lieu de choisir un nom insipide du genre « Table Ouverte » ou « tous ensemble » devrait lui valoir à mon sens une demie-indulgence.

Ah, hypocrite lecteur, tu t’attends ici à ce que je parle du stalinisme… mais ce n’est pas là à mon sens le pire de ses écarts. Il n’est pour le PCF qu’un péché mineur. Après tout, les communistes français n’ont tué, n’ont torturé, n’ont déporté personne. Leur responsabilité dans la mise en place du Goulag est à peu près la même que celle de Serge July et consorts dans la « Grande révolution culturelle prolétarienne ». Dans l’affaire, le crime du PCF est, comme l’écrit Aragon « d’avoir aimé la flamme jusqu’à y devenir lui-même l’aliment » (1).

Non, le péché fondamental du PCF est d’avoir laissé sur le bord du chemin les couches populaires pour chercher à flatter les lubies – et les intérêts – des classes intermédiaires. Dérive qui a culminé avec le règne d’UbHue 1er (et unique) et son « parti d’un nouveau type » qui aboutit à la féodalisation du Parti avec le pouvoir des « notables » et des élus soucieux d’abord de leurs positions et de leur réélection, et des structures locales qui vivent au service d’un « grand élu ». Qui a abouti aussi à la quasi-destruction de l’appareil de formation militante et d’éducation populaire qui avait fait du PCF un « parti à part » dans le paysage politique français, le seul qui ait compris que l’accès des ouvriers aux responsabilités impliquait non pas une « discrimination positive » mais un effort d’éducation qui les mette au même niveau que les bourgeois occupant ces postes. Un appareil qui produisit une génération d’autodidactes brillants, de Leroy à Krasucki, de Paul à Seguy.

Il est impossible de comprendre le naufrage du PCF ces trente dernières années sans prendre en compte ces évolutions. Cependant, les efforts considérables faits par Hue, Buffet et consorts n’ont pas réussi à effacer certains réflexes qui tiennent à l’histoire communiste et à son insertion dans le mouvement ouvrier. Malgré des dirigeants qui n’hésitaient pas à expliquer que votes et textes ne servaient à rien – souvenez-vous de Buffet parlant avec mépris « des heures passées à examiner des amendements au texte de congrès qu’on aura oublié le lendemain » – et qui se sont assis sur les textes quand cela les arrangeait – la liste « bouge l’Europe ! » en est un bon exemple – les communistes ont gardé une saine passion par le débat, une attention particulière aux procédures démocratiques et à la capacité de leur organisation de fonder son action non pas sur des décisions opportunistes de leaders éclairés, mais sur des textes discutés et votés collectivement. Le PCF reste l’une des rares organisations – pour ne pas dire la seule – dont les congrès ne sont pas seulement un prétexte pour le discours de clôture du Grand Dirigeant, mais l’aboutissement d’un véritable processus démocratique interne, avec pour le préparer des textes d’orientation examinés par les conférences de section et les conférences fédérales avant d’arriver au congrès lui-même.

Tout cela compte à l’heure de décider de la stratégie à suivre pour l’élection présidentielle de 2022. Car, contrairement à ce qui se passe dans d’autres organisations, les militants communistes ont sur cette question leur mot à dire, et ce n’est pas une simple formalité. En 2012, Mélenchon fut le candidat du Front de Gauche regroupant le PCF, le Parti de gauche et une myriade de groupuscules divers. Mais pour que cette candidature voie le jour, le soutien énamouré de Marie-George Buffet n’a pas suffi : il fallut que la stratégie de Front de Gauche soit validée par un congrès, et que le choix du candidat soit approuvé par un vote des militants communistes (2). En 2017, alors que l’ensemble de la direction du PCF milite activement pour le ralliement au candidat « insoumis », la conférence nationale convoquée conformément aux statuts pour examiner les propositions aboutit, après un débat fort intéressant, à un vote négatif donnant la préférence à une candidature communiste séparée. Elle sera désavouée – là encore conformément aux statuts – par le vote des militants, qui choisissent le ralliement à 53%. Cependant, ce débat laissera des traces. Les communistes se sont affrontés sur un point fondamental : est-ce que le ralliement implique l’effacement ? Autrement dit, est-il possible tout en se ralliant (3) à un candidat de faire avancer lors de l’élection présidentielle les projets, les propositions, les thèmes et les valeurs portées par le PCF ? La direction prétendait que oui, qu’une « campagne autonome » parallèle à celle de Mélenchon était possible. L’expérience leur a donné tort, et pas seulement à cause du comportement du candidat Mélenchon. Lors d’une élection, toute l’attention se focalise sur le candidat et personne d’autre. C’est lui qui est invité à la télévision, c’est lui que les journaux interviewent. Et toute expression différente dans son camp est soit ignorée, soit montée en épingle comme facteur de division. Si l’on ajoute à cela la tendance mélenchonienne à occuper personnellement toute la place, il est clair que la « campagne autonome » était vouée à l’échec.

Pour 2022, le PCF semble avoir tiré les conclusions qui s’imposent. Dans la préparation du 38ème congrès de 2018 – preuve là encore d’une démocratie vivante – les militants relèguent en deuxième position la proposition de « base commune de discussion » très prudente présentée par la direction du PCF, et ne donnent que 11% au texte proposant un rapprochement avec la « France insoumise ». Ils mettent en tête le texte issu d’un travail collectif et porté par Fabien Roussel et André Chassaigne proposant de prendre ses distances avec LFI, et notamment à travers d’une candidature communiste à l’élection présidentielle. C’est la ligne adoptée par le Congrès, qui élit par ailleurs Fabien Roussel secrétaire national en remplacement de Pierre Laurent.

Cette ligne sera d’ailleurs confirmée par les votes du Comité national convoqué le 13 mars 2021 (4) pour élaborer le texte préparatoire (5) à la Conférence nationale qui devait examiner la question. Le texte est on ne peut plus explicite : « (…) nous décidons de proposer à notre peuple une candidature communiste ». Et tous les amendements proposés – soit pour retarder la décision, soit pour modifier le texte – ont été largement rejetés. La Conférence nationale elle-même s’est tenue le 10 avril, et a approuvé à une majorité des deux tiers le principe d’une candidature communiste, et proposé à la majorité des trois quarts le nom de Fabien Roussel. Une position que les militants communistes auront confirmé par leur vote les 9 et 10 mai derniers à plus de 80% des 30.000 votants…

Quelle importance, me direz-vous ? Avec leurs débats, leurs textes et leurs votes, les communistes sont-ils autre chose qu’une secte de dinosaures pratiquant des rituels oubliés de tous et qui ont perdu leur sens ? Avec de la chance, le candidat communiste fera un score à un chiffre. Pour aller plus loin, il faudrait au PCF reconquérir l’électorat populaire et donc, pour reprendre la formule consacrée, de partir de ce que ces couches sociales ont dans la tête. Quand on lit dans le texte proposé à la Conférence nationale que « les défis à relever appellent de profondes ruptures. La France a besoin d’une grande révolution démocratique, faite d’avancées décisives, de conquêtes de pouvoirs faisant reculer toutes les dominations sur nos vies et nos libertés : celles du capital, du patriarcat, du racisme, des LGBTI-phobies… », on se dit que ce n’est pas demain la veille que le PCF va reconquérir l’électorat populaire. Le communiste de cœur que je suis a envie de pleurer en voyant la « domination du capital » mise au même niveau que les « LGBTI-phobies » ou le « patriarcat ». Un énorme chemin reste à parcourir pour que le PCF redevienne un parti portant les intérêts des couches populaires. Mais on peut se réjouir de voir que le PCF a au moins réussi à préserver son capital institutionnel, la culture procédurale si essentielle pour qu’il y ait un véritable débat démocratique. Pour que le débat politique existe, il faut des enceintes institutionnelles, et une confiance que ce qui est dit dans ces enceintes a un effet sur la réalité. Le contraste avec les « conventions » organisées avec pour seul but de faire tamponner des décisions prises par le Grand Dirigeant – et que celui-ci peut ensuite changer selon son bon plaisir d’ailleurs – sont des exercices de communication, pas de débat.

Bien sûr, la décision des communistes de présenter un candidat donnera lieu aux critiques acerbes de tous ceux qui, à l’extérieur du PCF mais aussi à l’intérieur – où cette ligne peut compter sur les solides cohortes des « bébés-Hue » enkystés dans l’appareil – en sont restés au rêve d’intégration de l’ensemble des organisations de la « gauche radicale » pour donner naissance à une organisation unique, capable dans leur imagination de conquérir le pouvoir. Ce sont les mêmes qui, après le fiasco de la liste « Bouge l’Europe ! » et des « comités antilibéraux » en 2007, ont organisé dans le cadre du Front de Gauche l’OPA ratée de Jean-Luc Mélenchon sur le PCF, et qui en 2017 ont obtenu l’effacement du PCF aux élections présidentielles, cédant à Mélenchon le leadership de fait de la « gauche radicale ».

Il n’est pas inutile de revenir sur la logique sous-jacente à ce courant de pensée. Leur logique est simple et peut-être résumée dans les termes suivants : les divisions de la « gauche radicale » – certains diront « la gauche » tout court – sont largement artificielles. Elles sont le résultat des batailles d’égos entre les dirigeants et des blessures d’une histoire ancienne dont les nouvelles générations, à supposer qu’elles la connaissent, n’ont rien à faire. Ces divisions cacheraient en fait une profonde unité d’intérêts, de projets politiques, de valeurs. Après tout, ne sommes-nous pas tous anti-libéraux, anti-racistes, féministes, « diversitaires » ? Ne voulons-nous pas tous un monde bisounoursien ou les conflits auront été bannis et les êtres humains vivront en parfaite harmonie entre eux et avec la nature, rejetant toute « domination », toute « aliénation » ? Dans ces conditions, pourquoi nous diviser, nous opposer ?

Parfaite illustration de cette logique est le papier publié par la Fondation Jean Jaurès le 24 avril dernier sous le titre « La gauche française et l’Europe. Une synthèse possible pour 2022 ? ». La conclusion est révélatrice :

« On l’a vu, la divergence majeure est stratégique. Elle concerne la méthode de négociation vis-à-vis de nos partenaires européens. Du côté de la gauche radicale, on s’interroge : peut-on faire confiance aux réformistes pour porter sincèrement ces combats communs ? Du côté des socialistes et des écologistes, on demeure opposés à une approche jusqu’au-boutiste, proposant, in fine, un référendum sur l’appartenance à l’Union. En définitive, cette question tactique divise des formations qui, si on s’en tient aux idées, pourraient faire alliance. Ou, formulé autrement, la gauche pourrait – non sans esprit d’ouverture –concevoir un dessein commun pour l’Union européenne d’ici à 2022. »

C’est beau, n’est-ce pas ? Cet irénisme n’est pas le fruit du hasard. Quand le monde politique était structuré par les conflits entre les intérêts des différentes classes sociales, une telle vision aurait été impensable. Socialistes, communistes et radicaux ne se posaient pas la question de la légitimité de leurs identités séparées parce qu’ils avaient conscience de représenter des groupes sociaux et des classes différentes, aux intérêts divers, souvent conflictuels, quelquefois antagoniques. Si l’on peut aujourd’hui proposer la fusion des identités politiques spécifiques dans un grand gloubi-boulga consensuel, c’est parce que toutes ces organisations représentent aujourd’hui des nuances du même groupe social, à savoir, les classes intermédiaires. Dès lors que la lutte des classes disparaît comme élément structurant, que la lutte contre la « domination capitaliste », qu’on conserve pour des raisons traditionnelles, est mise sur le même plan que la lutte contre le patriarcat, le racisme ou les discriminations contre les LGBTIQ+ on devrait tous pouvoir se mettre d’accord.

Dans ce contexte, la prise de position du PCF est doublement remarquable, parce qu’elle se pose en rupture de ce raisonnement en réaffirmant que ce n’est pas parce qu’on est tous « de gauche » qu’on veut les mêmes choses, qu’on est préparé à accepter les mêmes compromis. Que nos différences ne portent pas seulement sur des questions tactiques, mais touchent aux buts mêmes de l’action politique. Et qu’il vaut mieux perdre l’élection en défendant ses idées que de se fondre dans un magma informe derrière un candidat qui prendra vos voix et ignorera vos idées et vos intérêts.

Si l’objectif est de reconquérir son rôle de parti populaire et tribunicien, le PCF a besoin d’être seul pour réfléchir. Seul pour constituer un projet qui ne soit pas limité par le besoin de plaire à tel ou tel allié, qui ne soit pas effacé par l’obligation de faire une campagne sur un programme et des thèmes choisis par d’autres. Seul pour montrer qu’il est capable de faire des choses, de défendre une ligne, d’occuper une place sans béquilles. Et pour montrer aux « dissidents » de toutes sortes qui vont là où la soupe est bonne – non, je n’ai pas mentionné Elsa Faucillon – qu’on ne peut être à la fois dedans et dehors. Car une candidature communiste, c’est aussi l’obligation pour un certain nombre de personnalités habituées à jouer personnel de se positionner clairement.

Le choix d’une candidature communiste est d’autant plus logique que la « gauche radicale » a de toute évidence l’élection perdue. Non pas parce que le système électoral serait injuste ou parce que les médias sont méchants, mais parce qu’elle n’a pas de base sociologique permettant de rêver à la victoire. Qui a intérêt aujourd’hui à amener un candidat de la « gauche radicale » à l’Elysée ? Pas les couches populaires, puisque la « gauche radicale » ne porte plus et cela depuis longtemps les préoccupations et les intérêts de ces couches sociales, et l’a largement démontré à chacune de ses participations au pouvoir depuis les années 1990. Pas les classes intermédiaires dans leur ensemble, qui se trouvent fort bien servies par les politiques mises en œuvre par les gouvernements qui, de Hollande à Macron, se sont succédés ces dernières années. La « gauche radicale » ne peut compter que sur certains secteurs des classes intermédiaires, qui par affinité intellectuelle se donnent un petit frisson « révolutionnaire » en montrant leur cul en attendant de devenir notaires.

Dans ce contexte, le choix n’est pas entre la victoire dans l’union et la défaite tout seul. On peut aller à la bataille avec ses idées, bénéficier d’une petite exposition médiatique, faire 2% et toucher un peu d’argent au titre du financement public des partis politiques. Ou l’on peut se fondre dans un magma qui fera un score à deux chiffres mais sans possibilité de défendre ses idées, et sans recevoir un sou, comme cela s’est fait en 2017. Roussel a raison de choisir la première option, avec une logique imparable : soit il fait un bon score, et ce sera une belle surprise, soit il s’étale, et cela ne changera rien.

Descartes

 

Bush a aidé Eltsine lors du coup d’État de 91, selon un nouveau rapport

Le Washington post reprend des informations de 1994. Si le fait qu’Eltsine comme Gorbatchev ont toujours agi en parfaite harmonie avec les présidents des Etats-Unis est désormais un secret de Polichinelle , on voit que Bush est très vite passé du soutien à Gorbatchev à celui d’Eltsine, il n’y avait pas de grandes différences entre les deux. Le second étant peut-être plus opportuniste, moins idéologue que le premier. Quant aux auteurs du coup d’Etat ce qui est dit là sur leur incompétence en la matière donne de la force à la remarque de Fidel “-la prochaine fois on leur enverra un lieutenant bolivien!” (La Bolivie étant renommée par le nombre de ses coups d’Etat militaires) L’ensemble est à mettre en relation avec l’analyse du parti communiste chinois sur la crise idéologique et la désorganisation du parti qui avait suivi l’attitude de Khrouchtchev… (note et traduction de danielle Bleitrach pour histoire et societe)

29/12/2021

Par Walter Pincus

15 mai 1994 Au moment de la tentative de coup d’État d’août 1991 contre le président soviétique de l’époque, Mikhaïl Gorbatchev, l’administration Bush a fourni un soutien dans le domaine des renseignements à Boris Eltsine, ce qui a aidé le président russe à apparaître comme un héros de cet événement, selon un article paru dans The Atlantic Monthly. Des responsables américains à Moscou, ayant accès aux interceptions américaines des communications de défense soviétiques, ont reçu l’ordre de la Maison Blanche de Bush de dire à Eltsine que les unités militaires soviétiques ne répondraient pas aux appels des dirigeants du coup d’État qui étaient alors le ministre de la Défense Dmitri Yazov et le président du KGB Vladimir Kryuchkov, selon l’article du journaliste de Washington Seymour Hersh. En outre, écrit Hersh, un spécialiste américain des communications a été envoyé au siège d’Eltsine dans le bâtiment du parlement russe « avec du matériel de communication et IL a été affecté pour aider Eltsine et ses partisans à sécuriser leur propre des appels téléphoniques aux différents commandants militaires. Eltsine a exhorté les commandants à ne pas se joindre au coup d’État, dit Hersh.

Bien que des rapports publiés précédemment aient raconté comment le président de l’époque, George Bush, en juin 1991, avait averti Gorbatchev qu’un coup d’État était planifié contre lui, l’article de Hersh est la première indication que le soutien du renseignement a ensuite été apporté à Eltsine pendant l’événement réel.

Ni la CIA ni la Maison Blanche de Clinton n’ont voulu commenter hier l’article.

L’historien Michael R. Beschloss, dont le récent livre sur les relations Bush-Gorbatchev, « At the Highest Levels », a été coécrit par le secrétaire d’État adjoint Strobe Talbott, a déclaré hier qu’il était au courant des avertissements de coup d’État antérieurs de Bush à Gorbatchev et Eltsine, mais pas de la canalisation ultérieure des données du renseignement.

Beschloss a ajouté qu’il ne serait pas surpris que Bush ait ordonné que l’aide ait été apportée à Eltsine à Moscou pour éviter le coup d’État d’août parce que Gorbatchev, que Bush soutenait, était isolé dans sa maison de vacances en Crimée. En aidant Eltsine, Bush continuait à: « s’inscrire dans le modèle de l’administration Bush dont nous avons parlé » selon Beschloss .

Dans son livre, Beschloss a rapporté que le premier jour du coup d’État d’août, le plus grand expert soviétique de la CIA avait examiné le matériel de satellite espion américain et les interceptions de communications et avait constaté qu’il n’y avait pas de mouvement majeur de troupes ou de chars soviétiques dans tout le pays, ni aucune tentative de rassembler des opposants politiques.

Beschloss a également écrit que le premier jour du coup d’État, Bush s’est entretenu par téléphone avec le plus haut diplomate américain à Moscou, qui venait de rencontrer Eltsine dans les bureaux du président soviétique en face du complexe de l’ambassade américaine. Le diplomate a rendu compte à Bush de l’humeur d’Eltsine, qui venait de dénoncer le coup d’État et de traiter ses dirigeants de traîtres.

Hersh écrit que le Congrès n’a pas été informé du soutien du renseignement accordé à Eltsine malgré la législation récemment signée qui obligeait le président à le faire.

Publié sur www.washingtonpost.com

 

jeudi 30 décembre 2021

La gauche 2 par G. Garcia

De qui "Staline" est-il le nom?

30 Décembre 2021 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Front historique, #Théorie immédiate, #GQ, #Russie, #lutte contre l'impérialisme, #Mille raisons de regretter l'URSS

De qui "Staline" est-il le nom?

L'été dernier a vu la diffusion internationale du film de propagande "l'Ombre de Staline". On constate ainsi l'actualité du principal dirigeant soviétique qui fait encore aujourd'hui l'objet d'attaques quotidiennes de propagande, bientôt 69 ans après sa mort !

Le blog œuvre pour la réhabilitation de Staline, on ne va pas le cacher. Qu’est ce que ça signifie ? Une posture de provocation ? Du paradoxe ? Un positionnement extrémiste ? Un aveuglement idéologique ?

Ça ne signifie rien de cela. L'objectif n'est pas de choquer pour attirer l'attention, mais de rétablir la raison et la vérité, ou lorsqu’elle est devenue inaccessible par la sédimentation séculaire de mensonges, démasquer les incohérences de la propagande dans le discours des médias et des institutions.

Ça signifie que sur la plupart des problèmes que Staline a affronté, dans les choix qu’il a fait et dans les circonstances concrètes où ils ont eu lieu, à l'époque où il agissait, il a eu raison. Et ses contemporains en étaient bien d’accord, y compris ses adversaires, qui étaient bien conscients qu'ils auraient fait de même que lui s'ils avaient été placés dans sa position et qui ne croyaient pas un mot des affabulations de leurs propres médias, contrairement au jour d’aujourd’hui.

Ça signifie aussi que la plupart des choses que l’on raconte, que l’on colporte, et que l’on croit savoir sur Staline sont fausses. Il s’agit sans doute du personnage historique le plus diabolisé de l’histoire. Non qu’il ait été un enfant de chœur, ça non, mais qui voudrait d’un enfant de chœur dans cette fonction ? Et pas davantage un saint, on sait d’ailleurs ce que ça donne, un saint au pouvoir, avec notre Saint Louis national pourfendeur d’hérétiques.

Ça signifie que Staline a été un véritable dirigeant politique, comme Lénine avant lui, mais plus représentatif du chef politique à l’état pur que Lénine, qui avait pour lui une autorité intellectuelle de théoricien hors du commun et une influence directe de sa voix sur les masses, comparable à celle de Fidel.

Staline est dans le rôle ingrat de celui qui doit consolider les positions acquises au moment où l’enthousiasme retombe et où les frustrations s’enveniment, celle d’un Maduro qui succède à un Chavez. Et ce rôle, on ne peut pas le jouer à genoux à la Justin Trudeau.

Nous qui voyons nos leaders charismatiques se dégonfler et rétropédaler à l'approche du pouvoir, aujourd’hui les Sanders, Mélenchon, Corbyn, ou trahir en rase campagne comme Tsipras, il faudrait qu'on réfléchisse un peu à ce que c'est vraiment qu'un chef politique compétent pour le prolétariat, et quel rôle on lui fait jouer et quel portait on fait de lui dans les médias bourgeois dès qu’il a été repéré. Il n’y a pas d’alternative ! Un Trotski uchronique parvenu au pouvoir à la place de Staline, à supposer qu’il ait été sincèrement attaché à la révolution, aurait agi comme un Staline, ses actions auraient été interprétées et déformées comme celles de Staline,  et il aurait mérité dans les médias bourgeois la même réputation que Staline.

Les dirigeants populaires qui ne sont pas des pantins ou un produit de marketing se retrouvent dans une région idéologique d’atmosphère raréfiée où les critères de morale habituels ne s’appliquent plus. Ça ne sert tout bonnement à rien de se poser la question de leur bonté. Leur bonté ou leur méchanceté ne sont plus que des signes envoyés à leurs partisans et à leurs ennemis. C’est le cas aussi de tous les dirigeants importants des autres classes qui jouent dans une partie sans règle où tous les coups sont permis – ou, plus exactement, où les règles changent sans cesse, et ce qui est permis aussi. Ce qui caractérise le pouvoir politique, c’est qu’il est le lieu de la transgression. Transgression misérable des sous-fifres et des opportunistes : corruption, harcèlement sexuel, abus et tyrannie, transgression fondatrice pour les grands personnages « qui font passer l’esprit à cheval » comme Hegel l’a dit de Bonaparte.

Staline est un des seuls dirigeants du prolétariat dans l’histoire qui se soit élevé à cette hauteur, à la capacité d’action, et à la liberté d’initiative qui sont naturelles et habituelles pour tout grand homme de la bourgeoisie, pour tout chef féodal ou tout homme de cour habile et courageux des Temps Modernes, qui se sont placés par leurs fonctions au dessus du bien et du mal. C'est un des très rares représentants des opprimés "qui joue dans la cour des grands".

 

C’est un des seuls qui aurait tenu le choc dans des circonstances comme celles des guerres civiles romaines du Premier siècle avant notre ère, des Guerres de Religion (1562 à 1598), de la Fronde (1648 à 1653) telle qu’elle est racontée par le cardinal de Retz, ou qui aurait pu affronter le roi de Prusse Frédéric le Grand sur les champs de batailles européens au milieu du XVIIIème siècle, sans parler du Napoléon de la campagne de Russie de 1812, comparaison qui s’impose pour le commandant en chef de l’armée soviétique qui repoussa l’invasion de la Wehrmacht, puis écrasa le IIIème Reich de juin 1941 à mai 1945.

 

Staline n’est ni plus ni moins terrible que César, Auguste, Henri IV, Marie Thérèse d’Autriche, William Pitt, Cavour, Bismarck, Disraeli, Clemenceau, ou que ses alliés et rivaux Roosevelt et Churchill. Il est plus terrible que Léon Blum, ça oui ! Et que De Gaulle, qui était pourtant assez méchant.

Il y a une différence entre agir au niveau individuel et local, et agir dans le vide de l’altitude où tout est possible et où le danger vient de toutes les directions, dans les postes de grande responsabilité et de direction stratégique, et pour nous qui ne connaissons pas directement le vécu de ces responsabilités, on ne peut en comprendre qu’indirectement leur fonctionnement et la mentalité qu’elle exige. On ne peut que juger sur les résultats.

Les anticommunistes qui sont encore a donner le ton dans la culture, et je pressens pour peu de temps maintenant, nous disent que Staline est plus terrible que Hitler. Et bien, encore heureux !

L’histoire des classes exploitées et des peuples opprimés abonde en martyrs et en rebelles romantisés mais vaincus - et aussi en traitres. La Révolution d’Octobre l’Union Soviétique et la fondation de la République Populaire de Chine ont brisé cette fatalité. Si Staline était conforme à la représentation horrifique que l’on nous a inculquée, ce serait un Pougatchev ou un Spartacus au pouvoir pour rendre justice aux masses, et ce serait déjà pas mal. Mais il n’est évidemment pas cela. S’il ressemble à quelqu’un ce serait plutôt à Luther, créateur énergique et rustre d’un nouveau monde, jusque dans l’effroi provoqué chez les intellectuels contemporain de voir l'esprit mis en pratique.

Mais bien entendu, tout ça, on ne nous l’a pas appris à l’école ou à la télévision. On nous a menti et baladé tout le long de notre vie sur Staline et sur l'URSS! Le traitement du Venezuela dans nos médias nous donne la clef de déchiffrement des discours délirants accumulés sur l’URSS et sur ses dirigeants. 

Le vrai crime de Staline, c’est d’avoir été à la tête d’un mouvement du prolétariat qui a été pour la première fois étendu au monde entier et qui a provisoirement, l’espace de deux ou trois générations, vaincu la bourgeoisie sur une grande partie de la planète, et d’avoir semé les graines de sa ruine prochaine et totale.

GQ, 25 avril 2020, relu le 27 juillet 2020

 

PS

Lire sur la question Losurdo : Staline, histoire et critique d'une légende noire (Aden, 2011), et la Note de lecture de GQ

Pourquoi nos mauvais dirigeants sont-ils aussi mauvais? En ce qui concerne le cas de Léon Blum, ce chef lamentable, son leadership timoré et incompétent empêtré dans des scrupules intempestifs au moment du Front Populaire et de la Guerre d'Espagne laisse la place après la Libération à une action tout à fait déterminée d'agent des intérêts des États-Unis dans la mise en place des conditions de la Guerre froide. Il avait déjà montré son expertise contre-révolutionnaire en 1920 en organisant la scission au Congrès de Tours. Certains hommes de gauche pathétiques se révèlent d'excellents politiciens quand ils changent de camp.

Pour aller plus loin : Staline et la révolution

 

La chasse aux convois US en Irak et en Syrie

Wednesday, 29 December 2021 7:07 PM  [ Last Update: Wednesday, 29 December 2021 7:07 PM ]

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)

un véhicule militaire américain attaqué en Irak. ©Fars News/Archives

À trois jours de l'échéance fixée du 31 décembre au-delà de laquelle les troupes américaines seront chassées d’Irak non pas à bord d’avions et de chars, mais dans des cercueils, les contours de ce qui serait la stratégie anti-US post-31 décembre : des attaques anti-US parallèles de part et d'autre des frontières syro-irakiennes.

Les médias syriens ont rapporté qu’un point de contrôle de l’armée syrienne a intercepté, mercredi 29 décembre, un convoi des forces d’occupation américaines dans la banlieue sud de la ville de Qamichli (gouvernorat de Hassaké) et l’a empêché d’entrer dans le village de Tal-Dahab.

Selon la radiotélévision d’État, ce convoi américain composé de plusieurs véhicules militaires et de blindés a été obligé ainsi de rebrousser chemin.

Quand les USA

Quand les USA

Mardi 28 décembre, un check-point de l’armée syrienne a intercepté un convoi des forces d’occupation américaines à proximité du village de Dardarah dans la banlieue nord de Hassaké.

Citées par le correspondant de SANA, des sources civiles ont fait savoir qu’un point de contrôle de l’armée syrienne avait empêché un convoi composé de cinq véhicules militaires des forces d’occupation américaines d’entrer dans le village de Dardarah dans la zone d’Abou Rasseine (banlieue nord de Hassaké) et l’avait obligé à rebrousser chemin.

Sous prétexte de la guerre antiterroriste, l’armée américaine a occupé plusieurs zones dans le nord et le nord-est de la Syrie et y a installé 28 bases militaires illégales qui surveillent, en réalité, le pillage des ressources syriennes, notamment les champs de pétrole du pays.

Irak: Triple attaque anti US...

Irak: Triple attaque anti US...

La Résistance souhaite "bonne fête" aux Yankee!

En Irak, le site d’information Saberin News a fait état, mercredi 29 décembre, qu’un convoi logistique de l’armée américaine a été attaqué dans la province occidentale d’al-Anbar.

L’incident a eu lieu sur la route stratégique K-160. Le groupe de militants appelé As'hab al-Kahf a revendiqué la responsabilité de cette attaque. Les détails de cet incident et des pertes et des dégâts subis par l’armée américaine n’ont pas encore été divulgués.

Une résolution du Parlement irakien ordonne le retrait des forces militaires étrangères d’Irak. La décision des États-Unis de maintenir leurs militaires en Irak est la principale raison de la multiplication des attaques contre les bases et les convois militaires américains en Irak.

Pendant ces derniers mois, des convois logistiques de l’armée américaine ont été attaqués à plusieurs reprises dans diverses régions du pays.

L’armée américaine a chargé plusieurs entreprises privées irakiennes du transfert des équipements logistiques des militaires US. Les groupes de Résistance irakiens exigent le retrait immédiat des militaires étrangères conformément à la résolution du Parlement.

EN janvier 2020, le Parlement irakien a approuvé une résolution pour exiger le retrait immédiat des militaires étrangers d’Irak en réaction à l’assassinat par les militaires terroristes américains, du général Qassem Soleimani, commandant de la Force Qods du CGRI et d’(Abou Mahdi al-Mohandes, commandant adjoint des Unités de mobilisation populaire (Hachd al-Chaabi) près de l’aéroport international de Bagdad.

G. Soleimani: cuisante révélation de Trump

G. Soleimani: cuisante révélation de Trump

« C’est Netanyahu qui m’a demandé de l’éliminer » (Trump)

 


Le Turkménistan organise un défilé militaire pour célébrer la fin de la Seconde Guerre mondiale, une première depuis 1991

Le site sur lequel nous avons repris cette information n’est vraiment pas pro-soviétique, mais bien informé. Le Turkmenistan est un des pays les plus isolés de l’ancienne Asie centrale. Ce choix de revenir se placer dans l’orbite eurasiatique dessinée par l’alliance sino-russe est donc particulièrement intéressant et se retrouve dans d’autres ex-républiques. Ni l’UE, ni les Etats-Unis n’ont été les partenaires espérés, ils on même favorisé la déstabilisation. (note de danielle Bleitrach)

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Alors que de nombreux pays victorieux de la Seconde Guerre mondiale ont dû revenir sur la tenue de leurs célébrations nationales en raison de la pandémie actuelle, le Turkménistan, quant à lui, a organisé un défilé militaire. Cette forme de commémoration est une première depuis son indépendance de l’URSS. Pour l’occasion, plusieurs délégations étrangères ont été invitées, dont notamment des représentants de la Fédération de Russie.

En raison de la pandémie actuelle de Covid-19 de nombreux pays ont été obligés d’annuler ou de reporter les célébrations de la fin de la Seconde Guerre mondiale les 8 et 9 mai derniers. Ce n’est en revanche pas le cas du Turkménistan qui ne déclare toujours officiellement aucun cas de coronavirus. Le pays a ainsi organisé le 9 mai dernier un défilé militaire sur la place du complexe commémoratif d’Achgabat, la capitale du pays, rapporte le média turkmène Orient.tm

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Cette façon de célébrer l’évènement est historique au Turkménistan, car il s’agissait du premier défilé de ce genre organisé à Achgabat depuis son indépendance en 1991. Selon Orient.tm, le président Gourbangouly Berdimouhamedov avait même déclaré pour l’occasion s’engager à fournir l’aide nécessaire à la préparation des évènements pour cette célébration aux pays qui le souhaitaient, sans réponse toutefois.  

Un défilé typique des pays de l’ex-URSS

Le défilé était composé de tous les corps de l’armée turkmène. Parmi eux se trouvaient notamment, en tête de cortège, les cadets militaires de l’École Berdimouhamed Annaïev habillés en uniforme de l’époque. Il s’agissait d’un véritable examen militaire, exposant les équipements actuels de l’armée du Turkménistan mais aussi plusieurs véhicules de la période soviétique déployés spécialement pour l’occasion, rapporte le média turkmène Arzum News Le défilé s’est achevé par la marche du régiment immortel suivi d’un feu d’artifice de clôture. 

Lire aussi sur Novastan : Le Turkménistan ne bénéficiera pas de l’aide européenne pour lutter contre le coronavirus

La marche du régiment immortel est un phénomène apparu initialement en Russie au cours des années 1990, qui s’est ensuite étendu à la majorité des pays de l’ex-URSS. Il s’agit d’une marche citoyenne au cours de laquelle chacun défile avec le portrait d’un proche ayant participé à la Seconde Guerre mondiale. 

Un discours présidentiel teinté de patriotisme

Lors de cette commémoration, le président Gourbangouly Berdimouhamedov a prononcé le discours d’honneur. Il est revenu sur le rôle du Turkménistan dans la victoire contre le nazisme et a félicité les vétérans de guerre ainsi que l’ensemble du peuple turkmène. « L’héroïsme et le courage de nos braves compatriotes vivront à jamais dans le cœur des successeurs reconnaissants » a-t-il notamment déclaré selon le rapport de l’Agence de presse nationale du Turkménistan. Il s’est également félicité que plus de 4 500 vétérans de la guerre et du travail du Turkménistan aient reçu la médaille d’anniversaire « 75 ans de victoire dans la Grande Guerre patriotique de 1941-1945 ». Enfin, d’après le média turkmène TurkmenPortal, il a également souligné l’importance de la politique de neutralité du Turkménistan, notant notamment les efforts que déploie le pays pour assurer le maintien de la paix dans le monde.

La Russie : la grande invitée de l’évènement 

Aux côtés du président turkmène figuraient plusieurs représentants étrangers. Parmi eux, le vice-ministre de la Défense de la Fédération de Russie, le colonel général Alexander Fomin. Selon TurkmenPortal, ce dernier s’est adressé au peuple turkmène en saluant le 75ème anniversaire de la fin de la Grande Guerre patriotique de 1941 à 1945, une guerre qui selon lui « a montré au monde entier l’héroïsme et la force du peuple soviétique ». Il a remercié les plus de 300 000 combattants turkmènes ayant servi sur le front tout en rappelant que 104 d’entre eux ont reçu le titre de « Héros de l’Union soviétique ». Il a également déploré, lors de son discours, le retour de l’idéologie nazie dans un certain nombre de pays et a déclaré que face à cette menace les pays de l’ex-URSS devaient préserver la mémoire des exploits des combattants soviétiques. 

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Lire aussi sur Novastan : Russie et Asie centrale: « inséparables partenaires » ?

La délégation russe a également offert au peuple turkmène la bannière de bataille du 748ème régiment d’infanterie de la 206ème division du deuxième front ukrainien dans laquelle combattait le grand-père du président Gourbangouly Berdimouhamedov, rapporte l’Agence de presse nationale du Turkménistan. La bannière a été livrée par avion jusqu’à Achgabat et à été donnée solennellement par un militaire de l’ambassade de Russie au Turkménistan sur le devant de l’estrade. Selon Alexander Fomin, ce don symbolique est le « rappel du sacrifice consenti par le peuple turkmène au nom de la victoire ». Ce présent semble illustrer une volonté de renforcement du lien diplomatique unissant les deux pays.

Tanguy Martignolles
Rédacteur pour Novastan

Relu par Anne Marvau

 

mercredi 29 décembre 2021

Tragédie des migrants : méfiez-vous des images (à jour 29 décembre)

29 Décembre 2021 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #GQ, #Ce que dit la presse, #Qu'est-ce que la "gauche", #Positions, #Impérialisme

Tragédie des migrants : méfiez-vous des images (à jour 29 décembre)

Extraits choisis par Jean Bricmont sur son compte FB de l'article de GQ : les luttes des années 60 ont perdu leur raison d'être

(...)

L’image du malheur et donc les médias qui la construisent joue un rôle central dans des luttes qui deviennent des luttes d’image – des images de lutte. Des migrants meurent noyés par milliers ou meurent de froid devant les barbelés. Que pèsent alors en comparaison les soucis de travailleurs qui sont logés, nourris, qui disposent d’un revenu ? des "nantis"? d’autant que ces prolétaires ont le mauvais goût de manquer au devoir de solidarité auquel nous sommes convoqués par ces images.

Ces images sont réelles, mais leur diffusion est absolument disproportionnés par rapport à l’ampleur des problèmes sociaux et économiques réels qui se posent au monde. Et les gestes de solidarité filmés qu'elles exigent ne sont pas des solutions au problèmes humains qui leur sont sous-jacents, ils contribuent au contraire à les aggraver. Ces images n’apparaissent d'ailleurs que lorsqu'elles vont proposer à la générosité captive du public une action sans alternative : une fois que les migrants sont dans le bateau qui est en train de couler, ou qu’ils sont en train de mourir de froid devant les policiers polonais, il paraît déplacé de remarquer qu’ils n’auraient pas dû se mettre eux-mêmes dans cette situation, contrairement aux déportés vers les camps de la mort auxquels ils sont si facilement comparés. Toute réflexion globale sur les aspects contradictoires de ce grand trafic de main d’œuvre, qui fait apparaître la collusion objective des ONG de bienfaisance avec les mafias de négriers est politiquement incorrecte.

La gestion émotionnelle des causes médiatiques est basée sur le refus de la pensée et du recul critique, jusqu’à en proposer l’interdiction. De même que la droite considère que réfléchir aux causes du terrorisme c’est déjà l’excuser, pour la gauche interroger le bien fondé de l'action des migrants est inacceptable. Les deux partis de la politique bourgeoise se complètent parfaitement.

GQ, 23 novembre 2021

PS (en plus de l'extrait choisi par JB) du 26 novembre: La formulation "se mettre eux-mêmes dans cette situation" peut choquer, mais c'est ainsi. A supposer que tous les migrants qui tentent de passer la Manche soient des réfugiés et non des migrants économiques, il n'en reste pas moins qu'ils fuient un pays en paix (La France) où ils pouvaient déposer une demande d'asile politique, pour un autre (La Grande Bretagne), qu'ils ont choisi. Ils choisissent ce pays non parce qu'ils y seraient plus libres et mieux protégés, mais parce qu'il y a là-bas une forte demande de main d'œuvre bon marché, très peu de contrôles une fois la frontière passée, une grande facilité de régularisation, et parce qu'ils ont en général bénéficié d'une éducation secondaire où ils ont acquis des notions d'anglais.

PS du 29 décembre : En quoi la solidarité peut-elle contribuer à rebours des bonnes intentions à aggraver la situation des migrants?

Parce qu'elle augmente les chances de succès des passages de frontière  clandestins, et des prises de risques mortels en mer. Il est tout à fait exact qu'une bonne partie des migrants n'a pas le choix et dès qu'une chance raisonnable de succès se profile, ils n'hésitent pas à prendre ces risques et à le faire prendre à leurs enfants. Mais cette contrainte qui est exercée sur eux, dans l'immense majorité des cas, provient des réseaux mafieux, des usuriers,  et des employeurs, qui sont souvent des compatriotes déjà installés dans le pays d'immigration, qui sont ceux qui contraignent froidement, en émules des capitalistes du XIXème siècle, lorsqu'il y a une chance de retour sur investissement, ces familles et ces adolescents isolés à s'embarquer dans des expéditions dangereuses à destination du paradis de Madame Thatcher. Personne ne tente le passage de France en Angleterre sous la pression directe d'une guerre, d'une invasion étrangère, d'une famine, ou de la répression policière. En conséquence, les actions militantes qui sous couvert d'un discours révolutionnaire de tonalité anarcho-trotskyste sont en fait des actions de charité chrétienne qui s'ignorent, au lieu de contribuer à faire cesser le scandale, contribuent à en faire une structure durable de l'organisation inégalitaire du monde. Tout comme l'action charitable des églises a contribué et contribue encore à pérenniser et à enraciner la pauvreté.

Aucune suppression des frontières à l'échelle mondiale n'aura en effet jamais lieu avant que le socialisme ne soit devenu le mode de production et le système social dominant sur toute la planète. Et l'un des effets majeur du trafic clandestin de main d'œuvre est précisément d’éloigner cette perspective.