vendredi 15 novembre 2013

MIGRATION DES GRUES CENDRÉES: LE MEILLEUR DES BAROMÈTRES.




Elles arrivent, par centaines, par milliers, elles passent sur nos têtes, jour et nuit, inlassablement.
Elles annoncent simplement l'arrivée prochaine de l'hiver, mieux sans doute que la chaine météo.

Les premières ont commencé leur migration à la fin juillet: très peu,  6 grues étaient par exemple signalées au-dessus de la Haute Garonne le 22 juillet dernier
Puis la migration continue courant août, faiblement, mais les grues se rassemblent aux abords des lacs scandinaves et les premiers vols importants sont signalés en Allemagne et dans le Nord Est de la France en Septembre. Une particularité étonnante: elles se rassemblent au lac du Der, 5000 oiseaux y étaient par exemple comptabilisés au soir du 1° Octobre.

Le lac du Der est un lac artificiel de 4800 hectares et 77 km de rives, à la limite de la Marne et la Haute Marne, il est devenu une réserve naturelle et une étape tout aussi naturelle de nombreux oiseaux migrateurs. il est aussi un haut lieu de l'ornithologie française, qui attire des spécialistes ornithologues  du monde entier.

C'est donc probablement depuis ce lac de Champagne Ardennes, peut-être aussi depuis le lac Temple, dans l'Aube, autre réserve naturelle, qu'après quelques heures ou journées de repos, sont reparties vers le Sud, vers l'Espagne notamment, mais aussi les lacs d'Aquitaine, les grues cendrées dont le caquètement familier nous fait lever la tête, dès le printemps, quand elles se rendent en Scandinavie, et aux portes de l'hiver,  lorsqu'elles quittent les grands froids, notamment depuis ces dernières semaines où la migration vers l'Espagne a atteint sa plus haute capacité. On sait que toutes ne partent pas en même temps, elles attendent leur tour, dans un ordre fixé sans doute par la nature et ses lois qui nous échappent....Nature que l'homme continue d'ignorer et de saccager. Infatigablement, elles avancent dans le ciel en "escadrons" de la forme d'immenses V, elles volent de jour comme de nuit, il n'est pas rare de les entendre et de les deviner jusque tard le soir, lorsqu'on ferme volets et fenêtres des maisons. Ce jeudi 14 et ce vendredi 15 Novembre, j'en ai dénombré plusieurs centaines, au cours de nos randonnées dans la campagne, et depuis le jardin. Certaines faisaient mine de repartir vers le Nord, puis elles revenaient et retournaient encore, en accomplissant de grands cercles: comme si elles hésitaient à continuer vers le Sud. Sans doute la barrière blanche des Pyrénées et le froid des cimes les contraignent à obliquer vers le Sud Ouest, Béarn et Pays Basque, peut-être les rives océanes, à moins qu'elles n'attendaient un petit réchauffement vers la mi journée, pour franchir l'austère et inhospitalière barrière blanche des cimes Pyrénéennes, qu'appréhendent tous les oiseaux migrateurs.
Leur prochaine et avant dernière étape devrait être la lagune steppique de Gallocanta, en Aragon, - 6720 ha -, ou une autre, dans la même région, mais à Gallocanta se rassemblent chaque année plusieurs dizaines de milliers de grues cendrées- 50 à 60.000-, avant que le plus gros des troupes établissent leurs quartiers d'hiver dans les dehesas d'Extremadura, où elles s'alimenteront et reprendront des forces, jusqu'au printemps. Quelques unes resteront en Aragon, dans le paradis des oiseaux qu'est Gallocanta (Chantecoq),  qui est aussi un important rendez-vous d'ornithologues, ces passionnés qui nous en apprennent tant sur la vie et les moeurs des oiseaux, tous les oiseaux, et sur les migrateurs que sont les grues cendrées, obligés de voler sur des milliers de km, deux fois par an, pour rechercher les meilleures conditions pour s'alimenter et se reproduire, aux termes de longs périples au-dessus de nos têtes.

Pour notre plus grand plaisir, mais aussi pour aider l'homme à vivre dans un environnement naturel salutaire pour lui.

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