samedi 17 février 2024

 

Publié par El Diablo

 

«Un stratagème des Américains»: Peskov balaie les rumeurs d'«arme nucléaire spatiale russe»

Le porte-parole du Kremlin a dénoncé le 15 février les rumeurs circulant à Washington et dans les médias occidentaux portant sur une «grave menace» pour la sécurité américaine dont Moscou serait coupable.

«Il est évident que la Maison Blanche s'efforce coûte que coûte de pousser le Congrès à voter le projet d'aide financière [à l'Ukraine], cela ne fait aucun doute», a estimé le 15 février Dmitri Peskov à la presse.

En cause, une rumeur apparue la veille à Washington : l'élu républicain et chef de la commission du renseignement de la Chambre des représentants Mike Turner a, dans un communiqué, invité ses pairs au Congrès à passer en revue des «informations relatives à une grave menace pour la sécurité nationale». Turner a par ailleurs appelé le président Biden à «déclassifier toutes les informations sur le sujet»... Sans plus de précisions quant à la menace.

Pour dissiper le début de panique suscité par le communiqué de Turner, le chef des républicains Mike Johnson a déclaré qu'il n'y avait «pas lieu de s'alarmer».

La machine médiatique américaine s'emballe autour d'une arme nucléaire antisatellite

C'était sans compter sur de supposées révélations des chaînes ABC et CNN, relayées ensuite par NBC, avançant que la Russie serait en train de développer «une arme nucléaire russe antisatellite». NBC, se référant à «trois sources», a indiqué que Turner faisait allusion à une arme nucléaire capable d'attaquer les satellites américains, dont le rôle est «crucial» pour «les communications civiles, le guidage, les opérations militaires et la collecte de renseignements».

«Le lancement des armes antisatellites ne semble pas imminent», temporisait le New York Times, rapportant néanmoins les avertissements des experts, selon lesquels il existait «une fenêtre limitée dans le temps» pour «empêcher leur déploiement». Le quotidien américain rappelait en substance que la Russie menait des recherches sur les armes tirées depuis l'espace «depuis des décennies», ajoutant que la Russie comme la Chine poussaient à une «militarisation de l'espace».

Interrogé par des journalistes au sujet de la polémique lancée par Turner, le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis Jack Sullivan a regretté que le parlementaire ait divulgué des renseignements confidentiels. «C'est son choix», a-t-il lancé, ajoutant qu'il s'entretiendrait le 15 février avec le Gang des huit, comprendre le groupe de huit élus du Congrès ayant accès aux renseignements américains les plus sensibles.

«Nous verrons bien à quelles ruses la Maison Blanche va s'abaisser»

Dmitri Peskov a déclaré «attendre la conférence de presse pour voir si de nouveaux éléments en sortaient», avant d'ironiser : «nous verrons bien à quelles ruses la Maison Blanche va s'abaisser».

Démocrates et républicains se déchirent depuis des mois au Congrès américain sur la question de l'aide à l'Ukraine. Les démocrates y sont favorables à une très large majorité. Les républicains, eux, sont divisés entre faucons interventionnistes pro-Ukraine, et lieutenants de Donald Trump, plus isolationnistes. En pleine campagne présidentielle, l'équation s'est transformée en bras de fer à distance entre le président Joe Biden, qui réclame de toute urgence ces nouveaux fonds, et Donald Trump, qui affirme que s'il est réélu en novembre, il réglera la guerre entre la Russie et l'Ukraine «en 24 heures».

Le 13 février, le Sénat, à majorité démocrate, a approuvé une nouvelle aide de 60 milliards de dollars pour Kiev, mais le président républicain de la Chambre Mike Johnson refuse tout vote sur le projet.

 

Vu sur l’application RT News

 

L'horrible destin de Hind Rajab, 6 ans, tuée par l'armée israélienne - et un commentaire de GQ

17 Février 2024 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Asie occidentale, #Impérialisme, #Répression, #A gerber !, #GQ

Le blog Réveil Communiste diffuse parfois des images de propagande en faveur du socialisme mais ne croit pas que les images peuvent remplacer la théorie et l'argumentation et ne joue pas sur le registre émotionnel.

Mais le retour sur l'assassinat d 'Hind Rajab, petite fille palestinienne de 6 ans, un crime de guerre manifeste propre à provoquer une indignation universelle est rendu nécessaire par l’endurcissement moral et par l'amnésie verbeuse qui gagnent les spectateurs du public occidental - il est vrai notoire pour son aveuglement - que le contrôle des médias globaux par l'impérialisme produit peu à peu.

Y contribue aussi le sentiment d'impuissance qui se généralise devant l'impunité dont jouissent les crimes contre les Palestiniens.

Mais c''est une nouveauté inouïe tout de même que de commettre de tels crimes en public, au vu et au su de tous, en défiant le jugement et l'empathie du monde entier. Les génocides du passé n’étaient pas filmés. A la décharge de l'armée israélienne il faut reconnaitre qu'elle a cherché à nous épargner ces images, et qu'elle a éliminé physiquement la plus grande partie de la presse de Gaza - en compagnie des médecins, des enseignants, de intellectuels, en général avec leur famille. Mais au fond, qu'importe. On peut aujourd'hui tuer en masse pour la bonne cause, la "lutte contre le terrorisme".

Dans un contexte où de tels crimes sont perpétrés au nom des juifs par l'État qui prétend les représenter tous, les médias globaux enrégimentés préfèrent parler de lutte contre l'antisémitisme et ne font de cette manière que le propager. C'est d’ailleurs manifestement le but stratégique des partisans inconditionnels d'Israël, afin de diaboliser ses adversaires. La ficelle est grosse, mais elle sert depuis 75 ans.

Les conséquences catastrophiques pour le monde de cette fuite en avant dans l'ignominie sont incalculables.

Sur un autre plan, on ne peut qu'être d'accord avec Norman Finkelstein  - voir son analyse de la guerre de Gaza ici, quand il dit que la pire insulte que l'on puisse faire à la mémoire de la Shoah, ce n'est pas d'en nier l'existence, mais de s'en servir pour justifier un autre génocide;

GQ, 17 février 2024

 

Note de Pedrito  

A la proposition de ROUSSEL  de parler de la Palestine  "« Monsieur le Président, il faut parler de la Palestine. La France s’honorerait de prendre une initiative politique pour remettre cette question au cœur de l’actualité internationale car je crains une explosion, c’est terrible ce qui se passe là-bas »....le Président a balayé sa demande d’un revers de main en disant que cette guerre était un conflit de « second rang ». 

Notre méprisant est égal à lui même: mauvais dans tous les domaines. Ni empathique, ni humain. Ce qui explique que l'assassinat d'un enfant de 6 ans par la seconde armée US ne pèse pas lourd pour celui qui préside au destin des milliardaires français.


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Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

capture d'écran sur Fb

capture d'écran sur Fb

Non, pas comme candidat à la prochaine élection présidentielle, mais devant la Justice. Une de plus. La condamnation en appel de Nicolas Sarkozy est tombée ce mercredi : un an de prison dont six mois avec sursis dans l’affaire Bygmalion, pour « financement illégal de campagne », à la présidentielle de 2012.

Un pognon de dingue pourrait dire son pote à l'Elysée, vu que la campagne présidentielle de 2012 aura coûté 47 millions d'euros, selon le tribunal correctionnel, dépassant de plus de 20 millions d’euros le plafond autorisé. L’arrêt de 244 pages est assez sévère pour l’ancien chef de l’État. Le Tribunal considère que Nicolas Sarkozy est le bénéficiaire de la fraude aux dépenses électorales. La cour pointe son « rôle moteur ».

Les autres prévenus sont également condamnés. De plus, deux d'entre eux écopent de 5 ans d'interdiction de gérer une entreprise.

Dans la même salle du palais de justice, il y a neuf mois, l’ancien président de la République a été condamné à 3 ans de taule dont un ferme dans l’affaire des écoutes téléphoniques (en attente de son pourvoi en cassation.)

Cette fois aussi, Nicolas Sarkozy se pourvoit en cassation. Un pognon de dingue, quoi!


 

Écologie : « La réalité est là, et elle est terrifiante »

samedi 17 février 2024 par Hervé Kempf/Camille Étienne;   Blog A.N.C.


Les émotions comme acte politique, le silence « cynique » des puissants face à la catastrophe écologique... Pour la militante écologiste Camille Étienne, il est essentiel d’« instaurer un rapport de force » face aux puissants.

Reporterre — Pourquoi parlez-vous souvent de « peur » dans votre livre « Pour un soulèvement écologique » ?

Camille Étienne
Des émotions nous traversent. Dans le mot « émotion », il y a « mouvement ». Il s’agit de se réapproprier ses émotions, d’en faire des alliés. On a vu fleurir avec le capitalisme une récupération de ces émotions pour qu’elles soient reléguées du côté de l’intime. Il y a une injonction à aller bien, à sourire à la vie. Ce serait notre faute si on est malheureux, si on a peur.

On dit d’ailleurs souvent d’un homme qu’il est présidentiable parce qu’il est capable de se mettre à distance de ses émotions. On attend de lui qu’il ait une forme de froideur et c’est ce qui me terrifie le plus, de voir que ceux qui gouvernent sont coupés de leurs émotions. Il y a quelque chose de très viril dedans. Les femmes sont associées à des gens qui ont peur, qui sont hystériques. Se réapproprier les émotions est donc un acte politique. Les émotions sont légitimes, notre colère est légitime, notre peur est légitime. Et si on est capable de reconnaître ce qui crée notre peur, on peut agir dessus.

La peur, c’est plus grand que l’écoanxiété ?

L’écoanxiété est comprise dans la peur. Elle peut pousser à se tenir à distance de l’action. Quand ce terme est sorti, la reprise médiatique qui en a été faite était souvent de dire : « Nous avons une génération de jeunes gens paniqués qui ne veulent plus faire d’enfants, et il s’agirait d’être plus raisonnables. » Il fallait faire de l’écologie positive, parler des solutions, mettre en avant les choses qui avancent dans le bon sens. L’écoanxiété a servi de recul : « Je choisis de fermer les yeux, parce que je dors mal le soir. »

C’est une position individualiste ?

Oui, égoïste. Quand des inondations arrivent devant notre maison, quand des membres de nos familles meurent d’une canicule ou ont des cancers à cause des produits phytosanitaires, on ne peut pas dire : « Ah non, ça n’existe pas parce que ça me fait trop peur. » La réalité est là et elle est terrifiante. Être capable de la voir, c’est justement l’anticiper et y répondre de manière ambitieuse.

Vous écrivez dans votre livre : « Il nous faut avoir peur du vide pour ne pas nous y plonger à corps perdu. Le vertige seul nous protégera. » Pourquoi ?

Le vertige fascine et terrifie. Il me permet de faire attention et d’être très concentrée quand je fais un peu de montagne, parce que j’ai très peur, donc je fais doublement attention. Quand j’ai le vertige sur une falaise, j’imagine mon corps tomber, le cœur se décroche. Mon corps m’envoie les signaux pour dire : « Si ça arrivait, voilà ce qui se passerait. » Ce que j’appelle de mes vœux, c’est qu’on puisse avoir ce vertige pour l’anticiper émotionnellement : vivre la catastrophe émotionnellement est un des meilleurs moyens de l’éviter. Si on n’a aucun rapport émotionnel à ce qu’on avance, eh bien, on peut le soir passer à autre chose.

À quoi sert la peur quand on est face à une puissance qui paraît démesurée et inflexible, comme à Gaza en ce moment ?

C’est tellement insupportable qu’il nous est facile — et c’est très lâche — de dire : « C’est trop, je coupe, je coupe les médias. » Je ne sais pas si notre génération a déjà vécu quelque chose d’aussi terrible que ce qui se passe à Gaza. J’ai un sentiment d’impuissance totale. La peur ne suffit pas. La peur n’est pas la seule chose qui permet l’action.

Ce qui est terrifiant n’est-il pas le silence des puissants, pour les guerres comme pour la catastrophe écologique ?

Ce silence est très cynique, et c’est en cela qu’il est très violent. On parle souvent d’inaction climatique. Ce n’est en rien une inaction climatique, c’est une action délibérée de maintenir l’ordre établi. D’ailleurs, l’ordre établi est très radical et très offensif pour se maintenir et pour favoriser un petit groupe de personnes au détriment du reste de l’humanité, des générations à venir et des autres êtres vivants. C’est un silence qu’on sait être un choix et c’est un silence qui tue, un silence qui permet de continuer dans l’horreur.

Comment se fait-il que des personnes jeunes comme le Premier ministre Gabriel Attal (34 ans) soient aveugles à ce qui se passe ?

Je refuse cette lecture générationnelle. Dans l’histoire des mouvements écologiques ou sur le terrain, il n’y a pas que des jeunes qui s’engagent [Camille Étienne a 25 ans]. Et par ailleurs, plein de jeunes sont nés dans la surconsommation et dans une addiction aux réseaux sociaux. Le climatoscepticisme et le fascisme augmentent aussi chez ce qu’on appelle « les jeunes ». Pendant qu’on s’engueule entre générations, on ne va pas regarder les vraies fractures sociales.

Quant à Gabriel Attal, il est un enfant pur jus de la bourgeoisie ; il n’a pas peur du dérèglement climatique.
Il sait très bien qu’il fait partie de la toute petite partie de la population qui est responsable d’une grande majorité des émissions de gaz à effet de serre, mais que ces responsables sont les plus protégés des effets de ce qu’ils ont créé. Ces gens au pouvoir savent qu’ils pourront s’échapper de cela, ils n’ont pas intérêt à tordre le cou de la poule aux œufs d’or.

C’est la même chose avec l’industrie fossile. On ne peut pas attendre d’elle que ses acteurs sortent de ce qui les rend les plus puissants et les plus riches. On ne peut pas attendre qu’ils fassent autre chose qui serait moins rentable ; c’est la seule ligne qui gouverne leurs actions. Tant qu’il restera rentable de continuer dans ce chemin de destruction du vivant, ils le feront.

Quel est votre rôle dans le mouvement écologiste ?

Ce n’est pas à moi de le définir. Je fais ce que je peux, c’est tout. J’essaie d’utiliser le fait que ma parole soit entendue pour tenir cette porte ouverte et pour que d’autres puissent s’y engouffrer, pour que l’écologie soit un sujet dont on parle beaucoup plus, qu’on ne puisse pas faire autrement que de prendre des décisions en ce sens.

Après, je m’engage aussi pour créer une actualité. Cela implique beaucoup de travail en amont sur les sujets dans lesquels je m’investis, avant de les porter dans le débat public. J’ai besoin de dégager du temps pour des sujets de fond, pour obtenir des victoires en arrivant à temps et que cela devienne un sujet médiatique.
On a pu le faire sur le projet d’oléoduc de TotalÉnergies en Ouganda, par exemple. Au tout début, il y a trois ans, cinq activistes ougandais étaient venus me voir avec mon amie Luisa Neubauer, d’Allemagne. Je n’en avais jamais entendu parler. Comment faire pour que ça devienne un sujet incontournable ? On l’a réussi.

Récemment, je me suis beaucoup investie sur les fonds marins. Des gens travaillaient dessus depuis des années [1], mais ce n’était pas un sujet incontournable pour le pouvoir et le rapport de force n’était pas instauré. Donc c’est mon rôle, avec plein d’autres militants : appuyer un rapport de force.

Qu’est-ce que cela dit du système médiatique de devenir une personne qui, à un moment donné, incarne ou porte la parole du mouvement écologiste ?

Je ne me sens pas incarner quoi que ce soit d’autre que mes idées, et on gagnerait à comprendre qu’on ne parle pas à la place d’autres, mais qu’on occupe un espace qui sinon est vide. Il s’agit de tenir ouverte cette fenêtre pour que d’autres s’y engouffrent. Quand on est sur le devant de la scène, on se prend les coups aussi, les menaces, les insultes, le harcèlement.

J’ai une présence médiatique, mais ma vie ne se résume pas à ça. Il y a aussi tout un travail de fond, et c’est très complémentaire. Par exemple, j’essaie de lancer l’alerte sur le projet de puits de pétrole en Gironde, avec un groupe de terrain qui fait un travail extraordinaire, Stop Pétrole bassin d’Arcachon. J’essaie de faire venir des journalistes sur ce sujet, d’interpeller des élus, d’utiliser ce pouvoir qui me suit et qui est étrange, mais qui est aussi éphémère. La seule chose qui dépend de moi, c’est ce vers quoi je dirige la lumière.

Comment faire pour que la question écologique rentre dans la vie de tout le monde ?

C’est fondamental d’aller parler à ceux avec qui je ne suis pas d’accord. On ne peut pas décider à la place des autres de comment ils vont habiter le monde. On doit le faire avec eux. Ce qui est très difficile dans l’espace médiatique, c’est qu’il est fait comme un combat de coqs. Très souvent il y a des pour, des contre, « les opinions se valent », etc. C’est organisé de manière telle qu’on ne se base même pas sur des vérités établies. Par exemple, les sols sont détruits par les produits phytosanitaires, c’est un consensus scientifique assez clair, mais on en est encore à débattre sur cela.

Le débat à avoir, c’est comment on en sort, quand, comment on accompagne les agriculteurs qui sont en première ligne, etc. Il y a un débat démocratique à avoir sur comment on change notre manière d’être au monde, comment on applique les mesures environnementales. Pas sur le besoin de préserver les conditions de vie sur Terre ! Mais on est encore bloqué là.

Quelles sont les perspectives de la lutte écologiste ?

Le sujet dont j’aimerais qu’il soit plus traité, c’est celui de l’océan. C’est une zone de non-droit total. L’industrie, le capitalisme et l’extractivisme agissent dans l’impunité. Ils ont déclaré la guerre aux poissons. On perd ces 70 % de la surface du globe. Ce n’est pas un petit sujet, surtout en France qui est la deuxième puissance maritime mondiale. On a un poids diplomatique. C’est important qu’on puisse instaurer un rapport de force face à l’industrie de la pêche qui détruit l’océan. L’industrie fossile s’y attaque aussi, tout comme l’industrie minière.

Vous avez une démarche politique, mais vous choisissez vos thèmes.

Je ne représente pas plus que ce qui me bouleverse, et des sujets me passionnent. La parole est un acte, elle est performative, parfois elle crée des choses dans le réel, mais il y a aussi tout le travail de fond, de recherche, d’actions concrètes, de lobbying politique. Cela demande un temps incompressible, donc je choisis des sujets dont on va parler et sur lesquels on ne lâchera rien tant qu’on n’obtiendra pas des résultats.

Savez-vous où vous allez ?

À court terme, oui, mais je me projette assez peu. Je sais les sujets que je vais porter dans les prochains mois. Mais par essence, tout est mouvement et on ne sait pas ce que vont créer le mouvement et les mouvements sociaux qui arrivent. Ce qui s’est passé avec Les Soulèvements de la Terre [le fer de lance des contestations écologiques a obtenu une annulation de sa dissolution fin 2023] a été un grand moment. J’ai hâte de voir quelles seront les prochaines actions. J’espère qu’on réussira encore à infléchir le rapport de force.

Vous avez créé avec quelques amis une structure qui s’appelle Avant l’orage. Quel est cet « orage » qui vient ?

On ne peut pas le prévoir, il s’agit de saisir ce moment d’électricité dans l’air, où l’indignation prend le pas sur la résignation, où la bascule est proche. L’ordre établi est fébrile et on peut se saisir de cette indignation rampante pour la rediriger.

Comment étonner la catastrophe ?

En faisant advenir ce qui est imprévisible. C’est notre seule espérance.
Ce n’est pas un espoir naïf de quelque chose qui nous tomberait dessus, mais un espoir qui dit : « Comment ouvrir des brèches ? » Le mouvement climat, les mouvements sociaux ont fait advenir des choses imprévisibles, belles, puissantes.
On regarde la catastrophe en lui disant : « Vous n’êtes pas immuable, vous n’êtes pas un paquebot dont on ne pourrait pas changer la direction, vous n’êtes pas si puissante que ça. »

Le pouvoir veut nous faire croire que nous n’avons d’autre choix que de rester à genoux. Il n’est en rien impossible de se mettre debout.

 

Quand l’épouse du porte-parole de Nétanhayou produit « Complément d’enquête » sur le Hamas

Télé française : le mari blanchit Israël, l’épouse noircit le Hamas

On ne prête pas assez attention à l’actualité économique. Ainsi quand la presse nous apprend que « Le Parisien et StudioFact ont annoncé la conclusion d’un accord par lequel le quotidien du groupe Les Echos-Le Parisien acquiert 30% du groupe de production audiovisuelle », on tourne la page, on s’en moque. Et on a tort.

Cette société StudioFact qui se veut « spécialiste des histoires vraies » c’est-à-dire inspirées de l’actualité est dirigée, et possédée à 70% avec Jacques Aragones, par Roxane Rouas, le nom de jeune fille de madame Rafowics, l’épouse du colonel qui porte la parole de l’armée israélienne. Son attachement au « vrai » est symboliquement marqué par le recrutement de Christophe Barbier, incontournable figure multimédias .
Roxane Rafowicz a racheté Infolive TV, la première télé internationale à émettre depuis Jérusalem, une télé qui était la propriété de son époux. La fondatrice de Studio Fact Media Group d’entrée, a levé 35 millions pour réaliser et produire des émissions, des reportages et des programmes de divertissement pour la télévision française. Par ailleurs Roxane Rafowicz s’est associée avec le quotidien Libération dirigé par un ancien officier israélien. Mais la dame, qui est aussi avocate est également directrice du géant FreemantleMedia, un des plus grands producteurs et créateurs de programmes de divertissements télévisés au monde, tels que « Questions pour un champion », « Le juste prix », « Nouvelle Star » et « La France a un incroyable talent ».

Le poids de Roxane Rafowics sur les médias français peut sans doute expliquer que, dès que son mari a été interrogé sans complaisance par Mohamed Kaci sur TV5 Monde , la chaîne a désavoué son journaliste, alors qu’il n’a fait qu’appliquer les règles du métier. Ce qui n’est pas le cas des médias français attelés à justifier les crimes que l’armée israélienne. Les commentateurs, chroniqueurs et autres « experts » habituels des plateaux télé étaient unanimes dans leurs « analyses ». Aucune voix discordante. Les mots, les mêmes sur toutes ces chaînes, le « story telling » étant dictés à partir d’Israël. On comprend mieux l’injuste mise au pilori de Mohamed Kaci.

Roxane Rouas-Rafowicz donc, avocate de formation diplômée de l’école du barreau de Paris, exerce plusieurs années avant de devenir directrice juridique du groupe audiovisuel AB . En Israël, elle fonde en 2005 et dirige la société de production TooZaz qui produit spectacles et événements notamment pour le public francophone. De retour à Paris, elle intègre en 2010 « Fremantle France » en tant qu’adjointe à la présidence, puis directrice générale. C’est en avril 2021 qu’elle cofonde, avec Jacques Aragones « StudioFact Media Group ».

Féministe et sioniste ultra, avec un mari très proche du politicien d’extrême Lieberman, sous le parapluie duquel il s’est présenté aux municipales de Jérusalem. Roxane Rafowics n’ aucune divergence de vue avec son mari, elle aussi est d’extrême droite, une preuve, voici le texte qu’elle a « retwitt » :

« Les terroristes du Hamas ont violé, éventré, assassiné en particulier et de manière planifiée les femmes lors du pogrom du 7 octobre en Israël.
Les femmes israéliennes ont donc été victimes de violences inouïes en tant que femmes, de la part des terroristes du Hamas.
Il faut donc dénoncer ces féminicides et viols comme des violences faites aux femmes, et le dire lors des manifestations féministes.
Il faut que les féministes soient solidaires sur ce sujet comme sur les autres violences perpétrées dans le monde sur les femmes.
Raconter le réel : plus qu’une base line … une mission ! » 

Parfois, sur les réseaux sociaux, elle commente le travail de ses équipes envoyées en reportage, en Ukraine par exemple :
"StudioFact Media Group se rend au plus près des événements tragiques qui se jouent en Ukraine. Son Grand Reporter et Rédacteur en chef Gwenlaouen Le Gouil est sur place pour en rendre compte. Il nous partage [sic] aujourd’hui sur ses réseaux cette photographie accompagnée de cette légende  :

“Victor, 54 ans, prof a l’Université et vétéran de l’armée soviétique, spécialiste de la défense antiatomique, s’engage dans la résistance « Ce que les officiers russes m’ont appris, je vais l’utiliser contre eux. »”
08-ti58/

L’intrusion de Roxane Rafowics, tenante de l’extrême droite sioniste, dans l’information entraîne des conséquences considérables sur la compréhension de l’actualité par le public français. Ainsi c’est madame Rafowics, je le répète épouse du porte parole de l’armée israélienne, qui va produire un reportage de « Complément d’enquête », une émission qui se veut d’une indépendance impitoyable. Le sujet du 24 octobre 2023 a pour titre « Hamas :du sang et des larmes ». Est-il utile de préciser que le contenu est une suite de propos qui ressemblent à ceux qui, d’ordinaire, sortent de la bouche du colonel Olivier Rafowics, expert en mensonges militaires. Avec une telle marraine au sein du PAF français la réputation d’Israël n’a rien à craindre.

France 2 a la chance d’avoir entre ses salariés un homme qui voit tout, sait tout : il s’appelle Tristan Waleckx. Sa dernière transcendance en matière d’info remonte à la soirée du 15 février où il a produit avec son Complément d’enquête un spécial « La guerre de l’info :Israël/Hamas. Hélas dans son investigation il n’évoque pas un sujet qu’il a lui même déjà diffusé, sur le Hamas, et qui était financé par la maison de production de la femme du colonel porte-parole de Tsahal.

Parfois l’investigateur est à tort et à travers.

Jacques-Marie BOURGET

En complément (vidéo) : https://twitter.com/i/status/1734712002067460494

 



Pourquoi Biden n’agite-t-il pas la baguette magique dans sa main pour arrêter Israël ? 

Pourquoi Macron assure-t-il la victoire de l’extrême-droite ?

On ne mesure pas assez à quel point la politique de l’occident, pas seulement celle de Trump ou de l’extrême-droite mais celle des “démocrates”, de Macron de toute une gauche centriste et qui prétend récupérer la social démocratie est de plus en plus confrontée à une conception de la Nation fondée soit sur le mélange historique des peuples défendu de Maurice Thorez à l’URSS, soit sur une race totalement mythifiée. Le cas du soutien non pas à la nation israélienne mais à ce que Netanyahou dans une dérive de longue date prétend en faire, comme d’ailleurs le soutien à une Ukraine “bandériste”, peut-on de fait continuer à donner le spectacle d’une telle conception de la nation et être crédible face à des peuples qui ont vécu et vivent encore les discriminations coloniales. J’ajouterai qu’accepter cette logique-là et dans le même temps s’interroger sur la manière d’empêcher l’extrême-droite, de Meloni à Marine Le Pen en passant par Trump, son fan club local avec Marion Maréchal et Ménard, de paraître porter la race comme conception de la nation? d’accéder, j’ajouterai que ceux qui par ailleurs sont tout à fait d’accord pour faire de l’antisémitisme le ciment des luttes sont dans la même logique… Ce sont les deux faces de la même médaille celle qui confond nation et race et celle qui confond internationalise avec racisme érigé en internationalisme alors que dans les deux cas il s’agit du principe même qui dissout, divise, balkanise.. Il y a des sites, des auteurs que nous ne publierons jamais ici non pas parce qu’ils sont antisémites et croient par là être “antisionistes” et anti-impérialistes mais comme dirait Bebel parce que ces imbéciles sont dans la même logique que le racisme devenu effectivement logique de ceux qui nourrissent guerre et massacre et le fascisme. (note et traduction de Danielle Bleitrach histoireetsociete)

Aguiche: Si l’arrêt du génocide n’est pas une raison suffisante pour que Biden freine la soif de sang d’Israël, perdre les élections de 2024 est-il un risque qu’il est prêt à prendre ?

Par Sonali Kolhatkar

 

 

Aguiche: Si l’arrêt du génocide n’est pas une raison suffisante pour que Biden freine la soif de sang d’Israël, perdre les élections de 2024 est-il un risque qu’il est prêt à prendre ?

Par Sonali Kolhatkar

Biographie de l’auteur : Sonali Kolhatkar est une journaliste multimédia primée. Elle est la fondatrice, l’animatrice et la productrice exécutive de « Rising Up With Sonali », une émission hebdomadaire de télévision et de radio diffusée sur les stations Free Speech TV et Pacifica. Son livre le plus récent s’intitule Rising Up : The Power of Narrative in Pursuit Racial Justice (City Lights Books, 2023). Elle est rédactrice pour le projet Economy for All de l’Independent Media Institute et rédactrice en chef de la justice raciale et des libertés civiles chez Yes ! Magazine. Elle est codirectrice de l’organisation de solidarité à but non lucratif Afghan Women’s Mission et co-auteure de Bleeding Afghanistan. Elle siège également au conseil d’administration du Justice Action Center, une organisation de défense des droits des immigrants.

Source: Institut des médias indépendants

Ligne de crédit: Cet article a été produit par Economy for All, un projet de l’Independent Media Institute.

[Corps de l’article :]

Alors que la guerre d’Israël contre Gaza se poursuit sans relâche, les États-Unis, qui détiennent une grande influence sur la conduite d’Israël, sont apparemment impuissants à empêcher le génocide des Palestiniens d’être perpétré avec des armes fournies par les contribuables américains. Cela soulève deux questions cruciales : premièrement, jusqu’où Israël doit-il aller pour faire face à des conséquences tangibles en termes d’aide militaire qu’il reçoit ? Et deuxièmement, combien de pouvoir politique le président Joe Biden est-il prêt à perdre à cause de la nécessité d’entretenir la soif de sang d’Israël ?

Jusqu’à présent, Biden essaie de jouer sur les deux tableaux en paraissant dur : réprimander Israël verbalement tout en gardant intacte la bouée de sauvetage de l’aide militaire américaine. Dès décembre 2023, alors que le nombre de morts à Gaza venait de dépasser les 18 000, le président a fait la une des journaux tels que : « Biden parle plus durement d’Israël, mais continue de contribuer à son effort de guerre. » À ce moment-là, un haut responsable de l’administration a déclaré à NBC News : « On s’attend à ce que ce qui a été fourni à [Israël] soit utilisé de manière appropriée conformément au droit des conflits armés, mais nous n’imposons pas de conditions supplémentaires à l’aide que nous fournissons. » L’implication était que si Israël abusait davantage de l’aide militaire qu’il reçoit, il ferait face aux leviers de la puissance américaine.

Deux mois plus tard, le nombre de morts a dépassé les 28 000, soit 10 000 de plus qu’à la mi-décembre. Et pourtant, l’administration Biden n’a pas ressenti le besoin de freiner Israël. Lors d’un point de presse houleux, le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller, a fait face à des questions difficiles de la part des journalistes sur l’influence dont jouit Biden mais qu’il a refusé d’utiliser. Miller a déploré que « parfois les gens prétendent que les États-Unis d’Amérique ont une baguette magique qu’ils peuvent agiter pour faire en sorte que n’importe quelle situation dans le monde se déroule exactement comme nous le voudrions. »

L’un des journalistes présents à la conférence de presse a répliqué à juste titre : « Le fait est que vous avez une baguette magique. Vous avez une énorme, grosse baguette magique… C’est réel, c’est substantiel. Mais Miller a affirmé à plusieurs reprises qu’il ne pouvait pas divulguer les discussions internes, en disant : « Je ne vais pas entrer dans les conversations privées que nous avons avec le gouvernement d’Israël, mais ils sont très clairs sur nos positions sur ces questions. »

C’est comme si les États-Unis étaient un parent strict dont l’enfant préféré, Israël, ne peut pas faire de mal. Et quand c’est le cas, le parent agite son doigt avec un clin d’œil et un hochement de tête. « Nous sommes satisfaits de certaines des mesures de déconfliction qu’Israël a mises en place à notre demande », a déclaré Miller. Il a ensuite ajouté : « Ces mesures de déconfliction n’ont pas eu le succès que nous aurions souhaité. »

La baguette magique que les États-Unis peuvent agiter à tout moment vaut près de 4 milliards de dollars par an. Au lieu de menacer de suspendre cette aide et de mettre sa menace à exécution, Biden a contourné sur la pointe des pieds la conduite honteuse d’Israël – une conduite qu’une majorité d’Américains désapprouvent.

Pathétiquement, Biden semble essayer de se donner la permission d’agir, en publiant un étrange mémorandum de sécurité nationale le 8 février qui affirme que l’aide militaire est un « outil essentiel pour faire avancer la politique étrangère et les objectifs de sécurité nationale des États-Unis » pour, entre autres, « empêcher les transferts d’armes qui risquent de faciliter ou de contribuer de quelque manière que ce soit aux violations des droits de l’homme ou du droit international humanitaire ». Selon la BBC, cette décision était la réponse de Biden à la pression interne de ses collègues démocrates pour qu’il utilise la baguette magique dans sa main. Mais le mémorandum donne aux bénéficiaires de l’aide 45 jours pour offrir des « assurances » que l’aide n’est pas utilisée à mauvais escient. C’est au moins un mois et demi de plus pour qu’Israël continue à tuer des Palestiniens sans conséquence.

Il existe déjà des lignes directrices en place pour déterminer comment les États-Unis devraient agir lorsque leur aide militaire est utilisée pour alimenter des tueries de masse. En août dernier, des mois avant le début de la dernière guerre d’Israël, le département d’État de Biden a même publié un « Guide de réponse aux incidents de dommages civils » à l’intention des pays recevant une aide militaire américaine. Le Washington Post a qualifié ce système de « premier système formel de surveillance et de sanction potentielle des abus signalés impliquant des forces étrangères et des armes d’origine américaine ». Quel meilleur test de ce système formel que l’abus par Israël de l’aide militaire américaine ?

Interrogé sur les directives, Miller du département d’État a esquivé la question une fois de plus, comme un parent impuissant regardant son enfant commettre un meurtre en série. Il a déclaré : « Ce processus n’est pas destiné à fonctionner comme un mécanisme de réponse rapide. » Josh Paul, un ancien fonctionnaire du département d’État qui a démissionné de son poste pour protester contre le fait que les États-Unis permettent les massacres de Palestiniens par Israël, a déclaré à NPR : « Le moment est venu d’agir. Ce n’est pas dans six mois ou dans un an que nous examinerons une nouvelle tranche de demandes de la part d’Israël.

Il ne fait aucun doute que des armes fournies par les États-Unis sont utilisées pour tuer des Palestiniens. Le rapport d’Amnesty International de décembre 2023 a trouvé des fragments de bombes fabriquées aux États-Unis dans les décombres de maisons palestiniennes détruites par Israël. L’organisation a constaté que les frappes visaient une région où Israël avait ordonné aux civils palestiniens de fuir, et qu’il n’y avait pas eu d’avertissement avant que les bombes meurtrières ne soient larguées. En fait, Amnesty a laissé entendre que les frappes pourraient être considérées comme des « crimes de guerre ». Si la Cour internationale de justice accuse formellement Israël de génocide, elle pourrait impliquer les États-Unis.

Couper l’aide militaire à Israël ne consiste pas seulement à réduire la responsabilité des États-Unis dans le génocide palestinien – une position morale qui, en soi, vaut la peine d’être prise. Cela pourrait en fait avoir un impact sur les actions d’Israël étant donné que la majorité de ses armes proviennent des États-Unis. En outre, plusieurs gouvernements envisagent activement de couper l’aide à Israël, et l’Italie et l’Espagne l’ont déjà fait, ce qui montre qu’une action rapide est effectivement possible.

Plutôt que de se cacher derrière des « conversations privées », des allégations de « mesures de déconfliction » qui n’ont pas fonctionné, ou de publier des mémorandums, Biden pourrait activement utiliser son pouvoir pour retenir les armes financées par les contribuables américains à Israël. Avec 28 000 morts et ce n’est pas fini, combien de morts palestiniens faudrait-il pour déclencher une action américaine ?

Jusqu’à présent, la réponse semble être que même l’anéantissement complet du peuple palestinien et de sa terre serait parfaitement acceptable pour Biden, un président qui n’agit certainement pas comme s’il se présentait à la réélection face à la profonde désapprobation du public pour son refus d’utiliser la baguette magique dans sa main.

Les électeurs ont utilisé tous les moyens à leur disposition pour exprimer leur mécontentement face à la capacité de Biden de génocide palestinien, des manifestations de rue de masse à une grève de la faim des travailleurs fédéraux. Biden a été confronté à des interruptions incessantes de ses événements de campagne. Le Washington Post a souligné que « des événements de vacances aux services commémoratifs, les manifestants se présentent désormais à presque toutes les apparitions de Biden ». Même le nouveau compte de campagne électorale du président sur TikTok, destiné à atteindre les jeunes électeurs, a été bombardé de protestations vocales.

Le peu de bonne volonté que Biden a gagné au cours de son premier mandat de la part d’Américains sceptiques a été pratiquement perdu. Un porte-parole des Démocrates de la Justice a déclaré au Guardian que « sans aucun doute, il a effacé une grande partie de ces progrès avec son soutien continu à un génocide qui se déroule aux mains d’un gouvernement israélien d’extrême droite ».

Une personne puissante peut refuser d’exercer son pouvoir même face à un génocide et à une pression publique incessante. Mais un mourant refuserait-il d’agiter la baguette magique dans sa main, même pour sauver sa propre vie (politique) ? C’est le choix auquel Biden est confronté maintenant : sa réélection ou le droit d’Israël à poursuivre le génocide.

LA PHRASE DU JOUR.

 

Note de Danielle BLEITRACH, lue sur le blog Histoire et Société, article :

" SAUVER L'AMÉRIQUE DU "BLOB" (°)

La phrase: 

Au moment où Macron choisit de s’enfoncer dans une guerre qui ne mène qu’à la catastrophe, une fuite en avant qui masque mal le choix d’une politique toujours plus anti-populaire et qui mène à la fascisation, aux États-Unis un courant grandissant appelle à la lucidité devant les résultats. Ne croyez jamais ce qu’ils disent de la Chine et de la Russie“, affirme l’auteur de l’article, un rédacteur d’Asia Times, on pourrait d’ailleurs élargir le constat à l’ensemble du monde multipolaire qui nait et échappe de fait à cette vision de guerre froide dans laquelle l’occident invente ses capacités de victoire et les forces sur lesquelles elle prétend s’appuyer. 

 

(°) BLOB : La propagande par laquelle l’occident “total” s’auto-intoxique

 

Ce que cache le PIB

Il existe des problèmes bien connus liés au concept de produit intérieur brut ainsi qu'à sa mesure. Adam Smith se serait opposé à l'inclusion du secteur des services dans le PIB au motif que les personnes employées dans ce secteur constituent des "travailleurs improductifs". Dans l'ex-Union soviétique et les pays socialistes d'Europe de l'Est, ce n'est certainement pas le PIB, mais le produit matériel brut, à l'exclusion du secteur des services, qui est considéré comme la mesure pertinente.

Même si le secteur des services est inclus dans le PIB, la mesure de sa production pose un problème conceptuel, car il est difficile de distinguer ce qui constitue une prestation de service de ce qui constitue un simple paiement de transfert : après tout, on peut tirer satisfaction d’un paiement de transfert exactement comme on tire satisfaction de la prestation d’un musicien ; comment alors inclure l’un et pas l’autre dans le cadre du PIB ? Mais outre ces problèmes conceptuels, il existe également des problèmes liés à la mesure du PIB, problèmes qui découlent notamment du vaste secteur de la petite production pour lequel nous ne disposons pas de données fiables, régulières et opportunes. En Inde, par exemple, plusieurs économistes ont suggéré, bien que pour des raisons différentes, que la mesure du taux de croissance du PIB était surestimée.

Il est également évident que le PIB n’est pas un indice du bien-être national ; la raison la plus évidente en est que la distribution du PIB peut être extrêmement inégale. Mais le fonctionnement de l’impérialisme crée un type particulier de dichotomie au sein d’un pays du tiers monde qui rend le PIB tout à fait inapte à mesurer le progrès économique ; en fait, le PIB sert à camoufler cette dichotomie qui a même tendance à s’accentuer avec le temps.

L’impérialisme a deux effets distincts sur une économie contemporaine du tiers monde. Parce que cette économie est généralement située dans la zone tropicale, les pays industriels lui demandent une gamme de produits agricoles (sans parler des minéraux) que seule la masse terrestre tropicale est capable de produire, ou de produire pendant la période où les régions tempérées et froides du monde, qui constituent le berceau du capitalisme, sont gelées. Ainsi, outre le blé et le maïs, l’impérialisme exige du tiers monde toute une série de produits primaires qu’il ne peut lui-même produire en aucune saison, ou qu’il ne peut produire qu’en saison chaude, mais pas en hiver. Ces produits doivent être importés ; mais l’étendue de la masse terrestre tropicale est limitée, et comme les pratiques d’"amélioration des terres" telles que l’irrigation et d’autres changements techniques qui augmentent la productivité de la terre nécessitent généralement un État activiste, et que le capitalisme s’oppose à toutes sortes d’activisme étatique qui soutient et promeut non pas lui-même mais l’agriculture paysanne, cette "amélioration des terres" n’est pas possible dans une mesure suffisante. Les produits tropicaux nécessaires aux besoins métropolitains sont exportés vers les métropoles en réduisant leur absorption domestique dans le tiers-monde. L’impérialisme impose donc nécessairement une compression des revenus, entraînant une compression de la demande, au tiers monde.

L’une des principales fonctions du régime néolibéral est d’ouvrir le tiers monde aux exportations illimitées de ces produits de base et, pour ce faire, d’imposer systématiquement la compression de la demande. Cette ouverture exige que le choix des paysans en matière de cultures soit influencé non pas par des considérations d’autosuffisance alimentaire nationale ou de besoins locaux, mais exclusivement par le "marché", c’est-à-dire par l’attraction du pouvoir d’achat de la métropole. Pour ce faire, dans les pays du Sud, tout soutien gouvernemental des prix des céréales alimentaires en particulier, et le stockage des cultures vivrières pour soutenir le système de distribution publique doivent disparaître, et les prix intérieurs doivent s’aligner sur les prix internationaux par la suppression de toutes les restrictions quantitatives au commerce et l’imposition de droits de douane nuls ou minimes. C’est exactement ce que l’Organisation mondiale du commerce cherche à garantir. Dans le même temps, les pays industrialisés continuent d’accorder des subventions directes en espèces très élevées à leurs propres producteurs agricoles de céréales alimentaires et de coton, en les qualifiant de "non distorsives du commerce".

Si l’offre de produits que la métropole souhaite importer est insuffisante, l’inflation s’ensuit. Pour contrer cette inflation, des mesures de compression de la demande sont systématiquement imposées, ce qui a pour effet de restreindre la demande intérieure et d’accroître l’offre pour la métropole. L’effet global du régime néolibéral à travers tous ces mécanismes est de réduire la disponibilité nette de céréales par habitant dans le tiers monde et de faire en sorte que la terre produise à la place des cultures demandées par la métropole. C’est exactement ce que nous observons.

Il existe un deuxième impact de l’impérialisme sur les pays du tiers monde. Il découle du fait que la désindustrialisation coloniale a laissé ces pays avec des réserves massives de main-d’œuvre qui ont maintenu les salaires réels à un niveau de subsistance minimal, alors même que les salaires réels dans la métropole augmentaient plus ou moins en même temps que la productivité de la main-d’œuvre. En raison de l’écart croissant entre les salaires des deux régions, les entreprises multinationales des métropoles sont désormais disposées à implanter des usines dans le tiers-monde pour satisfaire non pas le marché local, mais le marché mondial. Cette délocalisation d’activités de la métropole vers le tiers-monde, en particulier d’activités "bas de gamme" ou à moindre intensité de compétences, n’est pas de nature à absorber les réserves de main-d’œuvre, de sorte que la baisse des salaires réels se poursuit, exacerbée par la compression des revenus mentionnée plus haut ; mais elle devient une source de croissance urbaine, y compris ce qui, dans le contexte du tiers-monde, constitue l’emploi à revenu moyen.

Ces deux effets de l’impérialisme créent une structure dualiste au sein du tiers monde. Le colonialisme, qui avait créé au sein du tiers monde des "enclaves" où opérait le capital étranger, avait de toute façon donné naissance à une telle structure dualiste ; l’État postcolonial du tiers monde qui avait émergé sur la base d’une lutte anticoloniale s’était engagé à surmonter ce dualisme ; mais le remplacement du régime dirigiste par le néolibéralisme a recréé cette tendance au dualisme au sein du tiers monde, le fossé entre les deux parties se creusant au fil du temps.

Certes, le fossé entre les travailleurs du segment "moderne" croissant du tiers monde et leurs homologues du segment stagnant ou en déclin, comme l’agriculture paysanne et la petite production, ne s’élargit pas. Les deux groupes de travailleurs sont victimes à la fois des réserves de main-d’oeuvre massives et croissantes qui maintiennent le taux de salaire réel à un niveau bas, et de la compression de la demande imposée afin d’extraire les besoins de la métropole de la masse terrestre tropicale sans générer d’inflation significative. Mais le fossé entre la grande bourgeoisie locale et les professionnels à revenus moyens supérieurs engagés dans le segment "moderne" d’une part, et les travailleurs engagés dans les segments modernes et traditionnels d’autre part, se creuse nettement ; et ceci a également une dimension spatiale, qui s’exprime le plus clairement dans une dichotomie entre les zones rurales et les zones urbaines.

Cette dichotomie rurale-urbaine croissante est clairement visible dans les données officielles indiennes elles-mêmes. Si nous prenons l’ampleur de la pauvreté nutritionnelle, définie comme l’accès à moins de 2100 calories par personne et par jour dans l’Inde urbaine et moins de 2200 calories dans l’Inde rurale, la proportion de la population urbaine en dessous de cette norme est passée de 57 % en 1993-94 à environ 60 % en 2017-18 ; dans l’Inde rurale, en revanche, cette proportion est passée de 58 % à plus de 80 % au cours de la même période. (Les données de la National Sample Survey à partir desquelles ces calculs sont effectués par Utsa Patnaik dans un livre à paraître ont depuis été retirées par le gouvernement indien en raison de ce qu’elles montrent). En fait, sous le gouvernement du NDA, qui a poursuivi une politique néolibérale agressive et sans complexe, cette dichotomie s’est considérablement élargie.

Face à une dichotomie aussi marquée et accentuée entre deux segments de l’économie, l’utilisation d’une mesure unique comme le PIB sert de moyen de camouflage. Ce n’est pas seulement que l’inégalité croissante des revenus fait du PIB une mesure inappropriée du bien-être économique, une proposition qui est facilement acceptée, mais cette inégalité croissante a une dimension spatiale, recréant une structure économique dualiste, sous l’ascendant du néolibéralisme qui représente une réaffirmation de l’impérialisme. L’utilisation du PIB sert donc à cacher cette dichotomie structurelle croissante que l’impérialisme introduit. Il sert en somme à camoufler le fonctionnement de l’impérialisme.

Mais ce n’est pas tout. Toutes les estimations préliminaires du PIB en Inde sont faites sur la base des données du secteur à grande échelle et le taux de croissance du secteur à grande échelle est attribué dans de nombreux cas au secteur à petite échelle à titre "provisoire". Mais cela implique de supposer que le secteur languissant croît aussi rapidement que son homologue, ce qui est un travestissement de la vérité.

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Prabhat Patnaik est un économiste marxiste indien. Il a enseigné au Centre d’études économiques et de planification de l’École des sciences sociales de l’université Jawaharlal Nehru à New Delhi, de 1974 jusqu’à sa retraite en 2010. Il a été vice-président du Conseil de planification de l’État du Kerala de juin 2006 à mai 2011. Prabhat Patnaik est un fervent critique des politiques économiques néolibérales et de l’hindutva, et est connu comme un chercheur en sciences sociales d’obédience marxiste-léniniste. Selon lui, en Inde, l’augmentation de la croissance économique s’est accompagnée d’une augmentation de l’ampleur de la pauvreté absolue. La seule solution consiste à modifier l’orientation de classe de l’État indien.