SANGÜESA:MANSADA D'UN AUTRE ÂGE
Près de moi, TONI el
Grande, avec la connaissance et l’aficion qui lui sont reconnues des deux côtés de la frontière, ne
cessait de répéter : « Corrida de otro siglo ».
Effectivement, nous avons assisté samedi à une corrida peu
banale, une mansada inoubliable, et interminable, des choses et des
comportements de resos que l’on ne voit plus dans une arène, mais
sans grande surprise pour l’aficionado averti, tellement certains
élevages Portugais nous ont depuis des lustres habitué à leur
rugueuse réputation, notamment ces VAS
MONTEIRO, dont la dernière sortie remonte à CÉRET, il y a une douzaine d’années. Depuis lors,
rien n’a vraiment changé. SANGÜESA nous l’a rappelé, pour le
cas où nous aurions pû oublier : les toros de Rita VAS
MONTEIRO se sont avérés parfaitement inlidiables pour la toreria
actuelle, pour des garçons plus habitués à faire passer des
moutons issus de l’encaste JP DOUMÉ, nobles et dociles, que ces
indomptables moruchos essentiellement dotés de mansedumbre, de
genio, de sentido, mais aussi flanqués de belles armures, qui
affichèrent finalement une caste incontestable, malgré leur
mansedumbre inquiétante, en luttant longuement debout contre la
mort. Mais aucun des six ne vint une seule fois
remater contre les planches. Ce qui semblait pour partie confirmer ce
que la ganadera nous déclara avant la corrida: trois de ses
pensionnaires furent légèrement afeités, évidemment à son insu.
La plupart sortaient
seuls des rencontres avec le cheval, se jetaient plus souvent sur le
réserve, sans avoir pû être mis en suerte, refusaient même tout
contact avec le fer, s’échappaient dès la moindre piqûre,
fuyaient les capes en sautant comme des cabris, grattaient le sol de
leurs quatre fers....Cuadrillas aux abois, palos jetés en
catastrophes, deux ou trois peons seulement firent honneur à leur respectable métier, pendant que leurs petits maestros, notamment CHACÒN et
CORTÈS, qui se firent copieusement huer par des aficionados
mécontents de leur capitulation. Les désarmés furent si nombreux
qu’il est impossible d‘en tenir un compte précis. Sans
compter capes et muletas qui restèrent accrochées aux pitons des
six toros qui restèrent les uns et les autres les maîtres
incontestés du ruedo.
Actuation passable :
Octavio CHACÒN. Chef de lidia, toujours présent et efficace, malgré
son toreo avec pico et profilé. La pire : Salvador CORTÈS, qui
n’a rien tenté, ni surtout qui n’a rien sauvé, malgré son
prénom. Deux broncas majuscules pour lui. Ses deux peons de brega et
banderilleros ont été, eux, ovationnés longuement, avant qu’il
ne les autorise à se découvrir. Souhaitons qu’ils trouvent un matador digne d’eux, lui, en tout cas, fut indigne
de leur valeur. Cesar VALENCIA : décevant, malgré un farol au
dernier toro de la tarde. Léger, peu sûr....Il est vrai que les
Portugais ne devaient laisser aucune chance aux éventuels tricheurs.
Quelques détails
insolites : trois capes se sont envolées dès le premier Portugais de CHACÒN, le président autorisa le changement de tercio
après une seule banderille, fuite de l’animal en tous sens, aucune
embestida : le ton était donné. A son second, quelques essais
profilés de la main droite, le toro charge un peu plus que ses
frères, ce qui suffit au palco qui déclenche la musique. Comique !
CORTÈS : c’est
son peon qui va chercher le toro, pendant que le petit monsieur regarde et
attend. Jusqu’à la fin, quand le pseudo matador capitule, après deux
gestes d’impuissance, c’est le peon qui est présent partout.
Première bronca contre l’incapable sin vergüenza. Peon applaudi,
Cortès hué, et insulté par quelques aficionados remontés. A son
second animal, chute du réserve. Accidentelle !! Comme pour le
premier, c’est la cuadrilla qui fait le boulot, sérieusement, avec courage....Avant la seconde capitulation de CORTÈS, et une
nouvelle bronca majuscule ….Qui devrait l’inciter, j’espère
pour lui, à choisir une autre voie.
Le VAS MONTEIRO de VALENCIA,
manso infâme, comme les autres, se bat avec rage contre les deux
piqueros. Banderilles de cirque. L’animal arrive à la muleta tête
haute, violent, boca cerrada. Reste le maître, jusqu’à la
septième tentative à l’épée : dans le cartilage !!!
Le dernier de la tarde va trois fois au cheval en se défendant, plus qu’en
poussant. Piques la plupart traseras, fallait-il le préciser ? La mode est aux interdits, ici comme partout.
Pour celui-ci, le président exige trois banderilles. Pourquoi à l'un et pas aux autres? Mystère.!! Il est vrai que nous étions près du palco, et donc il nous entendait.... Ceci doit expliquer cela....
Fin de la tarde. Nos
voisins espagnols étaient charmants, sympas à souhait. Les élus
municipaux de Saint PALAIS également, les deux villes sont
jumelées : visites d’amitié et de courtoisie... J’ai eu
aussi l’immense plaisir de retrouver Jean Pierre, après une
période de près de deux ans sans se voir. Jean P.c, fan de SANGÜESA,
comme je le comprends.... Et TONI, le maestro en cultura taurina,
mejor cultura de toros. De belles heures,
agréables, passées en bonne compagnie, pour faire mieux digérer l’infâme mansadasse.
Jamàs aburridos.... Gracias a ellos y ellas
P.S.
Je dois une explication, et des excuses, merci à ceux qui ont immédiatement remis ma pendule à l'heure: c'était bien d'une corrida de VAS MONTEIRO, qu'il s'agissait, mais les toros m'ont paru si anovillados, et surtout, SURTOUT, les hommes chargés de les lidier tellement SANS ARMES, SANS RECOURS, DES JEUNES DÉBUTANTS dans la novilleria, SANS ENVIE ET SANS ÂME, hormis un peu mieux pour CHACÒN, qui se comporta un peu plus en professionnel, que j'ai totalement zappé qu'il s'agissait de toreros d'alternative. J'ai vu des NOVILLEROS sans envie ni expérience AUCUNE face à des moruchos de petit gabarit. Pardon, merci, notamment Tinou et S° Kaparra.