Vietnam : « Nous ne nous arrêterons pas là, nous continuerons » à lutter contre la corruption
- admin5319 Histoire et Société
- 26 novembre 2023
Vietnam
: « Nous ne nous arrêterons pas là, nous continuerons » à lutter contre
la corruption, a martelé cette semaine le secrétaire général du Parti
communiste, l’homme fort du pays, Nguyen Phu Trong. Le président chef
d’Etat est un homme jeune Vo Van Thuong, qui a récolté 487 des 488 voix
de l’Assemblée nationale, étant le seul candidat pour succéder à Nguyen
Xuan Phuc, qui a été forcé à démissionner en janvier dernier. Le nouveau
président, âgé de 52 ans, s’est dit « déterminé à lutter contre la
corruption et les pratiques malsaines » mais son rôle est plus destiné à
la diplomatie extérieure, l’homme fort est plus que jamais le
secrétaire du Parti communiste Vietnamien Nguyen Phu Trong.
Si la coopération avec la Chine communiste a connu après le COVID un
regain de force, le Vietnam ne veut pas d’une coalition que d’ailleurs
la Chine ne réclame pas. A ce titre, la mise à niveau des relations
entre le Vietnam et les États-Unis au rang de partenariat stratégique
global ouvre des opportunités considérables pour les deux parties
d’activer de nouveaux domaines de coopération révolutionnaires afin que
le Vietnam puisse s’engager plus profondément dans les chaînes
d’approvisionnement mondiales, a déclaré le vice-ministre de l’Industrie
et du Commerce Do Thang Hai.
Nous sommes donc plus que jamais dans la stratégie du bambou telle
que l’a définie le malicieux et homme fort du pays Nguye Phu Trong.
La réalité de la campagne anti-corruption et ses soubassements
Aujourd’hui au Vietnam, le gouvernement poursuit ses coups de filet
anticorruption qui ont déjà conduit cette année à l’arrestation de
dirigeants politiques et de personnalités des affaires de premier plan.
Parmi les dernières affaires : une escroquerie aux obligations qui a
floué plus de 6 000 investisseurs et surtout le détournement de 12
milliards de dollars d’une banque vietnamienne par un promoteur
immobilier.
« Nous ne nous arrêterons pas là, nous continuerons », a
martelé cette semaine le secrétaire général du Parti communiste. En
poste depuis 2011, c’est lui qui a entamé en 2016 une campagne
anticorruption, surnommée « la fournaise ardente » depuis qu’il a assimilé les officiels corrompus à du « petit bois ».
Une campagne qui n’épargne désormais ni les grands patrons du privé ni
les hauts cadres du Parti, rapporte notre correspondant à Ho Chi Minh
Ville.
Ces propos du numéro 1 vietnamien font suite à la publication par la
police des résultats de plusieurs enquêtes. Dans l’affaire principale,
qui a fait la Une des journaux, la présidente d’un grand groupe
immobilier aurait détourné des milliards de dollars d’une des plus
grandes banques vietnamiennes : selon des conclusions diffusées par un
média d’État la semaine dernière, les enquêteurs ont établi que la
présidente du conglomérat Van Thinh Phat, Truong My Lan, et ses
complices avaient dérobé « à des fins personnelles » quelque 304.000
milliards de dongs (11,5 milliards d’euros) à une banque locale. Une
somme correspond à environ 3 % du Produit intérieur brut (PIB) du
Vietnam pour l’année 2022.
La justice vietnamienne a aussi annoncé hier, vendredi, poursuivre le
patron d’une importante entreprise de boissons, soupçonné d’avoir
détourné une trentaine de millions d’euros, dans le cadre de la vaste
opération anticorruption décrétée par le pouvoir communiste. Tran Qui
Thanh, président et fondateur du producteur de boissons Tan Hiep Phat,
et ses deux filles sont soupçonnés d’avoir détourné à leur profit
quelque 767 milliards de dongs, soit 29 millions d’euros.
Le pays poursuit donc sa politique anti-corruption et ses purges qui
n’épargnent pas le sommet de l’État. En début d’année, le président
vietnamien lui-même avait été poussé à la démission. Il a dû
démissionner en janvier dans le cadre d’une vaste purge anticorruption menée
par Nguyen Phu Trong, le secrétaire général du parti. Une centaine de
hauts fonctionnaires et responsables politiques avaient été épinglés par
l’enquête.
Qui est Nguyen Phu Trong ?
Nguyễn Phú Trọng (prononciation vietnamienne : [ŋwiən˦ˀ˥ fu˧˦
t͡ɕawŋ͡m˧˨ʔ] ; né le 14 avril 1944) est un homme politique vietnamien
qui occupe le poste de secrétaire général du Parti communiste du Viêt
Nam depuis 2011. En tant que chef du secrétariat du parti, du Politburo
et de la Commission militaire centrale, Trọng est le dirigeant suprême
du Vietnam. Il a également été président du Vietnam de 2018 à 2021. Il
faut bien mesurer que derrière ce triomphe d’un dirigeant, il y a au
sein du Parti communiste vietnamien et du pays des choix collectifs.
Ainsi, il a été noté un investissement de la jeunesse vietnamienne dans
le Parti, l’Etat plutôt que dans le secteur privé, ce qu’on retrouve en
Chine. Une forte nostalgie de l’URSS dont bénéficie Poutine, et une
colère contre les abus des cadres qui prônaient le plus l'”ouverture”.
Le covid a joué un rôle de transformation des mentalités. On interprète
le renforcement de Trong et de sa lutte contre la corruption effective
proche de la politique de Xi comme la victoire non seulement du parti
communiste sur le gouvernement et le parlement, mais au sein du parti le
renouveau du comité central contre les éléments liquidateurs du
Politburo. Aujourd’hui l’occident s’interroge sur la politique du
Vietnam et sur le rôle joué par l’homme fort du Vietnam, celui qui a
décrit la stratégie de son pays comme celle du “bambou”. Voici en
quelques paragraphes le résumé de qui est Nguyễn Phú Trọng.
Trọng a rejoint le Parti communiste en 1968 et a gravi les échelons
de la section consacrée au travail politique. Il a ensuite rejoint le
Comité central du parti en 1994, son Politburo en 1997 et l’Assemblée
nationale du Vietnam en 2002. Entre 2000 et 2006, il a été secrétaire du
comité du Parti de Hanoï, le poste le plus élevé de la ville. Il a
ensuite été président de l’Assemblée nationale de 2006 à 2011. Il a été
élu secrétaire général lors du 11e Congrès national du parti en 2011 et
réélu lors du 12e Congrès national en 2016. Au cours de son mandat, il a
mené une vaste campagne anti-corruption, impliquant de nombreux hauts
fonctionnaires. Il est devenu président en 2018 à la suite de la mort du
président Trần Đại Quang, devenant ainsi la troisième personne à
diriger simultanément le parti et l’État après Hồ Chí Minh (au
Nord-Vietnam uniquement) et Trường Chinh. Lors du 13e Congrès national
en 2021, il a été réélu secrétaire général, devenant le troisième
dirigeant du Vietnam à obtenir un troisième mandat (après Hồ Chí Minh et
Lê Duẩn), et a été remplacé par Nguyễn Xuân Phúc en tant que président.
Le 31 janvier 2021, Nguyễn Phú Trọng a été réélu secrétaire général
pour un troisième mandat par la 1ère session plénière du 13e Comité
central, faisant de lui le premier dirigeant depuis Lê Duẩn (1969-1986) à
servir plus de deux mandats. Le 1er février 2021, Nguyễn Phú Trọng a
donné une conférence de presse. Nguyễn Phú Trọng a dit que je ne suis
pas en très bonne santé […] Je suis vieux et je veux me reposer, mais le
Congrès m’a élu et je vais donc me conformer à mon devoir de servir en
tant que membre du parti. Trọng est la troisième personne à être élue
secrétaire générale du PCV pour un troisième mandat, les autres étant Hồ
Chí Minh et Lê Duẩn.
Mais en janvier 2O22, il a été destitué de son mandat de président de
la République à la quasi unanimité de l’Assemblée nationale et remplacé
par Phuc qui n’a pas fait long feu. Trong tout en s’affirmant vieux et
malade a repris les rennes de ce que ses adversaires pro-occidentaux
qualifient de la tendance “conservatrice” qui est en fait marxiste
léniniste et pratiquant de bonnes relations avec la Chine sans renoncer à
un partenariat que Trong a qualifié de “la stratégie du bambou”. En
2022, entre le 30 octobre et le 2 novembre, Trọng s’est rendu en Chine
et a rencontré le secrétaire général du Parti communiste chinois (PCC),
Xi Jinping, devenant ainsi le premier dirigeant étranger à rencontrer Xi
Jinping après qu’il ait obtenu un troisième mandat lors du 20e Congrès
national du PCC. Les deux dirigeants ont publié une déclaration commune,
appelant à la coopération dans les domaines économique, politique, de
la défense et de la sécurité et à travailler ensemble dans « la lutte
contre le terrorisme, les révolutions de couleur et la politisation des
questions de droits de l’homme ».
En janvier 2023, Phúc a démissionné de la présidence en raison de
scandales de corruption, ce qui a conduit l’allié de Trọng, Võ Văn
Thưởng, à lui succéder en mars. Du 21 au 23 mai 2023, le vice-président
du Conseil de sécurité russe, Dmitri Medvedev, s’est rendu au Vietnam et
a rencontré Nguyễn Phú Trọng. Ils ont discuté du renforcement des
relations entre la Russie et le Vietnam et de la situation
internationale actuelle. Comme l’ont souligné de nombreux articles y
compris critiques de la BBC, l’opinion publique vietnamienne éprouve une
véritable nostalgie pour l’URSS et voit en Poutine son successeur et
elle se félicite de l’intervention russe en Ukraine, qu’elle identifie
au soutien dont le Vietnam a lui même bénéficié.
La stratégie du bambou
Lors d’une visite au Vietnam le 10 septembre 2023, le président
américain Joe Biden s’est entretenu avec Nguyễn Phú Trọng, le
gouvernement vietnamien élevant les relations entre les deux pays à
celle d’un partenariat stratégique global, le plus élevé décerné par le
Vietnam. Le Vietnam poursuit son chemin vers un rapprochement essentiel
avec les États-Unis pour soutenir son économie mondialisée. Cependant,
il doit également ménager la Chine, qui est à la fois un modèle
politique et un voisin potentiellement menaçant et à l’appui essentiel.
Dans son discours sur la diplomatie en décembre 2021, Nguyen Phu
Trong, le leader vietnamien, a évoqué la voie de la neutralité adoptée
par le pays. Cette approche subtile rappelle le positionnement fragile
et délicat du Vietnam entre les deux puissances régionales. La
diplomatie vietnamienne repose sur le multilatéralisme, il est entré à
sa manière dans le monde multipolaire dans un équilibre particulier
entre la Chine, la Russie et les USA. Idéologiquement, Trọng est
considéré comme venant de la faction marxiste-léniniste la plus
“conservatrice” au sein du PCV. Il s’est longtemps insurgé contre la
perte de la « vertu marxiste-léniniste » de certains membres du parti.
Trọng a déclaré qu’« un pays sans discipline serait chaotique et
instable […]. [N]ous devons trouver un équilibre entre la démocratie et
la loi et l’ordre ».
Au plan intérieur face à la nécessité d’attirer les
investissements capitalistes tout en renforçant la démocratie
communiste, le rôle du parti et le respect de la planification au
service du peuple et de la nation vietnamienne il a défini ce qu’il a
appelé le concept de “diplomatie du bambou”, le bambou qui présente bien
des caractéristique ne serait-ce que de pousser comme du chiendent,
d’envahir l’espace, et d’avoir des usages infinis symbolise l’unité et
la solidité du pays, tout en restant flexible en haut, ouvert à tous les
partenariats de développement mais il ne peut pratiquer cette ouverture
qu’à cause de la force et de la fermeté du bambou.
LE YIN ET LE YUANG L'EMPORTENT SUR MARX ET LÉNINE EN CHINE
Xuan
La sinisation du marxisme est une réalité et Xi Jinping le rappelle systématiquement. Cela veut dire que la révolution chinoise obéit aux caractéristiques historiques et culturelles de la Chine et ceci ne s’exporte pas. Ce qui nous est commun c’est sa caractéristique universelle, le socialisme, la transition du capitalisme au communisme. Mais elle prend partout des formes nationales, sinon elle ne prend pas.
Ce qui échappe à l’auteur mais aussi à certains marxistes, c’est la dialectique marxiste elle-même.
Comme le dit Danielle le marxisme est conçu sommairement comme une opposition absolument violente. C’est « un se divise en deux ». Mais « un se divise en deux » signifie aussi que les contraires sont reliés et non indépendants, la contradiction est à la fois l’opposition et l’unité des contraires.
Et le texte de Marx montre comment « on peut se réjouir que l’Empire le plus ancien et le plus solide du monde ait été entraîné en huit ans, par les balles de coton des bourgeois anglais, au seuil d’un bouleversement social qui doit avoir, en tout cas, les conséquences les plus importantes pour la civilisation ».
Mao Zedong avait exposé ces caractéristiques dans « de la pratique » et « de la contradiction ». A la même époque Politzer avait fait de même dans les « principes élémentaires de philosophie » et les « principes fondamentaux de philosophie », où il cite d’ailleurs Mao. Là se trouve une excellente base de formation pour les cellules du parti communiste.
Or cette dualité de la contradiction en elle-même est une notion qui échappe à la tradition philosophique occidentale, profondément métaphysique : soit elle nie l’existence de la contradiction, soit elle sépare les contraires et nie tout rapport entre eux.
Par exemple l’interpénétration du commerce mondial réalise l’unité contradictoire de l’hégémonisme US et des pays producteurs. La contradiction qui oppose les USA à la Chine dans le domaine commercial n’a d’existence que dans le cadre de la mondialisation unipolaire, créée par les USA eux-mêmes. Réaliser un découplage aboutirait à détruire ou entraver les forces productives non seulement en Chine mais également dans le monde entier et aux USA eux-mêmes.
Nous avons vu ainsi que la guerre commerciale engagée par les USA entraîne des surcoûts pour le peuple américain et des pertes importantes pour des entreprises qui travaillent en Chine ou qui commercent avec, de sorte que ce conflit engendre d’autres contradictions au sein de la grande bourgeoisie des Etats Unis.
Deuxièmement, la position métaphysique considère que la contradiction, si elle existe, est identique sous tous ses aspects.
Mais si la loi de la contradiction est universelle, sa forme réelle est spécifique à chaque objet.
Creuser le sol n’a pas de sens en dehors de la nature du sol et de la nature de l’outil, sinon il suffirait d’une pelle d’enfant pour creuser l’argile, ou bien on pourrait faire une tranchée dans du sable avec une pioche. De même face au patron on ne peut pas obtenir des augmentations de salaire de la même façon que pour des bouchons d’oreille en silicone ou des gants de sécurité.
Ainsi, la Chine ne traite pas de façon identique ses contradictions avec les autres pays émergents, avec les pays du second monde et avec l’hégémonisme US. Et elle ne résout pas de la même façon les contradictions avec l’administration, la fraction militaro industrielle du capital US, et les contradictions avec d’autres clans capitalistes, qui commercent ou font des profits en Chine.
Il serait faux de mettre indifféremment dans le même sac l’ensemble des relations – des contradictions- qui nouent les nations, et par exemple affirmer que tous les pays sont impérialistes, ou menacent également la paix mondiale, alors que les USA sont hégémoniques et qu’ils provoquent et attisent tous les conflits.
Il vient donc que de l’ensemble des contradictions mondiales, certaines sont déterminantes et d’autres secondaires. La Chine insiste dans tous les conflits sur la responsabilité des Etats Unis et vise l’encerclement de l’hégémonisme par l’unité de toutes les nations qui en sont victimes.
Troisièmement, la contradiction qui est à la cause des transformations se transforme elle-même. La mondialisation – c’est–à-dire les relations internationales et intercommunautaires – n’a pas commencé avec la fin de l’URSS, elle vient de la nuit des temps et s’est transformée au cours des âges. Justement, Marx devine comment la vieille Europe risque de « tomber en décadence comme l’industrie et le commerce de l’Italie au XVIe siècle » et «devenir ce que sont aujourd’hui Venise, Gênes et la Hollande ».
La forme unipolaire et hégémonique de la mondialisation est transitoire, comme le féodalisme et le capitalisme, et y compris le socialisme ensuite. Chaque fois une contradiction fondamentale suit un processus de transformation tout au long de son existence, puis cède la place à une autre.
L’ère de la mondialisation multipolaire permettra de résoudre d’autres contradictions.
Selon les métaphysiciens l’opposition des contraires serait définitivement irréductible, ou bien on la réduit à de simples malentendus ou à une complémentarité. En réalité, la forme violente ou pacifique de la contradiction se transforme aussi selon les conditions qui l’entourent.
Est-ce que la révolution chinoise a toujours consisté à « attendre sagement »
Tous les syndicalistes savent que la contradiction entre capital et travail présente des périodes d’accalmie et des périodes de lutte intense. Dans les années 70, certains « maos » avaient assimilé la situation en France à l’occupation nazie et se croyaient dans une phase de lutte armée. En fait la forme antagonique de la contradiction, la lutte violente ou sanglante n’apparait que dans certaines conditions, pas en permanence.
Inversement, il est tout aussi erroné d’affirmer que la contradiction n’existe pas du début à la fin d’un processus, que sa forme pacifique en signifierait la fin et qu’elle cèderait la place à une complémentarité. D’autres formes d’opportunisme ont ainsi réduit le renversement du capitalisme à une compétition électorale et gommé le caractère dictatorial de l’appareil d’état bourgeois. Le résultat a été négatif au possible puisque cette théorie a été maintenue des décennies durant sans aucune autocritique
Un parti communiste devrait être capable de maîtriser toutes les formes de lutte et non se cantonner à une seule option. Ainsi la Chine veut la paix mais elle se prépare aussi à la guerre.