Un article qui expose l’origine historique du “pétro-dollar” : faute
d’asseoir le dollar sur l’or, les Etats-Unis l’ont installé sur la
nécessité de payer la précieuse source d’énergie comme d”ailleurs le gaz
en dollar grâce un accord avec les saoudiens. Ce qui est sous-estimé
dans cette description c’est la manière dont face aux risques du
communisme en Iran ou en Irak cet accord de 1974 s’accompagnait y
compris du choix avec l’envoi par Giscard de Khomeini dans la situation
explosive de refus du Shah. Les mollahs ont été utilisés contre Carter
et l’hostilité s’est accompagnée de transactions. Ensuite l’ébranlement
du pétrodollar et des liens privilégiés entre l’OPEP et les USA a été
mis en œuvre par Chavez (qui l’a probablement payé de sa vie) et Poutine
contre les major étasuniennes. Nous avons donc une évolution qui sous
l’influence des rebellions populaires vient de plus loin, dès
l’effondrement de l’URSS, comme tendance et c’est ce qui m’a permis
grâce à un rapport de 1983 de Fidel Castro aux non alignés de l’annoncer
à la fois à cause de la politique de Chavez en Amérique latine et de
son rôle dans l’OPEP (1) en soulignant le fait que la Chine serait le
pivot de nouveaux rapport sud-sud. Nous y sommes mais l’article est très
important pour nous permettre de comprendre en quoi les accords signés
aujourd’hui entre l’Arabie saoudite l’Iran et maintenant la Syrie sapent
le fondement même du dollar. Nous sommes dans une “tendance” et la
guerre en Ukraine en a été l’accélération comme souvent les guerres
jouent un tel rôle, le phénomène essentiel est alors la réduction de la
marge de manœuvre des Etats-Unis face à ce à quoi sont confrontés tous
les pays du monde, des mouvements sociaux face à l’inflation, les
salaires, les difficultés en matière de santé, d’éducation et qu’ils ne
peuvent pour la première fois par reporter sur d’autres, tandis que la
Chine poursuit sa croissance. (note et traduction de Danielle Bleitrach
pour histoireetsociete)
(1) voir le livre paru chez Aden et traduit aux éditions José Marty, à Cuba, les Etats-Unis de mal empire, les leçons de résistance qui nous viennent du sud (2004)
Par José Miguel Amiune* – Meer, 18 avril 2023
La guerre accélère le déclin du dollar en tant que seule monnaie universelle
Cher lecteur, le titre et le sous-titre de cet article peuvent
vous surprendre, vous alarmer ou avoir du mal à trouver la relation
entre la guerre, le déclin du dollar et le rôle de la Chine en tant que
nouvelle puissance internationale. Cela m’oblige à vous raconter une
histoire que peu de gens connaissent et qui reste cachée à la majorité
de l’opinion publique mondiale. Je vais vous la dire, sur un mode aussi
résumé que possible.
Une histoire qu’on ne vous a jamais racontée : « dollar et pétrole »
En 1974, le président Richard Nixon était confronté à une crise
pétrolière, à une inflation galopante, à une récession et à un krach
boursier. Ceci, dans une certaine mesure, était le résultat de la
décision que Nixon lui-même avait prise en 1971 quand il a décidé
d’abandonner définitivement l’étalon-or et de libérer l’émission de
dollars indépendamment des réserves d’or déposées, comme garantie pour
la monnaie, à Fort Knox. Par la suite, le montant des dollars émis et en
circulation n’a plus eu aucun rapport ni même proportion avec les
réserves d’or détenues par le Secrétaire au Trésor des États-Unis. En
d’autres termes, le dollar n’est pas soutenu par l’or et donc la plupart
des dollars en circulation ne reposent sur rien. C’est ce que dans le
jargon vulgaire on appelle « papier peint » et que les économistes
appellent « monnaie fiduciaire ». On estime qu’actuellement, les
réserves d’or de Fort Knox (évaluées au prix du marché) équivalent à
environ 270 milliards de dollars (en coupure américaine), tandis que les
dollars en circulation plus les dépôts bancaires sur les comptes
courants et les caisses d’épargne (M2) s’élèvent à 21 billions de
dollars de la même coupure. Ces données ont été extraites du Trésor
américain en 2023. Cela nous permet de calculer que, pour chaque dollar
adossé à l’or, 77 dollars circulent dans le monde sans backing ni « fiat
».
Ici commence l’histoire que je veux vous raconter. Conscient de la
nécessité de donner un nouveau soutien au dollar, le président Nixon
envoie, en juillet 1974, son secrétaire d’État Henry Kissinger et son
sous-secrétaire William Simon en Arabie saoudite, qui dirige
l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), créée en 1960 à
Bagdad.
Quelle était la mission de Kissinger et Simon ? Shah Reza Palevi
d’Iran était, à cette époque, l’allié stratégique des États-Unis dans la
région du Golfe et dans tout le Moyen-Orient, il avait le soutien et la
protection militaire des États-Unis. Le Shah, qui était persan et
chiite, regardait avec suspicion le rôle croissant de la Maison royale
saoudienne, composée d’Arabes et de sunnites, pour leur implication
croissante dans la production et la commercialisation du pétrole. À son
tour, le monarque saoudien craignait la supériorité militaire du Shah
d’Iran, qui menaçait l’intégrité territoriale de son pays et la sécurité
des membres de la Maison royale saoudienne.
La différence entre les deux royaumes était que Reza Palevi
commençait à être harcelé par les religieux pour la rapide «
occidentalisation » qu’il avait imposée à la société iranienne, tandis
que le monarque saoudien contrôlait étroitement sa société et augmentait
de plus en plus son influence parmi les pays du Golfe à majorité
sunnite. L’un déclinait et l’autre émergeait.
Par conséquent, la mission de Kissinger, suggérée par lui-même, était
d’offrir un accord stratégique au monarque saoudien, par lequel les
forces armées américaines défendraient la famille royale et le royaume
lui-même, dans son intégrité territoriale, contre toute menace régionale
ou extra-régionale. La contrepartie exigée par les États-Unis était que
l’Arabie saoudite, en sa qualité de président de l’OPEP, décide que
tous les pays membres soient obligés de fixer le prix international du
pétrole en dollars américains, empêchant toute transaction dans le
pétrole, le gaz et d’autres combustibles d’être libellée dans une devise
autre que le dollar.
L’accord de Djeddah, signé en juillet 1974, a établi une alliance
stratégique à long terme entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, qui a
perduré jusqu’à ce jour. Cette alliance, inscrite dans l’accord sur les
pétrodollars, a sauvé les finances américaines. Comme tout le monde
avait besoin de pétrole, tout le monde avait besoin de dollars pour
l’acheter. L’énorme demande de pétrodollars qui a suivi l’accord de
Djeddah est devenue le soutien du dollar, remplaçant « l’or métallifère
par de l’or noir, du pétrole ».
Le soutien pour les nouveaux dollars émis n’était plus l’or, mais la
demande générée par l’obligation de libeller les contrats d’achat et de
vente de pétrole et de gaz en dollars américains à l’échelle mondiale.
Le monde était couvert de pétrodollars qui, par la magie du pouvoir du
capital financier, sont devenus la dette extérieure des pays en
développement et émergents. Par l’intermédiaire des banques commerciales
américaines et européennes, ces dollars, que les pays pétroliers
déposaient dans le système financier, étaient recyclés et convertis en
dette extérieure, dont le poids sur le monde périphérique allait bientôt
exploser.
En Amérique latine, le problème de la dette a explosé, à commencer
par le Mexique en 1982. Entre 1989 et 1996, le plan Brady, dans les pays
qui y ont adhéré, a restructuré la dette en la transférant des banques à
des milliers de détenteurs d’obligations privées. Cependant, il ne
pouvait être évité que dans les années 90, les crises se soient répétées
au Mexique, en Asie du Sud-Est, en Russie, au Brésil, en Turquie et en
Argentine. Cette situation, aggravée par la mondialisation financière,
persiste dans la plupart de ces pays, avec leurs renégociations et
élargissements successifs.
C’est aussi à l’origine de la manière dont il y a émission excessive
des États-Unis, devenus le plus gros débiteur du monde, alimentant un
déficit extérieur accumulé qui dépasse leur PIB, mais leur a permis de
maintenir artificiellement le seigneuriage du dollar par rapport à
toutes les autres monnaies.
La guerre d’Ukraine et le déclin du dollar
Quatre semaines seulement après le début de la guerre en Ukraine, le
propriétaire de Blackrock, Larry Fink, a fait deux prévisions qui ont
fait trembler les marchés internationaux. Il a déclaré: « L’invasion
russe de l’Ukraine a mis fin à la mondialisation que nous avons connue
au cours des trois dernières décennies » et, avant que les journalistes
ne reprennent leur souffle, il a conclu: « Un système de paiement
numérique mondial soigneusement conçu peut améliorer le règlement des
transactions internationales (en remplaçant le dollar comme norme de
change du commerce international) tout en réduisant le risque de
blanchiment d’argent et de corruption. »
Les opinions de Larry Fink ne passent jamais inaperçues puisqu’il
gère le plus grand fonds d’investissement au monde et gère un
portefeuille d’actifs de plus de 10 billions de dollars, soit plus de 10
% du PIB mondial. Une lecture attentive de ses déclarations laissait
entrevoir un avertissement des changements structurels qu’accélérerait
la guerre européenne. Il anticipait le déclin de l’utilisation du dollar
comme monnaie hégémonique et la transformation nécessaire du système de
paiement mondial.
Le seigneuriage monétaire du dollar dans le commerce international et
en tant que réserve de valeur ne prendra peut-être pas fin à court
terme, mais son manque de soutien et le privilège des États-Unis
d’émettre la monnaie d’échange universelle commencent à être discutés.
Le Wall Street Journal lui-même a offert une preuve concrète de ce
tournant en publiant, par l’intermédiaire de ses correspondants à Riyad
et à Dubaï, capitale et centre d’affaires de l’Arabie saoudite, que les
négociations ont été accélérées afin que la puissance pétrolière
commence à vendre des barils de pétrole brut à la Chine, recevant des
yuans au lieu de dollars. Ce serait la plate-forme de projection, à
grande échelle, du « pétro-yuan » numérique dans les transferts
transfrontaliers, c’est-à-dire dans les paiements effectués entre
différentes frontières.
Ce que le Wall Street Journal a annoncé s’est déjà produit. Les
chiffres de cet échange ne sont pas faibles. L’Arabie saoudite exporte
environ 150 milliards de dollars par an et la Chine achète un tiers de
ce total. Le deuxième pays auquel il vend le plus est l’Inde, un pays
qui a également intérêt à développer son propre système de monnaie
numérique, qui pourrait avoir un règlement en temps réel et une
compatibilité avec le réseau de yuans numériques. C’était absolument
prévisible, l’économie chinoise représente environ 20% du PIB mondial,
mais sa monnaie est utilisée dans moins de 3% du commerce mondial. Si la
croissance économique et le commerce de la Chine continuent de croître
rapidement, selon les mots de Ray Dalio, directeur de l’un des plus
grands fonds spéculatifs du monde : « Le yuan jouera un rôle de plus en
plus important en tant que réserve de valeur et échange international.
C’est naturel ».
Iran, Arabie saoudite et Chine : triangle de détente
Le 10 mars 2023, à peine un an après le conflit russo-ukrainien, la
République islamique d’Iran et le Royaume d’Arabie saoudite, rivaux
apparemment irréconciliables pour l’hégémonie dans la région du golfe
Persique, ont rétabli leurs relations diplomatiques. Les mesures prises
en faveur de la détente ont commencé en 2021, lorsque les parties ont
convenu d’avancer dans des pourparlers secrets, afin de résoudre les
différends enracinés dans les aspects politiques, économiques et
religieux. Mais la chose la plus étonnante à propos de l’annonce
surprise est que l’accord entre Téhéran et Riyad a été conclu, grâce aux
efforts diplomatiques de la diplomatie ascendante de la République
populaire de Chine.
La question obligatoire est : qu’est-ce qui a provoqué ce changement
dans la géopolitique de cette région ? Il y a plusieurs causes
concurrentes qui ont permis le règlement réussi du processus de paix :
Le « rôle de médiation » de la Chine est mis en évidence, en réponse à
plusieurs facteurs. a) Premièrement, les deux pays entretiennent des
relations commerciales intensives avec la Chine, en particulier dans le
domaine de l’énergie et du pétrole; b) En 2017, la Chine est devenue le
premier importateur mondial de pétrole, dépassant les États-Unis, par
conséquent, le pétrole brut du Moyen-Orient et des pays du Golfe est un
intrant essentiel pour soutenir ses industries, sa production et sa
consommation. c) Fait décisif, l’Arabie saoudite est le premier
exportateur de pétrole brut vers la Chine, suivie de la Russie, du
troisième Iran, puis de l’Irak, d’Oman, de l’Angola et du septième des
Émirats arabes unis.
La diplomatie publique et non publique active de la Chine dans la
région depuis le milieu de la dernière décennie a porté ses fruits.
Visant à garantir un approvisionnement adéquat en pétrole brut, à
occuper des espaces d’influence cédés par les États-Unis et à assurer
des routes d’approvisionnement à travers le golfe Persique, le détroit
d’Ormuz et le golfe d’Aden. À cet égard, l’Iran a officiellement rejoint
le projet chinois de la Route de la soie (OBOR/BRI). À son tour, la
Chine est le plus grand partenaire commercial de l’Arabie saoudite et
les investissements chinois sont valorisés dans le cadre de la « Vision
2030 du Royaume », consistant à atteindre ses objectifs de
développement. La détente bilatérale sert également à renforcer les
attentes d’une relation plus approfondie avec la Chine de la part des
membres du Conseil de coopération du Golfe. L’Arabie saoudite espère
également rejoindre le projet de route de la soie dans la région de
Jizan, afin d’attirer les investissements étrangers.
Du côté de l’Iran, les pourparlers avec les puissances occidentales
pour relancer le pacte nucléaire de 2015 (signé par le président Obama)
sont gelés et les sanctions économiques imposées par elles ont rendu les
relations plus tendues. D’autre part, la Russie, principal allié
international de l’Iran, est en guerre avec l’Ukraine, donnant à la
Chine un rôle accru en tant que médiateur, acteur diplomatique et
stratégique dans la région du Golfe.
Plus précisément, à travers le nouvel accord, les engagements pris
par les parties réaffirment le respect mutuel de la souveraineté, le
principe de non-ingérence et la réactivation d’un accord de coopération
en matière de sécurité signé en avril 2001. Ils conviennent également de
coopérer dans la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue et le
blanchiment d’argent, ainsi que de réactiver un accord commercial et
technologique signé en 1998.
De nombreux observateurs considèrent qu’il est important d’analyser
le rôle joué dans cet accord par le prince héritier Mohammed ben Salmane
(MBS), dirigeant de facto du royaume saoudien, compte tenu de l’âge
avancé de son père, le roi Salman bin Abdulaziz de 87 ans. Selon un
observateur, alors que l’administration Biden a négligé ses alliés du
Golfe, menaçant les Saoudiens de les transformer en « parias du système »
et de freiner l’approvisionnement en armes, MBS aurait trouvé plus de
pragmatisme dans la diplomatie chinoise montante.
Selon cette interprétation, l’annonce de la reprise des relations
diplomatiques entre Riyad et Téhéran n’aurait pas dû surprendre la
Maison Blanche, car elle a été le résultat inévitable des contraintes
diplomatiques américaines, du déclin relatif de son leadership, de la
guerre russo-ukrainienne et de la quête de la Chine pour étendre son
influence en tant que puissance mondiale.
Enfin, la note la plus saillante de l’accord saoudo-iranien est que
le médiateur était Pékin, un rôle traditionnellement exercé par
Washington. Le Financial Times a mis en garde contre la mesure dans
laquelle les aspirations géopolitiques renouvelées de la Chine ont été
exposées. Il a noté que, pendant des années, Pékin avait limité son
attention au Moyen-Orient aux questions économiques et commerciales,
sans s’aventurer dans la politique et la sécurité. Les événements,
véritables maîtres de l’histoire, semblent confirmer la tendance
structurelle de l’époque. Au point qu’au niveau stratégique, dans des
zones géographiques lointaines comme l’Ukraine et le golfe Persique,
Pékin fait preuve d’une vocation diplomatique de médiation et de
protection mondiale, à la mesure de son statut de superpuissance
économique mondiale.
La dé-dollarisation comme tendance
L’un des effets mondiaux de la guerre en Ukraine a été l’augmentation
générale de la nourriture et du carburant, qui a provoqué des taux
d’inflation très élevés dans la plupart des économies et aussi aux
États-Unis. Dans ce pays, le déclin du dollar et la croissance de sa
dette sont les deux faces d’une même médaille. Le dollar américain a
perdu 96% de sa valeur depuis la création de la Réserve fédérale en
1913, tandis que les emprunts gouvernementaux ont grimpé à plus de 120%
de son PIB. C’est pour cette raison que le monde est en train de «
dé-dollariser ». De nombreux pays réduisent la part du dollar dans leurs
réserves, optant pour des réserves métallifères : or, dans une moindre
mesure, argent et autres actifs libellés dans différentes monnaies.
À ces causes économiques, préexistantes à la guerre, s’ajoutent les
sanctions contre la Russie qui l’excluent de SWIFT en tant que système
de paiement international, empêchant la fluidité de ses transactions
avec les pays européens, l’obligeant à réorienter ses échanges vers
l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine. La même tendance peut être
observée en Chine, qui, comme nous l’avons vu, réoriente ses échanges
vers les pays membres du Conseil de coopération du Golfe, le
Moyen-Orient, les pays de l’ASEAN, l’Afrique et l’Amérique latine,
espaces dans lesquels le yuan tente de supplanter furtivement le dollar.
Une récente réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des
banques centrales de l’ASEAN, tenue le 28 mars 2023 en Indonésie, s’est
concentrée sur la réduction de la dépendance du dollar, de l’euro, du
yen et de la livre sterling sur leurs transactions intérieures et entre
les pays de la région, en les remplaçant par leurs monnaies nationales.
Cela signifie que le système numérique de paiements transfrontaliers
approfondirait son expansion et permettrait aux pays de l’ASEAN
d’utiliser leurs monnaies pour le commerce intra et extra-régional. Un
tel accord de coopération avait déjà été conclu entre l’Indonésie, la
Malaisie, Singapour, les Philippines et la Thaïlande en novembre 2022.
En outre, la Banque centrale d’Indonésie a préparé son propre système de
paiement national dans le cadre de cette tendance, comme indiqué le 27
mars 2023.
Lors de la même réunion, le Président indonésien Joko Widodo a
exhorté les administrations régionales à établir l’utilisation des
cartes de crédit émises par les banques locales et à annuler
progressivement les cartes internationales telles que Visa et Mastercard
et d’autres moyens de paiement liés au système de paiement occidental.
Il a fait valoir que l’Indonésie doit protéger son système financier des
perturbations géopolitiques, citant comme exemple les sanctions
imposées à la Russie par les États-Unis, l’UE et leurs alliés, à la
suite du conflit avec l’Ukraine. La sortie du système de paiement
occidental est nécessaire pour protéger ses transactions « d’éventuelles
conséquences géopolitiques », a déclaré Widodo. En Asie, seul Singapour
a rejoint les sanctions contre la Russie, les autres pays continuent de
commercer avec ce pays.
En Afrique, la présence de la Chine est notoire dans la plupart des
pays du continent, à travers le financement et la construction de
travaux d’infrastructures de transport, d’énergie et de
télécommunications. La plupart de ces travaux sont financés par des
swaps, qui génèrent comme contreparties actuelles du commerce et de la
fourniture de produits de base en yuans tels que le pétrole, le gaz, le
cuivre, les minéraux et les métaux précieux : or et diamants. En deux
décennies, de 2000 à 2020, la Chine a investi 160 milliards de dollars
en Afrique, construit 61 ports et 10 42 km de chemins de fer,
(équivalent à la distance Buenos Aires-Madrid). Le type d’investissement
est le modèle angolais, un grand exportateur de pétrole, un pays dans
lequel elle a investi 42.600 millions de dollars. La Chine a une
prédilection pour l’Afrique (le continent oublié), ce qui inquiète les
anciennes métropoles coloniales d’Europe. Déjà Mao dans les années 70
avait financé la construction du chemin de fer entre la Zambie et la
Tanzanie.
L’avancée de la Chine dans le commerce international tend à changer
l’ancien modèle d’échange entre les pays. Aussi en Amérique latine où
presque tous les États ont la Chine comme premier ou, dans certains cas,
deuxième partenaire commercial. Le récent accord entre le pays leader
de la région, le Brésil, et la Chine établit que : le yuan et le real
seront les monnaies du commerce bilatéral. Cela signifie que 150
milliards de dollars ne sont plus échangés en dollars, mais en yuans et
en reals. Cet accord important sera officialisé lors de la prochaine
visite de Lula à Xi Jinping à Beijing.
Le Brésil a adopté la même solution pour ses échanges commerciaux
avec l’Argentine dans le cadre du Mercosur. Il convient de mentionner
que le groupe BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) se
dirige vers une nouvelle monnaie qui peut remplacer le dollar américain,
en commençant par l’utilisation de leurs monnaies locales.
Bref, la croissance exponentielle du commerce chinois dans le monde
laisse moins de marge de manœuvre à la monnaie américaine, arbitre des
échanges commerciaux, de 1944 (Bretton Woods), à nos jours.
Exorde
Cher et patient lecteur, j’espère avoir tenu ma promesse de lier la
guerre actuelle en Ukraine aux changements dans le système monétaire et
les paiements internationaux qui tendent à accentuer le déclin du dollar
dans le commerce international et le rôle clé de la Chine en tant que
nouvelle puissance commerciale, technologique et politique mondiale. Si
j’y suis parvenu, l’objectif de la présente note aura été atteint.
Mais si vous épargnez ou avez des actifs en dollars américains, je me
sentirais coupable d’ajouter une préoccupation de plus à celles que
vous avez sûrement déjà. Laissez-moi vous dire quelque chose : ne pensez
jamais à l’avenir du point de vue de la peur. En premier lieu, nous ne
devons pas prendre à cœur ce que le Global Times affirme lorsqu’il
déclare : « La grande histoire nous dit que le déclin de l’hégémonie
commence par sa monnaie et que la dé-dollarisation est inévitable. » Ni
quand il ajoute : « Si deux axes de l’hégémonie américaine se
détériorent. L’une l’absence du monopole sur les armes nucléaires et
leur supériorité militaire, et la seconde, la chute accélérée de la
position du dollar en tant que réserve de valeur et d’échange,
l’hégémonie prend fin ». Il s’agit en tout cas d’un processus très lent
et désordonné, que le Royaume-Uni a traversé avec sa condition
hégémonique et sa monnaie, la livre sterling, de 1919 à la Conférence de
Versailles jusqu’en 1944 avec les accords de Bretton Woods. Il est vrai
que, comme l’a dit Bouddha, les choses de ce monde sont « impermanentes
» et ce qui n’arrive pas dans un siècle peut arriver en trois
décennies.
Il est vrai aussi que le « pèlerinage européen à Pékin » a déjà
commencé. Premièrement, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, afin
de soutenir la proposition de paix en 12 points visant à négocier la
détente entre la Russie et l’Ukraine ; puis la présidente de la
Commission européenne Ursula von der Leyen, pour faire connaître à Xi
Jinping la nouvelle « doctrine européenne » sur la Chine et, plus tard,
le président français Emmanuel Macron, pour proclamer aux quatre vents
le slogan de Charles De Gaulle : « L’Europe doit avoir une politique
étrangère autonome et un système de défense collective différencié de
l’OTAN, ne pas être un satellite américain. Pour ne pas être en reste,
l’Amérique latine, à travers la visite du président Lula da Silva,
expliquera la vocation intégratrice de la région, son adhésion à la
multipolarité mondiale et son plan de paix entre la Russie et l’Ukraine.
Tout cela est vrai, mais une question demeure : que vont faire les
États-Unis pour maintenir leur position hégémonique politique,
économique et monétaire ? Cela, comme dirait Rudyard Kipling, fait
l’objet d’une autre histoire. Ou d’un autre article. Dans le prochain,
je vous le dirai.
……………………….
*Doctorat en sciences juridiques et sociales de l’Universidad
Nacional del Litoral, Argentine. Études supérieures aux universités
Harvard et Tufts. Master en relations internationales de la Fletcher
School of Law and Diplomacy. Ancien ambassadeur et secrétaire des
travaux et services publics de la République argentine.
Allez à la source;
https://www.meer.com/es/73214-el-rol-clave-de-china-como-nueva-potencia-mundialPrécédentLa piraterie légalisée au Sahara Occidental
Notre gouvernement est dirigé par des sous fifres. Les médiocres du
département d’État et de l’appareil de sécurité nationale ont pris le
volant politique, parce que le président Joe Biden, comme la sénatrice
Dianne « No Show » Feinstein et beaucoup d’autres dans notre vaste
gérontocratie n’inspirent pas confiance. Et les résultats sont
désastreux pour les Américains. La dé-dollarisation dans une grande
partie de la planète et la possibilité d’une guerre sur deux fronts,
éventuellement radioactive, contre la Chine et / ou la Russie. Vous
pensez que ces deux scénarios sont tirés par les cheveux? Eh bien, le
premier est déjà en cours, et quant au second, des néo-conservateurs
enragés et des généraux chauvins quatre étoiles se sont déjà propulsés
dans le vide du sommet et sur votre écran de télévision, et ces
imbéciles ne peuvent pas imaginer perdre, alors maintenant nous nous
rapprochons plus que jamais, même plus que pendant la crise des missiles
cubains, du déclenchement de l’Armageddon nucléaire.
Imaginez le drone ukrainien qui a frappé le Kremlin le 3 mai et
demandez-vous ce qui se serait passé si un drone russe était entré en
collision avec le toit de la Maison Blanche? Nous, habitants de la
planète Terre, avons tous beaucoup de chance, et en particulier ceux
d’entre nous qui résident dans les villes américaines, que les
dirigeants russes aient été assez rationnels pour ne pas cibler les
métropoles occidentales avec des ogives nucléaires. Ils ont clairement
indiqué qu’ils n’accepteraient pas plus de provocation, et pas plus les
affirmations absurdes des médias américains selon lesquelles le Kremlin
s’est attaqué lui-même avec des drones, des affirmations qui révèlent
encore une fois deux faits tristes : premièrement, nos organes de presse
pensent que nous sommes des abrutis et deuxièmement, ils répètent comme
des perroquets les thèmes de discussion lancés par la CIA.
C’est la guerre chaude. A côté, il y a l’économique. Les fans du
dollar comme la secrétaire au Trésor Janet Yellen aiment noter qu’il
serait très difficile pour l’argent d’un autre pays de remplacer le
billet vert comme monnaie de réserve mondiale. C’est vrai. Mais qui a
dit que le monde devait avoir une monnaie de réserve ? Ce que la Chine,
la Russie et les pays du Sud montrent, alors qu’ils cessent de négocier
des dollars et se débarrassent des bons du Trésor américain, c’est
qu’ils peuvent faire des affaires dans leurs propres devises et qu’ils
le feront, après avoir été témoins des sanctions idiotes de Washington
sur de nombreux pays et également avoir été terrorisés par la
militarisation imbécile du dollar. Ainsi, la majeure partie du monde, à
l’exception de l’Occident, prend maintenant des mesures pour abandonner
financièrement les États-Unis. Le règne du dollar touche à sa fin, et
bientôt nous, Américains, serons confrontés à un avenir radicalement
modifié et incontestablement plus sombre. Tout cela grâce à la stupidité
des gens très au ras des pâquerettes au sommet à Washington, à
commencer par l’administration Clinton.
Quant à l’alliance sino-russe, n’importe qui avec un cerveau
normalement constitué pouvait la voir venir. Mais pas nos membres du
Congrès. Et ceux qui avaient été prévenus d’avance semblent n’en avoir
pas été le moins du monde affectés. Dès 1997, le sénateur Joe Biden a
raconté : « Et puis les Russes me disent : ‘Si Vous continuez à
développer l’OTAN, nous allons nous lier d’amitié avec la Chine’. J’ai
failli éclater de rire. Je pouvais à peine me contenir, j’ai dit ‘Bonne
chance les gars. Si ça ne marche pas avec la Chine, essayez l’Iran’. »
Eh bien, qui rit maintenant? Pas le président américain, qui ne peut
même pas obtenir du dirigeant chinois qu’il réponde à ses appels
téléphoniques. Pas le peuple américain, qui, selon certains sondages
(58%, selon un sondage Reuters-Ipsos en octobre), craint que cette
administration de qui ne jouit d’aucune personnalités exceptionnelles ne
fasse enrager le colosse russo-chinois et ne se retrouve pris dans un
holocauste nucléaire.
Pendant ce temps, le Congrès jette de l’huile sur le feu sur cette
benne à ordures politiques avec sa résolution sur la victoire
ukrainienne. À la Chambre, le démocrate du Tennessee Steve Cohen et le
républicain de Caroline du Sud Joe Wilson ont parrainé ce projet de loi.
Une résolution complémentaire, présentée par les sénateurs – le
démocrate du Connecticut Richard Blumenthal, le chouchou libéral et
démocrate du Rhode Island Sheldon Whitehouse, et le républicain de
Caroline du Sud Lindsay « Bombs Away » Graham – percole maintenant dans
cette chambre du Capitole. Cette législation très malheureuse et
extrêmement provocatrice prescrit « la restauration des frontières de
l’Ukraine de 1991 et l’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN après la fin
de la guerre », selon Daniel Larison dans Responsible Statecraft du 28
avril.
C’est ce qu’on appelle solliciter les ennuis. Parce que ce sont
précisément les points qui ont conduit à l’invasion de la Russie en
premier lieu. Moscou a tenté de négocier la non adhésion de Kiev à
l’OTAN, mais Washington a regardé ailleurs. Et en ce qui concerne les
Russes qui peuplent le Donbass, eh bien, il semblait que l’Ukraine avait
un nettoyage ethnique pour eux sur son calendrier, et l’Occident ne s’y
est pas opposé. La Russie a donc envahi. En bref, le Congrès vante
maintenant activement sa propre recette pour la Troisième Guerre
mondiale nucléaire, puisque c’est ce que l’attente de la victoire
ukrainienne apportera.
La même semaine d’avril, l’OTAN a livré des armes à l’uranium
appauvri à Kiev. À l’est, les États-Unis ont déclaré qu’ils amarreraient
des ogives nucléaires en Corée du Sud pour la première fois en 40 ans,
malgré les promesses de longue date de dénucléarisation de la péninsule
coréenne. Sans surprise, Pékin a réagi avec fureur. L’impitoyable
Washington a-t-il décidé que s’il ne peut pas gouverner le monde, il le
détruira ? Difficile à dire, car il est encore plus difficile de dire
qui contrôle vraiment le navire d’État nord-américain – mais qui que ce
soit, nous avons besoin d’un changement, immédiat, parce que le courant à
l’intérieur du gang de Beltway semble sur le point de couler le navire
au fond de l’océan.
Mais revenons à l’argent. En 2022, « la part en dollars des monnaies
de réserve a glissé 10 fois plus vite que la moyenne des deux dernières
décennies », a écrit Pepe Escobar dans le Cradle le 27 avril.
« Maintenant, il n’est plus exagéré de prévoir une part mondiale en
dollars de seulement 30% d’ici la fin de 2024. » Pour cette catastrophe
économique qui frappe les États-Unis, le blâme incombe carrément à la
Maison-Blanche.
À la demande de l’administration Biden, 7 milliards de dollars
d’argent afghan ont été sanctionnés, c’est-à-dire volés, et 300
milliards de dollars d’actifs russes. Vous ne pouvez pas espérer faire
des bêtises de ce genre sans retour de flamme. Mais la clique Biden
pensait qu’il est réellement possible de le faire, puisque Washington a
sanctionné le bas de laine de tout le monde et même de leur grand-mère à
partir du régime Clinton. La coterie Biden avait tort, cependant. Ils
ont surjoué leur main, et maintenant le dollar est sur son long et lent
chemin pour devenir kaput, alors que nous, Américains, sautillons sur le
chemin où l’on cueille de la primevère vers la pénurie. Selon Escobar,
le déclencheur « a été en février 2022, lorsque plus de 300 milliards de
dollars de réserves de change russes ont été « gelés » par l’Occident
collectif, et tous les autres pays de la planète ont commencé à craindre
pour leurs propres avoir à l’étranger ». C’est un travail de pro de la
Maison Blanche.
Une fois que la part mondiale du dollar est tombée à 30%, il n’est
plus vraiment la monnaie de réserve. Et puis nous, les Américains,
commençons à sombrer dans une mer d’hyperinflation. « La demande
d’obligations libellées en dollars s’effondre lentement mais sûrement.
Des milliers de milliards de dollars américains commenceront
inévitablement à rentrer chez eux, brisant le pouvoir d’achat et le taux
de change du dollar. Il y a là matière d’exploit pour le président qui a
crié « le rouble sera dans les décombres! » Eh bien, ce n’est pas le
cas. Et le pronostic pour NOTRE monnaie n’est pas rose – avec cette
baisse plus tôt que les gros bonnets ou les économistes de Beltway ne
l’avaient prédit.
Il y a cependant un côté positif à cette calamité, à savoir la fin de
l’empire et la restauration possible d’un semblant de république. « La
chute d’une monnaie militarisée finira par briser toute la logique
derrière le réseau mondial américain de 800+ bases militaires et leurs
budgets de fonctionnement. » La chute du dollar pourrait même mettre en
veilleuse le rendez-vous de l’humanité avec l’annihilation nucléaire,
précipitée par les “faucons chinois” du Congrès américain. Nous serons
donc pauvres pendant un certain temps, ici au cœur de l’ancien Empire
Exceptionnel, mais, défiant les mauvaises sorts créées pour nous par nos
dirigeants, nous serons toujours en vie.