« En Marche » premiers dérapages
A peine les ministres nommés, des problèmes surgissent, et le résultat des législatives ne va probablement rien arranger.
Damien Abad doit commencer à regretter d’avoir quitté la présidence de LR, puisqu’il est accusé de viol par 2 femmes.
La justice fera peut-être son chemin, vu les réactions médiatiques récentes, d’autant que, même si dans un 1er temps, les justiciables ont été déboutées, l’article de Médiapart est éloquent, et fait boule de neige avec d’autres médias, obligeant peut-être le gouvernement d'agir.
Les faits reprochés à Abad, sont graves, l’une des plaignantes ayant évoqué l’utilisation d’une probable drogue, avant d’être violée…
Après avoir accepté un dîner avec l’intéressé, elle dit s’être réveillée dans une chambre d’hôtel, la tête lourde et en sous-vêtement. lien
Et quid de Darmanin, pris lui aussi depuis 2017 dans une affaire pour le moins scabreuse... ?
La plaignante évoque la sollicitation qu’elle aurait fait en 2009 auprès du ministre, alors député, dans une affaire de chantage et d’appels malveillants provenant de son ex-compagnon, et, selon elle, sur la base d’une lettre du député, celui-ci aurait fait miroiter son aide en échange de faveurs sexuelles... ce qu’elle aurait accepté.
Darmanin a nié les faits, en expliquant qu’il s’agissait d’une relation consentie. lien
Dans un premier temps, la justice est passée, et a requis un non lieu, en attendant la décision définitive du magistrat instructeur. lien
Mais alors quid de la lettre de celui qui n’était encore qu’un député et qui confirmait noir sur blanc la proposition de celui qui allait devenir ministre de l’intérieur ?
Ce n’est hélas pas tout…
Eric Dupond-Moretti est visé par une plainte pour prise illégale d’intérêt. lien
Avec un tout petit peu de recul on pourrait aussi s’étonner de la nomination à l’agriculture de Marc Fesnau, lequel à signé une tribune de soutien à la chasse à courre, et qui s’est opposé à l’interdiction de l’élevage en cage des poules et des lapins, mais aussi à l’exigence de garantie sur les conditions d’abatage des animaux, étant aussi hostile à l’obligation d’installer des caméras de contrôle vidéo dans les abattoirs.
La nouvelle ministre de l’écologie, Amélie de Montchalin n’est pas en reste, puisqu’elle a voté contre l’interdiction du glyphosate…
Quand à Stanislas Guérini, le nouveau ministre de la fonction publique, c’est lui qui trouvait « tenable » l’objectif de supprimer 120 000 postes de fonctionnaires, et qui est favorable au départ à la retraite à 65 ans.
Et d’autres surprises plus ou moins agréables sont en train de pointer le bout de leur nez à l’horizon des législatives... puisque le principe de la démission d’un ministre s’il perd l’élection continue de s’appliquer, et ils sont une bonne quinzaine de candidats à la députation à se mettre en danger... la 1ère ministre en tête puisqu’elle est candidate dans le Calvados, alors qu’elle est née à Paris...lien
De Brigitte Bourguignon à Olivia Grégoire, en passant par Stanislas Guérini, Olivier Véran, Gabriel Attal, Franck Riester, Clément Beaune, Justine Bénin, Yaël Braun-Pivet, Olivier Dussopt, et ceux déjà cité, ils devront donc démissionner s’ils perdent la législative. lien
ça tombe mal, Olivier Dussopt vient d’être visé par une enquête pour corruption…
Gabriel Attal, Olivier Véran, et Franck Riester n’ayant pas laissé de souvenirs impérissables, sont particulièrement menacés.
Ce dernier a été largement contesté pour son inaction culturelle (lien) et Gabriel Attal, l’ex-porte parole de Macron, trimballe derrière lui une pesante casserole de menteur. lien
Quant à Olivier Véran, sa volonté de répandre un climat anxiogène en temps de crise sanitaire n’a pas laissé un si bon souvenir par sa propension à semer un climat de panique. Lien
Ce n’est pas hélas le plus grave, car ce ministre de la santé a laissé les hôpitaux dans l’état de délabrement que l’on sait.
Comme l’écrit Jade Peychieras dans les colonnes de France Bleu : « le système hospitalier est en train de craquer, d’exploser et risque de s’effondrer d’ici cet été ». Lien
Mais c’est peut être avec Pascal Canfin que la « république en marche » touche le fond.
Ce député européen, que certains internautes taquins ont surnommé « Pascal Baratin », s'affirme écologiste, et vient de dresser un monument de louange à la macronie, lors de l’interview donné le 22 mai sur France Inter.
Rappelant qu’il avait été pressenti par Macron pour entrer au gouvernement, il a préféré garder son poste européen, et il a profité de l’émission « questions politiques » animée par Thomas Snegaroff, Carine Bécard, Nathalie Saint-Cricq et Françoise Fressoz, pour faire « un renvoi d’ascenseur » en règle en faveur du président français et de son gouvernement.
Assurant que les énergies propres ne peuvent pas à elles seules permettre la transition écologique, il a fait une peu raisonnable promotion du nucléaire, oubliant au passage que les EPR sont un fiasco financier, et que les délais de construction sont largement dépassés.
En effet, l’EPR de Flamanville a largement triplé son coût, et alors qu’il devait entrer en service en 2012, il n’est toujours pas opérationnel, même si en haut lieu on nous promet qu’il démarrera en 2023. lien
Or, en principe, la date butoir pour le « zéro émission » est fixée à 2035, donc dans 13 ans, alors que la durée de construction d’un seul EPR est pour l’instant de 20 ans, rendant le scénario de Canfin totalement illusoire, puisque ce n’était qu’en 2003 que le projet de Flamanville a été acté.
En effet, le député européen a rappelé dans l’émission que le Parlement européen doit voter prochainement l’objectif d’une mobilité routière « zéro émission » (donc le tout électrique) d’ici à 2035.
Si l’on considère que 2022 sera la date retenue de projet de construction de plusieurs EPR, ils ne pourraient pas être opérationnels avant 2043...soit largement après la date du « zéro émission »…et à quel prix !
Le gouvernement lui même admet que la mise en service du premier réacteur ne serait pas possible avant 2037, pour un montant de 52 à 56 milliards (pour 6 EPR), (lien) sachant que celui de Flamanville a coûté au moins 21 milliards.
Une simple règle de trois permettrait de penser que le prix des 6 EPR est largement sous-estimé, et qu’il faudrait tabler sur un prix d’au moins 120 milliards, faisant grimper d’autant le prix de l’électricité nucléaire, estimé par la cours des compte à 120 € le MWh. lien
Sauf que si la Cour des Comptes se base sur le prix des EPR estimé aujourd’hui (soit environ 55 milliards) il faudra multiplier au moins par 2 le prix du KW nucléaire.
Ajoutons que la voiture électrique est une technologie qui va générer toujours plus de consommation électrique, sauf que sans les réacteurs promis, et espérés par Macron, ce sera mission impossible, et donc largement contre-productif.
Au cours de cette émission, Canfin a même justifié le refus de la macronie d’interdire la pêche au chalut, expliquant :
« il fallait choisir entre la volonté du lobby de la pêche (de continuer le chalutage ndlr) et la radicalité de l’autre coté (ndlr de ceux qui veulent l’interdire »...et assurant : « nous avons essayé de faire le chemin du milieu ». lien
Comprenne qui pourra…
Comme dit mon vieil ami africain : « quand tu lances la flèche de la vérité, trempe la pointe dans du miel ».
le dessin illustrant l’article est de Sanaga
Merci aux internautes pour leur aide précieuse.
Olivier Cabanel