Hier matin, le pneumologue est venu dans ta chambre. J'étais là depuis 9 H, je voulais assister à cette ponction qui devait te soulager, réguler ton souffle trop rauque, saccadé. Qui nous inquiétait depuis de longs jours. Nous t'avons installée au bord du lit, les jambes pendantes, je te tenais par les épaules, ta tête appuyée contre mon ventre, pendant qu'il prélevait depuis ton dos , dans ton poumon gauche, quasiment un litre et demie de "liquide" coloré, cette saloperie qui t'enlève à la vie, à notre vie. Pour la troisième fois en trente jours! Et je me disais à ce moment précis, en caressant ton cou, en te retenant avec douceur pour que tu ne glisses pas hors du lit, que c'était peut-être, sans doute, la dernière fois que je pouvais te tenir dans mes bras. J'ai retenu mes larmes même si mon cœur explosait de douleur à cette pensée insupportable, et quand la ponction a été terminée, que ta tête s'est détachée de moi pour qu'on t'allonge à nouveau sur ton lit, j'ai trouvé une petite touffe de tes cheveux collée à mon polo, sur ma poitrine, et j'ai eu encore plus mal. Que c'est dur! Ta voix qui faiblit, tes cheveux qui s'en vont....Putain de putain de saloperie de cancer qui s'est attaqué à toi pour te détruire sans pitié, longuement, toi qui n'a JAMAIS causé un tort à qui que ce soit, fut-il le dernier des connards.....Puis en te recouchant, j'ai découvert une autre touffe de tes beaux cheveux encore roux et grisonnants collée contre l'oreiller. Sans doute encore un des derniers effets - le dernier, pour tes cheveux frisés? - de ces chimios de m....., dont je me demanderai toujours ce qu'elles nous auront apporté de bon...... Je doute..... Mais que la vue de ces cheveux m'est douloureuse!
Pour midi, je t'avais préparé un demi avocat, avec des miettes de thon, du citron de TON citronnier, tu as paru te régaler. Le meilleur était à venir, avec les ris de veau préparés par mon beau-frère Alain et Yvette. Un petit festin que tu as paru apprécier. Aujourd'hui, ils reviennent avec du homard. Moi j'apporte une bouteille de vin, quelques gouttes ne devraient pas te faire de mal. Je vais quitter ta maison, cette maison que tu as garnie à ton goût et qui semble te crier de rentrer. Vite. Je vais te rejoindre dans une petite demi-heure. Attends-moi.
Que ce temps est long, dur, sans toi, dans ces murs, ces meubles, cette maison que tu as rendue si douce, si agréable, avec ces millions de petits riens, que tu as marqués dans les moindres détails. Comme seule une femme de goût, un "maîtresse du logis" , une fée comme toi, peut savoir le faire. Avec sensibilité et amour pour deux.
Merci pour ce que tu es, ce que tu as fait avec tant d'amour pour moi, pour notre bonheur. Mais je te le redirai encore....
Merci pour ce que tu es, ce que tu as fait avec tant d'amour pour moi, pour notre bonheur. Mais je te le redirai encore....
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