SAMEDI 9 AOÛT : LA MISE EN BOUCHE DES PABLO MAYORAL
Lot homogène, negro bragado, bien armé, astifino, impression générale de faiblesse. Arènes presque pleines.
Alberto LAMELAS reçoit son beau premier novillo à porta gayola. Bien vite les aficionados décèlent dans le galop une certaine justesse de forces. Deux piques administrées dans les règles, et l'on passe à la suerte de banderilles, chère au garçon, terminée par un quiebro fêté par le public.
LAMELAS entame sa faena par 3 statuaires dans le dos, mais le novillo apprend vite le latin, et le garçon est averti par deux fois, quand la corne caresse sa poitrine. Plusieurs essais à droite, puis à gauche, sans conviction ni dominio, la muleta est sans cesse accrochée, le garçon se découvre, le danger rôde : près deux pinchazos, une demie lame met fin à la vie du beau novillo.
Reçu aussi à porta gayola, le quatrième de la tarde piétine son le torero. Cinq véroniques ponctuées d'une rebolera, et le bicho est mis en suerte. Première pique appuyée, la seconde est plus légère, mais la charge était franche. Comme à son premier, LAMELAS banderille, et casse ses palos pour poser la troisième paire, ce qui "porte" sur le public touriste. Succès garanti.
La faena, elle, sera heurtée, accrochée, décousue, sans un début de lidia authentique. LAMELAS la finira en subissant la pression de son toro, sans pouvoir jamais s'imposer, malgré les cris qui ponctuent chaque passe. Après une entière, l'oreille, bruyamment réclamée, mais minoritaire, sera justement refusée. Merci Marcel.
PAJARES remplaçait "EL PAYO", blessé. Son bel exemplaire noir remate les burladeros, et le garçon étend sa cape pour des véroniques allurées.
La première pique est bien dosée, idem pour la seconde, toro parti depuis le centre. Mais on devine déjà la faiblesse des charges, après le passage des banderilleros, à oublier. La fena ira a menos, fade, le bicho glissant plusieurs fois. Première série droitière templée, les autres seront accrochées.. Quelques essais à gauche, naturelles saccadées, puis nouvelle tentative à droite. Le novillero fait montre de ses limites : ni domination, ni poder, que des passes sans relief, égrenées une à une. Un pinchazo, une entière : silence .
Le quinto est reçu par véroniques, puis place au piquero, qui choisit l'épaule pour loger son fer, avant deux autres piques traseras. La faena debutera par redondos, mais la muleta est constamment accrochée, dès les premières passes. A gauche, mêmes problèmes, et mêmes lacunes. Le "temple" est aux abonnés absents, alors que le bicho possède un fond de noblesse, ce que le garçon semble ne pas voir. A droite encore pour quelques muletazos accrochés, et le toro reste le maître du rond, il conduit le bal, et sa mort interviendra, laborieusement, après trois pinchazos, et une demie. Silence.
C'est Juan Luis RODRIGUEZ qui aura laissé la meilleure impression de cette tarde. Mais tout est relatif. Certainement dû à la noblesse la plus exploitable de ses deux opposants. Il accueille son premier par des véroniques ciselées, les pieds rivés au sol - ce qui devient rare -. Puis place le novillo à quinze mètres du cheval, et la bête charge avec alegria. Quite . Deuxième mise en suerte, le novillo s'élance, mais se retire du peto, seul. Banderilles sin pena ni gloria. Brindis. Et débute la faena, mais le novillo charge peu, ou pas, s'arrête. La muleta est accrochée sans cesse, quelques essais encore, et le garçon décide d'abréger. Un pinchazo, un tiers de lame, sept ou huit descabellos. OUF !!!
Pour le sixième et dernier de la tarde, réceptions par véroniques moyennes, deux piques traseras, banderilles quelconques. L'entame de la faena a lieu depuis les tablas, par des muletazos allurés, genou plié, le torero conduisant son opposant au centre. Première série templée, pecho libérateur, le public est ravi. Nouveaux derechazos suaves, puis tentative à gauche, plaisante. A droite à nouveau, mais le novillo reprend le dessus, malgré les vains efforts de RODRIGUEZ pour renverser la tendance. La muleta est souvent accrochée, la faena s'étire, terne, a menos. Echec. Une entière, un peu sur le côté, oreille réclamée à grands cris et gestes par les peones.
On l'apprendra plus tard: le train d'arrastre renverse un alguazil - le doyen, de 82 ans, SOLDEVILLA père - : Traumatisme crânien . Le blessé se remet . Fin de l'acte 1.
DIMANCHE 10 AOÛT : NOVILLADA DE RASO DE PORTILLA .
CUANDO HAY TOROS, HAY POCOS TOREROS !!!
Arènes presque pleines. Durée : 2H30. Les novillos : lourds, plus puissants que braves, sans doute. De la noblesse inexploitée pour certains. Mansos, avec un fond indéniable de caste. Les novilleros : dépassés, très nettement en dessous des toros.
Mais quelle tarde !!
Le premier exemplaire, pour LAMELAS, est impressionnant: noir, puissant, lourd, un vrai toro, que le garçon reçoit d'une larga afarolada de rodillas.Puis quelques véroniques, et le toro est placé au centre.
Première charge, au trot : la cavalerie est soulevée. Deuxième charge, de loin : pique ratée. Troisième charge, de loin : même chose, la pique est ratée.
Après le numéro habituel des banderilles cassées et posées "al quiebro", LAMELAS débute sa faena aux planches, et dirige les débats vers le centre du ruedo. Mais le toro prend le dessus, et le novillero torée "sur le recul". Le novillo continue de peser tout au long d'une faenita décousue, toutes les séries, droitières uniquement, finissent désordonnées, le novillero est poursuivi, en danger, et le toro avance inexorablement. Après quatre pinchazos et 1/3 de lame dans l'épaule, le toro se couche.
Son deuxième opposant affiche un comportement de manso puissant . Les véroniques sont difficiles. Placé au centre, le toro se lance et renverse la cavalerie. Nouvelle mise en suerte : nouvelle chute! Troisième charge : le piquero est de nouveau secoué. Une quatrième charge sans donner de la pique, et le piquero sort sous l'ovation.
C'est aux banderilles que LAMELAS est pris, piétiné, repris, dans la panique des cuadrillas. Profondément meurtri, affaibli, Il prend les trastos pour une faena que l'on pressent laborieuse, et risquée. Diminué par ses cornadas, dominé par un toro qui a conservé poder et sentido, d'autant que son handicap le met en danger permanent, LAMELAS sera incapable de prendre l'ascendant sur son bicho . Après quelques brèves tentatives avortées de faena, à droite puis à gauche, il prend l'acier pour 7 ou 8 pinchazos, avant une entière libératrice. Pendant que le toro est honoré d'une vuelta posthume, le garçon est dirigé vers l'hôpital de la TESTE.
Juan Carlos VENEGAS reçoit son premier par véroniques agréables, mais le toro semble "chatouilleux" de la corne droite. Plus léger que son prédécesseur, il pousse quand même la monture jusqu'aux planches, une première fois, puis une seconde. Coincé, le piquero peut tranquillement carioquer sous le regard passif du novillero qui laisse faire. A mauvais picador, mauvais peon et demi, et la suerte des banderilles tourne à la charlotade, ce qui nous laise présager d'une triste suite. Effectivement, la faena s'avère vite décousue, saccadée, sans dominio, le novillero se fait même caresser de la corne, et par deux fois, la poitrine. Incapable de mener le débat, il se défend, recule, multiplie maladresses et insuffisances. Après deux pinchazos, il enfonce l'acier dans le dos du toro, qui finit par se coucher. Moment que choisit le peon de brega pour se présenter derrière la tête de l'animal pour le puntiller. Bronca majuscule ! Aplausos à la dépouille du novillo.
Le magnifique quinto, colorado, ojo de perdiz, tout en puissance, est applaudi à sa sortie, comme presque tous ses frères. Il soulèvera TROIS FOIS la cavalerie, et les deux grosses piques reçues n'auront pas raison de sa pelea. Après le désastre banderillero habituel chez la cuadrilla de VENEGAS, la faena débute à gauche. De profil, sans jamais se croiser, si bien que le toro s'avise vite. A droite, essai, échec, puis nouvel essai: rien ne passe. Sans honte aucune, débordé, le garçon prend l'acier, et enfonce un demi fer après trois tentatives pinchées. Il retourne au callejon dans le silence, dépouille applaudie du RASO DE PORTILLA.
Dès sa sortie, l'adversaire de Carlos GUZMAN ira remater aux planches par trois fois, avant de s'aviser. Quelques véroniques à reculons, le toro prend déjà l'ascendant sur le novillero. Puis le garçon finit par se reprendre.
Première pique: la cavalerie est envoyée dans les cordes. Après une seconde charge menée avec entrain, une troisième embestida se ponctue d'une légère pique. Après les banderilles, la faena est superbement conduite au centre par le novillero, genou ployé, muletazos souverains : le public y croit. Mais dès le premier derechazo, la charge s'avère compliquée, dangereuse. GUZMAN se replace, et entame une nouvelle série de 6 derechazos, suivie de naturelles, la dernière accrochée. Puis nouvelle série templée, puis une autre encore, avant de prendre l'acier, pour une demie trasera, avis, et le toro tombera après une trop longue agonie.
Le dernier, beau colorado, lourd, le plus armé, applaudi, lui aussi, va donner du fil à retordre. Il blesse le cheval au cou, d'un puntazo rageur, renverse la cavalerie, et blesse à nouveau l'équidé, qui est emmené hors de l'arène et remplacé illico - Fait très rare, de nos jours - Le toro boite, changement de suerte, rien qui présage du bon. Après les banderilles, le toro semble pourtant bien répondreà la muleta. Mais il donne vite des coups de tête désordonnés - probablement insuffisamment piqué - . Le novillero tente quelques derechazos, quelques naturelles, mais il est rapidement débordé, incapable de résoudre cette trop difficile équation pour son bagage. Il prend l'épée pour une entière, d'effet rapide, et les aficionados, heureux d'avoir assisté à de vraies suertes de piques, regrettent tout de même d'avoir vu gacher des occasions de voir des vraies faenas, faute de novilleros aguerris. Combien uaraient pû s'avérer être de grands toros ? DEUX ? TROIS ? PLUS ?
En résumé, grandes tardes de toros, passionnantes de bout en bout, malgré les carences évidentes de la toreria actuelle; Un grand bravo à l'ADA PARENTIS. Pour la novillada du dimanche, un prix devait être attribué pour la meilleure brega à la pique : les SIX picadors ont été récompensés !! Du jamais vu, ce qui en dit long sur l'aficion de cette placita, de ses dirigeants, et de toute l'équipe.
Bémol : pourquoi voit-on - ou plutôt subit-on - partout les mêmes indéboulonnables "présidents" ? Mauvais à VIC, à RIEUMES, M. Tanguy sévissait aussi à PARENTIS : n' y a-t-il pas d'autres aficionados suffisamment sérieux pour officier aux palcos, à la place de ces "élites" proclamées ou auto proclamées, qui savent si mal compter qu'elles attribuent une récompense à la demande bruyante de minorités ?
Pedrito
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