mercredi 29 mai 2024

 

Le sens de l’histoire et la gestation du socialisme

Franck Marsal a commenté le compte-rendu du Morning star concernant le travaif de Chen Enfu, un marxiste chinois qui fait partie des contributions que nous avons choisi de publier dans le cadre de ce à quoi nous sommes confrontés. La campagne des Européennes a eu le mérite de marquer la présence communiste. Mais cette campagne témoigne de l’état idéologique et politique de la société française, qui correspond à l’état réel du parti après près de trente ans de démission. Le peuple français contemple ébahi le niveau médiatico politique. Cette situation est dangereuse, elle n’a apparemment d’issue que dans la guerre et le fascisme. Il y a la nécessité d’un “travail” de réflexion dont ont un urgent besoin les communistes, on n’ose même plus parler de la “gauche” vu son état alors que nous sommes dans un basculement historique qui nécessite l’intervention populaire dans des formes inusitées. (note de Danielle Bleitrach)

L’économie vulgaire capitaliste se présente comme des concepts hors du temps et de l’espace. On y parle de masses monétaires, de croissance, de taux, sans égard pour la réalité matérielle et temporelle de ce que représente la monnaie, de ce qui doit croître et du temps de vie qui se cache derrière les taux.

Nous sommes tellement plongés quotidiennement dans cette pensée insignifiante que nous en perdons de vue l’essentiel.

Or, l’économie est avant tout constituée par des forces productives, des outils de production et des rapports sociaux, et cela, nous devons, nous aussi marxistes, l’intégrer.

Dans la vie matérielle, on ne peut pas sauter toutes les étapes. Comme chacun sait, une femme fait naître un bébé en 9 mois, mais il n’y a aucun moyen de réunir 9 femmes pour obtenir une naissance en un mois. On le voit aujourd’hui dans la course que mène la Chine pour produire des puces au niveau de ce que font les meilleurs mondiaux, à Taïwan et en Corée : les chinois vont vite, mais ils doivent quand même passer les étapes de finesse de gravure de puces une à une : Ils ont réussi il y a plus d’un an à atteindre les 7 nanomètres (nm), ils sont en passe d’atteindre les 5 nm et ce sera un énorme et long travail encore pour parvenir au sommet actuel des 3 nm .

De même, on ne peut pas, à partir de certains stades de croissance, échapper à la question de la taille critique nécessaire pour les franchir. Car le développement des forces productives au fur et à mesure qu’il s’effectue, devient de plus en plus qualitatif et complexe. C’est la pointe d’une pyramide qui doit s’élargir à sa base pour pouvoir être rehaussée. L’accès aux technologies les plus avancées nécessite l’accumulation de recherches et de développements de plus en plus longs et difficiles, qui doivent ensuite se déployer dans un large système productif, pour permettre de dégager encore plus de ressources pour l’investissement, la recherche et les développements futurs.

Le socialisme permet, et cela est confirmé désormais par plusieurs expériences historiques. L’URSS a été la première, réalisant une croissance économique tout à fait extraordinaire de 1917 à 1960 environ. D’un pays arriéré, autocratique et à peine sorti du servage, elle est devenue la première puissance capable d’envoyer un homme dans l’espace. La Chine fournit au autre exemple. Le Vietnam un troisième.

Mais le socialisme n’est pas une baguette magique. L’URSS s’est considérablement développée. Mais le besoin de développement était encore immense pour rattraper complètement le niveau de vie atteint par des pays qui avait commencé leur industrialisation un à deux siècles plus tôt et qui avaient puisé sans vergogne dans la ressource facile de l’esclavagisme et du colonialisme. Cela mit à rude épreuve l’équilibre des rapports sociaux. Des couches sociales cherchaient évidemment à s’affranchir du socialisme pour se vendre à l’impérialisme et accéder aux “merveilles de l’occident”. On voit bien ces difficultés aussi dans le chemin extrêmement difficile que doit traverser l’économie cubaine. Sur une île isolée, soumise au blocus, le socialisme ne permet pas de fabriquer instantanément du pétrole ni tout un tas de bien techniques indispensables au développement. Cuba est de plus soumis à une torture sadique : les USA font croire à la levée du blocus pendant quelques années, laissant l’espoir d’un développement accéléré et suscitant des investissements ciblés en ce sens, pour mieux le détruire ensuite en tapant exactement là où cela fait le plus mal. Cuba lutte sans relâche, mais dans ces conditions, le chemin est long et ardu.

La direction communiste chinoise a remarquablement analysé toutes les expériences et tiré parti de sa situation unique pour accélérer le développement et devenir aujourd’hui le premier centre industriel planétaire. Plusieurs générations de chinois ont dû faire des sacrifices énormes pour y parvenir, travaillant sans relâche, et le gouvernement chinois lui-même s’est concentré exclusivement sur cet objectif, lissant tout ce qui pouvait l’être, n’usant quasiment jamais de son droit de veto au Conseil de Sécurité de l’ONU et rétablissant largement une économie de marché capitaliste favorable aux investisseurs étrangers. Ils ont envoyé des millions de leurs jeunes apprendre dans les universités étrangères, et les ont fait revenir. Les meilleurs d’entre eux dirigent désormais en Chine des laboratoires de premier rang mondial. Ils ont étudié toutes les industries minutieusement. Ils ont accepté de commencer leur développement pas les industries les plus ingrates et les moins rémunératrices, comme le textile ou les jouets en plastiques, puis ont remonté pas à pas ce que les économistes bourgeois appellent les chaînes de valeur. Ils ont commencé à développer quelques régions côtières en “zone franche”, puis ont progressé par cercles concentriques pour intégrer l’ensemble de leur vaste pays à ce processus. Ils arrivent aujourd’hui au sommet dans bien des domaines et ne peuvent plus être rattrapés.

Mais ils savent que pour continuer à se développer, la surface économique sur laquelle opèrent les forces productives doit encore s’élargir. C’est tout le sens des routes de la soie, qui ne vise pas seulement à acheminer des produits en Europe, mais à transmettre ce processus de développement à l’ensemble des pays voisins, à permettre enfin aux milliards de travailleurs du “Sud global” d’accéder au développement économique et industriel et de sortir du sous-développement dans lequel l’occident libéral les avaient enfermés. Ce processus là non plus ne peut désormais plus être arrêté.

Et le socialisme ?

Le secteur capitaliste chinois est un pan de l’économie socialiste de marché, et il est sous contrôle de celle-ci, comme on l’a vu avec la remise dans le cadre d’un certain nombre de dirigeants et le nettoyage encore en cours du secteur immobilier. L’économie chinoise a encore grand parti à tirer de son insertion dans le marché mondial, y compris les marchés de l’occident impérialiste et comme le soulignent les dirigeants chinois, la rupture des chaînes logistiques internationales serait une catastrophe économique mondiale.
Mais il me semble que la propriété socialiste se développe naturellement dans un tel contexte même si on manque de chiffres. On voit bien en tous cas que l’investissement public progresse alors que dans nos pays capitalistes, il régresse constamment et ne parvient plus que difficilement à assurer le maintien de nombres d’infrastructures clés.

Mais la logique du développement entrepris par la Chine, à l’opposé sur ce plan de ce que l’URSS (dans son contexte propre) avait réalisé, c’est qu’il s’agit d’un développement du socialisme intégré dans l’économie mondiale développée. Ce n’est plus un camp socialiste en course de vitesse avec un camp capitaliste. La question qui nous est posée, la transition vers le socialisme est posée au niveau mondial, avec une locomotive chinoise, certes, mais avec tous les wagons derrière, dont un certain nombre ont actionné les freins pour essayer de se détacher ou de faire dérailler la machine. Les capitalistes dominant de l’occident sont prêt à ralentir au maximum le développement économique et social, voire à faire basculer le monde dans la régression guerrière pour retarder l’émergence globale du socialisme.

L’idée qu’il suffirait que la merveilleuse Chine établisse le socialisme et montre un tellement bel exemple que nous n’aurions plus qu’à dire : “regarder, faisons pareil”, est une idée à oublier. Cela ne peut pas se passer comme cela. Il faut encore constituer une masse suffisante de pays qui se mettent dans le bon sens du développement, de la coopération internationale équitable et saine, renverser la domination impérialiste mondiale pour rehausser ensuite étapes par étapes le standard mondial de socialisation dans la production.

La clé aujourd’hui pour nous, c’est donc de ne pas renvoyer dos à dos la Chine et les USA, mais au contraire de montrer qu’il y a là deux voies: celle du développement commun et celle de la domination intéressée. Ce qu’il faut rejeter, c’est la logique de blocs opposés. L’avenir est encore et toujours à la coopération internationale, sur la base du respect mutuel et de l’avenir partagé de l’humanité. C’est de dire que l’UE ne peut en aucun cas être une voie propre, encore moins un troisième bloc. D’abord, car elle est depuis toujours le cheval de Troie des USA. Ensuite et surtout parce que la question n’est pas de constituer un bloc autonome mais de s’unir avec le monde qui nous entoure, pour le développement et avec tous ceux qui le portent et donc avec les BRICS.

Franck Marsal

mardi 28 mai 2024

 

L’éclat de Colette, romancière qui privilégiait le corps sur l’esprit

Deux nouvelles traductions de ses romans Chéri et La fin de chéri dressent habilement son portrait dévastateur de la beauté, de la séduction et des ravages du temps. En outre découvrir que la littérature n’a pas grand chose à voir avec la morale mais beaucoup avec une lutte impitoyable arbitrée par les sens, n’est pas sans signification aujourd’hui. On pense à Jane Fonda découvrant avec stupéfaction qu’il est impossible de boire une coupe de champagne à la télévision française, cela dit beaucoup sur l’esprit de ce qu’une Amérique jadis contestataire, désormais “démocrate” en jouant à se faire peur avec Trump croit venir en France retrouver les combats de sa jeunesse, mais elle-même n’ose plus chercher la force des dits combats contre le maccarthysme, face au Vietnam, se souvient seulement des “polissonneries”, la nature de la déception dit ce que chacun est devenu. Le palmarès de Cannes dit cela à sa manière… On mesure mal ce que l’on est en train de faire de la France, en profondeur en interdisant non seulement le matérialisme, la revendication à un autre monde, mais en inventant des rebellions caricaturales de la mondanité petite bourgeoise. Colette est effectivement au carrefour de tout cela… (note et traduction de Danielle Bleitrach histoireetsociete)

Par Michael LaPointe15 novembre 2022

Portrait en studio de Colette en 1960

Photographie par Irving Penn / © La Fondation Irving Penn

En juin 1932, un salon de beauté a ouvert ses portes dans le huitième arrondissement de Paris. Son intérieur Art déco évoquait une clinique médicale – bien que très chic – et ses comptoirs en verre présentaient une nouvelle ligne de rouges à lèvres, de parfums et de crèmes. Lors de l’inauguration, le public a découvert un spectacle extraordinaire : l’esthéticienne d’âge moyen qui se refait une beauté était largement considérée comme la plus grande styliste de prose de France. Les produits portaient son nom, Colette. L’auteure de cinquante-neuf ans a déclaré qu’elle lançait la ligne pour sauver les femmes des ravages du temps : « Je sais si bien ce qu’il faut répandre sur un visage féminin terrifié, si plein d’espoir dans son déclin. »

La beauté physique a toujours été importante pour Colette. Elle privilégiait le corps sur l’esprit – comme le suggère le titre de l’excellente biographie de Judith Thurman, « Secrets of the Flesh » – et elle croyait qu’il était essentiel de se concentrer sur le physique pour écrire « comme une femme, sans rien de moralisateur ou de théorique ». Fait inhabituel pour une femme de son époque, Colette a adhéré à un régime d’entraînement régulier et elle a été l’une des premières à adopter le lifting, luttant contre chaque incursion du temps. Son art reflétait la lutte. Dans deux de ses livres les plus célèbres, « Chéri », de 1920, et « La fin de Chéri », de 1926 – dont les deux apparaissent cette année dans deux nouvelles traductions anglaises en un seul volume, par Rachel Careau et Paul Eprile – le temps est le grand antagoniste. Colette écrit sur la peau de ses personnages pour raconter leur malheur.

Née en Bourgogne en 1873, Sidonie-Gabrielle Colette a commencé à se faire appeler par son nom de famille alors qu’elle était encore enfant, imitant la façon dont les hommes utilisaient les patronymes pour imposer le respect. Son père était un ancien capitaine militaire amputé d’une jambe ; il fit relier et intituler ses mémoires en douze volumes, mais, après sa mort, on découvrit qu’il ne contenait que des pages blanches. La mère de Colette était la véritable force de la famille, une femme avant-gardiste qui considérait tous les maris comme idiots et glissait des pièces de théâtre dans son missel à l’église, afin d’avoir quelque chose de bon à lire. À l’âge de quinze ans, Colette portait ses cheveux en longues tresses en forme de fouet. Elle avait l’intimité d’une fille provinciale avec la nature, un enracinement dans tout ce qui était physique, matériel, sensuel qui façonnera plus tard son style.

Peu après son arrivée à Paris, en 1893, Colette se coupe les cheveux courts et commence à s’habiller de manière androgyne, parfois en uniforme de marin. Elle épouse la célébrité littéraire Henry Gauthier-Villars, un prédateur de la rive gauche qui ignorait béatement qu’il n’était pas le génie de la relation. Il employait une équipe d’écrivains fantômes qui produisaient des romans, de la poésie et des critiques sous de nombreux noms, dont « Willy » ; c’est sous ce nom que Colette, en 1900, publie « Claudine à l’école ». Déguisés en journal intime d’une jeune femme, le roman et ses suites ont assuré la renommée de Colette, en partie grâce à la qualité de leur écriture et en partie parce que le public, qui avait appris l’existence de l’étrange et belle auteure des titres, lui a attribué tous les aveux éhontés de Claudine. Colette ne fit pas grand-chose pour les désabuser. Elle divorce de Gauthier-Villars, vit ouvertement dans une relation lesbienne et travaille comme actrice de théâtre, dénudant scandaleusement sa poitrine dans une pièce intitulée « La Chair ». En 1912, elle se remarie, cette fois avec Henry de Jouvenel, rédacteur en chef du quotidien Le Matin.

Portrait en studio de Colette Henry GauthierVillars et son chien.
Colette pose en costume sur une chaise avec une cigarette.

Derrière le spectacle public, l’artiste travaille d’arrache-pied. En plus de produire des romans, Colette a été journaliste, couvrant les lignes de front de la Première Guerre mondiale et rédactrice littéraire au Matin, où elle a donné à de nombreux jeunes écrivains leurs premières chances. (Son conseil à Georges Simenon après avoir lu ses premières histoires : « Il ne faut pas faire de littérature. Pas de littérature ! Supprimez toute la littérature et cela fonctionnera ». Elle écrivait en dix heures, retravaillant obstinément chaque ligne, et produisit probablement une cinquantaine de livres. (Janet Flanner en compta soixante-treize.)

Le personnage de Chéri apparaît pour la première fois dans une série d’histoires que Colette donne au Matin en 1911 et 1912. Dans beaucoup de ces pièces, il est peu attrayant, incertain et peu aimable – pas idéal pour un traitement de la longueur d’un roman. Mais Colette l’a rendu beau. Dans « Chéri », chacun de ses traits est séduisant, de « l’arc exquis de sa lèvre supérieure » à ses « sourcils sataniques ». (Je cite la traduction de Careau, que je préfère légèrement à la version maigre et lucide d’Eprile, ne serait-ce que parce que Careau semble plus à l’aise avec les rythmes syncopés de Colette et sa diction parfois archaïque.) Son prénom, apprend-on, est Fred Peloux. Il a été élevé par sa mère, une courtisane qui a amassé une fortune avant de se retirer de son labeur sensuel. « Tour à tour oublié et adoré », Fred a grandi dans un milieu de « beautés de cinquante ans, de ceintures amincissantes électriques et de crèmes anti-rides ». Sa connaissance du monde extérieur est limitée, mais, comme son auteur, il peut lire un visage avec expertise, enregistrer chaque mimique et évaluer sa contribution à l’effet global.

Fred a reçu le nom de Chéri de son amante, Léa de Lonval, une courtisane de quarante-neuf ans qui l’a connu toute sa vie et l’a séduit vers l’âge de quatorze ans, après une brève saison de toilettage en Normandie, au cours de laquelle elle l’a bourré de fraises et de crème et lui a fait prendre des cours de boxe. Léa a le pouvoir de l’expérience, Chéri a le pouvoir de la jeunesse, et leur liaison est un concours pour voir lequel est le plus vital. (Même leur premier baiser ressemble à un combat, les deux ne se désengageant que pour se jauger « comme des ennemis ».) Comme sa mère, qui sape tous ceux qu’elle rencontre, Chéri est toujours prêt à faire une remarque cinglante. Mais Léa absorbe ses commentaires avec aplomb et, lorsqu’il sent la futilité de ses moqueries, il s’excuse servilement. C’est ainsi qu’elle l’aime le plus : « rebelle, puis soumis ». Ils se disent tous les deux que cette compétition sans fin définit l’étendue de leur affection.

Au début de « Chéri », les amants sont au bord du changement. Nous sommes en 1912 et Fred, maintenant dans la vingtaine, s’est fiancé. Il fait un mariage raisonnable avec une jeune femme nommée Edmée, et lui et Léa doivent donc se séparer. Ce genre de chose est arrivé à Léa d’innombrables fois, mais quelque chose est différent chez Chéri. Dès qu’il est parti, elle ressent un chagrin mystérieux. Son premier réflexe est d’en rire comme d’une de ses insultes : « Donnez-moi une douzaine de ces chagrins, afin que je perde deux livres ! » Cela ne fonctionne pas. Consternée par elle-même, elle se rend compte qu’elle était vraiment amoureuse de son « méchant bébé ». La pause s’avère tout aussi difficile pour Chéri. Choyé d’abord par sa mère, puis par Léa, il s’ennuie de sa jeune femme inexpérimentée et n’a rien à lui offrir. Il passe ses nuits loin de chez lui, vivant la vie d’un célibataire et se languissant de son amante plus âgée.

Léa quitte Paris en prétendant qu’un homme l’enlève alors qu’en fait elle voyage seule. La nouvelle parvient à Chéri, qui attend jalousement son retour. Finalement, la nuit vient, mais leurs retrouvailles sont un supplice ; Léa et Chéri n’ont jamais appris à être ensemble en tant que vrais amants, seulement en tant que rivaux, et bien que chacun d’eux ait réalisé séparément son amour sincère pour l’autre, ils ne peuvent pas l’admettre, même à eux-mêmes. Il y a quelque chose de particulièrement douloureux à regarder deux personnes jouer parfaitement leur rôle alors qu’elles ne devraient pas jouer du tout. Finalement, ils s’abandonnent à la « joie terrifiante » du sexe, et Léa est rajeunie par des rêves d’avenir ensemble ; mais, le matin, quelque chose se casse. Elle redevient sa mère porteuse, et Chéri lui dit, avec une pique qui atterrit finalement : « Avec toi… Je resterais très probablement à l’âge de douze ans pendant un demi-siècle. Léa se rend compte qu’elle s’est accrochée à lui trop longtemps, comme « une maman dépravée ». Rassemblant tout son courage et refusant de le laisser gagner le dernier tour, elle lui ordonne de retourner auprès de sa femme. Notre dernière vue de Chéri est celle de lui fuyant la maison de son amante trop âgée, « comme un évadé ».

Colette tient un ustensile d’écriture.

« Chéri » se vend à trente mille exemplaires à l’automne de sa première année et inspire à André Gide d’envoyer une lettre d’éloges à Colette. (« Je parie que la seule rave que vous ne vous attendiez pas à recevoir était la mienne », a-t-il écrit.) Entre la publication en feuilleton de ce roman et la publication de sa suite, Colette, dans un cas troublant de vie imitant l’art, a séduit son beau-fils de seize ans, Bertrand. « J’ai inventé Léa comme une prémonition », écrira-t-elle plus tard. Tout comme Léa a préparé l’adolescent Chéri, cette maman dépravée a appris à Bertrand à nager, lui a donné des repas copieux et lui a pris sa virginité.

La liaison a duré environ cinq ans, à la fin desquels Colette a commencé à écrire « La fin de Chéri ». Lorsque nous reprenons l’action, nous sommes en 1919 et Chéri est revenu de la guerre. Sa femme, Edmée, est devenue une femme indépendante qui dirige un hôpital pour soldats blessés et est amoureuse du médecin en chef. Le mariage de Chéri et Edmée est sexuellement aride, orienté autour de l’argent et des apparences. « Je n’ai rien à craindre d’elle », réfléchit Chéri, « pas même l’amour. » Affligé par la nostalgie du monde de sa jeunesse, il se sent en désaccord avec la société en temps de paix. Des Parisiens énergiques construisent des entreprises le jour et dansent jusque tard dans la nuit, mais Chéri est dégoûté par « les jeunes veuves de guerre qui réclamaient de nouveaux maris, comme des victimes de brûlures réclament de l’eau fraîche ». Il s’est aliéné même de son propre corps. Se regardant dans un miroir, il se demande « pourquoi cette image n’était plus strictement l’image d’un jeune homme de vingt-quatre ans ».

Assailli par le changement, il s’attarde sur une image permanente : Léa. Elle a maintenant une soixantaine d’années, un nombre d’années qu’il trouve « invraisemblable » : « Qu’y avait-il de commun entre Léa et la maladie, Léa et le changement ? » Il le découvre bientôt ; La pièce maîtresse de cette suite plus sombre est une autre réunion atroce. Chéri retrouve Léa chez elle. Il remarque son « dos large » et « le rouleau de chair granuleux à la nuque sous des cheveux gris vigoureux et épais », et ses bras, « comme des cuisses rondes », qui pendent « à l’écart de ses hanches, soulevés par leur circonférence charnue sous ses aisselles ». Si la Léa de « Chéri » était terrifiée par le vieillissement, elle est maintenant le modèle de l’acquiescement : « J’aime mon passé. J’aime mon cadeau. Je n’ai pas honte de ce que j’avais, je ne suis pas triste de ne plus l’avoir. » Une partie de l’éclat de la scène est que nous percevons Léa à la fois à travers les yeux horrifiés de Chéri, qui la considèrent comme ayant complètement abdiqué la féminité, et à travers les nôtres, qui admettent une certaine admiration pour cette femme satisfaite, bavardant joyeusement et fréquentant les restaurants. Elle est peut-être ennuyeuse et bourgeoise, mais elle est en bonne santé et fière, beaucoup plus que ce qui semblait probable à la fin de « Chéri ». C’était son méchant enfant qui était en danger depuis le début. Le repli de Léa dans « une sorte de dignité asexuée » a mis fin à son dernier espoir. Maintenant, l’avenir est impossible, le présent est révoltant et le passé a péri sur le double menton de Léa. Presque comateux de nostalgie, Chéri s’enfonce dans une spirale vers la fin promise du titre.

Pourquoi Colette n’a-t-elle jamais été aussi populaire auprès des lecteurs américains ? William H. Gass a suggéré que c’était parce que les Américains, « bien qu’ils connaissent un peu le sexe… préfèrent ne pas connaître la sensualité. » Lydia Davis, dans son introduction à la traduction de Careau, se demande si cela a quelque chose à voir avec le fait que Colette soit une femme, et « une femme réputée pour écrire principalement sur l’amour ». Il semble également possible que la vie scandaleuse de Colette, qui a contribué à la rendre célèbre en France, n’ait pas les mêmes vertus ici. C’était une figure compliquée et contradictoire, une icône de la libération qui a dit un jour que les suffragettes méritaient « le fouet et le harem », et une alliée des marginalisés qui a publié dans des revues collaborationnistes tout au long du régime de Vichy. Sa liaison avec Bertrand peut inspirer une sorte d’admiration devant son audace et son appétit, mais il n’est pas anhistorique de la qualifier d’abusive, même si Bertrand, de l’avis général, y repense avec tendresse. L’une de ses amantes ultérieures, Martha Gellhorn, a noté que Bertrand « l’a adorée toute sa vie », ajoutant : « Il n’a jamais compris quand il était en présence du mal ». (Gellhorn semble aussi avoir pensé à l’interview amicale d’Adolf Hitler qu’il a publiée en 1936.)

Dans un texte de présentation pour la traduction d’Epile, Edmund White dit que Léa et Chéri « sont les arguments les plus convaincants que je connaisse contre le politiquement correct dans la fiction ». Condamner la séduction des mineurs ne me semble pas politiquement correct, mais il est vrai que le monde de ces romans n’est pas vraiment éthique ou moral. C’est un univers physique impitoyable, lié par les sens. Là, le lien entre les deux amants est, comme le dit Léa, « la chose la plus honorable que nous possédions », et il est finalement détruit par la seule chose plus puissante que la beauté, le désir et l’amour : le temps. Colette elle-même fut obligée de se rendre. « Je suis complètement dégoûtée », a-t-elle dit à un ami, après avoir reçu un diagnostic de polyarthrite rhumatoïde aux hanches, la maladie qui la rendrait invalide. La vieille Colette est forcée d’accepter les humiliations de l’âge, mais des victoires d’arrière-garde sont encore possibles. Avant de mourir le 3 août 1954, elle a donné à sa femme de chambre quelques dernières instructions. « Les gens ne doivent pas me voir quand je serai morte », dit-elle, refusant à son vieil ennemi cette dernière vengeance. ♦

Favoris du New Yorker

Inscrivez-vous à notre newsletter quotidienne pour recevoir les meilleures histoires du New Yorker.Michael LaPointe est écrivain à Toronto. Son premier roman est « The Creep ».Plus:LivresColetteTraductionsLittérature françaiseVieillissemen


 

Zelensky n’est plus le président légitime de l’Ukraine – Poutine

Partout qu’il s’agisse de Gaza, de Cuba, de Taïwan ou de l’Ukraine, l’OTAN, l’UE et les États-Unis nient le droit international, ce qui est paradoxal est qu’ils le font au nom de la démocratie. Là aussi on assiste à la manière dont le système utilise contre lui-même ce sur quoi parait fondée son hégémonie, la plupart des institutions qu’il a imposées pour perpétuer sa domination. Qu’il ne se trouve pas une seule force politique en France capable de poser au parlement des questions de cet ordre et d’énoncer les FAITS soulignés ici, dit l’état de notre propre démocratie. Que ce soit par conviction ou parce que l’on sous-estime l’opinion publique, le fait est que nous entretenons des illusions qui ne peuvent que renforcer l’extrême-droite tout en nous menant vers la guerre. (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

27/05/2024

24 mai 2023

Le mandat constitutionnel de Volodymyr Zelenesky en tant que président de l’Ukraine a expiré le 21 mai. Le dirigeant a annulé les élections prévues pour mars ou avril en novembre dernier, affirmant qu’il était « totalement irresponsable » de discuter de telles questions dans le cadre du conflit en cours avec la Russie.

La légitimité du président Zelensky a expiré et la Russie partira de ce fait, a déclaré le président russe Vladimir Poutine.

« Bien sûr, nous sommes conscients que la légitimité de l’actuel chef d’État [de l’Ukraine] a pris fin », a déclaré Poutine lors d’une conférence de presse à Minsk vendredi après des entretiens avec le président biélorusse Alexandre Loukachenko.

Poutine a recommandé à tous ceux qui cherchent des réponses concernant le statut juridique de Zelensky de se tourner vers la Constitution ukrainienne – qui n’autorise pas la prolongation artificielle de son mandat présidentiel sous prétexte de la loi martiale.

Loukachenko a fait écho à l’évaluation de Poutine, affirmant qu’« il n’y a pas et ne peut pas y avoir d’intégrité juridique » sur cette question.

« Tout de même, je crois que ni le président actuel ni le futur ne peuvent résoudre les grands problèmes auxquels sont confrontés l’État et le peuple ukrainiens. Ces questions ne seront pas résolues par les présidents. Vous savez qui les décidera. Beaucoup de choses ont déjà été décidées à l’étranger, et ce qui ne l’a pas été sera décidé plus tard », a déclaré Loukachenko.

Le président biélorusse a ajouté qu’il y avait beaucoup de gens en Ukraine, tant dans l’armée que parmi les civils, qui aimeraient diriger le pays, et « d’une nouvelle manière, [soit] vers la guerre, soit contre la guerre ».

Un Zelensky provocateur a rejeté les questions sur sa légitimité de la part de ses détracteurs en Ukraine et des « partenaires » occidentaux de Kiev. “Mon mandat de cinq ans n’est pas encore terminé. Il se poursuit en raison de la loi martiale », a déclaré Zelensky à Reuters mardi.

Le président du parlement ukrainien, Ruslan Stefanchuk, a averti mercredi que Kiev considérerait quiconque doute de la légitimité de Zelensky comme des « ennemis de l’Ukraine » et des « mangeurs politiques de base ».

Poutine a souligné lors de la conférence de presse de vendredi que la Russie restait prête à reprendre les négociations de paix avec l’Ukraine, y compris sur la base des projets d’accords signés lors des pourparlers en Biélorussie et en Turquie au printemps 2022, mais en tenant compte des réalités actuelles sur le terrain.

Si et quand ces négociations reprendront, « nous devons être totalement convaincus que nous avons affaire à des autorités légitimes. Cette question doit trouver une réponse en Ukraine même. Tout d’abord, je crois, de la position du parlement, de la Cour constitutionnelle, de certains autres organes gouvernementaux”, a déclaré Poutine.

Quant aux prochains « pourparlers de paix » en Suisse prévus pour la mi-juin, auxquels la Russie n’a pas l’intention d’assister, Poutine a suggéré qu’ils constituaient un effort des parrains du régime de Kiev pour conférer une légitimité à Zelensky maintenant que son mandat légal en tant que président est expiré.

L’administration Biden n’a pas encore commenté publiquement la question du statut de Zelensky. Cependant, la Commission européenne et la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, ont assuré mardi qu’il était légitime.

« Il est impossible d’organiser des élections dans une telle situation », a déclaré le porte-parole de la Commission européenne, Peter Stano, aux journalistes. « Nous (dans l’UE) n’avons aucun doute sur le fait que le président de l’Ukraine est Volodymyr Zelensky. »

L’implication de la Russie dans la guerre par procuration avec l’OTAN en Ukraine n’a pas interféré avec sa capacité à organiser des élections, avec un scrutin présidentiel tenu en mars dernier, et impliquant toutes les personnes ayant le droit de voter, y compris les soldats au front. Des élections régionales ont eu lieu en septembre 2023.

Volodymyr Zelensky est entré en fonction en tant que président de l’Ukraine en mai 2019 sur une plate-forme qui comprenait la normalisation des relations avec la Russie et la fin du conflit dans le Donbass. L’ancienne star du showbiz et comédien a abandonné ces plans en décembre 2019 face aux manifestations de rue menaçant de renverser son administration en raison de sa volonté d’accepter de mettre en œuvre les accords de Minsk. Il n’a fait aucune mesure supplémentaire vers une résolution pacifique de la crise par la suite, et a plutôt tenté de faire avancer l’Ukraine vers l’adhésion à l’OTAN – l’un des éléments clés du coup d’État de l’Euromaïdan de février 2014 qui a déclenché la crise actuelle.

lundi 27 mai 2024

 

Connectés à des machines, nous sommes de plus en plus déconnectés de la nature...Rosemar blog Agora Vox

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Nous possédons tous ordinateur, smartphone, et pour certains, d'autres objets connectés... nous passons de plus en plus de temps devant des écrans... tant de temps que nous en oublions l'essentiel : toutes les beautés et toutes les merveilles de la nature...

 

Une nature que nous malmenons à tort et à travers : pollution des sols, de l'air, pollution des fleuves, des océans, des mers, extinction de certaines espèces...

Une nature si belle pourtant, mais enfermés dans nos blocs de béton devant des écrans, nous ne la voyons même plus et nous la négligeons.

 

Connectés à des machines, de plus en plus nous sommes déconnectés de la nature...

Nous sommes de moins en moins sensibles aux chants des oiseaux, au déroulement des saisons, aux splendeurs de ce monde...

Il nous faut retrouver "une alliance avec la forêt, l'océan, les champignons qu'on va aller cueillir, et la rivière où l'on se baigne. Avec les chamois qu'on surprend en passant la crête et l'empire inouï de ce qui pousse quand on en prend soin... retrouver ce bonheur exigeant d'accorder nos attentions croisées à tout ce qui vit... en être émerveillés, et bousculés, et nourris... retrouver une vitalité transversale que tout être sait déployer à sa manière. Manger le soleil comme un arbre, croire aux fauves, plonger en pleine mer et habiter en oiseau.", comme l'écrit si bien Alain Damasio dans son ouvrage Vallée du Silicium.

 

Et il rajoute : "Je critique la technologie parce qu'elle nous dévitalise en nous donnant l'illusion de faire plus de choses... qu'on fait pourtant moins bien. Je la critique parce que j'ai la conviction que ce qui a forgé la noblesse de notre humanité a tenu à cette confrontation constante (que nous n'avions jamais esquivée jusqu'à peu) avec l'altérité : l'altérité du minéral et des formes de vie, si multiples, celle de l'étranger qu'on apprivoise, et du phénomène inconnu qu'on va finir par décrypter, l'altérité radicale de la mort, du dehors et de l'incompréhensible."

 

Nous cédons ainsi trop souvent à la tyrannie du divertissement que nous offrent les écrans... Les conséquences sont terribles : addiction, abêtissement, inculture, isolement, obésité...

 

"Notre modernité technique est à l'inverse de l'altérité, c'est l'empire de l'identique. Home est son biotope. Elle a fermé la porte et allumé les lumières. Elle a mis sous nos fesses des sofas. Tout est contenu et appli, tout sonne réplique et copie, du pareil au mime, et puis du mime au même, et puis du même au mème...", écrit encore Alain Damasio.

 

Ouvrons nos portes et nos fenêtres ! Retrouvons le bonheur de toutes les splendeurs du monde !

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Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/2024/05/connectes-a-des-machines-nous-sommes-de-plus-en-plus-deconnectes-de-la-nature.html

 

Le sionisme aurait-il pris en otage la politique internationale des États-Unis ?

27 Mai 2024 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #GQ, #États-Unis, #Impérialisme, #Asie occidentale, #L'Europe impérialiste et capitaliste, #Théorie immédiate, #Ce que dit la presse

L'AIPAC, le lobby sioniste officiel américain

L'AIPAC, le lobby sioniste officiel américain

Le sionisme aurait-il pris en otage la politique internationale des États-Unis ?

Loin d’être un simple porte-avion insubmersible placé au Moyen Orient par l’impérialisme américain, comme Tai Wan en Mer de Chine, Israël aurait-il pris le contrôle des États-Unis ?

Comme il ne pourrait exercer une telle influence que par l’intermédiaire du lobby juif états-unien, la réponse possible à cette question est liée au tabou du rôle politique des juifs en Occident.

S’il est vrai que la simple masse respective des États en cause rend l’hypothèse improbable, le fait qu’il soit fort difficile de formuler cette hypothèse sans être diabolisé introduit le soupçon que ce soit effectivement le cas. Suivant l’adage attribué à Voltaire : « si tu veux savoir qui a le pouvoir, regarde qui tu n’as pas le droit de critiquer ».

Alors revenons sur ce tabou.

Il existe un préjugé populaire : les juifs sont plus intelligents et plus riches que les autres – exprimé quand on ose le faire avec une pointe de jalousie.

J’ai le regret de le dire, mais ce préjugé a toutes les chances de refléter la réalité. On ne trouvera pas facilement, à cause du tabou justement, les données statistiques précises pour le confirmer, mais c’est l’évidence même.

Il est en effet évident que les juifs qui représentent au grand maximum 2% de la population de l’Occident (Israël compris, 20 millions environ sur un milliard) y possèdent plus de 2 % du capital, occupent plus de 2% des hauts postes de responsabilité, et représentent plus de 2% des célébrités de l'art, de la science, de la culture et de la politique.

En Occident depuis un siècle les juifs ont réalisé une ascension sociale rapide et générale, qui les place maintenant presque tous dans la bourgeoise, et plutôt dans sa tranche supérieure (ce qui n’était pas du tout le cas avant 1945 à l’époque où les préjugés antisémites étaient monnaie courante et acceptés dans la culture commune, et constituaient le fond de commerce de la démagogie électorale de la droite et du fascisme).

Or si les juifs sont d’une manière générale plus riches et plus intelligents que les autres, il va sans dire qu’ils sont aussi plus influents.

Voilà donc profané le tabou et révélé le secret de polichinelle qui obsède les esprits dans nos sociétés libérales et dites démocratiques. Vous voyez que ce n’était pas si difficile.

Maintenant cette influence est-elle illégitime, relève-t-elle d’un privilège immérité ? Oui et non.

Non parce que la réussite scolaire et la manifestation du talent individuel sont les seules sources de légitimité pour les « distinctions sociales » comme l’écrit la Déclaration de Droits de l’Homme de 1789, admises par la bourgeoisie depuis 1789 comme ses Tables de la Loi, et comme les juifs ne manquent ni de diplômes ni de talents reconnus, on peut dire qu’ils jouent loyalement le jeu de la méritocratie.

Mais elle perd rapidement sa légitimité et se dégrade en privilèges indus lorsque cette situation se reproduit sur deux ou trois générations, quand la prospérité acquise par le talent se mue en rente financière ou culturelle héritée, ce qui est considéré dans le langage démocratique comme un abus, au moins par l'aile gauche de l'idéologie bourgeoise ; et d’ailleurs cette rente, comme le font toujours les rentiers, s'investit dans le contrôle du territoire, par les investissements immobiliers, et sur un autre plan par la création nouvelle pour cette communauté ethnico-religieuse, en rupture avec ses meilleures traditions, d'un territoire national propre, situé comme on sait en Palestine.

A cause du sionisme, la culture juive qui était exempte du chauvinisme national qui affligeait les autres cultures bourgeoises a subi une sacrée baisse de niveau, comme en témoignent les fuites en avant dans la démesure et les déclarations hystériques des dirigeants politiques actuels en Israël et dans la diaspora.

La question de l’influence des juifs est donc une question interne à la bourgeoisie : ce groupe ethnico-religieux fait de l’ombre aux autres, et fait de l’ombre aussi aux représentants des classes populaires – et des autres minorités - qui veulent emprunter l’ascenseur social.

Comme dans les années 1930 quand l’apparition soudaine d'étudiants en médecine juifs a semé la panique dans la faculté où jusque-là les clientèles et les sinécures familles se transféraient tranquillement d’une génération à l’autre, une partie de la bourgeoise, notamment dans les universités en Amérique du Nord, commence à ruer dans les brancards - et utilise le soutien à la Palestine pour l'exprimer.

La bourgeoisie juive – c’est à dire en fait la communauté juive organisée qui est un de ses piliers – est surreprésentée, c’est le moins qu’on puisse dire, dans les secteurs dynamiques caractéristiques du système économique mondialisé postmoderne : finance, négoce, mais aussi communication, médias, culture, art, et la croissance relative de l’économie immatérielle défavorise l’économie industrielle chère aux webériens, qui était animée par des réseaux protestants, catholiques, relevant de fraternités laïques, ou par des réseaux structurés sur des territoires nationaux ou régionaux. Elle est aussi en phase avec le nouvel esprit du capitalisme caractérisé par l’hédonisme et la déchristianisation.

Critiquer le capitalisme actuel, c’est forcément qu’on le veuille ou non critiquer l'action des réseaux juifs qui contribuent à son fonctionnement; mais l’inverse n’est pas vrai. On peut et c'était en général ce qui se passait quand c’était permis, critiquer les juifs sans critiquer le capitalisme, et pour faire l'économie de la critique du capitalisme.

Donc on peut dire que oui, les juifs organisés en réseaux officiels ou informels et en groupes de pression politiques influencent fortement la détermination de la politique internationale américaine.

Leur dispersion dans les métropoles du monde occidental les rend plus conscients que les autres des intérêts stratégiques de l'empire américain, et mieux à même d'exercer une influence concertée et cohérente sur sa politique internationale. Mais l’Amérique pour elle-même n’est rien d’autre qu’une coalition instable de réseaux ethnico-religieux, et Israël par la mentalité dominante de sa population est largement homogène à la société américaine. Israël est en réalité un 51ème État des État-Unis et sans doute est-il encore plus prégnant dans la fixation de l’orientation générale de sa politique mondiale que la Californie.

Israël détermine la politique des États-Unis dans la mesure où il en fait partie, et qu’il n’est pas au fond un État souverain qui serait viable séparément.

Un dernier point : ce qui précède ne signifie pas que tous les juifs à titre individuel adhèrent au capitalisme ou à l’impérialisme, loin s’en faut. Comme tout le monde le sait d’ailleurs, ça va sans dire, mais c’est mieux en le disant.

Par ailleurs le terme « juif » désigne ici ceux qui se reconnaissent et s’identifient comme tels, et non comme faisaient les antisémites tous ceux qui ont des ancêtres juifs plus ou moins lointains. Mais dans notre fluide postmodernité, si des individus d'origine juive se détachent de leur communauté par rejet du sionisme, il y a bien davantage de néophytes paradoxaux du judaïsme qui veulent s’y agréger par intérêt, et qui utilisent le zèle pro-sioniste pour ce faire, de Biden à Macron et du RN aux néo-nazis ukrainiens.

GQ, 27 mai 2024

— VOTEZ POUR LA LISTE —
COMMUNISTES POUR LA PAIX ET LE PROGRÈS SOCIAL
CONDUITE PAR CHARLES HOAREAU




Européennes : notre profession de foi

dimanche 26 mai 2024 par ANC

La situation actuelle de montée de la fascisation aurait nécessité la constitution d’un front uni d’appel à la résistance. Force est de constater que ce front n’existe pas et qu’au moins 6 listes se réclamant de la « gauche » seront en présence sans qu’aucune ne pose la question du refus de cette U.E.
Dans ces conditions l’A.N.C. propose une liste de rassemblement conduite par CHARLES HOAREAU pour dire :

NON À L’UE, SORTIE IMMÉDIATE DE L’OTAN.

Loin d’être une union au service des peuples du continent et ouverte sur le monde, l’UE se révèle être chaque jour davantage un grand marché broyant les souverainetés populaires et les droits sociaux à l’intérieur de ses frontières, ainsi qu’une puissance impérialiste à l’extérieur de celles-ci.

Ce que nous refusons :

—  Au nom de cette UE, la France a perdu 2,5 millions d’emplois industriels depuis 1974, devenant ainsi le pays européen qui s’est le plus désindustrialisé,

—  Au nom de cette union et des traités de libre-échange, la France est obligée d’accepter des volumes d’importations dans tous domaines selon des règles décidées par la commission européenne non élue,

—  Au nom de cette UE est organisée une concurrence sauvage entre les travailleurs des 27 pays membres du fait des emplois détachés,

—  Au nom de cette UE, les services publics sont soumis à la rentabilité financière, ce qui a eu par exemple pour effet de doubler le prix de l’électricité de 2007 à aujourd’hui, alors que nous avions l’électricité la moins chère au monde. Autre exemple, la dégradation sans précédent des installations de santé, avec toutes les conséquences que cela a eu pendant le COVID, y compris, en terme de libertés publiques,

—  Au nom de cette UE, les communes perdent leurs pouvoirs au profit des métropoles, l’État perd sa cohésion au profit de régions concurrentes et dessinées arbitrairement, et le peuple perd sa souveraineté avec un parlement réduit au rôle de consultant sans pouvoir décisionnel,

—  Au nom de cette UE, s’est menée la guerre des Balkans puis celle d’Ukraine,

—  C’est l’UE qui, subordonnée de fait à l’OTAN, soutient la guerre et la colonisation israélienne, la politique impérialiste des Etats-Unis, la coûteuse politique néo-coloniale française de pillage de l’Afrique,

—  C’est l’UE qui opère à ses frontières un « tri sélectif » des cerveaux et des muscles, entre ceux et celles qu’elle admet ou fait venir, et celles et ceux qu’elle rejette dans le cimetière marin que sont devenues les eaux qui l’entourent.

Alors non ! L’UE, soumise à l’expansionnisme désormais sans limite de l’OTAN, n’est ni un espace de démocratie et de progrès social, ni un point d’appui pour la paix, mais une alliance des quelques États qui voudraient gouverner le monde contre l’intérêt de tous les peuples.

Ce que nous voulons :

—  Permettre au peuple de retrouver sa souveraineté en commençant par celle de sa monnaie, de sa politique industrielle et commerciale.

—  Engager avec les pays du monde des coopérations et des alliances mutuellement avantageuses, basées sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et le respect de la planète Terre qui est notre bien commun.

—  Imposer une alternative et de nouvelles unions basées sur le progrès social, l’internationalisme et la paix entre les peuples.

—  S’appuyer pour ce faire sur les liens que les peuples entretiennent en particulier autour de la Méditerranée.

—  Retirer toutes les troupes françaises d’Afrique, posant ainsi un acte concret pour le droit des peuples à leur propre développement.

—  Abolir, en concertation avec les pays concernés, les Franc CFA et comoriens, survivances d’un colonialisme que nous voulons voir disparaitre.

—  Revenir, en accord avec les peuples concernés, sur les accords secrets signés lors de la mise en place des pseudo-indépendances des anciennes colonies.

—  Revenir sur la loi de programmation militaire et ses 413 milliards d’euros prévus, afin de réaffecter l’argent au logement, à l’emploi, aux salaires et aux services publics.

—  Stopper TOUTES les exportations d’armes. Stopper particulièrement toutes aides militaires et financières aux belligérants directs, nationalistes ukrainiens et colonialistes israéliens, pour contraindre aux cessez-le-feu et à l’ouverture des négociations.

—  Stopper les importations commerciales en provenance d’Ukraine et d’Israël, contraires aux intérêts des producteurs et consommateurs français, et agir pour faire respecter la condamnation par les juridictions internationales (TPI et CIJ) des actions criminelles de l’armée israélienne à Gaza.

Nous proposons donc, à vous qui souhaitez faire barrage au capitalisme international et à son aile fasciste sans trouver de listes pour l’exprimer, de nous rejoindre pour :

Oui à la paix et au progrès social Oui à la coopération des peuples

et

Non à la mise en concurrence des Peuples

— VOTEZ POUR LA LISTE —
COMMUNISTES POUR LA PAIX ET LE PROGRÈS SOCIAL
CONDUITE PAR CHARLES HOAREAU


Profession de foi

 

Le club des inculpés membres du Congrès…

Voici décrite par une américaine l’état des représentants démocrates, comme quoi le PS en nous présentant un trafiquant d’arme, menteur, et retournant sa veste de Sarkozy, de l’oligarque de Géorgie à la “gauche” y trouve probablement son compte… Ne vous faites pas d’illusion, la France est en train de repartir dans ce sillage Macrono-glucksmanien-Ballederien charriant tous les avatars de l’impuissance de la social-démocratie y compris la FI, ses communautarismes avec le repoussoir-éclaireur qu’est l’extrême-droite comme unique alternative à ce cirque. Le tout, comme décrit l’article, avec un argumentaire qui relève plus du psychiatre que du politique tant la haine du communisme semble le vecteur commun de ces gens-là, avec la manipulation de l’histoire et des réalités internationales qui vont avec ce néocolonialisme de clowns corrompus et incultes… le spectacle d’une décadence, celle de la chute d’un empire qui malheureusement semble illustrer toutes les élections qui se réalisent dans l’ombre portée de celles des présidentielles des USA … (note et traduction de Danielle Bleitrach, histoireetsociete)

PAR EVE OTTENBERG

Source de la photographie : Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis – Domaine public

Le club des membres du Congrès inculpés

Des actes d’accusation bien mérités continuent de frapper le Congrès. Le dernier législateur inculpé est le démocrate texan Henry Cuellar, le politicien soutenu par l’ancienne présidente de la Chambre Nancy Pelosi lors de sa dernière élection, contre un adversaire plus progressiste, bien sûr. Le 3 mai, le ministère de la Justice a accusé Cuellar d’avoir accepté environ 600 000 dollars de la compagnie pétrolière publique azerbaïdjanaise et d’une banque mexicaine. Ces paiements étaient pour des « actes officiels en tant que membre du Congrès ». Cela vous semble familier ? Cela devrait l’être, car cela ressemble à l’affaire contre le sénateur démocrate du New Jersey Bob « Gold Bar » Menendez, accusé il y a quelques mois d’avoir vendu son bureau pour des lingots d’or, une voiture de luxe et d’autres cadeaux. Et puis, le 10 octobre, le membre du Congrès républicain de New York, George Santos, a été accusé de complot pour, entre autres, avoir volé l’identité de personnes et porté des frais sur les cartes de crédit de ses propres donateurs sans leur autorisation. Voilà un groupe gratiné !

Depuis l’acte d’accusation, Menendez a pris la parole sur les ondes pour insister sur le fait qu’il se battrait jusqu’au bout. Comment siège-t-il encore au Congrès, demandez-vous ? Un cas massif de droit narcissique, c’est comme ça ; Cuellar – même problème. Au lieu de faire la chose correcte et décente, à savoir démissionner, ils s’accrochent à leurs sièges. La Chambre contrôlée par le GOP a eu la décence d’expulser Santos, mais ne vous attendez pas à une telle attitude correcte de la part des démocrates. Ils réservent leurs menaces d’expulsion aux grands sénateurs, comme Al Franken, coupable d’avoir fait une blague décalée qui a irrité les fanatiques de Me-Too. Mais pas quand il s’agit de deux gros bonnets du Congrès comme Menendez et Cuellar ? Les démocrates peuvent se chamailler au sujet de la démission de l’un ou des deux, mais ils n’y mettent aucune conviction musclée. Pas comme ils l’ont fait pour l’incorruptible Franken, sur lequel ils se sont ligués et ont grouillé comme un gâchis de frelons en colère, et avec à peu près autant de puissance cérébrale que le dit insecte. En vous regardant, Kirsten Gillibrand.

Alors, quelle est la dernière bombe de corruption suceptible de frapper les presses ? Eh bien, Cuellar et sa femme Imelda sont accusés d’avoir « participé à deux stratagèmes impliquant la corruption, l’influence étrangère illégale et le blanchiment d’argent », selon le communiqué de presse du ministère de la Justice du 3 mai. Cette rumeur aurait commencé en décembre 2014 et aurait duré jusqu’en novembre 2021, donnant aux Cuellar suffisamment de temps pour nettoyer leur portefeuille. Ainsi, à la lumière de ces pots-de-vin flagrants, et de cette corruption qui puent au plus haut point, on pourrait penser que tout démocrate qui se respecte demanderait à Cuellar de démissionner du Congrès. Vous le pensez, mais vous vous trompez. La collègue chérie de Pelosi n’a reçu aucune demande de démission de la part de la délégation du Texas. Et le reste des démocrates a également eu une attaque de mutisme, à l’exception d’un membre de la Chambre, le démocrate Dean Phillips du Minnesota, qui a exhorté Cuellar à quitter ses fonctions. C’est bon de savoir qu’il y a un législateur démocrate qui peut distinguer le bien du mal.

Les choses sont devenues plus épineuses pour Menendez. Dès le 26 septembre, un grand nombre de sénateurs démocrates ont réclamé sa tête, parmi lesquels Sherrod Brown de l’Ohio, Peter Welch du Vermont, Tammy Baldwin du Wisconsin, Jon Tester du Montana, Jacky Rosen du Nevada, Michael Bennett du Colorado… et bien d’autres. Il est difficile de dire pourquoi les démocrates du Sénat sont devenus fous de la démission de Menendez et non de Cuellar, bien que l’hypothèse la plus probable soit une combinaison de l’étreinte de Pelosi avec l’escroc du Texas et tous ces lingots d’or dans le manoir de Menendez dans le New Jersey. C’est le genre de détails qui font ou défont les carrières sénatoriales, qui font la différence entre prétendre que rien ne s’est passé et monter sur de grands chevaux avec bienveillance (mais correctement). Si les enquêteurs trouvent des centaines de milliers de dollars d’émeraudes cousues dans le manteau d’hiver de Cuellar, on peut dire sans risque de se tromper que cela enverra les démocrates dans un arbre. Mais à part cela, il reste dans l’ombre d’un favori de Pelosi.

Apparemment, les républicains prennent la corruption beaucoup plus au sérieux que les démocrates. Ils ont expulsé George Santos de la Chambre (avec beaucoup d’aide de démocrates hypocrites). Certes, Santos a été accusé d’avoir volé de l’argent à des donateurs, mais parmi les nombreuses accusations portées contre lui, il y en avait un certain nombre qui ne justifiaient pas l’expulsion. Et s’il se vantait faussement de valoir 11 millions de dollars ? Qui se soucie du fait qu’il a menti qu’il avait été une star du volley-ball au Baruch College, qu’il était juif (il ne l’est pas), qu’il a menti sur le fait d’avoir fréquenté Horace Mann pour le lycée ou qu’il avait travaillé pour Goldman Sachs ? Ou que son groupe de sauvetage des animaux, Friends of Pets United, n’était pas l’organisation exonérée d’impôts qu’il prétendait ? Ce qui est beaucoup plus troublant, c’est qu’il a escroqué un ancien combattant handicapé et son chien d’assistance malade et qu’il a peut-être arnaqué un éleveur de chiens amish. Qu’est-ce que Santos a contre les chiens – eh bien, pourriez-vous demander. C’est l’un de ces petits détails bizarres qui demandent l’avis d’un psychothérapeute.

Mais vraiment, devrions-nous nous soucier du fait que Santos a suggéré que les communistes chinois avaient kidnappé sa nièce ou qu’il avait atterri sur la lune ? De toute évidence, ce sont des questions qui relèvent de son psychiatre, pas du Congrès américain. S’il a halluciné que certains membres de sa famille sont morts dans l’Holocauste tandis que d’autres ont été tués dans les attentats du 11 septembre, il existe des médicaments pour y faire face. Et vous pouvez parier des dollars pour des beignets Santos n’est pas le premier membre du Congrès à dépenser de l’argent de campagne pour le Botox.

Le fait que Santos ait escroqué le gouvernement de 24 000 dollars d’allocations de chômage est plus inquiétant que de savoir s’il s’est vraiment produit en drag au Brésil, s’il a été journaliste ou producteur de Broadway ou s’il a été la cible d’une tentative d’assassinat, pour laquelle il est clair que les seuls coupables probables seraient des collègues républicains désespérés de se débarrasser de cet embarras flagrant. Ils ont donc fait la meilleure chose à faire. Ils l’ont expulsé.

Santos a-t-il appris sa leçon et est-il reparti châtié ? Pas de soucis parce que non, il ne l’a pas fait. Il se présente à nouveau à la Chambre, comme il l’a annoncé le 7 mars. Pour ma part, j’attends avec impatience ses fabrications de campagne, car nous risquons de découvrir que non, il n’est pas juif, qu’il est scientologue, ou qu’il a plagié des devoirs universitaires du Readers’ Digest ou qu’il a voyagé au centre de la terre.

Ce que ces trois escrocs ont en commun, c’est qu’ils sont tous colorés et font les choses en grand. Le plus vif est Santos, mais Cuellar et Menendez sont à égalité pour vol à grande échelle, et on peut dire qu’ils pensent que la seule chose qu’ils ont mal faite, contrairement à beaucoup de leurs collègues, a été de se faire prendre. Mais s’ils ont le choix, j’espère que les électeurs rééliront Santos, de loin le plus divertissant, mais ne soyez pas surpris de voir Menendez ou Cuellar se présenter à la réélection depuis leurs cellules de prison.

Eve Ottenberg est romancière et journaliste. Son dernier livre s’intitule Busybody. Elle peut être contactée sur son site Web.

LA PHRASE DU JOUR

 

 Qui fait suite à 

"......il serait temps d’affronter la réalité et ses possibilités pour reconstruire ensemble la force dont nous avons un urgent besoin…"

 dans l'article de Danielle BLEITRACH de ce jour intitulé:

"Réactions pas si épidermiques que ça à des commentaires…"

....sur la liquidation du Parti Communiste telle que la perçoivent  la plupart de celles et ceux qui l'ont quitté par découragement.

J'ajouterai que, à ceux là comme aux autres tentés par l'abstention qui ne profite qu'à l'extrême droite, malgré sa tardive déclaration, il leur reste la possibilité pour les élections Européennes, de choisir la liste présentée  par l' A.N.C., l'ASSOCIATION NATIONALE DES COMMUNISTES avec pour tête de liste  le camarade Charles HOAREAU, A.N.C. qui propose notamment la sortie de l'OTAN et de l'Union Européenne, ces pièges de l'impérialisme Yankee qui n'auraient jamais échappé à Georges MARCHAIS.

Liste dont j'ai accepté de faire partie .

La phrase de D.B.

"Nous sommes loin de cet effort, l’autisme semble le terrain de la politique ordinaire et il conditionne la situation à la veille de ces européennes, y compris le pauvre PCF avec des gens apeurés, malades à l’idée de déplaire, partagés entre plusieurs lignes parce qu’on évite le débat de fond, dans des pratiques de couloir, des “notabilités”, celles qui vous donnent l’impression que le conseil national est le lieu de transactions de sommet, avec ceux qui en sont encore à 1991, et les autres qui voient bien que tout a bougé, mais qui évitent le débat en répétant ce qu’ils croient avoir compris, une situation qui tente d’évoluer mais dans laquelle rien n’est fait pour mobiliser et organiser la base au-delà des bastions municipaux…"


La confiscation des avoirs russes entraînera l’effondrement du système financier occidental, par Dmitri Skvortsov

Encore un texte fondamental qui témoigne des contradictions dans lesquelles se débat le monde capitaliste occidental puisque l’exercice des instruments de sa puissance sur le monde, son monopole financier à travers le dollar comme d’ailleurs l’armée la plus puissante du monde ne se maintiennent tels que dans un usage dont ils sont incapables désormais. (note de danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop)

https://vz.ru/opinions/2024/5/22/1269155.html

Les institutions financières supranationales mettent en garde les gouvernements occidentaux contre le risque de confiscation des avoirs russes. En avril, Christine Lagarde, directrice de la Banque centrale européenne, a fait une déclaration dans ce sens. La confiscation et l’utilisation ultérieure des avoirs russes gelés “doivent être abordées avec beaucoup de prudence”, a déclaré Mme Lagarde. De telles actions pourraient modifier l’ordre international “que l’on veut protéger et que l’on voudrait voir respecté par la Russie”, a-t-elle ajouté.

La directrice de la communication du Fonds monétaire international (FMI), Julie Kozak, a exprimé la même position à la mi-mai. Elle a déclaré que les projets des pays occidentaux d’utiliser les avoirs russes gelés pour soutenir l’Ukraine pourraient saper le système monétaire mondial. “Il est important pour le Fonds, a-t-elle expliqué, que toute action entreprise repose sur une base juridique suffisante”.

Il convient de souligner que des lances se brisent actuellement sur le sort de ce que l’on appelle les actifs souverains. En d’autres termes, il s’agit des réserves d’or et de devises étrangères appartenant à l’État russe et détenues sur des comptes de banques étrangères ou dans des organismes de compensation et de règlement. Jusqu’à récemment, les biens des sociétés et des entrepreneurs russes étaient susceptibles d’être confisqués ou nationalisés. Mais fin avril, la Chambre des représentants des États-Unis a approuvé une loi autorisant le président à confisquer les avoirs gelés de l’État russe en faveur de l’Ukraine.

Il s’agit de la propriété d’un autre État, qui était jusqu’à présent considérée comme protégée par l’immunité. En outre, dans le pire des cas, aux États-Unis, 7 à 8 milliards de dollars seront confisqués. Il est peu probable que ce montant aide l’Ukraine de manière significative. Mais les États-Unis augmentent la pression sur leurs alliés, prévoyant de prendre une décision similaire dans le cadre du G7 et de l’UE. En adoptant cette loi, les États-Unis poussent également l’UE, où plus de 200 milliards de dollars d’actifs russes sont gelés.

Incapables de contester directement la décision des législateurs des États souverains, les institutions financières internationales insistent sur la nécessité de décisions judiciaires appropriées pour confisquer les avoirs d’autrui. Cependant, il n’y a pas eu de précédent en ce qui concerne les avoirs d’États étrangers. Les exemples de confiscation de biens souverains appartenant à un État ne se sont produits dans l’histoire qu’après la reddition d’un pays vaincu. Mais jusqu’à présent, l’Occident collectif prétend soigneusement qu’il n’est pas en guerre avec la Russie. Et il ne peut être question de capitulation que venant du régime Zelensky.

Inquiétudes du FMI

Le Fonds monétaire international est une structure supranationale indépendante (du moins extérieurement), l’institution financière clé du système de Bretton Woods. Son indépendance est, bien entendu, relative. Les États-Unis, les pays de l’UE, le Royaume-Uni et le Japon contrôlent ensemble plus de 55 % des voix au sein du FMI. Dans la plupart des cas, cela suffit pour que le FMI prenne des décisions qui conviennent à l’Occident.

Mais aujourd’hui, les dirigeants du Fonds estiment que son avenir est menacé. L’économie mondiale, malgré tous les problèmes de ces dernières années, existe toujours. Le système financier mondial existe également (même s’il traverse une crise). Le FMI est responsable de l’interaction avec les autorités financières des États. Le Fonds peut influencer les banques centrales nationales de deux manières : soit en poussant à l’adoption de normes communes, soit en accordant des prêts aux pays sous certaines conditions. L’Occident utilise le FMI précisément comme un outil pour établir les règles du jeu dont il a besoin sur le marché financier ou pour soumettre financièrement ses concurrents.

Pour fonctionner avec succès, le Fonds monétaire international a besoin d’un espace économique commun, d’un environnement dans lequel il peut émettre des prêts et en recevoir le paiement. Le FMI a toujours travaillé avec les dettes et les réserves de différents pays. Mais le désir de ces pays de recevoir un prêt du FMI ou de placer leurs réserves en devises à l’étranger diminuera fortement si l’idée de confisquer les actifs russes se concrétise. Quelles garanties y a-t-il pour les prêts si les avoirs que l’État a accumulés sur des comptes à l’étranger peuvent soudain être purement et simplement saisis pour des raisons politiques ?

La confiscation des avoirs russes pourrait modifier fondamentalement la stratégie de nombreux États visant à créer un coussin financier pour leur propre sécurité. L’abandon de la pratique actuelle entraînerait une réduction significative du champ d’action du Fonds monétaire international. Cela signifierait une forte diminution du rôle du FMI en tant qu’instrument de la pression financière de l’Occident sur le reste du monde.

Préoccupations de la BCE

La BCE est responsable de la politique monétaire dans la zone euro et est le macro-régulateur financier de l’UE. Sa protestation contre l’éventuelle confiscation des avoirs russes est due en partie à des considérations similaires et en partie à des considérations tout à fait différentes.

L’ébranlement de la confiance sur les marchés financiers européens, qui suivra inévitablement la confiscation des actifs souverains russes en Europe, est l’une des raisons pour lesquelles Christine Lagarde s’oppose à une telle décision. La nationalisation des actifs des entreprises russes et le gel des biens des hommes d’affaires russes ont déjà eu un impact négatif sur le climat d’investissement en Europe. À cela s’ajoute la crise économique, renforcée par le renoncement à l’énergie russe bon marché. À cela s’ajoute la politique de Washington visant à attirer les grandes entreprises industrielles de l’Europe vers les États-Unis. Tout cela a conduit à une grave crise de l’économie européenne. L’Allemagne, ancienne locomotive de l’Europe, a vu son PIB diminuer pour la première fois depuis de nombreuses années.

La confiscation des actifs souverains russes pourrait encore aggraver la situation de l’UE. Et ce n’est pas dans un avenir lointain, en raison de la baisse de confiance en Europe. Les choses pourraient se produire rapidement, dans les mois qui suivent la confiscation.

Aujourd’hui, la majorité des actifs russes dans l’UE sont des obligations d’État européennes détenues par EuroClear. En d’autres termes, il ne s’agit pas d’argent libre qui peut être canalisé vers le budget ukrainien ou pour payer des livraisons d’armes à l’Ukraine. Cet argent travaille déjà dans l’économie européenne. Et si le transfert d’actifs russes vers l’Ukraine a lieu, il sera nécessaire de vendre ces obligations pour dépenser cet argent. La vente d’un si grand nombre d’obligations fera chuter leur cours (et augmentera donc simultanément le taux d’intérêt auquel il sera possible d’emprunter à l’avenir, lorsque les prochaines obligations seront placées). L’Europe aura d’énormes problèmes financiers. Et la capacité de la BCE à les résoudre semble très douteuse.

C’est pourquoi la Banque centrale européenne attend avec impatience la réunion du G7 sur le sort des actifs russes et insiste sur la nécessité d’une décision de justice, tout en sachant qu’il n’existe aucune base juridique pour une telle décision. La pression politique exercée par l’Occident sur la Russie a acculé au bord d’une crise colossale – non pas Moscou, mais les plus grandes institutions financières de l’Occident lui-même.


jeudi 23 mai 2024

 

Ce lundi de Pentecôte, certains d’entre nous sont obligés d’aller bosser, alors que c’est un jour férié. D’autres n’ont pas cette obligation, mais dans l’année, un autre jour supplémentaire de travail leur est imposé.  Ce jour de travail ne nous est pas payé par notre entreprise, au nom d’une soi-disant « solidarité » avec les personnes fragiles. C’est en réalité juste une occasion de plus pour les employeurs de se faire du profit sur notre dos. Cette escroquerie est aussi un dévoilement supplémentaire que le travail gratuit est le fondement de l’organisation capitaliste de nos sociétés.

Depuis juin 2004, le lundi de Pentecôte n’est plus un jour férié comme les autres. Le gouvernement Raffarin (avant que, l’année suivante, il ne soit obligé de remettre sa démission suite à la magnifique victoire du non à la constitution européenne) avait alors profité de l’hécatombe due à la canicule (plus de 19 000 morts) pour entuber, une fois de plus, les salariés. 

Le principe de la “journée de solidarité” est simple : les salariés doivent bosser une journée sans être payés. “Le travail accompli, dans la limite de sept heures, durant la journée de solidarité ne donne pas lieu à rémunération”, comme l’indique l’article L3133-8 du Code du travail. Dans beaucoup d’entreprises, cette journée de solidarité est le lundi de Pentecôte (20 mai 2024), mais une décision unilatérale de l’employeur, des accords d’entreprises ou de branche peuvent fixer un autre jour ou même lisser sur l’année les 7 heures non payées.

Une partie du gain pour l’employeur de cette journée où on bosse gratuitement est reversée par l’intermédiaire d’une contribution solidarité autonomie (CSA) qui représente 0,3% de la masse salariale. Elle est affectée à la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), afin de financer des actions en faveur de l’autonomie des personnes âgées ou handicapées. Elle contribue au financement des maisons de retraites, des instituts pour handicapés, etc.,  mais aussi les départements qui gèrent l’allocation personnalisée d’autonomie et la prestation de compensation du handicap. 

Arnaquer les salariés, les retraités et les handicapés

Ces 0,3% de la masse salariale constituent un montant plus faible que ce que rapportent à l’employeur les journées de travail ainsi cédées gratuitement par les salariés. La durée légale du travail en France est de 35 heures par semaine soit 1 607 heures par an. 7 heures gratuites sur 1607 heures cela fait 0,4% et non 0,3%. Et surtout, un salarié rapporte bien sûr plus qu’il ne « coûte », c’est de là que viennent les profits des entreprises. Depuis la mise en place de cette mesure, celles-ci se sont donc fait des profits sur le dos des salariés et de la « solidarité »  envers les plus âgés.  

Ces 0,3% sont complétés depuis fin 2012 par une contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie. François Hollande et son équipe de bras cassés ont eu en effet une idée géniale : en plus d’arnaquer les salariés, pourquoi ne pas ponctionner aussi directement les personnes âgées elles-mêmes, puisque ce sont elles qui vont bénéficier du dispositif ? Il fallait y penser ! Cette contribution additionnelle frappe elle aussi au taux de 0,3% les retraites, les allocations de pré retraites et… les pensions d’invalidité. Taxer les pensions d’invalidité pour financer l’autonomie des personnes âgées, c’est hyper logique non ? 

Sur une semaine de travail, les salariés sont payés pour l’équivalent de 3 jours de travail environ, les autres jours de travail servant à financer les profits de l’entreprise et l’État

Cette année, la « journée de solidarité » devrait permettre de collecter 3,4 milliards d’euros sur notre dos à tous, tandis que les exonérations de cotisations patronales ont permis aux entreprises d’économiser 70 milliards d’euros en 2023. Le pire est peut-être à venir : régulièrement depuis des années, des propositions apparaissent pour nous faire bosser encore une journée de plus gratuitement chaque année. En avril 2018, Macron y voyait une « piste intéressante ». L’Institut Montaigne avait par la suite relancé l’idée dans une note proposant que les salariés travaillent gratuitement le jeudi de l’ascension. Il reprenait ainsi une préconisation du Medef dans sa brochure sur les 1 million d’emplois. En 2022, l’idée a à nouveau été mise en avant par le gouvernement en pleine réforme des retraites.

Nous travaillons déjà gratuitement deux jours par semaine

Le risque est ainsi grand de voir d’autres jours fériés être supprimés, alors que les Français sont déjà lésés par rapport à beaucoup d’autres pays : ils bénéficient des 10 jours fériés dans l’année contre 14 en Espagne, Bulgarie, Chypre, Croatie, Finlande, Lituanie, etc.  Sans compter le fait qu’en Espagne, par exemple, contrairement à la France, lorsqu’un jour férié tombe un samedi ou un dimanche, l’État établit une nouvelle date fériée pour que les travailleurs puissent se reposer. La « journée de solidarité » est une arnaque dans laquelle le patronat veut s’engouffrer pour continuer à augmenter notre temps de travail gratuit.

Elle peut aussi contribuer à dévoiler aux salariés que ce n’est pas seulement pendant cette journée qu’ils travaillent gratuitement, mais au moins deux jours par semaine. En France, d’après les données INSEE les plus récentes, la part de la valeur ajoutée des entreprises qui vient rémunérer les salariés (y compris cotisations sociales) s’établit à 65%. Sur une semaine de travail, ils sont donc payés pour l’équivalent de 3 jours de travail environ, les autres jours de travail servant à financer les profits de l’entreprise (1,7 jour) et l’État (0,3 jour). La journée de solidarité est ainsi une preuve de plus de l’importance de lutter collectivement contre l’appropriation de nos vies, et de se concentrer sur la seule chose qui, un jour, fera tomber la bourgeoisie : quand nos bras cesseront de se mettre au travail et qu’elle s’inclinera devant nous.  


Guillaume Etiévant