mardi 18 juin 2024


Macron, toujours plus détestable, coincé entre 2 fronts

Dans deux semaines, nous sommes appelés aux urnes pour le premier tour des élections législatives. Le coup de poker du président semble déjà perdu tant le RN est en position de force et la gauche s’est rassemblée, faisant du camp présidentiel le maillon faible de l’élection à venir. La macronie risque de passer de bénéficiaire à victime du vote utile, tant Macron et son exécutif sont détestables.

 Laurent Herblay    Agora Vox

Une tri-polarisation qui écrase le centre

La stratégie qui sous-tendait la dissolution était sans doute d’attirer une nouvelle vague de soutiens venus du PS et de LR pour renforcer le pôle central, en comptant sur le report des voix de droite face à la gauche et inversement, comme en 2022. Mais ce calcul bute sur plusieurs limites. D’abord, ce calcul valait quand les trois blocs avaient un poids proche, assurant suffisamment de places au second tour pour le camp présidentiel. Là, la macronie n’est plus que la troisième force politique, et pourrait donc être éliminée d’une très grande partie des seconds tours dès le 30 juin, la réduisant au rôle de spectateur du duel RN-NFP. Il faut dire que les partis de gauche ont vite compris qu’ils avaient plus qu’intérêt à reformer la NUPES s’ils ne voulaient pas être réduits à quantité négligeable lors des législatives. Il n’aura pas fallu plus de 24 heures pour annoncer un premier accord, suivi d’un programme quelques jours après. L’unité de la gauche lui assure une bonne élection, même si Mélenchon, qui veut purger ses troupes, la freine.

Pourtant, la ligne Glucksman était proche de la ligne de l’exécutif, mais le PS a pensé à ses propres intérêts. Olivier Faure ne craint pas de soutenir une ligne très éloignée de la politique menée sous Hollande et même d’accepter la possibilité que Mélenchon s’installe à Matignon. Macron ne peut plus compter que sur le ralliement d’une partie des cadres de LR, comme dans les Hauts de Seine, mais l’apport risque d’être marginalisé par les dizaines de candidats de l’accord avec le RN, passé par Eric Ciotti. LR est en voie d’implosion avec pas moins de 4 lignes différentes, entre pro-Macron, indépendants, pro-Lisnard (combien de divisions ?) et pro-RN. La centrifugeuse politique à l’œuvre pourrait bien venir à bout de ce parti. Un des aspects positifs de cette séquence qui pourrait participer à clarifier le paysage politique. Les dits républicains sont trop proches de la macronie sur le fond, en dehors de postures électoralistes qui ne trouvent pas d’actions concrètes quans ce parti est en charge des affaires.

La macronie mène une campagne ubuesque, allant jusqu’à appeler à prendre en compte les JO pour le vote. Elle caricature outrageusement l’élection à venir pour tenter d’apparaître comme le seul choix raisonnable, et éviter d’avoir à parler de son bilan calamiteux dans tous les domaines (insécurité, immigration, déficit commercial, déficit budgétaire, faillites d’entreprises, chômage de masse, effacement diplomatique, services publics à l’abandon, entre une école qui apprend de plus en plus mal, et un système de santé qui a de moins en moins les moyens de soigner). La conférence de presse de Macron ne lui fera pas gagner une voix tant le président était arrogant et condescendant, réduisant le vote des Français à un acte colérique. En nous parlant comme si nous étions des enfants qui avions fait une crise, et qu’il fallait remettre sur le droit chemin, il oublie que ce langage moralisateur et infantilisant ne prend plus, et, au contraire, pourrait bien mobiliser plus encore les Français contre son camp lors des élections législatives.

Et que dire du délai ahurissant entre la dissolution et l’élection, à peine trois semaines, contesté par plusieurs recours déposés au conseil constitutionnel ? Le caractère cavalier de ce choix rajoute une ligne au lourd passif du président, même si le conseil ne remet pas en cause le calendrier. Encore une fois, comme en 2022, Macron esquive le débat en le réduisant à trois petites semaines, comptant sur le choc et la sidération pour gagner. Mais ce raisonnement est absurde quand on réunit moins de 15% des voix aux élections européennes. Il est devenu le maillon faible de la tri-polarisation de la vie poliltique française. Certains macronistes venus de la gauche pourraient être tentés de voter pour le Nouveau Front Populaire pour éviter le RN. Et d’autres, venus de la droite, ou allergiques à Mélenchon, pourraient juger le vote RN plus efficace pour éviter LFI. Sept ans de Macron ont accéléré la chute du bloc central, qui pourrait bien avoir perdu la taille critique pour subsister. Et si la macronie s’effondrait littérallement après ces législatives  ?

Mais ce faisant, Macron pourrait aussi passer la patate chaude de la gestion du pays à d’autres, alors que l’impasse économique dans laquelle il a placé notre pays devient bien plus complexe à gérer. Ainsi, il n’aurait pas à assumer l’équation budgétaire inextricable qu’il a mis en place, échappant pour partie aux conséquences de ses actes, tout en lui permettant d’essayer de redorer son image. Mais au final, sa défaite serait aussi une mise à la retraite anticipée, ce qui serait extrêmement réjouissant.

 

L’OTAN MET L'EUROPE DE L'EST EN DANGER ! POURQUOI LES ÉPARGNERAIT- ELLE? 

CE SONT PRESQUE DES RUSSES !

Un des phénomènes complètement occulté et qui pourtant est caractéristique de la profonde crise des institutions démocratiques occidentales est la manière dont le verrouillage de celles-ci manifeste une permanence des personnalités et des forces politiques qui peuvent créer l’illusion d’une identité “territoriale”, qu’il s’agisse des “nations” et plus encore des institutions supranationales et leur incapacité donc à traduire ce que Hegel désignait comme la “bête sauvage” des “sociétés civiles” déchirées par la violence des concurrences entre intérêts déchaînés… Nous le voyons à l’œuvre en France, mais c’est encore plus fort dans les ex-pays socialistes où ce qui se passe en Ukraine menace tous les fragiles équilibres (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)

https://svpressa.ru/politic/article/418760/

La Hongrie ne veut pas être attaquée par la Russie et met en garde ses collègues contre une extension de l’aide à l’Ukraine

Texte : Irina Gousseva

L’OTAN prévoit d’établir trois bases militaires sur le territoire de ces pays. C’est ce qu’a annoncé le premier ministre hongrois Viktor Orban sur les ondes de l’une des stations de radio du pays.

“L’OTAN veut créer une “mission de l’OTAN en Ukraine”. Cela signifie que l’OTAN coordonnera le transfert des armes fournies à l’Ukraine. Elle créera trois grandes bases militaires où elle transférera des armes à l’Ukraine, toujours sur le territoire des pays de l’OTAN – en Pologne, en Slovaquie et en Roumanie”, a-t-il déclaré.

La Hongrie ne participera pas à ces opérations, mais l’homme politique craint que ces bases ne deviennent une cible militaire légitime pour l’ennemi, et il “ne veut pas mettre en péril la vie paisible de la Hongrie et de la population hongroise en faisant d’un seul centimètre carré du territoire hongrois une cible militaire”. Il a également commenté la position de la Pologne et de la Roumanie.

“Ils avancent en pensant que, parce qu’ils sont les plus proches de la ligne de front, ils peuvent apporter le plus d’aide aux Ukrainiens, et ils vont se battre. Les Slovaques sont prudents et les Hongrois disent explicitement qu’étant donné qu’ils sont proches de la zone de guerre, ils devraient prendre des mesures pour assurer leur sécurité”, a souligné Viktor Orban.

Budapest n’a pas l’intention de participer au financement de la mission de l’OTAN en Ukraine, à la fourniture d’armes, à l’entraînement des militaires ukrainiens, et ne mettra pas son territoire à disposition pour la préparation d’actions militaires et ne participera pas à la mission de l’alliance en dehors de son territoire.

Alexander Mikhailov, chef du Bureau d’analyse politico-militaire, pense qu’Orban met en garde ses collègues des États d’Europe de l’Est, qui se sont trop pliés à Washington et à Bruxelles dans l’affaire ukrainienne.

– En fait, il ne s’agit pas tant de bases militaires que de la création de points plus centralisés pour le transbordement d’armes vers l’Ukraine, mais il s’agit là d’un “secret de Polichinelle”. À l’heure actuelle, les principales livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine passent principalement par la Pologne, mais aussi par la Roumanie et la Slovaquie, par le biais de corridors frontaliers de différents types. Il s’agit tout d’abord de transports ferroviaires et routiers, et si nous parlons de la Roumanie, également par voie fluviale.

Ici, Orban relaie notre propre position en ce qui concerne, comme nous l’avons dit à maintes reprises, une réponse à d’éventuelles frappes d’armes occidentales à longue portée contre le territoire russe en dehors de la zone de l’OTAN.

Orban avertit directement ses collègues qu’ils deviendront des cibles des missiles russes, et lui, en tant que dirigeant de la Hongrie, ne veut pas d’un tel avenir pour lui-même, c’est pourquoi la Hongrie, qui est le quatrième État limitrophe de l’Ukraine, ne fournit pas d’armes à travers sa frontière.

SP : La position de Robert Fico est proche de celle d’Orbán, mais la Slovaquie a été entraînée dans ces livraisons.

– Il me semble que la Slovaquie, compte tenu de la position de l’establishment politique de ce pays, ne se joindra pas non plus à ces mesures.

L’enquête actuelle sur l’envoi d’avions soviétiques à l’Ukraine est déjà un test décisif : les querelles politiques commencent entre ceux qui ont transféré des armes à l’Ukraine et les nouvelles forces politiques qui arrivent au pouvoir et accusent directement leurs prédécesseurs d’avoir violé le droit international en transférant des armes à des tiers sans accord.

Je rappelle qu’ils transfèrent des armes soviétiques, ce que personne ne leur a permis de faire.

D’un côté, Orbán parle de la sécurité de son propre État et des intérêts nationaux de la Hongrie, mais de l’autre, il avertit ses partenaires d’Europe de l’Est qu’ils se sont trop impliqués dans l’affaire ukrainienne et qu’ils se transforment en autorités ukrainiennes, qui n’ont absolument aucune souveraineté et qui leur permettent de faire ce qu’elles veulent avec l’Ukraine.

Il est clair que pour les pays d’Europe centrale, qui appartiennent au camp occidental, et plus encore pour les Etats-Unis, l’Europe de l’Est, ce sont les anciens pays du Pacte de Varsovie, les anciens adversaires, les anciens pays de choix socialistes. Dans leur subconscient, ces pays restent l’ennemi. Un territoire autrefois contrôlé par la Russie, qui n’est donc tout simplement pas à ménager.

Regardez ce qui se passe dans les pays baltes : ces derniers temps, presque tous les exercices de l’OTAN ont eu lieu sur le territoire des pays baltes et de deux nouveaux membres – la Suède et la Finlande. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont aucune pitié pour eux.

Si la Russie lance des frappes contre eux, les États-Unis, les principaux pays européens et Londres espèrent qu’ils resteront tranquilles derrière leurs grandes flaques d’eau, à une grande distance, et que la Russie ne les frappera pas. Convaincus qu’ils survivront et que l’Europe de l’Est peut être “sacrifiée pour la bonne cause”, ils continuent d’y construire des armements.

Des contingents supplémentaires s’installent désormais en Pologne, en Roumanie et dans les États baltes. Les militaires allemands s’installent en Lituanie et le contingent américain s’est agrandi en Roumanie.

Aujourd’hui, il y a 80 000 militaires américains en Europe : 30 000 en Allemagne, 50 000 de plus en plus concentrés en Europe de l’Est.

En d’autres termes, des unités nationales ou américaines sont transférées depuis des États capitalistes plus développés qui n’ont jamais fait partie du camp socialiste vers l’Europe de l’Est.

Nous ne faisons que constater la réalité, et Orban rappelle une fois de plus à ses partenaires qu’ils vont jouer à des jeux nucléaires : lorsque des missiles russes voleront dans leur direction, il sera trop tard pour crier “Oh my God” et appeler au secours l’Amérique.

SP : Récemment, l’OTAN a essayé d’augmenter la pression sur ses membres. La Slovaquie, et peut-être d’autres, pourront-ils parvenir à un accord, comme l’a fait la Hongrie ?

– Orban a défendu sa souveraineté en refusant de fournir des armes, mais il ne peut pas faire obstacle à la décision globale de l’OTAN. D’une manière générale, il ne faudra pas longtemps à l’OTAN pour modifier ses statuts et ne pas réagir à l’opinion de 2 ou 3 États. D’autant plus qu’il faut comprendre que l’OTAN, ce n’est pas l’Europe, ce sont les Etats-Unis. Le poids spécifique des Etats-Unis dans l’OTAN est d’au moins la moitié des armes et au moins 90% de toutes les décisions de politique étrangère sont prises à Washington. Nous comprenons parfaitement qui est le marionnettiste de cette alliance.

L’OTAN est un outil pour contenir l’Europe, pour priver l’Europe de sa souveraineté et un outil pour gagner de l’argent pour le complexe militaro-industriel américain. 2 % du MIC de l’Europe vont déjà en grande partie sur les comptes des entreprises américaines.

La Roumanie déploie et fournit déjà des armes sur son territoire. La Slovaquie a maintenant cessé de fournir des armes, alors qu’elle en fournissait jusqu’en 2023.

La question est différente : qui coordonnera le travail de ces centres ? En Pologne, tout est clair : quels corridors partent de quels centres et vont où. Le ministère de la défense dispose de cartes de ces corridors.

Ces États ne doivent donc pas oublier que si nos dirigeants perdent patience, ces corridors de transport peuvent être bloqués facilement et simplement. L’ordre de le faire dépend de la géopolitique.

Poutine dit directement à ses anciens partenaires occidentaux de ne pas jouer, nous voyons parfaitement tout, y compris le désir de s’incliner devant Washington, mais nous avons nos propres intérêts – assurer la sécurité de la Fédération de Russie.