La faille du vote RN pour dégager Macron
Je vais être bref, aller droit au but.
Et démontrer pourquoi, lorsque notre objectif principal est d'ôter tout son pouvoir de nuisance à Macron, choisir l'alternative RN dès le premier tour en pensant que c'est la meilleure est une erreur fondamentale qui risque grandement d'avoir l'effet inverse de celui escompté, à savoir le maintien et la consolidation de Macron dans ses fonctions.
C'est une erreur parce que c'est un piège.
Si vous êtes acquis à l'idéologie raciste de l'extrême-droite et à leurs chimères sur l'immigration, parce que je ne peux pas vous convaincre en si peu de temps, je n'ai rien à vous dire. Sauf peut-être dans le deuxième cas de figure de lire ce texte dans lequel j'essayais d'expliquer que voter pour l'extrême-droite, c'est voter pour plus de migrants sur nos rivages et au fond de la mer. Je résumerai le point de vue que j'y développe ainsi : l'extrême-droite agira uniquement sur les symptômes de l'immigration (les migrants et les immigrés) et laissera perdurer ses causes (l'exploitation du continent africain et du Moyen-Orient, la misère, les guerres et les tragédies qu'elle provoque). Elle contribuera ainsi à maintenir et entretenir les conditions des migrations qu'aucun mur, aussi haut soit-il, aucun océan, aussi profond soit-il, ni aucun désert, aussi vaste soit-il, ne sauraient contenir.
S'il vous reste une once de gauche dans l'âme, mais que vous haïssez tellement Emmanuel Macron pour le mal qu'il a fait aux Français, crise après crise, que vous êtes prêt(e) à le dégager au prix d'une remise des clés du pouvoir à l'extrême-droite, je vous demande humblement de me lire jusqu'au bout.
Il y a un constat qu'il convient d'abord de rappeler : Macron est celui qui a le plus besoin d'une extrême-droite forte. Il en a joué à deux reprises, en 2017 et en 2022, il continue aujourd'hui à intervalles réguliers d'entretenir la bête, de la nourrir de l'angoisse, du sentiment d'insécurité, de la haine.
La dissolution de l'Assemblée Nationale et l'annonce de législatives anticipées ont eu lieu en trois phases distinctes :
En premier lieu, Macron annonce la dissolution au lendemain des Européennes avec une telle précipitation qu'on pense aussitôt que c'est prémédité. Nombreux étaient ceux qui l'avaient prévue d'ailleurs. Peu clair au début, son objectif aujourd'hui paraît évident : éliminer son véritable ennemi, la gauche, qu'il croit affaibli après l'éclatement de la NUPES et se retrouver en seul rempart au fascisme. Le délai imparti, tellement court qu'il rend compliqué toute nouvelle inscription sur les listes électorales, est une autre preuve que quelque chose de cet ordre-là est à l'oeuvre.
Ensuite, contrairement à ses prédictions, la gauche s'unit à nouveau en quatre jours au sein d'un spectre si large qu'on y trouve aussi bien Philippe Poutou que François Hollande. Le Nouveau Front Populaire devient dès lors, après le crash des macronistes, la deuxième force politique du pays voyant ainsi le grand retour de l'antagonisme gauche/droite que Macron avait tant voulu effacer.
Enfin, ce dernier change son fusil d'épaule, passe à la vitesse supérieure pour diaboliser ce NFP en l'entachant des mêmes marques d'infamie dont la France Insoumise fait l'objet depuis longtemps : antisémite, hors du champ de la République, dangereux, causeur de troubles et de chaos. Il reprend les thèmes chers à l'extrême-droite comme l'immigration, tient des propos racistes et homophobes. Les médias quant à eux redémarrent la machine à angoisse avec faits-divers surmédiatisés et désinformations de rigueur.
Les récentes manifestations et protestations populaires en réaction à la montée de l'extrême-droite montrent qu'en dépit du fait que cette stratégie semble usée jusqu'à la corde, elle pourrait bien faire preuve d'efficacité une nouvelle fois.
Le sempiternel retour du duel Macron-Le Pen au second tour aura deux effets : une forte abstention et un report des voix de gauche vers Macron pour éviter ce que beaucoup considèrent toujours, à tort ou à raison, comme le pire.
Et tous, toutes ici, nous savons parfaitement que ce sont les deux ingrédients principaux du maintien illégitime de Macron au pouvoir.
Un choix est par conséquent le seul qui soit stratégiquement valide au premier tour des élections législatives, et ce malgré toutes les réticences que la composition hétéroclite de ce NFP peuvent légitimement provoquées : s'il ne fait aucun doute que le Rassemblement National sera au second tour parce qu'il est le premier parti de France, il faut alors qu'on lui oppose le Nouveau Front Populaire, sinon Macron passera devant et reprendra la main. Face à un affrontement final entre NFP et RN, chacun(e) choisira librement en son âme et conscience. Non pas contraint(e) et forcé(e).
Agora Vox
Encore un post de Xuan
sur histoire et société