Si je devais exprimer un regret, c'est que l'ADAP n'ait pas inversé l'ordre de ses tardes: les Raso de Portilla le samedi, pour clôturer le dimanche par la concours.
Nous avons en effet commencé par un dessert de choix, et terminé les agapes par un plat inmangeable, indigeste, non par la faute des éleveurs, mais par les comportements indignes de novilleros et peones qui doivent dare-dare changer de métier. Aucun respect pour le toro, pour le public, pour le palco, et pour le costume de lumières qui sied si mal à leurs clowneries et à leurs innombrables tricheries.
Commençons donc par ce triste dimanche, pour terminer par une note qui correspond mieux à l'esprit de Parentis.
Dimanche 9 Août: profondeurs de l'abîme du toreo
Carlos Guzman annonce la couleur: son toro est carrément piqué dans l'épaule sous les applaudissements de spectateurs ravis. "Bien, le piquero"! hurlera derrière nous une excitée à chaque forfait perpétré. Évidemment, on assistera ensuite à une faena d'infirmier pour toro faiblissime, l'aburrimiento précoce est seulement interrompu par quelques applaudissements de touristes. Querencioso aux planches, le novillo reçoit un pinchazo, puis après un avis, le quadrage pour l'épée s'avère interminable. Une entière au troisième essai, 2° avis, 4 descabellos.
Son second opposant, n° 28, est presque chétif, mais il désarçonne la cavalerie au deuxième choc, la mise en suerte est catastrophique, le novillo ira quand même 4 fois au cheval après un temps interminable de placement. Suerte de banderilles à la sauce Cañada, égal à lui même - "une broque", crient derrière nous 30 nîmois-, aucune faena, 2/3 d'épée, descabello. Sifflets !
Comme beaucoup trop de ses semblables, Felix de Castro torée plus le public que le faible animal qui lui échoit; après une pique bien poussée par son novillo, et une seconde, trasera, il remet en suerte après les clarines! Son banderillero est applaudi, seul fait notable. Pour le reste, toreo pueblerino à une bestiole faible: et çà prend !! Les gogos n'y voient que du feu. Une entière sur le côté.
Pour son second, au moment où il effectue la mise en suerte pour le piquero de turna, il s'envoie son toro sur le râble! Vol plané, retombé sur la tête, il est ko . Il ne reviendra pas. Pendant ce temps, le tercio de varas se poursuit jusqu'à la quatrième charge d'un novillo de bandera sans que le public ne réagisse. Deuxième tercio catastrophique, jet de fléchettes en partant au cul du toro. Consternant! Guzman va chercher l'acier, sans une passe, sans honte, et assassine le bicho au terme de vingt descabellos.
Après que son premier novillo ait encaissé une pique suivie d'une légère piquette, Naranjo entame sa faenita à l'estribo. La noblesse du Portilla nous permet de voir une faenita variée de derechazos et naturelles liées, la charge est nette, le trajet sans arrêt ni accroc, Naranjo se colle au novillo et l'étouffe, il crie beaucoup, tente un pinchazo, finit par un golletazo, et s'autorise une vuelta
C'est donc Naranjo qui clôture cette tarde de honte, avec une pique carioquée qu'il laisse impunément administrer par son complice à cheval. Suit le désastre habituel des banderilleros. Et le colombien ose brinder au public qui n'en a cure et applaudit. Derechazos terminés collé au cul du novillo noble à souhait, il torée de la gueule, et termine par un nouveau bajonazo, pour lequel, ô scandale, les mouchoirs blancs des touristes s'agitent frénétiquement. Heureusement, au palco, Garzelli tient bon.
La corrida est vraiment en danger, l'aficion, elle, est à l'agonie.
Pour l'épisode tout aussi consternant de la bouteille de ricard jetée dans le ruedo, rappelons
- d'autres l'ont fait avant moi - que le dangereux ivrogne auteur du forfait a rendu au salopard Guzman le meilleur service: alors que le public devait lui administrer une bronca monumentale, le fieffé voyou a réussi à retourner la vindicte populaire contre l'abruti, grâce à l'appui des voisins de tendido futés délateurs, puis est tranquillement et impunément retourné derrière les planches.
Plus gogos qu'à Parentis, tu meurs!
Samedi 8 Août: tarde de toros.
Peut-être la novillada-concours de 2009 ne restera-t-elle pas dans les annales de l'aficion torista: il n'empêche, on ne s'est jamais ennuyés ce samedi d'ouverture. En matière de suerte de picar, le fondement même de la corrida telle qu'elle doit être conçue et appliquée, pour un total de 23 piques, les organisateurs de l'ADAP peuvent être satisfaits.
Le Partido de Resina sorti en premier reçoit depuis le centre sa quatrième ration, provoquant presque une nouvelle chute, après une culbute de la cavalerie à la première rencontre. Après trois bonnes paires de palos, le novillo part des tablas vers le centre où l'attend Daniel Martin. L'embestida est franche, le bicho fait preuve de noblesse, et la faena agréable. Le torero pèse sur son docile partenaire, les cites de loin sont répétés. Quelques naturelles pour cadrer, entière et descabello. Salut depuis le callejon du chaval dépité, cette faena à Torremolinos ou à Dax lui aurait valu un rabo. Durs, durs, les franchutes!
Le Guardiola qui lui échoit en second aurait eu quatre ans en novembre. Negro bragado, astifino, il est applaudi dès sa sortie, comme la pluspart des bichos du jour. Première pique dans l'épaule, puis seconde, plus académique, troisième, quatrième, la cinquième en partant de 30 mètres. Il semble ne pas avoir été primé: bizarre! Martin le torée avec temple, l'animal est encasté et noble, puis se met à cabecear. Plusieurs séries de naturelles croisées, David reprend le dessus, il place une demie qui ressort, puis trois-quart de lame bien logée. 7 ou 8 descabellos...
Julian Simon reçoit un Prieto de la Cal, magnifique jabonero de février 2006, bien armé, fougueux, qui remate dans les planches sans rechigner. Une vilaine pique trasera, le piquero recharge - bronca -sans que le toro s'éloigne. Pour la deuxième rencontre, la chute est miraculeusement évitée. Pour la quatrième, cite du toro au centre du ruedo. Le public applaudit. La faena, elle, sera brêve. Essai à droite, puis à gauche, Simon abandonne vite devant le danger qu'il pressent. Une entière sur le côté et une multitude de puntillas par le cachetero de turna. Le second de Julian est un colorado d'Alonso Moreno de janvier 2006, bien armé, qui s'octroie une vuelta de campana applaudie à tout rompre par une légion de connards. Après être sorti seul de la troisième pique, il charge de plus loin encore pour la quatrième. Salut du banderillero . Brindis a todos du novillero. Gueule fermée, le bicho s'élance avant les cites. Simon n'a pas les moyens de continuer, la faena sera aussi brêve que la première. Deux pinchazos et une entière muy muy trasera !!
Le Morena de Silva accomplit trois tours de ruedo à fond de train, Francisco Pajares finit par le cadrer à l'aide de quelques véroniques. Pique ratée et reprise illico- le piquero ne doit pas savoir qu'il est en concours à Parentis- , seconde avec quite, troisième charge. Dès la première série à droite, le novillo affiche sa grande noblesse. La muleta est templée, la musique démarre pour les touristes, séries à droite et à gauche s'enchainent sans effort apparent, tellement le bicho s'élance sans rechigner. Puis la faena se décompose très vite, Pajares cadre pour deux pinchazos et une entière un peu de côté. Vuelta.
Le Coquilla de Sanchez Arjona est armé court, très court, dans le type habituel de l'élevage. Je veux bien... Cela dépare beaucoup avec certains de ses concurrents. Il reçoit trois rations de fer, manque de renverser la cavalerie lors de la seconde rencontre, part du centre pour administrer un sacré bouchon pour la troisième. Lui aussi sera noble, après la suerte de banderilles écourtée, il suit docilement la muleta de Francisco, le torero lui donne de l'air et du temps pour récupérer, il se déplace lentement, torée avec temple. Quelques redondos pour conclure. 1/3 de lame après deux pinchazos.
Parentis avait si bien commencé....
Une suggestion aux organisateurs: n'autoriser la musique des peñas que dans le cas de vuelta ou de trophée, ou éventuellement après le salut du torero: aujourd'hui, et partout, les groupes se mettent à jouer, les spectateurs tapent dans les mains, les toreros en profitent pour sortir et s'octroyer des vueltas qu'ils ne méritent pas.
Déjà, çà mettrait un peu de sérieux et d'ordre dans l'anarchie ambiante qui profite aux tricheurs.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire