SCANDALEUX : LE FILS D’UN DES COMPAGNONS DU COLONEL GILLES SOMMÉ DE PROUVER SON IDENTITÉ FRANÇAISE !
Les nouvelles consignes données par le régime sarkozyste font désormais obligation de fournir la PREUVE de son idendité française, même si celle-ci ne fait pas de doute depuis plusieurs décennies.
Et les aberrations se multiplient sur tout le territoire de la République, chacune d’elles soulève l’indignation et la révolte. Au point que la nationalité française est contestée à un fils de l'AFFICHE ROUGE.
Ainsi, un simple renouvellement d’une carte d’identité, fait figure de parcours de combattant, pour nombre de Français NÉS SUR CE SOL, si le moindre doute existe quant à la nationalité de leurs parents : l’acte de naissance SUR LE SOL FRANÇAIS, justification suffisante d’état-civil jusque là, ne suffit plus, selon les Besson et Hortefeux.
Mais il en est des plus significatifs que d’autres. Parce u’ils ont partie liée avec la Résistance, la défense, puis la libération de la France. Alors, d’étranges et inquiétantes connexions se mettent en place avec, précisément, cette sombre époque où des lois iniques faisaient obligation aux juifs de prouver leur nationalité française, à partir d’un certain 22 Juillet 1940 de sinistre mémoire.
Et Armand GORINTIN participe de cette histoire. Son père, David, était ENGAGÉ VOLONTAIRE en 1939, pour la FRANCE. Il fut compagnon d’armes de Joseph EPSTEIN, héros de la Résistance FTP, de PARIS, instigateur de la guérilla urbaine, connu sous le pseudonyme de Colonel GILLES, fusillé à 33 ans au MONT VALÉRIEN, le 11 Avril 1944.
Souvenons-nous de l’Affiche Rouge. Joseph EPSTEIN, comme David GORINTIN, avaient refusé le fascisme, la soumission, la misère. Le second sera rapidement arrêté. Le premier devait rencontrer Lucie et Raymond AUBRAC, Lise LONDON, Maurice KRIEGEL-VALRIMONT. La captivité permettra à David d’échapper à la mort.
Au nom de quoi refuse-t-on à son fils, né Français, en France, en 1949, le renouvellement de ses papiers ? “ L’exigence de prouver ma nationalité, sans être totalement identique, renvoie singulièrement à la loi de 1940, l’une des premières lois xénophobes du Gouvernement de Vichy”, constate-t-il. Il y a David, le père, il y a Esther, la mère, récemment décédée. En 1942, elle est enfermée dans le camp de Mérignac, puis emprisonnée au fort du Hâ. L’évasion sera son salut. Ils s’installeront ensuite Rue de Rivoli, à Paris, avec leur fils Armand, auquel on refuse aujourd’hui de reconnaître son identité Française. Et qui résiste. “ Étant dès lors moi-même sans papiers, j’ai donc l’honneur d’exiger de vos services ma régularisation à laquelle j’ai droit, en vertu de l’art. 21-12 du code civil, qui stipule que la nationalité de ceux qui ont vécu en tant que Français depuis plus de dix ans, ne peut plus être contestée”, a-t-il écrit au préfet de police de Paris.
Et il souhaite que des dizaines de milliers de Français d’origine étrangère dans le même cas que lui en fassent autant.
A commencer par un certain Nicolas Sarkozy lui-même ?
Les fils des libérateurs n’ont ainsi comme toute reconnaissance que le mépris! Il est vrai que ce débat nauséabond sur l'identité nationale ne date pas d'aujourd'hui: les enfants d’Africains qui ont versé leur sang et leur vie pour la France en savent quelque chose !
Mais pour évacuer les vrais problèmes, et raccoler en même temps les esprits faiblement politisés, quoi de plus simple que de rivaliser avec le Pen, avec la complicité de medias dociles jusqu'à la soumission ?
MANOUCHIAN: DE LA POÉSIE À LA LUTTE ARMÉE, JUSQU'AU SACRIFICE FINAL
Missak Manouchian, responsable des FTP-MOI de Paris (été 1943), est né le ler septembre 1906 dans une famille de paysans arméniens du petit village d’Adyaman, en Turquie.
Il a huit ans lorsque son père trouvera la mort au cours d’un massacre par des militaires turcs. Sa mère mourra de maladie, aggravée par la famine qui frappait la population arménienne.
La résistance arménienne à la domination turque accentuée par le conflit religieux opposant les deux nations, les premiers étant chrétiens orthodoxes entraîne de terribles massacres par le gouvernement turc. Près de deux millions d’arméniens, hommes et femmes, y ont trouvé la mort (1915-1918).
Agé de neuf ans, témoin de ces atrocités qu’on qualifie aujourd’hui de génocide par référence à celui des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale Missak Manouchian en restera marqué pour la vie. De nature renfermée, il deviendra encore plus taciturne ce qui le conduira, vers l’âge de douze ou treize ans, à exprimer ses états d’âme en vers : "Un charmant petit enfant /A songé toute une nuit durant/ Qu’il fera à l’aube pourpre et douce / Des bouquets de roses". Recueilli comme des centaines d’autres orphelins par une institution chrétienne après avoir été hébergé dans une famille kurde, Missak gardera toujours le souvenir du martyre arménien mais aussi de la gentillesse des familles kurdes, ce qui le rapprochera, 25 ans plus tard, de ses camarades juifs de la résistance en France, eux-mêmes confrontés au génocide de leur peuple.
Arrivé en 1924 avec son jeune frère à Marseille, Missak apprendra la menuiserie et s’adonnera à des métiers de circonstance. Il consacrera les journées de chômage aux études, fréquentant les "universités ouvrières" créées par les syndicats ouvriers (CGT). Il fonde successivement deux revues littéraires, Tchank (Effort) puis Machagouyt (Culture). Dès 1937, on le trouvera en même temps à la tête du Comité de secours à l’Arménie, et rédacteur de son journal, Zangou (nom d’un fleuve en Arménie).
Le tragique rendez-vous du 16 novembre 1943 à Évry Petit-Bourg Rien à signaler sur les divers fronts. Mais ce matin-là, sous un ciel lourd, aux environs immédiats de la gare d’Évry Petit-Bourg (Essonne), va se jouer un épisode dramatique du " front invisible " où s’affrontent, à armes inégales, les Francs-Tireurs et Partisans immigrés (FTP-MOI) et les Brigades Spéciales de la police française aux ordres de la Gestapo.
" Filé " à partir de son domicile parisien, Missak Manouchian devait rencontrer, sur les berges de la Seine, Joseph Epstein, responsable des Francs-Tireurs Français pour l’Ile-de-France. Ils seront capturés sur la rive gauche après avoir tenté d’échapper aux policiers en civil lancés à leurs trousses. Ainsi a pris fin l’une des plus grandes opérations de police contre la résistance, notamment la formation militaire des volontaires immigrés d’origines juive, italienne, espagnole, arménienne... dont les faits d’armes, dans la capitale même, furent autant de coups portés au prestige de l’occupant. Ce qui leur valut la colère de Berlin qui exigeait de mettre rapidement les "terroristes juifs et étrangers hors d’état de nuire".
Missak Manouchian tombera au Mont-Valérien, avec vingt-et-un de ses camarades, sous les balles de l’ennemi, le 19 février 1944. Également condamnée à mort, la jeune femme, Olga (Golda) Bancic, sera décapitée en Allemagne. Joseph Epstein et vingt-huit autres partisans français seront fusillés le 11 avril 1944. Louis Aragon a écrit sur cet épisode un poème magnifique, chanté avec beaucoup d’émotion par Léo Férré.
L’affiche rouge
Vous n’avez réclamé ni gloire ni les larmes
Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L’affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c’est alors que l’un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan
Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant
Louis Aragon. Chanson interprétée par Léo Ferré.
La dernière lettre de Manouchian.
Ma Chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée,
Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m’arrive comme un accident dans ma vie, je n’y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais.
Que puis-je t’écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps.
Je m’étais engagé dans l’Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu’il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous... J’ai un regret profond de ne t’avoir pas rendue heureuse, j’aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d’avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu’un qui puisse te rendre heureuse. Tous mes biens et toutes mes affaires je les lègue à toi à ta sœur et à mes neveux. Après la guerre tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l’armée française de la libération.
Avec l’aide des amis qui voudront bien m’honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui valent d’être lus. Tu apporteras mes souvenirs si possible à mes parents en Arménie. Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l’heure avec le courage et la sérénité d’un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n’ai fait de mal à personne et si je l’ai fait, je l’ai fait sans haine. Aujourd’hui, il y a du soleil. C’est en regardant le soleil et la belle nature que j’ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis. Je pardonne à tous ceux qui m’ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus. Je t’embrasse bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cœur. Adieu. Ton ami, ton camarade, ton mari.
Manouchian Michel.
P.S. J’ai quinze mille francs dans la valise de la rue de Plaisance. Si tu peux les prendre, rends mes dettes et donne le reste à Armène. M.M
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