Comment s'étonner de la faiblesse latente des pensionnaires de "La Bélugo"? De Salins de Giraud à Aire sur l'Adour, à peine 500 km! Ce n'est donc pas le bout du monde. Et pourtant, le magnifique lot d'Hubert et Françoise YONNET - rappelons qu'il avait été prévu à l'origine le 21 Août dernier pour la Monumental de BARCELONE, plaza de I° catégorie- a paru bien faible, sans transmission ni alegria. Il semble que, partis très tôt le matin de la ganaderia, les toros aient été débarqués vers IO heures, pour être combattus quelques heures plus tard. Il est très regrettable qu'une sage solution ne soit pas trouvée, par exemple un repos d'une journée dans les corrales d'une arène proche, afin que le bétail se remette de la fatigue et de l'engourdissement provoqué par une trop longue position debout et à l'étroit en attendant le départ et pendant le transport. Au contraire: bien armés, bien présentés, bien charpentés, tous dans le type origine GUARDIOLA, les toros ont peu poussé sous le fer, certains même pas du tout, comme si leur poder était resté collé au plancher du camion où ils étaient restés trop longtemps prisonniers.
Deux cinquièmes d'arènes, pour cette dernière corrida de la temporada française, avec, par contre, un callejon beaucoup trop garni par des centaines de gens qui n'ont rien à y faire, qui bougent quand il faudrait ne pas bouger, et qui distraient le toro qui n'en avait surtout pas besoin, mais qui sont invités ou tolérés, en qualité d'amis d'untel ou d'un autre, ou d'amis d'un ami.... Le bordel et l'indiscipline bien de chez nous.
Minute de silence enfin pour honorer le grand, l'immense Antonio CHENEL "ANTOÑETE", l'homme qui avait " el tabaco por compañero", et qui gardait ses cartouches de cigarettes au frigo, dixit Carmen, la Condesa de Estrasas. Una leyenda se ha ido....dejando huèrfana la aficiòn.
Les applaudissements saluent la sortie du toril du premier YONNET. Pique ratée, et reprise. Deuxième piquette sans pousser, à un animal affecté de boiterie. Faenita: le toro tient à peine debout, ce que très peu de reseñas ont souligné, il gratte le sol, parait noble, mais sa faiblesse interdit tout espoir de lidia. Et le public n'a pas un mot de protestation. Javier CASTAÑO, sans risque, après séance de profil avec la droite, s'avance à petits pas vers la corne contraire, mais se fait quand même cueillir: sans mal! Entière. Et le coquin s'attribue une vuelta qui ne s'imposait sûrement pas, vu l'inconsistance de son opposant, mais que les spectateurs ne lui rechignent pas
Corne gauche légèrement escobillée pour le YONNET qui échoit à ESCRIBANO. Pique trasera applaudie par les spectateurs d'AIRE PLAGE: nouveau signe inquiétant de la triste évolution de l'aficion. Seconde vara immédiatement relevée, le bicho ne pousse plus. Seconde paire de banderilles du matador époustouflante d'engagement: quiebro collé aux planches, ESCRIBANO "en" a, ce geste torero le prouve. Par la suite, faena partant du centre, cambiadas dans le dos, muletazos templés, avec un animal qui donne des signes de faiblesse et se laisse embarquer. Les charges sont vite raccourcies, mais l'animal garde la gueule fermée et la tête haute. ESCRIBANO reste dans le berceau des cornes, puis s'éloigne pour donner de l'air à son opposant. Passes trop profilées, manoletinas, mete y saca, avant demi épée au troisième essai: dommage.
SAVALLI ne change pas: dommage, pour lui aussi, mais surtout pour nous, qui avions fondé de grands espoirs, notamment depuis le bolsin d'ARNEDO, qu'il remporta haut la main. Ou plutôt s'il change, ce n'est hélas pas pour s'améliorer. On dit à l'envi qu'il est très mal entouré: il faut croire que lui-même ne fait pas grand chose pour changer ni de comportement, ni de conseilleurs. Son premier toro est de loin le meilleur des trois, il pousse sous le fer, sans rechigner, quite par Morenito d'Arles. Il s'échappe vers le cheval pour la seconde rencontre, sort assez vite. Début de faena à la Mehdi, saccadé, le toro se distrait vite et se fige. Le torero arrache bien quelques passes, le bestiau n'en veut plus, il garde bouche fermée, mais ne charge plus. Mete y saca, deux essais, une entière. Un bon toro parait avoir été gâché....
Le quatrième exemplaire est un negro puissant et bien armé, charpenté, l'oeil averti de mon ami Jean Pierre SORBET me fait remarquer la morphologie caractéristique des GUARDIOLA. Et ajoute que à la différence des autres élevages, qui comportent le chiffre de l'année de naissance sur la jambe droite des animaux marqués au fer, tous les numéros de naissance sur le dos des toros de YONNET sont précédés du 7. Donc nés en 2007! Première pique ratée. Embestida pour une piquette, puis une autre: le toro de CAZSTAÑO n'aura reçu aucune pique, pas une éraflure, que des simulacres. Difficile de juger de la bravoure! Pourtant les aplausos fusent: "Bièn, piquero", les spectateurs debout saluent l'"exploit" de celui qui a juste posé puis immédiatement relevé sa pique. Remarquable! Que c'était beau! Pour un peu, ils lui attribueraient la légion d'honneur, ou le mérite agricole. Ay: Que pena ! Nous nageons dans la connerie. Pardon: la tonteria. Ils sont fous de récompenses déplacées. Besoin d'applaudir, de montrer qu'ils ont apprécié, même les gestes et les actes les plus banals. Même des gens que j'ai crus modérés et sages, il y a peu, font chorus. Le seul mérite aujourd'hui de Tito SANDOVAL est d'avoir économisé ce YONNET qu'un autre aurait peut-être massacré. Mais le mérite en revient quand même à Javier CASTAÑO! Le maestro, qui commande et exige, c'est lui. David ADALI, souverain aux banderilles, est appelé à saluer. Par la suite, la faena se réduira vite à quelques gestes sans saveur, le bicho est fatigué, embestidas lourdes, génuflexions, pas de jus, ni du torero, ni du toro, aucune émotion.
El toro se para, definitivamente.
Épuisé, mais sans effort, il reçoit une entière qui le couche. Autre vuelta vergonzosa du Salmantino.
No hay quinto malo. Mais celui-ci n'était pas le cadeau du jour. Très bel animal que celui que reçoit ensuite ESCRIBANO, qui va rééditer son exploit de quiebro au ras des tablas, au risque de se faire clouer. Phénoménal! Auparavant, une pique bien poussée, mais pour la seconde, hampe vite relevée. Le toro s'avère manso, il serre et sa corne gauche signe plusieurs avertissements au torero. Qui administre quelques passes sans dominio, à un bestiau qui gratte et cherche comment atteindre son but: déglinguer ce bipède qui se cache mal derrière le drapelet. Toro qui garde toujours la tête haute, les pitons dressés, comme ses frères, boca cerrada. Et reste le maître, malgré les efforts et le courage du torero, qui, comme aussi la plupart des capés d'aujourd'hui, oublie que pour peser sur un toro, il faut se croiser, et non faire passer, à l'infini, des animaux montés sur rails. Passes de châtiment insuffisantes, pour ma part, la bête a gardé du jus pour en imposer jusqu'au bout. Demi épée tendue au centre du ruedo. L'animal fait quelques pas vers les tablas, et se couche. Vuelta.
Ou bien, le sixième YONNET aurait pû tomber dans de meilleures mains, ou bien, çà revient au même, SAVALLI ne fut pas, une nouvelle fois, à la hauteur. Première pique en partant du centre, le toro pousse bien. Quite, deuxième embestida, la pique de MONNIER reste accrochée au dos du toro. Pas joli! Mais, plus grave, dès l'entame de faena, Mehdi "torée" sur le recul, et donc se met vite en danger. Se fait désarmer plusieurs fois. D'un toro noble, en fait un animal vite avisé. Se fait même poursuivre, saute dans le callejòn, image peu glorieuse d'un matador en déroute, découvert en permanence, faisant des passes toujours à reculons. Pourtant, ce toro méritait une lidia construite par un vrai lidiador, non pas par un incapable qui ne sait que répondre avec le toupet qui le caractérise à la critique d'un aficionado. L'Arlésien a peut-être touché les deux meilleurs toros de la tarde, mais nous n'en avons pas profité. Ils ont été gâchés par SAVALLI, au point que même ses plus farouches partisans se sont détournés de leur protégé, excédés par ses lacunes et son comportement.
Fin d'une tarde qui resta intéressante, mais sans grand relief, vu la faiblesse du bétail, et celle de certains des bipèdes qui leur étaient opposés.
A noter, tout de même, l'application des trois toreros à faire respecter le tercio des piques, en plaçant les bichos au centre du ruedo, les piqueros usant de tous leurs artifices pour provoquer les charges d'animaux peu décidés à collaborer( probable fatigue du voyage ).
A AIRE, on fait venir au palco un président de....BILBAO! Est-ce bien sage, nécessaire? A BILBAO, on ne sait pas qu'il faut interrompre la "musique" - cacophonique !!!- dès qu'il y a cogida dans le ruedo? Quelle manie d'aller chercher si loin des gens qui n'apportent rien, au lieu de former de jeunes aficionados de talent, simplement volontaires pour s'appliquer à être justes, sérieux, et efficaces....
Ce fut aussi le jour des retrouvailles avec les aficionados qu'on salue toujours avec respect et affection, les photos suivront, témoignages de quelques belles heures de convivialité et d'amitié. Auparavant, je n'avais pas souhaité me rendre dans les Landes, - mauvais souvenirs de l'ancien palco- ce dimanche 22 octobre, mais nos amis Juan Pedro et Michèle, de TARASCON SUR RHÔNE, devaient faire le voyage: ils nous ont appelé, ils souhaitaient bien sûr qu'on se voit, voilà pourquoi j'ai changé d'avis. Ensuite, de JEGUN, de COLLIOURE, de LA ROCHELLE, de PARENTIS, de ORTHEZ, de PLAISANCE, de BELGIQUE et de partout, les amis aficionados avaient accouru, et drâce à eux la journée fut plus belle, comme le sont ces moments où rien n'importe plus que ce gusanillo qui nous parcourt l'être tout entier. Que nos une, comme disent nos amis espagnols.
Dernière étape 2011: ST SEVER, le ONZE NOVEMBRE, avec ONZE ENCASTES.
Retenez bien: 11 - 11 - 2011 : 11 ENCASTES DIFFÉRENTS , à SAINT SEVER, dans les LANDES
3 commentaires:
2 questions querido pedrito :
- tu as un contentieux avec Matias ? (cette interrogation m'avait déjà effleuré l'esprit à Parentis lorsque nous avions évoqué les raisons qui m'appelaient à Bilbao)
- étais tu en barrera lors de la course ?
Salut Pedrito !
Merci de faire partager ce que vous avez vu et ressenti à ceux qui ne pouvaient y être.
Concernant Savalli, il semble bien que ses talents en non piquée se soient vite évanouis mais, même alors, il avait déjà les défauts qu'il a accentués par la suite : il avait une tendance à toréer le public et maintenant il est devenu totalement pueblerino ; normal, vu son entourage ! Mais, il ne faut pas lui reprocher de rester avec ses "conseilleurs" : comment pourrait-il faire autrement puisqu'il n'a qu'un "son de cloche" ??! Il se rendra compte de ses erreurs lorsqu'il n'aura plus de contrats (ce qui ne devrait pas trop tarder car les "requins" de soi-disant écoles taurines sont toujours à la recherche de chair fraîche et de talents à gâcher !).
Concernant Aire, il y a des corrales (on les voit bien quand on se penche du dernier rang !) et donc les toros auraient pu arriver la veille de la corrida ...
Bien à vous, Pedito AFICIONADO DE VERDAD,
StrummerRiot.
Chère Zanzi,
J'ai répondu à ta question ,je crois, un peu plus haut, sur les commentaires des photos: je ne connais Matias ni d'Ève, ni d'Adam, je ne fréquente personne des palcos, ni des mas-tu-vu des campaux i rouédos ni autres cercles de boutiquiers, ni peña d'aficionados clandestins.
Ces genscires-là m'ont un jour interdit d'utiliser le bandeau "non a las fundas", qui figure sur leur blog. Comme je l'avais vu également sur un ou deux blogs espagnols, j'avais crû naïvement que nous défendions la même cause, et que donc je pouvais aussi l'afficher "chez moi". Que nenni: J'ai donc été prié de le retirer. Ce que j'ai fait, mais sans oublier de leur manifester ma colère. Depuis, ils ne manquent jamais de m'envoyer un compliment, et je rends la monnaie de mon mépris à leurs prétentions: je n'ai jamais obéi à qui que soit, depuis leur observatoire qui n'a rien à envier à celui du gourou du Boucau, des intellos boutiquiers aficionados à leur culture et à leur nombril ne me feront pas changer. Les tristes sires ne sont pas forcément ceux qu'ils pensent...
Aire: j'étais descendu rejoindre des amis en barrera: à ce sujet, j'avais derrière moi un zozo qui s'est longuement et lourdement distingué en claironnant à maintes reprises, - peu-être n'avait-il plus soif,- qu'il fallait se lever pour observer une minute de silence, en l'honneur de Antoñete, ce que personne ne contestait d'ailleurs. Puis il a même déclaré que ...Manolete était mort! Était-ce celui qui me traite de gueulard? Peut-être, mais je ne le connais pas, même si peut-être je l'ai eu rencontré.
Ce qui est sûr, c'est que je l'emmerde autant qu'il me pèse.
Allez: bises!
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