L’ineptie des Occidentaux pousse l’Ukraine vers le chaos | Frank Furediby histoireetsociete |
C'est
la diplomatie occidentale inculte et superficielle qui exacerbe la
situation très tendue en Ukraine. Pis, elle met la Russie sur la
défensive, avec des conséquences imprévisibles, affirme un chroniqueur
britannique.
Spiked
Spiked
5 mars 2014
Il
se dit que les gouvernements occidentaux ont été pris au dépourvu par
la vitesse des événements en Ukraine. Cela n'a rien d'étonnant. La
surprise des responsables occidentaux et de leurs observateurs face, en
particulier, à la rapide évolution du conflit en Crimée est
l'illustration de leur inculture géopolitique et de la superficialité de
la diplomatie occidentale moderne. Quiconque a une connaissance minime
de l'histoire et de la position géopolitique de la Russie peut
comprendre que ce qui se passe en Crimée a tout autant d'importance pour
Moscou que les événements dans des villes russes comme Rostov ou
Volgograd.
Difficile
d'en vouloir à qui suit les médias occidentaux de considérer la Russie
comme une puissance tentaculaire, agressive et expansionniste, prête à
la moindre occasion à partir à la reconquête des pays voisins. Pourtant,
en réalité, et en dépit des poses nationalistes que prend à l'occasion
Vladimir Poutine, la Russie est devenue une puissance du statu quo, sur
la défensive. Depuis l'éclatement de l'Union soviétique, elle voit son
pouvoir et son influence reculer. Elle peine à garder une emprise sur le
Caucase et se trouve confrontée à un mouvement islamiste bien plus
redoutable qu'aucun de ceux qui défient directement les sociétés
occidentales. A l'Ouest, la Russie se sent menacée par la pression
politique et culturelle qu'exerce l'Europe. Dans un tel contexte, on
peut comprendre qu'une frange non négligeable des élites russes ait le
sentiment que c'est l'intégrité même de leur nation qui est en jeu.
Les diplomates occidentaux semblent bien oublieux de leur propre implication dans la crise actuelle
La
plus grande réussite de la diplomatie occidentale en Ukraine, et en
particulier de la diplomatie de l'Union européenne, aura été de pousser
un peu plus la Russie sur la défensive. L'intervention de Moscou en
Crimée s'explique au moins en partie comme une réaction à ce que les
Russes considèrent comme une ingérence étrangère systématique en
Ukraine. Les ONG et les gouvernements occidentaux ne cessent de dénoncer
l'intrusion russe dans les affaires ukrainiennes – pourtant la Russie
est loin d'être le seul intrus dans ce pays. L'Union européenne et les
Etats-Unis ont affiché un soutien débordant au mouvement d'opposition à
Kiev. Bon nombre d'éminents responsables politiques occidentaux, dont le
ministre allemand des Affaires étrangères, se sont rendus dans la
capitale ukrainienne pour afficher leur solidarité avec les
manifestants. Qu'est-ce donc, sinon une intrusion dans les affaires
ukrainiennes ? Imaginez Poutine venant à Londres pour soutenir le
mouvement Occupy ou les émeutiers : on serait scandalisé devant une
ingérence aussi grossière dans les affaires intérieures d'un Etat
souverain.
Les
diplomates occidentaux semblent bien oublieux de leur propre
implication dans la crise actuelle en Ukraine. Encourageant le mouvement
d'opposition à abattre le gouvernement Ianoukovitch, ils n'ont pas
réfléchi un instant aux conséquences d'un tel changement de régime pour
les affaires intérieures tant de l'Ukraine que de la Russie. Ils n'ont
pas envisagé, en particulier, le risque qu'un conflit politique dégénère
en un conflit ethnique entre Ukraine orientale et occidentale. Pas plus
qu'ils n'ont considéré la possible cristallisation d'un conflit
politique intérieur à l'Ukraine en conflit extérieur, entre la Russie et
l'Ukraine.
Cette
intervention inepte des Occidentaux en Ukraine s'inscrit dans une série
de calamiteuses tentatives de renversement politique menées ces
dernières années, et dernièrement en Libye et en Syrie. Dans toutes ces
opérations, l'intrusion occidentale a eu à chaque fois pour conséquence
d'internationaliser et d'intensifier des conflits au départ relativement
circonscrits, qui finissent par menacer de déstabiliser des régions
entières. Une chose est sûre cependant : la Crimée n'est pas la Syrie,
et la Russie est une puissance militaire sans commune mesure avec la
Libye de Kadhafi. Quiconque prétend donner des leçons à la Russie doit
le savoir : il joue avec le feu.
Spiked
| Frank Furedi
Spiked
| Frank Furedi
2 commentaires:
Hello Pedrito !
Il faut croire que les "puissances occidentales" ont une mémoire de poisson rouge ! Il paraît qu'on apprend de ses erreurs, mais ça ne s'applique pas à tout le monde, hélas ...
Bien à vous,
StrummerRiot.
Comment croire que ce monde peut "apprendre"? Même si parfois il donne quelques illusions, le naturel revient au galop. Voir ce qu'ils ont retenu par exemple sur l'histoire séculaire de la Russie: RIEN!!!! Par contre, occuper une partie de CUBA, GUANTANAMO, pour y asservir au secret des prisonniers politiques çà, c'est normal....
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