Retour de SARAGOSSE.
J’étais parti pour voir ou revoir « los MAÑOS », avec
leurs beaux pelages cardenos si caractéristiques, leur trapio
sérieux, leurs armures élancées, astifinas, leur indéniable
caste, même teintée de cette noblesse qui rend toréables ces
reses, qui, pourtant, ne s’en laissent jamais compter, car ils ne
supportent pas qu’on les prenne pour des « domés »,
ils le rappellent très vite aux novilleros qui auraient tendance à
ne se présenter que de profil, avec leur pico à 1m,80 de la
ceinture, au lieu de charger la suerte. Bref, je découvrais surtout
ZARAGOZA et sa plaza de première de « la Misericordia »
Plaza de « primera »!!
Quelle déconvenue !
Public totalement à côté de ses pompes, à de très rares
exceptions près. On se croit à FUENGIROLA, BENALMADENA,
TORREMOLINOS, MARBELLA, ces arènes de plages où des charters de
Belges, d’Allemands, d’Anglais, déboursent 50 euros pour
découvrir pour la première fois de leur vie quelque chose qui leur
est présenté comme corrida, en l’occurence une novillada non
piquée, organisée par quelques aigrefins de la côte
Méditerranéenne, avec deux novilleros du coin face à 4 novillos
commerciaux, si vous voyez ce que je veux dire. Ici, à ZARAGOZA, les
6 novillos des frères MARCUELLO n’ont pas failli à leur
réputation, quoique pour moi moins passionnants que ce que nous
avons l’habitude de voir à ANDORRA ou PARENTIS EN BORN. Peut-être
la taille plus modeste du ruedo se prête-t-elle mieux à la lidia
des novillos dans les placitas que dans un ruedo beaucoup plus vaste.
En tout cas, les novillos
n’ont pas déçu, l’intérêt de la tarde ne faiblissant jamais,
malgré une nouvelle fois la justesse de bagage de ceux qui les
affrontaient. Le pire, dans cette arène où je ne mettrai plus les
pieds, c’est le public. Sans aficion que celle des pañuelos.
Piques assassines, dans le dos, dans les côtes, administrées à
flanc de cheval, personne ne bronche, au contraire, les
applaudissements accompagnent jusqu’à la sortie le charcutier aux
ordres du jeune « maestro ». L’épreuve de la pique est
ici totalement négligée. Aucun intérêt, ou presque, à respecter
une belle « suerte de picar ». Ensuite, dès les trois
premiers muletazos, la claque commence, pour que le palco déclenche
la musique, heureusement de qualité. Mais toujours présente.
Pesante....Par exemple, pour deux paires de bâtonnets d’ESCRIBANO
– en musique, of course - à corne passée, quatre passes de
profil, trois circulaires, en toréant les tendidos, muleta
accrochée, faenita décousue et toreo vulgaire, sans dominio aucun,
le public exulte. Que lui importe l’absence de lidia intègre. Un
golletazo là-dessus, l’arène se couvre de mouchoirs, et le
président qui résiste à accorder le second pavillon reçoit la
bronca de sa vie. Mais il a par contre accordé plus tard la vuelta
posthume à un toro qui a reçu à peine plus qu’une piquette.
Mouchoir bleu !!! BLEU !!!!! Pauvre aficion maña …..
Un président comme on en
voit peu ! Pire encore que les m’as-tu-vu présidents à vie
qui chaque dimanche chez nous dans le Gers et les Landes s’accrochent
à leur palco comme à un trône.
Voilà planté le cadre
de ce que l’on appelle parait-il une arène de première !!
Minable ! Public totalement ignare, qui se fout de la lidia
comme de sa première paire de zapatos. Me revient en mémoire
l’indulto du « Maño » de 2014. Je me demande même
pourquoi et comment ils n’en réclament pas au moins deux ou trois
par an, tellement ils éprouvent un plaisir frénétique à applaudir
les gestes, les attitudes les plus médiocres. A se faire prendre
pour des gogos....Pauvre, pauvre aficion maña.....
Ginés MARIN s’est fait
bousculer plusieurs fois par le premier novillo, ne s’est pas
croisé, a fait des passes, s’est fait promener, le Maño a plus
pesé qu’il n’a été dominé. Noblote, un peu faible, il est
mort du sacro saint bajonazo en vogue dans la toreria actuelle. Pour
son second novillo, MARIN a mis les petits plats dans les grands, en
plaçant le torito au centre du ruedo, pour une embestida
spectaculaire, mais sans pousser, lance vite relevée. Sept ou huit
muletazos à genou pour débuter la faena au centre, puis longue
séance de passes de profil. Destoreo brouillon pour un torito soso,
dont s’accomodent le public et les revisteros qui pullulent dans le
callejon, leurs reseñas en témoignent. Entière.
VAREA laisse son Maña
s’empaler sur la lance à bout portant, drôle d’application de
l’épreuve de la bravoure dans les arènes de ZARAGOZA. Le novillo
encaisse le coup, il semble faible après l’épreuve. Puis il ira a
màs, bouffant littéralement la muleta, public aux anges, jusqu’à
l’oreille bruyamment fêtée, après une entière tombée. Idem
pour son second opposant, qu’il ne retient pas mais laisse échapper
au cheval : longue pique, poussée aux planches, puis retour
vers le rond en poussant toujours. Deuxième embestida en partant du
centre, on commence à rêver à du sérieux, mais retour du pico
omniprésent ensuite avec la muleta, nouvelle séance de passes de
profil, épée atravesada qui sort sous le ventre, le novillo reste
le maître du ruedo malgré l’illusion donnée par VAREA
Le magnifique cardeno de
VALADEZ reçoit une première carioca alors qu’il ne pousse même
pas. Bravo, le piquero ! Pourquoi se gêner , puisque
personne ne bronche ? Et çà continue avec la seconde ration,
copieusement pompée, au milieu de quelques très rares sifflets.
Seuls, les deux banderilleros ne trichent pas. Puis commencent les
séries de profil, ce qui ne manque pas d’aviser le novillo aux
aguets. Cogida évitée de peu. Quelques cites croisés laissent
dégager un parfum d’authenticité. On apprécie. Mais le pico
reprend le dessus, le novillo se distrait, se fige, avant le bajonazo
final.
Curieusement, le dernier
novillo s’appelle TOSTADINO , comme son célèbre frère lidié
par César VALENCIA, lors de matinale de la dernière feria
PARENTISSOISE. C’est tout ce qu’il y aura de commun avec
PARENTIS. Ici, piques désastreuses, VALADEZ banderille à corne
passée, jette en l’air les bâtonnets lorsque le Maño coupe les
terrains, puis cloue al quiebro dans les côtes. Le novillo tarde à
embestir, encore mieux à se soumettre, se fige, bouche fermée, ne
consent à bouger que lorsque le tissu lui caresse le mufle. Faenita
en étouffant le l’animal. En « faisant des passes »
dans le berceau. Et la cogida survient, évidente, le novillo est
resté entier, c’est lui qui commande, contre toute apparence,
malgré son manque de charge. Demi épée à la sauvette. Oreille,
forte pétition de la seconde, par un public en marge d’authenticité.
Pour les FUENTE YMBRO,
mañana sera.
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