dimanche 27 décembre 2015

LA PROFANATION DE CÉRET

La profanación de Ceret 

Traduit du blog "DOMINGUILLOS" 


Il y a peu de temps, nous apprenions que Manolo Molés, empresario, envisageait la possiblité de téléviser la feria de Céret, et pour y parvenir, de faire concorder les dates du calendrier professionnel de son équipe technique afin de pouvoir offrir ce programme. L'annonce de cette nouvelle me fit l'effet d'une douche froide. Non que je sois spécialement opposé par principe aux corridas télévisées, mais s'il y a une endroit au monde qui ne mérite pas de se prêter aux médiocrités habituelles en usage dans les plateaux télé, c'est bien Céret et sa feria torista. Cette petite arène située au flanc des Pyrénées Orientales, et dont on aperçoit les collines depuis les villages environnants, c'est pour les "aficionados a los toros" un endroit magique, certes l'adjectif peut paraître banal, mais, je suis désolé, dans ce cas je ne connais pas de définition mieux appropriée.
Les aficionados en provenance de toute la planète taurine convergent en pèlerinage vers Céret, pour s'y retrouver et partager leur foi, comme les pèlerins cheminent vers Compostelle pour y chercher leur vérité profonde. Aussi il n'est pas rare d' y croiser des Colombiens, des Mexicains, des Italiens, des Allemands, des Belges(1), des Anglais, et évidemment des Espagnols et des Français. Aficionados exigeants, admirateurs de l'authentique toro de combat, se concentrent ainsi dans ces tendidos, où, comme dans tous les ruedos de prestigieuse réputation, ils sont obligés de subir l'inconvénient du prix des places. Dans peu d'endroits comme celui-ci on rencontre une telle proportion d'aficionados, c'est l'immense majorité  qui en est, ce qui explique que nulle part ailleurs qu'ici, dans les arènes que nous connaissons habituellement, les avatars qui peuvent surgir au cours de la corrida ne peuvent avoir le même écho, les mêmes conséquences. Par exemple à Madrid, où il fut un temps les aficionados s'imposaient en nombre au public occasionnel, mais il s'agit là d'une période révolue, loin derrière nous. Le toro est ici l'élément principal, personne ne le perd de vue, si bien par exemple que pour  que la dépouille soit sortie avec les honneurs, l'unique condition est que l'animal ait satisfait à l'épreuve de la pique de manière exemplaire, ici ce qui importe çà n'est pas la longueur de la faena semblable à un boisson sirupeuse, c'est le toro, et non pas celui qui fait le beau et gesticule pour tromper le public.
Il y a un équilibre presque parfait qui s'établit entre combat et combattants, il y a parfois bienveillance du public, parfois sévérité, de temps en temps émerge une critique, une voix  au ton sarcastique, qui rappelle à ceux d'en bas qui sont ceux qui exigent et commandent. On recherche ici à satisfaire le moindre détail, les habits régionaux, le public examine les toros dans des corrales à la vue de tous, on annonce les noms des cavaleries, on invite aux tertulias..... et tout cela magistralement accompagné par la banda traditionnelle locale, la Cobla Millenaria, qui donne à la corrida un caractère unique, incomparable. Le rite porté à son point culminant.
Pour en revenir à ce projet de corrida télévisée, Céret est le petit coin perdu dont rêvent les aficionados, au point qu'ils ne comprendraient ni n'admettraient jamais que la télévision vienne profaner leur temple, un de ces lieux rares dédié à la fête du toro, qu'ils veulent protéger avec le plus grand soin, contre la venue ici de Molés et de sa cour qui voudraient faire de Céret une arène banale, et qui mettraient ainsi fin à nos rêves. La corrida comme Céret l'aime, la fait sienne, et la respecte, est un spectacle  que l'on ne peut apprécier qu'en l'analysant dans son entier, depuis sa place, sur les gradins, la vie de l'homme est en jeu, et la télévision ne peut donner autre chose qu'une image totalement déformée et démystifiée, sans rapport aucun avec le toro et le culte qui lui est voué. La plus belle feria torista du monde ne mérite pas les bobards et fadaises multiples débités sur les écrans télé par David Casas et son ego Caballero(2) ni que nous remplissions les réseaux sociaux de commentaires trompeurs. On devrait d'ailleurs, comme dans les grands monuments et les temples, interdire les caméras et les photos.  Celui qui veut le vivre devrait simplement se rendre aux arènes. Et si personnellement je ne peux y aller, et que je souhaite économiser en regardant depuis mon canapé, je préfère rester privé de cette émission, et lire ensuite les chroniques rapportées par les aficionados.

On dira sans doute que tout çà manque de romantisme, qu'il y a en jeu beaucoup d'argent, mais justement, croyez-vous que c'est le romantisme qu'incarne et pratique l'ADAC depuis toutes ces années à rechercher l'intégrité des toros, de leur lidia, de la fiesta brava?

Con amable permiso del autor Pedro del Cerro, entrada traducida por Pedrito
(1) Hé añadido los Belgos, particularmente los muy fieles aficionados del "Club Taurin de Bruxelles"
(2) Précision de Pedrito: bouffons qui vivent habituellement de la "fiesta circo"

Mis agradecimientos à Pedro del Cerro

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