Loi Travail : huit Français sur dix ne sont pas satisfaits du texte
- Loi Travail : huit Français sur dix ne sont pas satisfaits du
texte
EXCLUSIF + DOCUMENT et VIDEO – A peine 18 % des Français soutiennent en l’état la réforme du Code du travail, selon un sondage Elabe pour « Les Echos » et l’Institut Montaigne. La moitié estime qu’il faut revoir substantiellement la copie et un tiers sont pour un rejet pur et simple.
Comment est-on passé d’un unanimisme presque parfait cet
automne sur la nécessité de revoir le Code du travail à un rejet
aussi massif par l’opinion, aujourd’hui, de l’avant-projet de
loi censé matérialiser cette réforme ? Selon le baromètre Elabe
réalisé pour « Les Echos », Radio Classique et l’Institut
Montaigne, près d’un Français sur deux (48 %) considère que
le texte ne peut rester en l’état. Un tiers d’entre eux (33 %)
défendent même un rejet pur et simple.
Il n’y a guère que 18 % des personnes interrogées qui
soutiennent la réforme telle qu’elle vient d’être dévoilée
ces jours-ci.
« Une grave erreur de pédagogie »
Pourquoi un tel revirement alors qu’il y a quelques mois
seulement, les spécialistes du sujet et les thinks thanks de gauche
comme de droite (Terra Nova, Institut Montaigne), de même que des
personnalités comme Robert Badinter, se retrouvaient pour souligner
l’urgence à réformer le Code du travail ?
« Deux éléments expliquent ce phénomène. D’abord, on
rentre dans le dur de la réforme avec des mesures détaillées dans
lesquelles les gens peuvent se projeter, ce qui les inquiète.
Ensuite, le gouvernement a fait une grave erreur de pédagogie car
aucune de ces mesures n’a été évoquée en amont. L’opinion
était en train de s’approprier progressivement le constat, mais
pas les mesures elles-mêmes », explique Bernard
Sananès, le président de l’institut Elabe.
Un élément illustre parfaitement ce décalage entre
l’acceptation d’un principe général d’un côté et
l’inquiétude de le voir se concrétiser de l’autre. Ainsi, alors
qu’une majorité de Français se disaient favorables à
l’assouplissement des 35 heures dans plusieurs sondages cet
automne, la fixation du temps de travail par un accord d’entreprise
(qui rend effectif cet assouplissement) fait partie des mesures les
plus décriées de l’avant-projet de loi (37 % veulent le voir
modifier), juste derrière l’assouplissement
des licenciements économiques(43 %) et le
plafonnement des indemnités prud’homales en cas de
licenciement jugé abusif (38 %).
Pour en savoir plus
Ce sont les jeunes (18-24 ans) et les milieux populaires qui
rejettent le plus massivement la réforme par peur d’une précarité
accrue par rapport à celle qu’ils subissent déjà. Mais
curieusement, les cadres sont aussi très critiques (61 %
veulent voir le projet réécrit), par peur, cette fois, de se voir
rejetés du marché du travail dans lequel ils sont insérés.
Devant de pareils chiffres, la bataille de l’opinion semble bel
et bien en passe d’être perdue pour l’exécutif. « Cela
peut encore basculer en fonction des aménagements qui vont être
consentis pour mieux équilibrer le texte, estime Bernard
Sananès, mais si le recul est trop fort, l’exécutif en paiera
aussi le prix fort quant à sa capacité réelle à réformer ».
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Sondage réalisé par Internet les 1er et 2 mars auprès de
1.001 personnes selon la méthode des quotas.
En savoir plus sur
http://www.lesechos.fr/economie-france/social/021740519801-loi-travail-huit-francais-sur-dix-ne-sont-pas-satisfaits-du-texte-1204540.php?4IGfDq4M2lyMbfdz.99
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