SNJ : David Pujadas : la face cachée du 20 h
18
Mai
Sur son piédestal du 20 h de France 2, David Pujadas se croyait
intouchable, protégé par de bons chiffres d’audience. Le présentateur
vedette vient pourtant d’être écarté. Une décision de Delphine Ernotte,
Présidente de France Télévisions, qui peut paraître brutale.
Le SNJ France Télévisions ne peut se réjouir des soubresauts que
traverse le Service Public depuis cette annonce. Car M. Pujadas a été la
figure de proue de l’Information de France 2 pendant 16 ans. Il est
donc normal que son départ suscite des interrogations.
Cependant, le SNJ rappelle qu’il n’avait cessé d’alerter la direction
de l’Information sur les dérives de l’édition phare de la chaîne, sous
le règne de David Pujadas et d’Agnès Vahramian, sa rédactrice-en-chef.
Non, l’audience ne justifie pas tout, et le côté obscur du 20 h se
traduisait par une violence du management, un taylorisme érigé en
système, et de la discrimination professionnelle. Alain De Chalvron,
ancien correspondant de France 2 en Chine, n’avait-il pas lui-même été «
exclu » du 20h pour avoir écrit un rapport sur l’état de la rédaction,
pourtant demandé par la Présidente de FTV.
Le 20 h était tenu par une caste, celle d’un petit groupe de
journalistes. L’étage supérieur de la fusée qui décide de tout : le
taylorisme journalistique a été imposé comme l’ultime étape d’un système
visant à contourner toute contradiction. Autrement dit, les
journalistes qui mettent en forme l’information ne sont pas ceux qui la
recueillent. Ceux qui fournissent des « bouts de sujets » sont cantonnés
à des rôles d’exécutants.
Sur la planète 20 h, tout le monde est perdant. Alors que des
journalistes peu expérimentés érigés en « nouvelles stars » de l’antenne
sont en surchauffe, de grands reporters sont réduits à des missions
dégradantes : multiplier les éléments.
De nombreuses dérives de cette édition ont été pointées par le
médiateur de FTV. Les sujets « incarnés » ont suscité l’opprobre de bon
nombre de téléspectateurs. Quel est l’intérêt journalistique de mettre
en scène les journalistes au risque de donner à voir une réalité
aseptisée, pour ne pas dire déformée ? Et que dire des micros-trottoirs
dans laquelle on laisse parfois des électeurs d’extrême-droite tenir des
propos discriminatoires, sans apporter la moindre contradiction ? La
diffusion d’un dossier sur des stages destinés à redorer la masculinité
des participants, sans apporter de contrepoint ni dénoncer le caractère
sexiste, et lancé sur la « fin du patriarcat » a également suscité
beaucoup de réactions.
Autre hasard du calendrier, dans une tribune écrite dans Libération,
le directeur de l’Information, Michel Field, qui semble découvrir
opportunément le contenu des journaux, s’interroge sur les reportages «
incarnés » tout comme sur les « effets de montage, musique et
commentaires dramatisants ».
Le même directeur de l’information qui paraissait peu enclin à
défendre l’investigation ces dernières semaines, et qui semble souvent
bien loin de s’intéresser à ses équipes de reporters, sauf à les
remercier par mail après certaines opérations spéciales.
Le SNJ n’a pas à se féliciter ou à se plaindre d’un choix qui n’est
pas de notre ressort. C’est une prérogative, de la présidente sans aucun
doute.
Le choix du calendrier est néanmoins catastrophique puisqu’il jette
sur le service public un nouveau doute quant au lien politique entre des
décisions et le changement d’actionnaire.
Notre seule vigilance s’opère sur les contenus, et les principes qui
régissent notre profession. Le choix des équipes quelles qu’elles soient
doit se faire dans le respect des uns et des autres, et permettre de
repartir sur des bases saines qu’elles soient journalistiques ou
sociales.
Les révolutions de palais ne changent rien pour celles et ceux qui dans l’ombre tentent de faire leur métier du mieux possible.
Paris, le 17 mai 2017
David Pujadas_la face cachée du 20h
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