Raz de marée communiste au Népal
Grâce à leur alliance de dernière minute, les
marxistes-léninistes et les maoïstes obtiennent une large majorité
au Parlement fédéral népalais et dans les assemblées
provinciales, infligeant une déroute aux formations de droite et
surtout au Parti du Congrès du Premier ministre sortant, Sher
Bahadur Deuba.
Prachanda -leader maoïste- l’a admis lui-même
le lundi 11 décembre au matin, après l’annonce des résultats
des élections législatives et régionales à Katmandou, qui ont eu
lieu le 26 novembre et le 7 décembre : “La
victoire de l’alliance de gauche est un défi”, rapporte
The Himalayan Times, tant il y
a à faire pour “améliorer le niveau de vie de la population,
équiper le pays en infrastructures” et remettre enfin debout
tous les édifices anéantis par les séismes d’avril et de
mai 2015.
Le leader maoïste, initiateur de la guerre civile
(1996-2006) qui devait mener à la chute de la monarchie en 2008,
estime que le Népal “prend aujourd’hui la route de la
prospérité” et que, s’il travaille “avec honnêteté”
“au service du peuple”, le futur gouvernement communiste a
un boulevard de “cinquante ans devant lui”. Pushpa Kamal
Dahal, de son vrai nom, ne s’attendait sans doute pas lui-même à
un tel raz de marée pour ce premier scrutin organisé depuis
l’adoption de la nouvelle Constitution fédérale, il y a un peu
plus de deux ans.
Le rendez-vous était historique, car c’était la première fois
depuis 1999 que les Népalais élisaient une chambre basse
“classique”. Celle-ci avait certes été renouvelée par
deux fois depuis l’instauration de la république, en 2008 et en
2013, mais il s’agissait à chaque fois d’élire une
assemblée constituante pour écrire une nouvelle Constitution. Le
chantier aura duré sept ans au total, jusqu’à la promulgation
de la nouvelle loi fondamentale instaurant le fédéralisme en
septembre 2015, à la suite de quoi deux autres années se sont
écoulées avant que les électeurs ne soient convoqués aux
urnes. En outre, c’était la première fois qu’un scrutin
se déroulait en région, en complément des municipales, qui,
avant l’été dernier, n’avaient pas eu lieu depuis… 1997.
Le Parti marxiste-léniniste
unifié largement en tête
Lundi 11 décembre, la formation de Prachanda,
le Centre maoïste, est arrivée en deuxième position, obtenant près
de 22 % des sièges à la Chambre des représentants, indique
le Kathmandu Post, selon des chiffres provisoires.
Son allié de circonstance, le Parti marxiste-léniniste unifié
(UML) avec lequel il s’était réconcilié dans la dernière ligne
droite, en octobre, est le grand vainqueur, avec 49 % des
sièges. Ensemble, les deux formations communistes décrochent donc
une très large majorité absolue. Et dans les assemblées
législatives des sept nouvelles provinces du Népal, c’est la
même chose.
Le Parti du Congrès (centre gauche) du premier
ministre sortant, Sher Bahadur Deuba, a été
“balayé par la vague rouge”, observe
le quotidien República, “à
la fois pour les parlementaires élus au scrutin majoritaire simple à
un tour, et pour ceux qui sont élus à la proportionnelle”.
Qu’importe la couleur des vainqueurs, “le Népal va rester
aux mains de ses vieux dirigeants et la question est de savoir si le
nouvel exécutif saura ramener la stabilité politique”,
estimait
il y a quelques jours l’hebdomadaire Nepali Times.
De fait, dans un pays où les gouvernements tiennent
rarement plus de quelques mois, Prachanda a été deux fois Premier
ministre et celui qui prendra la tête de l’État népalais en
janvier n’est autre que son nouvel allié, le leader
marxiste-léniniste Khadga Prasad Sharma Oli, ancien ministre de
l’Intérieur, puis des Affaires étrangères, et Premier ministre
d’octobre 2015 à août 2016. Ce dernier a déjà promis de
travailler “avec l’opposition”, et a assuré que,
malgré l’ampleur de la victoire des communistes, le Népal ne
tomberait pas “sous l’oppression”, contrairement à ce
que craignent les vaincus de ce scrutin historique.
Népal : 29 millions
d’habitants. Capitale Katmandou
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