..)
Droit au retour » des djihadistes ?
mercredi 6 juin 2018, par Comité Valmy
Droit au retour » des djihadistes ?
Droit au retour » des djihadistes ?
Quelle obligation ?
par Régis de Castelnau
mercredi 6 juin 2018, par Comité Valmy
Droit au retour » des djihadistes ?
Quelle obligation ?
Depuis quelques jours, la bien-pensance a adopté une
nouvelle cause : le retour des Français et des Françaises partis faire
la guerre en Irak et en Syrie. Libération est en première ligne de ce
mauvais combat, utilisant ses armes habituelles : arrogance et mauvaise
foi. En publiant un article assez sidérant,
ce journal veut à toute force faire pleurer dans les chaumières sur le
sort d’une djihadiste partie en Syrie en 2016. C’est-à-dire lorsque l’on
savait tout de l’invraisemblable barbarie qu’imposait là-bas
l’organisation qu’elle a rejointe. Le texte est accompagné d’un dessin
présentant Mélina Boughedir comme une pauvre petite chose brutalisée par
la soldatesque. Monsieur le directeur de la publication Joffrin, cet
aplomb dans l’inversion des faits et des responsabilités est simplement
obscène. Jusqu’à nouvel ordre, on sait que Madame Boughedir est, en
toute connaissance de cause, partie rejoindre les bandes d’égorgeurs.
« Quand on va à Mossoul en 2016, c’est pour combattre »
S’est ainsi organisé chez nous une petite cohorte de
beaux parleurs pointilleux sur le respect des normes judiciaires chez
les autres. Et avec quelle extraordinaire arrogance. « Nous on fait
comme ça, comment se fait-il que ces barbares ne fassent pas pareil ? »
En se servant de la seule version de l’avocat français de Melina
Boughedir, William Bourdon – connu par ailleurs comme infatigable
défenseur des intérêts américains partout. Sa version est seule relayée
par tous les médias où il a ses entrées. En oubliant, bien sûr, que
l’Irak, pays martyrisé depuis l’agression américaine il y a 15 ans, et
toujours en guerre, a décidé de juger les criminels ayant commis des
atrocités sur son sol. Il le fait en fonction de sa situation
exceptionnelle et des normes que celle-ci lui impose. Le comprendre et
le respecter relève du simple bon sens. En évitant aussi l’emphase
ridicule de qualifier « d’ingérence inacceptable » la phrase, elle aussi de simple bon sens, prononcée par Jean-Yves le Drian sur LCI : « Madame
Boughedir est une combattante. Quand on va à Mossoul en 2016, c’est
pour combattre et donc elle est jugée sur les lieux de ses exactions.
C’est la logique normale. »
Sentant bien cette cause du retour des criminels très
impopulaire, nos militants vont finasser et tenter de faire vibrer la
fibre compassionnelle avec une totale absence de vergogne. Ce sont
pourtant les mêmes qui, au nom de leur idéologie d’ingérence
droits-de-l’hommiste, ont acclamé les agressions américano-britanniques
contre l’Irak, franco-britanniques contre la Libye, et
franco-américaines contre la Syrie entraînant la mort de centaines de
milliers de personnes. Sans que cela leur arrache le moindre regret.
Mais, brusquement, puisqu’il faut prendre la pose, et alors qu’on les a
pourtant toujours connus muets sur les atteintes aux libertés publiques
dans leur propre pays, ils avancent l’argument du non-respect en Irak
des principes qui guident le procès pénal. Situation qui, selon eux,
imposerait à l’État français de tout faire pour rapatrier ses
ressortissants.
« Il faut mettre en place un droit au retour des djihadistes français, et ils doivent être jugés en France »,
clament-ils. À l’appui de cette revendication, on entend toutes sortes
d’âneries et d’approximations juridiques, qui imposent de revenir sur
quelques règles.
Aucune obligations juridique
Tout d’abord, prétendre que la France doit protection
à tous ses nationaux et devrait par conséquent exiger que les criminels
présumés arrêtés sur le territoire de l’Irak lui soient remis, n’est
pas sérieux. Lorsque des citoyens français ayant commis des infractions
sur le territoire d’un pays étranger sont arrêtés, ils doivent être
jugés par les institutions judiciaires de ce pays en application de ses
lois (compétence ratione loci). Les autorités consulaires françaises
doivent alors simplement leur apporter un soutien matériel et moral. La
compétence éventuelle des tribunaux français pour juger un ressortissant
pour des faits délictueux commis à l’étranger ne se réfère qu’à
l’hypothèse où la personne poursuivie a été arrêtée en France. Dans la
mesure où cette dernière n’extrade pas ses nationaux, elle peut alors
être jugée en France. C’est ce qui s’est passé par exemple avec les deux
chauffards qui avaient provoqué un accident mortel en Israël et qui
étaient rentrés en France avant d’être arrêtés.
Ensuite, on appelle le gouvernement français à
obtenir que les djihadistes condamnés en Irak puissent effectuer leur
peine en France. On rappellera que cette possibilité existe pour des
pays avec lesquels nous avons signé des conventions qui le prévoient,
comme cela s’est passé pour Bertrand Cantat. Nous n’avons pas d’accord
de ce type avec l’Irak. Il n’y a donc actuellement aucun support
juridique pour une telle demande. Et également aucune raison
particulière pour la France de prendre la lourde charge de l’exécution
de longues peines pour des ressortissants qui, brûlant leurs vaisseaux
en partant, ont déclaré la guerre à leur propre patrie.
Aucune obligation morale
L’empathie pour les barbares égorgeurs, dont Daech a
complaisamment fait circuler les vidéos, étant probablement assez
faible, nos belles âmes ont utilisé les enfants. Bernard Kouchner autre
agent néocon, a sur ce point, atteint des sommets en disant, en
substance, que les femmes sont moins responsables car, dans la barbarie
guerrière, elles se seraient contentées de s’occuper des enfants !
l’ancien proconsul du Kosovo instrumentalise ces derniers pour essayer
de faire pleurnicher. Cette présentation est profondément déplaisante.
Outre que toutes les études ont démontré que les femmes parties faire le
djihad étaient tout aussi violentes, sinon parfois plus, que les
hommes, rappelons qu’il s’agirait de faire revenir des personnes
condamnées, pour exécuter leur peine chez nous. Quel intérêt pour les
enfants qu’on rapatrierait, d’un retour d’une mère enfermée à perpétuité
en centrale ? Au regard du vrai problème posé par le sort de ces
enfants, cette instrumentalisation est détestable. Tous les services de
l’État qui sont en charge de cette question savent bien qu’en dehors de
ceux qui sont en très bas âge, tous les autres ont été immergés dans une
barbarie d’une violence folle. Les pédopsychiatres consultés et
sollicités sont plutôt pessimistes sur la possibilité de leur faire
surmonter ce traumatisme.
Irresponsabilité et vulgarité morale, nos belles âmes font fort. On rappellera ici l’étonnante maîtrise des Français
face au terrorisme islamiste et à ses massacres successifs. Jusqu’à
présent, le peuple Français a gardé son sang-froid, et de Charlie au
meurtre d’Arnaud Beltrame en passant par le Bataclan, l’Hyper Cacher,
Saint-Étienne-du-Rouvray, Magnanville, Marseille, Nice, etc., il n’y a
eu aucun véritable débordement. Cette campagne relayée par Libération pour un droit au retour des terroristes, les mêmes que ceux qui ont fait ça,
est simplement une nouvelle provocation destinée à dire en quel mépris
il faut tenir ce peuple qui refuserait de marcher dans cette combine.
Et c’est aussi l’expression de la même suffisance
méprisante vis-à-vis de ceux qui ont subi et continuent de subir la
barbarie en grand. On rappellera que nous n’avons pas su empêcher des
milliers de criminels français de partir porter la mort sur le
territoire des Irakiens. Le coût qu’ils ont déjà payé pour s’en
débarrasser a été terriblement élevé. Et ce n’est malheureusement pas
fini.
Il serait peut-être décent de rester modeste, et
surtout discret, au lieu de donner avec cette morgue des leçons de
maintien à ce malheureux pays.
Régis de Castelnau
6 juin 2018/
6 juin 2018/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire