REMARQUES SUR LES MÉDIAS : en regardant le JT de France 2 du 22 juin 2018...par Philippe ARNAUD]
Le 22 juin 2018
Chers tous,
J'ai
écouté, ce jour, le journal télévisé de 13 h sur France 2, présenté par
Marie-Sophie Lacarrau. Le premier sujet présenté était l'explosion des
CDD (Contrats à Durée Déterminée). Ces contrats, dit la journaliste,
sont de plus en plus courts, et 1 sur 3 (un sur trois) dure seulement
une journée et 8 sur 10 durent moins d'un mois. Le reportage dit que 87 %
des contrats signés l'an passé étaient à durée déterminée. Et la durée
des CDD a été divisée par deux en 25 ans. Il y avait 6 % de salariés
travaillant en CDD en 1982 et 12 % en 2017. Une situation que déplore la
ministre du Travail (Muriel Pénicaud).
Et
Muriel Pénicaud dit : "Aujourd'hui, on peut être en précarité toute sa
vie. On peut être en CDD intérimaire même chez le même employeur toute
sa vie. Il y a là quelque chose qui ne tourne pas rond".
Remarque 1.
Contrairement à ce que dit le reportage, la baisse du nombre de CDI (et
l'augmentation corrélative du nombre de CDD) ne date pas d'hier. Il me
souvient d'avoir été opéré en 1997 (avec deux jours d'hospitalisation)
et d'avoir été soigné par une infirmière. En parlant avec elle, j'appris
qu'elle n'était pas salariée de la clinique mais sous contrat. Je lui
demandai :
- "Vous avez un contrat au mois ?".
- "Non !".
- "Vous avez donc un contrat à la quinzaine ?".
- "Non plus !"
- "A la semaine, alors ?"
- "Pas davantage !"
- "A la journée ?"
- "Même pas ! J'ai un contrat pour deux heures..."
Remarque 2.
Marie-Sophie Lacarrau est une jeune femme (42 ans). Elle n'a donc pas
eu la possibilité d'entendre son arrière-grand-mère (comme moi ma
grand-mère, née en 1902) lui dire que, lorsqu'elle était jeune (dans
l'adolescence, ce qui correspondait à la période de la guerre de 14),
elle allait se "placer", tous les matins [je souligne], sur la place face à l'église, auprès d'un gros paysan
[je souligne l'adjectif] qui assignait à chaque jeune (garçon ou fille)
la tâche qu'il (ou elle) avait à exécuter pour la journée.
Qu'est-ce que cela signifie ?
Qu'en
un siècle, après des milliers de luttes, de combats syndicaux, de
grèves, de lois sociales, de déclarations de droits, on en est revenu au
même point ! Un jeune ou une jeune (ou un jeune couple) qui veut se
lancer dans la vie ne le peut pas : parce que pour acheter ou louer un
appartement, pour contracter un emprunt (pour achat d'une maison, d'une
voiture, de meubles), le bailleur ou le banquier réclament un CDI - et
même parfois la caution des parents des deux jeunes. On en est revenu à
la précarité du XIXe siècle. Après les lois inspirée par le CNR (Conseil
National de la Résistance), les patrons ont réussi, 73 ans après, à
tout démolir...
Remarque 3.
La ministre du travail ne manque pas de souffle de déplorer
("Aujourd'hui, on peut être en précarité toute sa vie", "Il y a là
quelque chose qui ne tourne pas rond") une situation qu'elle s'est
elle-même employé à aggraver !
En
effet, c'est cette même ministre qui a promulgué une loi travail qui,
dans la lignée de la loi El Khomri (passé sous le gouvernement "de gauche" [je souligne les guillemets] de François Hollande, démolit encore plus les
droits des salariés : inversion de la hiérarchie des normes
(l'entreprise avant la branche, elle-même avant la loi), possibilité
d'augmenter le temps de travail, facilitation des CDD, possibilité de
baisser les salaires, plafonnement des indemnités en cas de licenciement
abusif, etc., etc.
Pourquoi les patrons se gêneraient-ils, alors que le gouvernement leur déblaie la voie ?
En
effet, de deux choses l'une : ou Muriel Pénicaud voit le rapport entre
sa loi (et toutes les autres lois du gouvernement Macron) et la
précarisation des salariés, et elle est cynique, ou elle ne le voit pas
et elle est bête à manger du foin. Et, dans les deux cas, elle prend les
Français pour des imbéciles.
Remarque 4.
Muriel Pénicaud, en outre, ne manque pas d'inconscience en versant des
larmes de crocodile sur la précarisation des salariés français alors
qu'elle a touché 4,74 millions d'euros en trois ans, lorsqu'elle était
DRH chez Danone, en profitant notamment d'une plus-value boursière liée à
la suppression de 900 emplois chez Danone.
Je vous saurais gré de vos remarques, compléments, rectifications et critiques.
Bien à vous
Amis du Monde Diplomatique (Tours)
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