mercredi 8 août 2018


Le lâchage brutal d’un gamin immature
par ceux qui l’ont fait élire ?
par Jean LEVY
N'est-ce pas aller un peu vite en besogne ?
Macron conserve une base d'adhésion, minoritaire certes, mais encore supérieure au capital de confiance de François Hollande, à pareille époque. Et Hollande est resté jusqu'au bout président.
A part une fraction de l'électorat présidentiel représentant le "nouveau monde" de la "France start'up", les soutiens de Macron se comptent dans les rangs hier encore du PS et de LR, qui occupent les postes clefs, tant à LREM qu'au gouvernement.
Ce ne sont pas des "traîtres" à leurs partis, mais le coeur même des partisans les plus engagés dans la construction européenne, les plus éloignés de l'idée de nation. Ils forment le pendant de la "Gross Koalition" qui gére ensemble  - sociaux-démocrates" et "chrétiens démocrates - l'Allemagne depuis des décennies. Un gouvernement clairement PS - LR était difficile à réaliser en France, du fait de son histoire politique où les notions, vide de sens aujourd'hui, d'une gauche et d'une droite qui structurent la  depuis la Révolution française le spectre électoral français.
L'opération Macron en constitue la substitution camouflée.
Et l'oligarchie n'a pas à se plaindre de sa politique.
Alors, une bavure style Banella est-elle de nature à ouvrir une crise politique ?
Et l'absence d'une résistance populaire crédible et structurée augmente le doute.
Macrongate : la chute du “roi” Macron anticipera-t-elle une nouvelle (contre) révolution bourgeoise ?
Chroniques du Yéti
Dans un article intitulé “Macron : pairs, pairs, pourquoi m’avez-vous abandonné ?”, Régis de Castelnau pointe ce qui pourrait bien expliquer tout le Macrongate actuel : le lâchage brutal d’un gamin immature par ceux qui l’ont fait élire.
N’oublions pas que la charge contre le président en perdition n’est pas venue de l’opposition politique de gauche ou d’extrême-droite, ni de réseaux sociaux enflammés, mais du Monde, le quotidien du milliardaire Matthieu Pigasse. Et c’est encore le journal d’un milliardaire, Patrick Drahi, Libération, qui vient de porter une estocade cinglante avec une nouvelle vidéo confondante, au moment même ou le roitelet en passe d’être déchu envoyait son gorille s’abimer dans des justifications foireuses sur TF1. Dans l’intervalle, les Huffington Post et autres Parisien ne se privèrent pas d’envoyer quelques missiles dévastateurs contre leur ancien protégé.
Que s’est-il donc passé pour que ces médias de l’oligarchie se retournent aussi brutalement contre celui qu’ils avaient fait élire avec tapage après avoir achevé sans pitié leurs anciens représentants politiques discrédités : Fillon, Juppé, Sarkozy, Valls…

L’erreur de l’oligarchie

Sans doute, explique en substance Régis de Castelnau, parce que cette oligarchie en question vient de comprendre que sa créature était devenue foldingue, ne faisait pas le poids et était en train d’échapper à ses créateurs au risque d’incendier leurs propres châteaux. N’est-ce pas le macroniste refroidi Alain Minc qui employait récemment, toujours dans Libération, le qualificatif d’« insurrection » à propos de la situation politique actuelle ?
Régis de Castelnau pointe du doigt quelques insupportables déraillements du bouffon devenu monarque :
« La gay pride pornographique dans la cour de l’Élysée, l’exhibitionnisme gênant de la célébration de la victoire en Coupe du Monde de football, le retour au galop d’un sociétalisme que les bourgeois de province exècrent… »
L’oligarchie fit une erreur fatale lors de la dernière présidentielle : si c’est bien elle qui choisit son champion de substitution pour occuper l’Élysée, c’est le champion lui-même qui se chargea de choisir sa cour de partisans parlementaires pour occuper les travées du Palais Bourbon. Et quel cour ! À peine digne d’une mauvaise cour de récré, avec des petites frappes aussi ridicules que précieuses : ah de Rugy sur son perchoir, ah Yaël Braun-Pivet, la présidente hystérique de la commission d’enquête parlementaire sur le Benallagate !

L’opposition dépassée

L’oligarchie a sans doute bien compris que si elle laissait cette bande de bras cassés continuer ses ravages plus longtemps, c’est à coup sûr la famille Le Pen ou Mélenchon qui avaient toutes les chances de remporter la mise en 2022. D’autant que le trou du cul qu’elle fit introniser président a réussi l’exploit par ses frasques de gamin gâté de se mettre à dos en moins d’une année une autre partie essentielle de l’équilibre politique du pays : la haute administration. On mesure l’état d’exacerbation de cette dernière dans les témoignages plutôt perfides des fonctionnaires de police appelés à comparaître devant la cour d’enquête.
En lâchant son jouet détraqué (ou en l’humiliant suffisamment pour qu’il rentre dans le rang), l’oligarchie a beau être aux abois, elle n’en perd pas de vue pour autant ses intérêts et tente probablement un coup de force désespéré pour tenter de sauver ce qui peut encore l’être dans ce naufrage. L’entreprise est très risquée, car qui mettre aux commandes des rouages de l’État quand tous vos pions sont grillés ?
Elle bénéficie cependant de la faiblesse de l’opposition, tant de droite que de gauche. En se perdant dans la défense vaine d’une motion de censure à l’ancienne qui n’a aucune chance d’aboutir, ceux-là laissent l’initiative de la sécession à une oligarchie qui s’efforce de prendre les devants d’une réaction populaire qu’elle pressent de plus en plus imminente.
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