Un collectif milite pour l'entrée de l'ouvrière Martha Desrumaux au Panthéon
Sur le site Atlantico
repris par front de classe
Un
mois après l'entrée de Simone Veil au Panthéon, un collectif souhaite y
honorer une autre femme : Martha Desrumaux, figure du mouvement
ouvrier, féministe et résistante, ayant été de tous les combats, depuis
les usines textiles du Nord jusqu'au camp de concentration de
Ravensbrück.
35
ans après sa mort, l’association lilloise, "Les ami.e.s de Martha
Desrumaux" milite pour qu'elle y soit honorée. "Nous voulons sortir
cette femme de l’oubli", explique l’éditrice Laurence Dubois, présidente
de l’association.
"Elle
a sa place au Panthéon car elle appartenait à cette classe ouvrière qui
a construit la France. Je suis ravie que Simone Veil soit entrée au
Panthéon, mais il n’y a personne du peuple."
Née
18 octobre 1897 à Comines dans le Nord de la France, Martha Desrumaux
est le sixième des sept enfants d'une famille pauvre. À 9 ans, elle perd
son père, pompier volontaire écrasé lors d'une intervention, et part
travailler comme "bonne à tout faire" dans une famille bourgeoise dans
la banlieue de Lille. Elle s'enfuit très vite et devient ouvrière du
textile de l'usine Cousin de Comines où elle travaille le lin.
Consciente des conditions de travail difficiles auxquelles elle est
confrontée, Martha Desrumaux adhère à la CGT à 13 ans. Elle obtient
notamment que ses collègues ouvrières aient des sabots de bois pour se
protéger des flaques d’eau et d’huile.
Membre
du Parti communiste depuis 1921, elle est en 1936, la seule femme
membre de la délégation ouvrière aux accords de Matignon.
Pendant
la Seconde Guerre mondiale alors que le Nord-Pas-de-Calais est occupé
par la Wehrmacht, elle réorganise le Parti clandestinement et impulse en
juillet 1940 le projet d'une grève des mineurs. C'est un succès : après
plusieurs arrêts de travail de septembre 1940 à mai 1941, du 27 mai au 9
juin 1941, cent mille mineurs sont en grève et la production est
totalement arrêtée. Dénoncée par le préfet Carles, elle est arrêtée par
la Gestapo à Lille et envoyée au camp de Ravensbrück, où elle continue
de résister. "Sa première qualité, c’est sa non-résignation. Elle ne
s’est jamais résignée que ce soit devant le patronat, le régime de Vichy
et l’occupant allemand", souligne Laurence Dubois.
Après
la guerre, son engagement continua au du conseil municipal de Lille, où
elle fut élue dès 1945, de la CGT ou encore du mouvement féministe de
l’Union des femmes françaises, devenu Femmes Solidaires.
Si
cette femme est peu connue du grand public, c'est car "Martha était une
ouvrière. Elle n’a pas laissé d’écrits. Elle n’était pas non plus
mariée avec quelqu’un de connu. Pourtant, l’historien Pierre Outteryck,
qui lui a consacré un ouvrage, dit que c’est la plus grande figure du
mouvement ouvrier au XXe siècle", répond la présidente des ami.e.s de
Martha Desrumaux.
L’association a lancé une pétition et
va, à la rentrée, remettre "en mains propres" au président Emmanuel
Macron une demande pour que la militante fasse son entrée au Panthéon.Tag(s) :
#Lutte de Classe, #Histoire
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