UNION EUROPÉENNE : LA DISLOCATION EN MARCHE.
Par Denis Collin
Dans
les cercles restreints des politiciens, on commence à s’agiter autour
de la question des élections européennes qui se tiendront en 2019, une
question qui laisse de marbre l’immense majorité de nos concitoyens. Ces
élections devraient d’ailleurs battre de nouveaux records d’abstention.
Mais cet indice grave de la crise de la démocratie en France et
ailleurs n’inquiète pas les dirigeants tout occupés qu’ils sont à
combiner leurs petites manœuvres. Pour ceux – dont je suis – qui avaient
mis quelques espoirs dans « La France Insoumise », la situation peut
être désespérante. Alors que pendant la présidentielle, Mélenchon
semblait avoir rompu avec son tropisme « Europe Sociale », vieux gag qui
servait à faire avaler la mauvaise soupe bruxelloise, LFI semble y
revenir au grand galop, notamment en raison de l’alliance européenne
qu’elle a nouée avec le Bloco portugais
et le mouvement Podemos en Espagne. Le « plan B » qui prévoyait une
rupture avec les traités et une sortie de l’euro a disparu des
perspectives de LFI C’est vraiment inquiétant et interdit de saisir
réellement le sens de ce qui se passe en ce moment en Europe.
Car
le plus inquiétant est l’indifférence des politiciens français à un
processus en cours et qui risque de nous exploser au nez sans que nous y
soyons préparés. Et ce processus, ce n’est ni plus ni moins que la
dislocation de l’UE. On a eu le Brexit qui va certainement se terminer
par une rupture franche et sans arrangement entre l’UE et la
Grande-Bretagne. À l’Est, la Pologne, la Hongrie, la Tchéquie et la
Slovaquie commencent à naviguer sur leur propre navire. Pour les fonds
structurels et la libre circulation des camions ils suivent les règles
de l’UE mais pour le reste, ils n’en font qu’à leur tête. S’appuyant sur
des majorités agissant en réaction à l’éventualité de leur disparition
en tant que peuples dans la tourmente de la mondialisation promue par
l’UE, des gouvernements dits « illibéraux », c’est-à-dire populaires et
autoritaires s’installent semble-t-il durablement en violant allégrement
toutes les règles des États de droit. L’Italie semble vouloir suivre ce
chemin derrière l’improbable attelage du M5S et de la Lega. Or avec
l’Italie, c’est le centre de la construction européenne qui est touché
puisque ce pays est un des six pays fondateurs lors du traité de Rome
et, en dépit d’une situation économique difficile, il reste la deuxième
puissance industrielle d’Europe (derrière l’Allemagne) et excédentaire
pour sa balance commerciale. Si l’Italie craque, c’est l’édifice entier
qui s’effondrera. Or Salvini et Di Maio, pour l’instant semblent
résister aux injonctions de l’UE et la morgue des dirigeants français et
allemands ne fait que renforcer les chefs de la coalition italienne.
Avec Tsipras, homme de gauche, célébré en son temps par toute la gauche
« de gauche », les chefs de l’UE avaient trouvé une parfaite carpette,
un homme entièrement soumis à l’ordre européiste. Salvini et Di Maio
pourraient bien ne pas se coucher sous la table quand ces messieurs de
Bruxelles haussent le ton. Ajoutons à ce tableau la politique active des
USA qui semblent décidés à accélérer la crise de l’UE – Trump a proposé
à l’Italie de l’aider à faire face à sa dette – et nous voyons que les
débats d’hier et d’avant-hier qui préoccupent la classe politique
française sont vraiment totalement fantaisistes.
Évidemment
la dislocation de l’UE n’est pas forcément une bonne nouvelle. Tout est
tellement intriqué que la facture pourrait être lourde et nous savons
d’avance qui sera délégué pour la payer. Sans compter que la dislocation
pourrait voir une forte remontée des antagonismes nationaux : le mépris
des Latins et plus généralement du Sud prospère en Allemagne et
l’anti-germanisme de ceux qui voient derrière chaque Allemand un
fridolin à casque à pointe a un franc succès dans la gauche française.
Plus que jamais, il apparaît qu’il faut briser les carcans imposés par
les traités et revoir radicalement les conditions de la collaboration
des nations d’Europe. Une confédération des nations souveraines – et non
cette prétendue souveraineté européenne chère à Attali et Moscovici –
serait la seule issue possible : ce serait en gros quelque chose qui se
rapprocherait du « plan B » de l’ancien programme de LFI. Évidemment si
on place au premier plan les combines et les rapprochements entre
fractions de « gauche » ou entre disciples de Laclau et Mouffe, on ne
peut développer une telle position et donc on parle d’autre chose que
d’Europe ou on revient aux vieilles lubies d’une « autre Europe ». Il
faut prendre les choses comme elles sont, disait le général De Gaulle et
partir de ce qui existe, les nations, pour reconstruire un ordre
stable, « de Brest jusqu’à l’Oural » et même un peu au-delà. Voilà ce
qu’on aimerait entendre et lire…
Le 25 août 2018
Denis Collin
(°)-Titre de P.
Note de P. : Comme il fallait s'y attendre de Mélenchon, dont le traître Mitterrand, qui a sacralisé Le Pen, atomisé le PC, et trahi les espoirs des Français les plus humbles et de tout un peuple, est depuis le début de sa tentative de récupération de la gauche, la référence récurrente, les promesses sur l'Europe sont passées à la moulinette des oubliettes. Pas de quoi rendre attractive une élection où l'Allemagne est la motrice du convoi grâce aux USA et à leur dollar de l'après guerre, où les seuls gagnants seront les banques, les capitalistes, où les perdants seront encore et toujours les salariés victimes des "critères européens" imposés par ces banques responsables des crise mais dont elles se gavent, - les crises ne sont toujours crises que pour les mêmes, et ceux qui s'en gavent sont toujours les mêmes, les banques !!!- une élection que nous avons gagnée en 2005, avec 55% de NON auxquels j'avais contribué, mais qui n'a servi à RIEN, puisque ce sont les 45% minoritaires qui ont poursuivi la politique "Européenne sociale" dont nous ne voulions pas, NOUS, les 55% majoritaires.
Pour moi, depuis cette époque, le NON de 2005 est devenu définitivement ABSTENTION!.... Cette élection étant devenue un piège à c....! En attendant une autre crise , LA vraie crise politique, qui se trame ailleurs que dans les cercles politiciens professionnels qui vivent trop grassement de notre inconstance populaire, mais qui semblent ne rien voir venir.
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