Il est 17H
passée, je rentre d’un petit pèlerinage, la première marche
comme nous les faisions, avant que cette saloperie de cancer vienne
tout chambouler : deux petites heures, depuis Andrest, puis par
le petit chemin qui mène à Villenave- j’ai fait une halte chez ce
brave L., qui est sorti quand il m’a vu arriver, nous avons parlé
un bon moment, surtout de toi, ma petite chérie- puis direction Marsac, puis
Sarniguet, et retour sur Andrest.
Tout au long
du chemin, tu étais près de moi, je te parlais souvent, je suis sûr
que tu m’entendais, ton esprit, ton âme, ton image toujours
souriante m’accompagnaient tout au long de ma promenade, ce qui était dur, c’est que tu ne
m’as jamais répondu, quoique.....J’ai encore beaucoup pleuré,
je ne me fais pas à l’idée que je ne te caresserai plus les
mains, les lèvres, que la nuit ma main ne rencontrera plus ta peau
lorsque je voudrai ma rassurer que tu es toujours près de moi, là,
parce que notre destin était de nous aimer beaucoup plus longtemps,
que je n’aurais jamais pu imaginer que tu partirais aussi
brutalement, aussi cruellement, je ne puis me faire à cette idée
morbide que désormais je vais marcher sans toi, respirer sans toi,
manger et dormir sans toi, vivre sans toi une fin de vie dont je
doute qu’elle vaille la peine. Oui, mon cœur chéri, je doute,
tellement je souffre de ton absence. En marchant, j’ai revu plein
de détails que nous avions presque oubliés depuis plus de deux ans,
rien n’a vraiment changé, même les horreurs qui me faisaient
râler de découvrir tout au long de nos pérégrinations : ici,
des bouteilles, verre et plastique, ailleurs, des cartouches jetées
au bord des fossés par des rustres qui se foutent de l’avenir de
la planète, des toiles plastique des paysans, des tuyaux qui
croupissent dans les fossés, ils sont toujours très nombreux les
abrutis qui jettent, n'importe quoi, n’importe où, j’ai même
trouvé une quinzaine de cintres à vêtements, abandonnés sur le
bas-côté de la route de Sarniguet. Nous qui faisions tant attention
à ce que nous mangions, à notre hygiène de santé, des produits du
jardin sans engrais chimique, moi qui voulais absolument te préserver
et nous préserver de tout risque de maladie, et bien, mes efforts
ont été vains, je me sens coupable de n’avoir peut-être pas
fait assez, et je continue de pester après ces débiles anonymes qui
s’escriment à jeter partout leurs saletés, leurs ordures, bien
que tous les moyens leur sont à disposition pour qu’ils laissent
la planète vivable, alors que de plus en plus de gens vont crever de
cette saloperie de pollution génératrice de cancers.
Je pense
sans cesse à nos dernières heures vécues ensemble, pendant que tu
souffrais le martyre, et que moi j’espérais un miracle. J'y reviendrai. Tu me
disais parfois: « Pourquoi tu pleures ? », parce que
je souffrais de te voir si malheureuse, et je te répondais : «
Je pleure de rage, parce que je trouve qu’on ne te soigne pas
suffisamment …. » Et toi, tu savais, mais tu ne disais rien,
tu étais inquiète, mais tu me le cachais. Ce matin, V. est venue,
comme tous les lundis, depuis deux ans, faire un peu de repassage. Je
lui ai donné un de tes nombreux sacs à main, les sacs à main,
c’était ton péché mignon. Et V. m’a dit que tu lui avais donné
pas mal de choses, et surtout que tu lui disais : » « IL »
n’en aura pas besoin. Comme tu as bien fait, ma chérie adorée, mais cela veut dire que tu pensais sans cesse à
ton « départ », tu y pensais beaucoup plus que moi,
c’était une obsession, et tu me la cachais,je m'en veux de ce que tu as donc souffert PLUS encore que je ne
l’ai jamais soupçonné. Et j’en ai encore plus mal.
Les chemins
que nous suivions heureux sont toujours aussi beaux. Toujours autant
de pinsons qui s’envolaient à mon approche. Je n’ai pas vu de
chevreuil, comme nous les découvrions au loin, ils émaillaient nos
promenades de petits plaisirs simples, profiter des images que nous
offrait la nature, ces tableaux rupestres qu' aujourd’hui, j’étais seul à
admirer, mais sans grand intérêt.... Tellement tu me manquais. Tellement tu me manques !
J’ai
tellement mal de toi, ma Gisèle chérie, tellement mal.....
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