....ET LE MONDE CONTINUE SANS TOI!
Tout à l'heure, cher amour, ma bichette chérie, j'ai entendu parler de l'apocalypse. Nous serions à la veille de l'apocalypse, rapport à Trump, le fêlé de la maison Blanche, de ses décisions douteuses, dangereuses, concernant les pays islamistes, du moins ceux à la botte des fous furieux intégristes fascistes. Ne me demande pas de précisions: depuis que tu es partie, je ferme systématiquement tout ce qui est "info", c'est-à-dire bourrage de crâne, intox, enfumage, résonne encore en moi le cri que tu as lancé quelques jours avant la nuit où tu t'es laissée partir, les yeux grand ouverts, pour me dire ton dernier adieu, ce vendredi fatal. Quelques jours avant, je t'avais demandé : " Veux-tu que je mette un peu la télé"?, tu avais accepté, et au bout de quelques minutes, alors qu'un journaliste blablatait comme de coutume des choses banales, tu t'es mise à crier:" Je m'en fous !!!" J'ai vite fermé la boite à illusions, j'ai réalisé tout d'un coup quel effet peut produire sur quelqu'un qui sait qu'elle va partir sous peu, un journaleux payé pour parler, pour combler un vide, ânonner des discours destinés à "communiquer"....C'est cela, la télé, les infos qui se répètent "en boucle" du matin au soir, et ton cri m'a fait prendre conscience que ce que tu entendais ne présentait pour toi qui souffrais le martyre aucun intérêt, juste un peu plus d'agacement et de souffrance, pas plus d'ailleurs d'intérêt pour moi, à ceci près que moi, je ne pensais pas comme toi, sans cesse, à la mort. A TON départ que tu pressentais chaque heure un peu plus.
Voilà pour l'apocalypse. Que tu ne verras pas, petite femme adorée, et que je ne redoute même pas, tellement je vis la mienne: ton absence insoutenable.
Tout à l'heure, je suis allé saluer J.P., notre voisin, qui a eu quelques malaises cardiaques, ce que j'ai appris par notre C., notre infirmière. Nous avons bavardé, il me dit - gentiment - que je pleure sur mon sort, sur mon chagrin, mais comment faire pour ne pas pleurer la perte de la petite femme que j'adorais, et que je continue d'aimer d'amour fou? Il me conseille de me trouver une activité sociale, quelque chose qui permettrait à mon esprit, mes pensées, mon cœur, de s'évader, le temps de laisser la plaie commencer à cicatriser...
Depuis que j'ai commencé à t'écrire, le téléphone a sonné trois fois: première fois, ma sœur, pour son appel quotidien. Deuxième fois, Gérard, qui voudrait bien qu'on fasse une soirée tarot, ce qui me ferait le plus grand bien, il prépare çà pour la semaine prochaine....Troisième appel: Michel C., mon ancien collègue, super sympa, comme tu le trouvais toi aussi. Entre son opération du cœur, sa mère - 95 ans - en maison de retraite, qu'il va visiter tous les jours, et quelques propos échangés sur nos anciens collègues dont nous sommes sans nouvelle, le temps a passé très vite, et c'est près d'une heure qui s'est écoulée au téléphone.
Je reprends donc le fil de mes idées: S., ma fille, devrait venir la semaine prochaine, je voudrais qu'elle m'aide un peu à voir plus clair, dans ce que je dois faire....pour mettre un peu d'ordre, distribuer tes vêtements, plein d'objets de toute sorte qui sont à TOI, cher amour, qui T' appartiennent, à TOI, mon trésor mais donc je ne saurai jamais que faire, puisque tu ne les utiliseras plus jamais. Jamais! Quand j'ouvre le tiroir de la commode où sont rangés les mouchoirs, les tiens, comme les miens à droite, sont dans leur coin, à gauche, je les touche, leur seule vue fait monter mes larmes.... Qu'il est dur de penser que ce que nous avons construit, touché, aimé, partagé, caressé, chanté, est condamné à jamais à être séparé, détruit, oublié par d'autres? Comme tes vêtements qui sont restés accrochés depuis des mois dans la penderie, tu ne les as plus jamais retouchés depuis début octobre....Comme tes objets de toilette, dans les armoires, ton petit linge que je regarde en pleurant.....Tes chapeaux que je trouvais si beaux, posés sur tes cheveux magnifiques, aux reflets colorés....Que je revois sans cesse sur les photos où ta beauté restera éternelle.... Est-ce cela pleurer sur soi-même? Je pleure sur les regrets de ne plus te revoir, sur le bonheur que tu m'as donné et qui me manque, et que je regrette, OUI! Parce que ton départ est un déchirement, douloureux à l'extrême, inhumain.
Je pleure d'amour.
Alors que le monde continue sans toi, moi, j'essaye d'avancer malgré tout, en ne pensant qu'à toi, à ton amour, à ce bonheur que tu m'as donné... Je vais essayer de suivre les conseils de J.P., et de beaucoup d'autres, qui me savent triste, malheureux, anéanti, sans réaction. Sans ressort. Je vais essayer d'ouvrir une fenêtre vers l'extérieur.
Mais, sans toi, ma bichette adorée, je me fous de l'apocalypse.
P.s. Ah! Oui! j'oubliais, mon cher amour....Une anecdote....Hier, en revenant de chez notre infirmière, il y avait L., notre voisin, qui discutait devant son portail, avec J., l'ancien policier, tu sais, il habite à 150 mètres de la maison....Oh! Tu vois qui je veux dire... Je me suis approché, pour saluer L., notamment. L'autre est venu vers moi, m'a serré la main, en me déclarant :" Condoléances"!!
Alors que tu es partie cela faisait 60 jours !!!
Et qu'il habite, oui, à 150 mètres de chez toi!
Sans commentaire!
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